mardi 29 décembre 2015

Quinze clés scientifiques pour ce début de siècle - Le Temps

Quinze clés scientifiques pour ce début de siècle - Le Temps

Sciences
Quinze clés scientifiques pour ce début de siècle

Voici quinze découvertes ou percées qui comme des «sésames», ont ouvert la porte, entre l'an 2000 et aujourd'hui, à de nouveaux champs d'exploration

2002
Toumaï, un nouvel ancêtre pour l’humanité

En 2002, la présentation du crâne fossile de Toumaï dans la revue Nature ébranle le monde de la paléontologie. Avec un âge estimé à 7  millions d’années, il s’agirait du plus ancien représentant de la lignée humaine jamais découvert.

A titre de comparaison, la célèbre australopithèque Lucy n’a «que» 3,2 millions d’années! Sahelanthropus tchadensis, de son nom scientifique, ressemblait à nos chimpanzés actuels par certains aspects, comme la taille de sa boîte crânienne.

Mais la forme de ses dents et de son crâne ont amené le paléontologue français Michel Brunet à le classer parmi les hominidés, le groupe de primates auquel appartient l’être humain. Largement saluée par la communauté scientifique, la découverte de Toumaï a soulevé de nouvelles questions sur l’origine de l’humanité.

Ses ossements ont en effet été découverts au Tchad, en Afrique centrale, et non en Afrique de l’Est comme la majorité des autres fossiles d’hominidés. Alors, d’où vient l’être humain? D’autres trouvailles paléontologiques seront nécessaires pour répondre à cette question.

Notre humanité réexposée (23.10.2015)
2003
Le séquençage du génome humain, percée pleine d’espoirs

Nombreux sont les organismes vivants dont l’ADN a été décrypté au cours des années 2000.

La première plante, la petite arabette des dames (Arabidopsis thaliana) dévoile son génome en 2000, suivie par la souris de laboratoire (Mus musculus) en 2002.
La course effrénée pour le séquençage du génome humain, sur plus de dix ans, prend fin quant à elle en 2003, soit cinquante ans après la découverte de la structure de l’hélice d’ADN par James Watson et Francis Crick. La lecture des 3 milliards de «lettres» contenues dans notre ADN, qui dictent l’architecture de notre corps, ne s’est pas faite sans remous. Le Human Genome Project, lancé en 1990 par des institutions publiques et financé à hauteur de centaines de millions de francs, a été talonné par son concurrent, la société Celera Genomics, dirigée par l’Américain Craig Venter.

En avril 2000, l’entreprise annonce avoir séquencé 90% du génome, ébranlant le consortium public qui, le mois suivant, fait la même déclaration. Toutes les données publiques ont été déposées sur la base de données GenBank, accessible en ligne. Dès son annonce, le séquençage de l’ADN humain fut porteur d’espoirs pour la santé avec la médecine personnalisée, le dépistage de maladies et la thérapie génique.

Or ce n’est qu’aujourd’hui que l’on commence à voir ces applications prendre forme. Il a fallu attendre 2012 et la découverte de la méthode ultra-précise de chirurgie de l’ADN appelée CRISPR-Cas9 pour relancer de réels espoirs cliniques autour de la thérapie génique.

L’ère de l’introspection génétique (17.03.2013)
2004
Le graphène, un miracle de la sérendipité

En 2004, deux émigrés russes de l’Université de Manchester, André Geim et Kostya Novoselov, se demandent comment produire de très fines couches de graphite, le carbone des mines de crayon, pour en étudier les propriétés électriques. Ils s’amusent à coller et à décoller des morceaux de ruban adhésif sur un bloc de graphite, y décrochant finalement une strate de carbone ayant atteint la plus fine épaisseur imaginable: un seul atome! Le graphène est né, avec d’immenses promesses.

Durable et biodégradable, cette monocouche possède d’incroyables propriétés électriques, optiques et mécaniques qui lui présagent un avenir radieux, sous forme d’écrans tactiles, de puces électroniques ultra-rapides, de cellules solaires à haute efficacité, de revêtement antirouille. Il peut même dessaliniser l’eau de mer et capter des poussières radioactives!

Le Nobel à deux chercheurs pour leurs travaux sur le graphène (05.03.2010)
2004
La téléportation appliquée aux atomes

«Beam me up, Scotty!»
Cette phrase, symbole de la série de fiction Star Trek, en aura fait fantasmer plus d’un: la promesse d’une téléportation, un voyage instantané entre deux points de l’univers, quelle que soit leur distance.

En juin 2004, deux équipes américaine et autrichienne ont annoncé, indépendamment, qu’elles ont téléporté l’état d’un atome.

Autrement dit, copié les caractéristiques d’un atome sur un autre atome, sans interaction directe entre ces particules. Un résultat rendu possible par les étonnantes propriétés de la matière à l’échelle quantique. Mais attention! Il ne s’agit pas de téléporter des humains, seulement d’explorer de nouvelles voies de télécommunications!

Et la lumière fut téléportée (27.10.2014)
2004
SpaceShipOne et SpaceX, l’espace à portée de mains privées

Ce 4 octobre 2004, au-dessus du désert des Mojaves, le SpaceShipOne, avion-fusée de la firme Scaled Composites, atteint pour la deuxième fois en quinze jours la limite des 100 km d’altitude, remportant ainsi l’Ansari X-Prize et ses 10  millions de dollars.

Mais plus que cette somme, c’est le symbole qui est fort, le vol de SpaceShipOne lançant le domaine du tourisme spatial suborbital, dans lequel s’est engouffré Richard Branson, patron du groupe Virgin Galactic.

Ce dernier fait depuis développer une version à six passagers de l’engin. Le 31 octobre 2014, celui-ci s’écrase lors d’un vol d’essai. Mais l’enthousiasme de Richard Branson pour l’espace n’est pas entamé.

En septembre 2008, un autre passionné de voyage spatial, l’entrepreneur Elon Musk, fait mieux: sa société SpaceX est la première entité privée à lancer une fusée, Falcon 1, jusqu’en orbite terrestre. Depuis, le milliardaire a fait construire des modèles plus puissants, dans le but d’acheminer du fret et des hommes à la Station spatiale internationale pour le compte de la NASA.

Incontestablement, Virgin Galactic et SpaceX sont deux des premiers acteurs de ce nouveau domaine du spatial privé en plein essor, appelé «Newspace».

La course spatiale des privés à l’orbite basse (21.07.2015)
2004
L’ère de la biologie synthétique débute

A partir de 2004, des biologistes s’inspirant des sciences de l’ingénieur désirent appliquer les mêmes concepts d’organisation, de prévisibilité et de robustesse aux systèmes vivants. Ils inventent un nouveau champ d’exploration, la «biologie synthétique», non sans controverse, à cause des problèmes éthiques et environnementaux qu’il soulève.

En 2005, des chercheurs décrivent le nombre minimal de gènes nécessaires à la survie d’un être vivant très simple, Mycoplasma genitalium (parasite du tractus urogénital humain). Puis, l’équipe dirigée par Craig Venter, entrepreneur visionnaire et pionnier du séquençage du génome, annonce en 2010 avoir fabriqué la première cellule vivante commandée par un ADN entièrement reconstitué en laboratoire: Mycoplasma laboratorium.

De là, les prouesses techniques se succèdent, avec notamment la synthèse d’un chromosome complet d’une cellule plus complexe de levure de bière, voire l’ajout de nouvelles combinaisons dans le code génétique en 2014. L’ère de la biologie de synthèse, qui ambitionne de façonner des organismes aux fonctions inédites (comme produire des molécules médicamenteuses) ne fait que débuter.

Un chromosome artificiel fabriqué en laboratoire (27.03.2014)
2005
L’optogénétique éclaire le cerveau

Le terme peut paraître abscons, mais l’idée est lumineuse.

L’optogénétique consiste à modifier génétiquement des cellules pour les rendre sensibles à la lumière. On peut alors les activer ou bloquer leur activité en les éclairant, ce qui offre aux scientifiques de nouvelles et fantastiques voies de recherche. Mise au point au début des années 2000, l’optogénétique a vite conquis le domaine des neurosciences.

Elle peut être utilisée sur des animaux vivants, des souris par exemple, dont les neurones rendus photosensibles sont exposés à la lumière par le biais d’une canule de fibre optique implantée dans leur cerveau. L’immense avantage de cette approche est qu’elle permet de cibler précisément les zones du cerveau à étudier.

Les scientifiques l’utilisent pour documenter des fonctions cérébrales comme la mémoire, l’olfaction ou encore le sommeil. Les applications thérapeutiques chez l’être humain existent, mais sont compliquées, du fait que la technique nécessite une modification génétique. Les essais les plus avancés portent sur le traitement de maladies génétiques de la rétine.

«La Fondation Louis-Jeantet prime les pionniers de l’optogénétique (16.04.2013)
2006
Les iPS, des cellules capables de tout

Prélever une cellule spécialisée – de peau, par exemple – chez l’adulte et la transformer en cellule immature, capable de donner ensuite n’importe quel type cellulaire présent dans l’organisme – neurone, cellule du foie, de muscle, etc. c’est possible!

Cette prouesse a été réalisée pour la première fois en 2006 par le biologiste japonais Shinya Yamanaka. Elle lui a valu le Prix Nobel de médecine en 2012, en raison de ses formidables perspectives thérapeutiques. Une modification portant sur quatre gènes est suffisante pour obtenir des cellules souches pluripotentes induites, ou cellules iPS (pour «induced pluripotent stem cells», en anglais) à partir de cellules adultes matures. Ces iPS peuvent alors être reprogrammées in vitro pour fournir différentes sortes de cellules spécialisées. Principaux avantages de cette approche, les iPS sont relativement faciles à produire et ne posent pas de problèmes éthiques.

A l’inverse, l’obtention de cellules souches d’embryons, possédant la même capacité à produire divers types cellulaires, nécessite de détruire des embryons. Depuis leur mise au point, les iPS ont surtout été utilisées pour créer des lignées de cellules malades et ainsi tester des traitements innovants. Dans le cadre de la médecine régénérative, elles offrent l’espoir de greffer au receveur ses propres cellules reprogrammées, diminuant ainsi le risque de rejet.

En 2014, une patiente japonaise atteinte d’une maladie de la rétine, appelée dégénérescence maculaire liée à l’âge, a été la première à recevoir des cellules iPS dans le cadre d’un essai clinique.

Des cellules souches pour réparer le cerveau (13.03.2015)
2008-2011
Que d’eau, sur Mars et la Lune!

D’abord sur la Lune, puis sur Mars. Décidément, l’eau n’est pas l’apanage de la seule Planète bleue. Les astronomes en ont d’abord détecté en 2008 à la surface de notre satellite grâce à la sonde indienne Chandrayaan1. En mesurant le rayonnement lunaire dans les longueurs d’onde caractéristiques de la molécule d’eau, ils estiment probable la présence du précieux liquide en surface.

