vendredi 26 septembre 2014

MEDECINE DE FAMILLE ICI ET AILLEURS



186 médecins de plus, mais 300 000 patients orphelins

Geneviève
Geneviève Blais


Publié le 15 septembre 2014
L'accessibilité aux médecins de famille est un enjeu dans plusieurs régions.

Chaque région joue de séduction pour attirer les médecins dans sa contrée. Les besoins sont grands, particulièrement en médecine de famille, alors que le nombre de patients orphelins dans la province frise les 300 000.
Selon le Collège des médecins du Québec, en 2013, il s'est ajouté 186 omnipraticiens sur le territoire québécois, en tenant compte des nouveaux permis délivrés, des départs à la retraite et des décès survenus en cours d'année.
Malgré cette légère hausse, trouver un médecin de famille demeure un réel défi pour bien des citoyens. Il s'agit d'une tâche particulièrement ardue pour les résidents de Lanaudière, des Laurentides, de la Montérégie, de Laval et de l'Outaouais. C'est dans ces régions que l'on retrouve le moins de praticiens par 100 000 habitants, ce qui accentue le phénomène de pénurie et les difficultés d'accessibilité.
Dans un récent rapport, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec va jusqu'à parler de risques de bris de service pour les couronnes nord et sud de Montréal, en raison du vieillissement du corps médical, des départs à la retraite et du fragile bassin de relève. Si ces régions doivent impérativement agir afin de favoriser le recrutement de jeunes docteurs, dans d'autres, comme l'Estrie et Chaudière-Appalaches, le défi en est plutôt un de rétention.
Accessibilité
Le ministère de la Santé et des Services sociaux estime qu'environ 155 omnipraticiens et 200 spécialistes cesseront de pratiquer au Québec d'ici la fin de l'année 2014 (retraite, décès, migration à l'extérieur de la province).
Alors que l'âge moyen des médecins est stable à 50,4 ans depuis deux ans, le président-directeur général du Collège des médecins du Québec, le Dr Charles Bernard, entrevoit les années à venir avec optimisme. «L'arrivée massive de jeunes médecins me rassure», dit-il. Il précise qu'en 2013, le collège a délivré 852 nouveaux permis de pratique, ce qui se traduit, une fois les départs comptabilisés, par une croissance de 455 médecins en exercice au Québec par rapport à 2012.
Clientèle orpheline
Depuis leur création dans les différentes régions de la province, les Guichets d'accès à la clientèle orpheline (GACO) ont enregistré 925 901 inscriptions. De ce nombre, encore 292 988 patients sont en attente d'être pris en charge par un médecin de famille.

http://www.laction.com/Actualites/Societe/2014-09-16/article-3869898/186-medecins-de-plus,-mais-300-000-patients-orphelins/1 

" On n'a pas toujours besoin d'un médecin de famille" - Maryse Gaudreault

Publié par 104,7 fm Outaouais pour (Outaouais) 104,7 Outaouais le jeudi 11 septembre 2014 à 10h13. Modifié à 12h52.

Facebook/Maryse Gaudreault
La députée de Hull, Maryse Gaudreault, n'apporte pas vraiment de solution au problème de l'accessibilité des soins de santé en Outaouais.
Maryse Gaudreault

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Elle a affirmé dans une entrevue qui sera diffusée à Solide comme le Roch, jeudi midi, qu'avoir un médecin de famille n'est pas nécessaire, une déclaration qui fait drôlement penser à celle de l'ex-députée de Pontiac, Charlotte L'Écuyer, en 2007.

Selon Mme. Gaudreault dans l'audio ci-dessus, les patients devraient pouvoir consulter des médecins sans rendez-vous dans des cliniques privées comme celles fréquentées par des Québécois en Ontario.
Maryse Gaudreault n'est cependant pas ouverte à ce que le gouvernement rembourse les Québécois qui font appel au privé en sol gatinois, alors qu'il paye pourtant les frais déboursés en Ontario.

