lundi 19 mars 2012

AFFAIRE D'INDIGNES-l'enfer c'est "les autres"


«L’Europe doit cesser d’être l’idiot du village»

INTERVIEW lundi19 mars 2012 
Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères: «Le monde entier est souverainiste, sauf les Européens de l’Ouest.» (Jérôme Chatin/Expansion)
Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères: «Le monde entier est souverainiste, sauf les Européens de l’Ouest.»  (Jérôme Chatin/Expansion)
L’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine était au premier rang, samedi à Paris, lors du rassemblement européen autour de François Hollande. «Le Temps» l’a rencontré, au moment où la discipline budgétaire en Europe, la question des frontières et celle du protectionnisme sont au cœur de la campagne
Son réalisme revendiqué lui vaut régulièrement des critiques à gauche. Proche collaborateur de François Mitterrand (1981-1995), ministre des Affaires étrangères lors de la cohabitation dans le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002), Hubert Védrine est, dans le camp socialiste français, l’homme des diagnostics qui font mal sur les risques d’un déclin européen, ou sur la concurrence tous azimuts à laquelle les Occidentaux vont devoir faire face de la part des grands pays émergents, sujet de son dernier livre, Dans la mêlée mondiale (Ed. Fayard).
Contacté au début de son mandat par Nicolas Sarkozy, qui lui confia une mission sur la France dans la mondialisation, il est aussi, au moment où la bataille présidentielle française s’intensifie sur l’Europe, un observateur écouté au-delà de son camp politique.
Le Temps: François Hollande, votre candidat, ne risque-t-il pas de provoquer une levée de boucliers, voire une crise institutionnelle, au sein de l’Union européenne en s’opposant au pacte budgétaire récemment signé et en cours de ratification?
Hubert Védrine:
Ce que propose François Hollande est tout à fait raisonnable. Le danger, aujour­d’hui, pour les pays de l’Union européenne, ne vient pas de sa demande, mais de la purge économique excessive entreprise au nom de la rigueur et de l’assainissement budgétaire. Il faut remettre les comptes publics en ordre. On ne peut pas l’empêcher. Je ne suis pas choqué que les Allemands se disent solidaires jusqu’à un certain point et ne veulent pas être la vache à lait du système… Mais il faut effectuer cette correction d’une façon intelligente et politiquement supportable, pas via des mécanismes irréalistes, trop aveugles et trop brutaux. Tout le monde redoute, à travers l’Europe, de tuer ce qui reste de potentiel de croissance. Le ministre des Finances allemand le dit. Mario Monti, le président du Conseil italien, le dit. Il y a une disponibilité. Or, que veut François Hollande? Remettre la croissance au cœur du débat européen. Identifier les dépenses publiques «utiles». Ce type de renégociation est possible.
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Pourquoi le protectionnisme progresse dans le monde