D’autres sondes, notamment Epoxi et Cassini-Huygens, ont enfoncé le clou: toute la surface de la Lune, qu’on pensait sèche comme un morceau d’amadou, est en fait hydratée. Même chose pour Mars, lorsque en 2011 la sonde américaine MRO met en évidence des écoulements sombres sur des pentes montagneuses.

Pour nombre de scientifiques, c’est une certitude, il s’agit de la trace de l’eau liquide. Mais d’aucuns y voient des écoulements de glace carbonique, estimant que la planète rouge est trop froide pour abriter de telles quantités d’eau, même en été. Quoi qu’il en soit, il semble bien que de l’eau existe ailleurs que sur Terre. Les scientifiques peuvent désormais chercher sa présence sur toutes les planètes du Système solaire, mais aussi sur certains astéroïdes qui croisent l’orbite terrestre afin, pourquoi pas, d’en ramener un jour un échantillon…

De l’eau liquide répérée sur les pentes martiennes (28.09.2015)
2011
Une révolution imprimée en 3D

En médecine, de nouveaux champs du possible se sont ouverts grâce à l’impression en trois dimensions. Cette révolution médicale est déjà une réalité, pour les chirurgiens notamment, qui peuvent ainsi préparer au mieux leurs interventions, mais aussi fabriquer des implants sur mesure pour leurs patients. La première greffe complète réalisée avec cette technique a eu lieu fin 2011.

La mâchoire inférieure d’une octogénaire a alors été substituée par une prothèse en titane. En 2013, un implant dérivé du polyéther a également permis de remplacer 75% du crâne d’un patient. Si la bio-impression de tissus et de muscles est déjà de l’ordre du possible, il faudra néanmoins attendre encore quelques années avant de pouvoir envisager une transplantation chez l’homme.

Des oreilles grâce à l’imprimante 3D (21.02.2013)
2012
«Voyager» vers l’infini et au-delà

Août 2012, la sonde Voyager 1 quitte le Système solaire et s’enfonce vers l’infini sombre et glacé de l’espace intersidéral. Depuis son lancement en 1977 – avant même l’apparition des ordinateurs personnels – Voyager-1 a parcouru quelque 21 milliards de km, soit trois à quatre fois plus que la distance qui nous sépare de Pluton, que la sonde New Horizons survola d’ailleurs en 2015.

En pénétrant là où aucun objet terrestre ne s’est jamais aventuré, au milieu de débris d’étoiles, mortes il y a des millions d’années, le petit engin de la NASA a ouvert une nouvelle ère dans l’exploration spatiale, à la conquête d’autres étoiles. Mais il faudra être patient, car malgré une vitesse de 55 000 km/h, il ne devrait atteindre le prochain astre (Gliese 445) que d’ici… 40 000 ans!

Voyager 1 aux portes de l’inconnu (27.06.2013)
2012
Le boson de Higgs, clé de voûte de la «fiche technique» du monde

«Je suis bouleversé!»
Ce 4 juillet 2012 au CERN, à Genève, le physicien Peter Higgs ne cachait pas son émotion: la particule dont il avait postulé l’existence en 1964 venait d’être mis au jour à l’aide du grand collisionneur LHC, et l’annonce faite devant des auditoires bondés. La découverte du boson de Higgs venait se placer comme une clé de voûte dans la cathédrale érigée depuis des décennies par les scientifiques pour expliquer la matière et l’Univers: le Modèle Standard (MS).

Cette «fiche technique» du monde répertorie tous les types de particules (électrons, muons, photons, etc.) et les forces qu’il héberge. Or, dans ce tableau, le «Higgs» a une place à part puisque cette particule est censée expliquer pourquoi toutes les autres ont une masse. En trouver la signature revenait ainsi à valider le MS. Mais pas seulement. Car sur cette base, les physiciens peuvent aujourd’hui, avec un LHC à la puissance doublée, tenter de percer d’autres mystères. Par exemple: l’Univers est composé de 4% de matière visible (planètes, étoiles, etc.), mais surtout de 96% de matière et d’énergie sombre, de nature inconnue. Repérer des particules inédites donnerait du grain à moudre aux théoriciens pour y voir plus clair. Autre idée proposée: la supersymétrie, qui postule que toutes les particules possèdent une particule «miroir», beaucoup plus lourde.

A ce jour, aucune n’a été découverte. A moins que: le 15 décembre dernier, les scientifiques des expériences ATLAS et CMS, installées sur le LHC, ont annoncé ce qui pourrait être l’apparition, dans leurs données, d’une particule six fois plus lourde que le boson de Higgs. Rendez-vous à l’été 2016 pour savoir si la «particule de Dieu», comme on a appelé ce dernier, est l’un des membres d’une grande famille de particule. De quoi révolutionner la physique.

Un boson de Higgs nous est donné (11.03.2015)
2013
Première implantation d’un cœur entièrement artificiel

La première implantation d’une pompe de remplacement du cœur date de 1930. Cependant, les essais n’ont concerné jusqu’à récemment que des prototypes, qui permettent aux patients de survivre quelques jours avant la greffe d’un vrai cœur. En 2013, l’entreprise française Carmat – fondée par le chirurgien cardiaque Alain Carpentier et l’homme d’affaires Jean-Luc Lagardère – a greffé pour la première fois sa prothèse de 900 grammes dans le thorax d’un patient.

Le cœur Carmat mime le fonctionnement cardiaque et s’adapte à l’effort, mais il n’est indiqué que pour les hommes du fait de sa taille importante. Le premier patient est décédé 74 jours après l’opération; un deuxième patient, opéré en 2014, a survécu 9 mois, contre 8 mois pour une troisième personne greffée le 8  avril 2015. L’essai clinique se poursuit.

Les cœurs artificiels (13.02.2015)
2013
Les neutrinos, fenêtres sur l’Univers violent

Fin 2013, les physiciens de l’expérience IceCube, un détecteur enfoui dans les glaces de l’Antarctique, déclarent avoir observé 28 neutrinos cosmiques de très haute énergie – environ un million de fois plus importante que celle des neutrinos cosmiques habituellement détectés! Une première qui leur ouvre les portes de nouveaux pans de l’Univers. Car ces neutrinos – particules dont on a par ailleurs découvert en 2007 qu’elles avaient bel et bien une masse, alors qu’on pensait jusque-là le contraire – sont créés lors des colossales réactions nucléaires se déroulant au cœur des événements les plus violents de l’Univers, des collisions d’étoiles aux fameuses supernovæ.

Mais leur masse est si infime qu’ils n’interagissent presque pas avec la matière. Si bien que parfois, certains parviennent quasiment intacts jusqu’à la Terre, emportant avec eux de précieuses informations sur leur lieu d’origine. Désormais capables de les détecter, les astrophysiciens disposent donc de nouveaux témoins de ces puissants événements, en plus des autres rayonnements (rayons X, cosmiques…) qu’ils connaissaient déjà. Un nouveau champ d’études sur l’Univers violent s’ouvre à eux.

Fenêtre de glace sur les neutrinos cosmiques (05.01.2011)
2014
Le monde suspendu à Philae sur Chury

Le 12  novembre 2014, le petit engin-laboratoire européen Philae se pose sur la comète Chury, après avoir été largué par la sonde Rosetta. C’est la première fois que l’homme contrôle un atterrissage sur le noyau d’une comète, une descente sous le seul effet d’une infime gravitation. Philae a bien commencé sa mission, en envoyant des photos et de premières analyses du sol. Puis les scientifiques ont déchanté: au cours de son atterrissage, Philae a rebondi deux fois et s’est retrouvé dans une posture qui l’empêche de recharger correctement ses batteries solaires.

Le 15  novembre 2014, privé d’énergie, Philae est entré en hibernation. Depuis, en dépit de quelques brèves communications en juin et en juillet 2015, l’engin reste muet. Les ingénieurs ne perdent pas espoir, mais ils savent qu’à force de s’éloigner du Soleil, la comète sera de moins en moins éclairée, or lui seul peut redonner vie à Philae.

Baroud d’honneur pour le robot Philae (14.11.2014)

Dossier coordonné par: Olivier Dessibourg
Collaboration: Aurélie Coulon, Pascaline Minet,
Sylvie Logean, Fabien Goubet, Denis Delbecq

Dessins originaux: Tom Tirabosco

Réalisation: César Greppin - Vanessa Lam

mardi 22 décembre 2015

MAUVAISES NOUVELLES

«Je suis malade» (notre système de santé)

Les impatiences du Dr A.<br />
Éditions Édito/Gallimard
Photo courtoisie Les impatiences du Dr A.
Éditions Édito/Gallimard
Notre système de santé est gravement malade et il y a fort longtemps qu’on s’active autour du patient. S’il faut en croire le Docteur A., qui signe un pamphlet sous le couvert de l’anonymat, le mal est maintenant généralisé et ceux qui l’ont infecté sont «des gens dangereux» qu’il associe à des «dirigeants de l’ombre» agissant également dans d’autres ministères.
Le Docteur A. est un vieux routier. Il a assisté à la création de l’Assurance maladie et a été témoin de nombreuses réformes. Aujourd’hui, il dénonce la perte des valeurs, l’insouciance, «les mauvaises habitudes de la pratique médicale et la détérioration de ses aspects éthiques et professionnels» et le «plan d’affaires» des médecins. Mais avant tout, il veut dénoncer les incompétents, les tricheurs, les infatués.
On a tous été confrontés aux nombreuses lacunes de notre système de santé. Ceux qui ont des enfants peuvent témoigner des longues heures d’attente dans les urgences des hôpitaux pour enfants, les difficultés pour trouver un médecin de famille, les erreurs de diagnostics sans conséquence pour les médecins négligents, les listes d’attente, les médicaments qu’on prescrit à un patient sans tenir compte du traitement qu’il a déjà reçu d’un autre médecin, car personne ne prend le temps de se parler ni de se consulter, etc.
On a récemment découvert les erreurs de près d’un demi-milliard de dollars provenant des fonds publics dans la rémunération des médecins omnipraticiens et spécialistes. Combien d’entre nous se sont questionnés sur la pertinence de fusionner des hôpitaux à vocation particulière largement établie — l’Hôtel-Dieu, spécialisé en soins gériatriques, l’hôpital Saint-Luc, qui soignait les troubles digestifs et de comportement et accueillait des marginaux sociaux, et l’hôpital Notre-Dame, qui s’était bâti une solide expertise en oncologie —, de rayer ainsi des cultures propres, avec leurs équipes de professionnels aguerris et habitués à travailler ensemble, pour les fondre dans un grand magma, qu’on appelle maintenant «des installations, un terme totalement bureaucratique de langue de bois», où les luttes de pouvoir prennent le dessus sur la qualité des soins? Même avant son ouverture, le CHUM a connu son lot de démissions, de volte-face, de discussions acrimonieuses et de coups bas.
Parlant de la situation actuelle des soins de santé, que le bon docteur A. qualifie de drame d’une telle ampleur qu’il aura «nécessairement un effet boule de billard», il n’hésite pas à prédire le chaos, des boucheries et même une épidémie de peste. Peut-être exagère-t-il un peu, mais il en a gros sur le cœur. «Le chef de file de cette hécatombe, un autocrate imbu de sa personne, pourrait cependant donner un second souffle à un système de santé en déséquilibre. Il a plutôt choisi de porter un masque et des boules Quies.»
Je ne saurais dire s’il parle de notre premier ministre ou du ministre de la Santé, tant les deux correspondent à ce portrait et semblent sourds aux doléances populaires. Au lieu d’investir dans la prévention et dans le dépistage des maladies, on préfère encourager l’industrie pharmaceutique qui engrange des millions $. Le système prend l’eau de toutes parts. «Je crois même que le bateau n’a plus de gouvernail. [...] On fait naufrage et on patauge dans l’incertitude, l’incohérence, sinon dans le délire.» Un tel constat, de la part d’un professionnel de la santé, a de quoi inquiéter. Il faut, dit-il, que la médecine se construise autour du patient et non autour des médecins. Au lieu du médecin de famille, plutôt une médecine de famille.
Ce petit ouvrage est un plaidoyer pour une plus grande humanité. Il faut l’écouter.


