MEDECINE DU SPORT

Genève, hub de la médecine du sport

L’Hôpital de la Tour, à Meyrin, renforce son centre de médecine du sport avec un nouveau bâtiment qui aura nécessité 120 millions de francs d’investissement. L’offre ne cesse de se développer au bout du Léman
La visite se déroule à une cadence dynamique, histoire de ne pas y passer la journée: le nouveau bâtiment – baptisé B2 – offre près de 26 000 mètres carrés de surface supplémentaire au corps médical et aux patients de l’Hôpital de la Tour, à Meyrin. Finn Mahler, directeur de son centre de médecine du sport, en est ravi et insiste sur la notion d’interdisciplinarité, centrale dans le projet: «J’ai visité tous les grands centres au monde pour faire le meilleur amalgame possible entre la performance et le médical.» Au total, le B2 aura coûté 120 millions de francs, dont 20 millions pour les équipements.
Son inauguration, mardi, suit de près celle d’un centre Sport Altitude (une structure d’entraînement en hypoxie) le mois dernier à Onex. En janvier 2017, la Clinique La Colline ouvrait son centre de médecine du sport et de l’exercice. Le centre médical de Cressy dispose également de ressources en la matière. Petit à petit, Genève s’impose comme un véritable hub de la médecine du sport. «Le marché est énorme, lance Finn Mahler. Nous devons donc être très forts localement.»

Un centre de rééducation de pointe

A Meyrin, l’Hôpital de la Tour bénéficie depuis 2014 du label Swiss Olympic Medical Center, une consécration décernée aux structures nationales ou régionales proposant aux sportifs un service complet de consultation et de traitement médico-sportif, ainsi que des prestations dans le domaine du diagnostic de performance. Son nouveau bâtiment vient largement enrichir son offre.
On y trouve un centre de rééducation de pointe, avec notamment un mur d’escalade thérapeutique qui peut aussi bien s’adresser aux hémiplégiques qu’aux enfants atteints de troubles du développement moteur; un espace d’hydrothérapie avec piscine, et bassin d’eau froide pour un choc thermique qui permet une meilleure récupération musculaire; un espace de cryothérapie descendant jusqu’à -150 °C; un tapis roulant anti-gravité qui offre aux blessés une rééducation plus efficace mais également une amélioration de la performance.
L’Hôpital de la Tour est le seul à disposer de cette machine en Suisse romande, précise le docteur Boris Gojanovic. La visite se termine autour d’un trampoline intégré au sol, sur lequel s’active un patient souffrant d’une rupture des ligaments croisés. L’installation peut permettre aux patients pratiquant des sports de pivot sans contact d’éviter l’opération.

Haut lieu de la multidisciplinarité

Le nouveau bâtiment réunit onze chirurgiens orthopédistes, ainsi que des centres de rhumatologie, de neurologie et d’endocrinologie, diabétologie et obésité. Pour le docteur Finn Mahler, il s’agissait aussi de favoriser le transfert des compétences, de manière à rendre les outils accessibles à tous les types de patients. Le parcours extérieur, par exemple, permet aussi bien aux sportifs de travailler leur équilibre lors d’une rééducation qu’aux malades atteints de la maladie de Parkinson de progresser.
Le mouvement est ici la caractéristique commune. Ainsi, le B2 doit également s’inscrire dans une lutte contre la sédentarité. «Un jeune adulte de 20 ans pratiquant une activité physique a une espérance de vie supérieure de trois ans à celle d’un jeune sédentaire», souligne Finn Mahler

La mort subite, mal connu et mystérieux

Le décès du cycliste belge Michael Goolaerts dimanche lors de Paris-Roubaix, après plusieurs cas dans le football, inquiète les milieux sportifs. Les chiffres sont pourtant stables

Paris-Roubaix peut ravaler ses superlatifs, un coureur est vraiment mort sur les routes cahoteuses de «l’enfer du Nord». Il s’appelait Michael Goolaerts, il avait 23 ans et il est tombé, bras en croix, au kilomètre 100. Tard dimanche, son décès a été constaté à l’hôpital de Lilles et annoncé sur Twitter par son équipe, la Vérandas Willems-Crelan.
Le vélo est un sport dur, souvent durement frappé. C’est la troisième fois en deux ans qu’un coureur professionnel décède en course. Un Belge, à chaque fois. En 2016, Daan Myngheer, 22 ans, avait été victime d’un infarctus sur le Critérium international. Le lendemain, Antoine Demoitié, 25 ans, tombait lors de Gand-Wevelgem, d’une chute dont on ne se relève pas: hémorragie cérébrale. L’autopsie n’a pas permis de déterminer si le coup fatal était dû à sa chute ou à la roue d’une moto qui le suivait. Michael Goolaerts, lui, a chuté sur l’un des mythiques secteurs pavés de Paris-Roubaix. Mais c’est selon toute vraisemblance un arrêt cardiaque qui a provoqué sa chute et non l’inverse.

Peur ravivée

Difficile de ne pas faire le rapprochement avec le décès subit, et à ce jour inexpliqué, du jeune footballeur du Havre Samba Diop, 18 ans, le samedi 7 avril. Et avec celui, constaté le 9 mars au matin, du jeune joueur du centre de formation du FC Tours Thomas Rodriguez, 18 ans. Et encore celui du capitaine de la Fiorentina Davide Astori, mort pendant son sommeil le 4 mars dans une chambre d’hôtel à Udine.
Ces cas récents ont ravivé dans les pelotons et les vestiaires la peur de la mort subite. Un phénomène à la fois connu et mystérieux, qui frappe sans distinction d’âge, de race, de discipline, de niveau. La question du dopage se pose, forcément. Au-delà du tabou, l’absence de données précises empêche toute étude épidémiologique.

Jeu dangereux?

En ce moment, c’est l’évolution du football qui est scrutée par les fédérations. Le jeu, qui réclame toujours plus d’efforts brefs, violents et répétés (observons tous ces entraîneurs qui étudient le nombre de «courses à haute intensité» comme un indicateur de la performance), est-il devenu dangereux? En demande-t-on trop aux joueurs, notamment aux plus jeunes? Impossible d’y répondre en l’état actuel des connaissances.
En 2003, le décès en plein match du joueur camerounais Marc-Vivien Foé, lors de France-Cameroun à Lyon, avait causé un émoi considérable. A l’époque, le suivi cardiologique des joueurs n’existait pas. Depuis, les clubs professionnels se sont armés d’une batterie de tests (électrocardiogramme, échographie cardiaque, IRM cardiaque) pour tenter de prévenir et de se prémunir.
En juillet 2003, le joueur sénégalais Khalilou Fadiga voyait son transfert à l’Inter de Milan avorter après la découverte d’une arythmie cardiaque. En 2008, Lilian Thuram, alors en fin de carrière, se faisait détecter une malformation cardiaque héréditaire lors de la visite médicale préalable à sa venue au PSG. Il mit un terme à sa carrière. Même issue en 2009 pour Steve Savidan, alors attaquant de l’équipe de France, qui s’apprêtait à signer à l’AS Monaco.