Le Monde.fr | • Mis à jour le


Un ouvrier porte un sac de blé à Sanand, dans l'état du Gujarat, en Inde. En mars, le pays a décrété un embargo sur ses exportations de coton, avant de revenir sur sa décision en raison de l'envolée des cours.
Alors que le protectionnisme revient au cœur des discours politiques en France depuis l'entrée en campagne des candidats à la présidentielle, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'est inquiétée, lors de sa dernière conférence interministérielle à la mi-décembre, de la montée des barrières douanières depuis le début de la crise financière en 2008. Selon l'OMC, le nombre de mesures protectionnistes initiées en 2011 s'élève à 340, contre 220 en 2010.
De son côté, l'organisme suisse Global trade alert (GTA) - qui recense l'ensemble des mesures commerciales dans le monde - avertissait, dans un rapport publié en novembre 2011, que trois mesures protectionnistes sont prises pour une mesure libéralisante depuis juillet 2011, et que les tensions commerciales ont atteint leur plus haut niveau depuis le "pic" de 2009.
UNE PERTE POTENTIELLE DE 800 MILLIARDS DE DOLLARS
Il n'en fallait pas plus pour que le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, appelle les membres de l'organisation à "restaurer un climat de confiance", qui est selon lui "une partie de la solution à la crise actuelle". Reprenant l'inusable métaphore de la tempête protectionniste, il prévenait que si d'"importantes mesures protectionnistes" étaient mises en place, elles pourraient coûter 800 milliards de dollars à l'économie mondiale.
Il s'agit pour l'OMC d'éviter une redite de la Grande Dépression des années 1930, qui avait vu le commerce mondial se contracter dangereusement sous l'effet des barrières douanières, jusqu'à dissoudre les liens économiques entre des pays repliés sur eux-mêmes. Or cette dissolution n'est pas étrangère à l'entrée en guerre de 1939.
D'où l'idée, en 1947, de négocier un accord international sur les tarifs douaniers et le commerce (General agreement on tariffs and trade, GATT), qui a abouti en 1995 à la création de l'OMC, dont le rôle est d'arbitrer les relations commerciales tout en limitant le protectionnisme. Mais la libéralisation des échanges est loin d'être un processus linéaire, et quand un pays se trouve en difficulté économique, les acquis sont la plupart du temps remis en cause.  
L'ARGENTINE, GRANDE CHAMPIONNE
Les pays émergents sont, de loin, les plus friands de dispositifs protectionnistes. L'Argentine se taille la part du lion, avec 192 mesures, selon GTA. Si celles-ci ont fleuri après la crise qu'a traversé le pays en 2002, elles se font plus nombreuses encore depuis le début de la crise financière de 2008.
Dans le viseur de la présidente, Cristina Kirchner : le contrôle des importations. Sa dernière victime ? Le Royaume-Uni, qui a vu, à l'occasion du 30e anniversaire du conflit des Malouines, en février, ses exportations limitées.
Critiquées par les autres pays du Mercosur (Paraguay, Brésil et Uruguay) - qui représentent 25 % des exportations et 31 % des importations argentines -, ces mesures s'inscrivent pourtant dans un mouvement initié fin 2011 par l'alliance sud-américaine elle-même, qui a décidé en décembre d'augmenter temporairement ses taxes d'importation pour les produits provenant de l'extérieur du bloc. De son côté, le Brésil - qui compte 81 mesures protectionnistes - a augmenté sa taxation sur les véhicules importés, surtout ceux qui viennent de pays extérieurs au Mercosur.
Au nom de l'intérêt national, les autres pays émergents cherchent également à se protéger : la Russie (172 mesures recensées) se concentre elle aussi sur son industrie automobile, puisqu'un tiers des véhicules devront être équipés d'un moteur ou d'une transmission fabriqués localement jusqu'en 2020.