Le paracétamol, anti-douleur… et anti-émotions ?


Comprimés de paracétamol. © Michelle Tribe.
Sous ses différentes marques et formulations (Doliprane, Efferalgan, Dafalgan, sans oublier l'Actifed, le Dolirhume, etc.), le paracétamol est le médicament le plus vendu en France. Aux Etats-Unis, la molécule entre dans la composition de plus de six cents médicaments et on estime que, chaque semaine, plus de 50 millions d'Américains consomment l'un d'entre eux. C'est dire le succès de cet antalgique. Mais, précisément, l'usage généralisé du paracétamol incite les chercheurs à décortiquer davantage son mode d'action, au-delà du soulagement de certaines douleurs. Ainsi, en 2013, une étude réalisée par des psychologues canadiens avait fourni de curieux résultats : des personnes ayant avalé du paracétamol et auxquelles on avait demandé de rédiger quelques phrases sur leur propre mort semblaient peu atteintes par les sentiments négatifs et l'anxiété qu'avaient, dans les mêmes conditions, éprouvés des "cobayes" ayant pris un placebo. Comme si le médicament, en plus de jouer sur la douleur, s'attaquait aussi aux émotions négatives. Dans un article que vient de publier la revue Psychological Scienceune équipe américaine de l'université de l'Ohio a voulu explorer plus avant cette intrigante hypothèse.

Pour une première expérience, ces chercheurs ont recruté 82 personnes. Une moitié d'entre elles a pris 1 gramme de paracétamol et l'autre moitié un placebo (évidemment personne ne savait qui avait avalé quoi). Les participants ont attendu une heure pour que la molécule ait le temps de passer dans le cerveau, puis l'expérience à proprement parler a commencé. On a soumis à tous 40 photographies extraites de l'International Affective Picture System (IAPS), une banque d'images utilisées pour leur capacité à susciter une palette complète d'émotions, depuis les très déplaisantes (des enfants en pleurs ou souffrant de malnutrition, par exemple) jusqu'aux très agréables en passant par des clichés neutres (une vache dans un pré...). Les "cobayes" devaient noter l'impression que chaque image leur laissait, de -5 (extrêmement négative) à 5 (extrêmement positive), et indiquer, sur une échelle de 0 à 10, à quel point la photo provoquait chez eux "une réaction émotionnelle", pour reprendre les termes de l'étude.
A l'instar de ce qui était apparu lors l'expérience de 2013 sur la mort, les résultats montrent que les participants sous paracétamol sont, par rapport aux personnes ayant pris un placebo, moins emplis de sentiments négatifs face aux images les plus tristes... mais aussi moins joyeux devant les photos les plus gaies. Comme si la molécule émoussait les sentiments en gommant joies et peines extrêmes. Dans l'ensemble, le groupe "paracétamol" reconnaissait non seulement une moindre amplitude dans le ressenti des émotions mais aussi moins d'émotions tout court...
Les auteurs de l'étude, ayant conscience que le résultat pouvait aussi être interprété comme une altération du sens de la magnitude, de la capacité à évaluer correctement les extrêmes, ont décidé de répéter l'expérience sur un second groupe (de 85 personnes cette fois) en ajoutant une question supplémentaire : les participants devaient également estimer la quantité de bleu contenue dans les images. Les résultats obtenus ont été semblables à ceux du premier test mais, pour ce qui concernait l'évaluation de la proportion de bleu dans les photographies, les sujets sous paracétamol faisaient preuve d'un jugement identique à celui des participants ayant ingurgité un placebo, ce qui montrait bien que le médicament jouait sur les émotions et non sur le sens de la magnitude.
C'est la première fois qu'un tel effet secondaire est mis clairement en évidence avec le paracétamol qui, selon le premier signataire de l'étude, Geoffrey Durso, "pourrait avoir un spectre d'effets plus large que ce que l'on pensait auparavant. Plus qu'un simple "soulageur" de douleurs, le paracétamol peut être vu comme un "soulageur" d'émotions." Reste à comprendre par quel mécanisme le phénomène se produit, comment la molécule influence notre réactivité émotionnelle – un éclaircissement d'autant plus nécessaire que le médicament est très populaire. Dans leur étude, les psychologues lancent une piste en direction de la sérotonine, ce neurotransmetteur impliqué dans la transmission et le contrôle de la douleur et dont on sait qu'il joue aussi sur l'humeur. Ces chercheurs ont également l'intention de poursuivre leurs recherches avec d'autres antalgiques, chimiquement différents mais presque aussi consommés que le paracétamol, comme l'ibuprofène et l'aspirine.
 Pierre Barthélémy (suivez-moi ici sur Twitter ou bien là sur Facebook)

Le sucre est partout... pour nous piéger!

AFP Publié le - Mis à jour le
Psycho et bien-être

Le sucre est partout, des sauces tomate aux charcuteries: pour rehausser une saveur ou une couleur, à des fins de conservation et par souci d'économies, ce qui le rend difficilement remplaçable dans l'alimentation industrielle.
Contre l'obésité, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) veut diminuer les sucres "cachés" ou "libres", ceux qui ne s'expriment ni en morceau dans le café ou poudre dans les gâteaux, pas plus en bonbons ou confitures. Mais ceux ajoutés par l'industrie aux produits alimentaires et jus, les concentrés de fruits, le miel, les sirops d'agave ou d'érable et tous ceux tirés de l'amidon de maïs et autres céréales.
Or le combat est perdu d'avance, affirme Michael Moss, prix Pulitzer pour ses enquêtes sur le monde de l'agroalimentaire et auteur d'une somme sur les pratiques de l'industrie américaine ("Sucre, Sel et matières grasses, comment les industriels nous rendent accrocs", Calmann-Lévy). Des trois ingrédients, le sucre est probablement le plus difficile à remplacer, souligne-t-il. "Le sucre est l'ingrédient miracle de l'industrie" qui s'en sert pour attirer (et retenir) le consommateur et réduire les coûts de production, explique-t-il: "Quand vous faites une sauce tomate, plutôt que de prendre de bonnes tomates bien rouges, vous prenez des tomates bon marché et vous ajoutez du sucre pour imiter une saveur naturelle". "Ils font tout pour racler dans les coins et produire le moins cher possible. Le sucre est leur meilleur allié".
C'est bien pour ça, enchaine-t-il, que le sucre se retrouve "à tous les rayons de l'épicerie". Michael Moss, qui a enquêté pendant plus de dix ans sur les pratiques des géants nord-américains du secteur, va plus loin: les industriels ont développé des études et des tests poussés pour arrêter le "point de félicité" ("bliss point") qui définira la dose de sucre idéale. Ni trop, ni trop peu. "Ils ne se contentent pas d'ajouter du sucre dans leurs produits, ils calculent la dose exacte qui nous poussera à les acheter", insiste-t-il. Car à force d'ajouter du sucre dans tout et partout, "vous finissez par vous attendre à manger toujours sucré". Une habitude vite problématique chez les enfants, quand il s'agit ensuite de leur faire manger des légumes qu'ils trouveront fatalement amers ou aigres... "Les industriels essaient de nous tromper en affirmant que certains sucres sont moins nocifs que d'autres, mais du point de vue nutritionnel, le sucre c'est du sucre", martèle Michael Moss. Mais de toutes façons, constate-t-il dans son étude, quand ils allègent un ingrédient de la trilogie sel-sucre-gras, ils augmentent fatalement les deux autres. "Pour rester irrésistibles".

santé publique 12:43

Hausse de 15% des cas de sida en Suisse en 2012

ATS
Cette brusque hausse intervient après trois années consécutives de baisse. L’augmentation concerne aussi d’autres MST
Le nombre de cas de VIH a augmenté de 15% l’an dernier en Suisse, après trois années consécutives de recul. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a aussi constaté une hausse du même ordre pour les autres infections sexuellement transmissibles (syphilis, gonorrhée et chlamydiose).
Selon les chiffres publiés lundi dans le bulletin hebdomadaire de l’OFSP (PDF), 645 cas de VIH ont été diagnostiqués l’an dernier, contre 562 en 2011. Le nombre de diagnostics déclarés est toutefois plus bas que dans les années 2002-2008.
Sur 645 cas, 478 étaient des hommes (+13%) et 156 des femmes (+17%). Un peu moins de la moitié (288 ou 45%) concerne des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. Dans ce groupe de population, le nombre de diagnostics de VIH a augmenté de 17% par rapport à 2011.
Hétérosexuels aussi touchés
La progression est de 19% chez les hétérosexuels. En 2012, 102 personnes de cette catégorie ont été infectées: 39 femmes, contre 37 un an plus tôt, et 63 hommes, alors qu’ils étaient 49 en 2011.
Chez les toxicomanes, 31 diagnostics ont été recensés, contre 25 en 2011. Cette augmentation ne peut toutefois pas être interprétée comme un renversement de tendance en raison du petit nombre de cas, souligne l’OFSP.
Surtout dans les villes
Les cantons urbains (GE, ZH, VD, BS) sont les plus touchés par la hausse des cas de VIH. A Genève, 18,7 nouvelles infections pour 100 000 habitants ont ainsi été diagnostiquées l’an dernier, contre 11,5 en 2011. En Suisse centrale (GL, LU, NW, OW, SZ, UR, ZG), leur nombre est resté stable, à 3,6 cas, alors que la moyenne suisse est de 8,1.
Pour l’OFSP, ce phénomène s’explique d’une part par le fait qu’un grand nombre de célibataires et d’hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes résident dans les villes, où il est plus facile de rencontrer des partenaires sexuels occasionnels. Et d’autre part car on trouve dans les grands centres urbains, surtout à Genève, le plus de personnes originaires de pays à forte prévalence du VIHDes causes pas certaines
L’OFSP n’a pas trouvé d’explication claire à la hausse constatée l’an dernier, même s’il avance qu’elle pourrait être due à l’augmentation du nombre de tests de dépistage chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. Il a donc invité la Commission fédérale pour la santé sexuelle à évaluer l’épidémiologie du VIH et des autres maladies sexuellement transmissibles et, si nécessaire, de recommander au Conseil fédéral des modifications de la stratégie nationale.
Car les autres maladies sexuellement transmissibles sont aussi en hausse. En 2012, 543 diagnostics confirmés de syphilis ont été enregistrés. Il ne s’agit que d’une estimation, car les données sont trop lacunaires, souligne l’OFSP. Depuis que l’obligation de déclarer cette maladie a été réintroduite en 2006, le taux d’augmentation moyen est de 16% par année.
Il y a également eu l’an dernier 1517 cas confirmés de gonorrhées (+12%) et 8038 de chlamydiose (+11%).
http://letemps.ch/Page/Uuid/88a8ee60-c76f-11e2-ac35-8b264631d434#.UaSuJdj2QYU