Peloton de tête

Malgré ces précautions, les statistiques restent stables. Ni pires ni meilleures qu’avant. Sans que l’on ait beaucoup plus d’explications, malgré dix ans de suivi et de recul. «Il y a environ 500 décès d’origine cardiaque chaque année en France sur des terrains de sport», rappelait ce samedi dans L’Equipe le chef du service médical de la Fédération française de football, Emmanuel Orhant, dans un dossier sur la mort subite. Selon une statistique française, le football est la troisième discipline frappée par les morts subites durant des activités sportives (13% des cas) derrière le cyclisme (30%) et le jogging (21%).
Football, jogging et cyclisme sont aussi trois des activités les plus pratiquées en loisir. Les statistiques disent que le sportif a moins de risques de mourir subitement que le non-sportif. Selon Swissrescue, l’arrêt cardio-respiratoire (ACR) extra-hospitalier tue entre 8000 et 10 000 personnes chaque année en Suisse. Le coureur à pied, le joueur de tennis ou de football ne représentent que 1 à 2% des cas. Mais il est particulièrement spectaculaire, et dramatique, parce que le sport est censé préserver la santé, non la détruire.

Anomalies difficiles à détecter

La mise en place de défibrillateurs en libre accès ces dix dernières années a permis de sauver de nombreuses vies, souvent anonymes. Mais il reste de nombreuses failles. Les examens médicaux des jeunes footballeurs de Tours et du Havre n’avaient rien décelé. «Les morts subites nocturnes restent un sujet compliqué, avoue le cardiologue français Etienne Aliot à l’AFP. Il y a des anomalies très difficiles à détecter. Il arrive qu’on ne voie rien à l’IRM ou à l’électrocardiogramme. Souvent, ce ne sont pas les mêmes pathologies que celles qui existent pour la mort subite pendant l’effort physique. Parfois, c’est simplement une anomalie électrique…» Bien souvent, seule l’autopsie donne la réponse.
Alors? Alors, il faut savoir éviter les facteurs aggravants (tabac, fièvre, chaleur notamment), accepter de s’arrêter au moindre problème, et se dire que le risque zéro n’existera jamais.https://www.letemps.ch/sport/mort-subite-mal-connu-mysterieux

  Tennis / Dopage : Maria Sharapova contrôlée positif lors de l'Open d'Australie
Le 07 mars à 22h05 | Mis à jour le 07 mars
La championne a évoqué l'usage d'un médicament qui lui aurait été prescrit par son médecin de famille, il y a une dizaine d'années. Ce médicament, principalement utilisé dans la prévention des infarctus, est classé parmi les hormones et modulateurs métaboliques (groupe S4) depuis le 1er janvier 2016. Ce qu'elle ignorait, avance-t-elle.
La championne a évoqué l'usage d'un médicament qui lui aurait été prescrit par son médecin de famille, il y a une dizaine d'années. Ce médicament, principalement utilisé dans la prévention des infarctus, est classé parmi les hormones et modulateurs métaboliques (groupe S4) depuis le 1er janvier 2016. Ce qu'elle ignorait, avance-t-elle. PHOTO/AFP Kevork Djansezian
La Russe Maria Sharapova a annoncé lundi à Los Angeles qu'elle avait fait l'objet d'un contrôle antidopage positif lors de l'Open d'Australie en janvier.
"J'ai reçu il y a quelques jours une lettre de la Fédération internationale de tennis m'informant que j'avais fait l'objet d'un contrôle antidopage positif lors de l'Open d'Australie", a-t-elle révélé, visiblement émue, lors d'une conférence de presse. "Depuis dix ans, je prends un médicament sur prescription de mon médecin de famille (...), ce médicament n'était pas sur la liste des produits prohibés par l'Agence mondiale antidopage, mais le règlement a changé le 1er janvier dernier et ce médicament est devenu un produit prohibé, ce que je ne savais pas", a-t-elle poursuivi.
Le médicament en question, le meldonium, est destiné à traiter des problèmes relatifs au diabète, a-t-elle précisé. Principalement utilisé dans la prévention des infarctus, il est classé parmi les hormones et modulateurs métaboliques (groupe S4) depuis le 1er janvier 2016. "J'ai fait une énorme erreur, j'ai déçu mes supporteurs, j'ai laissé tomber mon sport, je sais que je m'expose à des conséquences, mais je ne veux pas finir ma carrière de cette façon et j'espère que je vais avoir la chance de rejouer", a souligné l'ancienne N.1 mondiale.
Sharapova, 28 ans, a précisé qu'elle n'avait pas encore été entendue par la Fédération internationale de tennis et qu'elle n'était pas suspendue. La 7e joueuse mondiale est blessée à un avant-bras et n'est plus apparue sur le circuit depuis l'Open d'Australie, justement, où elle s'était inclinée en quarts de finale face à sa grande rivale, l'Américaine Serena Williams. L'annonce de cette conférence de presse avait suscité des rumeurs de retraite en raison de ses blessures à répétition.
 
