jeudi 17 décembre 2020

LA QUESTION DES FEMMES ET LA SANTE

OPINION

Le gouvernement Trump sanctionne la Californie sur le remboursement de l'avortement

Amérique

AFP

Publié le - Mis à jour le 

Le gouvernement du président Donald Trump a annoncé mercredi qu'il allait sanctionner financièrement la Californie, à hauteur de 200 millions de dollars, parce que cet Etat démocrate oblige les assurances santé à couvrir le coût des interruptions volontaires de grossesse, ce qui enfreindrait la loi fédérale selon lui.

Le gouvernement Trump sanctionne la Californie sur le remboursement de l'avortement
© Shutterstock
2

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a réagi en dénonçant un "acte politique mesquin". "La santé des femmes, c'est la santé publique", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le sujet de l'avortement est extrêmement clivant aux Etats-Unis et Donald Trump, qui doit quitter la Maison Blanche le 20 janvier prochain, avait courtisé la droite religieuse en promettant notamment de nommer des juges opposés à l'IVG.

De son côté, la Californie, bastion démocrate et fer de lance de l'opposition à la politique du milliardaire conservateur, a adopté en 2014 une législation contraignant les employeurs et les assurances privées à inclure dans leur couverture santé le remboursement des IVG.

Le gouvernement Trump avait estimé en début d'année que cette disposition allait à l'encontre d'une loi fédérale sur la liberté de conscience qui interdirait toute discrimination contre les assureurs qui refusent de couvrir les avortements.

Le ministère de la Santé a annoncé mercredi dans un communiqué que, faute de s'être mises en conformité, les autorités californiennes allaient être privées de 200 millions de dollars, retenus sur le financement fédéral destiné à la couverture santé des plus pauvres au titre du premier trimestre 2021.

"Les entités qui reçoivent des fonds (du ministère de la Santé) devraient y réfléchir à deux fois avant d'enfreindre la loi fédérale", écrit dans un communiqué Roger Severino, directeur du bureau des droits civiques de ce ministère.

"Quoi qu'on pense de la légalité de l'avortement, personne ne devrait être puni pour refuser de payer ou de contribuer pour le retrait d'une vie humaine", affirme-t-il.

Le ministère de la Santé précise que 200 millions de dollars seront retenus chaque trimestre sur les fonds destinés à la Californie tant que la législation n'aura pas été amendée.

Cette décision a toutefois peu de chances d'être suivie d'effets, le président élu, Joe Biden, ayant toute latitude pour l'annuler une fois entré en fonctions.

Ironie de l'histoire, c'est l'actuel procureur général de Californie, Xavier Becerra, que M. Biden a choisi pour devenir son ministre de la Santé.

Selon un sondage du centre de recherches Pew datant de 2018, 58% des Américains estiment que l'avortement devrait être légal mais 37% souhaitent son interdiction.

https://www.lalibre.be/international/amerique/le-gouvernement-trump-sanctionne-la-californie-5fdafc7bd8ad5844d1b959ae

Quels sont les enjeux pour les droits des femmes en 2020?

OPINION. Le mouvement féministe mondial a réussi à prouver au cours des années qu’il peut surmonter de fortes résistances lorsqu’il s’agit de défendre les droits de groupes marginalisés. En 2020, il y parviendra de nouveau, écrit Françoise Girard, présidente de la Coalition internationale pour la santé des femmes
Que ce soient les démarches des républicains aux Etats-Unis pour que la Cour suprême annule la décision Roe v. Wade, qui, en 1973, a inscrit dans la jurisprudence le droit des femmes à l’avortement, ou bien les nouvelles restrictions imposées par la Pologne à l’accès aux moyens contraceptifs d’urgence, jusqu’au renforcement des restrictions au Brésil de l’éducation sur la santé sexuelle, les temps sont durs pour les femmes. Mais le mouvement féministe mondial a réussi à prouver au cours des années qu’il peut surmonter de fortes résistances lorsqu’il s’agit de défendre les droits de groupes marginalisés. En 2020, il y parviendra de nouveau.
Le défi est de taille. Une conséquence inévitable de l’autoritarisme, du nationalisme ethnique et de la xénophobie saisis ardemment par des dirigeants politiques de bon nombre de pays – en particulier le Brésil, la Hongrie, l’Inde, la Turquie et les Etats-Unis – est la continuation de normes régressives sur l’égalité des différentes identités sexuelles. Selon les dirigeants partisans de la manière forte comme Jair Bolsonaro au Brésil, Viktor Orban en Hongrie et Narendra Modi en Inde, les femmes naissent pour devenir des épouses et des mères; les immigrants et les minorités raciales, religieuses et ethniques sont des éléments dangereux et inférieurs. Pour ces dirigeants, les personnes LGBTQI+ qui se font ostraciser, emprisonner ou même assassiner l’ont bien cherché. Ces dirigeants ont encouragé les gens qui partagent leurs vues à s’engager dans des actes de discrimination et de violence sur des minorités ethniques ou autres, des migrants, des femmes et d’autres groupes marginalisés.
Par des mesures comme les restrictions sur l’avortement et la contraception et l’élimination des protections des personnes LGBTQI+, ces dirigeants cherchent à dicter aux gens ce qu’ils font de leur corps, de leur sexualité et de leur reproduction. Ils pénalisent ceux qui osent défier leurs convictions rétrogrades. Par exemple, dès son entrée à la Maison-Blanche, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a rétabli la «règle du bâillon mondial», ayant pour effet de causer la mort de femmes, car elle exclut de l’aide américaine tout organisme international qui gère des cliniques d’avortement, qui y dirige des femmes ou qui se fait le défenseur de ces services. Or, à titre de présidente de la Coalition internationale pour la santé des femmes et porte-parole de longue date du droit des femmes, j’ai été aux premières loges de ce que le mouvement féministe peut accomplir. Songeons à la lutte des féministes en Argentine contre des législations excessivement restrictives en matière d’avortement.

Des progrès partout

Il y a vingt ans, aux Nations unies, les diplomates argentins refusaient même de reconnaître les droits en matière de santé sexuelle et génésique. Mais en 2005, les féministes d’Argentine ont lancé une campagne nationale pour le droit à l’avortement légal, sans risque et gratuit, livrant dès le début un âpre combat contre de puissants adversaires. En 2018, des centaines de milliers de militantes et militants ont envahi les rues partout au pays portant des foulards verts (devenus depuis le symbole mondial de la défense du droit à l’avortement) pour exiger que le Sénat adopte le projet de légalisation de l’avortement. Le mouvement a perdu la bataille, mais par une très faible marge – un résultat qui aurait paru impossible, il y a à peine quelques décennies. Et les militantes ont poursuivi le combat. Le mois dernier, l’Argentine a investi au pouvoir un président, Alberto Fernandez, qui a promis de légaliser l’avortement.
 

Comme le mouvement féministe l’a prouvé à maintes reprises, grâce à un engagement soutenu, les changements qui semblaient autrefois impossibles peuvent plus tard paraître inévitables
Il n’est jamais facile de faire évoluer une société pour qu’elle protège les groupes marginalisés. Les gains rapides contre une faible opposition sont rares. Cela étant, comme le mouvement féministe l’a prouvé à maintes reprises, grâce à un engagement soutenu, les changements qui semblaient autrefois impossibles peuvent plus tard paraître inévitables. L’année dernière seulement, nous avons été témoins de nombreux exemples de tels changements. L’Etat d’Oaxaca du Mexique et l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud en Australie ont décriminalisé l’avortement, comme l’a fait l’Irlande du Nord, tandis que d’autres Etats ont libéralisé leurs lois, en élargissant les circonstances dans lesquelles les femmes peuvent avoir accès à des services d’avortement légaux et sans risques. En avril, la Cour suprême de Corée du Sud a invalidé les lois du pays en matière d’avortement, les qualifiant d’inconstitutionnelles, préparant le terrain pour une décriminalisation cette année même.
Outre ces questions d’avortement, l’Autriche, l’Equateur, l’Irlande du Nord et Taïwan ont tous légalisé le mariage entre personnes de même sexe en 2019. De plus, dans le cadre d’un changement de garde politique remarquable, la Finlande a élu Sanna Marin, une femme de 34 ans, au poste de première ministre. Des femmes dirigent maintenant les cinq partis politiques composant la coalition gouvernant le pays et quatre d’entre elles ont moins de 40 ans. Les porte-parole des droits des femmes sont déterminé(e)s à faire de 2020 une année au moins aussi importante dans la lutte mondiale pour l’égalité, non seulement des femmes et des jeunes filles, mais de toutes les personnes. Ainsi, en Inde, ce sont les femmes qu’on retrouve à la tête des mouvements de protestation contre la nouvelle loi de citoyenneté jugée discriminatoire envers les musulmans.