Un malade sur cinq ne se soigne pas

BELGA
Mis en ligne le 27/10/2011
Les consommateurs de soins belges sont toutefois ravis de la performance de leur système de santé. La Belgique affiche ainsi le plus haut taux de satisfaction devant la Suisse.
Un Belge sur cinq renonce à se rendre chez le médecin quand il est malade. Dans quatre cas sur dix, c'est le coût des soins qui est évoqué, rapporte jeudi Le Soir, sur base d'une étude internationale menée par l'auditeur Deloitte.
Au sein des 12 Etats pris en compte dans ce vaste sondage, la Belgique est après les Etats-Unis le pays où les patients s'abstiennent le plus souvent de soins pour raisons financières.
Les consommateurs de soins belges sont toutefois ravis de la performance de leur système de santé. La Belgique affiche ainsi le plus haut taux de satisfaction devant la Suisse.
41% des sondés belges accordent à leur système de santé une cote de 8/10, contre 33% en France ou 23% en Allemagne. Les Belges sont ravis de leur médecin (75% de satisfaction) et des soins hospitaliers (68% de satisfaits).
Mais plus de six patients belges sur dix doivent restreindre les dépenses du ménage (logement, carburant, alimentation, éducation) pour payer leurs factures de santé. Plus de 1.000 personnes ont été interrogées en Belgique pour ce sondage et au total 15.000 dans douze pays.

mardi 8 décembre 2015

MALADIES EMERGENTES

Face au retour de la tuberculose, les espoirs d’un vaccin à l’étude en Suisse

Le CHUV, en collaboration avec l’Université de Saragosse en Espagne, pourrait avoir trouvé un nouveau vaccin contre la tuberculose. Des essais cliniques de grande ampleur sont actuellement en cours en Afrique du Sud
On la croit parfois à tort éradiquée d’Occident. Vague souvenir des années d’après-guerre, avec pour vestiges contemporains ses sanatoriums aujourd’hui décrépis. Pourtant, la tuberculose fait son grand retour en Europe. Y compris en Suisse, où l’on recense 550 nouveaux cas par année.
Très contagieuse, cette maladie touche les poumons dans 80% des cas, mais peut aussi, dans certaines formes, atteindre les os et les articulations, les viscères, les organes génitaux ainsi que les méninges, et conduit à la mort si elle n’est pas traitée. Face à cette résurgence, une impérieuse nécessité: trouver un vaccin efficace afin d’endiguer la vague. Aujourd’hui, la communauté scientifique a les yeux tournés vers le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne, qui pourrait avoir fait une importante percée médicale dans la lutte contre la tuberculose.

La tuberculose tue 1,5 million de personnes par an

Si les pays industrialisés sont certes encore peu touchés, la propagation de cette affection s’apparente à une véritable pandémie à l’échelle mondiale. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 9,7 millions de personnes ont été contaminées par la tuberculose en 2015, et l’on estime qu’environ 1,5 million d’individus en meurent tous les ans, principalement en Chine, en Inde, en Indonésie, au Nigeria, en Afrique du Sud et au Pakistan.
Ces chiffres impressionnants ont d’ailleurs poussé l’OMS à lancer une stratégie mondiale contre la tuberculose, ratifiée par les gouvernements lors de l’Assemblée mondiale de la santé en 2014.
Le problème majeur est qu’au fil de leur évolution, certaines lignées de la mycobactérie responsable de la maladie sont devenues extrêmement résistantes aux différents antibiotiques, rendant le traitement de la tuberculose beaucoup plus complexe.

Quand le système de santé de l’ex-URSS s’effondre

Ces souches dites multirésistantes auraient «commencé à se propager à une époque récente de façon épidémique en Asie centrale et en Europe de l’Est, coïncidant avec l’effondrement du système de santé publique en ex-URSS», selon une étude du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français, publiée dans la revue «Nature Genetics» en janvier dernier.
Par ailleurs, les traitements existants ont pour autre désavantage d’être extrêmement onéreux. Un critère, on l’imagine aisément, pouvant s’avérer totalement pénalisant pour les populations les plus démunies, qui sont aussi les plus touchées par la tuberculose.
Quant au seul vaccin commercialisé pour l’heure, le vaccin bilié de Calmette et Guérin (BCG), issu d’une bactérie de la tuberculose bovine et inoculé pour la première fois dans les années 1920, les scientifiques s’accordent aujourd’hui sur sa relative inefficacité quant à une éventuelle protection contre la maladie dans sa forme pulmonaire chez les adultes et les adolescents.

La recherche du Saint-Graal

La recherche de nouveaux moyens prophylactiques ou de traitements efficients accessibles à tous s’apparente donc à la découverte du Saint-Graal. Ce d’autant plus que, depuis dix ans, beaucoup de tentatives ont échoué.
Actuellement, une quinzaine de vaccins différents, dont la plupart cherchent à améliorer le BCG, sont dans le pipeline au stade des essais cliniques, notamment à Hanovre, Copenhague et Oxford. Mais l’un se démarque particulièrement. Il provient d’une recherche commune entre l’Université de Saragosse, en Espagne, et le CHUV, financée en partie par la Tuberculosis Vaccine Initiative, une fondation à but non lucratif facilitant le développement de nouveaux vaccins.
Ce projet se révèle totalement innovant dans le sens où, pour la première fois, un vaccin contre la tuberculose, nommé MTBVAC, est issu d’une souche atténuée humaine de la maladie, et non de l’animal.
«L’idée était de laisser tomber le BCG car, de par son origine bovine notamment, il ne possède pas la bibliothèque d’antigènes dont nous devrions disposer pour lutter contre la tuberculose, explique le professeur François Spertini, médecin-chef du service d’immunologie et allergie du CHUV, qui conduit cette recherche. C’est pourquoi nous avons voulu travailler directement sur le bacille de la tuberculose humaine.»
Le développement de cette souche génétiquement modifiée a demandé quinze ans de travail acharné à son concepteur, le microbiologiste espagnol Carlos Martin. «Il a d’abord fallu développer les outils d’ingénierie génétique afin de parvenir à atténuer les gènes responsables de la virulence de la bactérie, sans toutefois lui faire perdre sa compétence de fournir des antigènes protecteurs contre la tuberculose, retrace le chercheur de la Faculté de médecine de l’Université de Saragosse. Nous avons ensuite réalisé des essais précliniques sur le modèle animal de 2001 à 2012, afin de vérifier la sécurité du vaccin. Cette phase a également pu montrer un bon niveau de protection contre la maladie chez les animaux. Toutes ces étapes préliminaires ont finalement abouti à la conception du vaccin en 2013.»

Résultats encourageants

Depuis, des essais cliniques ont été réalisés au CHUV sur 36 patients avec l’aval de Swissmedic (l’institut suisse des produits thérapeutiques). «Pour le moment nous n’avons encore aucune preuve de la capacité de protection du vaccin, mais nous avons pu démontrer sa sécurité sur les humains, ce qui était l’objectif numéro un, ajoute François Spertini. Comparé au BCG, le MTBVAC exprime en outre un répertoire d’antigènes bien supérieur, pratiquement comparable à la mycobactérie de la tuberculose. Ce qui laisse augurer d’une réponse immunitaire plus large.»
La prochaine étape, qui vient de débuter en Afrique du Sud, consiste à tester le vaccin sur une importante cohorte de nouveau-nés, que l’on sait particulièrement vulnérables aux formes extrapulmonaires de la maladie, et plus spécifiquement la méningite tuberculeuse. Dans un premier temps, il sera question de s’assurer de la sécurité du produit sur cette population, puis d’analyser les effets protecteurs du vaccin dans cette région particulièrement exposée à la maladie. Ces données déterminantes pourraient émerger d’ici à une petite dizaine d’années.
Bien que devant encore être complétés, ces résultats préliminaires sont déjà jugés très encourageants par la revue scientifique «The Lancet Respiratory Medicine», où l’étude a été publiée à la mi-novembre. Un avis partagé par Lewis K. Schrager, vice-président des affaires scientifiques chez Aeras, une organisation américaine de biotechnologie dont l’objectif est le développement de nouveaux vaccins accessibles à tous. «En étant le seul vaccin à germes entiers dérivé d’une souche de tuberculose humaine, le MTBVAC représente un candidat important parmi les différents produits actuellement en essais cliniques.»
Philip Supply, chercheur au CNRS qui travaille notamment sur la tuberculose, reste toutefois prudent: «Plusieurs types de vaccins sont en cours de développement. Si pour certains leur pouvoir protecteur chez l’homme reste à établir, pour d’autres, des évaluations récentes ont donné des résultats décevants. Dans ce contexte, il est essentiel de poursuivre le développement d’autres moyens de lutte contre la tuberculose. C’est pourquoi de nouveaux traitements antibiotiques sont actuellement testés pour mieux lutter contre les formes multirésistantes de la maladie et que des outils diagnostiques de nouvelle génération sont développés pour mieux individualiser les traitements en fonction des profils de résistance rencontrés.»
Dans la lutte contre la tuberculose, une chose semble certaine: c’est en conjuguant les forces, mais aussi les nouvelles approches prophylactiques et thérapeutiques, que les chances seront maximisées d’éradiquer définitivement cette infection à l’échelle mondiale.   http://www.letemps.ch/sciences/2015/12/07/face-retour-tuberculose-espoirs-un-vaccin-etude-suisse