Prévenir la mort subite chez les sportifs
sante mercredi18 avril 2012
 Ariane Pellaton
31e minute du match Pescara-Livourne: Morosini est victime d’un malaise cardiaque. Sa mort provoque une onde de choc dans toute l’Italie. (Keystone)
31e minute du match Pescara-Livourne: Morosini est victime d’un malaise cardiaque. Sa mort provoque une onde de choc dans toute l’Italie. (Keystone)
Le décès de Piermario Morosini, 25 ans, soulève moult questions dans le monde du sport. Responsable de la médecine du sport au CHUV, Gérald Gremion défend une prévention régulière
Samedi, Piermario Morosini, 25 ans, décédait d’un arrêt cardiaque survenu lors d’un match de football de Serie B. Lundi, le footballeur de Bolton Fabrice Muamba regagnait son domicile, un mois après une crise cardiaque en plein match également. En charge de l’Unité de médecine du sport au CHUV, Gérald Gremion décrypte la mort subite dans le sport d’élite.
Le Temps: Que vous inspire le décès de Piermario Morosini?
Gérald Gremion: C’est curieux. L’Italie est le pays le plus sévère, les recherches sur la mort subite des athlètes viennent justement des groupes italiens. Le pays est passé d’une prévalence de 2 à 3 décès chez les athlètes pour 100 000 à 0,8 pour 100 000, un gain substantiel à mettre au crédit d’examens médicaux et cardiologiques obligatoires chaque année, en particulier dans le football.
– Ce drame s’ajoute à toute une liste.
– Ce n’est pas inhabituel: faire du sport augmente le risque de mort subite, en raison de la demande supplémentaire en oxygène par le muscle cardiaque. Mais, paradoxalement, faire du sport régulièrement diminue ce risque de manière importante. Concernant la population jeune, le risque apparaît le plus souvent en cas de malformation cardiaque. Dans 25% des cas de mort subite dans la population qui fait du sport, il s’agit d’une myocardiopathie hypertrophique – le cœur grandit avec des fibres musculaires anormales, qui ne sont pas fonctionnelles et engendrent des événements anormaux dans la contraction du cœur. La dysplasie arythmogène du ventricule droit, où le muscle s’atrophie et se transforme en graisse, représente 3%. La contusion du cœur, soit le fait de recevoir un coup, 20%, les myocardites d’origine virale, 5%, les anomalies des coronaires, 14%; 13% environ restent sans diagnostic étiologique.
– Pourquoi ne détecte-t-on pas les anomalies, alors que les sportifs d’élite sont suivis médicalement?
– Parce que souvent, on n’a pas fait les investigations correctement. De plus, certaines pathologies sont difficiles à identifier. Dans 10% des myocardiopathies hypertrophiques, l’ECG est normal. La dysplasie arythmogène ne se voit pas facilement sur un ECG au repos. Le diagnostic est posé par IRM, ou éventuellement par échographie Doppler.
– Un calendrier sportif de plus en plus dense a-t-il une influence?
– Non. Cela pourrait l’être, mais seulement après 50 ans.
– La prise de substances explique-t-elle aussi la mort subite?
– Les anabolisants, clairement. Tout comme les substances très actives telles les amphétamines et la cocaïne, responsables de troubles du rythme cardiaque. Certains médicaments, en particulier les antibiotiques, peuvent aussi en provoquer et déclencher le décès. S’y ajoutent certaines affections virales. Quand la mort subite touche un jeune, on pense d’abord à une problématique de malformation, et il s’agit plus rarement d’un abus de substances dopantes. Si l’autopsie ne montre pas de cause malformative, il faut envisager aussi des causes liées au dopage et effectuer des analyses toxicologiques. Dans les derniers cas, rien n’a été révélé.
– Un athlète à qui on révèle une malformation est-il tenu d’arrêter le sport?
– Bonne question. Parmi les trois problèmes d’anomalie cardiaque que j’ai connus en médecine du sport, au CHUV, figure celui d’une nageuse. Elle présentait une myocardiopathie hypertrophique. Bien qu’étant au courant de la gravité de la situation, elle a souhaité poursuivre son activité physique en arrêtant cependant la compétition. J’ai eu le cas d’un jeune cycliste en contrôle, qui est reparti avec l’interdiction de toucher un vélo. Il a subi une intervention chirurgicale et est devenu champion du monde. D’où l’intérêt du dépistage.
– Toutes les malformations sont-
elles opérables?
– La myocardiopathie et la dysplasie, non. D’autres malformations, surtout celles à l’origine d’une anomalie de la conduction électrique du myocarde, le sont.
– Le monde du sport minimise-t-il les signes avant-coureurs, pris par les impératifs de la compétition?
– Effectivement, le risque existe. Tout le monde doit parler d’un malaise à son médecin. Chaque fois qu’il y a un mort sur le terrain, les bonnes questions reviennent, j’espère que cela servira de déclic. Nous discutons depuis de nombreuses années de cette problématique avec Swissolympic qui en est parfaitement conscient, mais la question est: «Qui va payer?» Certaines fédérations imposent des examens médicaux de prévention, d’autres pas. Au CIO, ces mesures sont conseillées mais pas exigées. En Suisse, le hockey les oblige pour les juniors élites, mais tous les clubs ne les font pas. En athlétisme, en basket, il n’y a rien. C’est pareil pour le foot, à l’exception des équipes nationales. Les sportifs que nous recevons au CHUV viennent parce que leurs parents nous les amènent. Un ECG, c’est 50 francs. Dans le sport, on peut tout acheter, des chaussures de football et de course à pied à 300 francs, mais on ne peut pas payer un examen du cœur à 50 francs. Dans la mentalité des gens, la santé est un dû.
– En France, la prévention est plus active.
– En France, si l’on découvre une malformation cardiaque, dans tous les sports, on vous refuse la licence. Pour toute compétition, on vous oblige à avoir un certificat de non-contre-indication à la pratique sportive, y compris le golf. En Suisse, un examen cardiaque était nécessaire au Trophée du Muveran, à Morat-Fribourg ou au Marathon de l’Engadine. Pour ce dernier, un médecin allemand avait contacté les organisateurs pour leur prouver l’inutilité de cette mesure. Curieusement, ce médecin a été le premier cas de mort subite dans le cadre de cette course.
– Quel est votre message?
– J’insiste sur la détection et la nécessité d’examens de routine tous les deux ans pour les jeunes qui s’adonnent à un sport de compétition. Car une malformation non visible à 16 ans peut l’être à 18 ans. Elle se développe progressivement.
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Dopage : le foot allemand accro aux « anabos » dans les années 1980 ?

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par





En 2007, le VfB Stuttgart avait remporté son premier titre de champion d'Allemagne depuis quinze ans.
L'affaire met en émoi l'Allemagne. Le VfB Stuttgart et le SC Fribourg, deux clubs de la puissante Bundesliga, le championnat de football allemand, sont accusés d'avoir eu recours à un programme de dopage à base d'anabolisants à la fin des années 1970 et au début de la décennie suivante. Le scandale est d'autant plus retentissant outre-Rhin que l'actuel sélectionneur des champions du monde 2014, le vénéré Joachim Löw, a porté les couleurs de ces deux clubs lorsqu'il était joueur : à Fribourg de 1978 à 1980 et de 1982 à 1984, à Stuttgart lors de la saison 1980-1981.
La grenade a été dégoupillée lundi 2 mars par le professeur Andreas Singler, membre de la commission d'évaluation sur la médecine du sport à Fribourg. Il y a quelques années, ladite commission, qui a été mise en place en juin 2007, avait apporté la preuve que la clinique universitaire de Fribourg avait été l'une des plates-formes du dopage en Allemagne de l'Ouest, notamment de l'ancienne équipe cycliste de Jan Ullrich, Deutsch Telekom, à la fin des années 1990.

« Des documents dangereux pour plusieurs clubs »

L'un de ses anciens médecins, le traumatologue du sport Armin Klümper, est aujourd'hui pointé par la commission pour avoir organisé le dopage des deux clubs de foot du Bade-Wurtemberg (sud de l'Allemagne). Dans un communiqué publié lundi 2 mars, la présidente de la commission, Letizia Paoli, écrit que, « pour la première fois, des documents font état d'un dopage systématique aux anabolisants également dans le football professionnel allemand. Parmi les clubs concernés, entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, se trouvent l'équipe de Bundesliga du VfB Stuttgart et l'équipe de deuxième division du SC Fribourg ».
Selon une source proche du dossier contactée par Le Monde, d'autres clubs seraient évoqués. « Il y a des documents dangereux pour plusieurs clubs », confie la même source, qui a également eu accès aux épreuves de l'autobiographie du médecin, dont la publication a été bloquée par son épouse. Dans le manuscrit, rédigé au début des années 2000, Armin Klümper, qui aura 80 ans en mai, évoque aussi sa « relation de confiance » avec des footballeurs du Bayern Munich, Karlsruhe, Nuremberg ou encore Hambourg. En 1987, l'hebdomadaire Der Spiegel racontatit qu'une des légendes du Bayern, Paul Breitner, avec ses partenaires Karl-Heinz Rummenigge (qui préside aujourd'hui le conseil d'administration du club bavarois) et Uli Hoeneß (président déchu) avait lancé une quête pour aider Armin Klümper a réglé une lourde facture auprès du fisc allemand.
Les « dossiers Klümper », comme les nomme la commission, comprennent une soixantaine de pages qui mettent en évidence « la manipulation systématique dans le cyclisme et le football du professeur Armin Klümper ». Ces documents ont été exhumés seulement en décembre 2014. Ils sont issus d'une enquête menée par le parquet de Fribourg sur les agissements du docteur Klümper entre 1984 et 1989. Cette année-là, le médecin avait été condamné à une simple amende. Deux ans plus tôt, les doutes étaient apparus au grand jour sur les méthodes du médecin quand l'une de ses « clientes », l'heptathlonienne Birgit Dressel, était morte brutalement à 26 ans, en avril 1987, quelques mois après avoir terminé quatrième des championnats d'Europe d'athlétisme à Stuttgart. L'autopsie révéla la présence d'une centaine de médicaments dans son organisme, dont des anabolisants.

