samedi 8 février 2014

Outils pratiques http://www.ellesentreprennent.fr/pid14411/outils-pratiques.html

Outils pratiques







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mardi 4 février 2014

DETERMINANTS DE LA SANTE



64% des Belges stressés au travail

Solange Berger Publié le - Mis à jour le
Sciences - Santé L’étude montre aussi que les troubles liés à l’excès de stress expliquent 37 % des jours d’absence pour maladie.
Près de deux travailleurs sur trois (64 %) souffrent de stress au travail en Belgique. Un chiffre en hausse de 18 % par rapport à 2010, révèle une étude du spécialiste en ressources humaines Securex, dont "La Libre" a pu prendre connaissance en exclusivité. Un chiffre élevé mais qui n’étonne pas vraiment Heidi Verlinden, "HR Research Expert" chez Securex. "Cela veut dire aussi que 36 % des Belges ne souffrent pas de stress ! Et puis le stress n’est pas toujours négatif. Chez certains, il les aide même à être plus performants. Le stress ne pose réellement problème que lorsqu’on ne peut plus y faire face."
A ce propos, l’enquête menée auprès de 1 318 personnes révèle que, chez un travailleur sur quatre, ce stress provoque des problèmes physiques et psychologiques. "Et donc une diminution des performances", précisent les auteurs de l’enquête qui évoquent les maux de tête, les palpitations, l’insomnie, la dépression…
L’étude montre aussi que les troubles liés à l’excès de stress expliquent 37 % des jours d’absence pour maladie. Les travailleurs stressés totalisent en moyenne 20 jours d’absence par an, contre six pour les autres. Securex estime que le coût de ce stress s’élève au minimum à 3 750 euros par an par travailleur.
Ancienneté
Le stress a aussi un impact sur la rétention du personnel : 31 % des travailleurs trop stressés souhaitent quitter leur entreprise à court ou long terme, contre 20 % des autres collaborateurs. Ils sont aussi moins motivés à travailler longtemps : jusqu’à 58 ans seulement, contre 61 ans pour les autres.
Autre donnée : les travailleurs qui ont un contrat à durée indéterminée souffrent plus des problèmes liés au stress (28 %) que ceux qui ont un contrat à durée déterminée (19 %). Les travailleurs peu qualifiés sont aussi plus concernés (31 %) que les autres (24 %). Le stress ne touche que 17 % des cadres.
Securex constate aussi un lien avec l’ancienneté. Quelque 18 % des collaborateurs actifs dans la même entreprise depuis moins d’un an souffrent de stress, contre 25 % de ceux qui ont entre un et dix ans d’ancienneté, et 31 % de ceux qui sont là depuis plus de 11 ans.
Au niveau régional, des différences existent : les travailleurs souffrant de problèmes liés au stress sont moins nombreux à Bruxelles et en Flandre (24 %) qu’en Wallonie (37 %). C’est dans le Hainaut que les chiffres sont les plus élevés (41 %).
Comment expliquer cette évolution de l’importance du stress ? "La charge de travail est devenue plus importante", note Heidi Verlinden. "Les fonctions sont aussi plus complexes. Et puis les modes de communication ont changé : les collaborateurs sont joignables à tout moment et partout."
Si les entreprises sont conscientes du problème, rares sont celles qui ont une réelle politique de prévention. "Elles ne se rendent pas compte vraiment du coût que le stress représente. C’est pour cela que nous avons essayé de le chiffrer. La législation impose aux entreprises de faire un état des lieux du bien-être de leurs collaborateurs. Mais il y a moyen d’aller bien plus loin."Solange Berger
http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/64-des-belges-stresses-au-travail-52f11f583570516ba0b40285

Qu’est-ce que l’environnement ?


Il n’est pas rare qu’au cours d’une même série de conférences ou d’un même reportage de télévision, la part de l’environnement dans la genèse de telle ou telle pathologie soit qualifiée de très majoritaire (80 à 90%) ou très minoritaire (5 à 10%). Ces affirmations contradictoires proviennent souvent d’ « experts » assez qualifiés. Alors comment est-ce possible ? C’est tout simplement que dans le contexte de la relation entre environnement et santé, tout le monde ne partage pas la même définition de l’environnement.
Pour certains, l’environnement est tout ce qui n’est pas héréditaire. Or, la part de l’hérédité dans les cancers par exemple est relativement modeste. Donc, selon cette définition, l’environnement joue un rôle considérable, mais il recouvre des facteurs de risques très nombreux comme l’alimentation, le tabagisme actif, la consommation d’alcool, les infections et bien entendu les effets des pollutions diverses.
Pour d’autres, cette définition de l’environnement est beaucoup trop large et porte en elle des germes de confusion parce qu’elle ne correspond pas à la perception de la plupart des gens. Ils définiraient plutôt l’environnement comme représentant principalement ce qui est subi et excluent les comportements actifs (tabagisme actif, alcool, drogues, etc.), la plupart des infections et l’alimentation. L’environnement correspondrait à la pollution de l’air (incluant le tabagisme passif), de l’eau, des objets de consommation, la contamination des aliments.
Selon le contexte, ces définitions peuvent être acceptables. Le plus important est que les experts en question n’oublient pas de rappeler ce qu’ils entendent exactement par environnement pour éviter les malentendus.
http://prevention.blog.lemonde.fr/2014/01/19/quest-ce-que-lenvironnement/
Santé vendredi 10 janvier 2014

Obèse et en bonne santé: mythe ou réalité?

Un adulte sur trois dans le monde est en surpoids. Pratiquer une activité physique pourrait protéger contre les méfaits de l’obésité. (Tim Garcha/Corbis)
Un adulte sur trois dans le monde est en surpoids.
 Pratiquer une activité physique pourrait protéger contre les méfaits de l’obésité. (Tim Garcha/Corbis)
Le sujet reste controversé, mais le surpoids n’est pas toujours associé à des perturbations métaboliques. Une étude finlandaise apporte des éléments pour comprendre pourquoi certaines personnes obèses restent en bonne santé.
Les vrais jumeaux qui présentent des différences morphologiques (ils sont alors dits «discordants») sont rares mais précieux pour les scientifiques. Ceux de l’Unité de recherche sur l’obésité de l’Université d’Helsinki se sont intéressés à des «paires» de jumeaux dont les poids étaient différents pour tenter de percer les mystères d’un paradoxe qui agite la sphère scientifico-médicale: celui des obèses dits «en bonne santé».
Le concept d’«obésité saine» désigne les personnes chez lesquelles le surpoids n’est pas associé à une augmentation du risque de mortalité ou de maladies cardiovasculaires. Une étude sur le sujet, parue dans le Journal of American Medical Association le 2 janvier 2013, au lendemain des Fêtes, avait suscité un vif intérêt. Adieu bonnes résolutions et régimes pour la nouvelle année: les ­chercheurs, après avoir compilé 97 publications scientifiques portant sur 2,88 millions personnes, concluaient en effet que l’obésité modérée n’est pas néfaste pour la santé, mieux, un léger surpoids serait même protecteur!
Est-il donc possible d’être obèse sans développer de diabète ou ­d’hypercholestérolémie? «Le fait est que certaines personnes qui présentent un surpoids caractérisé n’ont effectivement aucun problème métabolique», explique Vittorio Giusti, ­médecin adjoint à la Consultation d’obésité et des troubles du comportement alimentaire du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). «Ces personnes intéressent beaucoup les scientifiques car elles semblent avoir des capacités de protection contre les méfaits de l’obésité.»
Pour leur étude, publiée récemment dans la revue Diabetologia, les scientifiques finlandais ont tenté d’identifier les paramètres qui diffèrent entre patients obèses avec des troubles métaboliques et personnes obèses en bonne santé. Et pour y parvenir, ils n’ont pas choisi la voie de la simplicité. Plutôt que d’étudier classiquement des populations de patients, ils ont décidé de voir ce qu’il se passait chez des jumeaux génétiquement identiques, mais de poids différents. «Faire une étude clinique sur des vrais jumeaux est toujours compliqué, sourit Jussi Naukkarinen, auteur de l’étude. Mais quand en plus il faut qu’ils soient différents, cela devient un vrai casse-tête!»
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Les faux médicaments rapportent 200 milliards par an aux mafias

En 2011, 27 millions de faux médicaments ont été bloqués aux frontières européennes. (Keystone)
En 2011, 27 millions de faux médicaments ont été bloqués aux frontières européennes. (Keystone)
Les acteurs mondiaux de la santé lancent cette semaine une série de rencontres dans le cadre de leur campagne de lutte contre les médicaments frelatés. Mardi, une dizaine d’entre eux se réunissent à Genève
Les acteurs mondiaux de la santé (chercheurs, pharmas, représentants de la société civile, fédérations professionnelles, associations et organisations internationales) lancent cette semaine une série de rencontres dans le cadre de leur campagne de lutte contre les médicaments frelatés. Aujourd’hui mardi, une dizaine d’entre eux se réunissent à Genève pour échanger autour de ce phénomène qui entraîne des résistances à certains traitements, peut provoquer des handicaps sérieux et cause la mort de 200 000 personnes chaque année dans le monde. Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la Santé, 10% des médicaments circulant sur la planète sont faussement étiquetés, falsifiés ou contrefaits. En Asie et en Afrique, le constat touche jusqu’à 30% des produits en circulation. Et sur Internet (site dissimulant leur adresse physique), la moitié des articles proposés s’avèrent trompeurs.
«Pour vous donner une idée de l’ampleur de ce marché, 500 millions d’unités de faux médicaments, fabriqués en Chine ou en Inde à destination d’Afrique, ont été saisis cet été», indique Bernard Leroy directeur de l’Institut International de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments (IRACM). Chaque année, les structures terroristes et autres maffias – organisations pouvant toutefois ne regrouper que 2 à 5 individus – généreraient plus de 200 milliards de dollars de chiffre d’affaires à travers ce débouché. «Nous pensons que ce chiffre est en réalité supérieur. Et préparons une étude pour démontrer à quel point», ajoute l’ancien juge d’instruction spécialisé dans les stupéfiants et ex-magistrat détaché auprès de l’ONU.
Et à l’expert d’énumérer d’autres statistiques: en 2011, 27 millions de faux médicaments ont été bloqués aux frontières européennes, soit un quart de tous les produits interceptés par les douanes. Quelque 36% des envois postaux en Europe concernent de faux articles de santé, ce qui résulte en l’interception de 3,75 millions d’unités, équivalant à 10,5 millions de dollars, et a conduit à 85 arrestations ainsi qu’à la fermeture de 18 sites web.
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Comment s’organise la traque aux faux médicaments

Les sous-sols de Swissmedic à Berne. (Béatrice Devènes)
Les sous-sols de Swissmedic à Berne. (Béatrice Devènes)
Swissmedic travaille étroitement avec les douanes pour saisir les contrefaçons
10 h 45. Fabrice est sur le qui-vive. Un vol ciblé sur la base d’une analyse de risque mise à jour quotidiennement par les douanes vient d’atterrir à l’aéroport international de Genève. Spécialiste des contrefaçons, le douanier guette l’arrivée des bagages sur le tapis roulant. «Les valises sont un bon indicateur, explique-t-il. Lorsqu’elles sont fausses, elles contiennent très souvent d’autres imitations.»
A l’extrême opposé de l’aérogare, l’arrivée des marchandises est soumise à la même surveillance que celle des passagers. Sauf que Cathy ne scrute pas les sacs à main des touristes de retour de vacances. Pour cette experte en contrefaçon, c’est la provenance d’un colis ou son destinataire qui fait office de signal d’alerte. «On trouve de tout, explique la jeune douanière en déballant des cartons. Des chaussures de sport, des lunettes de soleil, des montres, des ballons de foot, des appareils électroniques. On a même découvert des pilules amincissantes contenant du Valium.»
Les faux médicaments sont un fléau récent qui s’est amplifié avec le commerce sur Internet. «On en parlait déjà à la fin des années 1990 lorsque j’étais étudiante en pharmaceutique, se souvient Ruth Mosimann. Mais c’était limité au tiers-monde et aux traitements contre la malaria.» Depuis, le phénomène a pris de l’ampleur. En 2012, le service de Swissmedic – institut suisse des produits thérapeutiques – géré par Ruth Mosimann a reçu 1070 colis avec des imitations ou des produits contenant des éléments non indiqués sur la notice d’emballage. Grâce aux campagnes de prévention, c’est moins qu’en 2011 (1299 colis) ou qu’en 2010 (1861), souligne Swissmedic. Mais c’est toujours quatre fois plus qu’en 2006. Basé à Berne, l’institut national a été mandaté par la Confédération pour tout ce qui concerne les médicaments illégaux. Lorsque les douaniers ont un doute sur l’authenticité d’un produit, c’est donc vers Ruth Mosimann et son équipe de six personnes – des scientifiques mais aussi d’anciens policiers – qu’ils se tournent. Contrairement aux saisies d’autres contrefaçons (sacs, montres, etc.) qui, elles, sont annoncées aux marques concernées directement.
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Berlin veut encadrer de plus près la prostitution

Allemagne lundi 18 novembre 2013  Nathalie Versieux
(AFP)
Description : (AFP)
La libéralisation du secteur a signifié la multiplication de toutes sortes d’abus. Le prochain gouvernement devrait prôner davantage de contrôles

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Nulle part en Europe la législation sur la prostitution n’est aussi libérale qu’en Allemagne. Mais peut-être plus pour très longtemps. Dans le cadre des négociations en vue de former le prochain gouvernement, la CDU et le SPD entendent en effet surveiller plus strictement la pratique du sexe ­tarifé pour remédier aux excès liés à la loi libérale de 2002.
Petit retour en arrière. Alors qu’ils sont au pouvoir depuis trois ans au sein du gouvernement, Schröder, les sociaux-démocrates et les Verts entreprennent en 2001 de légaliser la prostitution. Le pas est censé permettre aux «travailleuses du sexe», comme on les appelle dans le pays, de poursuivre en justice un client mauvais payeur ou un employeur malveillant et, surtout, de cotiser aux caisses retraite et maladie comme n’importe quel salarié.
Douze ans plus tard, le bilan de la libéralisation est plutôt contesté. La loi, assurent ses détracteurs, a ouvert les vannes à de nombreux abus et aurait manqué ses objectifs.
De fait, seuls 44 prostitués (40 femmes et 4 hommes) sont aujourd’hui officiellement enregistrés comme «travailleurs du sexe» auprès des organismes sociaux, alors que le chiffre d’affaires de la «branche» est estimé à 14,6 milliards d’euros par an. Avec la libéralisation, le secteur a connu un véritable boom, bien que difficile à quantifier.
De nouvelles formes de maisons closes ont fleuri un peu partout dans le pays: des établissements gigantesques, comptant plusieurs dizaines de prostituées, ouverts 24 heures sur 24 et offrant côte à côte activités de bien-être et sexe «à volonté». Ces établissements sont peu contrôlés: avec la libéralisation, il est devenu difficile aux policiers comme aux services sanitaires de mener des contrôles inopinés. La santé et la sécurité des prostituées se seraient détériorées au cours des dix dernières années.
Situé en bordure d’autoroute à deux pas du palais des congrès de Berlin, connu de tous les chauffeurs de taxi de la ville et vantant ses mérites à coups d’affiches de publicité à l’arrière des bus, Artemis est la version haut de gamme de ces maisons closes nouvelle génération. Les femmes qui y travaillent sont présentées sur la page internet de l’établissement. Les clients sont appelés à laisser leurs commentaires sur les prestations des intéressées. Plus au sud, près de l’aéroport, un établissement d’aspect miteux propose un tarif unique pour «autant de passes que tu le peux». Comme partout dans le pays, les femmes présentées sur le site de ces bordels d’un genre nouveau ont un type bien défini: 70 à 80% des quelque 400 000 prostituées offrant leurs services en Allemagne sont originaires de Bulgarie et de Roumanie, selon des estimations invérifiables. «Quelque 90% d’entre elles travaillent contre leur gré, dans des conditions parfois épouvantables. Celles qui disent être volontaires agissent en fait sous la pression de la misère ou ont été victimes de violences sexuelles dans leur enfance, ce qui a détruit leur estime d’elle-même», assure Alice Schwarzer.


Interdire la prostitution, des parlementaires y songent

Yves Petignat
Le quartier chaud de la Langstrasse à Zurich. Deux policiers de la brigade des moeurs sont soupçonnés de corruption. (Keystone)
Description : Le quartier chaud de la  Langstrasse à Zurich. Deux policiers de la brigade des moeurs sont soupçonnés de corruption. (Keystone)
L’affaire des policiers ripoux de la brigade des mœurs zurichoises occupe encore la presse dominicale. Avec, en corollaire, un volet politique : une quarantaine de parlementaires fédéraux demande au Conseil fédéral d’examiner la possibilité d’interdire la prostitution. Autre sujet dans la presse dominicale, le discours que le président de la Confédération Ueli Maurer doit tenir devant l’UDC fait craindre la rupture de collégialité

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Sur l’affaire des ripoux tout d’abord, le scandale semble perdre un peu de son ampleur, selon la NZZ am Sonntag. Si cinq policiers, un tiers de la brigade, ont été mis en examen pour soupçon de corruption, l’enquête se concentre essentiellement sur deux agents en poste depuis 2006 dans le service. Ceux-ci sont accusés d’avoir protégé des patrons de cabarets et clubs ou de leur avoir livré des informations sensibles sur des enquêtes ou sur des descentes de police en échange de prestations sexuelles, de boissons ou de repas. Selon la presse zurichoise, ces agents étaient surveillés depuis plus de six mois.
Le club concerné, le Chilli’s , dans le quartier chaud de Zurich, était l’objet d’une enquête pour une série de fraudes à la carte de crédit. Fermé par a police mardi, après l’arrestation de son exploitant et propriétaire, il a rouvert depuis.
Cette affaire aura sans doute des conséquences politiques. Selon la Schweiz am Sonntag, 43 parlementaires auraient signé une intervention de la conseillère nationale Marianne Streiff (Parti évangélique / BE) demandant au Conseil fédéral d’étudier dans quelle mesure l’interdiction de la prostitution serait réalisable en Suisse. Une proposition qui s’inscrit dans le débat qui a lieu actuellement en France et en Allemagne autour de la pénalisation des clients de prostituées. Parmi les signataires, on trouve aussi bien le conseiller d’Etat et conseiller national valaisan Oskar Freysinger que la socialiste Maria Roth-Bernasconi ou la présidente du groupe PLR Gabi Huber.
Si la féministe allemande Alice Schwarzer se félicite de cette démarche qui rejoint celle qu’elle a lancée en Allemagne, les organisations spécialisées doutent de la pertinence d’une telle interdiction qui se traduirait par une péjoration de la situation des femmes les plus faibles. La Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga y serait d’ailleurs opposée, préférant mieux protéger les femmes. Schweiz am Sonntag rappelle que la prostitution générée en Suisse un chiffre d’affaires de 3,5 milliards.

opinions lundi 18 novembre 2013

La plaidoirie d’un «salaud»

Frédéric Beigbeder
L’écrivain Frédéric Beigbeder s’inquiète de la tournure du débat, en France, sur la prostitution, et critique le nouveau puritanisme républicain

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Vos commentaires


Certes, nous l’avons bien cherché. Mais (en France) le «Manifeste des 343 salauds» a déchaîné de telles attaques et injures que je me vois contraint de préciser ma pensée de petit salopard. L’idée m’en est venue durant une conversation avec Elisabeth Lévy le 10 octobre; j’avais accepté un entretien avec Causeur parce que je trouve sain de discuter avec les gens qui ne sont pas d’accord avec moi (Elisabeth s’est opposée au mariage homosexuel, alors que j’y étais favorable).
A un moment de l’interview, elle évoqua la question de l’abolition de la prostitution [qui sera débattue à l’Assemblée nationale fin novembre, ndlr], et c’est alors que j’ai suggéré l’idée d’une pétition de 343 «salauds» clients de prostituées, allusion aux 343 «salopes» affirmant avoir avorté, en 1971. Le magazine Causeur a décidé d’en faire sa couverture, avec un titre dont je ne suis pas l’auteur: «Touche pas à ma pute». Présenté partout comme l’initiateur de cette pétition, je me suis retrouvé porte-parole des hétéros-beaufs-réacs-machistes-ringards-obsédés.
J’avais sous-estimé la violence d’Internet. J’assume sans problème de susciter la vindicte des haters – censeurs –, d’un Web qui semble avoir été créé pour permettre à tous les aigris du monde de se donner la main. Mais enfin: imaginez un plaisantin cloué au pilori et couvert de crachats avec un bonnet d’âne sur la tête; le garnement finit par être tenté de se justifier.
La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, fut la première à dénoncer le parallèle entre les 343 salopes et les 343 salauds, estimant que «si les 343 salopes demandaient à disposer de leur corps, les 343 salauds demandent à disposer du corps des autres». La formule sonne bien, mais elle est doublement fausse. Personne ne réclame le droit de disposer du corps d’autrui dans une relation entre adultes consentants; il s’agit d’un échange tristement clair (plaisir contre argent), dont le principal défaut est de ne plus correspondre à la morale républicaine. Quant à la prostituée qui a choisi son activité, ne se bat-elle pas pour la liberté de disposer de son corps? Passons là-dessus. Je ne devrais pas m’exprimer sur un sujet que je connais mal, mes investigations s’arrêtant au Baron de l’avenue Marceau (ancienne époque, fin 1980 début 1990, avant que ce bar à hôtesses ne devienne une boîte à la mode). A mon humble avis, seule la parole des prostituées devrait être écoutée.