Unité neurovasculaire du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif

Des exploits en neurosciences à encourager


Des interventions chirurgicales réussies se succèdent au CHU Abdenour de Sétif. ©D. R.
Il est à noter que l’unité neurovasculaire du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif, la deuxième au niveau national, enregistre annuellement l’admission de 400 malades souffrant d’AVC.
En dépit des difficultés d’organisation de la filière des soins, à savoir médecin de famille, urgentiste, radiologue et neurologue, l’équipe de neurologie du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif conduite par le médecin-chef, Dr Zobiri, en collaboration avec l’équipe des urgences médicales, a pu réaliser une thrombolyse. Ainsi, la vie d’une malade, âgée de 34 ans et mère de trois enfants, a été sauvée in extremis par l’équipe qui a pu rétablir la circulation sanguine artérielle cérébrale par la destruction d’un caillot de sang qui a obstrué l’artère. Selon le médecin chef, la réussite d’une thrombolyse est tributaire de la célérité dans la prise en charge. À cet effet, le malade et son entourage doivent d’abord reconnaître l’AVC (accident vasculaire cérébral) et ensuite faire vite pour arriver à l’hôpital. “Le malade doit être conduit en urgence vers la structure sanitaire la plus proche pour une prise en charge rapide. Une modification du langage, une asymétrie faciale et une lourdeur d’un ou de plusieurs membres de façon brutale sont les principaux symptômes de cette pathologie. L’intervention doit se faire avec une grande célérité, ce qui n’est pas possible sans l’intervention rapide et efficace du médecin de famille, des urgentistes et des différents intervenants à l’hôpital”, nous dira Dr Zobiri. Et de poursuivre : “La thrombolyse est un geste qui peut sauver des vies. Elle consiste à injecter un médicament dans les vaisseaux, en suivant un protocole bien défini par les sociétés savantes en neurologie. Le résultat n’est probant que si le malade parvient à l’hôpital durant les quatre heures qui suivent les symptômes.” De son côté, Pr Halaci nous indique qu’il existe des formes d’AVC dits malins nécessitant une intervention neurochirurgicale qui consiste à ouvrir la moitié du crâne. Il est à noter que l’unité neurovasculaire du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif, la deuxième au niveau national, enregistre annuellement l’admission de pas moins de 400 malades souffrant d’AVC. Cette pathologie touche de plus en plus les jeunes. Sur un autre volet, grâce à la coopération neurologie-neurochirurgie, cinq patients ont bénéficié dernièrement d’une craniotomie (ouverture du crâne), une technique qui a permis de sauver la vie de trois des malades. Par ailleurs, une autre intervention neurochirurgicale a permis l’ablation d’une tumeur pesant un demi kilogramme (500 g) chez un patient de 51 ans. Selon Pr Halaci, cette dernière prend origine à partir d’une enveloppe (dure-mère) qui s’étend de l’os jusqu’à la profondeur du cerveau.  http://www.liberte-algerie.com/est/des-exploits-en-neurosciences-a-encourager-236712

Pourquoi l'épidémie de chikungunya se propage aux Antilles

L'épidémie de chikungunya est inévitable aux Antilles

Le Monde.fr |
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Un moustique de l'espèce Aedes aegypti, vecteur, comme l'Aedes albopictus, du chikunkugna, en train de piquer un humain.


« A Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, la situation semble se stabiliser, mais je ne crie pas victoire trop tôt car à la Réunion, il y a eu une stagnation avant que l'épidémie ne reparte », explique Christian Ursulet, directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) de la Martinique. Le chikungunya, le virus qui s'est fait connaître du grand public en touchant quelque 200 000 Réunionnais (93 décès) entre 2005 et 2006, continue à envahir les Antilles, avec un total de 17 400 cas répertoriés.


Pourtant, la situation ne peut être comparable à celle de la Réunion car il ne s'agit pas de la même souche : le virus est arrivé fin novembre à Saint-Martin par un homme revenu infecté d'un voyage
en Asie, et probablement à nouveau piqué sur place par un moustique
vecteur de la maladie. Son évolution n'est pas la même dans les îles
antillaises car « il y a eu un décrochage dans le temps », explique Christian Ursulet. Et l'épidémie n'a pas affecté toutes les îles au même moment : « Saint-Martin
avait plusieurs semaines d'avance, le virus est arrivé ensuite en
Martinique car les bateaux de croisière y font d'abord escale avant d'aller en Guadeloupe.
»


Le chikungunya se manifeste par une forte fièvre, des douleurs
articulaires (arthralgie), des maux de têtes. Six décès ont été
répertoriés par l'Institut de veille sanitaire (InVS)
: trois à Saint-Martin, deux en Martinique et un en Guadeloupe. Des
décès « indirectement liés à la maladie », le virus ayant touché des
personnes fragiles ou des malades chroniques.


« La situation est alarmante mais pas catastrophique puisque les systèmes de soin actuels ne sont pas saturés », affirme Christian Ursulet. Quant au sentiment de la population, il est partagé. « Le chikungunya fait peur car il s'agit d'un nouveau virus mais il n'y a pas d'inquiétude majeure », reconnaît Jacques Rosine, épidémiologiste à la cellule interrégionale d'épidémiologie Antilles-Guyane. Les Antilles sont déjà confrontées, depuis une dizaine d'années, à des épidémies de dengue, une infection virale également transmise par les moustiques, qui est « plus susceptible de créer la panique car les pathologies sévères, notamment des formes hémorragiques, causent souvent des décès, même chez des personnes en pleine forme ».


      • Avec 11 400 cas, la Martinique est la plus affectée par le « chik »
        depuis son apparition fin décembre. L'île est classée en « phase
        épidémique » depuis début janvier, et toutes les communes sont
        affectées. Le nombre de cas est en augmentation de 15 % entre les deux
        dernières semaines de mars. 
      • La situation évolue aussi en Guadeloupe avec presque 470 nouveaux
        cas évocateurs – soit une personne présentant une fièvre supérieure à
        38,5 °C et des douleurs articulaires. L'augmentation est de presque 60 %
        entre les deux dernières semaines de mars. Deux communes sont
        maintenant classées en zone épidémique (Baie-Mahault et Terre-de-Bas) et
        cette forte augmentation inquiète. « L'épidémie est inévitable en Guadeloupe et dans toute la Caraïbe, assure Patrice Richard, directeur général de l'ARS Guadeloupe, dans France-Antilles. Tout simplement parce que les populations circulent et transportent le virus avec elles. »
Même si le flux de passagers Saint-Martin-Martinique et Saint-Martin-Guadeloupe est équivalent, le virus ne s'est pas implanté de la même manière. L'épidémie « a d'abord touché Fort-de-France, une ville à très forte densité de population, alors qu'elle était moindre à Baie-Mahault », le premier foyer de transmission guadeloupéen, selon Jacques Rosine.


      • A Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, l'épidémie se maintient en
        mars à un niveau relativement faible, après une diminution enregistrée
        durant le mois de février. A Saint-Martin, le virus se répand sur
        l'ensemble de la partie française de l'île. Le nombre de « cas
        cliniquement évocateurs » est estimé à presque 3 000 depuis le début de
        l'épidémie dans la partie française de l'île. Saint-Barthélemy
        comptabilise 430 cas depuis fin décembre.
      • La circulation du virus reste modérée en Guyane – une trentaine de cas confirmés – mais elle commence à s'étendre sur le littoral : la commune de Kourou et l'île de Cayenne sont touchées. « La
        Guyane ne subit pas la même évolution car elle est plus éloignée de
        Saint-Martin et le flux de personnes provenant de l'île
        franco-néerlandaise a été moins important 
        », explique Jacques Rosine.
LIMITER LA DIFFUSION DU VIRUS


Le début du « carême », la saison la plus sèche dans les Antilles ,
qui s'étale de la mi-février à la mi-août, aura-t-il une influence sur
la diminution des gîtes d'eau, qui sont des bassins de reproduction pour
les moustiques ?


« C'est invérifié, assure Christian Ursulet. Le carême devrait normalement influer
sur l'évolution de l'épidémie mais il y a une certaine pluviométrie :
il fait certes plus chaud mais il pleut à la différence des autres
années où il faisait très sec. »
Il n'existe aucun traitement spécifique ni vaccin contre le chikungunya. Afin de limiter la diffusion du virus, les ARS de Martinique et de Guadeloupe ont déployé un plan d'actions, parmi lesquelles le renforcement de la surveillance épidémiologique et l'intensification des actions de démoustication.


La prévention passe par la « protection individuelle car le moustique récupère le virus sur les gens ». Les populations sont donc invitées à utiliser des répulsifs, à s'équiper de moustiquaires imprégnées et à porter des vêtements longs. De même, il est conseillé de supprimer tous les points d'eau inutiles (coupelles de pots, plantes en eau...). « Il y a une tradition des fûts récupérateurs d'eau de pluie pour arroser son jardin ou nettoyer la terrasse », reconnaît Christian Ursulet. « La prévention passe donc par la participation collective à la destruction de ces gîtes », assure-t-il. Des gestes barrières dans une zone où personne n'est immunisé contre le chikungunya.

Magali Judith
 http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/04/10/pourquoi-l-epidemie-de-chikungunya-se-propage-aux-antilles_4397046_1651302.html



Ces 17 aliments qui peuvent vous mettre en danger de mort

Rédaction lifestyle Publié le - Mis à jour le
Food Certains aliments qui se consomment dans plusieurs régions du monde peuvent s'avérer hyper toxiques lorsqu'ils ne sont pas préparés correctement. Une infographie en relève dix-sept. 
Certaines personnes aiment le danger, l'aventure. D'autres ne sont pas encore au courant des risques encourus parfois en se mettant à table. Mais oui des plats, souvent très populaires, peuvent virer au drame. Pour aider les gastronomes imprudents à ne pas risquer leur vie, le site MrGamez.com a publié une infographie qui reprend chacun de ces 17 aliments dangereux en proposant des conseils sur la manière de les cuisiner et de les manger.

L'ackée ou aki

C'est le fruit national des Jamaïcains. Cultivé dans les régions tropicales, il se rapproche du litchi et est très prisé dans la cuisine antillaise. Sauf que cet aliment peut provoquer le coma et la mort. En fait, il est gorgé d'hypoglycine, un poison qui se libère lorsque le fruit est consommé immature. Sa toxicité diminue (mais ne s'élimine pas totalement à la cuisson) avec l'exposition à la lumière et donc lorsqu'il s'ouvre par lui-même. Les accidents sont nombreux en Jamaïque, on parle d'une personne sur 100 qui développe une intoxication alimentaire chaque année suite à cette consommation.


Le Fugu (Poisson-globe)

Ce met délicat se consomme au Japon. Le cuisinier qui propose ce plat doit être formé pour le servir car certains organes, comme les ovaires, intestins et le foie, de ce poisson contiennent de la tétrodotoxine, un poison 1200 fois plus mortel que le cyanure. Depuis le début de cette année, on relève déjà cinq décès suite à cette consommation imprudente.


La Bullfrog

Cette grenouille exotique est consommée en Afrique (Namibie particulièrement). Lorsqu'elle est jeune, son corps contient des substances toxiques qui peuvent être mortelles.


Les noix de cajou

C'est un en-cas apprécié partout dans le monde. Généralement, elles sont vendues déjà cuites. Car crues, elles contiennent de l'urushiol, une substance très toxique.


Le sannakji

En Corée du Sud, on consomme ce poulpe vivant. Il est recommandé de le saisir rapidement avec des baguettes sinon, il peut s'enfuir. Mais surtout, il vaut mieux le croquer dès qu'il est dans la bouche et bien le mastiquer car ses tentacules peuvent vous étouffer. Six personnes ont déjà perdu la vie cette année en consommant ce met très apprécié pour sa fraîcheur.