Low : « le dopage n'a aucune place dans le sport »

La commission d'évaluation sur la médecine du sport à Fribourg a mis la main sur les « dossiers Klümper » à la fin de janvier et juge aujourd'hui ces informations suffisamment « graves » pour envisager de les rendre publiques. Le VfB Stuttgart a indiqué qu'il ne pouvait pas vérifier ces informations en l'absence de documentation mais a assuré que « le professeur Klümper n'avait jamais été le médecin du club ». Entraîneur du VfB de 1976 à 1979 et de 1980 à 1982, Hans-Jürgen Sundermann a estimé que ces accusations étaient « absurdes ». Le club du Bade-Wurtemberg avait été sacré champion d'Allemagne en 1984 avec dans ses rangs plusieurs grands noms du foot germanique comme Hansi Müller ou les frères Bernd et Karlheinz Förster. Dans un récent documentaire de la radio SWR, Karlheinz Förster, qui a par la suite porté les couleurs de l'Olympique de Marseille, a reconnu avoir « fait quelque chose d'irresponsable » avec le professeur Klümper.
La réaction de Joachim Löw, elle, est parvenue mardi dans une déclaration à l'agence d'informations sportives allemande SID : « le dopage n'a aucune place dans le sport, je le désapprouve complètement. C'est aussi vrai dans ma carrière de joueur que ça le reste aujourd'hui dans mon rôle de sélectionneur ». 
 Stéphane Mandard
Journaliste au Monde 

La lutte contre le dopage s’améliore, selon le rapport sur la réforme du cyclisme de l’UCI

Clément Guilloux Le Monde
Lance Armstrong et Jan Ullrichà l’assaut des Pyrénées, à Luz-Ardiden, en 2001. (Reuters)
Lance Armstrong et Jan Ullrichà l’assaut des Pyrénées, à Luz-Ardiden, en 2001. (Reuters)
Affaires Contador, Armstrong... La Commission indépendante de réforme du cyclisme (CIRC) dirigée par le Tessinois Dick Marty publie ce lundi son rapport sur les pratiques dopantes du peloton depuis 1998 et sur la gestion du problème par l’Union cycliste internationale (UCI). Il n’en surgit pas de «preuve de corruption» mais quelques petites révélations, et des propositions
■ Pourquoi ce rapport ?

