jeudi 25 août 2011

Fanny Ibrahima, maire

: « JACQUES ANOMA A ÉTÉ INJUSTE AVEC BOUAKÉ »

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Ancien footballeur, le maire de Bouaké se prononce sur la situation difficile des équipes locales, reléguées au second plan. Il reproche à son ami, le président de la FIF, Jacques Anoma, d’avoir pénalisé celles-ci. Le morcellement de Bouaké en plusieurs communes est aussi abordé dans cet entretien qu'il a accordé à www.fratmat.info.
Depuis la crise, les équipes de football de Bouaké ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Elles se retrouvent en troisième division et régionale. Comment expliquez-vous cette situation inédite ?
De mon point de vue, notre ami Jacques Anoma (Ndlr : président de la fédération ivoirienne de football) a été injuste avec Bouaké. J’étais à Kumassi (Ghana), lors de la coupe d’Afrique avec lui. Nous avions longuement parlé de la situation des équipes de Bouaké. Malheureusement, il n’a pas traité nos équpes avec une attention toute particulière.
Que lui reprochez-vous ?
Une crise est survenue. Bouaké est assiégée. La population n’y est pour rien. Nos équipes, à savoir l’Alliance et l’ASCB, ont accepté d’aller jouer sur les autres stades. On les traite de rebelles et on les jette en prison. Non content de tout ça, la FIF les rétrograde en championnat régional. Ce n’est pas juste. Le président Anoma doit nous ramener où on était avant les évènements. Je le lui ai expliqué, il n’a pas voulu entendre raison.
Maintenant que la situation se normalise, nous (mairie) allons essayer de mettre deux grandes équipes sur pied, comme par le passé.
Présentement, Bouaké a quatre équipes. Vous allez donc les ramener à deux ?
Absolument. Les gens n’ont pas les moyens pour faire quatre bonnes équipes. Il faut concentrer nos forces entre deux équipes. Elles seront solides et ambitieuses. C’est ainsi que nous pourrons sauver le faootball à Bouaké.
La mairie est-elle prête à dégager une ligne budgétaire pour leur venir en aide ?
Bien entendu. Dans le budget communal, il y a toujours eu de l’argent consacré à nos équipes fanion et aux autres disciplines. Durant cette crise, nous n’arrivions même pas à payer nos salaires. Comprenez que nous ne pouvions pas entretenir le football. Comme la situation se normalise, nous reprendrons nos habitudes d’avant. Bouaké doit rédémarrer dans tous les domaines. C’est une ville qui a d’énormes possibiltés.
On parle de plus en plus de morceller Bouaké en quatre communes. Etes-vous favorable à ce projet ?
C’est une très bonne initiative que de scinder Bouaké en plusieurs communes. Ce, d’autant plus que cela aura pour avantage de rapprocher l’administration des adminitrés. Bouaké est une grande ville aujourd’hui. Je pense que trois ou quatre communes, peu importe, c’est une opportunité à saisir. Pour les autorités poliques, je ne pense pas que ce projet soit un problème. Bien au contraire, au niveau des partis politiques, on trouve toujours une solution aux problèmes de postes et autres .
Il faut savoir que nous avons fait les élections présidentielles sur le schéma de quatre communes. Le président d’alors,  Laurent Gbagbo, avait signé le décret consacrant Bouaké en quatre communes. Je ne sais si aujourd’hui on peut remettre en cause cette décision . En ce qui me concerne, je suis pour l’application de ce décret présidentiel. Une décision qui vient concrétiser un combat que nous menons à Bouaké depuis une vingtaine d’années.
Nous sortons d’une grave crise politico-militaire qui a complètement défiguré Bouaké, notamment sur le plan économique. Le moment est-il bien soit bien choisi pour mettre en œuvre ce projet ?
Bouaké n’est pas une commune agricole, encore moins industrielle. Bouaké a été et demeure encore une ville foncièrement commerciale. Je peux vous le dire, s’il y a une activité qui a prospéré pendent ces huit ans de crise, c’est le commerce. Le désordre et l’incivisme qui se sont installés dans la durée ont fait que les commerçants ne payaient plus les impôts et les taxes. Et cela a donné l’impression à l’État que rien n’a marché. C’est vrai, les caisses de la mairie et des services de l’Etat ont souffert, mais les commerçants ont mené leurs activités cahin-caha.
Sur le plan politique, cette décision ne va-t-elle pas exacerber d’autres tensions
Pourquoi ? Vous croyez qu’il n’y a pas de vives tensions avec une seule commune ? Mais non ! Un parti politique sait qui peut défendre ses intérêts dans telle ou telle localité. Il faut savoir faire le bon choix. On peut se retrouver avec une ou des communes avec plusieurs candidats, mais là n’est pas la difficulté. De toutes les façon, c’est le jeu politique qui est ouvert et qui consacre ainsi l’enracinement de notre pays à la démocratie.
Charles Kazony
Agence Bouaké
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