Le Hakarl (requin)

Cette spécialité islandaise à base de requin du Groenland peut être très dangereuse lorsqu'elle est mal préparée. La chair de ce poisson est toxique car il n'est pas muni de reins pour expulser l'urine. Le plat nécessite donc une longue préparation avant d'être consommé par ceux qui n'ont pas peur de l'odeur d'ammoniac.


Les palourdes ensanglantées

Cette espèce de coquillage est remplie d'un liquide rouge qui contient de nombreux virus (hépatite A, typhoïde, dysenterie) et bactéries. Elle est principalement consommée en Chine, à Shanghai. Environ 15 % des personnes qui en mangent contractent une infection.


Le Casu Marzu (fromage pourri)

Ce fromage provient de Sardaigne. Il est connu pour être infesté de larves vivantes. Il faut d'ailleurs attendre un état de décomposition avancé avant de le consommer, sa texture devenant alors molle avec un liquide qui s'écoule. Malgré tout, c'est un produit très apprécié. Mais, le déguster comporte certains risques sanitaires vu que ces asticots résistent à l'acidité des sucs gastriques et peuvent transiter vivants dans le tube digestif. Les risques : des lésions intestinales.


L’echizen kurage

Encore un plat consommé au Japon. Cette méduse géante doit être bien cuite, sinon, elle peut être toxique.


Le manioc

Le manioc doit être bien cuit, car, amer, il comprend du cyanure. En 2005, 21 enfants philippins ont perdu la vie suite à une intoxication au manioc.


Le pangium edule

Ce fruit d'Asie du sud-est doit être bien fermenté pour être consommé car il contient du cyanure d'hydrogène. Les graines sont donc d'abord bouillies puis enfouies dans la cendre entourées de feuilles de bananiers et enterrées plusieurs jours.


Fesikh

Ce poisson consomme salé et fumé en Égypte n'est pas éviscéré. Il peut donc contenir des tas de bactéries dangereuses pour la santé avec des risque de botulisme.


La cervelle de singe

Consommée en Asie dans certains pays, la cervelle de singe peut transmettre la maladie de Creutzfeld-Jakob. Elle doit être bien cuite.


Les feuilles de rhubarbe

Si la tige est très appréciée dans les tartes, les feuilles sont dangereuses et contiennent de l'acide oxalide, très nocif pour les reins.


L’absinthe

Plus besoin de présenter cette plante qui se consomme chez nous sous forme de spiritueux. Elle est connue pour provoquer des troubles de la personnalité, hallucinations, menant parfois au suicide, voire des crises d'épilepsie.

Le sureau noir

Ses baies ont été administrées durant des années comme remède. Mais, lorsqu'elles ne sont pas consommées de la bonne manière, elles peuvent être mortelles. Insuffisamment cuites, elles peuvent provoquer diarrhées sévères et convulsions.


Le carambolier

Ce fruit exotique est très apprécié pour décorer les assiettes de desserts avec sa forme en étoile lorsqu'il est coupé en tranche. Mais il contient pas mal de neurotoxines dangereuses donc pour les personnes qui connaissent des insuffisances rénales.






vendredi 6 novembre 2015

CULTURE ET SANTE


Cessons de privilégier l’économie sur la santé

Le Monde.fr |
Répartition régionale des troubles liés à l’alcool en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) : intoxication aiguë vs. syndrome de dépendance, France, 2011

Dans une société en difficulté, les risques insupportables, peu accessibles à des décisions politiques, prennent le pas sur les risques majeurs que nous pouvons réduire. La dérive prend alors la forme de décisions démagogiques dangereuses visant à donner l’impression d’une activité gouvernementale, ou d’une inertie témoignant d’une forme de désarroi décisionnel. Nous avons assisté récemment à un simulacre de résistance gouvernementale à l’achèvement du démantèlement de la loi Evin dans sa partie alcool, une modification à la marge de l’amendement parlementaire ayant été introduite lors de l’usage de l’article 49-3. Le Conseil constitutionnel n’a pas accepté ce texte inséré dans une loi sur la croissance alors que la mesure concerne la santé publique.

Cette mesure était une négation du sens des mots, des activités de promotion publicitaires étant déclarées comme ne relevant pas de cette pratique. De nouvelles tentatives auront lieu, elles seront des bons tests des priorités gouvernementales. Entre la croissance des revenus et la croissance de l’alcoolisation, il lui faudra choisir. Le vote du Sénat contre la mise en œuvre du « paquet neutre » a été une autre expression politique du refus de prendre en considération l’importance des dommages provoqués par le tabac. Les 200 morts quotidiennes attribuables à ce produit n’empêchent pas les sénateurs de dormir. Cette indifférence au malheur humain n’est pas une nouveauté, le Sénat a constamment lutté contre l’adoption de lois de santé publique contrariant des lobbys économiques.
Quand nous avions proposé les dispositions qui ont pris la forme de la loi Evin il y a 25 ans, le Sénat avait rejeté la totalité du projet de loi en première lecture. Le débat sur le paquet neutre a souvent dépassé les limites du ridicule, certains opposants mettant en avant son inutilité, alors que d’autres utilisaient l’argument des dommages économiques pour les débitants de tabac.

Insécurité routière

L’évolution de l’insécurité routière est facile à décrire. Nous avons bénéficié d’une réduction annuelle importante de la mortalité depuis les réformes de 2002. La tendance s’est inversée en 2014 et nous subissons cet accroissement depuis maintenant 20 mois. L’objectif gouvernemental de 2000 tués en 2020 sera inaccessible avec la politique actuelle. Elle associe la perte du fonctionnement interministériel, le refus des propositions faites par le comité des experts auprès du Conseil national de la sécurité routière et un désordre organisationnel qui est une honte pour la République. La moitié des infractions routières ne provoquent pas la perte de points prévue par la réglementation.
Défini il y a dix ans, le projet Cassiopée devait mettre de l’ordre dans les logiciels de la justice et faciliter la transmission des données entre les administrations concernées. Ses organisateurs auraient dû se méfier, Cassiopée était devenue le symbole de la vantardise. Les maladies accompagnant le surpoids et l’obésité constituent un problème majeur de santé publique. L’industrialisation de l’alimentation, couplée à des publicités irresponsables, contribue largement à développer ce risque. L’Union européenne fonctionne toujours sous l’influence des groupes de pression, avec un texte sur l’affichage des caractéristiques des produits alimentaires qui n’a que 165 745 caractères ! Il a été rédigé en 2011 et il sera applicable en 2016 sous une forme illisible.
La loi de santé publique en discussion prévoit qu’une présentation complémentaire sera possible, mais le texte européen indique que « les états membres ne peuvent ni adapter, ni conserver des mesures nationales sauf si le droit de l’Union l’autorise ». La liste peut être allongée. Les retards et les obstacles à l’indemnisation des victimes du Médiator sont un déni de reconnaissance des dysfonctionnements multiples qui ont permis le maintien de la commercialisation de ce produit, alors que les dangers liés à son usage et son faible intérêt thérapeutique étaient connus, ainsi que les dérives de son usage comme coupe-faim. Un colloque sur les problèmes non résolus concernant les risques liés à l’amiante s’est tenu au Sénat en avril dernier.

Amiante

La nécessité d’un fichier de la présence d’amiante dans les habitations pour assurer la protection des ouvriers travaillant sur des locaux amiantés a été rappelée. Cette mesure proposée dans le rapport sur l’amiante de 1998 a été ensuite reconnue comme utile dans deux rapports parlementaires. Elle n’est toujours pas mise en œuvre et elle n’est pas prévue dans la loi de santé publique en discussion. Un propriétaire peut demander des devis jusqu’à ce qu’il en obtienne un d’une entreprise qui ne lui demande pas l’expertise amiante et exécutera les travaux sans la protection indispensable. Au lieu de produire des lois incompréhensibles et ingérables (226 697 caractères pour la loi de santé publique en discussion) il faut adopter des mesures simples, facilement applicables, notamment en utilisant des bases de données existantes et de qualité.
Le fichier de l’imposition locale peut avoir une extension définie par la loi, recensant les facteurs de risque prévus dans les textes actuels. Elle éviterait les multiples démarches actuelles, permettant aux notaires, aux acheteurs potentiels et aux ouvriers travaillant sur une habitation d’obtenir immédiatement les renseignements indispensables. Les déficits de santé publique ont une motivation politique commune, la crainte de déplaire à une fraction de la population alors que les bénéfices attendus sont sans commune mesure avec leurs inconvénients. Les conséquences économiques sont souvent mises en avant dans des études partielles pour s’opposer à des décisions qui s’imposent.
Une actualisation du coût de l’alcool et du tabac en France vient d’être réalisée par l’économiste Pierre Kopp : 120 milliards d’euros pour chacune de ces drogues dont l’usage est légal, ce qui impose de ne pas faire n’importe quoi au niveau de leur promotion. Une conférence sur le climat va se tenir à Paris en décembre prochain. Un tiers de notre consommation de pétrole est utilisé pour le transport routier et nous savons que la vitesse optimale hors agglomération pour réduire la consommation d’une voiture est de 80 km/h. Dans le même temps, le gouvernement refuse la proposition d’abaisser à ce niveau la vitesse maximale sur les routes qui ne séparent pas les deux sens de circulation, alors que la moitié des accidents mortels sont observés sur ce type de voie hors agglomération. Nous savons que cette conférence sera un échec.
L’aggravation des dommages produits par le dérèglement climatique est une évidence et nous nous refusons à prendre des mesures immédiates. Il est tellement plus facile de prendre des engagements à 10 ou 15 ans au lieu de mettre en œuvre immédiatement une mesure comportant de multiples avantages. De telles situations expriment une dérive grave de notre fonctionnement politique. La procrastination et la complexité sont devenues des outils destructeurs. Privilégier des intérêts économiques très partiels, le court terme et des sondages effectués sans présentation des enjeux, est des comportements qui expriment un manque de courage dangereux pour la collectivité.
Gérard Dubois, Irène Frachon, Claude Got, Catherine Hill, Albert Hirsch et Chantal Perrichon, médecins.
CollectifAddictions

En Suisse, les jeunes femmes s’enivrent plus souvent

L’Office fédéral de la santé publique sonde la population sur sa consommation de tabac, d’alcool et de cannabis. Les excès occasionnels augmentent
Une personne sur quatre fume, une sur cinq boit trop d’alcool et 3% de la population consomme du cannabis, selon le Monitorage des addictions pour l’année 2014, publié ce lundi par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Réalisé chaque année depuis 2011 auprès de 11 000 personnes, ce sondage se penche sur l’usage de substances psychoactives en Suisse.