La députée soutient par ailleurs qu'elle consulte toujours son médecin de famille en Ontario.
http://www.985fm.ca/regional/nouvelles/on-n-a-pas-toujours-besoin-d-un-medecin-de-famille-343385.html
 Publié le 16 septembre 2014 à 08h33 | Mis à jour le 16 septembre 2014 à 08h33

Camper pour un médecin de famille

Dorénavant, les nouveaux patients ne pourront s'inscrire au... (PHOTO TIRÉE D'UNE VIDÉO DE LA PRESSE)
Dorénavant, les nouveaux patients ne pourront s'inscrire au Centre médical Square Victoria que du lundi au mercredi entre 15h et 16h30, et le ratio sera de 50 par jour.
PHOTO TIRÉE D'UNE VIDÉO DE LA PRESSE
Isabelle Dubé
La Presse
Des patients désespérés ont campé devant une clinique publique du centre-ville de Montréal dans la nuit de dimanche à hier, dans l'espoir d'obtenir enfin un médecin de famille... Hier matin, la réceptionniste du Centre médical Square Victoria, situé au Centre de commerce mondial, a eu un choc en voyant cette scène surréaliste à son arrivée au travail. «C'était la folie, explique la directrice du centre, Judith Bélanger. À 7h30, quatre personnes dormaient dans un sac de couchage à côté de la porte et une centaine d'autres faisaient la file dans le corridor.»
Il y a quelques jours, la directrice a lancé un appel à tous à la radio et dans La Presse, affirmant que les médecins de famille de sa clinique nouvellement rénovée n'avaient pas suffisamment de patients. Hier seulement, 500 nouveaux patients se sont enregistrés, en plus des 200 autres vendredi dernier. Plus de 2000 places sont encore disponibles. «On a été obligé d'arrêter les inscriptions pour la journée, parce que les patients malades avec un rendez-vous n'arrivaient plus à entrer», poursuit Judith Bélanger.
Devant tant d'enthousiasme, le Centre médical Square Victoria a dû s'organiser. Dorénavant, les nouveaux patients ne pourront s'inscrire que du lundi au mercredi entre 15h et 16h30, et le ratio sera de 50 par jour.
La directrice assure qu'elle garde de la place pour les patients prioritaires inscrits aux guichets d'accès pour les clientèles orphelines (GACO). Le CSSS Jeanne-Mance est en communication avec elle et lui transmettra les informations dès que possible.
La liste n'est pas une solution miracle
En voyant notre reportage vidéo samedi, de nombreux lecteurs de La Presse+ ont été scandalisés de voir que la liste des patients sans médecin de famille du gouvernement n'était pas transmise automatiquement aux nouvelles cliniques. Certains nous ont confié qu'ils attendaient depuis plus de trois ans.
«C'est clair que la liste GACO n'est pas une solution miracle, affirme le Dr Jacques Ricard, directeur des services généraux et des maladies chroniques à l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal. On a toujours dit que la priorité du GACO, c'était de donner un accès à un médecin de famille à la clientèle qui en a le plus besoin, aux patients vulnérables. Les gens en bonne santé peuvent rester sur la liste tout en cherchant aussi de leur côté.»
Le Dr Ricard, qui est l'un des instigateurs du guichet, croit que même s'il n'est pas parfait, le GACO est le meilleur moyen d'avoir un portrait concret des réels besoins en médecins de famille dans toutes les régions du Québec et d'harmoniser l'offre de service en conséquence.
À Montréal seulement, plus de 500 000 personnes n'ont toujours pas de médecin de famille.
http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201409/16/01-4800574-camper-pour-un-medecin-de-famille.php