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SanTé mercredi 16 octobre 2013

Un vaccin qui divise les soignants

Moins d’un quart du personnel soignant (hors médecins) était vacciné l’an dernier.
Moins d’un quart du personnel soignant (hors médecins) était vacciné l’an dernier.
La vaccination du personnel de santé fait débat. L’efficacité pour protéger les patients est remise en cause par des études
Depuis six ans, le nombre de Suisses vaccinés contre la grippe saisonnière ne cesse de chuter, d’après les chiffres de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Une tendance qui n’est pas propre à la Suisse et se retrouve notamment en France, où le taux de vaccination a chuté de 10% en trois ans parmi les populations à risque.
Selon les dernières estimations, environ 1,1 million de Suisses se seraient fait vacciner l’an passé, soit 300 000 de moins qu’en 2006, date à laquelle le maximum des vaccinations a été atteint. Les polémiques qui ont entouré la campagne de vaccination contre la grippe pandémique de 2009 auraient eu un impact sur l’opinion publique. «Ce qui s’est passé autour du virus H1N1 n’a pas favorisé l’acceptation du vaccin», reconnaît Virginie Masserey, responsable de la section Vaccinations et mesures de contrôle de l’OFSP.
Actuellement, 60% des personnes âgées suisses seraient vaccinées, ce qui est loin des recommandations européennes de 75%. Parmi les populations pour lesquelles la vaccination est recommandée, les professionnels de santé préoccupent particulièrement les autorités de santé. Alors qu’environ 80% des médecins se font vacciner contre la grippe saisonnière, la moyenne pour les autres catégories de personnel soignant tombe en dessous des 25%.
L’OFSP a cherché à comprendre cet écart entre les différents métiers de la santé. S’il n’y a pas une raison qui explique à elle seule cette distanciation face à la vaccination, les enquêtes menées en milieu hospitalier ont fait émerger quelques arguments. Les soignants avancent notamment qu’ils ne se considèrent pas comme «à risque», que les effets secondaires sont plus importants que le bénéfice, et aussi que se faire vacciner ne serait pas plus utile pour protéger les patients hospitalisés que toutes les mesures qu’ils prennent déjà (lavage des mains, port du masque…).
Un point de vue qui rejoint celui défendu par les auteurs d’une étude publiée par la Fondation Cochrane en juillet dernier. Les scientifiques ont passé en revue plusieurs études scientifiques consacrées à la vaccination des soignants. Ils en concluent qu’il n’existe aujourd’hui pas de bases scientifiques pour promouvoir la vaccination systématique du personnel soignant, rien ne permettant de prouver que celle-ci est à elle seule efficace pour protéger les patients.
Yves Thomas, biologiste responsable du Centre national de référence de la grippe abrité par les Hôpitaux universitaires de Genève, évoque les réactions suscitées parmi les professionnels par cette étude, qui a fait l’effet d’un pavé dans la mare. «Nous avons été passablement abasourdis! Après tant d’années passées à démontrer l’importance de la vaccination des populations à risque, c’est un vrai retour en arrière.» Le virologue ne remet pas en question la qualité scientifique du travail publié par ses collègues mais la méthodologie de cette méta-analyse. «Les auteurs ont sélectionné certaines publications et en ont évincé d’autres, ce choix peut-être discuté», souligne Yves Thomas. Les populations et les années choisies pourraient entre autres biaiser les résultats.
«Défendre le vaccin contre la grippe saisonnière n’est pas chose aisée parce qu’il s’agit d’une arme imparfaite», explique le virologue. Le manque d’efficacité est souvent mis en avant par les détracteurs du vaccin. Si la protection contre le virus varie entre 40 et 65% chez les personnes âgées, Yves Thomas rappelle qu’elle atteint 80% chez les adultes en bonne santé.
Depuis deux ans, les HUG ont mis en place des actions pour rappeler aux soignants qu’ils ont «la responsabilité de protéger les patients». Le choix leur est laissé de se faire vacciner ou de porter un masque. Selon les chiffres avancés par les HUG, ces mesures auraient déjà permis de faire augmenter le taux de soignants vaccinés, qui serait aujourd’hui au-dessus de la moyenne nationale.
http://letemps.ch/Page/Uuid/b4ed7d3c-35ca-11e3-b3df-7cb773af8033/Un_vaccin_qui_divise_les_soignants#.Ul55olM_LKE

Les urgentistes ne veulent plus passer leur temps à chercher des lits

LE MONDE | • Mis à jour le | Par






Au service des urgences d'un hôpital à Argenteuil, en juillet 2013.

Ils tiennent tous à le préciser : ils ne sont pas en grève. Les urgentistes ont démarré, mardi 15 octobre, un mouvement pour protester contre la mauvaise organisation de leur temps de travail.

A l'initiative de SAMU-Urgences de France et de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), ils vont arrêter de prendre en charge les appels téléphoniques vers les autres services pour trouver un lit à leurs patients, une tâche administrative qui leur prendrait environ 30 % de leur temps de travail. Un temps qui gagnerait à être consacré aux patients, plaident ces organisations.
Plus précisément, ils appelleront un seul correspondant dans l'unité adaptée au besoin du malade, mais, si aucune solution n'est trouvée, ils délégueront désormais la suite de la recherche, qui peut souvent s'avérer longue, au directeur ou à une personne désignée. Celle-ci peut-être un "bed manager", ces "gestionnaires de lits" en contact avec tous les services, qui doivent fluidifier l'organisation des hospitalisations.
Lire notre enquête sur les "gestionnaires de lits", chargés de sauver les urgences
"LAISSER LES URGENTISTES FAIRE LEUR TRAVAIL"
"On pense souvent que les causes de l'engorgement des urgences se trouvent en amont, et on veut fermer le robinet des arrivées, regrette Marc Giroud, président de SAMU-Urgences de France. Or, le vrai souci se trouve en aval : il faut organiser différemment les urgences et laisser les urgentistes faire leur travail." Avec ce mouvement, M. Giroud espère avant tout créer une "prise de conscience". Il en est persuadé, les patients gagneraient à ce que les directeurs se chargent eux-mêmes, pendant un temps, de cet aiguillage. "Ils verront là où ça bloque, et surtout ils auront les leviers que les urgentistes n'ont pas pour débloquer des situations", affirme-t-il.
D'autant que, selon lui, le temps trop important passé sur un brancard en attente de lit va de pair avec l'augmentation de la mortalité. "C'est un risque pour le patient, et une cause de frustration pour l'urgentiste qui aura consacré presque la moitié de son temps à des tâches administratives", résume M. Giroud.
Face à cette demande de réorganisation, certains services d'urgences ont pris les devants. Au centre hospitalier régional de Metz-Thionville, "les pratiques ont été modifiées depuis mai", assure le docteur François Braun, responsable du service des urgences. A cette date, une cellule de "gestion des lits" a été créée. Quatre personnes, dont trois infirmiers, se relaient tous les jours de l'année pour gérer les quelque 40 à 45 lits susceptibles d'être libérés. "On pourrait aller encore plus loin, tempère le docteur Braun. Mais il faudrait que cette phase de diagnostic s'étende dans toutes les urgences." Dans sa réflexion sur l'aval, le CHR a également mis en place un "salon de sortie". Une pièce transitoire entre l'hôpital et l'extérieur, où le patient peut attendre tout en ayant accès à la lecture, à la télévision... mais surtout en libérant son lit.
"CHANGER LA CULTURE FRANÇAISE DE L'HÔPITAL"
L'hôpital Saint-Antoine, à Paris, a lui "déjà mis en place une gestion globale", explique Dominique Pateron, responsable du service des urgences. Depuis un an, un correspondant unique par service y est chargé de la relation avec les urgentistes. L'"unité d'aval des urgences" comprend une "zone tampon", d'où les patients sont redirigés vers les différents services. Dans un hôpital, poursuit-il, les urgences ont un taux de fréquentation très stable et prévisible, contrairement au reste des services. "C'est donc aux autres de devenir les variables d'ajustement pour les lits, pas l'inverse", peste M. Pateron. Pour lui, il faut "changer la culture française de l'hôpital", qui place les urgences au second plan. Les leaders du mouvement affirment déjà qu'il est très suivi. Mais le premier rapport d'étape sera rendu public le 15 décembre.
"On ne peut pas régler le problème des urgentistes, si on ne répond pas aux maux des urgences dans leur ensemble", s'inquiète Patrick Pelloux, président de l'AMUF. Les "bed managers" ne sont pas une "alternative crédible". "Ils sont présents aux heures ouvrables. Ça ne colle pas avec le fonctionnement des urgences, en continu", dit-il. Pour M. Pelloux, la seule solution est d'aller "contre la tendance actuelle" et d'augmenter le nombre de lits. "Parce que, si vous n'avez pas de lit disponible, vous pouvez avoir dix "bed managers", ils ne serviront à rien."








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Le sein entre deux feux


Chaque année, au mois d’octobre, le cancer du sein est remis à l’honneur par les médias. C’est aussi l’occasion pour médecins et épidémiologistes de réévaluer les résultats de son dépistage "organisé", c'est-à-dire issu d'une action de santé publique vers une population a priori en bonne santé. Ce type de dépistage ne doit pas être confondu avec le dépistage ciblé, qui concerne une population sélectionnée sur plusieurs critères précis.
Hélas, les études sur ces dépistages organisés, dits "de masse", sont difficiles à interpréter, car les idéologies, les émotions et les questions existentielles y sont des éléments perturbateurs très tenaces, aussi bien chez leurs détracteurs que chez leurs promoteurs. Les chiffres présentent des écarts parfois importants d’une étude à l’autre.
Pour les plus ardents promoteurs, ce dépistage bénéficie à une patiente sur 600 dépistées.
Pour les plus farouches opposants, ce dépistage bénéficie à une patiente sur 2000.
La vérité doit logiquement se situer quelque part entre les deux.
Les premières recherches n’étudiaient que les bénéfices possibles, car nul ne pensait qu’il pût y avoir des risques. Lorsque l’éventualité de surdiagnostics et de surtraitements a été envisagée, certaines études ont inclus le calcul des nuisances et risques éventuels, et ont obtenu des écarts encore plus grands.
Pour les partisans, le surdiagnostic concerne 10% des femmes dépistées.
Pour les détracteurs, le surdiagnostic concerne 40% des femmes dépistées.
Comme nous n’avons trouvé aucune étude sérieuse capable d’évaluer le nombre –probablement faible – de cancers induits par la mammographie ou les radiothérapies, considérons le surdiagnostic comme la seule nuisance. Cette nuisance étant définie par la réalité d’un cancer psychologiquement vécu comme réel, avec un rythme variable d’interventions, traitements et examens de contrôles ultérieurs pour le reste de la vie.
Présentons donc cette gamme de résultats de façon impartiale à chacune de nos patientes :
-         "Madame, ce dépistage vous sera utile entre 0,5 et 1,6 fois sur 1000, et il vous sera nuisible entre 100 et 400 fois sur 1000."
Selon leur « sensibilité », certains médecins préféreront une formulation inverse :
-         "Madame, ce dépistage vous sera inutile entre 998,4 et 999,5 fois sur 1000, et il sera sans risque entre 600 et 900 fois sur 1000."
Les présentations peuvent évidemment être moins brutales, mais toutes deux ont le mérite de répondre aux exigences médicales que sont « l’information éclairée » et la conformité avec les « données actuelles de la science ».
Une enquête de janvier 2013* confirme que la plupart des femmes qui se font dépister ignorent la possibilité de surdiagnostics et de surtraitements, ou en négligent l’impact. En outre, nombreuses sont celles qui pensent que ces études ont pour but de supprimer le financement du dépistage !
Il faut en conclure qu’aucun des deux camps n’a été capable, à ce jour, de maîtriser « l’information éclairée » sur ce dépistage « de masse ».
* La bibliographie complète de cet article est consultable sur :
http://www.lucperino.com/bibliographie.php?num=135 & tit=Le+sein+entre+deux+feux

Mystérieuse épidémie au Nicaragua

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | • Mis à jour le | Par








Champs de canne à sucre à Chichigalpa au Nicaragua.

Les morts se suivent et se ressemblent. Dans le nouveau cimetière de Chichigalpa, au nord-ouest du Nicaragua, une procession quasi continue d'hommes et de femmes pleure sa colère. Le terrain vague, brûlé par le soleil, a été acheté il y a deux ans par la municipalité "afin de répondre à la demande", précise le gardien du cimetière. Sur son registre, les noms précédés d'une croix sont ceux des ouvriers agricoles de la plus grande exploitation de canne à sucre du pays, morts dans la force de l'âge. "Ils représentent plus de 80 % des hommes enterrés ici", affirme cet ancien cañero. Dans la case "cause du décès", on peut lire : créatinine.

Ce mot inconnu de tous il y a vingt ans est sur toutes les lèvres. Cette molécule, fabriquée par l'organisme, est normalement filtrée puis éliminée par les reins. Sauf qu'ici les reins ne fonctionnent plus. Et la créatinine s'accumule dans les corps usés, au point de les intoxiquer. D'après une étude du Centre d'investigation de la santé, du travail et de l'environnement (Cista) de l'université de Léon (Nicaragua), environ 65 % des hommes de Chichigalpa présentent des dysfonctionnements rénaux et 30 % sont à un stade irréversible où seules des dialyses régulières peuvent les sauver d'une mort certaine. On parle alors d'insuffisance rénale chronique.
D'ordinaire, cette affection touche les personnes âgées, obèses ou diabétiques. Ici, ce sont essentiellement des hommes entre 30 et 50 ans, sans aucun antécédent médical. Des hommes pauvres, qui travaillent plus de dix heures par jour dans les immenses champs de l'Ingenio San Antonio, le principal employeur de la région.
"Nous avons commencé à observer une surmortalité d'hommes jeunes au début des années 2000", retrace le docteur Aurora Aragon, du Cista. Ses travaux montrent que le taux de mortalité dû à l'insuffisance rénale chronique est, ici, treize fois supérieur à la moyenne nationale. Et les cañeros courent huit fois plus de risques d'être atteints que le reste de la population... Mais ils ne sont pas les seuls concernés : les mineurs d'or du département voisin présentent également une incidence anormalement élevée de cette maladie.
VÉRITABLE ÉPIDÉMIE

"La preuve que nous ne sommes en rien responsables de cette épidémie", clame l'entreprise sucrière, qui n'a de cesse de renvoyer à l'étude qu'elle finance en partie, réalisée par l'école de santé publique de Boston. En 2008, cet institut a été choisi au terme d'une médiation entre l'entreprise, les malades et la Banque mondiale. Cette dernière avait en effet investi 55 millions de dollars (41,2 millions d'euros) en 2006 dans la société sucrière pour la moderniser et lui permettre d'acquérir plus de terres : 70 000 hectares de cannes verdoyantes sont désormais cultivés tout autour de Chichigalpa, contre 11 000 en 2006. Les effectifs ont été multipliés par deux, atteignant jusqu'à 5 000 ouvriers durant les récoltes.
"Au début, on incriminait la consommation d'un alcool local à base de canne à sucre", se souvient Daniel Brooks, qui dirige l'équipe de Boston. Aujourd'hui, son hypothèse est bien différente. La piste toxique, qu'ici tout le monde privilégie, n'est pas la sienne. "Les concentrations en métaux lourds et pesticides dans l'urine et le sang des malades ne dépassent pas les teneurs moyennes. Et nous n'avons détecté aucune augmentation alarmante de substances chimiques dans l'eau, expose l'épidémiologiste. Nous pensons que les causes principales de cette épidémie sont à rechercher du côté de la déshydratation chronique et des coups de chaleur que subissent non seulement ces ouvriers agricoles, mais aussi les mineurs d'or.»
Une étude menée chez la souris par des chercheurs de l'université de Denver confirme qu'une mauvaise hydratation provoque des dommages irréversibles sur les reins. "Le manque d'eau active l'enzyme fructokinase, qui, à haute dose, endommage les cellules des reins", explique Richard Johnson, coauteur de ces travaux en cours de publication.
Cette conclusion fait grincer bien des dents. Les cañeros n'y croient pas. "Je bois entre 8 et 10 litres d'eau quand je travaille à la coupe, s'emporte Juan, malade tout comme son père et ses oncles. Ici, nous sommes tous persuadés d'être contaminés par les pesticides." C'est aussi l'avis d'Emilio Molina, un avocat qui vient de déposer une plainte contre l'entreprise signée par près de 800 malades. "Ils utilisent les "douze salopards", les pesticides reconnus comme les plus dangereux. Les ouvriers arrivent en bonne santé, et, au bout de quatre saisons, ils meurent", attaque cet avocat, natif de Chichigalpa, lui-même malade après avoir travaillé quelques saisons dans les champs. S'il n'obtiendra aucune preuve scientifique dans les études menées au Nicaragua, il pourra s'appuyer sur des travaux, menés hors du pays.
20000 MORTS À TRAVERS LE MONDE
Car les milliers de malades de Chichigalpa possèdent des frères d'infortune dans toute l'Amérique centrale, et même en Inde et au Sri Lanka. Dans cette île d'Asie du Sud-Est, quelque 200 000 personnes, essentiellement des agriculteurs, souffriraient de cette forme d'insuffisance rénale chronique. L'OMS y a mené une étude, tout juste publiée. "La déshydratation et les coups de chaleur ne peuvent expliquer l'émergence de cette épidémie au Sri Lanka", résume Shanthi Mendis, coordinatrice du département des maladies chroniques à l'OMS. Les mesures ont révélé des teneurs en cadmium et en pesticides significativement plus élevées dans l'urine des personnes malades. Dans les zones endémiques, des végétaux comme le tabac et le lotus présentent des concentrations en cadmium largement supérieures aux normes sanitaires.
Ce métal lourd, connu pour ses effets toxiques sur les reins, proviendrait notamment d'engrais chimiques. "Pour nous, il s'agit clairement d'une néphropathie toxique, principalement liée à une exposition chronique au cadmium", tranche la chercheuse de l'OMS. Ce qui rejoint les résultats d'une autre équipe du Salvador, qui incrimine plutôt les pesticides. Au total, cette épidémie aurait déjà fait plus de 20 000 morts à travers le monde en quinze ans.
Imperturbable, l'entreprise sucrière Ingenio San Antonio fête cette année un nouveau record de vente de son rhum, Flor de Caña. Quant à la Banque mondiale, elle a de nouveau investi 15 millions de dollars (11,2 millions d'euros) dans une autre entreprise sucrière du pays. Ce qui devrait créer 1 300 emplois. Et combien de malades ?
 <a title="Nicaragua : sur la piste de l'épidémie" href="http://www.universcience.tv/video-nicaragua-sur-la-piste-de-loepidemie-5804.html"><img src="http://www.universcience.tv/ressources/media/photo-5804-nicaragua-sur-la-piste-de-loepidemie.html" alt="Nicaragua : sur la piste de l'épidémie" /></a> <h2>Nicaragua : sur la piste de l'épidémie</h2> <p class="p1">En mai 2013, nous nous sommes rendus au <a href="http://www.universcience.tvnom-nicaragua.html">Nicaragua</a> et avons suivi médecins et chercheurs dans leur travail quotidien pour <a target="_blank" onclick="return false;" class="lien_interne" href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/tenter">tenter</a> de <a target="_blank" onclick="return false;" class="lien_interne" href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/comprendre">comprendre</a> les causes d'une grave <a href="http://www.universcience.tvnom-maladie.html">maladie</a> rénale qui aurait déjà provoqué plus de 20 000 décès en 15 ans dans le monde.</p> <p>Film présenté dans le cadre de l'<a class="lien_interne" href="http://www.lemonde.fr/enquetes/">enquête</a> " <a href="http://www.universcience.tvnom-nicaragua.html">Nicaragua</a> , une mystérieuse <a href="http://www.universcience.tvnom-epidemie.html">épidémie</a> " exposée dans l'espace Science Actualités de la Cité des <a class="lien_interne" href="http://www.lemonde.fr/sciences/">sciences</a> à <a target="_blank" onclick="return false;" class="lien_interne" href="http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/partir">partir</a> du 24 septembre 2013.</p>
Reportage réalisé avec le soutien de la bourse "Brouillon d'un rêve journalistique" de la Scam (Société civile des auteurs multimédia).









