Sur Twitter ou dans la section des commentaires de son blog, de nombreux internautes ont réagi au dernier billet de Suzette Sandoz, ancienne députée libérale au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale et professeure honoraire de droit de la famille et des successions. Il est intitulé: «Peut-on vraiment parler d'un "droit à l'avortement"?» (les guillemets sont d'origine). Devant l'émotion suscitée, Le Temps apporte quelques éléments de réponse.

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Sur la forme: contrairement à ce que laissent penser certains commentaires sur Twitter, Le Temps n'a pas choisi de publiciser ou promouvoir ce blog particulièrement. Si ce billet est apparu sur le fil Twitter de notre titre, c'est le cas de tous les billets de tous nos blogs, via une procédure automatisée. Nous rappelons par ailleurs que les blogs du Temps sont parfaitement indépendants de la rédaction: ils n'impliquent aucune participation, aucun engagement de notre titre (qui selon le droit en est cependant responsable comme éditeur). Les blogueurs du Temps sont plus de 200, ils ont été choisis en raison de la diversité de leurs points de vue, et nous passons régulièrement en revue leurs contributions pour assurer sur notre site cette diversité et une qualité de débat éditorial.

«On ne peut pas mourir si on n'est pas né»

Sur le fond: dans son billet, Suzette Sandoz rapproche l'euthanasie et l'avortement. «L’euthanasie, comme l’avortement, c’est une mise à mort, écrit-elle; le droit à l’euthanasie est le droit de demander et d‘obtenir d’être mis à mort ou le droit de mettre à mort une personne qui le demande ; le droit à l’avortement est le droit de demander la mise à mort de l’enfant que l’on porte». C'est cette dernière phrase qui provoque une bronca. Une phrase qui est factuellement inexacte: une interruption volontaire de grossesse peut se dérouler en Suisse jusqu'à la 12e semaine de grossesse après les dernières menstruations, autrement dit l’embryon a dix semaines au plus, et il s'agit bien d'un embryon, non d'un foetus (à partir de trois mois) et a fortiori non d'un enfant.

La Revue médicale suisse le rappelait dès 2005, trois ans après une votation populaire refusant, à 72%, l'interdiction de l'interruption de grossesse en juin 2002: «En droit suisse comme dans d’autres pays, le fœtus n’acquiert des droits qu’à partir du moment où il naît vivant». Comme le synthétise une médecin de la reproduction genevoise, «on ne peut pas mourir si on n'est pas né». Pour l'OMS, un fœtus est viable à partir de la 22e semaine de gestation ou qu'il pèse 500 grammes. Dans son billet, Suzette Sandoz mentionne d'ailleurs «l'enfant futur», alors que ce n'est précisément pas encore un enfant. D'ailleurs, le propos de Suzette Sandoz va à l'encontre de l'article 119 du Code pénal suisse.

Le débat sur le début de la vie est complexe et fait appel à une vision éthique, religieuse mais aussi scientifique et juridique. La charte des blogs du Temps stipule que si les opinions sont libres, les faits mentionnés dans des billets de blog doivent être exacts. Ce n'est en l'occurrence pas le cas.

Pour aller plus loin, relireEn Suisse aussi, le droit à l’avortement traverse des turbulences