La Chine (95 mesures recensées) annonçait quant à elle en décembre la mise en place, pour deux ans, de nouvelles taxes douanières sur certains véhicules américains. D'ailleurs, l'OMC dénonçait en décembre la prolifération des aides "régionales" en faveur de l'automobile, qui atteignent désormais 48 milliards de dollars en cumulé, soit 37 milliards d'euros.
L'Inde (101 mesures recensées) n'est pas en reste puisque, sous la pression populaire, elle a pour le moment renoncé à ouvrir le secteur de la distribution. Début mars, elle a décrété un embargo sur ses exportations de coton (lien "Abonnés"), avant de revenir sur sa décision en raison de l'envolée des cours.
DE LA NÉGOCIATION AU CHANTAGE
Si le protectionnisme reprend de la vigueur avec la crise, les différends commerciaux ont de leur côté diminué... depuis 2008, et ce, contrairement aux précédentes périodes de ralentissement économique. Pascal Lamy indiquait fin février que le nombre d'enquêtes sur les cas de dumping s'est établi à 153 en 2011, contre 213 en 2008.
Tout un symbole, après plus de vingt ans, la "guerre des hormones" entre les Etats-Unis et l'Union européenne vient de prendre fin. Une autre s'apprête toutefois à prendre le relais autour des "terres rares", métaux précieux sur lesquels la Chine a le quasi-monopole, puisqu'elle possède un tiers des réserves accessibles, et plus de 95 % du marché. Les États-Unis, l'Union européenne et le Japon ont d'ores et déjà porté plainte auprès de l'OMC.
Moins nombreux donc, les contentieux n'en sont pas moins durs, et ils frôlent parfois le chantage, comme quand la Chine décide de conditionner son aide à l'Union européenne à l'abandon de deux enquêtes anti-dumping et anti-subventions lancées par cette dernière. Ou prend d'importantes mesures de rétorsion en gelant la commande de 45 Airbus en riposte à la taxe carbone, mise en place par l'Union européenne - et ce, même si celle-ci est bien conforme aux règles édictées par l'OMC.
LES ÉMERGENTS EN LIGNE DE MIRE
Pour autant, malgré la pression nouvelle que les pays émergents mettent sur les pays développés, "le problème du protectionnisme n'est pas uniquement lié à ces pays. C'est particulièrement vrai dans le cas de l'Europe, puisque l'essentiel des échanges commerciaux des pays membres se font au sein de l'Union européenne", explique Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.
"Avec la division internationale du travail, nous ne produisons pratiquement plus dans les secteurs à faible valeur ajoutée, comme le textile, qui demande beaucoup de main-d'œuvre à bas coûts. Nous n'avons donc pas intérêt à prendre des mesures protectionnistes contre la Chine dans le secteur textile, puisque tout ce qu'on y gagnerait, c'est l'augmentation des prix des produits importés que nous n'avons pas intérêt à produire", argumente-t-il.
Avant de relativiser la menace du géant asiatique. "La Chine ne représente que 8 % des importations françaises. De fait, les principaux concurrents et partenaires de la France, ce sont les autres pays de l'UE, qui représentent environ 60 % de nos échanges commerciaux - Allemagne en tête, avec 17 %."
C'est pourquoi, pour M. Plane, "plutôt que d'envisager des barrières douanières aux frontières de l'UE" - comme propose de la faire notamment Nicolas Sarkozy avec un "Buy European Act" calqué sur le modèle américain -, "il serait préférable d'éviter les comportements non-coopératifs existant au sein de l'UE, comme la mise en place de la TVA sociale en France ou la compression des coûts salariaux en Allemagne, mesures qui ont pour objectif de gagner des parts de marché au détriment de ses voisins européens".