Alliance progressiste

Il est particulièrement inspirant de voir de jeunes militantes et des activistes à identité sexuelle multiple à la tête de mouvements prônant des changements en profondeur. Par exemple, Emma Gonzalez réclame une réforme de la loi américaine sur les armes à feu, Bertha Zuñiga défend les droits territoriaux des populations autochtones du Honduras, et Jamie Margolin et Greta Thunberg se révèlent être des têtes de proue du militantisme environnemental. Cette année marque le 25e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing des Nations unies, qui inscrit les droits des femmes dans le cadre des droits de la personne et définit l’importance de l’égalité des sexes dans l’échéancier international. Depuis la création de la plateforme, les militants et militantes s’en sont servis pour faire en sorte que les gouvernements respectent leurs engagements sur un vaste éventail de problématiques, dont la mortalité maternelle, le mariage des enfants, la violence sexiste, la participation politique et les droits génésiques. Les militantes féministes poursuivront le travail dans le cadre du Forum Génération égalité Beijing +25, coprésidé par le Mexique et la France, qui se déroulera à Mexico en mai et à Paris en juillet. Elles y réclameront de nouveaux engagements fermes de s’attaquer à des enjeux transversaux comme les changements climatiques et la crise des réfugiés.
Cette perspective élargie est essentielle. En fait, le mouvement féministe doit raffermir ses alliances avec d’autres mouvements progressistes, surtout ceux qui se battent pour la viabilité environnementale, l’équité dans le traitement des minorités ethniques et les droits des LGBTQI+. Ce n’est que par une mobilisation générale et par un soutien mutuel des autres programmes que nous pourrons triompher des forces racistes, hétéronormées, patriarcales et exploitatrices, afin de construire un monde plus juste, plus équitable et plus pérenne. Les effets de ces initiatives seront orientés par les décisions des citoyens et des décideurs politiques. L’élection présidentielle aux Etats-Unis en novembre sera particulièrement importante. Pour le meilleur et pour le pire, les Etats-Unis exercent une influence disproportionnée sur l’efficacité des interventions dans le reste du monde pour régler des problèmes allant des changements climatiques à l’aide étrangère, en passant par la diplomatie et les droits de la personne.
En cas de défaite de Trump, les Etats-Unis pourraient de nouveau servir d’exemple, relançant la coopération multilatérale, renouvelant l’appui aux agences de l’ONU œuvrant en santé et en droits de la personne et assurant que les fonctions supérieures de l’Etat et du système judiciaire sont de nouveau occupées par des personnes compétentes qui viennent en appui aux droits de la personne et à la règle de droit. Mais quoi qu’il arrive, une chose est sûre: le mouvement féministe et ses alliés progressistes ne baisseront pas les bras.
Traduit de l’anglais par Pierre Castegnier.

Françoise Girard est présidente de la Coalition internationale pour la santé des femmes.

Copyright: Project Syndicate, 2020.
www.project-syndicate.org

Arrivées en Belgique, les victimes d'excision restent en enfer

Louise Vanderkelen Publié le - Mis à jour le
AddThis Sharing Buttons
Belgique Les femmes qui en sont victimes fuient leur pays d’origine, souvent seules.

Aucun cas d’excision perpétrée sur le sol belge n’a été recensé actuellement. Cette mutilation génitale féminine (MGF), qui vise à l’ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, est condamnable sur notre sol d’une peine d’emprisonnement de trois à cinq ans à quiconque l’aura pratiquée, facilitée ou favorisée avec ou sans le consentement de la personne concernée.
La Belgique touchée
Pourtant, même si aucun cas de la pratique n’a été répertorié en Belgique, le problème des mutilations sexuelles féminines n’est pas à dénigrer. Selon le rapport "Violences de genre et mémoire traumatique" délivré vendredi par le GAMS (Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles féminines) Belgique et l’ASBL Intact, de nombreuses migrantes originaires des pays qui pratiquent l’excision vivent en Belgique. En 2012, sur le sol belge, vivaient 13 112 femmes excisées et 4 084 qui risquaient de l’être, et 1 300 femmes demandaient l’asile pour ces raisons.
La plupart de ces jeunes filles et de ces femmes qui demandent l’asile en Belgique sont originaires de dix pays d’Afrique : la Guinée, la Somalie, l’Egypte, l’Ethiopie, la Côte-d’Ivoire, le Nigeria, le Sierra-Leone, le Sénégal, le Burkina Faso et Djibouti.
En vue de se conformer à ses engagements sur le plan de la protection des droits fondamentaux, la Belgique est tenue d’accorder une protection internationale à une personne qui risque d’être victime de MGF en cas de retour dans son pays d’origine. Les derniers chiffres en date du commissariat général aux réfugiés et aux apatride (CGRA) informent qu’en 2014, sur les 518 dossiers traités au fond, 355 se sont clôturés par une décision positive de reconnaissances du statut de réfugié.
Encore plus de stress
Ces jeunes femmes sont placées en centres d’accueil à travers le pays. En plus d’être traumatisées et de dépendre de soins psychologiques, le stress lié à leur procédure d’asile et à leur accueil en centre leur rend la vie difficile.
D’abord, parce que leur dossier est évalué sur la base d’une interview au CGRA. "Ces jeunes femmes ont énormément de difficultés à parler de leur expérience. Premièrement, à cause de leur état psychologique, ensuite de leur profil, de la barrière de la langue, mais elles doivent aussi fournir des preuves matérielles comme un certificat médical et psychologique", explique Charlotte Chevalier, juriste au sein de l’ASBL Intact
Ensuite, la vie en centre peut être synonyme de harcèlement moral pour ces femmes. Sarah Strauven et Min Symoens travaillent toutes deux dans le centre pour demandeurs d’asile de Saint-Trond qui accueille 92 femmes sur les 464 résidents. "Elles nous confient l’existence d’agressions d’hommes mais aussi de femmes. Les hommes les attendent à la sortie, dans leur voiture et leur parlent de façon inappropriée, ou entrent dans leur chambre. D’autres filles sont filmées dans la cafétéria lorsqu’elle mangent. Elles restent enfermées dans leur chambre et ne veulent plus en sortir". Après un parcours laborieux pour arriver en Belgique, "elle doivent encore survivre dans le centre".

Quel accès aux soins de santé ?

Si la demandeuse d’asile est accueillie dans un centre de Fedasil , elle peut bénéficier de l’aide matérielle comprenant l’hébergement, les repas, l’habillement, l’allocation journalière ainsi qu’à une aide juridique. Depuis 2007, tout demandeur d’asile a également droit aux soins médicaux couverts par la sécurité sociale. D’autres soins, qui ne le sont pas mais qui relèvent de la vie quotidienne, comme les soins de santé mentale, sont remboursés.
Si la réfugiée est placée dans une initiative locale d’accueil, qui dépend du CPAS du lieu dans laquelle elle se trouve, la continuité de ces soins peut être interrompue. En effet, les CPAS ne sont pas remboursés suivant la liste des soins médicaux inscrits dans l’arrêté royal mais le sont en fonction de leur nomenclature. Certains soins médicaux remboursés par Fedasil ne le sont donc pas par les CPAS.
Si la migrante est déboutée , que sa demande d’asile est refusée, elle se trouve donc en séjour irrégulier sur le sol belge. Dans ce cas, elle doit se rendre dans son CPAS, prouver qu’elle est en séjour irrégulier, qu’elle réside dans la commune du CPAS et prouver son état de besoin. Si ces conditions sont remplies, elle pourra bénéficier d’une aide médicale urgente et de certains soins remboursés par la Sécu, comme les consultations psychologiques. Bien sûr, ces preuves sont difficiles à rassembler pour une personne qui a perdu son droit d’accueil et l’accès aux soins de santé, notamment mentale, devient impossible, ce qui provoque l’isolement de la personne.