Voir aussi l'enquête exposée à la Cité des sciences et de l'industrie de la Villette à Paris, dans l'espace "Science actualités".









Après l’obésité, le spectre de l’abus d’alcool

Francesca Sacco
Alcoolisme. Selon une étude, jusqu’à 28% des patients ayant subi un by-pass gastrique disent avoir du mal à contrôler leur consommation d’alcool. (Getty Images)
Alcoolisme. 
Selon une étude, jusqu’à 28% des patients ayant subi un by-pass gastrique disent avoir du mal à contrôler leur consommation d’alcool. (Getty Images)
Le by-pass gastrique semble modifier la sensibilité des patients à l’alcool. On observe une augmentation des problèmes de boisson suite à cette intervention
«C’est clair, je suis devenue plus sensible à l’alcool!» Depuis qu’elle a subi un by-pass gastrique, opération qui consiste à réduire chirurgicalement la taille de l’estomac au moyen d’agrafes pour entraîner une perte de poids, ­Marie-Ange Brélaz Buchs ne supporte plus très bien la boisson: «Il m’est arrivé de me sentir presque mal après un seul cocktail au jus de fruits légèrement alcoolisé.» Cette réaction s’expliquerait par le fait que l’opération comprend la création d’une déviation du transit pour permettre aux aliments de passer plus rapidement dans l’intestin. Il en résulte, en même temps qu’une légère malabsorption des micronutriments, une accélération du passage de l’alcool dans le sang.
L’expérience de la femme du syndic de Lausanne illustre les ­résultats d’une étude publiée en juin dans la revue Surgery for Obesity and Related Diseases. Selon l’auteur, Kristine Steffen, 84% des sujets ayant subi un by-pass ressentent plus vite les effets de l’alcool. «Dans la pratique, nos patients ont tendance à s’adapter en diminuant leur consommation d’alcool», constate Philippe Morel, médecin-chef du service de chirurgie viscérale aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Même observation à la Clinique de l’obésité de Tiefenau, à Berne: «La plupart de nos patients boivent moins, voire plus du tout, précisément en raison d’une pé­joration de la tolérance», déclare Isabelle Zoss, médecin-chef. Pour un petit nombre de patients, cependant, cette sensibilité particulière semble avoir un goût de reviens-y.
Une autre étude menée sur 2458 sujets par Wendy King, ­chercheuse à l’Université de Pitt­s­burgh, en Pennsylvanie, et publiée en juin 2012 dans le Journal of American Medical Association (JAMA), observe que jusqu’à 28% des patients obèses opérés déclarent éprouver des difficultés à contrôler leur consommation. La prévalence des problèmes d’alcool passe ainsi de 3% avant l’intervention à 6% deux ans après. Et plus de 60% de ceux qui ont développé une dépendance à l’alcool (définie comme une incapacité de s’arrêter de boire après quelques verres) ne connaissaient pas ce problème avant l’opération.
Enfin, si la fréquence de la consommation augmente, la quantité moyenne d’alcool absorbée quotidiennement reste stable. Une découverte «surprenante», selon Jean-Bernard Däppen, directeur du service d’alcoologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). En effet, les personnes qui ont du mal à gérer leur consommation ont en principe tendance à boire beaucoup, et de plus en plus. Or, ce n’est pas ce qui est observé chez les anciens obèses. Mais les changements identifiés n’en sont pas moins dangereux. Wendy King souligne que l’alcool renforce la malabsorption des nutriments induite par le by-pass, d’où un risque sérieux pour leur santé.
Le problème interpelle d’au­tant plus que ce traitement chirurgical de l’obésité est de plus en plus pratiqué. Ancien président de la Société suisse pour l’étude de l’obésité (SMOB), le chirurgien spécialisé Markus Naef parle de véritable «boom», avec une progression du nombre d’opérations de 10% par an. Et comme le nombre de personnes obèses continue d’augmenter – il a plus que doublé depuis les années 80 –, cette discipline devrait continuer à se développer. Les ­régimes alimentaires, les trai­tements médicamenteux et les ­approches psychothérapeutiques ne fonctionnent en effet que pour 5% des patients
Reste à savoir si le phénomène révélé par ces études récentes correspond à l’apparition d’une addiction nouvelle et ne masque pas plutôt des rechutes. En effet, il n’est pas exclu qu’il s’agisse dans un bon nombre de cas d’une dépendance préexistante qui avait échappé à la connaissance des médecins. «Les patients ont souvent tendance à occulter certains de leurs problèmes dans les entretiens préopératoires, reconnaît Isabelle Zoss. Dans nos questionnaires de suivi, il y a une question qui porte sur la consommation d’alcool, parce que nous sommes conscients que cela peut devenir un problème. Maintenant, on devrait sans doute réfléchir à l’introduction d’un questionnaire spécifique.»
Professeur à l’Université McGill à Montréal et spécialiste des addictions comportementales, Kenneth Bruce est persuadé qu’il existe un lien entre les troubles alimentaires qui sont à l’origine d’un grand nombre de cas d’obésité et l’abus d’alcool. En effet, dans les deux cas, il s’agit d’une conduite compulsive. Après un by-pass, il existerait ainsi chez les sujets prédisposés un risque de «transfert de dépendance». «Si la personne n’a pas pris suffisamment de recul par rapport à ses difficultés, ce risque de compensation est une évidence, affirme Jean-Bernard Däppen. Comment voulez-vous qu’une opération chirurgicale résolve des problèmes psychiques? C’est un non-sens. Mais cela ne veut pas dire que le by-pass est une mauvaise idée: beaucoup de gens vont nettement mieux après. Simplement, cela ne règle pas tout et les recherches récentes ont le mérite de souligner l’importance du suivi.»
Autre découverte intéressante: les problèmes d’alcool sont significativement moins marqués chez les sujets obèses qui ont choisi l’anneau gastrique. Cela serait dû au fait que cette opération, contrairement au by-pass, n’interfère pas avec l’absorption des nutriments par le système digestif – l’assimilation de l’alcool n’est donc pas modifiée. Fabriqué en silicone, l’anneau sert à ceinturer l’estomac pour créer deux compartiments communicants qui lui donnent une apparence de sablier. Le sujet atteint plus vite la satiété en raison de la réduction de la taille du premier segment où arrivent les aliments. Mais le processus de la digestion s’effectue normalement.
Comme la technique du by-pass donne de meilleurs résultats en termes de perte de poids et d’amélioration générale de la santé du patient, l’anneau gastrique est en recul depuis une bonne décennie. Sur un millier d’opé­rations de l’obésité pratiquées par année en Suisse, on ne compte actuellement guère plus de 200 implantations d’anneaux gastriques. A noter que ces interventions sont réservées aux sujets qui présentent une obésité dite morbide, correspondant à un poids de 114 kg pour une taille de 1,69 mhttp://letemps.ch/Page/Uuid/a89a100e-ff74-11e2-b16d-7c7f127ed9c3|2#.UgOPDKw_LKE

 

Les jeunes médecins veulent mieux concilier vie professionnelle et vie privée

Le Monde.fr | | Par










Un service d'urgences de l'Hôtel-Dieu, à Paris le 31 mai.

Enchaîner les gardes sur plusieurs jours, faire passer sa vie professionnelle avant sa vie de famille... les nouveaux médecins n'en veulent plus. Rien à voir avec la génération précédente. C'est ce que révèle une étude publiée jeudi 20 juin par le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP) et la Sofres.

Réalisée sur Internet entre le 10 avril et le 5 mai, en partenariat avec l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France, Générale de santé et l'Union régionale des professionnels de santé d'Ile-de-France, elle interrogeait les aspirations de ces jeunes médecins. Près de 1 600 d'entre eux ont répondu, soit 20 % du total des internes de la région.
Plus de la moitié des internes concernés par l'étude ont entre 23 et 30 ans. Pour Julien Lenglet, président du SIHP, "il s'agit de la déclinaison dans le monde médical de la 'génération Y' décrite par les sociologues". L'appellation fait référence à la trace que forment les écouteurs sur le torse des jeunes. Ceux qui appartiennent à cette génération se caractérisent par l'envie de vivre comme bon leur semble, le refus de toute contrainte, et un franc-parler assumé.
C'est effectivement ce qu'on retrouve dans les revendications des internes. Avec en premier lieu le fait de pouvoir concilier dans de bonnes conditions leur vie professionnelle et leur vie privée. 60 % d'entre eux jugent d'ailleurs cet équilibre "extrêmement important".
LA LIBERTÉ D'INSTALLATION RÉCLAMÉE
Première piste, leur situation amoureuse. "70 % sont en couple et restent là où ils ont étudié à cause d'attaches", témoigne M. Lenglet. Pour lui, cette seule donnée explique pourquoi 8 jeunes médecins sur 10 souhaitent travailler dans la région de leur internat.
L'étude proposait aux internes de laisser des commentaires. Bon nombre d'entre eux gravitent autour de cette question : "Je n'hésiterai pas à partir à l'étranger si on m'impose [en France] de m'installer loin de ma famille et si on me prive de vie personnelle", peut-on lire dans l'un de ces témoignages anonymes. Quant aux conditions de travail, finis le stress et les horaires interminables. Près de la moitié des internes déclarent qu'ils renonceront à leur carrière si ces cas de figure se présentent. "Nous connaissons de vraies difficultés face au syndrome de l'épuisement professionnel, avec beaucoup de suicides", justifie M. Lenglet.
Autre revendication importante : la liberté d'installation. "Imposer un lieu d'exercice = arrêt d'exercice pour de multiples médecins", témoigne un interne. Seulement 28 % de ses pairs déclarent qu'ils ne renonceront jamais à leur carrière professionnelle.
Ces jeunes médecins savent aussi ce qu'ils sont prêts ou non à accepter au quotidien. En règle générale, ils rechignent à travailler la nuit. C'est surtout le cas des femmes. Près de la moitié d'entre elles ne pensent pas garder une activité de nuit. Nombreuses sont celles qui opposent l'argument de la famille : "Je ne suis pas que pédiatre, je suis aussi maman, épouse et femme, enfin j'essaie ! ", écrit l'une d'elles.
Autre constat, près de 70 % déclarent avoir choisi leur spécialité parce qu'elle leur plaît. On est bien loin des stéréotypes qui entourent cette profession, où une spécialisation prestigieuse primait sur le reste.
L'arrivée de cette nouvelle génération dans les hôpitaux et les cabinets médicaux aura forcément un impact sur le système de soins. Partenaire de l'étude, l'AP-HP dit déjà développer une stratégie pour répondre aux attentes de ces nouveaux profils : elle souhaite à l'avenir confier de plus larges responsabilités aux équipes soignantes (infirmières, aide-soignants...) pour permettre aux médecins de se concentrer sur les activités à forte plus-value médicale et de ne pas sacrifier leur vie personnelle. Les établissements sont prévenus : ils auront des efforts à faire s'ils veulent attirer, puis garder leurs médecins.
Santé mercredi5 décembre 2012

Le déclin du sperme confirmé en France

ATS/AFP
En 17 ans, le nombre de spermatozoïdes est passé de 73,6  à 49,9 million/ml en moyenne. (DR)
En 17 ans, le nombre de spermatozoïdes est passé de 73,6  à 49,9 million/ml en moyenne. (DR)
Une vaste étude sur plus de 26 600 hommes, dont les résultats ont été publiés ce mercredi, montre le déclin «significatif» en France de la qualité du sperme et de sa concentration en spermatozoïdes. Pour ses auteurs, il s’agit d’une «sérieuse mise en garde»
Sur une période de 17 ans (1989-2005), la diminution est significative et continue (1,9% par an), aboutissant à une réduction au total de 32,2% de la concentration du sperme (millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme), indique cette étude publiée ce mercredi dans la revue européenne «Human Reproduction».
Chez un homme de 35 ans, en 17 ans, le nombre de spermatozoïdes est passé de 73,6 million/ml à 49,9 million/ml en moyenne. Par ailleurs, l’étude montre une réduction significative de 33,4% de la proportion des spermatozoïdes de forme normale sur cette même période.
Lien avec l’environnement
«A notre connaissance, c’est la première étude concluant à une diminution sévère et générale de la concentration du sperme et de sa morphologie à l’échelle d’un pays entier et sur une période importante», écrivent les auteurs. Selon eux, «le lien avec l’environnement (comme par exemple, les perturbateurs endocriniens, ndlr) en particulier doit être déterminé». Cette vaste étude conforte de précédentes études, plus limitées, montrant une diminution similaire de la concentration et de la qualité du sperme.
Proche de la population générale
Les échantillons proviennent de partenaires de femmes totalement stériles (obstruction ou absence des trompes de Fallope), ainsi les hommes ne sont pas sélectionnés en fonction de leur niveau de fertilité et se rapprochent de la population générale.
Les concentrations spermatiques restent en moyenne dans la norme fertile de l’OMS (supérieure à 15 millions/ml). Mais, selon certaines études, des concentrations inférieures à 55 millions/ml influent négativement sur le temps mis à procréer, même si ce dernier dépend également d’autres facteurs, socio-économiques et comportementaux.
Cette diminution de qualité du sperme pourrait être en réalité plus importante, car la population de l’étude aurait a priori tendance à moins fumer et être obèse, deux facteurs connus pour nuire à la qualité du sperme, d’après les chercheurs.
Texte - +
http://letemps.ch/Page/Uuid/dff398d4-3ec4-11e2-8149-c7ad2e82db13/Le_d%C3%83%C2%A9clin_du_sperme_confirm%C3%83%C2%A9_en_France#.UMCbIGfxP2Q


La malbouffe, un droit sacré

La First Lady Michelle Obama mène le combat contre l’obésité infantile, notamment en promouvant fruits et salades dans les écoles. (Hans Deryk/Reuters)
La First Lady Michelle Obama 
mène le combat contre l’obésité infantile, notamment en promouvant fruits et salades dans les écoles. 
 (Hans Deryk/Reuters)
Aux Etats-Unis, les cantines ont changé de régime sous l’impulsion de Michelle Obama, servant désormais des concombres au lieu des nuggets. Des élèves protestent et se mobilisent, soutenus par leurs parents et enseignants

Mammaire nature
Anne-Françoise Hivert
 
Les seins «au naturel», emblème d es cartes postales du Conseil des femmes. danemark, 2012. (Karina jenson/kj alldesign. Campagne du conseil des femmes danoises)
Les seins «au naturel», emblème d


es cartes postales du Conseil des femmes.




danemark, 2012. (Karina jenson/kj alldesign. Campagne du conseil des femmes danoises)
Les Danoises sont invitées à ne plus céder aux sirènes du silicone. Un retour aux fondamentaux nordiques?
Ils sont petits et gros, raplatis et rebondis, ridés, mouchetés de taches de rousseur, d’une blancheur laiteuse, pointant vers le bas ou dressés vers le haut. Tous différents. Et, surtout, tous naturels, 100% garantis sans silicone. Dix-sept paires de seins, qui n’appartiennent ni à Kate Middleton ni à des stars d’Hollywood. Mais à dix-sept Danoises, de tous âges, qui ont posé pour le Conseil des femmes (Kvinderadet). L’organisation, qui rassemble 45 associations luttant pour le droit des femmes, espérait taper un grand coup avec sa campagne à la gloire des poitrines «made by nature». C’est réussi.
Depuis fin septembre, les photos des seins nus, imprimées sur cartes postales, sont partout dans les bars de Copenhague. Elles ont fait le tour des plateaux de télé. C’est simple: tout le monde en parle. Et, si Facebook a retiré les clichés au bout de quelques heures, ils continuent de circuler sur Internet. Ce qui ne peut que réjouir Karen Nielsen, l’actrice à l’origine du projet, dont l’objectif était de montrer des seins, des vrais, ni photoshopés ni retouchés, mais tels qu’ils sont dans la réalité, à 20 ans, 30 ans, 40 ans, après la naissance des enfants, l’allaitement et la vie qui passe…
Karen Nielsen raconte comment, un matin, elle s’est retrouvée nez à nez avec une publicité, placardée sur un bus, faisant l’éloge des implants mammaires. «Sur le site de la clinique, il y avait les photos avant et après l’opération. Les poitrines qui n’avaient pas encore été modifiées étaient très belles. Mais, visiblement, ce n’était pas l’avis des médecins, qui recommandaient une intervention.» Elle dit n’avoir rien contre la chirurgie esthétique. C’est à l’uniformité qu’elle s’oppose: «Ce serait tellement ennuyeux si tout le monde se ressemblait. Il faut que les gens apprennent à s’aimer eux-mêmes. Et puis, tomber amoureux, c’est découvrir ce qu’il y a de spécial chez l’autre. Et l’aimer pour cela.»
Le combat est-il perdu d’avance? Si, il y a 30 ans, le tout naturel était à la mode au Danemark, la chirurgie esthétique n’a jamais été aussi populaire qu’au­jourd’hui. Personne n’échappe à la tentation: les jeunes, les moins jeunes, les femmes, les hommes. Selon des informations publiées dans la presse danoise en début d’année, un homme sur dix serait prêt à passer sous le scalpel. Depuis dix ans, les augmentations mammaires et injections au Botox ont explosé. «On organise des soirées Tupperware, où les médecins viennent présenter leur catalogue», raconte Birgit Petersson, professeur à l’Institut de la santé publique à Copenhague.
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 Circoncision