Santé

L'accès des patients à leur médecin de famille

Le jeudi 11 septembre 2014
Avoir un médecin de famille, ce n'est pas facile. Selon des données de l'Agence de la santé, plus de vingt-sept mille personnes de la région sont inscrites au guichet d'accès pour un médecin de famille. Il y en a sûrement d'autres qui n'ont pas pris la peine de s'inscrire sur cette liste d'attente. Et pas facile non plus de voir un médecin dans une clinique sans rendez-vous.
Invité: Louis Godin, président de la Fédération des omnipraticiens du Québec

  ermeture de la Clinique médicale de la Gare

Des patients heureux de retrouver leur médecin

Par Christian Lepage
Lise et Pierre Mosienko sont fiers d’avoir retrouvé leur médecin.
Photo: TC Media - Christian Lepage
Lise et Pierre Mosienko sont fiers d’avoir retrouvé leur médecin.
Le docteur Jean-René Fréchette, qui a fermé sa clinique de Saint-Basile en décembre 2012 pour raison de santé, laissant orphelins plus de 3000 patients, pratique maintenant à la Clinique familiale de Saint-Hyacinthe.
La fermeture sans préavis de la Clinique médicale de la Gare avait plongé plusieurs patients dans une grande consternation. Plusieurs d’entre eux se faisaient traiter pour un cancer ou une maladie grave. Un des amis du docteur Fréchette avait témoigné dans Le Journal de Saint-Bruno que le docteur Fréchette était un médecin extraordinaire, un travailleur acharné, qui n’hésitait pas à faire du «dépannage» dans plusieurs urgences de la province.
Le Journal a appris que le docteur Fréchette a pris la relève du docteur Rosaire Desautels, de Saint-Hyacinthe, qui a pris sa retraite en juin dernier. «Docteur Fréchette ne reprend pas systématiquement tous les patients du docteur Desautels», a indiqué sa secrétaire, à son bureau du boulevard Laframboise, à Saint-Hyacinthe. La Clinique familiale de Saint-Hyacinthe fait partie du Groupe de médecine de famille Laframboise.
Malgré plusieurs messages, le docteur Fréchette n’a pas rappelé le journal.
Un patient heureux
L’un des anciens patients du docteur Fréchette, Pierre Mosienko, 80 ans, a indiqué qu’il avait retracé son médecin cet été grâce à une prescription.
«Un ami, qui a vu une prescription au nom du docteur Fréchette et savait que c’était mon médecin, m’a contacté. Je me suis rendu à la clinique de Saint-Hyacinthe et il m’a repris, ainsi que ma femme et mes enfants», relate M. Mosienko.
Le résidant de Saint-Basile et sa femme peuvent maintenant dormir en paix. «On est très heureux et surtout, soulagés.»
«Nous devions nous rendre dans une clinique sans rendez-vous de Mont-Saint-Hilaire à 6 heures le matin pour faire la file, et souvent, en période de grands froids. Pour nous, c’est une bénédiction de le retrouver.»
Sans vouloir s’ingérer dans ce dossier en particulier, le Collège des médecins du Québec précise cependant «qu’un médecin, quand il revient, doit informer sa clientèle de son retour et doit obligatoirement reprendre sa clientèle vulnérable», dit Leslie Labranche, coordonatrice aux relations publiques du Collège.
http://www.journaldest-bruno.qc.ca/2014/09/23/des-patitents-heureux-de-retrouver-leur-medecin