Le réveil de l'Amérique latine, horrifiée par les meurtres de femmes

AFP Publié le - Mis à jour le





Lucia, Argentine de 16 ans, Joseline, Mexicaine de 22 ans, Florencia, Chilienne de 10 ans : ces récentes victimes de meurtres sauvages ont fait sortir dans la rue des milliers de femmes en Amérique latine, une région qui se réveille face aux crimes machistes.
Si le cas de Lucia Pérez, droguée, violée et torturée, a choqué l'Argentine, l'appel à manifester le 19 octobre a été suivi au Chili, en Uruguay, en Bolivie et au Mexique notamment, scandalisés par leurs propres drames, comme la mort de Florencia, asphyxiée par son beau-père, ou de Joseline Perralta Aguirre, retrouvée étranglée et couverte de bleus.
Au Pérou, le président Pedro Pablo Kuczynski a participé à une protestation similaire en août réunissant 50.000 personnes. Dans la région, syndicats et partis politiques se sont joints au mouvement.
"Oui, il y a un changement et c'est très important", salue l'Indienne Lakshmi Puri, directrice exécutive adjointe d'ONU Femmes, dans un entretien à l'AFP : "Ce cri de zéro tolérance (face aux violences machistes, ndlr) vient désormais de partout".
Cela lui rappelle son propre pays où le viol collectif et la torture d'une étudiante, fin 2012, avaient déclenché une mobilisation historique. En Amérique latine où règne "la culture du machisme", "c'est la même indignation que provoque actuellement cette violence brutale contre des femmes et des fillettes".
La région offre un sombre panorama : sur les 25 pays au monde enregistrant le plus de meurtres machistes, la moitié sont latino-américains, explique Mme Puri.
L'aide des réseaux sociaux 
"C'est terriblement dangereux d'être une femme en Amérique latine", se désole Ariadna Estevez, chercheuse à l'Université nationale autonome de Mexico.
Elle rappelle qu'au Mexique, "la mobilisation contre les meurtres de femmes dure depuis au moins 20 ans, à cause des femmes assassinées à Ciudad Juarez", mais est longtemps restée cantonnée aux proches des victimes.
Désormais dans la région, "il y a un réveil" : en Argentine, "depuis l'an dernier, une campagne a été créée avec le mot-clé #NiUnaMenos" (Pas une de moins) et au Mexique, le printemps violet (#Primaveravioleta) a éclos sur Twitter ou Facebook.
"Les réseaux sociaux ont joué un rôle fondamental", explique Ariadna Estevez, et pas seulement pour mobiliser les foules.
"Cela a servi de catharsis, car beaucoup de femmes n'avaient pas parlé du harcèlement et de la violence qu'elles avaient subis : elles se sont rendues compte que cela concernait pratiquement la majorité des femmes", comme au Brésil avec la campagne #Meuprimeiroassedio (mon premier harcèlement).
En Uruguay, l'assistante sociale Fanny Samuniski reçoit depuis des années, dans l'association Mujer Ahora, des femmes maltraitées.
Elle a noté une évolution : "au début, elles venaient en disant +je suis désespérée, je veux que vous lui parliez...+. Maintenant elles arrivent en demandant +quels sont mes droits ?+".
Dans ce petit pays réputé pour avoir été l'un des premiers de la région à autoriser le divorce et l'avortement, 19 femmes ont été assassinées par leur partenaire ou ex-partenaire depuis début 2016, selon un décompte d'associations.
Nouvelles générations 
Un cas, en juin, a horrifié les Uruguayens : à Paysandu (nord), un homme a incendié la maison de son ancienne compagne, la blessant grièvement et tuant ses trois filles et une amie.
Face aux violences conjugales, "les femmes dénoncent beaucoup plus qu'avant mais elles supportent ça dix ans" avant de porter plainte, souvent parce qu'elles n'ont pas les moyens de vivre seules, soupire Fanny Samuniski.
Elle milite pour inclure dans le code pénal uruguayen le concept de "féminicide", comme l'ont déjà fait 16 pays latino-américains pour mieux comptabiliser et sanctionner ce fléau.
A presque 80 ans, elle se réjouit de voir ces mobilisations massives contre la violence machiste : "les femmes de ma génération, nous étions beaucoup plus timides, elles (les nouvelles générations, ndlr) sont plus guerrières".
L'Argentine Maria Nieves Rico, directrice du département des questions de genre à la Commission économique pour l'Amérique latine (Cepal), a participé à la manifestation régionale du 19 octobre, à Santiago du Chili, siège de cet organisme de l'ONU.
"Ce qui m'a frappée, de façon positive, c'est la quantité de jeunes filles", raconte-t-elle, soulignant que celles-ci "naissent et s'éduquent dans un autre contexte" qui leur donne plus d'armes pour réagir.
Il faudra du temps pour changer les mentalités dans la région, mais "on entend leurs voix, et cela aide toujours".http://www.lalibre.be/actu/international/le-reveil-de-l-amerique-latine-horrifiee-par-les-meurtres-de-femmes-581d7d6acd70958a9d5d22ed

C’est ça, ma vie de femme noire chez les blancs - La Libre.be




C’est ça, ma vie de femme noire chez les blancs
Contribution lecteur

Publié le



Opinions

Une opinion de Zdena
Mtetwa-Middernacht. D'origine zimbabwéenne, elle est doctorante à la
Brussels School of International Studies de l'Université de Kent et vit
en Belgique. 
Il fut une époque où les règles de
bienséance codifiant les sociétés dites "éclairées" interdisaient toute
référence à l’appartenance raciale d’une personne. L’on préférait
expliquer les choses, et notamment les différentes façons dont les gens
sont traités, par d’autres facteurs que la race. Ces derniers temps,
toutefois, mon vécu de femme noire évoluant dans une société
majoritairement blanche m’a obligée à remettre en question cette idée,
au point de me dire que l’incapacité de la société européenne à faire
face à la réalité de ses préjugés revient à une forme de déni.
Plus je tente de me convaincre que le racisme ambiant est le
fruit de mon imagination, plus sa réalité revient au galop, m’obligeant
à y revenir, encore et encore, au fil des contrôles aux postes
frontières.

À Bruxelles
Je fais souvent le trajet entre Bruxelles et Johannesburg et
le contraste entre mes expériences dans les deux aéroports est
édifiant. Permettez-moi de m’expliquer et de décrire quelques scénarios
typiques.

Lorsque j’atterris à Bruxelles, j’endure l’interrogatoire de
routine que la police des frontières réserve de façon récurrente aux
non-Européens : à qui venez-vous rendre visite ? Combien de temps
resterez-vous dans le pays ? Quelle est votre adresse exacte pendant
votre séjour ? Pouvez-vous me montrer votre billet retour ? Le
fonctionnaire examinera en détail mon visa pour s’assurer qu’il ne
s’agit pas d’un faux et apposera finalement le cachet sur mon passeport,
sans grande conviction.


Je me dirige ensuite vers le tapis roulant pour récupérer ma
valise. On m’arrête juste avant la sortie, pour inspecter ma valise. Je
regarde autour de moi et remarque que le fonctionnaire qui m’interroge
et examine ma valise est entouré d’autres voyageurs également arrêtés
juste avant la sortie. Ils sont tous soit de race noire, soit,
apparemment, de religion musulmane. A l’évidence, ce sont là les seuls
critères utilisés pour déterminer si une personne est suspecte.

En Afrique
Quelques mois plus tard, j’atterris à l’aéroport
international de Johannesburg ou à l’aéroport de Bulawayo, au Zimbabwe.
Les passagers se dirigent vers leurs files de contrôle passeports
respectives. Les Européens n’ont pas eu besoin de demander un visa à
l’avance, ils le recevront à leur arrivée à l’aéroport. Ils ne subiront
pas d’interrogatoire, et auront même en général droit à un sourire de la
part du fonctionnaire.

Profilage racial contre Ebola
Prenons un autre exemple. Je suis dans la file des
passeports non européens au terminal Eurostar de Bruxelles, m’apprêtant à
monter sur le train de Londres. Je voyage avec mon mari mais, lorsque
nous avons commencé à voyager ensemble, nous nous sommes rapidement
rendu compte que sa couleur de peau (blanche) me protégeait de la
déshumanisation des contrôles aux frontières. Nous nous étions dès lors
mis d’accord que, par principe, nous ne passerions jamais le contrôle
passeports ensemble, car accepter ce genre de protection reviendrait à
accepter que certaines personnes ne valent à être reconnues que si elles
sont protégées par la blancheur de la peau (et toutes les identités
culturelles y associées) du "protecteur".