  samedi 7 juillet 2012

Sexe, religion et hygiène: la justice ouvre le débat de la circoncision

La circoncision de jésus, par Pierre Paul Rubens. (DR)
La circoncision de jésus, par Pierre Paul Rubens. (DR)
En 2012 comme il y a plus de 4000 ans, on coupe un petit morceau de zizi aux garçons. Sans bénéfice médical avéré. Et sans qu’aucun ne s’en plaigne. Tentative de comprendre pourquoi
Il y a ceux qui l’ont, et qui ne s’imaginent pas un instant vivre sans. Et puis il y a ceux qui n’en ont jamais eu l’usage, ne l’auront jamais, et qui, surtout, n’en voudraient pour rien au monde. Au chapitre des débats fortement polarisants, celui qui entoure le prépuce – en avoir ou pas? – a largement de quoi rivaliser avec celui qui oppose les usagers du Mac et ceux du PC. Avec ceci d’infiniment plus explosif, tout de même, que la circoncision mêle le religieux au sexuel, le symbolique à l’intime, sur un terrain où presque rien n’est objectif.
Dans un jugement rendu le 27 juin, le Tribunal de grande instance de Cologne en Allemagne a estimé que la circoncision d’un enfant sans motif médical est une blessure corporelle passible d’une condamnation. L’affaire concerne un médecin généraliste de Cologne qui avait circoncis un petit garçon de 4 ans à la demande de ses parents musulmans. Quelques jours après l’intervention, l’enfant avait dû être admis aux urgences pour des saignements. Le parquet de la ville avait alors engagé des poursuites contre le médecin. «Le corps d’un enfant est modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision, estime le jugement. Cette modification est contraire à l’intérêt de l’enfant qui doit décider plus tard par lui-même de son appartenance religieuse. […] Le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents.»
Et voilà que s’ouvre un abîme de questions en tout genre. La circoncision rituelle étant principalement le fait des communautés juives et musulmanes, on ressent d’ici le malaise allemand, dans un pays où le poids culpabilisant de l’Histoire atteint sa charge maximale. Ce jugement relève-t-il d’un intégrisme laïque intrinsèquement islamophobe et antisémite? L’intégrité physique de l’enfant doit-elle être défendue par-dessus tout, y compris le droit des parents à pratiquer leur religion et à éduquer en ce sens? Le débat, évidemment, ne saurait s’arrêter aux rives du Rhin. Pour la première fois en Europe, un tribunal assimile la circoncision rituelle à une forme de mutilation, et recourt à son Code pénal pour condamner celui qui la pratique. Qu’est ce qui empêcherait d’autres cours de justice d’en faire autant?
Sabine Simkhovitch-Dreyfus, vice-présidente de la Fédération suisse des communautés israélites: «Dans la religion juive, la circoncision symbolise l’alliance entre le peuple et Dieu. Ce geste est mentionné dans le premier livre de Moïse, dans un texte qui se trouve au fondement des trois grandes religions monothéistes. Aujourd’hui, cette pratique reste très largement répandue dans la communauté israélite, y compris parmi des juifs laïcs. La communauté juive de Suisse se sent très atteinte par cette décision, même si elle n’a aucune conséquence directe sur nous. Ce jugement est très significatif d’une époque qui se méfie toujours plus des pratiques religieuses. On en vient à remettre en question des usages millénaires qui n’ont jamais posé aucun problème, comme si cela pouvait prévenir la montée de l’intégrisme religieux. Sur un terrain très différent, c’est ce qui s’est passé en Suisse avec la votation sur les minarets.»
Mêmes regrets à la Fédération des organisations islamiques de Suisse (FOIS). Son président, Hisham Maizar, y voit une restriction à la liberté de pratiquer sa religion: «Chez les musulmans, la circoncision n’est pas aussi fortement identitaire que pour les juifs. On peut être musulman sans être circoncis. En revanche, il s’agit d’une recommandation du prophète Abraham et de notre prophète Mahomet, qui tient aussi d’un précepte d’hygiène. Celui qui aime sa religion et son prophète souhaitera donc lui obéir. Même si, comme vous le dites, la médecine actuelle a cessé de recommander cette opération pour des raisons d’hygiène, le croyant choisira néanmoins d’obéir aux prophètes. Et le fera d’autant qu’il n’existe aucune contre-indication médicale à la circoncision.»
D’ailleurs, que disent les médecins? Jacques de Haller, président de la FMH: «Le corps médical n’a pas de raison de s’immiscer de façon normative dans un domaine qui ne met en danger ni la santé ni le bien-être de la personne. Les règlements suisses assimilent globalement la pratique de la circoncision à celle du tatouage ou du perçage d’oreilles.» La société suisse de chirurgie pédiatrique, elle, ne semble pas exactement de cet avis (lire en page suivante).
Reste qu’on peut encore se demander pourquoi. Et loin de nous l’idée de penser que la foi, la tradition ou l’appartenance communautaire ne sont pas de nobles motifs. Mais lorsqu’on demande ce qui, au fond, justifie de continuer à opérer ainsi les petits garçons à l’heure où l’on pourrait tout à fait envisager de couper une carotte symbolique à la place (les chrétiens mangent bien de l’hostie), la réponse invoquée relève plus qu’à son tour du «pourquoi pas?».
Aujourd’hui, un tiers de la population masculine du monde vit sans prépuce. A-t-elle le sentiment d’avoir été mutilée? Appelle-t-elle à réparation pour cette atteinte définitive à son intégrité sexuelle? On s’étonnera peut-être, mais des voix commencent à émerger.
Avant de s’intéresser à elles, retirons-nous un instant du terrain miné des religions, pour se plonger dans celui non moins problématique de l’éducation sexuelle. Dans les années 60 en Suisse, on recommandait encore aux garçons de bien se laver le zizi sous peine d’être pris de fortes envies masturbatoires. Et l’on préconisait pour les nouveau-nés mâles une circoncision de routine, en guise de mesure hygiénique préventive. En cela, les mentalités suisses, comme dans l’ensemble du monde industrialisé d’après-guerre, ont hérité du puritanisme victorien de la fin du XIXe siècle. A l’époque, la circoncision était considérée comme une méthode prophylactique contre la masturbation, la syphilis et les incontinences nocturnes.
Descendants en droite ligne de cette doctrine hygiéniste, les Américains comptent aujourd’hui encore parmi les peuples les plus circoncis de la terre, avec un taux qui oscille, depuis une dizaine d’années, entre 50 et 60% des nouveau-nés. Dans les années 60, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ce taux avait atteint 80%, à la faveur d’une grande vague de circoncision des soldats en partance pour les zones à miasmes de l’Afrique et du Pacifique.
Les Trente Glorieuses ayant sanctifié tout ce qui venait d’Amérique, on s’est mis à circoncire à grande échelle en Europe de l’Ouest et dans toutes les zones d’influence de l’oncle Sam. C’était à la mode.
Le tournant date de 1971, lorsque l’Association américaine de pédiatrie remet en cause pour la première fois cette opération. «Il n’y a aucune indication valable en faveur de la circoncision néonatale», écrit-elle alors dans ses recommandations pour le soin des nouveau-nés en hôpitaux. En 1975, elle entreprend de rassembler les arguments pour et contre. Et conclut en 1977 que rien ne permet de soutenir une généralisation de la circoncision néonatale, et que cette procédure ne peut pas être considérée comme un élément essentiel à la bonne santé.
Mais les mentalités sont comme les paquebots, elles mettent du temps à faire demi-tour. Dans les années 80, la circoncision décélère et passe de mode, un peu comme l’ablation des amygdales et des végétations. Partout, sauf aux Etats-Unis. Ainsi qu’en Israël et dans les pays musulmans, bien entendu, où la circoncision n’est pas un effet de mode. Ou alors à l’échelle plurimillénaire.
On comprend donc mieux pourquoi c’est aux Etats-Unis que l’on trouve aujourd’hui les mouvements les plus significatifs de lutte contre la circoncision. Au pays de la liberté, des hommes se sont organisés en associations pour dénoncer la mutilation dont ils estiment avoir été victimes à la naissance, puisque rien de médical ne le justifiait. Pourquoi, demandent-ils, les avoir privé à la naissance de ce petit morceau de zizi plein de terminaisons nerveuses dont ils ne connaîtront jamais les vertus? Et surtout, pourquoi poursuivre ces ablations inutiles sur des bébés qui n’ont rien demandé? Une association «intactiviste» californienne a cherché en 2011 à faire interdire la circoncision sous peine d’une amende de 1000 dollars. Le référendum a été suspendu en phase de validation.
«Personne ne veut toucher à ce sujet par crainte d’être taxé d’antisémite, s’emporte Sami Aldeeb, professeur de droit arabe et musulman, et virulent opposant à la circoncision. Pour ma part, j’estime que dénoncer l’ablation du prépuce comme une mutilation sexuelle – ce qu’elle est objectivement – est une manière de défendre les enfants. Il faut entendre les cris d’un enfant que l’on circoncit, c’est absolument insupportable!»
Contactée à ce propos, l’Unicef estime que «la circoncision masculine est en général moins invasive que l’excision, et que ses conséquences sont, la plupart du temps, moins graves. Néanmoins, il s’agit aussi en principe d’une violation du droit de l’enfant à son intégrité physique. Nous conseillons aux parents qui sont appelés à prendre une décision pour ou contre la circoncision de leur fils de mettre en balance avec le plus grand soin les différents aspects, qu’il s’agisse des droits de l’enfant ou d’autres considérations.»
Tout cela se joue de ce côté-ci de l’équateur, tandis qu’en Afrique subsaharienne, l’Organisation des Nations unies pour la lutte contre le sida mène campagne pour une circoncision généralisée. Il semble, en effet, que la prévalence des infections par le VIH soient jusqu’à 60% moins importantes chez les circoncis que chez les autres. Tout cela est encore en phase de test, mais l’on voit des politiciens africains s’engager de tout leur corps en faveur de la circoncision, comme les 150 parlementaires mâles du Botswana qui ont récemment payé de leur prépuce pour endiguer l’épidémie et montrer l’exemple.
Ce minuscule bout de peau fortement innervé n’a donc pas cessé de diviser et, surtout, de distinguer. Autrefois, il y avait les croyants et les autres. Puis il y a eu les gens propres et les autres. Demain, ce seront les plus désespérément exposés au sida, et les autres. Assurément, on n’a pas fini de parler du prépuce.http://letemps.ch/Page/Uuid/8003b314-c7a5-11e1-abf5-2f9119a838eb/Sexe_religion_et_hygi%C3%A8ne_la_justice_ouvre_le_d%C3%A9bat_de_la_circoncision

«La circoncision reste une opération risquée»

La circoncision reste encore, dans certaines régions du monde, une affaire d’hommes, qui se pratique sans anesthésie et loin des hôpitaux. (Keystone)
La circoncision reste encore, dans certaines régions du monde, une affaire d’hommes, qui se pratique sans anesthésie et loin des hôpitaux. (Keystone)
Après le jugement de Cologne, la société suisse de chirurgie pédiatrique s’est concertée. Entretien avec sa vice-présidente, Barbara Wildhaber, cheffe de service aux Hôpitaux universitaires de Genève
Le Temps: Les hôpitaux suisses pratiquent-ils des circoncisions d’enfants pour des raisons non médicales?
Barbara Wildhaber: Les HUG, comme tous les hôpitaux de Suisse, pratiquent des circoncisions à la demande des parents, pour des raisons culturelles ou religieuses. Mais avec des restrictions: nous ne les réalisons jamais avant un an de vie, et toujours sous anesthésie générale. Parce que nous estimons que l’anesthésie locale est traumatique pour l’enfant. Non seulement elle est en soi très douloureuse, mais aussi elle comporte des risques d’échec.
– Ces demandes vous sont-elles adressées directement par les parents?
– Oui, ou par le biais des pédiatres. Souvent, on nous appelle déjà durant les tout premiers jours ou mois de vie. Nous fixons alors rendez-vous après le premier anniversaire. Lors de cette consultation, nous informons les parents des risques liés à l’opération. Notre formulaire de consentement est clair et détaillé. Il y a des risques de saignements, d’infections, de mauvais résultats esthétiques. De plus, 5 à 7% des patients souffriront ultérieurement d’un rétrécissement du méat urinaire, ce qui peut nécessiter une deuxième intervention chirurgicale. Dans quelques cas plus rares, on peut observer une déviation ou une courbure de la verge, voire un déplacement du méat urinaire et des lésions du gland. Quand la circoncision est pratiquée en milieu hospitalier, par des professionnels, ces complications sont tout de même rares. Mais il ne s’agit pas d’une intervention anodine, et nous ne recommandons jamais de la faire si ce n’est pas nécessaire.
– Recevez-vous aussi des demandes sans motifs religieux, pour des raisons hygiéniques, voire esthétiques?
– En effet. Nous savons aujourd’hui qu’il n’y a aucun bénéfice prophylactique à pratiquer cette opération. On peut être très hygiénique avec un prépuce en place.
– Essayez-vous de dissuader les parents qui se présentent avec de telles demandes?
– Nous séparons clairement les aspects «culturels» des motifs religieux ou ethniques. Lorsque la circoncision met en jeu l’intégration sociale de l’enfant, nous nous limitons à avertir des risques liés à l’opération et de l’absence de bénéfices médicaux. En revanche, si la motivation parentale est liée à des croyances hygiénistes, je parviens presque toujours à les convaincre de renoncer.
– Existe-t-il plusieurs types de circoncision?
– En effet, il y a plusieurs manières de procéder. On pourrait juste tirer, couper, et c’est fini. On peut aussi se servir d’un outil spécifique, comme le Plastibell [ndlr: une sorte de petit capuchon en plastique, en vogue dans les hôpitaux américains pour la circoncision des nouveau-nés]. Aux HUG, nous pratiquons la circoncision des enfants selon les règles de la chirurgie urologique, c’est-à-dire en main libre, en s’adaptant à la physionomie de l’enfant.
Il y a aussi différents degrés d’intervention. Lorsque nous opérons pour des raisons médicales, nous pouvons choisir de ne couper que ce qui est nécessaire, ou de faire une plastie du prépuce, tout dépend de la maladie. Mais lorsqu’il s’agit de motifs religieux ou ethniques, on enlève tout le prépuce. Souvent on nous demande une coupe très courte, avec un gland complètement libre.
– Combien coûte une circoncision?
– Chez nous, le dépôt est de 1000 francs. Si elle est couplée à une autre intervention qui nécessite aussi une anesthésie générale, alors la circoncision elle-même reviendra à 600 francs. Evidemment, ces tarifs ne couvrent absolument pas le coût réel de la prise en charge. [Ndlr: la même opération coûte 1650 francs à Neuchâtel, et 800 francs à Lausanne.]
– Ces prix peuvent faire renoncer des parents aux revenus modestes. Ne craignez-vous pas qu’ils décident de faire cela ailleurs, dans de plus mauvaises conditions?
– Bien sûr, et cela arrive, malheureusement. Nous savons aussi que certaines cliniques privées pratiquent cette opération à des tarifs moins élevés, mais parfois dans d’autres conditions. Il est difficile, parfois, de convaincre des parents que l’anesthésie générale est la meilleure solution pour leur enfant. Souvent, les pères me répondent qu’un oncle leur a fait cela «au couteau dans un coin de cuisine», et qu’ils n’ont même pas eu mal…
La circoncision dans de mauvaises conditions présente un danger réel. Entre une à trois fois par année, nous «récupérons» chez nous des enfants à l’article de la mort ou dans des conditions critiques à la suite de circoncisions qui ont mal tourné. Voir ces enfants dans un tel état, c’est vraiment bouleversant.
Alors oui, le prix peut être un obstacle, mais puisque, chez les musulmans, l’opération peut se faire jusqu’à l’âge préscolaire, je recommande souvent d’économiser sur plusieurs années, et d’intégrer ce montant au coût de la fête qui suivra l’opération.http://letemps.ch/Page/Uuid/802b61a2-c7a5-11e1-abf5-2f9119a838eb|1
Allemagne mardi26 juin 2012

Un tribunal condamne la circoncision pour motifs religieux

AFP
La justice allemande a estimé que la circoncision d’un enfant pour des motifs religieux était une blessure corporelle passible d’une condamnation, suscitant mardi un tollé de la communauté juive qui y voit une atteinte à la liberté religieuse
Dans un jugement qui devrait faire jurisprudence, le tribunal de grande instance de Cologne a estimé que «le corps d’un enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision», selon un communiqué mardi.
«Cette modification est contraire à l’intérêt de l’enfant qui doit décider plus tard par lui-même de son appartenance religieuse», selon ce jugement qui n’interdit pas cet acte à des fins médicales.
«Le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents», a-t-on indiqué de même source.
Les droits des parents en matière d’éducation et de liberté religieuse ne sont pas bafoués s’ils attendent que l’enfant soit en mesure de décider d’une circoncision comme «signe visible d’appartenance à l’islam», poursuit le tribunal.
En Allemagne, la circoncision concerne presque uniquement les juifs et les musulmans. Plusieurs milliers de garçons la subissent chaque année, à la demande de leurs parents. Dans la religion juive, l’intervention est pratiquée le huitième jour du nouveau né mâle par un médecin ou un mohel professionnel.
Le Conseil central des juifs d’Allemagne a vivement réagi à cette décision judiciaire, estimant qu’il s’agissait «d’une intervention gravissime et sans précédent dans les prérogatives des communautés religieuses».
«La circoncision des nouveaux nés garçons est un élément essentiel de la religion juive et est pratiquée depuis des milliers d’années partout dans le monde», a insisté le président du Conseil, Dieter Graumann, dans un communiqué.
Il a exigé que les députés allemands légifèrent sur la question pour éviter des atteintes à la liberté religieuse.
La communauté musulmane, qui compte plus de 4 millions de membres, n’avait pas réagi mardi en fin de journée.
Cette décision judiciaire est «extrêmement importante pour les médecins car ils ont pour la première fois une base légale sur laquelle s’appuyer», a assuré un expert en droit, Holm Putzke, dans le Financial Times Deutschland (FTD).
«Aucun médecin ne pourra plus à l’avenir prétendre avoir cru qu’il devait circoncire un enfant pas encore en âge de décider pour des raisons religieuses», selon ce professeur de l’Université de Passau qui voit dans ce jugement une «césure».
La justice allemande avait été saisie du cas d’un médecin généraliste de Cologne qui avait circoncis un petit garçon de 4 ans à la demande de ses parents musulmans. Or quelques jours après l’intervention, l’enfant avait dû être admis aux urgences pour des saignements. Le parquet de la ville avait alors engagé des poursuites contre le médecin.
Ce dernier avait été relaxé en première instance puis en appel, le tribunal arguant du fait qu’à l’époque des faits il n’était pas en mesure de déterminer s’il agissait illégalement.
«L’erreur (du médecin) était inévitable», la littérature juridique livrant jusqu’à présent des réponses différentes, selon le jugement du tribunal de Cologne.
Selon des estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 30% des garçons de moins de 15 ans sont circoncis. Aux Etats-Unis par exemple, cette intervention est presque systématique, au nom de l’hygiène a

Baisse du risque d’infection de 76% pour les hommes circoncis

ATS
Une étude, rendue publique mercredi à Rome, au dernier jour de la conférence scientifique internationale sur le sida, fait apparaître que la circoncision permet une baisse de 76% des risques d’infection par le virus chez les hommes. Les scientifiques appellent toutefois à l’associer avec une méthode de prévention
Cette étude de l’Agence française de recherches contre le sida, conduite par l’épidémiologiste Bertran Auvert, a été réalisée dans le bidonville d’Orange Farm, dans la banlieue de Johannesburg. L’infection y atteint des niveaux particulièrement élevés: à 35/39 ans, 40% des hommes non circoncis sont infectés par le VIH, et 45% des femmes.
Suite à une campagne intensive de promotion menée par les chercheurs, plus de 20 000 hommes sont venus se faire circoncire dans les locaux mis en place pour cette étude, qui voulait confirmer «dans le monde réel» une baisse du risque de 60% d’être infecté, établie dans des essais cliniques encadrés.
Sur un échantillon d’un peu plus de 1000 personnes, la moitié circoncise et l’autre pas, les chercheurs ont constaté qu’avec le même comportement sexuel (autant d’utilisation de préservatifs, autant de partenaires) il y avait 76% de moins d’infections dans le groupe circoncis.
Si aucun homme n’avait été circoncis dans cette communauté pendant cette période, l’incidence (le nombre de nouveaux cas) de l’infection au VIH aurait été de 58% plus élevée, ont souligné les chercheurs.
Bon marché
Bertran Auvert, a relevé que la circoncision n’intervenait qu’une fois dans la vie, était peu coûteuse (40 euros), et était «de plus en plus acceptée socialement».
Selon les chercheurs, les femmes, qui ne sont pas protégées directement par la circoncision de leur partenaire, devraient bénéficier indirectement de la réduction du risque.
Avantages multiples
Selon une autre étude conduite par des chercheurs ougandais sur quelque 300 hommes de leur pays, la circoncision procurerait en outre aux hommes davantage de satisfaction sexuelle.
Selon l’hypothèse communément admise, l’effet protecteur de la circoncision s’explique par la présence sur la surface interne du prépuce de cellules de Langerhans, facilement infectées par le VIH.
Nombre de chercheurs, à Rome, ont insisté cependant sur le fait que la circoncision devait être «complémentaire d’un autre moyen de prévention».
utant que du conformisme social.http://letemps.ch/Page/Uuid/802b61a2-c7a5-11e1-abf5-2f9119a838eb|1