Québec s'entend avec les deux fédérations de médecins

Mise à jour le mercredi 24 septembre 2014 à 17 h 31 HAE
Entente de principe entre Québec et les omnipraticiens. Les précisions de Davide Gentile.
Québec a obtenu un étalement sur huit ans des hausses salariales consenties aux médecins omnipraticiens et spécialistes, ce qui contribuera au retour de l'équilibre budgétaire espéré par le gouvernement pour 2014-2015.
Mercredi après-midi, le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, a confirmé qu'une entente de principe avait été conclue avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). Elle doit être soumise au vote jeudi.
Plus tôt dans la journée, la Fédération des omnipraticiens du Québec (FMOQ) avait conclu une entente du même genre avec le gouvernement. Le résultat des négociations doit être présenté aux médecins de famille lors de leur assemblée générale du 4 octobre. Le président de la FMOQ, Louis Godin, croit que les membres accepteront cet accord.
Les médecins de famille, tout comme les médecins spécialistes, n'auraient pas de hausse de salaire en 2014-2015 et une très faible augmentation de leur rémunération l'année suivante, mais de plus importantes hausses de salaire les six années suivantes dans le cadre de cet étalement des augmentations de salaire déjà consenties.
Le ministre Barrette n'a pas voulu détailler davantage le contenu des ententes avec les fédérations. 
Pour l'instant, la FMOQ n'a pas commenté la conclusion de l'entente de principe, contrairement à la Fédération des omnipraticiens. 
« Je ne vous cacherai pas que ce n'est pas avec un enthousiasme débordant que les médecins de famille ont accepté ça, mais ils sont conscients que c'est quelque chose qu'on devait faire pour les Québécois, pour nos patients. » —  Louis Godin, président de la FMOQ
Le gouvernement québécois souhaitait obtenir un étalement des hausses des deux groupes de médecins - qui représentent des déboursés de 1,2 milliard de dollars - afin d'atteindre l'équilibre budgétaire.
Les négociations, qui avaient commencé en mai, semblaient avoir dérivé la semaine dernière, alors que la menace d'une loi spéciale planait au-dessus de la tête des médecins spécialistes. Les deux fédérations négociaient en parallèle. Le ministre Barrette a minimisé la portée des déclarations publiques faites de part et d'autre. « Ça a été une négociation normale pour moi, a-t-il mentionné. Pour moi, ça a été une négociation tout à fait correcte, avec ses tactiques et stratégies habituelles. Hier, nous nous sommes quittés dans la bonne humeur. »
Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette
Barrette discret sur les agences régionales de santé
Par ailleurs, le ministre Barrette n'a pas voulu donner des détails sur le projet de loi du gouvernement pour modifier l'organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux, notamment par l'abolition des agences régionales. Ce projet de loi, qui a été mis au Feuilleton de l'Assemblée nationale, sera déposé jeudi.
Il faut des réformes pour que le système de santé soit viable, a précisé le ministre Barrette, ajoutant que la croissance des dépenses doit être maîtrisée, tout en donnant les services nécessaires aux patients.
 http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2014/09/24/001-remuneration-medecins-entente-proche.shtml

mercredi 24 septembre 2014

QUELLE MEDECINE DEMAIN?

Cuvée 2013 de l’internat : les futurs médecins optent pour les spécialités rémunératrices ou confortables