Je commence par subir le long interrogatoire donc l’objectif
est de savoir si je voyage seule, alors que j’ai un visa d’affaires.
Apparemment, ce serait plus facile pour les forces de l’ordre de laisser
passer des hommes et femmes d’affaires non européens voyageant avec des
européens… Le fonctionnaire me demande alors si j’ai été exposée au
virus Ebola. Etrangement, cette question n’est pas posée à aucun
passager blanc. Et pourtant, paradoxalement, toutes les personnes que je
connais qui ont été dans des pays affectés par le virus Ebola sont des
Occidentaux blancs qui travaillent dans le secteur de l’aide au
développement. Je me demande si la stratégie de profilage racial sera
vraiment efficace pour prévenir la propagation du virus Ebola au
Royaume-Uni…


"Difficilement reconnaissable"
Durant le voyage de retour vers Bruxelles, le fonctionnaire
au contrôle des frontières français prend ma carte d’identité et me fixe
du regard, puis fixe à nouveau ma carte d’identité, et ceci à plusieurs
reprises. Il me demande de retirer mon bonnet de laine et de regarder
dans plusieurs directions, tout cela alors qu’il tente de vérifier si la
photo sur ma carte d’identité est vraiment celle de mon visage.

Mon mari, qui se tient derrière moi, grince des dents mais
honore notre accord et n’intervient pas. Lorsque c’est son tour de
passer, il demande : "Est-ce vraiment nécessaire de fixer une personne pendant quatre minutes et une autre pendant à peine trois secondes ?" Le fonctionnaire lui répond : "Je fais juste mon travail ! Certaines personnes sont plus difficilement reconnaissables que d’autres."

Lorsque mon mari me rejoint de l’autre côté du comptoir,
nous restons là quelques instants afin d’observer si les autres
personnes dans la file d’attente, et en particulier celles avec un
bonnet de laine, sont dévisagées de la même manière. Un homme noir est
prié d’enlever son bonnet et se fait examiner pendant plusieurs minutes.
Trois femmes blanches portant un bonnet de laine et certaines portant
des lunettes passent le contrôle frontière en quelques secondes et il
n’est demandé à aucune de retirer leur bonnet ou leurs lunettes.

Le privilège du blanc
Cette série d’anecdotes n’est qu’un échantillon parmi les
nombreux incidents similaires que j’ai endurés au cours des dernières
années. Il semble indéniable que, même en 2015, non seulement le
profilage racial persiste mais qu’il soit devenu une norme globale et
acceptable, surtout aux postes-frontières.

Les autorités nous diront que ce profilage est mis en place
pour des raisons de sécurité, mais il continue d’être basé sur, et la
perpétue, la perception que seuls certains groupes représentent une
menace, que cette menace soit envers la sécurité ou la santé publique.

Le privilège lié à la couleur de peau blanche a imposé une
sorte de condition sur la migration et la mobilité. Alors que les
personnes de certaines nationalités sont considérées comme de vrais
citoyens du monde, qui peuvent choisir où elles souhaitent vivre et
voyager sans beaucoup d’entraves, d’autres, y compris celles originaires
de pays qui accueillent à bras ouverts ces mêmes citoyens du monde,
sont considérées comme suspectes uniquement sur base de la couleur de
leur peau.

Les luttes historiques contre la discrimination raciale nous
ont appris qu’il appartient toujours à la victime de poursuivre sa
propre libération. Dans les cas de contrôle frontières, ceci s’avère
évidemment très difficile. Lorsque le discriminateur se tient aux
frontières de son territoire et détermine, même brutalement, les
conditions d’entrée sur le territoire, où allez-vous pour réclamer votre
humanité ?

Il faut s’interroger sur le genre de monde dans lequel nous
vivrions si le monde noir commençait lui aussi à mettre en place des
politiques d’accès à ses territoires aussi discriminatoires.

Cet article fut à l’origine publié dans le Mail
& Guardian, un hebdomadaire sud-africain. Il fut traduit par
Gwénaëlle Dereymaeker, d’origine belge et vivant à Cape Town, en Afrique
du Sud. Elle a à de nombreuses reprises été témoin de traitements
similaires à ceux exposés par l’auteure de cet article, à savoir des
politiques discriminatoires aux postes-frontières en Europe. Elle n’a
jamais été soumise au même traitement dans n’importe quel port d’entrée
en Afrique.
Titre, introduction et intertitres sont de la Rédaction.

lundi 23 novembre 2020

L'AVENIR DE LA MEDECINE

Rupture du ligament croisé antérieur: des soins à l’écoute des modes de vie

Ajouter l'article à vos favorisRetirer l'article de vos favoris

SANTÉ 

Le ligament croisé antérieur joue un rôle important dans la stabilité du genou. Lors d’une déchirure, les patients choisissent entre chirurgie et rééducation, selon la demande fonctionnelle dictée par leur niveau d’activité

Le ski sollicite particulièrement le ligament croisé antérieur du genou.  — © Shutterstock

L’articulation du genou est cruciale pour notre mobilité. Grâce à elle, nous pouvons marcher, courir et faire du sport, nous asseoir, nous allonger ou nous mettre en tailleur. Aussi importante soit-elle, sa stabilité ne tient qu’à des fibres de collagène de 33 millimètres de long et 11 millimètres de diamètre: le ligament croisé antérieur du genou (LCA). Lors de rupture ou de déchirure – il y en a 3300 par année en Suisse selon la SUVA –­, il n’est parfois plus possible de maintenir notre mobilité, voire notre mode de vie. C’est ce dernier point qui va primer pour déterminer la nature des traitements.

Le ligament d’Achille

L’articulation du genou est stabilisée par plusieurs ligaments, qui portent leur nom en fonction de leur position: le ligament collatéral latéral, le ligament collatéral médial et deux ligaments croisés, l’un antérieur et l’autre postérieur. Ces derniers se croisent entre les deux condyles du fémur, soit l’extrémité arrondie de l’os qui s’articule avec le tibia. «Tous ces ligaments servent à stabiliser le genou. Le LCA empêche le mouvement du tibia vers l’avant et la rotation interne, par rapport au fémur», indique le Dr Maxime Grosclaude, médecin du sport à l’Hôpital de La Tour.

Le genou est robuste et fragile à la fois. Il est capable d’absorber énormément de charge et de rotations. La Ligue suisse contre le rhumatisme indique qu’un genou sain peut supporter trois à quatre fois le poids du corps lors d’une marche rapide, huit fois en descente et neuf à onze fois pendant la course à pied! Le ligament croisé antérieur supporte une partie de ce poids. «Il subit une force jusqu’à 400 newtons, soit 40 kilos pendant la marche. Il rompt si on lui applique plus de 2200 newtons, soit 220 kilos», précise le Dr Julien Billières, chirurgien du genou à l’Hôpital de La Tour.

Il existe plusieurs degrés de gravité d’entorses du genou: bénigne, moyenne ou grave. Lors d’une blessure grave au genou, on retrouve dans 50% des cas une rupture du LCA.

Un genou, plusieurs disciplines de santé

Pour traiter une rupture du ligament croisé antérieur, le parcours du patient est particulièrement riche en disciplines de soins. Les chirurgiens, médecins du sport, radiologues et physiothérapeutes sont très impliqués. À leurs côtés, les nutritionnistes et psychologues sont des spécialités clés pour la réussite à long terme du traitement. «Toute la plus-value d’un établissement de soins comme le nôtre réside dans l’interdisciplinarité, c’est-à-dire travailler en équipe ou les différents spécialistes interagissent constructivement et avec le patient. À la Tour, nous avons la chance d’abriter tout le monde sous le même toit, cela favorise les échanges et accélère les processus de décision, surtout pour le LCA où le patient est pleinement acteur de sa prise en charge. Il peut dialoguer avec tous les spécialistes lors d’un seul rendez-vous. Si un traitement fonctionnel ne marche pas, nous pouvons l’adresser aisément à un chirurgien», expose Maxime Grosclaude.

Zones sous tension

Si dans 70% des cas, selon le centre de compétence Swiss Medical Board, le patient type est un homme d’environ 35 ans, les femmes ont des prédispositions morphologiques, les jambes en X, qui les rendent particulièrement sujettes à la rupture du LCA. De ce fait, elles courent quatre fois plus le risque d’une rupture du LCA que les hommes.

Les sports nécessitant beaucoup de changements de direction et les sports de contact sollicitent particulièrement le LCA. Tous les sports d’équipe sont concernés, du football au basketball en passant par le hockey. Les sports individuels ne sont pas en reste, le ski en premier lieu. «Tous les sports d’imprévus, avec des éléments perturbateurs qui nécessitent des mouvements d’évitement, peuvent malmener le LCA, surtout si la musculature autour du genou n’est pas suffisante pour le protéger», indique Maxime Grosclaude.