 

«Sex design», un intime désir de norme

La chirurgie esthétique génitale fait de plus en plus d’adeptes. Opération vedette: la labioplastie, qui poursuit le modèle d’un sexe prépubère. Les risques liés à ces opérations sont sous-estimés, dénoncent des médecins
Scène de la vie médicale genevoise. Nous sommes dans le cabinet d’un chirurgien connu comme spécialiste des organes génitaux féminins. Un couple dans la fleur de l’âge est venu soumettre son grand projet à l’homme de l’art: offrir à madame un design génital. Le médecin fait déshabiller la patiente, observe ses parties intimes, et fait remarquer qu’il n’y a là aucune malformation ni disgrâce particulière. La femme tire de son sac la page d’un magazine de charme, pointe une photo et dit: «Je veux ça.»
«C’était un sexe irréel, avec des grandes lèvres aérodynamiques et très aplaties, un pur produit de Photoshop», raconte Gabor Varadi. Le chirurgien n’a pas manqué de l’expliquer au couple avant de l’éconduire: «La banalisation de la pornographie a pour effet de donner à voir des modèles impossibles», remarque-t-il.
Une vieille histoire, celle du modèle impossible: si les Grecs avaient connu la rhinoplastie… Sauf que cette fois, l’histoire se répète sur un territoire du corps qui, contrairement aux seins, aux lèvres, aux fesses, avait jusqu’ici échappé au jugement esthétique. Un sexe féminin, c’était au-delà du beau et du laid (lire ci-dessous).
Ça ne l’est plus. Des femmes font aujourd’hui appel à la chirurgie génitale pour des raisons purement plastiques. Leur nombre est impossible à chiffrer car ce marché échappe à la statistique, mais tout indique une demande «en pleine effervescence» (Gabor Varadi), voire exponentielle dans les pays à la pointe du phénomène: les Etats-Unis bien sûr, mais aussi la Grande- Bretagne ou la France. Dans le bassin lémanique, plusieurs «sex designers» proposent aujourd’hui, plus ou moins discrètement, leurs prestations.
Il ne s’agit plus seulement de reconstituer un hymen pour préserver l’honneur de la famille. Ou même de rétrécir un vagin distendu pour retrouver le plaisir perdu (celui du partenaire, surtout). Le «design sexuel» s’intéresse au galbe du mont de Vénus, à la taille et à la tonicité des pétales de chair qui protègent l’entrée du vagin. Il privilégie l’esthétique, même au risque de la diminution du plaisir et suscite des mises en garde inquiètes de la part du corps médical.
L’intervention la plus demandée concerne les petites lèvres, appelées aussi nymphes en français et «Schamlippen» en allemand, soit, à choix, «lèvres de la honte» ou «lèvres de la pudeur». Les nymphes grandissent à la puberté et leur taille finale est très variable, dépassant plus ou moins celle des lèvres extérieures. La labioplastie, ou nymphoplastie, consiste à les raccourcir lorsqu’elles sont jugées trop grandes.
Une gynécologue britannique, Sarah Creighton de l’Institute for Women’s Health de l’University College Hospital de Londres, s’intéresse de près à cette opération très en vogue. En 2007, elle cosignait un article dans la revue des obstétriciens et gynécologues britanniques*, décrivant des patientes en quête de «vulves plates, sans rien dépassant des grandes lèvres», sur le modèle «prépubère que l’on retrouve dans les publicités». Elle notait que les petites lèvres, intensément innervées, «sont très sensibles et contribuent à la sensation érotique». Et que les risques qu’il y a à les inciser – notamment pour les futures accouchées – sont largement minimisés. Il y a dix jours, dans la même revue, la gynécologue est repartie à l’attaque: la labioplastie est une intervention mal documentée, écrit-elle. Ses promoteurs la prétendent inoffensive mais ne font rien pour en apporter la preuve scientifique.
Si des risques existent, commente Gabor Varadi, ils sont liés à une intervention mal exécutée: «Je rappelle que la chirurgie esthétique commence seulement à être enseignée dans les facultés et que les praticiens sur le marché se sont formés sur le tas. La meilleure manière de limiter les risques, c’est d’améliorer la formation.»
Sa consœur des Hôpitaux universitaires de Genève, Anne-Thérèse Vlastos, tient un autre discours: «Même quand l’intervention est parfaitement exécutée, il existe bel et bien des risques de complications, de douleurs résiduelles, de perte de sensibilité. Une cicatrice est une cicatrice et la vulve un organe qui a besoin de préserver la plus grande souplesse possible. Je conçois mal, par exemple, qu’on pratique une labioplastie, sans raison majeure, sur une jeune femme qui doit encore accoucher.»
Cela dit, les «raisons majeures» existent: à l’hôpital, Anne-Thérèse Vlastos effectue des labioplasties remboursées par les assurances. Chez certaines personnes, explique-t-elle, les nymphes sont tellement hypertrophiées que cela en devient handicapant pour faire du vélo ou porter des jeans. Le risque d’infection est aussi accru. «Pour les femmes qui ont un vrai problème, la labioplastie représente un progrès bénéfique. Pour les autres, c’est une mutilation incompréhensible.»
Gabor Varadi, lui, assume son choix de faire de la «médecine de bien-être» sur des femmes «capables de discernement et qui ne sont pas victimes de confusions psycho-émotionnelles». On est dans l’ère de la «customisation», constate-t-il.
Ces deux médecins ont cependant un point commun: leur savoir-faire vient de la chirurgie reconstructive, notamment sur les femmes ayant subi des mutilations sexuelles. Gabor Varadi, qui fait encore régulièrement des séjours professionnels en Afrique, ne manque pas de préciser que la demande de «sex design» a commencé à venir à lui, il y a cinq ans, sans qu’il l’ait cherchée.
C’est aussi le cas de l’Américain David Matlock, le plus bling-bling et le plus franchisé des prophètes du «rajeunissement vaginal»: «Il avait opéré une femme au vagin gravement relâché après un accouchement, raconte Gabor Varadi. Son mari l’a remercié du cadeau. Puis une amie de la patiente est arrivée: elle n’avait pas accouché, mais voulait la même opération. Là, Matlock a compris qu’il avait de l’or dans les mains.» C’était dans les années 80. Pamela Anderson n’allait pas tarder à montrer sa vulve toute neuve sur un plateau télé. Etant entendu, comme le rappelle Gabor Varadi, que «le seul organe sexuel véritable, c’est le cerveau».
*An International Journal of Obstetrics and Gynecology, mai 2007 et novembre 2009http://letemps.ch/Page/Uuid/e548eb00-041f-11df-82a3-9d622675a4b5|2

Obésité : la piste des césariennes

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | • Mis à jour le















Accouchement par césarienne dans une maternité française.

Alors que le nombre d'accouchements par césarienne est en augmentation dans de nombreux pays, une équipe américaine sème le doute en évoquant un éventuel lien entre ce mode d'accouchement et l'obésité infantile. Selon une étude conduite par Susanna Huh (hôpital pédiatrique de Boston), publiée le 23 mai sur le site Internet de la revue Archives of Disease in Childhood (en anglais), le taux d'obésité à l'âge de 3 ans est deux fois plus élevé chez les enfants nés par césarienne (15,7 %) que chez ceux nés par voie basse (7,5 %).

Ces dernières années, plusieurs études ont trouvé un risque accru d'allergies (asthme, rhinites...) chez les bambins issus de césarienne. L'association tiendrait au fait que l'acquisition de la flore intestinale (microbiote) au début de la vie et son profil diffèrent selon que le bébé a été au contact de la flore maternelle lors de son passage par les voies génitales ou qu'il a été extirpé par césarienne. En revanche, très peu de chercheurs ont exploré l'influence du mode d'accouchement sur le poids.
Une étude chinoise portant sur un effectif de 160 enfants, publiée en 2011 dans l'European Journal of Pediatrics, avait cité la césarienne comme l'un des facteurs de risque d'obésité infantile. Des auteurs brésiliens ont observé un taux d'obésité à l'âge adulte multiplié par 1,5 chez des individus nés par césarienne (American Journal of Clinical Nutrition, 2011).
MICROBIOTE INTESTINAL
Susanna Huh et son équipe ont recruté, entre 1999 et 2002, des milliers de femmes enceintes dans le cadre d'une cohorte materno-infantile. Les analyses ont porté sur 971 enfants nés par voie vaginale et 284 issus de césarienne. A l'âge de 3 ans, 15,7 % de ces derniers (44 sur 284) répondaient aux critères de l'obésité, la proportion s'élevant à 7,5 % dans l'autre groupe (72 sur 971). L'association reste significative en tenant compte de facteurs de confusion tels que le poids maternel et le poids de naissance, soulignent les chercheurs. Selon eux, l'explication est peut-être, comme pour l'excès d'allergies, à chercher du côté du microbiote intestinal puisqu'une naissance par césarienne influe sur sa composition. D'autant que de nombreux travaux pointent l'implication de ces bactéries intestinales dans le surpoids.
Il a ainsi été montré que l'intestin des individus obèses contient relativement plus de bactéries de type firmicutes et une moindre proportion de bacteroïdetes que celui des sujets minces. Cette théorie demande cependant confirmation, le microbiote des enfants n'ayant pas été analysé dans cette étude.
"Les femmes enceintes qui optent pour une césarienne en l'absence d'indication médicale devraient être averties que leur enfant peut courir un risque accru d'obésité", concluent les auteurs de l'article, rappelant qu'aux Etats-Unis le taux de césariennes a bondi de 20,7 % en 1996 à 32 % en 2007, en partie du fait d'un accroissement des demandes maternelles. Cette recommandation est cependant jugée prématurée par les scientifiques français.
"C'est une étude pionnière, menée par une équipe reconnue, qui s'inscrit dans la quête actuelle de déterminants précoces de l'obésité. Elle ouvre des pistes intéressantes, mais doit être reproduite par d'autres", estime le professeur Arnaud Basdevant (nutritionniste, hôpital la Pitié-Salpêtrière, Paris). Un avis partagé par le docteur Marie-Aline Charles, épidémiologiste (Inserm), qui coordonne plusieurs cohortes d'enfants, dont celle de l'Etude longitudinale française depuis l'enfance (ELFE). "J'ai en tête depuis quelque temps de réaliser une analyse comparable sur une cohorte française, ajoute-t-elle. C'est une démarche logique dans la mesure où l'on sait que le mode d'accouchement, tout comme l'allaitement, influence la formation du microbiote." L'épidémiologiste se dit toutefois surprise par le niveau de sur-risque observé dans la série américaine.
"CÉSARIENNES DE CONVENANCE"
Les gynéco-obstétriciens sont plus sceptiques. "Cette étude est trop peu solide pour en faire un argument contre les césariennes de convenance", réagit le professeur Yves Ville (maternité de l'hôpital Necker, Paris), très critique sur la méthodologie des chercheurs américains. Selon lui, leur publication s'inscrit dans le contexte d'une "chasse" aux césariennes d'indications non médicales, avec une culpabilisation des femmes qui les demandent et des médecins qui les acceptent. "Certes, les césariennes ont augmenté en France, mais on est partis de taux plutôt bas, note-t-il. De plus, il est prouvé qu'une césarienne planifiée ne comporte pas plus de risques pour la mère qu'un accouchement par voie basse. Les risques de complications sont surtout pour des grossesses ultérieures. On doit tenir compte du projet familial de ces femmes."
En moyenne, en France, une césarienne est pratiquée dans un accouchement sur cinq. La proportion a doublé en trente ans, mais reste bien inférieure à celle de pays comme l'Italie (38 %), le Mexique (42 %) ou les Etats-Unis. Récemment, la Haute Autorité de santé (HAS) a émis de nouvelles recommandations concernant les indications des césariennes programmées pour des motifs médicaux ou sur demande de la future mère. Difficiles à quantifier, ces dernières sont de plus en plus acceptées par les obstétriciens. "La pression médico-légale qui repose sur les épaules des accoucheurs, en particulier en libéral, peut les conduire à privilégier les accouchements par voie haute", confirme le docteur Jean-Michel Dreyfus, gynéco-obstétricien à Lyon.

Santé mardi13 mars 2012

«EN EMS, le patrimoine est vite consommé»

Le financement des soins de longue durée fait débat. L’interview de l’économiste neuchâtelois Claude Jeanrenaud
Le financement des soins de longue durée aux personnes âgées, en établissement spécialisé ou à domicile, représente un des grands défis de santé publique. En Suisse, le débat politique prend un tour nouveau. Le 8 mars dernier, une majorité rose-verte-PDC du Conseil national a décidé de donner suite à une initiative parlementaire réclamant la création d’une «allocation d’assistance versée aux personnes qui prennent soin d’un proche».
Le texte de Lucrezia Meier-Schatz (PDC/SG) précise que, aujourd’hui, seul un cinquième des personnes âgées «finissent leurs jours dans une maison de retraite ou dans un établissement médicalisé». Or, «avec l’augmentation du nombre de personnes âgées seules ou sans enfant, la situation va changer». Une explosion des dépenses pour les séjours en établissement, plus coûteux, est à prévoir. D’où l’idée d’indemniser la prise en charge des personnes âgées par leurs familles ou leurs proches.
Cette décision intervient alors qu’une sous-commission du National planche, de son côté, sur une redéfinition de la solidarité dans l’assurance maladie. Une des pistes évoquées consisterait à instaurer une assurance spécifique dès 50 ou 60 ans, pour notamment décharger les jeunes générations. L’économiste Claude Jeanrenaud, professeur de l’Université de Neuchâtel, analyse ces différentes pistes pour Le Temps. Il s’interroge notamment sur l’inégalité frappant les personnes ayant économisé toute leur vie, dont le patrimoine est consommé en quelques années d’EMS.
Le Temps: Une allocation d’assistance pour les personnes qui prennent soin d’un proche, cela vous semble une bonne idée?
Claude Jeanrenaud: Oui. Car la prise en charge des personnes âgées par un membre de leur famille coûte beaucoup moins cher à la collectivité qu’un séjour en institution. Et la valeur de ces prestations est élevée: selon une estimation retenue par l’Observatoire suisse de la santé, les soins informels prodigués dans le ménage représentaient 2,1 milliards de francs en 2007. Auxquels s’ajoute 1 milliard de francs pour les soins prodigués gratuitement par des proches hors ménage. Or, pour toutes ces personnes, cette prise en charge peut être éprouvante, elle implique parfois une réduction du temps de travail et donc du salaire. Une telle allocation me semble donc équitable. Elle peut aussi avoir un effet incitatif. Toute la question est de savoir comment concevoir cette indemnité et quel doit en être le montant…
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http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b0c5d810-6fad-11e1-bb68-b27ca7576cf9/EN_EMS_le_patrimoine_est_vite_consomm%C3%A9 

François Hollande veut améliorer l'accès aux soins sans donner de solution

LEMONDE | 26.01.12 | 11h39   •  Mis à jour le 26.01.12 | 12h41


Pour François Hollande, il faut trouver le moyen de régler les problèmes d'accès financier aux soins auxquels font de plus en plus face les Français.
Pour François Hollande, il faut trouver le moyen de régler les problèmes d'accès financier aux soins auxquels font de plus en plus face les Français.AFP/STEPHANE DE SAKUTIN

Sur la santé, François Hollande insiste sur la nécessité de sécuriser l'accès aux soins. Entre gauche et droite, de fait, le constat est le même, il faut trouver le moyen de régler les problèmes d'accès financier et géographique aux soins auxquels font de plus en plus face les Français. Le défi est de réussir à améliorerles choses, sans pour autant dissuader les futurs médecins de s'installer en libéral, un mode d'exercice qui séduit de moins en moins, mais qui est indispensable au système.

Le PS plaide pour "une meilleure répartition des médecins" grâce à la création de"pôles de santé de proximité dans chaque territoire", qui regroupent les médecins libéraux exerçant seuls ou en maisons de santé, les salariés des centres de santé, les hôpitaux locaux, etc. Avec ce maillage du territoire, il veut faire en sorte deremplir un objectif : garantir un délai d'une demi-heure pour accéder aux soins d'urgence.
ENCADRER LES DÉPASSEMENTS D'HONORAIRES
Mais le candidat n'explique pas comment il réussira à convaincre les médecins de s'installer là où ils ne sont plus assez nombreux. Dans le projet PS, il y avait l'obligation pour les jeunes diplômés d'exercer plusieurs années dans ces zones sous-dotées. Le candidat à la présidentielle n'a pas retenu l'idée. Peut-être en dira-t-il plus jeudi 2 février, date à laquelle il est prévu qu'il prononce un discours sur la santé.
Concernant les freins financiers à l'accès aux soins, il prévoit d'encadrer les dépassements d'honoraires, qui se sont fortement développés. Déjà à l'automne, il s'était exprimé sur la question. Mais de nouveau, il n'entre pas dans le concret. La majorité est pourtant aussi sur cette ligne, qui s'échine à faire adopter la création d'un secteur optionnel, entre le secteur 1 (tarifs de la sécu) et le secteur 2 (honoraires libres), dans lequel les prix seront plafonnés et les médecins seront libres de s'inscrire. Une nouvelle réunion est prévue avec l'assurance-maladie, avec médecins et complémentaires de santé, vendredi 27 janvier, pour mettre en place ce secteur réservé aux chirurgiens, obstétriciens et anesthésistes.
Une solution plus radicale et vraiment clivante avec la droite consisterait à plafonnerdirectement les dépassements des praticiens de secteur 2. Si elle serait un signe fort pour les patients, elle susciterait forcément la colère des médecins. Le plus simple est sans doute de ne pas entrer dans le détail, mais d'assurer vouloirmaîtriser le phénomène.
POUR L'EUTHANASIE
Un autre sujet, sur lequel le candidat se montre plus audacieux, ne manquera pas de faire débat : l'aide active à mourir, dans des "conditions précises et strictes""Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander(…) à bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité." Depuis plusieurs années, des parlementaires PS, dont Manuel Valls, avaient tenté de faire de fairebouger la loi Leonetti en ce sens. Jusque-là sans succès.
Laetitia Clavreul  http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/01/26/sante-francois-hollande-veut-ameliorer-l-acces-aux-soins-sans-donner-de-solution_1634962_1471069.html

Harvard lance la controverse sur le sevrage tabagique
Pascale Santi Le Monde
La question de l’efficacité des patchs et des chewing-gums à la nicotine est relancée. (AFP)
 

Selon une étude de la faculté de santé publique de l’Université de Harvard, les substituts nicotiniques (patchs et gommes) seraient inefficaces
La question de l’efficacité des patchs et des chewing-gums à la nicotine est relancée. Selon une étude américaine publiée lundi 9 janvier dans l’édition en ligne de la revue «Tobacco Control», ces produits ne seraient pas plus efficaces à long terme pour aider les fumeurs à arrêter le tabac que d’essayer sans l’aide de ces traitements. Et ce, même quand ils sont accompagnés d’un suivi psychologique.
Menée par Hillel Alpert, de la faculté de santé publique de l’université de Harvard (Massachusetts), l’étude a porté sur 787 personnes. Interrogés à trois reprises, en 2001-2002, 2003-2004 et 2005-2006, les fumeurs devaient indiquer quel type de substituts nicotiniques ils avaient utilisé. Près d’un tiers de ceux qui avaient récemment arrêté de fumer ont repris la cigarette. Parmi ceux-ci, il n’y avait aucune différence entre ceux qui avaient utilisé des substituts nicotiniques durant plus de six semaines et ceux qui n’avaient rien pris. De plus, l’étude ne constatait aucune différence entre les gros fumeurs et ceux fumant peu.
Déjà, en 2009, des chercheurs français du CNRS, menés par Jean-Pol Tassin, neurobiologiste au Collège de France, s’étaient posé la question de savoir si la nicotine était seule responsable de l’addiction au tabac. «La nicotine à elle seule, en patch ou en chewing-gum, n’empêche pas les fumeurs de continuer à fumer: 84% des gens qui prennent un patch rechutent dans l’année qui suit, alors que, sans patch, c’est de l’ordre de 90%.» Une différence minime.
D’autres études ont pourtant montré l’inverse. L’une d’elles avait montré, en 2011, que, chez les volontaires ayant reçu une aide, qu’elle soit psychologique ou sous forme de patchs nicotiniques, le taux de succès atteignait 15% au bout d’un an, contre un taux de réussite de 4% sans aide.
Les tabacologues sont plus nuancés. «Les substituts nicotiniques et les médicaments aident à gérer le manque, qui constitue l’un des facteurs d’échec de l’arrêt du tabac. Ils sont juste une aide dans une prise en charge globale, mais ils peuvent améliorer les conditions de l’arrêt», constate le docteur Anne Borgne, addictologue à l’hôpital René-Muret (AP-HP) à Sevran (Seine-Saint-Denis). Globalement, le plus efficace pour l’arrêt du tabac est, selon elle, d’associer des thérapies comportementales et cognitives (TCC) et une aide avec des médicaments.
«Lorsque l’on associe les substituts nicotiniques, les chances de réussite sont multipliées par deux, surtout s’il y a une aide psychologique», explique le professeur Yves Martinet, chef du service de pneumologie du CHU de Nancy et président du Comité national contre le tabagisme (CNCT). D’autant que, de l’avis de ces deux professionnels, les substituts nicotiniques sont sans risque pour la santé. Et, comme l’assure la revue Prescrire, «dans le sevrage tabagique, la motivation et le soutien psychologique restent la priorité». […]
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/4f1a5ea2-419e-11e1-8d5e-b17441e09782|1