 Fin septembre s’est achevée la procédure de choix des étudiants en médecine ayant passé avec succès les épreuves classantes nationales (ECN), l’ex-concours de l’internat. Les 8 001 étudiants officiellement déclarés reçus, début juillet, ont donc dû choisir parmi les 7 820 postes d’internes (moins que de candidats mais la différence s’explique en partie par la filière de médecine militaire, comptabilisée à part) en hôpital proposés par le ministère de la santé, les mieux classés ayant priorité pour exercer le choix de leur spécialité et de leur ville. Depuis 2011, cette procédure pilotée par le Centre national de gestion (CNG) est entièrement automatisée et s’effectue à distance, depuis un ordinateur. Le traditionnel amphi de garnison qui réunissait, autrefois, tous les reçus est désormais virtuel : 7 562 postes ont été pourvus, soit presque 97%.
Trio gagnant : Ophtalmo, dermato, radiologie
Le palmarès des spécialités choisies recoupe à peu près la hiérarchie des rémunérations des futurs médecins Arrivent ainsi en tête l’ophtalmologie, pour laquelle il fallait être classé avant le 2148ème rang pour avoir une chance de décrocher un poste, la dermatologie (dernier classé, le 2893ème) puis la radiologie (2998ème), la cardiologie (3040ème) et la gastro-entérologie (3273ème) ou l’anesthésie (3730ème).
Lorsqu’on examine les revenus des médecins libéraux, selon les statistiques de la Dress (chiffres 2011), ce sont les radiologues les mieux payés (217 910 euros annuels), puis les anesthésistes (190 200), les ophtalmologues (145 870), les chirurgiens (132 490 euros) et les cardiologues (120 830). Les dermatologues pointent à l’avant dernière place quant aux rémunérations, avec 64 270 euros, le confort d’une vie professionnelle avec peu d’urgences expliquant sans doute l’attrait de cette discipline auprès des futurs médecins.
En queue : psychiatrie,médecine générale et médecine du travail
Chaque année, le classement et les choix des étudiants réservent quelques surprises. Une étudiante très bien placée, en 490ème position, et qui avait donc le choix le plus large, a préféré la peu prisée médecine générale, qui reste pourtant le dernier choix.
Le peloton de queue regroupe médecine de travail, santé publique, psychiatrie et médecine générale où 168 postes sur les 3 799 offerts n’ont pas été pourvus. Le revenu moyen annuel d'un généraliste exercant en libéral ressort à 71 320 euros . La psychiatrie est la moins bien rémunérée, à 63 030 euros par an. Enfin, la médecine du travail, spécialité offrant pourtant confort de vie et rémunération, est délaissée, toute comme la médecine de santé publique. « C’est dommage car la santé publique, que j’ai moi même choisie, est très intéressante, mais les étudiants ne connaissent pas ces métiers, leurs études ne les mettant pas en contact avec eux », regrette Michel Benzaqui, interne en médecine et vice-président de l’université Paris Diderot, où il représente les étudiants.
 Les contrats de service public n'attirent toujours pas
A noter : sur les 83 postes offerts dans le cadre des Contrats d’engagements de services publics (CESP), 26, soit un petit tiers, n’ont pas trouvé preneurs. Ces contrats assurent aux étudiants un salaire de 1 200 euros bruts, par mois, pendant toute leur formation en contrepartie d’un engagement, une fois devenus médecins, à exercer dans les zones déficitaires durant le même nombre d’années qu’a duré cette aide. La ministre de la santé, Marisol Touraine, espère conclure 1 500 de ces contrats d’ici 2017, mais cette mesure incitative suffira-t-elle à combler les déserts médicaux ?

Isabelle Rey-Lefebvre
http://enseignementsup.blog.lemonde.fr/2013/09/28/cuvee-2013-de-linternat-les-futurs-medecins-optent-pour-les-specialites-remuneratrices-ou-confortables/ 

Médecine jeudi 19 septembre 2013

«A l’hôpital, tout accroc devrait être signalé»

Olivier Guillod: «La plupart des catastrophes sont liées à une accumulation de petits grains de sable.» (Pablo Fernandez)
Olivier Guillod: «La plupart des catastrophes sont liées à une accumulation de petits grains de sable.» (Pablo Fernandez)
Les erreurs médicales causent chaque année de 1500 à 2000 décès dans les hôpitaux suisses. Un chercheur de l’Université de Neuchâtel leur consacre une étude
Olivier Guillod est un pionnier. Il y a 20 ans, au retour d’un séjour aux Etats-Unis, il a créé l’Institut de droit de la santé de l’Université de Neuchâtel, qui est désormais une référence reconnue, unique en Suisse par la multiplicité de ses champs de recherche. A 57 ans, le professeur neuchâtelois a lancé une étude sur les erreurs médicales dans les hôpitaux. Le projet vient de recevoir un subside de 177 000 francs du Fonds national suisse. Les résultats sont attendus pour l’été 2015.
Le Temps: Dans la présentation de votre étude, vous indiquez que 1500 à 2000 personnes meurent chaque année dans les hôpitaux suisses en raison d’erreurs médicales. Ce nombre est-il en augmentation?
Olivier Guillod: Il est impossible de le dire. En Suisse, nous n’avons pas de données fiables en la matière. Ces estimations découlent d’extrapolations réalisées sur la base d’expériences menées aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Il vaudrait la peine d’avoir de meilleures données. Pour cela, il faudrait mettre en place un projet ambitieux, avec une collaboration entre médecins, sociologues, économistes et juristes.
– Quelle différence y a-t-il entre une erreur et une faute médicale?
– Pour qu’il y ait faute, il faut qu’un médecin n’ait pas pris les précautions nécessaires. Il doit alors réparer le dommage, aussi bien en matière pénale que civile. La plupart des catastrophes ne sont pas liées à une faute, mais à une accumulation de ce que j’appelle des petits grains de sable: un soignant oublie de prendre une précaution, un autre omet de vérifier et le troisième fait confiance au second parce qu’il n’a pas le temps… Résultat, le patient décède ou est gravement atteint. Quand il y a une telle erreur, les médecins ne savent pas s’ils sont juridiquement responsables. Du coup, ils ont tendance à ne rien dire. On ne sait donc pas ce qui se passe dans les hôpitaux. Les comportements erronés, qui n’ont le plus souvent pas de conséquences, peuvent se reproduire et avoir des effets dramatiques.
– De nombreux médecins ont l’impression de ne pas avoir le droit à l’erreur et de faire l’objet de procédures pénales beaucoup plus souvent qu’il y a vingt ans. Existe-t-il des chiffres qui accréditent ce sentiment?