Deux fois plus d’ivresses ponctuelles chez les jeunes

La consommation excessive d’alcool a tendance à augmenter légèrement. Les jeunes entre 20 et 24 ans sont les plus concernés: près de 40% d’entre eux ont connu au moins une ivresse ponctuelle au cours du mois précédant le sondage, contre 18,8% de la population globale (à partir de quatre verres d’alcool en quelques heures pour les femmes, cinq pour les hommes).
L’abus occasionnel d’alcool augmente en particulier chez les femmes. Elles sont 12,7% à admettre au moins un excès récent, contre 9,4% en 2011.
Les experts de la prévention expliquent cette tendance par l’accessibilité de l’alcool sur le marché - le prix du vin et des spiritueux ayant baissé au cours des dernières décennies - et un marketing davantage ciblé sur la clientèle féminine. «La consommation d’alcool par les femmes est socialement mieux acceptée», souligne Corine Kibora, d'Addiction Suisse.
La part de buveurs chroniques (plus de deux verres par jour pour les femmes, quatre pour les hommes) reste stable en revanche, autour de 4% de la population. Ce sont surtout des personnes entre 65 et 74 ans (8,1%).
Ces résultats confirment un changement dans les modes de consommation, avec un déplacement vers un usage plus occasionnel, parfois en plus grande quantité. «C'est aussi le reflet d'un mode de vie axé sur la performance: on ne peut se permettre de boire beaucoup chaque jour, mais on lâche la pression en fin de semaine», souligne Corine Kibora.
Autre constat: les Romands ont une consommation plus risquée que les Alémaniques ou les Tessinois. Alors qu’en Suisse alémanique, l’excès d’alcool ponctuel touche 18% de la population et 11,5% au Tessin, ce taux grimpe à 22,8% dans les régions francophones.

La cigarette électronique en hausse

La cigarette électronique opère une percée: 14% des personnes sondées l’ont essayée au moins une fois, contre 6,7% en 2011. La plupart ont entre 15 et 25 ans et utilisent l’e-cigarette dans le but de réduire leur consommation de tabac. Mais seuls 0,7% de la population vapote régulièrement (au moins une fois par semaine). La consommation de tabac reste plutôt stable depuis cinq ans: un quart des sondés (25%) fument quotidiennement.
La part d’adeptes de cannabis dans la population reste également stable, autour de 3%. Cette substance est prisée surtout des jeunes entre 15 et 24 ans: 21% d’entre eux disent avoir consommé de l’herbe durant le mois précédant le sondage.
Pour toutes les substances, ce sont toujours les jeunes qui présentent la consommation la plus risquée, conclut l’OFSP, les 15-25 ans doivent donc «faire l’objet d’une attention particulière dans les programmes de prévention».
http://www.letemps.ch/suisse/2015/10/12/suisse-jeunes-femmes-s-enivrent-plus-souvent 

La chirurgie esthétique est-elle désormais la moindre des politesses?

Etre et paraître n’ont jamais 
été aussi confondus. À l’heure 
où chacun est tenu d’être en bonne 
santé et de le montrer, 
peut-on encore afficher ses rides 
sans passer pour négligé? 
Ce ne sera pas forcément le bistouri. Mais la seringue pleine de toxines, oui, sans doute. Et puis, à force, avec le temps, l’idée du bistouri aura fait son chemin. Vous ne le savez pas encore, mais, d’une manière ou d’une autre, vous aurez recours à la médecine esthétique. C’est d’autant plus certain si vous êtes une femme, mais les hommes n’échapperont pas à la question. Car aujourd’hui, soigner son apparence est devenu la moindre des politesses sociales.
La faute aux réseaux sociaux et à la société narcissique qu’ils engendrent? Pas uniquement. Les progrès de la médecine et les efforts liés à la prévention du vieillissement sont aussi à l’origine de cette évolution. Sans compter que la chirurgie esthétique elle-même a changé, avec des interventions moins lourdes et moins invasives. L’information à son sujet, grâce au partage d’expériences sur Internet, circule mieux et contribue à la rendre moins stigmatisante et taboue. À force, les normes qui définissent une apparence soignée deviennent toujours plus exigeantes: une femme de 50 ans aujourd’hui, dans l’œil de la société, ne ressemble plus du tout à une femme de 50 ans d’il y a 50 ans. D’où une pression sociale augmentée sur celles qui n’y ont pas recours. Pour s’en convaincre, commençons par rappeler combien, bien avant le lifting et le Botox, le maquillage et la teinture des cheveux ont évolué dans leur signification sociale. Associé à la superficialité, à la séduction, et donc à la sexualité, leur usage a toujours été codifié par la morale, comme le rappelle Marie-Thérèse Duflos-Priot dans un article intitulé «Le maquillage, séduction protocolaire et artifice normalisé».
Maquillage interdit
Jusqu’à peu, le maquillage était strictement interdit aux jeunes filles réputées pures, toléré chez les femmes vertueuses à condition qu’il soit discret et signalait les femmes légères s’il était ostensible. De nos jours, à tout âge, une femme qui sort de chez elle sans maquillage, sans camoufler son acné ou ses rides, passe pour négligée. Et rares sont celles qui ne couvrent pas leurs cheveux gris, même passé l’âge de la retraite. Car la bienséance, désormais, est moins sexuelle que sanitaire et consiste avant tout à s’afficher jeune, en bonne santé et bien dans sa peau.
Cette évolution sociale est intimement liée à celle de la médecine elle-même, et des politiques sanitaires qui ont fait de la prévention une dimension centrale de leur discours. Vincent Barras, historien de la médecine au CHUV: «Dès lors que certains comportements individuels ont été identifiés comme des problèmes de santé publique, ils commencent à être pointés du doigt. La prévention du tabagisme a ouvert la voie. Puis c’est la prévention de l’obésité qui est devenue prioritaire, avec la multiplication des injonctions liées à l’hygiène de vie et à l’activité physique. Etre bien, c’est aussi être beau. On passe d’une médecine paternaliste à l’ère où chaque individu est tenu pour responsable, aux yeux de la société, de l’entretien de sa propre santé.»
Bonne mine obligatoire
Aujourd’hui, avec le vieillissement démographique des sociétés industrialisées, c’est la prévention de la vieillesse elle-même qui semble devenue prioritaire. Et de fait, on vit désormais toujours plus longtemps en bonne santé. Le problème, c’est qu’il ne suffit plus de se sentir en forme. Il faut aussi en avoir l’air: «Avec l’âge, l’image que l’on a de soi, et celle que nous renvoient les autres, ou notre propre miroir, est toujours plus en décalage», commente Pierre Quinodoz, président de la Société suisse de chirurgie plastique, reconstructive et esthétique. «Qui ne s’est jamais réveillé en pleine forme, pour s’entendre dire par d’autres qu’il a l’air fatigué ou qu’il a mauvaise mine? Notre travail contribue au mieux-être des patients, puisqu’il tend à harmoniser l’image intérieure et l’image extérieure.» Parallèlement, l’affichage permanent de soi à travers les réseaux sociaux contribue largement à ce que se confondent l’être et le paraître. Le travail sur sa propre image, que ce soit par le maquillage ou la médecine esthétique, devient alors légitime dans la mesure où il concourt directement au bien-être psychologique. «Dans une société où chaque individu est renvoyé à se regarder, à s’observer, et à prendre soin de lui, l’apparence est devenue la mesure de sa propre valeur», estime Hélène Martin, professeure en études genre à la Haute Ecole de travail social et de santé. D’où, parfois, la détresse véritable que peuvent provoquer certains défauts d’apparence.
Injustice biologique
«En santé, il y a un lien entre nature et culture»Reproduire

science
mercredi 03  juin 2015

«En santé, il y a un lien entre nature et culture»

Catherine Mary
Margaret Lock: «Les variations des gènes et de leur expression résultent d’une longue évolution, dirigée par l’interaction du corps avec l’environnement.» (Timothy Archibald)
Margaret Lock: «Les variations des gènes et de leur expression résultent d’une longue évolution, dirigée par l’interaction du corps avec l’environnement.» (Timothy Archibald)
L’anthropologue Margaret Lock plaide pour la prise en compte des
sciences sociales dans l’élaboration des politiques sanitaires
Margaret Lock est anthropologue à l’Université McGill de
Montréal. Ses études sur la ménopause des femmes japonaises, menées
dans les années 1980, ont été couronnées de plusieurs prix, dont le
prestigieux Prix Staley de l’Ecole de recherche américaine. C’est à
partir de ce travail que la Canadienne a forgé le concept de «biologie
localisée», à l’origine d’un nouveau courant de l’anthropologie
médicale. Visant à étudier les variations du corps humain en relation
avec son environnement social, culturel et économique, ce courant est en
plein essor, sous l’impulsion des découvertes en épigénétique –
discipline qui entend décrire l’influence de l’environnement, au sens
large, sur l’expression du programme génétique.

Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, dont le plus récent, The Alzheimer Conundrum
(Princeton University Press, 2013), explore la frontière ténue entre le vieillissement et la folie, en revisitant le thème philosophique du normal et du pathologique.

Invitée à Genève pour un colloque de sciences humaines organisé par la Fondation Brocher sur le
thème «Epigénétique et environnement», elle s’inquiète des implications
politiques des études en épigénétique. Avec l’ensemble des participants
au colloque, elle lance un appel à la collaboration entre chercheurs en
sciences sociales et épigénéticiens, afin que soit mieux prise en compte
la complexité des interactions entre génome et environnement.

Vous
êtes à l’origine du concept de «biologie localisée», forgé à la suite
des études que vous avez menées au Japon sur la ménopause. Pouvez-vous
développer?


Margaret Lock: Ces études m’ont permis de montrer
que, si la ménopause survient au même âge chez les femmes japonaises et
chez les femmes nord-américaines, certains symptômes qui lui sont
associés diffèrent. Les bouffées de chaleur ou les suées nocturnes sont
moins fréquentes chez les femmes japonaises que chez les femmes vivant
au Canada et aux Etats-Unis, au même titre que l’ostéoporose, les
maladies cardiaques et le cancer du sein, comme cela avait été montré
précédemment. La perception de la ménopause diffère également: le terme
employé dans la langue japonaise évoque une évolution vers une période
de vie plus spirituelle, et la fin des menstruations n’en est qu’un
élément, une vision positive très différente de la nôtre.

Cesobservations viennent contredire la vision médicale, qui considère la
ménopause comme un processus universel associé à un ensemble de
symptômes inévitables. La survenue de ces symptômes dépend aussi de
facteurs socioculturels. La ménopause telle qu’elle est perçue par la
médecine occidentale est une construction culturelle. Le concept de
«biologie localisée» vient démonter cette construction, en attirant
l’attention sur la complexité des facteurs qui influencent la ménopause.
Le terme a été inventé en 1821 par Charles Gardanne, un médecin
français, et s’est mis à circuler au milieu du XIXe siècle dans les
cercles médicaux en Europe et en Amérique du Nord pour désigner la
période entourant la fin des cycles menstruels.

Endivisant la vie des femmes en un «avant» et un «après» ménopause, la
médecine occidentale a ainsi gardé une emprise sur leur corps. De là est
née la perception selon laquelle la ménopause était l’affaire de la
médecine, à l’époque même où les professions de gynécologue et
d’obstétricien étaient en train de se structurer.