Les révélations de l’Agence antidopage américaine (Usada) sur les pratiques des équipes de Lance Armstrong et la protection dont il aurait bénéficié au sein de la fédération internationale ont poussé Brian Cookson, l’actuel président de l’UCI, à commander un rapport sur le sujet. Mis en place en janvier 2014 et dirigée par l’homme politique suisse Dick Marty, la CIRC avait un an pour enquêter sur le dopage dans le cyclisme et les fautes commises par l’UCI, puis émettre des recommandations. Bien que financée par la fédération internationale, la CIRC affirme avoir travaillé en toute indépendance.
■ Qui a été interrogé ?
La CIRC a interrogé 174 personnes, dont 39 n’ont pas souhaité être identifiées. Certaines interviews ont duré quelques heures, d’autres trois jours ou davantage. Les propos rapportés sont tous anonymisés. Dans la liste publiée, on retrouve : le personnel de l’UCI dont les trois derniers présidents (Brian Cookson, Pat McQuaid et Hein Verbruggen) ; des dirigeants d’équipe dont Alexandre Vinokourov (Astana) et Bjarne Riis (CSC) ; des coureurs actifs (le vainqueur du Tour 2013, Chris Froome) ou retraités (la plupart impliqués dans des affaires de dopage comme Lance Armstrong, Riccardo Ricco ou Michael Rasmussen) ; des dirigeants de fédérations et d’agences antidopage nationales, des scientifiques, des journalistes, des sponsors et des organisateurs de courses.
La CIRC souligne que plusieurs personnes sollicitées ont refusé l’invitation et que rien n’empêchait les interviewés de mentir, si ce n’est la menace d’une suspension de la licence UCI pour ceux qui en ont encore besoin. Elle explique aussi que les seuls coureurs s’étant portés volontaires pour témoigner sont ceux qui avaient une réduction de suspension pour dopage à négocier.
Lance Armstrong a été protégé par l’UCI...
Le rapport pointe l’effarante proximité entre le coureur américain et Hein Verbruggen, omnipotent président de l’UCI de 1991 à 2005 et très influent jusqu’en 2013. Dans de nombreux cas, peut-on lire, l’UCI a défendu publiquement ou protégé Lance Armstrong, considéré comme une chance immense pour le cyclisme après l’affaire Festina (Tour 1998), alors que de fortes suspicions de dopage pesaient sur lui. La fédération internationale a aussi commis l’erreur d’accepter des donations de la part d’Armstrong. Le rapport Vrijman, commandé par l’UCI en 2005 après les révélations de L’Equipe sur la prise d’EPO par Lance Armstrong sur le Tour 1999, a été largement influencé par l’UCI en lien avec l’entourage du coureur : « l’objectif principal était de s’assurer que le rapport reflète les conclusions de l’UCI et de Lance Armstrong ».
■ ...mais ne l’a pas corrompue
La CIRC absout l’UCI des accusations faisant état d’une corruption par le coureur américain : « pas de preuves des allégations de corruption ». En outre, elle n’établit pas de lien entre les donations d’Armstrong et les décisions de l’institution. Elle rappelle aussi que Lance Armstrong n’a pas été contrôlé positif sur le Tour de Suisse 2001 – ses échantillons étaient suspicieux mais pas positifs – et qu’il n’a donc pas été couvert dans cette affaire.
■ Quelles révélations contient le rapport ?
Quasiment aucune. Ce n’était pas le but, précise la CIRC. Pas de détails croustillants comme dans l’enquête de l’Usada sur les équipes de Lance Armstrong, ni de coureur ou d’équipe désignés nommément. Toutefois, l’UCI a probablement récupéré des informations qui pourraient lui servir et que la CIRC a glissé dans des annexes confidentielles, pour des raisons juridiques. On retient tout de même trois éléments nouveaux.
1- Un système de dopage organisé dans une équipe de division inférieure
Une équipe (non nommée) devrait passer de prochaines semaines agitées : celle qui a été citée, par un ou plusieurs témoins, comme ayant mis au point « récemment » un système de dopage organisé. Le manager et un directeur sportif de cette équipe ont recruté un ou une nutritionniste qui aurait établi pour un groupe restreint de coureurs un protocole dopant, à base d’EPO, d’hormones de croissance et de Lutrelef (une solution hormonale favorisant l’ovulation). Le ou la nutritionniste les aurait alimentés en produits, venus d’Europe de l’Est, via le club de sport dont il ou elle est propriétaire.
La commission, qui a jugé ces témoignages suffisamment fiables pour les écrire dans le rapport, ne dit pas si le système continue aujourd’hui. Elle joue aux devinettes en précisant que l’équipe n’est pas en World Tour, qu’elle a dernièrement mis en place d’importantes clauses antidopage dans les contrats des coureurs, dont une amende « significative » pour les coureurs qui seraient suspendus, et que son manager est « dirigeant d’un important mouvement antidopage ». Toute ressemblance avec une équipe continentale professionnelle (deuxième niveau mondial) représentée au conseil d’administration du Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC) et réclamant 100 000 euros à ses coureurs en cas de contrôle positif ne serait pas forcément fortuite.
2- Fuentes et Ferrari encore en activité ?
Des témoins ont aussi affirmé que des médecins condamnés dans des affaires de dopage et interdits d’exercer dans le milieu du sport continuent de conseiller des coureurs via des intermédiaires. Un coureur contrôlé positif à l’EPO en 2013 dit avoir cette année-là « bénéficié à distance des services du docteur Michele Ferrari », l’ex-préparateur italien de Lance Armstrong. La commission s’est aussi entendu dire que le médecin espagnol Eufemiano Fuentes, frappé en 2013 de quatre ans d’interdiction de la médecine sportive dans le procès de l’affaire Puerto, s’occupait « apparemment » toujours d’athlètes, un témoin précisant que Fuentes était désormais basé en Amérique du Sud.
3- Une rencontre entre l’UCI et Contador après son contrôle positif
La CIRC révèle également la gestion du contrôle positif au clenbuterol d’Alberto Contador sur le Tour de France 2010. Le 26 août 2010, à Puertollano, petite ville du centre de l’Espagne, trois employés de l’UCI expliquent au vainqueur du Tour — et à un médecin qui l’accompagne — qu’il a été contrôlé positif le 21 juillet. Les explications du coureur, qui évoque une viande contaminée, et la concentration extrêmement faible de clenbuterol font l’objet d’un débat entre l’UCI, l’Agence mondiale antidopage (AMA), des experts et les laboratoires : faut-il ou non ouvrir une procédure contre le vainqueur du Tour ? Le département juridique de l’UCI s’y oppose, estimant les chances de succès très faibles. L’AMA, à l’inverse, souhaite une procédure mais convient que l’enquête doit être poursuivie. La révélation du contrôle positif dans les médias allemands met un terme aux débats. La CIRC n’a trouvé aucune preuve d’une tentative de dissimulation du contrôle positif, puisque l’AMA a été mise au courant, mais s’étonne qu’Alberto Contador ait été informé en personne, dans son pays.
■ La « culture dopage » continue
« La CIRC considère qu’il y a toujours une culture du dopage dans le cyclisme, bien que les comportements commencent à changer. » Contrairement à ce qui se passait dans les années 1990 et 2000, les coureurs qui se dopent le font en marge de l’équipe, avec l’aide de tiers extérieurs au groupe. Les programmes de dopage sont « généralement sophistiqués » pour échapper aux contrôles toujours plus ciblés et efficaces, donc les « docteurs jouent un rôle clé » pour les tricheurs restant dans le peloton. Certains médicaments ou traitements non interdits par l’AMA ou légitimés par des AUT (autorisation à usage thérapeutique) sont détournés afin d’améliorer les performances.
Mais de manière générale, le dopage a diminué ou les protocoles dopants ont moins d’influence sur les performances, ce qui autorise les coureurs propres à gagner des courses. Et certaines équipes ont une forte culture antidopage et ont mis en place un environnement dans lequel les coureurs sont écartés de la tentation.
■ La politique antidopage de l’UCI est « en progrès »
Sous Hein Verbruggen, la politique de l’UCI a consisté à relativiser l’importance du problème et à faire savoir qu’elle n’y était pour rien. La fédération ne luttait contre le dopage qu’en façade, appliquant les méthodes de détection les plus récentes mais une stratégie de contrôles inefficace, estime le rapport.
Depuis huit ans, la CIRC relève « des améliorations régulières et une volonté croissante de combattre le dopage à la source », et d’effectivement attraper les tricheurs. La faiblesse du président Pat McQuaid, ses hésitations et sa mauvaise communication expliquent que ses progrès n’aient pas été forcément perçus par le public. Depuis l’élection de Brian Cookson en 2013, l’UCI ne fait plus pression sur sa fondation antidopage, au statut indépendant, observe la CIRC. Elle conclut : « bien que le programme antidopage de l’UCI soit aujourd’hui l’un des meilleurs parmi les fédérations internationales, la CIRC juge que des progrès peuvent encore être faits ».
■ Une gouvernance qui manque de transparence
L’UCI a été gérée de manière autocratique, sans contre-pouvoirs internes, rendant le président libre de ses mouvements. Les élections à la présidence et certains choix de dépenses importantes ont été marqués par une absence flagrante de transparence.
■ Huit recommandations concrètes
Parmi les nombreuses recommandations faites par la commission, certaines sont plus concrètes que d’autres. À retenir notamment :
1- Mieux travailler avec les autorités afin de mettre leurs moyens d’enquête au service de la lutte antidopage.
2- Pratiquer plus de contrôles sanguins nocturnes – entre 23 heures et 6 heures – pour piéger les coureurs pratiquant le micro-dosage d’EPO, par exemple, en utilisant l’exception prévue au règlement antidopage de l’UCI, qui autorise ces contrôles « en cas de suspicions sérieuses et spécifiques ».
3- Faire davantage de contrôles sur de vieux échantillons, de manière ciblée et cohérente, à mesure que la science progresse, et le faire savoir pour faire peur aux tricheurs.
4- Créer une structure pour recevoir les témoignages de lanceurs d’alerte et approcher les coureurs contrôlés positifs pour obtenir des informations.
5- Ne pas transmettre immédiatement aux coureurs les évolutions de leur passeport biologique – sauf s’il indique une pathologie –, car certains adaptent leurs pratiques dopantes afin que leurs valeurs sanguines restent toujours stables.
6- Enquêter sur le passé des individus encore actifs dans le cyclisme pour déterminer s’ils se sont dopés et pouvoir, si cela est prouvé, les écarter du milieu.
7- Mettre en place sur les petites courses par étapes une pharmacie centrale qui serait la seule source médicale pour l’ensemble du peloton, y compris pour les compléments alimentaires.
8- Ne pas aligner sur une même compétition des équipes qui ne sont pas soumises aux mêmes règles antidopage : référence au passeport biologique, qui ne s’applique pas pour les équipes continentales (troisième division).
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a9003d98-c629-11e4-959d-74804f4bcbe7/La_lutte_contre_le_dopage_sam%C3%A9liore_selon_le_rapport_sur_la_r%C3%A9forme_du_cyclisme_de_lUCI 