La radioactivité à faibles doses inoffensive?
Stéphane Foucart 


Des travaux ont montré que les très faibles irradiations, lors de mammographies répétées, induisent des «cassures» dans l’ADN des cellules mammaires, dont la réparation ne semble pas forcément assurée. (Corbis)
 
Des travaux américains très controversés suggèrent l’existence d’un seuil d’exposition aux rayonnements ionisants en deçà duquel les risques de cancer seraient quasi nuls
Pour une bonne part des spécialistes des radiations, les risques de développer un cancer sont proportionnels à la dose de rayonnements ionisants reçus. Nul seuil: l’effet serait essentiellement linéaire. D’où le nom de ce modèle, linéaire sans seuil (LNT, pour Linear No-Threshold en anglais). En d’autres termes, il est préférable d’éviter tout rayonnement ionisant, si faible soit-il. Ce modèle simple fut, en 2005, au centre d’une controverse entre les académies des sciences française et américaine: la première rejetait le LNT, tandis que la seconde publiait une imposante revue de la littérature scientifique concluant à sa validité.
Le LNT est à nouveau au centre d’un débat enflammé avec la publication de travaux très controversés dans Proceedings of the National Academy of Sciences. Selon eux, le LNT ne serait pas fondé, et la probabilité de développer un cancer après l’exposition à de faibles doses serait quasi nulle: les premiers risques n’apparaîtraient qu’après le franchissement d’un «seuil».
L’affaire est d’autant plus sensible que d’autres travaux récents ont montré que les très faibles irradiations, lors de mammographies répétées, induisent des «cassures» dans l’ADN des cellules mammaires, dont la réparation ne semble pas forcément assurée chez des femmes jeunes ayant une prédisposition familiale à développer des cancers du sein. Avec une grande prudence, les auteurs avançaient que ces «cassures» non réparées pourraient, chez une petite fraction de la population, initier l’apparition de tumeurs. Une récente étude épidémiologique suggère quant à elle une plus grande incidence des cancers du sang chez les enfants vivant près de sites nucléaires (LT du 12.1.2012)…
Pour chercher noise au LNT, les chercheurs américains ont utilisé une méthode d’imagerie afin de «compter» les petites ruptures qui peuvent apparaître dans l’ADN de cellules mammaires irradiées. Cette méthode permet de visualiser, dans le noyau de la cellule, de petites taches fluorescentes au microscope, interprétées comme autant de ruptures de l’ADN.
Mise au point en 2003, cette technique d’imagerie n’est pas en soi originale. «D’habitude, les radiobiologistes comptent ces petits foyers lumineux à l’œil nu, à un instant donné – en général une demi-heure ou une heure après l’irradiation des cellules, explique Sylvain Costes, chercheur au Lawrence Berkeley National Laboratory (Californie) et premier auteur de ces travaux. Mais, en faisant cela, on «rate» une part des cassures qui se produisent, car on ne tient pas compte de la cinétique du processus. Si on regarde une demi-heure après l’irradiation, des cassures qui étaient apparues ont été réparées et ont déjà disparu, tandis que d’autres ne sont pas encore apparues.»
Les auteurs ont donc développé un modèle bio-informatique simulant cette cinétique, pour tenter d’avoir une idée plus précise du nombre total de cassures provoquées par des irradiations plus ou moins importantes… «Ce que l’on voit alors est que le nombre total de cassures n’augmente pas de manière linéaire avec la dose reçue», explique Sylvain Costes. Plus la dose est importante, moins la radioactivité semble efficace: «A une dose de 0,1 gray (lire l’encadré), on obtient entre 35 et 50 foyers par cellule et par unité de rayonnement; et, avec 2 grays, on obtient entre 15 et 20 foyers par cellule et par unité de rayonnement», dit Sylvain Costes. De plus, à hautes doses, les foyers «apparaissent plus vite, sont plus lumineux et sont plus persistants», précise le biophysicien.
Comment interpréter ces résultats? «Notre interprétation est que ces foyers lumineux ne permettent pas réellement de visualiser les cassures de l’ADN, mais des «centres de réparation» dans lesquels elles sont en cours d’assemblage, explique Sylvain Costes. La vision conventionnelle est que lorsque l’ADN est endommagé, des protéines viennent jusqu’à la cassure pour la réparer localement. Notre interprétation – qui n’est qu’une interprétation – est qu’au contraire les cassures de l’ADN se regroupent dans des «centres de réparation» qui sont véritablement les foyers fluorescents que l’on voit dans nos cellules irradiées.»
Lorsque les doses de rayonnements augmentent, les dégâts sur l’ADN sont très importants et plusieurs cassures se retrouvent dans le même «centre de réparation». Il y a donc moins de foyers à mesure que la dose augmente, mais ils sont plus intenses, apparaissent plus rapidement et persistent plus longtemps. D’où l’interprétation selon laquelle les réparations sont plus hasardeuses lorsque le même centre de réparation de l’ADN doit traiter plusieurs cassures en même temps. Ce qui augmenterait les risques de réarrangements entre deux chromosomes, phénomène précurseur de cancer. Si l’on néglige la réponse systémique de l’organisme capable d’éliminer ces erreurs, la survie de cellules avec des réparations défectueuses pourrait augmenter alors de manière non linéaire les risques de cancer, selon Sylvain Costes.
La démonstration ne convainc pas tout le monde, tant s’en faut. «Le problème est que les marqueurs utilisés ici ne donnent pas une indication de la qualité de la réparation des dommages causés à l’ADN, or c’est probablement cette qualité de réparation qui est en cause dans l’initiation des cancers», tempère ainsi le radiobiologiste Nicolas Foray, chercheur (Inserm) au Centre de recherche en cancérologie de Lyon.


http://www.letemps.ch/Page/Uuid/e3a237a8-407b-11e1-8ee0-1b48e7e7a2e5/La_radioactivit%C3%A9_%C3%A0_faibles_doses_inoffensive
 

La santé au cœur de la bataille pour la Maison Blanche

LE MONDE GEO ET POLITIQUE | 07.01.12 | 13h53   •  Mis à jour le 09.01.12 | 15h31



Barack Obama a reporté une deuxième fois son voyage en Asie pour être présent à Washington au moment du vote de la Chambre des représentants sur la réforme de la santé.
Barack Obama a reporté une deuxième fois son voyage en Asie pour être présent à Washington au moment du vote de la Chambre des représentants sur la réforme de la santé. AFP/SAUL LOEB

Boston, envoyé spécial - Elle a le sourire hésitant des rescapés, mais le verbe sûr de ceux qui ont décidé de se battre. "Voilà ce qui sauve tant de vies !", lance Alliea Groupp en brandissant fièrement sa carte blanche d'affiliation à Commonwealth Choice. C'est l'un des régimes d'assurance-maladie créés dans l'Etat du Massachusetts par une loi de 2006, du temps où Mitt Romney, aujourd'hui prétendant à la candidature républicaine contre Barack Obama à la présidentielle, en était le gouverneur. Sans ce texte controversé, cette travailleuse sociale de 39 ans ne serait peut-être même plus de ce monde pour raconter son histoire. Longtemps, aucune compagnie d'assurances n'a voulu la couvrir : l'épilepsie dont elle souffre figure parmi les "maladies préexistantes" qui, aux Etats-Unis, vous excluent sans appel de toute police de couverture santé. En 2001, faute de pouvoir payer les 250 dollars réclamés par un pharmacien, elle renonce à soigner une infection et atterrit aux urgences. Sa vie est sauvée in extremis, mais elle doit emprunter à crédit pour payer les 2 800 dollars de la facture.

L'aberration humaine et économique, qui conduit aux soins intensifs, à des coûts prohibitifs, des malades qui n'ont pas eu les moyens de se soigner en temps utile, n'a théoriquement plus cours au Massachusetts, le seul des 50 Etats américains à avoir imposé une couverture santé à ses 6 millions d'habitants. La loi de 2006 interdit aux assureurs de refuser des contrats à des personnes malades. Sous peine d'amende, elle oblige chaque adulte à souscrire une police d'assurance-santé, à charge pour l'Etat d'aider les plus modestes à la payer. Parce que tous les malades sont devenus solvables, le budget public, qui renflouait les impayés dans les hôpitaux, a diminué, jusqu'à dégager des recettes. Les urgences liées à l'indigence ont aussi reculé.
Pour la première fois de sa vie, Jim Syre, 65 ans, chauffeur de taxi, cardiaque, est couvert. La compagnie à laquelle il loue sa voiture refuse de cotiser. Mais, moyennant 34 dollars par mois, il a adhéré à Commonwealth Care, le régime conçu pour les moins fortunés, et "n'hésite plus à aller voir le cardiologue" même si cette visite l'oblige à sortir 18 dollars de sa poche. Aujourd'hui, Alliea Groupp est affiliée à Commonwealth Choice. Sa cotisation mensuelle de 75 dollars s'ajoute aux 500 dollars versés par son employeur à l'assureur afin de lui donner accès aux traitements dont elle a besoin. "Avant, je pariais sur ma santé, raconte-t-elle. Je ne prenais que les médicaments que je pouvais payer." Elle insiste sur une autre incongruité : "Ici, le montant de votre facture de soins et de médicaments dépend de la puissance de votre compagnie d'assurances pour négocier avec les laboratoires et les médecins. Quand vous n'êtes pas couvert, vous payez le maximum."
Emily S., photographe d'art, reste à Boston alors qu'elle aurait une meilleure situation à New York. Avant la loi de 2006, il lui est arrivé de payer son cardiologue en lui offrant une oeuvre. Aujourd'hui, elle est couverte moyennant moins de 30 dollars par mois. Un avantage qu'elle perdrait en quittant le Massachusetts. Les associations qui, comme le Greater Boston Interfaith Organization (GBIO, groupe oecuménique d'aide aux défavorisés), se sont battues pour la loi, connaissent bien ces malades sauvés grâce à un diagnostic précoce auquel ils n'auraient jamais eu accès avant la réforme, et d'autres pour qui, désormais, une perte d'emploi ne signifie plus l'arrêt des médicaments.
Avec 98 % de personnes couvertes contre 84 % au niveau national, le Massachusetts est à l'avant-garde. Et les impayés de santé ne sont plus, comme dans le reste du pays, la première cause de faillite personnelle et d'expulsion du logement. "Ici, on ne s'intéresse pas au niveau d'assurance des malades, ni d'ailleurs aux papiers des immigrés : on les soigne !, annonce fièrement le docteur James Feldman en faisant visiter le service des urgences du Boston Medical Center, un immense hôpital sans but lucratif dont il est directeur de la recherche. On ne leur dit pas, comme dans une grande partie de ce pays : "Vous n'êtes pas couverts ? Désolé : vous allez mourir." Si cette loi venait à être remise en cause, ce serait terrible. La crise économique se doublerait alors d'une crise sanitaire."
Le Massachusetts n'est pas devenu pour autant un paradis de la médecine égalitaire. Généraliste dans le quartier huppé de Wellesley Hills, le docteur Richard Dupee constate que les 400 000 nouveaux assurés créés par la loi mettent sous pression les cabinets médicaux, déjà trop peu nombreux. Il reconnaît qu'il "refuse tous les jours" des patients dont le niveau de remboursement serait insuffisant au regard de ses charges. "Je n'ai pas le choix : je gère une entreprise."

Le candidat à l'investiture républicaine Mitt Romney.
Le candidat à l'investiture républicaine Mitt Romney.AP/Jim Cole
Quand Barack Obama, en 2009, a cherché des références pour son projet de loi sur l'assurance-santé, il s'est penché tout naturellement sur l'expérience du Massachusetts. La réforme adoptée trois ans plus tôt à Boston avait tout pour lui plaire : son efficacité et sa popularité dans l'Etat (deux tiers d'opinions favorables), mais aussi la manière consensuelle dont elle avait été conçue. Le texte était né d'un accord entre le sénateur démocrate Edward Kennedy (mort en 2009) et le gouverneur républicain d'alors, Mitt Romney, avec la bénédiction des médecins et des assureurs, dont la toute-puissance était renforcée par l'apport de nouveaux clients autrefois insolvables. Aussi, l'architecture de la "loi sur les soins abordables" péniblement arrachée au Congrès par M. Obama en 2010 se présente-t-elle comme la copie conforme de celle du Massachusetts. "Mitt Romney est le principal responsable de la loi Obama sur la santé. Il devrait en être fier. Mais il ne peut l'avouer... au moins jusqu'à la fin des primaires", résume en souriant Jonathan Gruber, professeur d'économie au MIT d'Harvard, qui fut l'un des architectes de la loi Romney et conseilla ensuite la Maison Blanche.
Car entre-temps les républicains ont tourné casaque. Pourtant, le principe de l'obligation individuelle de s'assurer, pivot des deux réformes, avait été conçu dans les années 2000 par la très reaganienne Heritage Foundation. L'idée satisfaisait alors les partisans du libéralisme économique : l'indigent, obligé de contribuer à sa couverture santé, était "responsabilisé" et non "assisté" par l'Etat. Et le marché des assurances était préservé. Sa mise en oeuvre en 2006 dans le Massachusetts avait été applaudie. Mitt Romney s'en était même targué en 2008, lors de sa première tentative - vaine - pour la primaire républicaine.
Mais, depuis que Barack Obama a étendu l'obligation de s'assurer à tout le pays, ce principe est devenu, aux yeux des républicains, le symbole de la tyrannie de Washington et de la volonté de l'administration fédérale d'imposer une "médecine socialiste". L'idée "libertarienne" selon laquelle l'Etat ne peut imposer un quelconque achat aux citoyens fait florès dans la campagne présidentielle.
Soumis à la pression du mouvement extrémiste Tea Party, les barons républicains vouent désormais aux gémonies la loi Obama, baptisée péjorativement "Obamacare", oubliant qu'elle repose sur un principe conservateur. Pour Mitt Romney, le virage à 180 degrés est difficile à négocier. Son succès s'est transformé en handicap. Lui qui, en 2006, avait signé en grande pompe la loi du Massachusetts, jure désormais solennellement qu'il abrogera l'"Obamacare" sitôt installé à la Maison Blanche. A l'époque, il avait été jusqu'à choisir Faneuil Hall, haut lieu de la révolution américaine à Boston, pour célébrer l'événement : le monument avait été pavoisé de deux énormes banderoles célébrant en lettres gothiques la "page dans l'histoire de la santé" tournée ce jour-là.
Attaqué pour ce passé désormais encombrant par ses concurrents républicains, le candidat à la nomination a mis au point un périlleux numéro d'équilibriste : il défend la loi votée à Boston, tout en pilonnant celle votée à Washington, accusée de "tuer l'emploi" ; il oppose le droit des Etats à régler leurs problèmes locaux au pouvoir exorbitant de l'administration fédérale. "Mitt Romney hanté par son passé de bienfaiteur des malades impécunieux", ironise le journal satirique The Onion, au-dessus d'une photo de l'ancien gouverneur faisant une moue de contrition.
Ce grand écart alimente les critiques du Tea Party, qui tendent à faire de lui un opportuniste sans réelle conviction et un "républicain de la Côte est", autrement dit un faux conservateur. Ses adversaires se font un plaisir de rappeler qu'il a soigneusement gommé de la récente édition de son dernier livre une phrase qui promettait de doter "chacun dans le pays" de l'assurance-santé créée dans le Massachusetts. "Le principal obstacle à la nomination de Romney à la candidature républicaine est ce qui est généralement considéré comme son plus grand succès politique", résume Donald Taylor, spécialiste des politiques de santé à l'université de Duke (Caroline du Nord).
Quel que soit le candidat républicain, le débat sur la santé sera au coeur de la campagne présidentielle de 2012. Si Mitt Romney affronte Barack Obama, ce dernier aura beau jeu de rappeler que l'ancien gouverneur du Massachusetts a brillamment ouvert la voie à sa loi de 2010 sur l'assurance-maladie pour tous. Si l'ultralibéral Newt Gingrich est le candidat républicain, il devra faire oublier qu'il a lui-même soutenu dans le passé le principe de l'obligation de s'assurer. Mais son nom n'y est pas spécialement associé, et il pourra tirer à boulets rouges sur l'"Obamacare", que seuls 19 % des républicains approuvent. Barack Obama sera alors sur la défensive à propos du principal succès législatif de son premier mandat.
Aux incertitudes sur la viabilité financière à long terme de cette loi dans un contexte d'inflation des dépenses de santé, d'augmentation vertigineuse des primes d'assurance et de crise économique, s'ajouteront, jusqu'en juin, celles que font peser les recours qui visent le texte devant la Cour suprême. Les neuf sages diront en juin si l'obligation de s'assurer est constitutionnelle ou non. L'"exception du Massachusetts", elle, ne serait pas remise en cause. Que la Cour suprême censure ou non la loi Obama, Alliea Groupp continuera de suivre le traitement qui l'a "libérée de l'angoisse des crises d'épilepsie". Elle soupire : "J'ai beaucoup de chance de vivre dans le Massachusetts."
Philippe Bernard

 http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2012/01/07/la-sante-au-coeur-de-la-bataille-pour-la-maison-blanche_1626816_829254.html