Quelle a été la portée de ce concept?

– Au départ, beaucoup d’anthropologues étaient réticents
et ont ignoré mon approche, car elle remet en question l’idée selon
laquelle le savoir médical est porteur d’une vérité sur le corps humain.
Mais lorsque mon livre Encounters with Aging: Mythologies of Menopause in Japan and North America
(University of California Press, 1993) a reçu le Prix Staley, cela a
attiré l’attention sur mes travaux. Le concept de biologie localisée
s’est imposé progressivement et de nombreux jeunes anthropologues
s’appuient aujourd’hui sur lui.

Depuis une dizaine
d’années, les découvertes en épigénétique fournissent des arguments
scientifiques à l’existence d’un lien entre nature et culture, d’où
l’importance des études en biologie localisée. Le fonctionnement du
génome d’une personne, comme celui de son corps, s’explique sous cet
angle. Les variations des gènes et de leur expression résultent d’une
longue évolution, dirigée par l’interaction du corps avec
l’environnement, qu’il s’agisse des habitudes alimentaires, des
comportements ou des pollutions environnementales. Ces facteurs sont
d’ordre culturel mais aussi historique et socio-économique.

Aujourd’hui, vous proposez le nouveau concept de «biologie située». Pourquoi?

– Le concept de «biologie localisée» vient ébranler la
vision du corps biologique universel forgée par la science. Il traduit
l’enchevêtrement entre les facteurs biologiques, sociaux et
environnementaux qui influencent tout au long de la vie les processus
biologiques. Ces interactions sont d’autant plus dynamiques
qu’aujourd’hui les mouvements de populations sont incessants. Les
variations biologiques du corps que nous observons sont l’équivalent
d’un instantané figeant ces mouvements. Le corps humain est bien sûr
toujours le même, mais il existe des différences moléculaires
importantes liées au fait que le corps est situé dans un environnement
spécifique, à un instant donné. Le concept de «biologie située» traduit
cela.

Vous mettez en garde contre la construction
d’un nouveau discours médical à partir des découvertes en épigénétique.
De quoi s’agit-il?


– Les recherches en épigénétique révèlent la base
moléculaire de l’influence de l’environnement sur notre organisme. A
partir de là, de nouveaux médicaments sont développés. Les
anthropologues et les historiens réunis à la Fondation Brocher ont
exprimé leur inquiétude au sujet de cette tendance.

Cesnouveaux médicaments ciblent en grande partie le cancer, et dans ce cas,
bien sûr, ils sont utiles. En revanche, nous sommes préoccupés par les
retombées de l’épigénétique dite comportementale. De nombreuses études
établissent des liens entre la base moléculaire de maladies mentales
comme la dépression et des facteurs socio-économiques comme la pauvreté,
avec à la clé un traitement ou une recommandation. En 2011, une
recommandation de l’Académie américaine de pédiatrie visait ainsi à
prévenir les risques à long terme pour le fœtus du «mauvais» stress
durant la grossesse.

Or, ces liens sont beaucoup plus complexes. Le racisme et la discrimination qui touchent par exemple les Afro-Américains aux Etats-Unis sont à l’origine des mauvaises conditions
socio-économiques. Il s’agit là de choix politiques qui relèvent de la
responsabilité des sociétés.

Les épigénéticiens en  général ne se sentent pas concernés par ces enjeux et c’est à nous,
anthropologues, de leur donner une visibilité. Nous plaidons contre
l’hégémonie du savoir scientifique et pour que les connaissances issues
des sciences sociales soient prises en considération pour l’élaboration
des politiques de santé. Si on veut vraiment tirer parti des découvertes
en épigénétique, nous devons considérer que les sociétés qui
encouragent la violence chronique, les inégalités et les discriminations
violent le droit à la santé de leurs citoyens et des générations à  venir



Rituels de beauté et de soin des belles d'Afrique

Laurence Dardenne Publié le - Mis à jour le
Mode et beauté Dans des "salles de bains laboratoires", sur tous les continents, des équipes de L’Oréal scrutent et décortiquent les moindres faits et gestes d’hygiène et d’esthétique des femmes pour leur proposer les produits les plus adaptés. Pourquoi la femme d'Afrique subsaharienne utilise-t-elle, dans ses routines de beauté capillaire, une pommade pour soulager le cuir chevelu, une lotion hydratante pour lutter contre la casse des cheveux, un shampoing démêlant, une crème défrisante et une huile - de coco, par exemple - pour favoriser la pousse des cheveux ? Combien de minutes une Chinoise consacre-t-elle à ses gestes de soin du matin ? Pourquoi la femme japonaise donne-t-elle parfois jusqu’à 100 petits coups de mascara sur ses cils alors que la Française peut se contenter de quelques-uns ?
Tout simplement parce que des cils fins, raides et courts ne se maquillent pas comme des cils denses, courbes et longs. Ou parce que le cheveu frisé ou crépu de la femme africaine présente, entre autres particularités, une sécheresse importante, liée à la faible production de sébum.
Répétés inlassablement, parfois depuis la nuit des temps même s’ils ont évolué au fil des ans, ces gestes de beauté, éminemment culturels, ont été transmis de génération en génération. Qu’ils soient influencés par le climat, la typologie physiologique ou encore par les conditions de vie locales, ils tendent tous vers un idéal de beauté, qui diffère d’un continent à l’autre, d’un pays à l’autre, voire d’une région ou localité à l’autre.
Pour connaître avec précision les gestes de soin et de beauté des habitants de cette planète, pour mieux comprendre les us et coutumes et, in fine, répondre au plus près aux besoins spécifiques des hommes et des femmes de tous les continents, L’Oréal développe depuis plusieurs années une science de l’observation locale : la géocosmétique. C’est ainsi que, dans des "salles de bains laboratoires", dotées de caméras, des équipes des principaux centres d’évaluation présents dans le monde entier observent, analysent et décortiquent les comportements spécifiques des consommateurs et consommatrices. Rituels d’hygiène et de beauté, conditions d’utilisation des produits, contraintes locales (humidité, chaleur, basses températures…), tout est scruté, analysé par des sociologues et des éthologues, puis transmis aux équipes de recherche et développement.
Regroupés en six pôles (Europe, États-Unis, Japon, Chine, Inde et Brésil), les 22 centres de recherche ont pour mission d’adapter la stratégie mondiale aux spécificités de leur marché. Et pour vocation d’inventer de nouveaux produits qui répondront aux envies de beauté et aux besoins particuliers des populations finement observées.
Pour le marché japonais, ce sera par exemple un mascara à la texture légère parce que certaines Japonaises passeront jusqu’à 100 fois sur leurs cils. À destination des pays chauds, on développera des fonds de teint peu couvrants et longue tenue ou des formules absorbantes de sébum et de sueur pour les peaux luisantes.
À la découverte des secrets de beauté de toutes ces femmes, l’invitation au voyage, que nous offre L’Oréal, commencera en Afrique subsaharienne et se poursuivra en Inde, au Brésil et en Chine dans les prochains numéros de "Momento" (prochain rendez-vous le 5 septembre).
Première étape, l’Afrique subsaharienne, là où le choix du style de coiffure est révélateur de tout un système de code social, qu’il s’agisse de garder ses cheveux au naturel ou, au contraire, d’opter pour du plus sophistiqué (nattes, tissage ou extensions). Là aussi où le soin du cheveu s’avère bien plus important que celui accordé au reste du corps.

Trois critères de coiffure

Les femmes choisissent leurs coiffures en fonction des événements importants (mariage, nouvel emploi), des tendances, de leurs moyens financiers et enfin des saisons. La coiffure est la combinaison de trois critères : le look final que l’on voit (cheveux lisses, tressés, nattés ou port de cheveux au naturel : afro, locks, cheveux courts, etc.), l’utilisation de défrisant et l’ajout de cheveux (extensions ou tissages, qui offrent une grande variété de choix de coiffure : longs, courts, frange, mèche, coloration, etc).

L'hydratation est au coeur des rituels

Dès le plus jeune âge, les Africaines s’hydratent le visage, le corps et les cheveux par nécessité physique. L’objectif est de conserver la jeunesse de la peau, d’embellir le corps, mais aussi de lutter contre les taches et les cicatrices. La peau idéale est donc une peau ferme et hydratée. Le choix d’utilisation de produits différents se fait par saisonnalité : une crème plus légère en saison chaude et une crème plus épaisse et nourrissante en saison des pluies, saison "fraîche". Les femmes utilisent peu de produits de beauté en journée et concentrent leurs rituels de beauté au coucher. Les causes de ce choix sont multiples : transpiration due à la chaleur, poussière, soleil, pollution. Tous ces éléments ont tendance à boucher les pores de la peau et donc à réduire les effets des produits utilisés.

Le jour et la nuit, des soins appropriés

Le jour, les consommatrices vont opter pour une simple lotion purifiante. Certaines femmes utilisent une crème de jour pour se protéger de l’exposition aux rayons solaires. Paradoxalement, les femmes se maquillent également mais dans une volonté d’embellissement plus que de soin. Poudres, crayons de beauté, gloss sont les bases de la mise en beauté. Les bons produits sont ceux de bonne tenue qui ne coulent pas. La nuit, sur le visage, est appliquée une crème de nuit plus nourrissante et plus adoucissante que la crème de jour. Pour le corps, les Africaines alternent les produits : lait surgras (peau sèche et sensible), crème (contenant par exemple 4 huiles différentes bio), huile corporelle.

Les soins capillaires à domicile et en salon

En Afrique subsaharienne, les soins capillaires se font à domicile et en salon. En effet, les salons de coiffure sont fréquentés de manière hebdomadaire à mensuelle, en fonction des revenus mais aussi du type de coiffure : nattes, tissages, extensions ou cheveux au naturel. Il y a plusieurs types de salons, de ceux en extérieur autour des marchés ou dans les quartiers populaires à ceux luxueux avec climatisation dans les grands "shopping malls". Entre ces salons, la grille tarifaire est très variable, du simple au décuple. Les salons proposent des produits d’une grande variété de marques.

Un cheveu très sec

La forme frisée du cheveu est biologiquement programmée par le follicule pileux, qui présente de nombreuses spécificités, dont une implantation oblique dans le derme et une courbure au niveau du bulbe. Une autre spécificité importante du cheveu crépu est sa sécheresse liée à la faible production de sébum. Au-delà des spécificités biologiques, certaines pratiques de coiffure fragilisent également le cheveu - le tressage (trop serré, il fragilise le cheveu et le cuir chevelu), le défrisage (lorsqu’il est réalisé avec des produits de mauvaise qualité ou mal rincé) ainsi que le fer à lisser peuvent provoquer de multiples pathologies.
http://www.lalibre.be/lifestyle/mode/rituels-de-beaute-et-de-soin-des-belles-d-afrique-55d5d09635708aa4379ef8c0