Des signes qui ne trompent pas

En cas d’accident, comment savoir si le LCA est atteint? «Il faut déterminer quel type de traumatisme a subi le genou en écoutant attentivement le patient. Une torsion est clairement la source la plus fréquente. Ensuite, un genou qui gonfle, une impossibilité de prendre appui, un «crac» entendu par le patient sont des signes d’une entorse grave du genou qui nécessitent des investigations», précise Maxime Grosclaude. L’écoute du patient est suivie d’un examen clinique, consistant à faire faire un mouvement de «tiroir» vers l’avant, appelé test de Lachman, pour évaluer la tension du LCA.

En cas de suspicion clinique d’une rupture du LCA, les médecins effectuent une IRM et des radiographies pour poser un diagnostic définitif. «L’IRM aide à définir s’il y a des lésions associées à cette rupture. C’est très important de pouvoir les identifier et les traiter le cas échéant», indique Julien Billières. En effet, un tiers des cas présentent une lésion du ménisque et 90% une lésion du ligament antérolatéral. Ce dernier aide le LCA à contrôler la stabilité en rotation. «Les images IRM sont interprétées par des radiologues ostéo-articulaires de notre structure et elles sont régulièrement rediscutées et revues par les différents spécialistes», poursuit Julien Billières.

Genou personnalisé

La prise en charge du patient ne nécessite pas forcément une chirurgie, car il est possible, selon certains critères cliniques, de muscler suffisamment le genou pour que le rôle de stabilisation soit en partie compensé. La rupture du LCA entraîne un jeu plus ou moins important dans l’articulation. Cette laxité est mesurée par le médecin et peut être classée comme légère, modérée ou sévère. En fonction de cette laxité et des activités sportives ou professionnelles du patient, il se plaindra d’une sensation d’instabilité ou non, allant d’une appréhension à des déboîtements. C’est l’un des facteurs qui vont orienter le patient vers un traitement fonctionnel ou une chirurgie.

Dans tous les cas, le choix entre la chirurgie et la rééducation dépend de la demande fonctionnelle du patient et des lésions associées à la rupture du LCA. «Nous cherchons à savoir ce qu’il va vouloir imposer à son genou plus tard. En fonction de cela, nous déterminons si la contrainte sportive ou professionnelle imposée au genou sera compatible avec un traitement fonctionnel ou chirurgical», ajoute le chirurgien.

Le sport, cause et remède

Le traitement fonctionnel consiste à compenser la laxité du genou en renforçant la musculature, notamment les quadriceps et les ischiojambiers, ainsi qu’à pratiquer un entraînement ciblé sur l’équilibre et la coordination des mouvements. «Ne pas opérer ne revient pas à ne rien faire, bien au contraire. Le physiothérapeute joue un rôle clé dans l’encadrement et l’enseignement d’exercices au patient, afin de le rendre autonome dans sa prise en charge. La compréhension de sa blessure et des conséquences d’une inactivité imposée est également un élément important à prendre en compte. Plusieurs mois de renforcement, d’exercices d’équilibre et de sauts sont nécessaires», précise le médecin du sport.

L’autre solution est la reconstruction ligamentaire par chirurgie. Les indications à l’opération sont la sensation d’instabilité que certains patients peuvent ressentir, la demande fonctionnelle, les lésions associées (ménisques, cartilage et autres ligaments du genou) et l’âge du patient. Concernant ce dernier critère, Julien Billières précise que «trop de jeu peut abîmer les ménisques avec le temps. Leur usure ou déchirure va créer de l’arthrose à long terme. Nous recommandons donc une chirurgie aux jeunes patients, car ils vont encore beaucoup utiliser leurs genoux.»

Ne pas opérer ne revient pas à ne rien faire, bien au contraire. Le physiothérapeute à un rôle clé dans l’encadrement et l’enseignement d’exercices au patients. 

DR Maxime Grosclaude, Médecin du sport

La chirurgie s’effectue par arthroscopie. Elle vise à reconstruire le ligament: il s’agit d'une ligamentoplastie. Pour ce faire, les chirurgiens prélèvent un tendon autour du genou, celui des ischiojambiers par exemple. Le tibia et le fémur sont ensuite percés pour placer le tendon qui va recréer le ligament rompu. «Il est très important de placer le greffon au bon endroit pour reproduire l’anatomie du genou, mais aussi de pouvoir traiter les lésions associées, comme celles touchant les ménisques ou le ligament antérolatéral, qui a un rôle important dans la stabilité en rotation. Reconstruire ce dernier va diviser par deux le risque de nouvelle rupture du LCA», indique-t-il.

La chirurgie nécessite également une rééducation et la récupération prend du temps. Un traitement fonctionnel prend entre trois et quatre mois, contre six mois après chirurgie et neuf mois pour un retour à la compétition à haut niveau.

Le sport est donc à la fois la cause et le remède de cette lésion du genou; il occupe une place privilégiée à l’Hôpital de La Tour. En effet, son centre de médecine du sport est agréé «Swiss Olympic Medical Center», ce qui signifie qu’il possède l’expertise adéquate, mais aussi l’infrastructure idéale (salles de rééducation, de musculation et piscine), pour optimiser le retour à une vie normale – qu’elle soit sportive ou pas.

L’harmonie des soins

Le parcours de soins suivi par les patients touchés par une rupture du LCA illustre parfaitement le courant de la médecine actuelle, qui mise autant sur l’ultra-spécialisation des différents intervenants pour réduire les mauvais gestes à néant que sur une approche personnalisée visant à adapter la réponse thérapeutique aux besoins propres du patient. Tous ces ingrédients sont ceux de l’interdisciplinarité, qui permet d’harmoniser et de coordonner l’expertise des médecins, des soignants et du patient. Parce que aujourd’hui aucune prise en charge n’aboutit sans l’association de tous et toutes, établissement compris. «L’Hôpital de La Tour, avec son centre de médecine du sport, fait figure de pionnier de ces démarches dans le secteur de la santé romande», concluent les deux médecins.


Conférence publique en ligne (webinaire) sur la rupture du ligament croisé antérieur

Evénement gratuit

Jeudi 3 décembre 2020, Hôpital de La Tour

Conférenciers:

  • Dr méd. Julien Billières, chirurgien du genou
  • Dr Maxime Grosclaude, médecin du sport
  • Nicolas Le Coroller, physiothérapeute

Programme et inscriptions ici  https://www.letemps.ch/sciences/rupture-ligament-croise-anterieur-soins-lecoute-modes-vie







La coopérative SABSA: une clinique sans médecins... et sans tracas (VIDÉO)

Publication: Mis à jour:

QUÉBEC - Un projet-pilote de clinique sans médecins fait bien des curieux à Québec. Alors que le gouvernement Couillard a choisi de faire toujours plus gros avec son projet de loi 10, une «super infirmière» fait le pari du tout petit. De quoi inspirer le ministre Barrette?
Depuis octobre dernier, Isabelle Têtu reçoit la clientèle des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur dans sa petite clinique du boulevard Charest, à Québec. Grâce à un don de 150 000$ de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, l'infirmière praticienne mène un projet pilote de clinique sans médecins pour une période de 18 mois. La FIQ espère ainsi convaincre le gouvernement d'accorder plus de pouvoirs aux infirmières. En plus d'Isabelle Têtu, l'endroit compte deux infirmières et une intervenante psychosociale. Une seconde infirmière praticienne s'ajoutera bientôt à l'équipe.
La Clinique SABSA (pour «service à bas seuil d’accessibilité») offre tous les services d'une clinique traditionnelle. «Nous sommes une alternative aux grosses cliniques ou aux hôpitaux. Les gens peuvent venir ici pour se faire rassurer, recevoir des prescriptions ou des conseils de santé», dit Isabelle Têtu. Sa formation d'infirmière praticienne lui permet de poser certains diagnostics et de prescrire des traitements. En cas de besoin, elle contacte les médecins de la clinique Saint-Vallier, partenaires du projet. Téléphone, textos, courriels: le médecin n'est jamais bien loin.
En six mois, la clinique a inscrit 540 patients et mené 1 200 consultations. Malgré tout, le temps d'attente est pratiquement nul. L'infirmière voit en moyenne 14 personnes par jour, alors qu'un médecin en clinique sans rendez-vous peut faire défiler 25 patients... en un avant-midi. Fait étonnant, près de la moitié des patients de la clinique ont déjà un médecin de famille, mais ne souhaitent pas attendre pour obtenir un rendez-vous.
Quand le réseau ne répond plus
Pourtant, l'endroit ne paie pas de mine. Une petite affiche 8 et demie par 11 collée dans une porte vitrée annonce la clinique SABSA, située au-dessus d'un Familiprix. Malgré la gentrification des dernières années, le secteur demeure largement défavorisé.
Lucie Poitras, 62 ans, a atterri ici après voir fait le tour du réseau de la santé. «J'ai essayé d'aller un peu partout, même l'urgence. Les médecins sont tannés parce qu'ils disent qu'avec les problèmes de santé que j'ai, je devrais avoir un médecin de famille», confie la dame. Sclérose en plaques, fibromyalgie, arthrose, arthrite; malgré ses nombreux problèmes de santé, impossible pour elle d'obtenir un suivi médical. «La p'tite, elle a décidé de me prendre à tous les mois», dit-elle, un sanglot étouffé dans la voix.
Un retraité arrive sans rendez-vous. C'est le pharmacien du rez-de-chaussée qui l'a référé. «Avez-vous un médecin de famille?», lui demande la réceptionniste. «J'ai fait quatre places, madame, partout on m'a dit 'on n'en prend plus'», répond-il. Pourtant, ce n'est pas grand-chose, il a une oreille bouchée. L'infirmière accepte de le voir.
Quelques minutes plus tard, une intervenante communautaire prend place dans la salle d'attente. Elle est accompagnée d'une jeune sans-abri, visiblement mal en point: elle a le visage couvert de plaques rouges et se gratte le fond de la tête de façon compulsive. L'intervenante explique qu'elle préfère cette clinique parce qu'on lui permet de passer rapidement. «Quand je réussis à gagner leur confiance, je dois agir vite avant qu'ils ne changent d'idée», dit-elle. Presque en écho à ses propos, la jeune femme s'impatiente: «On va-tu passer, là?». Ça fait à peine 15 minutes qu'elles sont entrées.
Dans les petits pots...
Alors qu'Isabelle Têtu espérait créer un filet pour attraper les patients échappés par le réseau, de plus en plus de CLSC, cliniques et hôpitaux lui recommandent des patients. «On pensait qu'on allait être un tremplin vers le réseau, mais on se rend compte de plus en plus que c'est le sens inverse», dit-elle.
Pour cette ex-intervenante communautaire, le succès de la clinique tient à sa petite taille. Les patients en viennent à connaître les intervenantes et à leur faire confiance. «Et là, on peut avoir la vraie histoire, confie-t-elle. Les gens que tu vois une fois ou deux, ils ne te diront pas qu'ils consomment ou qu'ils ont des problèmes financiers qui leur apportent du stress. Quand finalement ils te disent les vraies choses, tu peux commencer à travailler sur la cause, plutôt que de patcher les bobos.»
Elle déplore que le système de santé soit devenu anonyme. «Ce sont des mégastructures. Faut que tu sois vraiment organisé pour te retrouver là-dedans», dit-elle. À la clinique SABSA, la réceptionniste accueille les patients en les interpellant par leurs prénoms.
Isabelle Têtu visite même ses patients plus âgés à domicile. «Ça permet de voir si leur milieu de vie est sécuritaire et ça donne un répit aux proches aidants qui doivent les accompagner dans leurs déplacements», explique-t-elle. Si un patient rate un rendez-vous, elle tente de le retracer en contactant les pharmacies environnantes ou les intervenants sociaux. «Par exemple, là j'ai un patient qui n'a pas renouvelé ses antidépresseurs, c'est mauvais signe», illustre-t-elle.
Puisqu'elle fonctionne en dehors du réseau, la petite clinique ne croule pas sous la bureaucratie des CSSS (devenus des CISSS). «Quand on constate que les besoins sont différents de ce que l'on avait imaginé, on peut changer l'offre de services rapidement, parce qu'on a pas 12 000 permissions à demander à plusieurs gestionnaires», lance Isabelle Têtu.
Et puis, son petit bureau lui permet de travailler avec des gens qui partagent sa philosophie. «Dans le réseau, tu ne choisis pas toujours tes collègues et tes patrons», dit-elle.
Au fond, avec ou sans médecin, Isabelle Têtu a recréé le petit cabinet d'antan.
Un modèle à importer?
En Ontario, où le modèle existe depuis 2007, on compte 25 cliniques sans médecins. Un rapport du ministère de la Santé de l'Ontario produit en 2009 («Evaluation of the Sudbury District Nurse Practitioner Clinics») indiquait un haut taux de satisfaction parmi les patients. Les quelque 600 réponses obtenues faisaient état d'une amélioration de l'accès aux soins de santé et d'une diminution de l'attente.
Au cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, on voit ce concept d'un bon oeil. «Les cliniques sans médecins sont intéressantes car elles démontrent le rôle plus important que peuvent prendre les infirmières, explique par courriel son attachée de presse, Joanne Beauvais. Cependant, il importe de ne pas créer un réseau de cliniques parallèles mais plutôt de favoriser l'interdisciplinarité.»












Close

  Dr Yves Lamontagne: «Les médecins doivent arrêter de se plaindre»












Christelle Coulombe Dr Yves Lamontagne
L’ancien président-directeur général du Collège des médecins, le psychiatre Yves Lamontagne, n’a pas la langue dans sa poche et il n’a pas peur d’écorcher ses confrères. Dans son court essai intitulé L’enfer du système de santé, en librairie mercredi, Dr Lamontagne pose un diagnostic sur les maladies du système québécois, analyse les solutions actuellement sur la table et propose ses propres remèdes.
Dans votre livre, vous faites plusieurs recommandations pour améliorer le système de santé. Si vous aviez à en choisir une, laquelle ce serait?
Il faudrait d’abord revoir complètement l’organisation du travail. Par exemple, les services de première ligne sont mal organisés. J’ai en tête l’histoire d’une amie dont le fils s’est fendu l’arcade sourcilière en recevant un bâton de hockey dans le visage pendant une fin de semaine. Elle s’est rendu à quatre cliniques sur la Rive-Sud, qui lui ont toutes dit qu’il n’y aurait pas de médecin avant lundi matin. Après six heures d’attente à l’urgence, son fils est ressorti avec cinq points de suture, ce qui auraient pu être fait dans n’importe quelle clinique. Vous ne pensez pas que les cliniques pourraient s’entendre pour ouvrir une fin de semaine sur quatre et instaurer un numéro commun qui puisse diriger les citoyens de la région vers le bon endroit? Non, tout le monde est fermé! Ce n’est pas comme ça qu’on va se faire aimer de la population.
Quel rôle doivent jouer les médecins dans cette réorganisation?
Ils doivent se poser des questions et trouver des solutions au lieu de se plaindre et de passer des publicités à la télévision. Les médecins ont une importance capitale parce qu’ils prennent des décisions fondamentales pour la santé des patients. Mais jusqu’à récemment, la seule chose que les médecins, autant les spécialistes que les omnipraticiens, ont défendu, c’est leur argent. On est parmi les gens les mieux payés au Québec et on vient dire qu’on n’est pas assez payés, alors qu’il y a des gens qui crèvent de faim? Il faudrait être un peu plus présents au niveau social, s’impliquer davantage dans des causes humanitaires, donner du temps gratuitement.
Quel est votre avis sur le projet de loi 20, qui veut imposer des quotas de patients aux médecins de famille?
J’ai certaines réserves par rapport au projet de loi 20. On peut dire que les médecins doivent voir 1500 patients. Mais certains patients ont besoin d’une consultation de cinq minutes, alors que d’autres en ont besoin de 30. Comment coter les patients? Imaginez la comptabilité que les médecins vont devoir faire. Ça augmenterait la bureaucratie, alors que le ministre veut plutôt la diminuer.
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a proposé plusieurs solutions pour éviter l’imposition de quotas prévue par le projet de loi 20. Peuvent-elles être efficaces?
Oui, bravo à la FMOQ, qui ont finalement offert des solutions. Ils parlent de l’informatisation des dossiers médicaux, qui n’est pas complétée et qui serait très importante. Ça sauverait bien du temps aux médecins, parce qu’ils verraient tout de suite les résultats d’analyses de laboratoires, des rayons X et des consultations avec les spécialistes. Ils parlent aussi de collaboration avec les autres professionnels de la santé comme les infirmières. Les infirmières pourraient faire certaines tâches pour réduire celles des médecins, ce qui leur permettrait de voir plus de patients ou de les voir mieux.
«Au Québec, il y a 100 389 employés non soignants dans le réseau de la santé pour 8 millions d’habitants, alors qu’en Suède, il y en a 36 460 pour 9,4 millions d’habitants. Pourtant, ça fonctionne très bien en Suède.»
Vous croyez également qu’il faudrait revoir les conventions collectives dans les établissements de santé et permettre plus de souplesse et d’initiative…
L’exemple que je donne souvent, c’est que le gars qui pèle les patates n’a pas le droit présentement de donner un coup de main à la vaisselle. Cette séparation trop rigide des tâches empêche les gens d’avoir de l’initiative et ça engendre un manque de productivité. Un autre exemple? Mon père est décédé aux soins palliatifs à l’Hôpital Notre-Dame il y a quelques années. Il a un jour demandé à une préposée de rapprocher son plateau de nourriture. Elle lui a répondu que ce n’était pas sa tâche et qu’il fallait demander à l’infirmière!
Quelle serait la deuxième recommandation que vous mettriez de l’avant?
Ce serait de regarder les nouvelles façons de financer le système. Il y en a une qui fait toujours trembler tout le monde, c’est de louer les salles d’opération et les laboratoires de biochimie des hôpitaux le soir et la nuit pour des interventions du secteur privé, comme la chirurgie esthétique. Ces salles sont bien souvent fermées 18 heures sur 24. On pourrait faire du profit et le réinvestir dans l’hôpital.
La plupart des acteurs du réseau de la santé semblent s’opposer aux projets de loi du ministre de la Santé et ont déploré le manque de consultation . Vous croyez de votre côté que l’attitude cowboy de Gaétan Barrette est peut-être nécessaire?
Faire de la consultation, je suis le premier qui est d’accord avec ça. C’est mieux de s’entendre que d’imposer. On a beaucoup parlé par le passé. Mais à un moment donné, il faut prendre des décisions. Il y a eu des consultations en commissions parlementaires sur ces projets de loi. Après, il peut y avoir des ajustements qui prennent compte des diverses opinions. J’ai notamment l’impression que le ministre va reculer sur certains aspects sur projet de loi 20.