 http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/03/16/pourquoi-le-protectionnisme-augmente-dans-le-monde_1669406_3234.html

 L'Occident doit imiter l'Asie

Point de vue | LEMONDE | 17.01.12 | 14h19
par Mohamad Mahatir, ancien premier ministre de Malaisie

Selon un dicton malaisien : "Lorsqu'on perd son chemin, il faut revenir en arrière et repartir de zéro." J'ai l'impression que tout le monde s'est égaré en essayant de trouver une solution à la crise financière, et l'Occident en particulier a besoin de repenser certains fondamentaux. Le monde reste eurocentré : la façon dont l'Europe gère la crise financière a une résonance globale.

J'ai cependant des doutes sérieux quant à l'"infaillibilité" des Européens. Je n'aime pas leur politique du deux poids deux mesures. Plusieurs siècles d'hégémonie les ont convaincus que l'Europe sait ce qui est bon pour tout le monde : les valeurs européennes sont considérées par eux comme universelles ; les valeurs asiatiques, elles, seraient "non pertinentes". Cela explique les solutions simplistes que les dirigeants des pays d'Asie du Sud-Est se sont vu proposer lorsque les cambistes les ont appauvris. On a conseillé à la Malaisie d'augmenter ses taux d'intérêt, de maintenir un budget excédentaire, de laisser les banques et les entreprises en difficulté faire faillite, etc.
C'était la solution à tout. Pourtant, lorsque les Etats-Unis et l'Europe se sont heurtés à leur propre crise financière, ils ont adopté toutes les mesures qu'ils avaient déconseillées à la Malaisie comme à l'Asie du Sud-Est. Ce qui a marché en Asie ne fonctionnera pas en Occident.
Pendant près de deux siècles, le "grand récit" du capitalisme était clair et univoque en Europe. Les produits manufacturés européens ont saturé les marchés mondiaux, l'Europe a dominé le commerce mondial et les Européens ont joui des plus forts niveaux de vie au monde. Cette croissance aurait pu se prolonger, si le Japon d'après-guerre n'avait commencé à conquérir des parts de marché grâce à des produits à bas coûts et de bonne qualité, très vite suivi par Taïwan, la Corée du Sud puis la Chine.
Dans l'incapacité de faire face à la nouvelle concurrence, les Européens, mais surtout les Américains, ont fait le choix de la financiarisation de l'économie. Ils ont inventé des produits financiers inédits comme les ventes à découvert d'actions et de monnaies de change, les crédits à risque, la titrisation, les investissements à effet de levier au travers de fonds spéculatifs, et une multitude d'autres produits leur permettant de continuer à croître et à prospérer. Mais la finance de marché ne génère aucune croissance réelle et crée peu d'emplois. Devenus trop gourmands, les spéculateurs ont abusé du système en manipulant le marché afin de générer des profits de plus en plus importants.
En 2008, la bulle a éclaté et les banques, les compagnies d'assurances, les fonds d'investissement et même certains pays firent faillite. S'il n'avait pas été la devise de référence pour les transactions internationales, le dollar se serait effondré.
Comme les pays de l'Asie du Sud-Est il y a quelques années, ceux d'Europe et d'Amérique sont appauvris. Parce qu'ils refusent cet état de fait, les Européens et les Américains rejettent les mesures d'austérité, ils manifestent et organisent des grèves, ce qui ne fait qu'empirer les choses.
Les pays asiatiques ont un autre comportement. Quand ils sont devenus pauvres à la suite de la dévaluation de leur monnaie, ils se sont mis à vivre selon leurs moyens. Certains ont fait appel aux institutions financières internationales mais la Malaisie a fixé le taux de change et fait en sorte que les négociants en devises ne puissent toucher au ringgit (monnaie malaisienne). Les observateurs ont prédit la fin de notre économie et de notre accès au crédit. Bien au contraire, la Malaisie a été la plus rapide à se relever de la crise.
Dans les autres pays d'Asie du Sud-Est, les populations ont donné leur argent et leurs bijoux pour que les gouvernements réduisent l'endettement public. Les salariés ont travaillé davantage et accepté des niveaux de vie inférieurs. Pour mettre fin à la crise financière, les Européens doivent admettre qu'ils sont désormais pauvres.
Puis ils doivent se remettre à faire ce qu'ils faisaient auparavant : produire des biens et vendre des services. Salaires, bonus et autres incitations doivent être diminués afin de devenir compétitifs. Le marché financier doit être encadré et contrôlé par l'Etat. De nombreux produits financiers doivent être régulés, voire interdits.
Le monde a besoin d'un nouveau Bretton Woods reposant sur une juste représentation des pays pauvres et d'un étalon or servant de référence à une monnaie de change internationale. Le système financier doit être standardisé afin de venir en soutien de l'économie réelle. Les jours de l'eurocentrisme sont comptés.
Traduit de l'anglais par Florent Jolyhttp://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/17/l-occident-doit-imiter-l-asie_1630758_3232.html

Près d'un tiers des Français sont d'accord avec les idées du FN

LEMONDE.FR | 12.01.12 | 10h33   •  Mis à jour le 12.01.12 | 11h19

Marine Le Pen lors de son meeting à Metz, le 11 décembre.
Marine Le Pen lors de son meeting à Metz, le 11 décembre.REUTERS/VINCENT KESSLER

Près d'un tiers des Français adhèrent aux idées du Front national. C'est le principal enseignement du baromètre d'image du Front national, réalisé par TNS Sofres entre le 6 et le 9 janvier pour France Info, Le Monde et Canal+. Ainsi, ils sont 31 % à se déclarer "d'accord avec les idées du FN", contre 22 % en janvier 2011. Dans le même temps, 62 % des personnes interrogées se disent "en désaccord" avec les idées du parti de Marine Le Pen. Un chiffre qui chute de 10 points par rapport à l'an passé.