Les dirigeants africains doivent faire plus pour le planning familial

24/11/2011 à 08h:17 Par Dr Frederick T. Sai
Rose a quatre enfants et attend un cinquième enfant. Alors qu’elle devrait être heureuse d’attendre la venue de son bébé, elle s’inquiète au contraire et se demande déjà comment empêcher sa prochaine grossesse. Elle aimerait attendre au moins deux ans, mais rien n’est moins sûr car elle n’a pas accès au planning familial.
L’histoire de Rose n’est pas unique, elle est semblable à celle de 215 millions de femmes à travers le monde qui savent qu’elles ont besoin d’une méthode contraceptive moderne mais qui n’y ont pas accès. Et celles qui ne le savent pas sont encore plus nombreuses. En Afrique, 25 pour cent seulement des femmes mariées ont régulièrement recours à la contraception. Chacune aura, en moyenne, près de cinq enfants au cours de sa vie et court une chance sur 36 de succomber pendant la grossesse ou l’accouchement.
215 millions de femmes dans le monde savent qu'elles ont besoin d'une méthode contraceptive moderne mais n'y ont pas accès.
C’est un droit humain fondamental pour tout couple ou tout individu de contrôler sa propre fécondité et de décider du nombre d’enfants qu’il souhaite et de leur espacement. Bien qu’elles soient les premières concernées, les femmes se voient souvent refuser ce droit, pour diverses raisons culturelles, légales ou religieuses. Un tel déni, qu’il soit officiel ou officieux, constitue une injustice à leur égard et est la cause de souffrances et de décès inutiles. Elles espèrent en silence pouvoir bénéficier du planning familial, dont l’accès leur est fermé dans de nombreuses régions d’Afrique. Globalement, 30 à 36 % de femmes en union auraient voulu utiliser une méthode contraceptive, sans pouvoir satisfaire ce besoin.
Lorsque les services et établissements de santé sont rares, voire de mauvaise qualité, ces grossesses non maîtrisées ont trop souvent pour conséquences des blessures, voire des décès maternels, et des bébés ou des enfants en mauvaise santé. En Afrique, le recours au planning familial constitue donc l’une des principales stratégies pour réduire la mortalité maternelle, ainsi que celle des bébés et des enfants, qui restent toutes scandaleusement élevées.
Le planning familial n’est pas que pour les femmes, cependant. Les droits, la santé et le développement socio-économique des hommes et des adolescents étant aussi en jeu, il concerne des communautés et des nations entières. Il n’est pas non plus sans lien avec la consommation et le développement durables des ressources de notre planète pour l’humanité dans son ensemble.
Aider des individus à planifier leur famille est une façon de réduire la pauvreté, car cela permet d’augmenter la productivité et plus largement, le développement économique. Au plan mondial, les décès et blessures maternelles se soldent par une perte de productivité de 15 milliards de dollars par an, chiffre qui pourrait changer de façon spectaculaire rien qu’en empêchant les grossesses non voulues. Par contraste, des études récentes ont montré que la rentabilité des investissements consacrés aux services de contraception peut être jusqu’à quatre fois supérieure, suite à la réduction des coûts médicaux, ce qui en fait l’une des approches ayant le meilleur rapport qualité-prix dans le domaine du développement.
Que nous en soyons conscients ou non, nous avons tous un rôle à jouer. Le mois dernier, la population mondiale a dépassé les sept milliards d’habitants – un chiffre historique, qui traduit de grandes victoires mais donne aussi de graves responsabilités. Nous devons nous efforcer de protéger la santé, le bien-être et les droits des habitants de notre planète, tout en veillant à ce que chaque individu puisse planifier sa famille et maintenir l’équilibre entre la taille de la population et les ressources dont elle dispose.
Les dirigeants et activistes africains le savent. Du 29 novembre au 2 décembre, c’est-à-dire dans quelques jours à peine, des dignitaires de tout le continent, dont les premières Dames du Sénégal, du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire et du Mozambique participeront, avec près de 2000 décideurs, chercheurs et donateurs du monde entier, à la Conférence internationale sur le planning familial qui se tiendra à Dakar, au Sénégal.
Ce sera la plus grande conférence en son genre et son objectif est de marquer une réelle renaissance tant au niveau du financement que de la volonté politique dans ce domaine. Ce n’est pas un hasard si cette manifestation se déroule en Afrique de l’Ouest, où les femmes ont la fécondité la plus élevée, les taux de contraception les plus bas et le taux de besoin non satisfait le plus élevé au monde.
Aujourd’hui plus que jamais, les dirigeants africains doivent saisir cette occasion historique de prouver leur leadership en la matière et mettre la barre très haute pour les donateurs, les décideurs et les activistes du monde entier. Face à une telle situation en matière de planning familial, en Afrique, les dirigeants politiques, religieux et traditionnels, à tous les niveaux, ne peuvent et ne doivent rester les bras croisés.
Nous qui défendons cette cause, nous devons profiter de l’occasion et appeler nos dirigeants à se faire les champions du planning familial volontaire. Nous devons exiger des pays donateurs qu’ils honorent leurs engagements. Les solutions existent et nous pouvons faire davantage pour qu’elles soient appliquées. Nous devons aussi faire preuve d’innovation et élaborer de nouvelles approches pour répondre aux besoins contraceptifs. Il faut intégrer le planning familial dans le réseau plus large des systèmes de santé, notamment maternelle et infantile, et de traitement du VIH/sida, afin de renforcer les systèmes sanitaires, améliorer leur efficacité et leur accès et réduire les coûts.
Non seulement les bénéfices seront immédiats si l’on investit dans le planning familial, mais on aidera la nouvelle génération, la plus nombreuse de l’histoire, à se forger un avenir meilleur. Que les choses soient claires : ce n’est pas une question qui concerne les femmes mais l’humanité tout entière. L’accès à la planification familiale volontaire demeure un droit humain fondamental et un problème de santé publique et de développement. Il est temps d’agir.
___
Le Dr Frederick T. Sai est consultant international en santé génésique. Il a été conseillé pour les questions de population à la Banque mondiale.

http://www.jeuneafrique.com/Article_ARTJAWEB20111124151727_developpement-pauvrete-sante-droits-de-l-hommeles-dirigeants-africains-doivent-faire-plus-pour-le-planning-familial.html

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mercredi16 novembre 2011

Allergies et intolérances

L’ingestion d’aliments peut engendrer des réactions diverses. A ne pas confondre
La majeure partie de la population peut consommer tous les aliments sans problème. Toutefois, pour un petit pourcentage d’entre elle, certaines denrées peuvent engendrer des réactions pouvant aller d’une légère rougeur à des maux de ventre, voire à un choc anaphylactique (ce dernier est une réaction allergique qui se manifeste par des symptômes cutanés et gastro-intestinaux, puis par des difficultés respiratoires, une chute de la pression artérielle et des troubles du rythme cardiaque; il nécessite des soins médicaux urgents car il peut entraîner la mort).
Heureusement, si les personnes qui réagissent mal lors de l’ingestion d’aliments spécifiques pensent d’office être allergiques, il s’agit dans la plupart des cas d’une simple intolérance. En effet, si un tiers de la population s’estime souffrir d’allergies alimentaires, les études démontrent que seuls 2% de la population suisse sont concernés. Mais les termes allergies et intolérances ont tendance à être confondus.
L’allergie réveille le système immunitaire lors de l’ingestion d’une protéine présente dans un aliment précis. Elle provoque la libération non justifiée d’anticorps, qui entraîne elle-même la libération d’autres substances, qui impliquent des symptômes tels que des démangeaisons, de la toux, des difficultés respiratoires, etc. Plus la personne entre en contact avec l’aliment incriminé, plus le risque de choc anaphylactique augmente. Les allergies les plus fréquentes chez le bébé sont celles aux protéines bovines. Chez l’enfant et l’adulte, les principaux allergènes sont l’arachide, les fruits à coques (tels que les noisettes, les amandes, etc.), les œufs, le poisson, les crustacés, et certains fruits et légumes.
L’intolérance, quant à elle, entraîne des réactions métaboliques, car le corps ne parvient pas à digérer correctement un aliment. Les traces d’une substance présente dans les aliments sont généralement tolérées, contrairement aux allergies. Les réactions n’impliquent pas de choc, mais provoquent des maux de ventres ou des troubles du transit. Le corps réagit dès le premier contact avec l’aliment. Les intolérances les plus connues sont celles au lactose et au gluten.
En cas de réaction après l’ingestion d’un aliment, il est important de se rendre chez un allergologue. Ce dernier pratiquera une anamnèse pour écarter ou confirmer une intolérance alimentaire, et effectuera un test cutané et sanguin en cas de suspicion d’allergie. Une fois les résultats obtenus, il prescrira le traitement adéquat et proposera une consultation diététique si nécessaire.
* Diététicienne HES diplômée.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/54b0f65a-0fbc-11e1-a8be-dfa1fddbe53c|1

LES BIENVEILLANTS – Soyez gentils, c’est bon pour la santé


Anna Faris dans le film américain de Fred Wolf, "Super blonde" ("The House Bunny"). (SONY PICTURES)
A quelques jours du 13 novembre, journée mondiale de la gentillesse (voir la liste de toutes les journées mondiales), Psychologies Magazine publie un dossier spécial gentillesse.
On y trouve notamment le portrait d'un gentil qui explique "comment la douceur et la compassion ont peu à peu grandi en lui", ou encore un article sur les "sept bonnes raisons d'être gentil" dans lequel on apprend que la gentillesse renforce le système immunitaire et soulage de la douleur. "Selon les observations d’IRM, les actes de générosité et de gratitude activent la partie du cerveau qui libère les endorphines", explique le mensuel.
Les gentils sont moins dépressifs
Suit un second article consacré aux "bienfaits scientifiquement prouvés" de la gentillesse : "Aller vers les autres en s’investissant dans des associations, c’est aussi engranger des bénéfices pour soi à long terme, explique le magazine. Selon plusieurs études, "les personnes ayant des activités bénévoles obtiennent en effet des scores supérieurs à la moyenne en termes d’évaluation du sentiment de bonheur, de la qualité de vie et de l’estime de soi. Moins dépressives, il semblerait qu’elles soient aussi moins touchées par la maladie d’Alzheimer, que leur état de santé général soit meilleur et leur mortalité plus faible".
Attention cependant, met en garde le mensuel : "Ces bénéfices ne s'observeraient plus au-dessus d’un certain seuil, quand l’engagement va au-delà de cent heures par an. La limite entre don de soi et oubli de soi ?" Ou comment valider scientifiquement l'expression populaire "trop bon, trop con".
Appel à la bienveillance au travail
En marge de cette journée, le mensuel a lancé un "appel à la bienveillance au travail", déjà signé par 250 entreprises françaises, dont France Télécom et le syndicat CFDT (voir la liste).
Il commence ainsi : "Nous, dirigeants, managers, salariés, coachs, psys, appelons les acteurs du monde du travail à s’engager sur la voie de la bienveillance. Bienveillance des dirigeants envers leurs collaborateurs, des collaborateurs entre eux et envers l’entreprise. Nous croyons que bienveillance, exigence et performance économique sont indissociables. L’avenir de nos entreprises repose sur notre savoir-faire, mais aussi, et surtout, sur notre savoir-être."
Les entreprises s'engagent "à envisager (...) des actions concrètes et réalistes à mettre progressivement en place" sur trois thèmes : "donner du sens au travail de chacun" ; "développer la qualité des relations et le mieux vivre ensemble" ; "veiller au bien-être des individus".
Pour sortir la France de la crise, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Choyez vos collègues, la productivité de nos entreprises fera pâlir d'envie les plus grandes usines chinoises, les multinationales relocaliseront et les agences de notation vanteront bientôt le nouveau "miracle français".
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2011/11/09/les-bienveillants-soyez-gentils-cest-bon-pour-la-sante/

Une relique au secours de la dénatalité

Lettre de Russie |  | 10.11.11 | 17h48   •  Mis à jour le 10.11.11 | 17h51

Sofia avait 19 ans quand elle est tombée enceinte. Le père ne voulait pas de l'enfant, la famille non plus. "Ta vie sera gâchée", lui a expliqué sa mère. "Si tu gardes l'enfant, tu peux faire une croix sur tes études", a renchéri sa grand-mère. Petit ami, amies, proches l'incitaient à se faire avorter. Pour Sofia, il n'en était pas question.

La jeune femme a tenu bon. Elle a accouché d'une petite fille qui a 5 ans aujourd'hui. Il lui a fallu interrompre ses études de médecine, elle a fini par trouver un travail dans le tourisme. Sofia ne regrette rien : "J'ai choisi la vie plutôt que l'absence de vie."
Pourtant, elle est pour l'avortement : "Personnellement, je n'ai pas voulu y recourir, mais je considère que c'est l'affaire de chaque femme." Sofia a suivi de près l'adoption par la Douma (la chambre basse du Parlement russe), le 21 octobre, de la loi sur l'avortement. En discussion depuis le début de 2011, le projet de loi a fait couler beaucoup d'encre.
Sept religieux orthodoxes et un musulman faisaient partie du groupe de travail chargé de formuler des suggestions. Parmi celles-ci, l'obligation faite aux mineures de demander l'autorisation de leurs parents, aux femmes mariées celle du mari. L'autre proposition consistait à augmenter les tarifs de l'opération afin de dissuader les femmes de se faire avorter. "C'est stupide : elles auront recours aux avortements clandestins, ou alors elles mettront au monde des enfants pour ensuite les abandonner", estime Sofia. D'ores et déjà, le pays compte près d'un million d'orphelins et les abandons de nouveau-nés sont légion.
Au soulagement général, ces recommandations n'ont pas été suivies par les députés. Dans sa version finale, la loi prévoit l'instauration d'un "délai de réflexion" (entre deux jours et une semaine) et fixe la limite de l'intervention à douze semaines (vingt-deux semaines en cas de viol ou de complication médicale). Pendant ce délai, des consultations psychologiques sont prévues.
Les religieux de la Fondation orthodoxe de Saint-André, auteurs de "recommandations médicales pour les consultations en vue d'un avortement", ont évoqué la nécessité de "faire peur aux femmes en insistant sur les risques de complications". Pour quel résultat ?
Avec 1,186 million d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) en 2010 selon Rosstat, le comité d'Etat aux statistiques, la Russie affiche l'un des plus forts taux d'avortement au monde. Certains experts affirment que les statistiques officielles ne prennent pas en compte les IVG pratiquées dans les cliniques privées et que le nombre total d'IVG serait de 5 à 6 millions chaque année.
Malgré une décennie de mieux-être économique, la Russie (142,9 millions d'habitants dont un million de migrants légaux) reste confrontée à un problème vertigineux : sa démographie. Minée par la dénatalité et surtout par la surmortalité masculine - l'espérance de vie masculine est de 62 ans selon l'OMS -, la Russie a perdu 2,2 millions d'habitants en huit ans, soit une baisse de 1,6 % de sa population, selon les résultats préliminaires du recensement d'octobre 2010.
Alarmées par ce problème, les autorités ont, dès 2007, mis en place des mesures destinées à encourager les naissances (prime dès le deuxième enfant, doublement des prestations familiales). Depuis, la natalité a connu un léger sursaut avec 1,7 million de naissances en 2010. Mais il en faudra plus pour que le pays connaisse enfin un solde positif de sa population. D'autant que les femmes désormais en âge de procréer font partie des "classes creuses", soit les générations nées entre 1985 et 1990, quand le chaos surgi du postcommunisme n'incitait guère à fonder une famille.
Heureusement, l'Eglise orthodoxe n'est pas à court d'idées. Le 20 octobre, la ceinture de la Vierge Marie, une relique censée stimuler la fertilité féminine, est arrivée de Grèce en grande pompe. Le premier ministre Vladimir Poutine est venu en personne l'accueillir à l'aéroport de Saint-Pétersbourg, l'ancienne capitale impériale. Il fallait bien ça. Conservée jusque-là dans un monastère du mont Athos - interdit aux femmes -, la ceinture n'était jamais sortie dans le monde. Grâce au pouvoir de persuasion de la Fondation de Saint-André, dirigée par Vladimir Iakounine, le président de RJD (la SNCF russe), un proche de Vladimir Poutine, les moines grecs ont bien voulu la prêter.
Montrée à l'église de Notre-Dame-de-Kazan, sur la perspective Nevski, la précieuse relique partira bientôt en tournée dans toute la Fédération. D'ici au 23 novembre, elle sera montrée dans douze villes, de Kaliningrad (l'enclave russe entre la Pologne et la Lituanie) à Vladivostok (Extrême-Orient) en passant par Moscou.
Son succès est assuré. A Saint-Pétersbourg, des milliers de femmes ont attendu des heures durant aux abords de l'église pour l'effleurer du bout des doigts. Portée, dit-on, par la Vierge jusqu'à son dernier souffle, la ceinture a le pouvoir de guérir les maladies graves et de favoriser la fertilité. Et pas seulement. Exposée dans des centres d'aide psychologique pour femmes enceintes, elle pourrait aussi les dissuader d'avorter, affirme le site du patriarcat orthodoxe.


Santé : les Grecs malades de la crise


David Belliard
Alternatives Economiques n° 307 - novembre 2011

couverture
Crise de l'euro : les solutions au banc d'essai
A ses difficultés économiques, la Grèce voit s'ajouter une situation sanitaire de plus en plus préoccupante.

La cure d'austérité que subit la Grèce n'a, pour ses habitants, de cure que le nom. Une récente étude britannique, publiée dans le journal médical The Lancet, souligne que les coupes budgétaires drastiques opérées dans le secteur de la santé ont sensiblement dégradé la situation sanitaire du pays. La proportion de personnes qui reportent leur visite chez le médecin ou le dentiste a augmenté. Et les admissions à l'hôpital public ont bondi de 24 % par rapport à 2009, tandis que celles des cliniques privées chutaient de près de 30 %.
Les auteurs décrivent un système hospitalier gravement touché par la réduction de ses financements (- 40 % depuis le début de la crise). Au manque de personnel et aux ruptures d'approvisionnement en médicaments s'ajoute la corruption des professionnels de santé, devenue un passage obligé quand on veut être pris en charge rapidement.
En outre, la réduction du financement de l'accompagnement des usagers de drogue a eu pour conséquence l'accroissement de 20 % du nombre des consommateurs d'héroïne et, par ricochet, du nombre de nouvelles contaminations au VIH, dont la hausse est estimée à plus de 52 % en 2011 par rapport à 2010. Ce risque est d'autant plus fort que la suppression de nombreux programmes à destination des usagers de drogues (85 % ne sont pris en charge par aucune structure) pousse une partie d'entre eux vers la prostitution, multipliant les risques de contamination.
Une vague de suicides
Mais les coupes budgétaires dans le domaine de la santé ne sont pas les seules responsables de la détérioration du contexte sanitaire. La Grèce fait aussi face à un accroissement sans précédent du nombre de suicides (+ 25 % entre 2010 et 2011), alors qu'il était jusque-là l'un des plus bas d'Europe. Une des causes de cette vague serait l'impossibilité de rembourser ses dettes, à laquelle vient s'ajouter un climat social profondément dégradé : la violence a augmenté et les homicides ont doublé entre 2007 et 2009.
Les ONG ont partiellement pris le relais du système de santé défaillant. Ainsi, l'association grecque Médecins du monde a vu la fréquentation de ses centres d'accueil augmenter de 30 % en un an. Comme le soulignent en conclusion les auteurs de l'article du Lancet, " une plus grande attention à la santé et à l'accès aux soins est nécessaire pour s'assurer que la crise grecque ne détruise pas ce qui fait larichesse du pays : ses habitants ".

David Belliard
Alternatives Economiques n° 307 - novembre 2011 

 

Santé: les dix remèdes que personne n'ose prescrire

Pour en finir avec le déficit de la Sécu, des réformes en profondeur sont nécessaires. Mais, jusqu'à présent, la volonté politique a fait défaut pour les imposer.

