jeudi 22 décembre 2016

LA VISITE MEDICALE

La visite médicale, un passage obligé bien plus utile qu'on ne croit

La visite médicale, un passage obligé bien plus utile qu'on ne croit


La vue, le poids, la taille sont contrôlés lors des bilans de santé.





La vue, le poids, la taille sont contrôlés lors des bilans de santé. - © S. Vandreck





A six reprises au cours de leur scolarité, tous les élèves, de la
maternelle au secondaire, devront se rendre à la visite médicale,
aujourd'hui rebaptisée "bilan de santé". «C’est une obligation, rappelle le docteur Patrick Leleu, médecin
responsable du Centre Intercommunal de Santé de Mons. Quand un enfant
ne se présente pas, on lui redonne un rendez-vous, pour qu’il se
représente. Et s’il ne se présente vraiment pas, on va à domicile, voir
pourquoi les parents ne veulent pas présenter l’enfant. Parfois, c’est
parce qu’il faut cacher quelque chose
». Le médecin pense notamment
aux cas de maltraitance: sur les quelques 14.000 élèves examinés chaque
année dans ce centre, l’équipe en détecte une quarantaine par an. «Souvent,
nous sommes alertés par l’institutrice, qui trouve que l’enfant somnole
en classe ou qu’il a des bleus qu’il n’avait pas avant
», témoigne-t-il. La mise en confiance des enfants et des jeunes par l’équipe a aussi une importance capitale: «Ils
nous parlent beaucoup de leur famille, de leur santé, de leurs
cauchemars… Différentes choses qui sont révélatrices de problèmes,
petits ou gros
», raconte Virginie Carlier, infirmière au centre

Un suivi systématique
Ces cas de maltraitance ne sont heureusement pas les seuls problèmes
détectés. Virginie Carlier tire un premier bilan de la matinée passée
avec une classe de deuxième année primaire: «Sur les 14 enfants qui
sont passés ce matin, nous avons dépisté des caries, des problèmes de
vue et un début de puberté chez un garçon de sept ans
». Aucun de ces cas ne sera laissé sans suite: courrier aux parents, envoi éventuel vers un spécialiste. «Nous
attendons alors la réponse du médecin, généraliste ou spécialiste,
logopède, PMS etc. Et si on n’a pas de réponse, dans le courant de
l’année, on fait des rappels aux familles en fonction de la gravité de
la situation
», poursuit sa collègue, Barbara Pisani. «Ici,
c’est un centre de prévention, les enfants sont censés être en bonne
santé quand ils viennent ici. Ils ne viennent pas ici parce qu’ils sont
malades : quand ils sont malades, ils vont chez leur médecin traitant
», ajoute le Dr Leleu.

Surtout la vue et les dents
Tout cela peut faire penser à certains que ça n’a pas beaucoup
d’utilité de se rendre à ces consultations obligatoires. Maxime, élève
de quatrième année secondaire, a l’impression de perdre sa matinée. «Si on a un problème de santé, on est censé être au courant, et si on se sent mal, les médecins ça existe! râle-t-il. On regarde nos yeux, nos oreilles, mais ce n’est pas obligé de le faire ici». Et pourtant de nombreux problèmes, de vue par exemple, sont plus facilement détectés lors de ces visites scolaires. «Etant moi-même médecin généraliste, ce n’est pas le premier élément que je surveille»,
confirme le Dr Leleu. Les généralistes ne disposent généralement pas de
l’équipement adéquat. Pour ce qui est des problèmes dentaires, il
reconnaît que le médecin de famille peut en apercevoir, quand il examine
la bouche ou la gorge de l’enfant. «Mais on a peut-être un impact
un peu plus fort sur les parents si on le met sur papier et qu’on envoie
un document officiel par la poste
».

Préparer les campagnes de prévention
Ce qui est détecté lors de ces bilans de santé n’est donc pas
uniquement versé dans des fichiers statistiques, comme beaucoup le
pensent. «Mais c’est aussi un enjeu important en terme de santé collective, insiste Janique Molle, la directrice du centre. Toutes
les données récoltées sont consignées dans un recueil, envoyé vers les
autorités, qui permet de prendre de grandes décisions en matière de
santé publique
». Pour par exemple décider de lancer des campagnes
de sensibilisations à des phénomènes constatés chez les jeunes, comme le
manque de sommeil ou les addictions. «Nous nous retrouvons de plus
en plus face à des jeunes filles qui fument, boivent de l’alcool et
prennent la pilule. Or elle augmente ainsi ses risques cardiovasculaires
»,
explique le Dr Leleu. Pas étonnant alors si l’animation proposée aux
jeunes de secondaire, pour patienter dans la salle d’attente, est
notamment un jeu qui leur permet de revoir leurs connaissances en
matière de sexualité et de contraception.