Dr Müller-Wohlfahrt, le Kaiser de la piqûre

LE MONDE | • Mis à jour le | Par







Le docteur Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt (au premier plan) lors du match Allemagne-Portugal le 16 juin à Salvador de Bahia.
Le docteur Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt (au premier plan) lors du match Allemagne-Portugal le 16 juin à Salvador de Bahia. | REUTERS/© Dylan Martinez / Reuters

C'est le médecin à la mode. Le « doc » que tout le monde s'arrache. Dans les couloirs de sa luxueuse clinique, 1 600 mètres carrés au centre de Munich, on peut croiser le roi du sprint, Usain Bolt, le buteur des Pays-Bas, Arjen Robben, le capitaine de l'Allemagne, Philipp Lahm ou son partenaire de club, Franck Ribéry. Lundi 16 juin au soir, on pouvait même apercevoir sa silhouette de jeune homme de 71 ans et sa longue chevelure brune sur le banc de la Nationalmannschaft, à l'Arena Fonte Nova de Salavador, lors de la démonstration de force de ses protégés face au Portugal (4-0). Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt est le médecin de l'équipe d'Allemagne depuis 1995 et du Bayern Munich depuis quarante ans.

Mais le public français a découvert son existence il y a seulement quelques jours au détour d'une sortie d'un autre médecin, celui des Bleus, Franck Le Gall, au sujet de Franck Ribéry, laissé à Paris en raison de problèmes au dos.
« Franck appartient à un club où le mode de traitement de toute pathologie, quelle qu'elle soit, se fait à base de piqûres. Il peut y en avoir dix, vingt, vingt-cinq, quarante par pathologie, par année, lâche le docteur Le Gall, en conférence de presse, le jour de l'ouverture de la Coupe du monde. On aurait pu choisir cette option, ce qu'on n'a pas fait. A un moment, il n'en pouvait plus des piqûres, donc on ne l'a pas fait parce qu'il a peur des piqûres. »
« Mull », comme l'appellent Ribéry et les autres joueurs du Bayern, a dû se sentir piqué au vif par les propos du médecin des Bleus. Son avocat riposte le lendemain dans un communiqué : « Une participation aurait été possible si s'était fait soigner par le docteur Müller-Wohlfahrt. »
Et la veille de l'entrée en lice de l'équipe de France face au Honduras, c'est le joueur lui-même qui y va de son petit plaidoyer en faveur du médecin du Bayern par l'intermédiaire de l'agence sportive allemande SID : « Je n'ai pas peur des piqûres. Mais je ne souhaitais pas me faire injecter de la cortisone par le médecin français. Je sais que ce n'est pas bon, précise Franck Ribéry en reprenant fidèlement l'argumentaire exposé la veille par le conseil de Müller-Wohlfahrt.
« Je ne peux pas accepter qu'on fasse des reproches au docteur Müller-Wohlfhart. Je suis depuis sept ans au Bayern et j'ai une confiance totale en “Mull”, il m'a toujours aidé. Il fait les choses correctement. Sans lui, je ne sais pas si je jouerais au football comme je le fais. »
UN MÉDICAMENT À BASE DE SANG DE VEAU DÉPROTÉINÉ
Ce n'est pas la première fois que le médecin bavarois, dont la clinique ultramoderne a été financée en partie par le milliardaire Dietmar Hopp, patron du club d'Hoffenheim et cofondateur de la société informatique SAP, se retrouve au coeur d'une polémique impliquant un joueur de l'équipe de France.
Lors de l'Euro 2008 organisé en Autriche et en Suisse, le capitaine des Bleus, Patrick Vieira, sur les recommandations de Willy Sagnol et Bixente Lizarazu, tous deux alors au Bayern, avait contacté « Mull » pour traiter sa blessure à la cuisse gauche. Le médecin des Bleus, Jean-Pierre Paclet, s'était opposé à toute intervention du « guérisseur » allemand. En cause, les substances administrées par le bon docteur Müller-Wohlfahrt.
Le médecin de la sélection allemande est un adepte des injections d'Actovegin. Ce médicament à base de sang de veau déprotéiné, prescrit à l'origine contre les troubles de la mémoire, est interdit à la vente en France et aux Etats-Unis, mais pas en Allemagne. D'abord classé dans la catégorie dopage sanguin, l'Agence mondiale antidopage ne l'interdit aujourd'hui qu'en intraveineuse.
Pourtant, dans la foulée du Tour de France 2000, des poches d'Actovegin avaient été retrouvées dans les poubelles de l'US Postal, l'équipe de Lance Armstrong. Et, six ans plus tard, la police espagnole en saisira, cette fois à Madrid, lors du démantèlement du vaste réseau de dopage sanguin organisé par un autre médecin célèbre, Eufemiano Fuentes. L'ancien gardien de la RFA, Harald Schumacher, évoque dans son autobiographie, Coup de sifflet, les « milliers de piqûres » reçues avec ce produit lors de la Coupe du monde 1986. A cette époque, Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt n'était pas encore sur le banc de la Nationalmannschaft.
 Stéphane Mandard
Journaliste au Monde 

Mondial 2014 : Ribéry critique le service médical des Bleus

Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le
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Franck Ribéry, le 1er juin 2014 à Nice.

Forfait pour le Mondial 2014 en raison d'une lombalgie, Franck Ribéry a jeté, samedi 14 juin, un beau pavé dans la mare en critiquant les soins médicaux de l'encadrement médical de l'équipe de France pour lui permettre d'être présent au Brésil.

Les Bleus n'avaient sans doute pas besoin d'une polémique de cette ampleur à 24 heures de leur entrée en lice dans la compétition contre le Honduras, dimanche à Porto Alegre. Mais le sujet va forcément être évoqué et parasiter l'avant-match du sélectionneur Didier Deschamps.
« JE N'AI PAS PEUR DES PIQÛRES »
Dans une interview accordée à l'agence sportive allemande SID, Ribéry ne mâche en effet pas ses mots envers le médecin des Bleus, Franck Le Gall, qui avait déclaré jeudi que le joueur « avait peur des piqûres » et ne souhaitait pas subir des infiltrations pour atténuer ses douleurs lombaires, causes de sa défection actée officiellement le 6 juin.

« Je n'ai pas peur des piqûres. Mais je ne souhaitais pas me faire injecter de la cortisone par le médecin français. Je sais que ce n'est pas bon », a expliqué Ribéry en ajoutant que sa « carrière va continuer après », une référence aux effets supposés néfastes qu'aurait pu avoir la cortisone.
Le n° 7 des Bleus et du Bayern se lance ensuite dans une défense des protocoles suivis par le médecin du Bayern Munich et de l'équipe d'Allemagne, le réputé Dr Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, critiqués par le Dr Le Gall.