Cette hausse de 9 points des gens adhérant aux idées du parti lepéniste intervient un an après l'accession de Mme Le Pen à la présidence du FN. Surtout, 2011 a été l'année de l'émergence de Marine Le Pen comme leader politique d'abord, comme candidate à l'élection présidentielle ensuite.
"Le terme “Front national” est en train de se normaliser. Avant, c'était un peu repoussoir. Ce phénomène est en train de s'éroder", note Edouard Lecerf, directeur général de TNS Sofres. "Le FN a particulièrement augmenté chez les moins de 35 ans. En un an, leur taux d'adhésion aux idées du FN passe de 11 % à 28  %", précise M. Lecerf.
>> Lire : Le taux d'adhésion aux idées du FN est supérieur à ceui de 2002
Les idées du FN reçoivent un écho particulièrement important dans l'électorat ouvrier (40 % d'accord) et dans les zones rurales (41 % d'accord). A l'inverse, les plus rétifs à ces idées sont les cadres (76 % en désaccord), ainsi que les habitants des zones urbaines (67 % en désaccord, 78 % dans l'ensemble Paris-Lyon-Marseille).
Parallèlement, les gens qui se déclarent "tout à fait opposés" aux idées frontistes sont passés, depuis 1999, de 70 % à 35 %, son niveau le plus bas.
"LES IDÉES DU FN ONT ÉTÉ LISSÉES DE CERTAINS ASPECTS"
En tout cas, "l'effet Marine Le Pen se confirme, selon le directeur général de TNS Sofres. Les idées du FN ont été lissées de certains aspects un peu rugueux qui étaient portés par Jean-Marie Le Pen. D'autre part, ces idées ont été banalisées parce que reprises largement par d'autres", notamment l'aile droite de l'UMP, comme le collectif de députés de la Droite populaire.
Cette banalisation transparaît aussi dans l'image que les personnes interrogées ont de Marine Le Pen. Si, pour une majorité d'entre eux (45 %), la présidente du FN reste "plutôt la représentante d'une extrême droite nationaliste et xénophobe", elle est, au contraire, pour 41 %, "plutôt la représentante d'une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles". Un chiffre en augmentation de 4 points par rapport à 2011.
En outre, le parti d'extrême droite gagne en crédibilité : 31 % des personnes interrogées estiment que le FN "est un parti qui a la capacité de participer à un gouvernement", soit une progression de 6points en un an. Là encore, on voit un "effet Marine Le Pen", même si 57 % des Français continuent de penser que le FN est "seulement un parti qui a vocation à rassembler les votes d'opposition".
UNE MAJORITÉ ESTIME QUE LE FN "REPRÉSENTE UN DANGER"
De même, une majorité (53 %, – 3 points) estime que le FN "représente un danger", tandis que 39 % pensent le contraire (+ 2 points). Un résultat qu'il faut souligner, selon le directeur général de TNS Sofres: "En général, plus le score du FN est haut, plus les Français ont tendance à le considérer comme un danger. On est dans une période où le FN est électoralement fort, et pour autant il n'y a pas de crispation sur son danger pour la démocratie."
On note par ailleurs que le niveau d'adhésion à des opinions qui peuvent être portées par le FN – mais qui ne sont pas identifiées comme telles lors de la réalisation du sondage – progresse peu. Ainsi de l'affirmation "La justice n'est pas assez sévère avec les petits délinquants", qui recueille, certes, le taux d'adhésion le plus important des huit opinions testées (66 %), mais qui n'augmente que de 3 points en un an. Vient ensuite le fait que "l'on ne défend pas assez les valeurs traditionnelles en France" (63 %, – 6 points par rapport à 2011).
61 % REJETTENT UNE SORTIE DE L'EURO
En revanche, une autre proposition recueille de plus en plus d'assentiment : 51 % des personnes interrogées estiment que l'on "accorde trop de droits à l'islam et aux musulmans en France", contre 49 % en 2011. En deux ans, le taux d'adhésion a bondi de 8 points (43 % en 2002). Ces thèmes – insécurité, immigration, identité – constituent le socle des fondamentaux du FN.
Au contraire, la question de la sortie de l'euro et du retour au franc est celle qui engendre le plus grand rejet : 61 % des personnes interrogées se disent en désaccord avec cette idée. Cette proposition est pourtant l'un des axes centraux de la campagne de Mme Le Pen.
En 2011, le fait marquant de ce baromètre était le fait que le FN séduisait de plus en plus de sympathisants de la droite classique (Le Monde du 13janvier 2011). Cette année, un tel mouvement ne se reproduit pas.
Cependant, si seuls 6 % des sympathisants UMP adhèrent à "six ou sept positions du FN", 27 % déclarent adhérer à "trois, quatre ou cinq positions", 31 % à "une ou deux positions". Ce qui pourrait constituer, pour la prétendante à l'Elysée, une importante marge de progression au moment où elle plafonne aux alentours de 20% des intentions de vote. Ils sont 36 % des sympathisants de l'UMP à n'adhérer à aucune position du FN.
Abel Mestre
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/01/12/pres-d-un-tiers-des-francais-sont-d-accord-avec-les-idees-du-fn_1628579_1471069.html#ens_id=1556164