Sommeil, école, sexualité, vie de famille… : les adolescents français ne vont pas si mal

Une vaste étude internationale montre qu’une majorité de collégiens ont une perception positive de leur vie. Mais les filles affirment se sentir globalement moins bien que les garçons : elles souffrent de stress à l’école, et 13 % font des régimes.
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Quatre collégiens à Laruns (Pyrénées-Atlantiques), le 18 mai.

C’est un portrait de l’adolescence comme on en voit peu. Santé physique et mentale, sexualité, rapport à l’école et au corps, vie de famille : le volet français de l’enquête internationale Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), menée tous les quatre ans dans 40 pays, donne la parole à 7 000 collégiens représentatifs des jeunes âgés de 11 à 15 ans. Les derniers résultats, qui portent sur 2014, viennent d’être mis en ligne par Santé publique France, l’agence nationale chargée de la veille et de la prévention en matière de santé.

Pour beaucoup d’adultes, l’adolescence est un âge mystérieux, associé au mal-être et aux expérimentations à risque. Ce sentiment est confirmé par l’enquête, mais seulement en partie. « Cet âge donne lieu à beaucoup de fantasmes parfois lourds à porter, relève Emmanuelle Godeau, médecin de santé publique qui coordonne l’étude depuis l’académie de Toulouse. Les adolescents vont en fait plutôt bien, mais il y a des points d’alerte sur lesquels les efforts doivent porter. »
Ainsi, 82 % des collégiens ont une perception positive de leur vie, et 88 % se sentent en bonne santé. Cependant, lorsque les questions se font plus précises, des proportions importantes d’enfants rapportent des difficultés. Enseignement majeur de l’étude : les filles affirment se sentir globalement moins bien que les garçons.
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Les filles affirment se sentir moins bien que les garçons.
  • Des troubles somatiques et psychologiques réguliers
Un adolescent sur quatre est concerné. Le plus souvent, il s’agit de difficultés à s’endormir (36,7 % des élèves concernés), d’irritabilité (25,6 %), de nervosité (24,5 %) et de déprime (17,3 %). Les maux de dos, de tête et de ventre réguliers (plus d’une fois par semaine depuis six mois) concernent respectivement 21,7 %, 17,3 % et 15,4 % des collégiens. Les filles se plaignent de l’un ou l’autre de ces symptômes plus souvent que les garçons, et de plus en plus en grandissant (43,7 % le font en classe de 6e et 59 % en 3e). Même constat pour les signes de mal-être et de souffrance psychique (découragement, tristesse, absence d’énergie, etc.).
La situation se dégrade par rapport à 2010, surtout pour les filles (78 % perçoivent leur vie comme positive, contre 82 % en 2010). « Elles intériorisent davantage leur malaise que les garçons et l’éprouvent dans leur corps, relève Mme Godeau. C’est un phénomène observé dans tous les pays de l’étude. Pour expliquer l’évolution récente, nous faisons l’hypothèse que la crise économique génère une inquiétude pour l’avenir, à laquelle les filles sont plus sensibles. »
  • Une vision déformée des corps
Le poids de la norme esthétique favorable à la minceur apparaît clairement. Six élèves sur dix considèrent leur corps comme « à peu près au bon poids », mais plus d’un tiers (35,5 %) des filles de corpulence normale se trouvent un peu ou beaucoup trop grosses. Un quart dit « avoir besoin de perdre du poids » et 13,2 % sont effectivement au régime, alors que les garçons sont environ deux fois moins nombreux dans ces situations. Ils ont au contraire tendance (dans des proportions moindres) à se trouver trop maigres. « L’adolescence est une période où les corps prennent des formes qui peuvent paraître insupportables, observe Mme Godeau. Les adultes doivent rappeler que ce que l’on voit dans les magazines n’est pas la réalité. »
  • Trop d’écrans