« C'est injuste. Je ne peux pas accepter qu'on fasse des reproches au Dr Müller-Wohlfahrt. Je suis depuis sept ans au Bayern et j'ai une confiance totale en 'Mull', il m'a toujours aidé. Il fait les choses correctement. Sans lui je ne sais pas si je jouerais au football comme je le fais. »
Le célèbre praticien allemand, qui soigne les plus grands sportifs de la planète, dont la star du sprint Usain Bolt, avait déjà rejeté en bloc les accusations du camp français via un communiqué de son avocat vendredi. Franck Ribéry reprend à peu près les mêmes arguments et indique en creux que les pratiques du Dr Müller-Wohlfahrt, essentiellement à base d'injections et qui alimentent toutes sortes de fantasmes, auraient peut-être pu lui permettre de disputer la Coupe du monde. Mais il se serait heurté au refus de l'encadrement médical des Bleus.
Le Dr Müller-Wohlfahrt « avait transmis [à l'équipe de France] tous les documents au sujet de [sa] blessure. Je sais juste que mes problèmes se sont toujours réglés après ses traitements reçus à Munich [...] Il avait aussi proposé de me soigner à nouveau. Ça a été refusé », a-t-il affirmé.
Est-ce une nouvelle allusion à l'Actovegin, cité nommément par le Dr Müller-Wohlfahrt vendredi dans son communiqué ? Ce produit à base de sang de veau déprotéiné est autorisé par l'Agence mondiale antidopage mais n'a pas spécialement bonne presse en France où sa commercialisation est interdite.
L'AFFAIRE VIEIRA
Il traîne derrière lui une odeur de soufre alimentée par le précédent fâcheux de l'Euro 2008 et « l'affaire Vieira ». A l'époque, le capitaine français, blessé à la cuisse gauche et désireux de rejouer le plus rapidement possible, était entré en contact avec le Dr Müller-Wohlfahrt par l'intermédiaire de Willy Sagnol, ex-joueur du Bayern Munich.
Le médecin lui avait alors proposé de procéder à une piqûre d'Actovégin, ce qu'avait fermement refusé son collègue de l'équipe de France, Jean-Pierre Paclet. Vieira n'avait alors pas hésité à dénoncer « des incohérences sur l'estimation de la blessure et sur les traitements donnés » et à critiquer sévèrement le staff médical français, la veille du dernier match contre l'Italie.
Contrairement au sélectionneur Raymond Domenech, maintenu à son poste, le Dr Paclet n'avait pas survécu au fiasco de la France en Suisse et en Autriche et à son élimination piteuse au 1er tour (1 nul, 2 défaites).
http://www.lemonde.fr/coupe-du-monde/article/2014/06/15/mondial-2014-ribery-critique-le-service-medical-des-bleus_4438555_1616627.html

Prévenir la mort subite chez les sportifs

31e minute du match Pescara-Livourne: Morosini est victime d’un malaise cardiaque. Sa mort provoque une onde de choc dans toute l’Italie. (Keystone)
31e minute du match Pescara-Livourne: Morosini est victime d’un malaise cardiaque. Sa mort provoque une onde de choc dans toute l’Italie. (Keystone)
Le décès de Piermario Morosini, 25 ans, soulève moult questions dans le monde du sport. Responsable de la médecine du sport au CHUV, Gérald Gremion défend une prévention régulière
Samedi, Piermario Morosini, 25 ans, décédait d’un arrêt cardiaque survenu lors d’un match de football de Serie B. Lundi, le footballeur de Bolton Fabrice Muamba regagnait son domicile, un mois après une crise cardiaque en plein match également. En charge de l’Unité de médecine du sport au CHUV, Gérald Gremion décrypte la mort subite dans le sport d’élite.
Le Temps: Que vous inspire le décès de Piermario Morosini?
Gérald Gremion: C’est curieux. L’Italie est le pays le plus sévère, les recherches sur la mort subite des athlètes viennent justement des groupes italiens. Le pays est passé d’une prévalence de 2 à 3 décès chez les athlètes pour 100 000 à 0,8 pour 100 000, un gain substantiel à mettre au crédit d’examens médicaux et cardiologiques obligatoires chaque année, en particulier dans le football.
– Ce drame s’ajoute à toute une liste.
– Ce n’est pas inhabituel: faire du sport augmente le risque de mort subite, en raison de la demande supplémentaire en oxygène par le muscle cardiaque. Mais, paradoxalement, faire du sport régulièrement diminue ce risque de manière importante. Concernant la population jeune, le risque apparaît le plus souvent en cas de malformation cardiaque. Dans 25% des cas de mort subite dans la population qui fait du sport, il s’agit d’une myocardiopathie hypertrophique – le cœur grandit avec des fibres musculaires anormales, qui ne sont pas fonctionnelles et engendrent des événements anormaux dans la contraction du cœur. La dysplasie arythmogène du ventricule droit, où le muscle s’atrophie et se transforme en graisse, représente 3%. La contusion du cœur, soit le fait de recevoir un coup, 20%, les myocardites d’origine virale, 5%, les anomalies des coronaires, 14%; 13% environ restent sans diagnostic étiologique.
– Pourquoi ne détecte-t-on pas les anomalies, alors que les sportifs d’élite sont suivis médicalement?
– Parce que souvent, on n’a pas fait les investigations correctement. De plus, certaines pathologies sont difficiles à identifier. Dans 10% des myocardiopathies hypertrophiques, l’ECG est normal. La dysplasie arythmogène ne se voit pas facilement sur un ECG au repos. Le diagnostic est posé par IRM, ou éventuellement par échographie Doppler.
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Sport :Dr Éric Allangba ( Médecin sportif )“ LES VISITES MEDICALES SONT IMPORTANTES DANS LA VIE DES ATHLETES ”

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Dr Éric Allangba ( Médecin sportif )Dr Éric Allangba ( Médecin sportif )De plus en plus, on assiste à des arrêts cardiaques sur les stades. Quels sont les facteurs qui expliquent cela ?

Les accidents cardio- vasculaires qui surviennent sur les stades ont toujours existé. Avec la mondialisation et la médiatisation, on y fait de plus en plus attention. Beaucoup de facteurs sont à la base de ces accidents qu’on appelle mort subite du sportifs. Ces accidents sont dus à des malformations au niveau du système vasculaire. Il s’agit souvent d’anévrisme (dilation sur un vaisseau), c’est-à- dire la néo formation au niveau des vaisseaux sanguins qui est pratiquement indétectable et qui se rompt pour une raison ou une autre. Il survient alors une hémorragie cérébrale. D’autres causes sont à la base de ces accidents. On pourra parler aussi des malformations cardiaques, d’hypertension artérielle méconnue.