– J’ai entendu cela aussi, mais sans pouvoir le documenter pour le moment. Dans le cadre de notre étude, j’espère obtenir des données sur une éventuelle augmentation des procédures civiles et pénales. Aujourd’hui, en cas d’erreur médicale, certains avocats commencent par déposer une plainte pénale. Leur objectif est d’obtenir un dédommagement au civil, mais ils commencent par le pénal. Ensuite, le procureur va mener l’instruction, demander des expertises à la charge de l’Etat. L’avocat utilise ensuite le dossier pénal pour obtenir une indemnité devant la juridiction civile. C’est de la pure tactique juridique.
– La justice est-elle toujours à même de déterminer la responsabilité pénale des médecins au vu de la complexité de la chaîne de soins?
– C’est un problème qui se pose aussi bien au pénal qu’au civil. Aux Etats-Unis, des études rétrospectives menées par des équipes d’experts ont montré que les tribunaux sont assez mauvais pour dire si un médecin a vraiment commis une faute. Le système actuel repose sur une fiction: les tribunaux ne sont souvent pas capables de dire s’il y a eu faute ou non. Ils basent leurs décisions sur des expertises. Des expertises souvent contradictoires… Le processus d’établissement de la faute est très difficile. A mon avis, quand un patient est victime d’un accident à l’hôpital, il faudrait pouvoir le dédommager via un fonds d’indemnisation, sans se préoccuper de savoir qui a commis une faute. Une fois l’indemnisation réalisée, on peut se poser la question de savoir s’il y a eu des manquements dans le suivi du cas. Et prendre des sanctions disciplinaires s’il le faut. A l’étranger, des modèles existent déjà où l’indemnisation du patient est déconnectée de la recherche d’un fautif. En Belgique, par exemple, un patient qui contracte une infection nosocomiale est indemnisé. En Suisse, ce n’est pas le cas, alors que cela concerne de manière incompressible de 5% à 7% des patients hospitalisés.
– Vous l’avez dit, les médecins n’aiment pas parler de leurs éventuelles erreurs. Comment améliorer la transparence dans les hôpitaux?
– Dans la culture médicale traditionnelle, un bon médecin est un médecin qui ne se trompe pas. S’il se trompe, il est mauvais. Cela induit des comportements d’opacité. Pour l’éviter, une des réponses serait de mettre en place des incitations pour que tous les incidents indésirables qui se produisent dans un hôpital soient listés. Cela permet de prendre des mesures de correction, comme cela se fait dans l’aviation. Le canton du Valais l’a fait dans sa loi. Les professionnels de la santé doivent déclarer tous les accrocs de la vie hospitalière. Il y a ensuite une analyse et un retour pour améliorer la pratique. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, une politique de transparence avec des propositions systématiques d’indemnisation coûte moins cher que la négation ou la dissimulation des problèmes. Quand un médecin reconnaît une erreur, les patients sont satisfaits. Ils souhaitent parfois juste recevoir des excuses.
– Faut-il intégrer la culture de l’erreur dans la formation des médecins?
– Absolument, ils doivent comprendre que se tromper ne signifie pas être mauvais. Ils doivent aussi apprendre à mieux communiquer. Il y a de grosses lacunes dans ce domaine, que ce soit pour annoncer de mauvaises nouvelles ou pour admettre avoir commis une erreur. Des études américaines montrent que c’est un moment crucial. Il faut absolument le faire dans les heures qui suivent.
– La situation évolue-t-elle?
– Oui, cela commence. Des formations se mettent en place. La Fondation pour la sécurité des patients donne depuis quelques années des cours de formation continue sur ces thématiques. Cela devrait être intégré dans le cursus universitaire. Mais je ne me fais pas d’illusions. On parle de culture professionnelle: le changement ne se fera pas en une année ou deux. Il faudra une génération pour que les réflexes se modifient
.http://letemps.ch/Page/Uuid/ba41b658-2095-11e3-9c11-29388bb52e49|2#.Ujr82X8_LKE