Le chiffre est à première vue énorme : les collégiens déclarent passer en moyenne sept heures quarante-huit minutes par jour (week-end compris) devant des écrans (télévision, smartphone, ordinateur). Les garçons consomment beaucoup plus de jeux vidéo que les filles (62,2 % contre 35,7 %). Cette durée recouvre en fait des usages cumulés (consultation d’une messagerie sur smartphone pendant le visionnage d’une vidéo sur ordinateur, par exemple). La quasi-totalité des collégiens dépassent néanmoins la recommandation internationale de deux heures maximum d’écrans par jour.
« Cette norme a été calculée il y a dix ans en mettant en lien l’obésité et l’usage de la télévision, qui est extrêmement passif, relativise Mme Godeau. Il faut probablement la réévaluer. Ce point demande cependant une vigilance extrême car la consommation d’écrans peut avoir un impact sur le sommeil, par exemple. »
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Les adolescents et le temps passé devant les écrans.
  • Pas assez d’activité physique
Seulement 13 % des collégiens déclarent pratiquer une heure d’activité physique modérée par jour, le seuil recommandé. La catégorie sociale influe sur les comportements (exercice physique, alimentation). L’obésité et le surpoids sont plus présents dans les catégories défavorisées (18 %, contre 8 % chez les plus favorisés). La France apparaît globalement plutôt bien placée par rapport aux autres pays de l’enquête, puisque seuls 11,6 % des jeunes sont en surpoids ou obèses (respectivement au 33e rang et au 36e sur 42 pays).
En revanche, l’expérimentation du cannabis à l’adolescence concerne davantage les plus aisés (14,7 % des collégiens des milieux favorisés, contre 8 % des catégories intermédiaires et défavorisées), pour des raisons de moyens. La même différence est observée pour la consommation de tabac et d’alcool, qui est globalement en baisse depuis 2010.
  • Moins de rapports sexuels précoces
Les données recueillies vont contre les idées reçues, qui verraient les adolescents influencés par la banalisation des images pornographiques. Si 86 % ont déjà été amoureux et 70 % sont déjà « sortis » avec quelqu’un, la proportion d’élèves ayant eu des rapports sexuels en 4e et en 3e reste modérée (respectivement 9 % et 18 %), et régresse par rapport à 2010. Les rapports sexuels très précoces (avant 13 ans) sont rares : 1,4 % des collégiens de 4e et 3e ont déclaré en avoir eu (les questions sur la sexualité n’ont été posées qu’à partir de la 4e). Les garçons déclarent plus fréquemment avoir eu des rapports sexuels. Pour 3,4 % de ces jeunes, le rapport a eu lieu avec une personne de même sexe.
Un chiffre est inquiétant : celui des jeunes filles « initiées » qui auraient préféré que ce rapport sexuel ait lieu plus tard ou qui n’en avaient pas vraiment envie. Elles sont respectivement 22 % et 9 % parmi les élèves de 3e, alors que 4 % seulement des garçons du même âge auraient préféré attendre. « On peut se demander dans quelle mesure ces rapports ont été consentis », commente Mme Godeau.
L’usage de la contraception, en léger recul, reste très important : 86 % des jeunes qui ont eu des rapports sexuels déclarent avoir utilisé la pilule ou un préservatif.
  • Un meilleur dialogue avec les pères
C’est à l’adolescence de leurs enfants que les parents disent avoir le plus de difficultés à exercer leur rôle et rencontrer des problèmes de communication. Le constat semble partagé. Les collégiens parlent plus aisément avec leur mère (72 % jugent le dialogue facile ou très facile) qu’avec leur père (54 %). Ce chiffre est cependant monté de 4 points depuis 2010.
Les familles françaises sont paradoxales : alors que l’on dîne plus ensemble en France que dans d’autres pays, la communication est moins simple. Seuls 36,6 % des collégiens la jugent bonne. Les difficultés grandissent avec l’âge. Ce qui n’empêche pas 69 % des adolescents de se sentir fortement soutenus par leur famille (73 % des garçons contre 65 % des filles). C’est à cet âge que les pairs prennent une importance capitale : 63 % des garçons et 76 % des filles se sentent soutenus par leurs amis.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/12/22/sommeil-ecole-sexualite-vie-de-famille-les-adolescents-francais-ne-vont-pas-si-mal_5052687_3224.html#AhofGy0Bx8ubbEIR.99