La France compte trop d'établissements dédiés à la chirurgie et à la maladie, et pas assez de lits pour les soins longs (rééducation, gériatrie...)
La France compte trop d'établissements dédiés à la chirurgie et à la maladie, et pas assez de lits pour les soins longs (rééducation, gériatrie...)
Reuters / Jean-Paul Pelissier
Des dépenses "maîtrisées", un déficit "en baisse"... En matière d'assurance-maladie au moins, le gouvernement a pu présenter des comptes un peu plus pimpants qu'au début du quinquennat. Mais le problème n'est pas réglé pour autant. Malgré des recettes supplémentaires, les chiffres restent dans le rouge, avec un trou de l'ordre de 10 milliards d'euros en 2011. Et la faible progression des dépenses n'est qu'une conséquence de la politique de déremboursements menée depuis cinq ans. Le budget 2012, lui, ne déroge pas à la règle : les mesures conjoncturelles sont encore privilégiées (baisse de prix de médicaments, hausse de la taxe sur les mutuelles), au détriment des réformes structurelles. "La France fait toujours le choix du plus cher.
Nous hospitalisons trop, nous privilégions le spécialiste plutôt que le généraliste, le médecin plutôt que l'infirmière", résume l'économiste Jean de Kervasdoué. Un choix coûteux et de surcroît inadapté aux "épidémies modernes" que sont le cancer et les maladies chroniques (diabète, affections cardio-vasculaires...), à l'origine de 90 % de la hausse des dépenses. "Les candidats à la présidentielle doivent se saisir du sujet. Le système ne peut plus être géré par une politique de petits pas", souligne Didier Tabuteau, coauteur d'un Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire (lire page 88). De fait, beaucoup de ces "réformes structurelles" forment un tout, et ne peuvent aboutir isolément. Démonstration à travers dix exemples de mesures trop longtemps repoussées.
1. Prendre en charge autrement les maladies gravesC'est sans doute la question la plus explosive : comment faire pour limiter l'envolée des dépenses liées à la prise en charge à 100 % par la Sécu des maladies graves (cancer, diabète...) ? Elles concernent 15 % des assurés, mais représentent déjà 60 % des remboursements, et progressent vite. Pourtant, les Français tiennent à ce régime. Alors les rapports s'empilent (Haute Autorité de santé, Cour des comptes, Parlement, Académie de médecine...) et le toilettage demeure marginal. Comme avec la suppression, en juin, de l'accès aux 100 % pour les nouveaux malades atteints d'hypertension artérielle sévère.
Malgré des dépenses contenues... Santé: les dix remèdes que personne n'ose prescrire En 2010 et en 2011, la croissance des dépenses de l'Assurance-maladie a respecté l'objectif fixé par le Parlement. Du jamais-vu depuis 1997.
Le prochain gouvernement osera-t-il aller plus loin ? L'idée de réserver ce régime aux pathologies "véritablement longues et coûteuses" est souvent évoquée. D'autres maladies seraient alors exclues, comme le diabète sans complications ou certaines affections coronariennes. Alternative : le "bouclier sanitaire". En clair, faire table rase du système actuel et instaurer pour tous les assurés un plafond, variable selon les revenus, au-delà duquel la Sécu rembourse toutes les dépenses de soins. "On pourrait aussi appliquer une loi de 2004, qui prévoyait d'obliger les patients à respecter des protocoles de soins précis, sous peine de ne plus être remboursés à 100 %", suggère Jean-Marc Aubert, associé chez Jalma et ex-directeur délégué de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam). L'intérêt ? Eviter une dégradation de l'état de ces malades, et donc une hausse du coût de leur traitement. Encore faut-il que les conditions d'un bon suivi soient réunies...
Impossible d'obliger un médecin à respecter des règles tant que les protocoles de soins ne sont pas validés et formalisés.
2. Améliorer le suivi des malades chroniquesSoyons honnête, les responsables de l'Assurance-maladie ne sont pas restés les bras croisés face à l'envolée du coût des maladies graves. Depuis mars 2008, des infirmiers employés par la Sécu suivent des patients diabétiques, pour les aider à respecter des conseils d'hygiène de vie et un protocole de soins (examens ophtalmologiques, cardiaques...). Et cela marche ! Les 100 000 malades (sur 2,9 millions) inscrits dans ce programme se portent mieux et consomment moins de soins que les autres. "Il faudrait proposer ce service à toutes les personnes souffrant de maladie chronique.
Mais, en France, la gestion du système est conservatrice, et on déplace lentement les moyens vers ce genre d'innovation", regrette Jean-Marc Aubert. Autre problème, l'exercice médical à la française, souvent en cabinet isolé, n'est pas adapté au suivi des malades chroniques. "Il faut plutôt des maisons de santé pluridisciplinaires, où des généralistes travaillent main dans la main avec des infirmières et du personnel administratif, pour les rappels d'examens, la coordination avec l'hôpital, etc.", insiste Didier Tabuteau. Les politiques, qui voient surtout dans ces structures une réponse à la pénurie de médecins en zone rurale, essaient de les encourager. "Le problème, c'est qu'elles sont sous-financées", déplore Jean de Kervasdoué.
3. Faire travailler ensemble médecins et infirmiersUne des ambitions de la loi Bachelot de 2009 était d'encourager les médecins à travailler davantage avec les infirmiers, voire à leur déléguer une partie de leur activité. Le bilan ? "Décevant", selon la Cour des comptes. Les médecins sont "réticents" - et on les comprend. Rien n'est prévu pour les rémunérer quand ils transfèrent un acte. Les questions de responsabilité ne sont pas tranchées : qui assume cet acte, le médecin ou l'infirmier ? Plus absurde encore, la dernière réforme des études d'infirmier "n'a pas pris en compte la préparation aux tâches susceptibles de leur être déléguées"...
4. Payer différemment les généralistesPas encore la révolution, mais déjà un tournant. Dès 2012, le paiement à l'acte sera complété par quelques forfaits, et surtout par une rémunération "à la performance". Les généralistes toucheront une prime en fonction de l'atteinte d'objectifs de santé publique fixés par la Sécu. "La Cnam a habilement su imposer cette réforme, malgré l'opposition initiale du principal syndicat médical", applaudit l'économiste Pierre-Yves Geoffard. Mais, selon lui, il faudrait aller vers une rémunération plus forfaitaire. Comme en Grande-Bretagne, où les généralistes sont payés en grande partie selon le nombre de malades inscrits à leur cabinet. "Vouloir développer des maisons de santé où plusieurs médecins et infirmiers doivent coopérer sans changer de mode de rémunération n'a pas de sens", insiste cet économiste. De fait, le paiement à l'acte pousse plutôt à la concurrence. "Cette réforme permettrait aussi de dégager des économies, car les médecins seraient moins incités à faire revenir les patients. On pourrait ainsi revaloriser les généralistes, qui en ont bien besoin", ajoute Jean de Kervasdoué.
5. Harmoniser les pratiques médicalesUn seul exemple suffit pour comprendre le problème, l'opération de l'appendicite. C'est à Paris que cet acte est le moins fréquent chez les moins de 20 ans. A contrario, la probabilité de subir une appendicectomie avant 20 ans est deux fois plus élevée dans 32 départements. D'après la Sécu, si le recours à cet acte était identique sur tout le territoire, 15 000 opérations seraient évitées chaque année. "Partout où on ouvre les yeux, on trouve ces différences", constate le Pr Hubert Allemand, médecin-conseil national à la Cnam. L'harmonisation des pratiques médicales générerait donc d'importantes économies.
... le déficit reste élevé Santé: les dix remèdes que personne n'ose prescrire La crise a eu un impact sans précédent sur les recettes, mais elle n'explique pas tout. Pour les experts, la moitié du déficit est structurelle.
Mais le sujet est sensible, car les praticiens n'apprécient guère que l'on mette le nez dans l'exercice de leur art, et l'Assurance-maladie avance avec prudence. La rémunération à la performance est une façon d'inciter les médecins à rapprocher leur pratique de "standards" bien établis. Mais le dispositif ne concerne pour l'heure que les généralistes, autour d'une trentaine d'objectifs seulement. La Sécu est aussi intervenue auprès des établissements qui hospitalisaient inutilement pour certaines opérations (la chirurgie de la cataracte, par exemple, ne nécessite pas de passer une nuit à l'hôpital), et elle surveille de près les prescriptions de kiné et d'arrêts maladie. Mais elle se heurte à un problème : le manque de protocoles de soins validés par la Haute Autorité de santé. Impossible en effet d'obliger un médecin à respecter des règles quand celles-ci ne sont pas formalisées. Dans ce cas, l'Assurance-maladie peut juste lui signaler que sa pratique est très différente de celle de ses confrères...
6. Mieux répartir les libéraux sur le territoireLa Cour des comptes l'a encore rappelé : la mauvaise répartition des médecins libéraux pose des problèmes d'accès aux soins dans les régions sous-dotées, mais génère aussi des gaspillages, en entraînant une "surconsommation" là où ils sont trop nombreux. Pourtant, aucune des mesures incitatives prises jusqu'à maintenant n'a pu inverser la tendance. Alors ? "Il convient de ne plus exclure l'hypothèse de mesures plus contraignantes", disent poliment les magistrats de la Cour. Il y a urgence, car à ce problème s'ajoute un autre, de plus en plus prégnant dans certaines zones ou pour certaines disciplines : la difficulté de trouver un médecin ne pratiquant pas de dépassements d'honoraires.
7. Revoir la carte hospitalièreLe sujet a beau être rebattu, il n'avance pas beaucoup. On le sait, la France compte trop de structures dédiées aux soins "aigus" (chirurgie, maladie), et pas assez de lits pour les soins longs (rééducation, gériatrie...). D'où, notamment, un encombrement des urgences : comme les lits de court séjour sont occupés par des malades qui ne peuvent pas être transférés dans des structures de moyen ou de long séjour, les urgentistes n'arrivent pas à "caser" leurs patients.
Le taux de remboursement s'est effrité... Santé: les dix remèdes que personne n'ose prescrire Déremboursements, franchises... Les assurés ou leurs mutuelles paient une part croissante des dépenses de soins.
Solution : réorienter l'activité de certains hôpitaux. Comme la question est très sensible, le ministère a choisi d'avancer par le biais de "coopérations" entre hôpitaux, devant aboutir à une nouvelle "répartition des activités". Mais, pour l'instant, les résultats sont médiocres, selon la Cour des comptes.
8. Développer les alternatives à l'hôpitalCette proposition figure tous les ans au catalogue des économies possibles présentées par les responsables de la Sécu. L'idée : créer des "centres chirurgicaux autonomes" pour réaliser des opérations simples, à un coût moindre qu'à l'hôpital ou en clinique. Pour la seule chirurgie de la cataracte, l'économie pourrait s'élever à 12 millions d'euros par an. Une pratique courante à l'étranger (Allemagne, Canada, Etats-Unis...), mais qui supposerait chez nous d'adapter la législation pour créer un statut entre le cabinet médical et les établissements, avec des contraintes de gestion plus souples. "Jusqu'ici, les représentants des hôpitaux et des cliniques ont toujours réussi à bloquer le dossier", regrette un bon connaisseur du sujet.
9. Modifier la fixation du prix des médicamentsC'est une spécificité française : avaler systématiquement les pilules les plus coûteuses, même quand des médicaments similaires moins onéreux existent. "L'exemple type, ce sont les antihypertenseurs. Il en existe plusieurs catégories, qui se valent le plus souvent. Mais les médecins pensent que les plus chers sont les meilleurs, et ils les prescrivent plus", raconte le consultant Jean-Marc Aubert. Comme l'a rappelé la Cour des comptes, le mécanisme de fixation des prix, "insuffisamment rigoureux", ne reflète pas l'intérêt réel des produits.
... surtout pour les soins courants Santé: les dix remèdes que personne n'ose prescrire Les maladies graves continuant d'être bien couvertes par la Sécu, le "reste à charge" s'alourdit surtout pour les soins de ville courants.
La Haute Autorité de santé évalue l'apport thérapeutique du médicament. Mais elle se fonde sur des études réalisées par les fabricants, souvent sans comparaison avec les molécules existantes. Pis, tant le ministère de la Santé, qui décide de rembourser ou non les médicaments, que le Comité économique des produits de santé, chargé de négocier les prix avec les industriels, ont la fâcheuse habitude de s'asseoir sur ses avis. Autant de faiblesses oubliées par la loi sur le médicament.
10. Repenser le mode de financement des soinsAugmenter la CSG pour financer les dépenses de santé ? Malgré la persistance des déficits, l'actuel gouvernement en a fait un tabou. Mais la question se reposera, du fait de la hausse inéluctable de la demande de soins. De même, le débat sur la "redéfinition des frontières entre l'assurance-maladie obligatoire et les assurances complémentaires", annoncé dès 2007 par Nicolas Sarkozy, n'a jamais été ouvert. "Pourtant, on voit que les complémentaires sont indispensables, même pour l'accès aux soins courants. Dès lors, il faudrait clarifier leur place dans le système, et, pourquoi pas, définir un droit à la complémentaire santé", plaide Etienne Caniard, le président de la Mutualité française. Les candidats inscriront-ils ces questions à leurs programmes ? Réponse dans quelques mois.http://lexpansion.lexpress.fr/economie/sante-les-dix-remedes-que-personne-n-ose-prescrire_267526.html
Santé vendredi16 septembre 2011

Sus aux maladies non transmissibles!

Paul Benkimoun
Auscultation d’une diabétique. (Getty Images North America/AFP)
Auscultation d’une diabétique. (Getty Images North America/AFP)
L’ONU se mobilise contre les nouveaux maux de notre temps. Une conférence doit dessiner à New York les contours de la lutte
Elles représentent un coût humain impressionnant en termes de morbidité et de mortalité, mais sont les grandes oubliées des programmes de financement internationaux. Ce sont les maladies non transmissibles, avec au premier rang les affections cardio-vasculaires, le cancer, les maladies respiratoires chroniques et le diabète.
Elles sont responsables de 36 millions de décès par an dans le monde, soit 63% des décès totaux, et de plus de la moitié des morts dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. En 2020, elles tueront quatre fois plus que les maladies infectieuses dans le tiers-monde. Pourtant, elles ne mobilisent que 3% de l’aide mondiale dans le secteur de la santé. Elles n’ont pas été incluses dans les Objectifs du millénaire pour le développement. Et les industriels, notamment de l’agroalimentaire, freinent des quatre fers la mise en place de politiques contraignantes.
La prise de conscience de l’ampleur du problème a conduit l’Assemblée générale de l’ONU à programmer une «réunion de haut niveau» consacrée aux 4 principales maladies non transmissibles, les 19 et 20 septembre, à New York.
Le British Medical Journal (BMJ) a publié, mardi 23 août, une enquête et un article de commentaire fustigeant l’attitude des gouvernements des pays riches. Ceux-ci refusent de fixer des objectifs quantifiés, un calendrier, et, surtout, des mesures fermes à l’encontre des facteurs de risques, pour la plupart communs aux quatre maladies: mauvais régime alimentaire, manque d’activité physique et consommation excessive d’alcool. Seul le tabac fait déjà l’objet, mais pas partout, de législations drastiques.
Cette position résulte, selon le BMJ, d’un lobbying soutenu des entreprises des secteurs concernés. ­Industriels et gouvernements des pays les plus développés privilégient les mesures volontaires, les partenariats public-privé et la promotion de la santé. Ils mettent en garde vis-à-vis des effets négatifs que des mesures coercitives auraient sur l’emploi et l’économie.
«L’emploi contre la santé, c’est un schéma éculé. Il existe une relation dialectique entre la santé de l’économie et la santé des populations. Des industriels qui ne comprendraient pas cela ne raisonnent qu’à court terme et s’en mordront les doigts», s’indigne l’épidémiologiste William Dab, du Conservatoire national des arts et métiers.

Fondée par quatre organisations non gouvernementales (Fédération internationale du diabète, Union internationale contre le cancer, Fédération mondiale du cœur et Union internationale contre la tuberculose et les maladies pulmonaires), l’Alliance contre les maladies non transmissibles a écrit, le 16 août, au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Elle qualifie d’«inacceptable» la manière dont «sont systématiquement supprimées du projet de déclaration, édulcorées et atténuées, les propositions judicieuses d’inclure des engagements et des objectifs datés». L’Alliance se dit «particulièrement préoccupée par les actions des Etats-Unis, du Canada et de l’Union européenne (UE) de bloquer les propositions d’inclure un objectif global: diminuer de 25% d’ici à 2025 les morts évitables».
La journaliste du BMJ indique avoir eu accès à l’état, daté du 5 août, du projet de déclaration qui circule entre les Etats membres de l’ONU. Comme chaque modification du texte porte le nom du pays qui en est l’auteur, il est facile de connaître la position de chacun. Ainsi, les Etats-Unis ne ménagent pas leurs efforts pour que la déclaration formule une série d’objectifs sur une base volontaire. Sur la question de la nutrition – la plus épineuse –, le «G77», qui regroupe les pays en développement dont l’Inde, la Chine, le Kenya et le Brésil, défend la réduction de la teneur en graisses saturées, en sel et en sucre des aliments préparés. Une recommandation à laquelle s’opposent les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et l’UE, selon le BMJ.
«Sans être partisan d’une santé publique autoritaire et contraignante, certaines mesures s’imposent malgré tout. Ainsi, réduire l’offre de sucre, de sel et de gras passe par des normes qui ne seront respectées que si elles sont obligatoires. Il faut bien sûr inciter à des comportements sains, mais cela ne suffit pas», estime le professeur Dab.
Dans le BMJ, trois chercheurs, dont Martin McKee (London School of Hygiene and Tropical Medicine), n’hésitent pas à égratigner jusqu’à la Fondation Gates, «qui apporte plus de 3,5 milliards de dollars chaque année à la recherche sur la santé, offre moins de 3% de ses financements à la recherche sur les maladies non transmissibles, tout en détenant des actions d’entreprises de l’agroalimentaire – dont 10% de Coca-Cola». http://www.letemps.ch/Page/Uuid/eb4f41e6-dfcb-11e0-bbfc-47ba51befdc4|

Santé vendredi16 septembre 2011

«Ce sont aussi des maladies de pauvres»

Quelle position défendra la Suisse? Interview
Chef de la Division internationale de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), l’ambassadeur Gaudenz Silberschmidt sera l’un des principaux négociateurs suisses aux côtés de la présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey.
Le Temps: Quelle sera la position de la Suisse à New York?
Gaudenz Silberschmidt: La Suisse considère que les maladies non transmissibles ont pris une telle importance dans le monde que le temps est venu d’adapter partout à leur développement la prévention et les systèmes de santé.
– Ces affections-là ne représentent-elles pas des maladies de riches? Et ne risque-t-on pas de détourner l’attention et les moyens de la communauté internationale des maladies transmissibles, qui touchent surtout les pauvres?
– Détrompez-vous! Ces maladies ne concernent pas que les pays riches. Elles se répandent aussi dans les pays émergents où les gens fument plus et souffrent davantage d’obésité. Quant aux pays en développement, ils subissent aujourd’hui une double charge de maladie. Tout en restant vulnérables aux maladies transmissibles, ils connaissent de plus en plus de cas de maladies non transmissibles.
– Qui milite en faveur d’une mobilisation mondiale contre les maladies non transmissibles et qui, à l’inverse, s’y oppose?
– Je ne vois pas autour de moi de fortes oppositions à cette mobilisation, même si on peut imaginer que l’industrie du tabac ne la suit pas d’un très bon œil. Ni l’industrie pharmaceutique, ni l’industrie alimentaire ne montrent par exemple de volonté d’y résister. Elles entendent plutôt accompagner cette évolution. Le débat a lieu plutôt entre ceux qui estiment que le problème nécessite de gros investissements financiers et ceux qui considèrent qu’il est plus complexe et qu’il exige plutôt des changements de comportements.
– Quel rôle accordez-vous à L’Etat dans un tel cas? Doit-il proposer ou imposer?
– Les interdictions, comme celle de vendre de l’alcool aux mineurs, sont nécessaires mais elles doivent rester rares. L’Etat a pour rôle essentiel de faciliter les comportements sains.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ea8aac3c-dfcb-11e0-bbfc-47ba51befdc4/Ce_sont_aussi_des_maladies_de_pauvres

"Cupidité, pouvoir et argent" à l'origine du décès de Michael Jackson


afp
Mis en ligne le 16/09/2011

Dans un entretien à la chaîne CNN diffusé jeudi, Jermaine Jackson souligne que la santé de son frère s'était fortement dégradée dans les mois précédant
La "cupidité" de l'entourage de Michael Jackson est à l'origine de sa mort, a affirmé son frère Jermaine Jackson, qui a par ailleurs estimé que le médecin du chanteur "n'avait pas" à lui administrer le puissant sédatif qui l'a tué. Jermaine, ancien membre des Jackson Five, le groupe formé au début de sa carrière par Michael et ses quatre frères, estime que ceux qui étaient auprès du "roi de la pop" juste avant sa mort ne pensaient qu'à la série de juteux concerts qu'il devait tenir à Londres.
Dans un entretien à la chaîne CNN diffusé jeudi, il souligne que la santé de son frère s'était fortement dégradée dans les mois précédant son décès en 2009, lorsqu'il répétait de manière intensive pour les concerts, mais que personne n'avait prévenu sa famille.
"Pourquoi personne ne m'a appelé, ou Jackie ou Tito ou Marlon, sa famille pour dire: +Venez, votre frère ne va pas bien+? Si on nous avait appelés, il serait en vie aujourd'hui. Nous l'aurions conduit à l'hôpital".
Interrogé pour savoir pourquoi, à son avis, ils n'avaient pas été prévenus, Jermaine Jackson a répondu: "Parce qu'ils voulaient que les concerts aient lieu... C'est une histoire de cupidité, de pouvoir et d'argent. Sans se soucier de la personne de Michael".
Le procès de Conrad Murray, le médecin du roi de la pop accusé d'homicide involontaire dans la mort du chanteur à 50 ans, a commencé début septembre à Los Angeles, avec le processus de sélection des jurés.