Marine Le Pen s'effondre comme un vulgaire château de cartes

Rédaction en ligne
Mis en ligne le 17/01/2012
VIDEO Déstabilisée, la politicienne a tenté de refaire surface par l'entremise de procédés peu convaincants.
L'interview semble avoir été minutieusement préparée. Il en résulte une leçon de journalisme donnée par Anne-Sophie Lapix. La performance est d'autant plus remarquable que cette journaliste de Canal + avait pour invitée la remuante Marine Le Pen.
La présidente du FN, plutôt habituée à dégainer sa rhétorique en toute complaisance, a été secouée sur le plateau télé de l'émission "Dimanche Plus".
Obligée de faire face à ses aberrations, notamment sur une mesure d'augmentation des salaires qui lui tient particulièrement à coeur, Marine Le Pen a vu son programme socioéconomique s'effondrer comme un vulgaire château de cartes.
Déstabilisée, la politicienne a tenté de refaire surface par l'entremise de procédés peu convaincants, et en suggérant que la journaliste mélangeait tout.
"Vous vous trompez", lâche-t-elle, sans davantage d'explications, en essayant ensuite de noyer le poisson.
"Merci pour la démonstration et la grande leçon d'économie", ose lui rétorquer Anne-Sophie Lapix. Avant d'enchainer que ses questions sont ne sont "pas orientées et simples pour que vous m'expliquiez justement, car j'aime les explications".
Le tout conclu sur un sourire crispé de Marine Le Pen, forcée d'admettre qu'elle faisait face à plus forte qu'elle... http://www.lalibre.be/actu/international/article/713685/marine-le-pen-s-effondre-comme-un-vulgaire-chateau-de-cartes.html

 

«Mein Kampf», réédité en Allemagne

Un exemplaire de «Mein Kampf», présenté ici lors d'une exposition à Berlin en 2010.
Un exemplaire de «Mein Kampf», présenté ici lors d'une exposition à Berlin en 2010.
Getty Images/Andreas Rentz

Par RFI / AFP
Mein Kampf, le livre d’Adolf Hitler sera bientôt à nouveau diffusé en Allemagne, sous la forme de larges extraits dans une revue historique. Provocation, juteuse affaire ou véritable envie de faire de la pédagogie ? La justice pourrait être amenée à trancher puisque Peter McGee, l’éditeur britannique s’expose à des poursuites judiciaires en raison de l'interdiction de rééditer les écrits du dictateur nazi.