Douleurs rebelles: un mécanisme élucidé

Coupe d’un ganglion du nerf rachidien d’une souris. Les cellules nerveuses spécialisées dans la perception de la douleur apparaissent colorées en rouge grâce à l’emploi d’un marqueur fluorescent. (Cédric Laedermann)
Coupe d’un ganglion du nerf rachidien d’une souris. Les cellules nerveuses spécialisées dans la perception de la douleur apparaissent colorées en rouge grâce à l’emploi d’un marqueur fluorescent. (Cédric Laedermann)
Une étude suisse révèle un des processus en cause dans les douleurs neuropathiques, un type de douleur fréquent mais difficile à soulager
Sensations de brûlure intense, picotements, coups de poignard, décharges électriques… voilà comment les personnes qui souffrent de douleurs dites «neuropathiques» décrivent leurs symptômes. Ces douleurs courantes dans la population peuvent avoir de multiples causes. Mais elles demeurent mal comprises et difficiles à soulager. Une étude réalisée par une équipe suisse et publiée dans le Journal of Clinical Investigation (JCI) vient d’identifier un des mécanismes à l’origine de ces douleurs chez la souris. Au-delà de la connaissance fondamentale des processus douloureux, ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles approches thérapeutiques.
En Suisse, 20% de la population souffrent de douleurs chroniques, c’est-à-dire qui persistent au-delà de trois mois. Chez un tiers de ces personnes, les douleurs sont dites neuropathiques: elles résultent d’une lésion ou d’une maladie du système nerveux, qui provoque un dysfonctionnement de la perception de la douleur. Le cerveau reçoit alors régulièrement un signal d’alarme qui n’a pourtant pas lieu d’être.
Un grand nombre de pathologies ou de traumatismes entraîne des douleurs neuropathiques. Celles-ci surviennent notamment après des fractures ou amputations, lorsque des nerfs ont été sectionnés. Ou à l’issue d’interventions chirurgicales, qui peuvent causer des lésions nerveuses. Ces douleurs se produisent aussi chez des personnes souffrant d’une hernie discale, de sclérose en plaques, de diabète ou de zona. Une attaque cérébrale ou une chimiothérapie, enfin, peuvent les causer.
Les traitements actuels sont peu efficaces contre ce type de douleurs. Celles-ci ne répondent pas aux antalgiques classiques comme le paracétamol, et peu aux opiacés tels que la morphine. «Les médicaments les plus efficaces sont les antidépresseurs, car ils ont une action sur les voies de la douleur», explique Isabelle Décosterd, directrice du Centre d’antalgie du CHUV et de l’Université de Lausanne et coauteur de l’étude. Les différents traitements disponibles ne permettent d’atténuer les symptômes que chez moins de la moitié des patients. «Nous sommes assez désarmés face à ces douleurs.»
De nombreux laboratoires tentent d’élucider leurs mécanismes d’apparition, dans l’optique de développer de nouvelles thérapies. «On sait que deux phénomènes cohabitent dans les douleurs neuropathiques, dit Didier Bouhassira, neurologue au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur à l’Hôpital Ambroise Paré, à Paris. D’une part, il y a une hyperexcitabilité des neurones chargés de percevoir la douleur, et d’autre part une sensibilisation de la moelle épinière et du cerveau, qui intègrent les messages nerveux.»