http://journalmetro.com/plus/sante/756725/dr-yves-lamontagne-les-medecins-doivent-arreter-de-se-plaindre/ 

 Médecine samedi 04 avril 2015

Haro sur les cures de jouvence douteuses

Le business des soins esthétiques à base cellules souches est sous surveillance des autorités fédérales. (DR)
Le business des soins esthétiques à base cellules souches est sous surveillance des autorités fédérales. (DR)
L’injection de cellules souches pour retarder le vieillissement inquiète les autorités, qui ont lancé une opération «mains propres». Au moins une plainte a été déposée contre une clinique vaudoise
Quel prix sommes-nous d’accord de payer pour rester jeunes? Certains déboursent des dizaines de milliers de francs pour se faire injecter sous la peau, ou dans les muscles, des cellules souches censées gommer les rides ou revitaliser leur organisme. Naturellement indifférenciées, ces cellules possèdent la capacité de produire de nouvelles cellules qui, elles, sont capables de se spécialiser en fonction de l’endroit du corps où elles sont injectées. Elles produisent alors une «réjuvénation cellulaire», selon l’expression consacrée des esthéticiens.
Or, depuis 2010, certains traitements esthétiques à base de cellules souches sont soumis à autorisation. Décidées à lutter contre un marché clandestin, Swissmedic et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ont lancé, en collaboration avec les services cantonaux compétents, une «opération mains propres» visant les cliniques d’esthétique. L’automne dernier, 35 prestataires – situés pour la plupart en Suisse romande – ont été sondés par questionnaire pour «tenter de distinguer les offres légales de celles qui ne le sont pas», indique Peter Balzli, porte-parole de Swissmedic.
D’après les premiers résultats divulgués ces jours-ci, il sera sans doute compliqué de faire le ménage. Bien qu’une plainte pénale ait déjà été déposée en Suisse romande contre une clinique vaudoise dont le nom n’a pas été communiqué, les infractions flagrantes ne semblent pas être la norme. Et s’il est vrai que Swissmedic affirme n’avoir délivré aucune autorisation depuis le durcissement de la législation en 2010, cela ne veut pas dire que toutes les cliniques sont hors-la-loi. En fait, la plupart ont adapté leur offre et développé des méthodes nettement moins radicales que les fameuses injections de cellules fraîches de mouton qui ont fait la légende des luxueuses cliniques de la Rivieira vaudoise à partir des années 1930. «C’était plus simple de proposer autre chose que de tenter d’obtenir une autorisation», lâche-t-on à la Clinique Matignon de Vevey.
L’une des alternatives en grande mode consiste à se faire réinjecter ses propres cellules souches sous la peau du visage pour effacer les rides. Les cellules peuvent être isolées par centrifugation à partir d’un prélèvement sanguin. Au tarif de 600 francs la séance, le traitement coûte habituellement plus de 2000 francs. Nettement plus chère et «plus compliquée», selon l’expression du Dr Luigi Polla, directeur médical du Forever Laser Institut à Genève, il y a la réinjection de cellules souches extraites d’une ponction de graisse: au moins 18 000 francs. Les deux techniques sont, en principe, tout à fait légales. Sauf que leur cas n’a pas été clairement réglé: «En l’état, il est difficile de dire si une autorisation est nécessaire ou non, car cela dépend du but de la thérapie et du mode de préparation des cellules», indique Peter Balzli.
Une autre incertitude plane sur les gélules à base de cellules de mouton lyophilisées. Celles-ci sont proposées entre autres par la Clinique La Prairie, à Clarens, à la suite de l’abandon des formes injectables. Swissmedic semble hésiter: «En l’absence d’allégations thérapeutiques, il est possible que cela puisse entrer dans la catégorie des produits alimentaires et il n’y aurait alors pas besoin d’autorisation.» Dans tous les cas, aucun des 35 prestataires de soins esthétiques sondés par Swissmedic n’utiliserait de cellules fraîches au sens premier du terme, c’est-à-dire des cellules vivantes d’origine animale. Il s’agit soit de cellules humaines, vivantes ou non, soit de cellules animales mortes, d’après les résultats du sondage.
Ces détails sont importants, car ils déterminent le type d’autorisation éventuellement requise. En pratique, il n’est pas toujours facile d’en avoir le cœur net. Deux cliniques interrogées par Le Temps n’ont pas été capables de dire avec certitude si elles utilisaient des cellules mortes ou vivantes. Sur les 27 cliniques vaudoises incluses dans le sondage, 19 ont été sommées de fournir des précisions ou de rectifier les informations figurant sur leur site internet. D’après Swissmedic, il y aurait souvent des «incohérences» entre le discours publicitaire et les déclarations faites aux autorités. Le terme «cellules souches», par exemple, serait parfois délibérément utilisé pour appâter la clientèle.
Exemple typique: la Clinique Lemana, à Lausanne, affirme sur son site internet que sa thérapie «Cellvital» repose sur la sélection «d’extraits cellulaires les plus appropriés» et «respecte les normes de Swissmedic». Or, l’organisme fédéral assure n’avoir «délivré aucune autorisation» pour cette préparation – ce qui, une fois de plus, ne signifie pas qu’elle est forcément illégale. Contactée par téléphone puis par e-mail, la clinique en question n’a pas répondu. Et ce n’est pas la seule à se murer dans le silence. La Swiss International Wellness Association, à Genève, qui mentionne explicitement sur son site internet le recours aux cellules animales? Injoignable. La Clinique Eden, à Chexbres, qui se félicite de sa clientèle chinoise que l’on dit friande d’injections ovines? Aux abonnés absents. Aucune réponse non plus du site Celebre.ch, qui vante les mérites des «luxueuses cellules fraîches de mouton» et prétend travailler avec un laboratoire suisse, mais sans préciser son adresse.
Cette opacité complique le travail d’investigation des autorités, qui reconnaissent n’avoir «pas pu dresser un tableau complet de la situation». Sous couvert d’anonymat, deux directeurs de cliniques ont affirmé au Temps que les injections à base de cellules de mouton se pratiquent toujours, mais à présent de manière incontrôlable, par des médecins qui agissent seuls, dans des chambres d’hôtel où les clients ont obtenu un rendez-vous grâce à un intermédiaire grassement payé. Ils parlent de sommes pouvant atteindre les 100 000 francs, commission incluse.
«Notre intention n’est pas de nuire aux affaires commerciales des cliniques d’esthétique, souligne Peter Balzli. Sur la quantité de traitements cellulaires qui existent, il n’y en a finalement que quelques-uns qui posent problème. Leur pratique non autorisée est liée à des risques accrus d’infections et de réactions immunitaires graves. Il y a déjà eu deux décès en Allemagne. Devons-nous fermer les yeux et attendre qu’il y en ait en Suisse?»http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f56050b6-da14-11e4-95aa-b84293f29f2d/Haro_sur_les_cures_de_jouvence_douteuses

