En 2013, le centre hospitalier de Mouscron lançait un comité de pilotage «qualité et sécurité». De la première année de travail, douze points étaient ressortis dont le souci des soins transmuraux. Autrement dit, le suivi entre les passages à l’hôpital, chez le médecin de famille ou chez le pharmacien. «Vu le vieillissement de la population, le nombre de patients qui ont besoin d’un traitement chronique va croître, précise Evelyne Careels, directrice des soins au CHM. Il était donc important d’améliorer la qualité des soins transmuraux. Cela permettra au patient d’être mieux suivi.»
Clarifier la situation
Les bénéfices de cette fiche se verraient surtout au moment de l’hospitalisation: «Quand le malade arrivait à l’hôpital, le personnel n’avait pas toujours les renseignements nécessaires sur son suivi médicamenteux à domicile. On perdait donc du temps car il fallait vérifier tout ce que la personne prenait comme médicaments, avec le risque qu’elle se trompe de nom de pilules ou qu’elle en oublie».
Une base de données a été créée informatiquement pour pouvoir justement remplir la fameuse fiche: «Sur l’ordinateur, nous avons une liste où tous les médicaments sont repris, ainsi que le nom de leur générique. À chaque fois qu’un médicament devra être pris par le patient, on pourra y rajouter une ligne. Cela a pour objectif qu’à chaque visite chez un acteur de la santé, le patient puisse se présenter avec une fiche bien mise à jour. À terme, on espère que tout pourra se faire de manière informatique. Ce serait plus facile».
Si la création d’une fiche commune entre centre hospitalier, médecins et pharmaciens est unique, le processus est entamé depuis de nombreuses années, comme l’explique le Dr Fontaine, active en cité hurlue: «Nous encouragions déjà nos visiteurs à tenir une liste mais tout le monde ne le faisait pas. La nouvelle fiche permettra d’avoir une harmonisation pour tout le monde grâce à la diffusion d’un même produit. Cela peut clarifier la situation dans l’esprit de certaines personnes».
Du côté des pharmaciens, la nouveauté est également accueillie avec beaucoup de bonheur. «Nous la demandions depuis de nombreuses années, ajoute Luc Morel, pharmacien à Mouscron et président de l’union pharmaceutique du Hainaut occidental. Le rôle du pharmacien est de donner le médicament et la dose avec exactitude. Il était donc indispensable de recevoir un outil pour pouvoir gérer les changements de traitement. On constate que notre idée a plu. Nous sommes notamment suivis par une pharmacienne-clinicienne de la clinique universitaire de Mont-Godinne».
Éviter les risques d’une mauvaise prise
La «fiche médicament» permet aussi d’éviter plusieurs risques pour les patients: «De par mon expérience, j’ai constaté que plusieurs patients prenaient pas mal de doublons, continue Luc Morel. Avec la multiplication des produits sur le marché, les gens prennent parfois de l’aspirine plusieurs fois sans s’en rendre compte. Si ce n’est pas toujours dangereux, cela peut aussi avoir des effets néfastes. Les médicaments peuvent être la meilleure mais aussi la pire des choses s’ils ne sont pas pris à bon escient ».