Le travail de recherche codirigé par Isabelle Décosterd et Hugues Abriel de l’Université de Berne, s’est penché spécifiquement sur le phénomène d’hyperexcitabilité des neurones. Tout est parti de l’étude de petits canaux présents dans la membrane des neurones sensoriels et perméables aux ions sodium, les canaux sodiques. Quand ils s’ouvrent pour laisser passer les ions, un courant électrique se propage dans le neurone, donnant lieu à un signal de douleur. La sensibilité à la douleur est liée au nombre de ces canaux à la surface des cellules nerveuses.
C’est ce que montre l’étude de certaines maladies rares: «Dans une pathologie génétique qui se caractérise par un dysfonctionnement de certains canaux à sodium, les patients ne ressentent aucune douleur. Une autre maladie, dans laquelle ces canaux sont hyperactifs, occasionne une hypersensibilité à la douleur», relate Isabelle Décosterd. D’où l’intérêt des chercheurs à comprendre pourquoi ces canaux sont plus abondants chez les personnes souffrant de douleurs neuropathiques.
Dans leur étude, menée chez des souris qui avaient subi des lésions nerveuses, les chercheurs suisses ont identifié une molécule, nommée «ubiquitine ligase Nedd4-2», qui détermine le nombre de canaux sodiques à la surface des neurones sensoriels. Ils ont montré que les souris génétiquement modifiées pour ne pas fabriquer cette molécule présentaient un nombre très important de canaux à sodium. Des enregistrements de l’activité électrique de leurs neurones ont aussi révélé qu’ils généraient plus de courants que ceux des s
«Nos résultats suggèrent que Nedd4-2 agit normalement comme un frein qui limite le nombre de canaux sodiques à la surface des neurones, et réduit donc leur sensibilité», précise Cédric Laedermann, dont le travail de thèse a abouti à cette publication. Les scientifiques ont ensuite découvert qu’il était possible de rétablir la quantité de Nedd4-2 chez les souris qui en manquaient grâce à une thérapie génique. Les rongeurs ont alors vu le nombre de canaux sodiques se réduire dans leurs neurones. Les manifestations douloureuses ont aussi été atténuées.
Les auteurs de l’étude se félicitent d’avoir élucidé un des mécanismes intimes des douleurs neuropathiques, mais ils restent prudents quant à la portée thérapeutique de leur découverte. «La thérapie génique, qui nécessite l’utilisation d’un vecteur viral pour insérer un gène dans l’organisme du patient, est déjà utilisée contre les douleurs chroniques sous forme d’essais, mais davantage de recherches sont nécessaires avant de l’envisager comme traitement de routine», estime Isabelle Décosterd.
«On pourrait aussi imaginer utiliser un traitement plus conventionnel, dans lequel un médicament agirait directement sur le mécanisme de Nedd4-2 qui dysfonctionne chez les patients», suggère Didier Bouhassira. Le neurologue fait remarquer que les mécanismes en jeu dans la douleur pourraient être différents chez les souris et les êtres humains. Mais aussi que la molécule Nedd4-2 pourrait n’être impliquée que dans un certain type de douleurs neuropathiques, celles-ci formant un groupe très hétérogène.
ouris «normales». Sans surprise, ces souris génétiquement modifiées étaient hypersensibles à la douleur.
 http://letemps.ch/Page/Uuid/5592aa20-d787-11e2-9351-70a034f44d26/Douleurs_rebelles_un_m%C3%A9canisme_%C3%A9lucid%C3%A9#.UcCkydi0tuc

Traitement au cannabis : « Revivre normalement, sans douleurs et sans être stone »

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