mercredi 20 janvier 2016

SANTE DES ADOLESCENTS ET DES JEUNES

L’alcool a moins la cote chez les collégiens

LE MONDE | • Mis à jour le | Par
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A Lyon.
A Lyon. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP

Faut-il y voir un effet de l’interdiction de la vente d’alcool aux mineurs en 2009 ? L’impact des messages de sensibilisation ? Qu’il s’agisse de l’âge de la première initiation ou de consommation régulière, l’alcool a aujourd’hui moins la cote chez les collégiens. Ce phénomène est le principal enseignement de la dernière édition de l’enquête HBSC (Health Behaviour in School-aged Children), dont le volet français a été mené en 2014 auprès d’environ 10 000 adolescents âgés de 11 à 15 ans et dévoilé mercredi 20 janvier. Les chiffres du tabac, eux, affichent une légère baisse. Ceux du cannabis sont stables.

Premier constat de l’étude copilotée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et le rectorat de Toulouse : la consommation du premier verre d’alcool, bien souvent du cidre ou du champagne proposé lors d’une fête familiale, a lieu à un âge plus avancé. En 2014, seuls 55 % des garçons de 6e avaient déjà bu un verre d’alcool, contre 65 % en 2010. Une baisse de dix points que l’on retrouve chez les filles du même âge : 43 % en 2014 contre 53 % en 2010.
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De bons chiffres qui doivent être relativisés, tant le rattrapage est rapide entre la première et la dernière année du collège. En 2010 comme en 2014, environ 80 % des élèves de 3e avaient déjà bu au moins une fois de l’alcool. « Mais tout recul de l’âge de la première expérimentation est bon à prendre car cela a un impact réel sur les usages futurs », souligne Stanislas Spilka, responsable des enquêtes à l’OFDT.

« Rupture significative »

Autres baisses significatives : à quatre ans d’intervalle, les élèves de 3e ont été bien moins nombreux à avoir bu de l’alcool au moins une fois dans le mois qui a précédé le questionnaire. Ils étaient plus de la moitié (53 %) en 2010 mais ne sont plus qu’un gros tiers (37 %) en 2014. Seuls 9 % des 3e reconnaissaient par ailleurs en 2014 avoir connu une ivresse le mois précédent, contre 15 % en 2010. Des baisses qualifiées de « rupture significative » à l’OFDT. « Les messages de sensibilisation finissent par avoir un impact », analyse M. Spilka. L’interdiction de vente d’alcool aux moins de 18 ans depuis 2009 a également pu « modifier la représentation du produit », juge-t-il.
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Un processus de « dénormalisation » qui touche dans une moindre mesure le tabac, pour lequel les autorités ont également multiplié avertissements sanitaires et restrictions de vente ces dernières années. Tout comme l’alcool, la vente de cigarettes a été interdite aux mineurs en 2009. Si 11,8 % des collégiens de 4e et 3e fumaient quotidiennement en 2010, ils n’étaient plus que 8,9 % en 2014. L’âge de la première cigarette est resté stable.
Face à ces chiffres encourageants, l’OFDT souligne qu’il est « trop tôt » pour « déterminer si ce recul des expérimentations parmi cette nouvelle génération d’adolescents sera durable et aura une incidence sur les comportements d’usage à la fin de l’adolescence, qui demeure une période d’incitation encore importante ». La dernière enquête Escapad publiée par l’OFDT en avril 2015 a montré une hausse entre 2011 et 2014 de la consommation des principaux produits psychotropes à 17 ans. Car si seuls 1,5 % des élèves de 6e disent avoir déjà fumé du cannabis, ils sont 11 % en 4e, et 24 % en 3e. A 17 ans, près de un adolescent sur deux (47,8 %) a déjà fumé un joint, selon l’enquête Eescapad.

Popularité de la chicha

Autre enseignement de l’étude HBSC : la popularité de la chicha auprès des 11-15 ans. En 3e, un élève sur trois (35,7 %) assure avoir déjà fumé de cette façon. « C’est un mode de consommation du tabac plus convivial que la cigarette car on se passe le tuyau de l’un à l’autre », souligne M. Spilka pour expliquer le succès du narguilé. « Les collégiens pensent peut-être aussi – à tort – que c’est moins nocif… »
L’e-cigarette connaît aussi une certaine popularité. Près de 40 % des 4e et 3e disent l’avoir déjà testée, même si seuls 1,9 % déclarent s’en servir quotidiennement. Parmi ceux qui ont expérimenté cigarette et e-cigarette, seuls 7,8 % ont commencé par la vapoteuse. Même s’il fait valoir la nécessité de mener d’autres « investigations », l’OFDT estime que ces chiffres « invitent à penser qu’actuellement l’e-cigarette ne constitue pas une porte d’entrée dans l’usage de la cigarette ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/01/20/l-alcool-a-moins-la-cote-chez-les-collegiens_4850284_3224.html#seLOOUCBIQM34jD2.99

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