On le trouve sur Internet assez facilement. Mein Kampf, le livre d’Adolf Hitler dans lequel il expose son idéologie national-socialiste n’est pas interdit en tant que tel. Mais en Allemagne, c’est un tabou complet et sa réédition est impossible. Le ministère des Finances de l’Etat régional de Bavière qui détient les droits d’auteur y veille strictement. Objectif : éviter son exploitation par des groupuscules néo-nazis.
L’éditeur Peter McGee n’en est pas à son coup d’essai. En 2009, sa revue Zeitungszeugen avait déjà suscité la polémique en publiant des extraits annotés de revues nazies de l’époque. Il se défend néanmoins en disant qu’il ne veut publier que de larges extraits du livre d'Hitler. Pourtant la publication d’autres passages du livre est prévue et ce, à un rythme hebdomadaire. Les Allemands vont donc, dès le 26 janvier prochain, pouvoir accéder une fois par semaine, chez leur marchand de journaux, aux meilleures feuilles de l’ouvrage. Un porte-parole du ministère régional a annoncé examiner une possible action en justice.
Dans le milieu associatif juif, on crie au scandale. L'Association américaine des survivants de l'Holocauste s'est dit « horrifiée » par les visées mercantiles de l'éditeur. Le président du Conseil central des juifs d’Allemagne, Dieter Graumann regrette, lui, que les extraits ne soient pas assorties de « commentaires pédagogiques d’historiens ». Un institut de recherche a d’ailleurs prévu une publication commentée dès 2015. L’éditeur a, de son côté, regretté que personne n’ait jamais lu Mein Kampf pour constater « qu’il s’agit d’un ouvrage de piètre qualité et confus ». Pas un mot par contre sur la recette attendue d’une telle publication.
tags: Allemagne - Littératurehttp://www.rfi.fr/europe/20120119-mein-kampf-reedite-allemagne

Maggie De Block: "90% des demandeurs d'asile n'ont pas de raison de venir ici"

Mathieu Colleyn
Mis en ligne le 11/01/2012
EXCLUSIF
Maggie De Block dévoile à “La Libre” sa politique en matière d’immigration et d’asile. La secrétaire d’Etat Open VLD fixe ses ambitions.
Le grand oral de Maggie De Block, c’est pour aujourd’hui. La toute nouvelle - c’est une des surprises du gouvernement papillon - secrétaire d’Etat en charge de l’Asile et de l’Immigration doit en effet présenter une sorte d’état des lieux et les grandes lignes de son action future aux parlementaires fédéraux. La libérale flamande (Open VLD) est évidemment attendue au tournant, surtout par l’opposition N-VA.
Celle qui avait souhaité prendre le temps de se plonger dans une matière qui lui était totalement étrangère avant de s’exprimer s’est confiée à "La Libre". D’emblée, elle confirme que la situation est "désastreuse" en ce qui concerne les demandes d’asile. Le chiffre de 25 000 demandes a été franchi l’an dernier, contre un peu plus de 19 000 en 2010, et le réseau d’accueil de ces personnes est saturé. Cette tendance ne risque pas de s’inverser à court terme, malgré la mise en œuvre des décisions votées au Parlement l’an dernier alors que le gouvernement en affaires courantes était encore à la manœuvre. C’est la crise internationale qui est identifiée comme cause principale du nombre important de demandeurs d’asile. La situation grecque joue aussi un rôle, depuis qu’un arrêt de la Cour européenne de justice suspend le renvoi des demandeurs arrivés dans ce pays logé aux limites de l’Europe. La règle qui veut que le premier pays où arrive le demandeur doive traiter le dossier ne vaut donc plus pour la Grèce alors qu’en 2010, 90 % des illégaux de l’UE transitaient par ce pays. Rappelons aussi qu’une centaine de mineurs non accompagnés logent encore dans des hôtels. Pour endiguer le phénomène, la Belgique s’est donc dotée en 2011 d’un arsenal réglementaire plus dur. Mais où en est son application ?http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/article/712279/maggie-de-block-90-des-demandeurs-d-asile-n-ont-pas-de-raison-de-venir-ici.html