Le dopage joue-t-il un rôle dans ces arrêts cardiaques?
Le dopage est l’un des facteurs importants de ces arrêts cardiaques. Il y a le côté négatif du dopage. C’est bien beau de remporter des médailles. Le dopage modifie le comportement de l’athlète. Il le rend certes très fort ; mais il y a toujours les effets secondaires qui sont catastrophiques. Ça peut-être des troubles sanguins, la folie, etc. Cela est provoqué par les différentes substances utilisées. Le dopage expose à de graves accidents. De grands athlètes de haut niveau sont décédés très jeunes et dont les causes de la mort n’ont pas été déterminées. Cependant, on est sûr qu’il y a eu le dopage en dessous.
Que faut-il faire alors pour éviter ces genres d’accidents?
C’est en cela que l’on voit l’importance de la visite médicale avant toute activité sportive. Cette visite médicale aboutit à la délivrance d’un certificat de non contre indication à la pratique sportive. La visite médicale n’est pas faite pour éliminer des candidats à la pratique sportive. Mais elle a toute son importance. Elle permet d’éviter les problèmes que l’on rencontre sur les stades ; c’est pourquoi, le minimum d’électrocardiogramme, de repos que l’on impose de nos jours peut, dans une moindre mesure, permettre de déceler des problèmes s’il en existe.
Comment expliquer que des joueurs des championnats européens qui font beaucoup d’examens médicaux puissent être victimes de ces genres d’accidents ?
Il y a un lot de tests médicaux que les joueurs professionnels font tout au long de leur carrière. Les examens médicaux ne peuvent pas tout déceler. Ce n’est pas un électrocardiogramme, une simple radio qui va mettre en évidence une malformation telle que l’anévrisme. Les examens permettent de détecter certaines maladies et d’éviter une grande partie d’accidents qui pourraient survenir.
La médecine est-elle impuissante face à ce phénomène?
La médecine est impuissante ? Non, pas qu’elle soit totalement impuissante. Vous voyez la prise en charge quand l’accident survient. Lors du récent accident du joueur congo-anglais, il a bénéficié de tous les soins notamment des massages cardiaques ; il a été conditionné, pris en charge par une équipe de réanimateurs. La médecine du sport est avant tout une médecine de prévention. On ne peut pas dire qu’elle est totalement impuissante. Mais elle peut être parfois prise à défaut dans certaines situations.
A vous entendre, la visite médicale n’est pas une panacée pour éviter ces accidents. Y aurait-il d’autres dispositions?
Les visites médicales ne sont certes pas la panacée. Mais il faut faire le minimum que l’on prescrit pour éviter les accidents. Les visites médicales sont très importantes. Nous suivons ce qui se passe au football avec les arbitres. Certes, avec les visites médicales, nous ne résolvons pas totalement les problèmes, mais il y a une grande partie des difficultés qui sont résolues.
Quelle est la situation de ces accidents en Côte d’Ivoire et en Afrique?
Je n’ai pas de statistiques fiables sur ces genres d’accidents en Côte d’Ivoire et en Afrique. Ce sont des accidents qui arrivent partout. J’ai été témoin d’un cas lors d’un examen d’entrée à l’Institut national de la jeunesse et des sports (Injs). Un athlète confirmé qui présentait le concours est décédé au cours des épreuves physiques. Il a fait un arrêt cardiaque. En Côte d’Ivoire, il y a un effort qui est fait. Les dirigeants fédéraux et des clubs sont conscients de la nécessité des visites médicales autour desquelles il y a un consensus. Elles sont de plus en plus corsées et sérieuses. On impose au minimum un électrocardiogramme et un certain nombre d’examens.
Les clubs et les responsables fédéraux respectent-ils ces tests que vous demandez?
De nombreuses fédérations et clubs disent ne pas disposer de moyens financiers pour payer les frais médicaux. Ce n’est pourtant pas excessif. Mais les dirigeants sportifs avouent leur impuissance à payer ces frais. Alors que nous avons trouvé un juste milieu pour leur permettre de faire faire ces visites à leurs athlètes. Dommage qu’il n’y ait pas de subventions de l’Etat pour les prises en charges des athlètes. S’il y avait une loi sur le sport en Côte d’Ivoire, la prise en charge des athlètes de haut se ferait sans difficulté. Bien qu’ils n’aient pas les moyens, ils sont conscients de l’importance de ces examens. Nous allons petit à petit instituer systématiquement ces examens, notamment l’électrocardiogramme de repos. A côté de cet examen, il y a aussi l’électrocardiogramme d’effort qui est également important.
Interview réalisée par
Élisabeth Goli





Le sexe et le sport font-ils bon ménage?

Rédaction lifestyle Publié le - Mis à jour le
Love & Sex Les 20 km de Bruxelles approchent, c'est en quelque sorte l'événement sportif bruxellois de ce printemps! De nombreux amateurs, joggeurs, et athlètes s'entraînent quotidiennement pour relever ce défi et améliorer leur chrono. Si pour certains, cette période intensive ne change pas grand chose à leur routine, pour d'autres, il s'agit de veiller à leur alimentation, leur hygiène de vie, mais aussi parfois à se priver de sexe...
Une drôle d'idée? Selon une théorie, le sportif qui se prive de sexe à la veille d'une compétition serait plus agressif. La question est d'ailleurs revenue sur les terrains de football à l'occasion du Mondial 2014. Et pourtant plusieurs études scientifiques démontrent qu'au contraire, il n'existerait aucune corrélation entre la testostérone présente dans le sang et l'activité sexuelle. Par contre, une étude à prouvé que le niveau de testostérone évolue à l'inverse justement de celui de la cortisol, c'est-à-dire l'hormone du stress. Et comme se relaxer fait partie de la préparation du sportif...CQFD!
Aussi, faire l'amour ne diminuerait en rien l'énergie de l'athlète. D'ailleurs, celui qu'on nomme « le sport en chambre » n'entraîne jamais une dépense calorique à mettre KO un sportif. Les résultats de tests montrent que la puissance respiratoire, le pouls, l'endurance, la puissance, l'équilibre, ne sont en rien altérés par « cet effort ». Reste évidemment à trouver son rythme. Une nuit torride de galipettes équivaudrait à un gros manque de sommeil, ce qui est loin d'être préconisé évidemment avant la compétition. C'est même parfois dangereux. D'ailleurs, plus que la relation sexuelle en elle-même, ce qui pousse des entraîneurs à interdire cette activité durant un grand événement sportif, c'est surtout pour empêcher « leurs hommes » de passer des soirées entières à draguer dans les bars.
Et le mental dans tout cela?
Si certains croient dur comme fer que l'abstinence est la meilleure méthode pour être efficace, peut-être ne faut-il pas non plus les brusquer. Le mental jouant un rôle essentiel dans la performance sportive, il existe de grandes chances pour que cette croyance se matérialise. Par contre, le manque peut entraîner de la frustration et agir sur la concentration et l'humeur. Et puis, on le sait, le sexe libère de la dopamine, de la sérotonine, de l'ocytocine, la vasopressine, bref toutes ces hormones qui aident au bien-être, et à la relaxation. En somme, il suffit simplement de trouver son équilibre et d'être bien dans son corps avant le jour J.

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