Une étude affirme que la durée de travail des salariés français à temps plein est l'une des plus basses d'Europe

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 12.01.12 | 09h01   •  Mis à jour le 12.01.12 | 12h33

La durée de travail des salariés français à temps plein est la plus faible d'Europe après la Finlande selon une étude de l'institut Coe-Rexecode publiée mercredi 11 janvier. La Roumanie est le pays où l'on travaille le plus dans l'Europe des 27 et l'Allemagne se situent à la 15e place. L'institut économique, qui se base sur des données comparables fournies par Eurostat, avance que les salariés français à temps plein ont travaillé 1 679 heures en 2010, "soit 224 heures de moins que l'Allemagne" ou "177 heures de moins que le Royaume-Uni" et 134 heures de moins que les Italiens. C'est en France que la durée a le plus diminué depuis 1999 (–270 heures). A titre de comparaison, selon l'OCDE, les Français ayant un emploi ont travaillé en moyenne 1 562 heures en 2010, plus que les Allemands (1 419 heures) mais moins que les Britanniques (1 647 heures).

En revanche, la durée effective annuelle de travail des travailleurs indépendants et des salariés à temps partiel en France se situe dans la moyenne haute en Europe (respectivement 2 453 et 978 heures). Coe-Rexecode souligne qu'ils ont une durée effective moyenne de travail "supérieure de près de 50 % à celle des salariés à temps plein". En 2010, ils ont travaillé en moyenne 774 heures de plus que les salariés à temps plein. A l'inverse des salariés à temps plein, les travailleurs indépendants français ont eux une durée moyenne de travail parmi les plus importantes d'Europe des 27 avec l'Allemagne et l'Autriche.
Ces chiffres, qui distinguent l'emploi salarié et non salarié, permettent, selon Coe-Rexecode, de disposer de chiffres comparables entre les pays européens et ainsi "de corriger certains jugements erronés selon lesquels, par exemple, la durée du travail serait plus élevée en France qu'en Allemagne". Coe-Rexecode estime que la stratégie française de baisse de la durée du travail a échoué et préconise de libérer la durée du travail par des accords d'entreprises, ce qui "conduirait à une augmentation du taux d'emploi et du pouvoir d'achat en France".
Ces chiffres sont publiés quelques jours avant le sommet social du 18 janvier lors duquel doit être discutée la possibilité de conclure des accords "compétitivité-emploi", permettant d'ajuster la durée du travail et le montant des salaires dans les entreprises selon la conjoncture. Selon Coe-Rexecode, "le dynamisme démographique de la France est un atout majeur dont la France peut tirer parti par des réglementations de l'emploi moins restrictives et un meilleur fonctionnement du marché du travail".

La colère de Bernard Thibault

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a dénoncé l'étude Coe-Rexecode. M. Thibault a estimé que cette étude "d'un organisme économique patronal s'efforce de montrer que les Français ne travaillent pas assez". "Cette campagne de culpabilisation des salariés dans notre pays atteint ses limites", a-t-il ajouté à l'issue d'un entretien avec le candidat PS à l'Elysée François Hollande, à son QG de campagne. "Ce n'est pas très original : nous coûtons trop cher, nous ne travaillons pas assez, nous fraudons sur les prestations sociales", a-t-il ajouté, déplorant que "malheureusement beaucoup de médias se laissent avoir par des études qui sont loin d'être scientifiques". "Du point de vue des rémunérations, nous sommes en dessous de la main-d'œuvre en Allemagne et du point de vue du temps de travail, nous sommes très comparables", a assuré le secrétaire général de la CGT, mais "nous avons des organismes patronaux qui s'efforcent d'entretenir la culpabilisation des salariés français".
http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/01/12/une-etude-affirme-que-la-duree-de-travail-des-salaries-francais-a-temps-plein-est-l-une-des-plus-basses-d-europe_1628542_3234.html#ens_id=1607996