santé 14:44

La part de médecins venus de l’étranger a passé les 30%

(Christian Beutler/Keystone)
(Christian Beutler/Keystone)
La FMH indique que la féminisation de la médecine se poursuit à grands pas, bousculant le secteur. Face à la pénurie annoncée, la faîtière plaide pour ne pas limiter l’immigration. Elle demande en outre que la Confédération paie de nouvelles places d’études
La part de femmes et d’étrangers dans la population des médecins en suisse ne cesse d’augmenter. L’année passée, la proportion des détenteurs d’un diplôme étranger a même passé les 30%. Ils sont 10 478 pour un nombre total de praticiens dans le pays de 34 348. Plus de la moitié des étrangers sont Allemands. La FMH l’indique dans ses statistiques annuelles. Elle note aussi que la proportion d’étrangers paraît fort variable, par exemple, de moins de 30% dans l’Arc lémanique à 46% au Tessin.
La faîtière des médecins signale que depuis 1990, la hausse annuelle des femmes est de 4,8%, contre 1,9% chez les hommes. Les femmes sont plus jeunes que leurs homologues masculins, et elles sont davantage présentes dans les postes de médecins-assistants (près de 58%) que chez les chefs de cliniques voire, plus encore, chez les médecins-chefs, où elles ne pèsent qu’à peine 11% de l’effectif. La féminisation du métier va de pair avec une augmentation du temps partiel, en particulier dans le secteur ambulatoire. Selon les représentants des médecins, cette évolution «appelle la création de nouveaux modèles de travail».
Naguère plutôt favorable au numerus clausus à l’entrée des facultés, la FMH profite de ses chiffres mis à jour pour en appeler également à l’augmentation du nombre de médecins formés en Suisse. Selon les responsables de la fédération, «le niveau élevé de prise en charge en Suisse ne peut être maintenu que par la présence de personnel spécialisé étranger»; et dans la foulée, la situation nationale actuelle «exige que des mesures politiques à même d’augmenter le nombre de places d’études en médecine doivent être prises».
Face au vieillissement de la population, et à la perspective de nombreux départs à la retraite au sein de la profession, l’organisation rappelle qu’à son sens, la Suisse devrait former 1300 praticiens par an, contre un peu plus de 800 aujourd’hui. Elle propose que la Confédération paie 250 places supplémentaires. Actuellement, la formation dépend exclusivement des cantons, qui financent seuls les facultés de médecine. L’augmentation des effectifs globaux et des perspectives de formation dans la santé fait partie des projets de mesures lancés par les services de Johann Schneider-Ammann après le vote du 9 février 2014 sur l’immigration.


















Le gouvernement Harper aide les professionnels de la santé formés à l'étranger à travailler au Canada

Améliorer l'accès à des services de santé de qualité pour les familles canadiennes
TORONTO, le 13 mars 2015 /CNW/ - Aujourd'hui, l'honorable Rona Ambrose, ministre de la Santé et députée de Pickering-Scarborough, Corneliu Chisu, a annoncé l'injection fédérale de près de 8,4 millions de dollars dans plusieurs initiatives visant à attirer les professionnels de la santé formés à l'étranger dans le secteur canadien de la santé afin de permettre aux familles canadiennes d'avoir un meilleur accès à des services de santé de qualité.
À l'échelle du Canada, l'accès aux professionnels de la santé continue d'être un défi. Environ 4,6 millions de Canadiens n'ont pas de médecin de famille, alors qu'environ 10 000 nouveaux arrivants au Canada sont des professionnels de la santé. Bon nombre de ces nouveaux arrivants font face à des obstacles lorsqu'ils cherchent des emplois qui correspondent à leurs capacités et bagage d'expérience.
Ce soutien aidera à préparer les médecins et les autres professionnels de la santé à la main-d'œuvre canadienne. Ces initiatives s'ajoutent au vaste soutien du gouvernement du Canada visant à améliorer la reconnaissance des titres de compétence étrangers.
Le financement fédéral des professionnels de la santé formés à l'étranger réaffirme l'engagement du gouvernement du Canada à renforcer le système de santé de concert avec les provinces, les territoires et les professionnels de la santé afin d'améliorer l'accès à des soins de santé de qualité pour les Canadiens et leur famille.
Faits en bref
  • Depuis 2006, le Canada accueille en moyenne plus de 250 000 immigrants chaque année, les niveaux soutenus d'immigration les plus élevés de son histoire.
  • Dans le cadre de l'Initiative relative aux professionnels de la santé formés à l'étranger de Santé Canada, le gouvernement du Canada verse 8,2 millions de dollars au gouvernement de l'Ontario pour trois initiatives visant à aider les professionnels de la santé formés à l'étranger et leurs employeurs éventuels. Ce projet sera mis en œuvre en partenariat par ProfessionsSantéOntario et l'Université de Toronto.
  • Un montant de 150 000 dollars a aussi été versé au Conseil médical du Canada pour un projet qui aide à préparer les médecins diplômés à l'étranger à se joindre aux effectifs du secteur de la santé.
  • Depuis 2005/2006, le gouvernement du Canada a investi quelque 18 millions de dollars par an dans l'Initiative relative aux professionnels de la santé diplômés à l'étranger afin de contribuer à l'intégration des professionnels de la santé étrangers au sein de la population active canadienne.
Citation
« Notre gouvernement reconnaît l'importance de l'intégration des professionnels de la santé formés à l'étranger aux effectifs canadiens du secteur de la santé. Avec des milliers de nouveaux Canadiens qui arrivent au Canada chaque année, nous voulons assurer que nous intégrons efficacement les médecins et les infirmières à la main-d'œuvre canadienne. L'investissement d'aujourd'hui utilise à meilleur escient le talent qui se trouve déjà au Canada et illustre les mesures que nous prenons pour fournir aux Canadiens, peu importe où ils vivent, un meilleur accès aux professionnels de la santé et à des services de qualité. »
Rona Ambrose Ministre de la Santé
Liens connexesSanté Canada - Professionnels de la santé formés à l'étranger (PSFE)
Gouvernement de l'Ontario - ProfessionsSantéOntario
Université de Toronto  (en anglais seulement)
Le Conseil médical du Canada
 
SOURCE Santé Canada
Renseignements : Michael Bolkenius, Cabinet de l'honorable Rona Ambrose, Ministre fédérale de la Santé, 613-957-0200; Relations avec les médias, Santé Canada, 613-957-2983; Renseignements au public, 613-957-2991, 1-866-225-0709



















Le paradis des patients

L'Organisation mondiale de la santé classe la France... (Photo Philippe Merle, archives Agence France-Presse)
L'Organisation mondiale de la santé classe la France comme l'un des pays les plus performants en matière de soins de santé, rappelle notre chroniqueuse.
Photo Philippe Merle, archives Agence France-Presse

Ma Presse

Lysiane Gagnon
La Presse
«Allo, ici le Dr Martel.
«Bonjour, j'ai mal à la gorge et je tousse beaucoup. Pourrais-je avoir un rendez-vous?
«Laissez-moi voir. J'ai une ouverture à 14h10, à 17h ou à 19h30... Qu'est-ce qui vous convient le mieux?»
À ce moment, la touriste québécoise est figurativement tombée en bas de sa chaise. Elle ne peut croire à sa chance: Quoi? Un rendez-vous médical le jour même, à deux pas de chez elle, avec en plus le choix de l'heure?
L'expérience est pourtant commune à tous ceux qui ont fréquenté, ne serait-ce qu'épisodiquement, les services de santé français. La France est le paradis des patients: des médecins disponibles, zéro attente aux urgences... Et cela se reflète dans les rapports de l'Organisation mondiale de la santé, qui classe la France comme l'un des pays les plus performants en matière de soins de santé.
Vous voilà donc à l'heure dite chez le Dr Martel. Il vous ouvre lui-même la porte, et après la consultation, il encaissera votre paiement et signera les reçus requis. Le médecin de quartier pratique souvent seul et n'a pas de secrétaire. Toutefois, il dispose - autre grande nouveauté pour la touriste québécoise ébahie - d'un système informatique. Votre dossier rejoindra ceux de ses autres patients dans les entrailles de son ordinateur.
Le reste est à l'avenant. Faut-il une radiographie? Une échographie? La clinique voisine vous donnera rendez-vous pour le lendemain ou, au pire, le surlendemain. Et vous en repartirez avec les rapports en mains.
Chaque arrondissement de Paris compte plus d'une trentaine de cabinets de généralistes, dont les tarifs varient en fonction du secteur. Dans un gros village, on peut même avoir le choix entre une dizaine de médecins.
C'est dire qu'il y a énormément de généralistes en France, assez pour que les patients n'aient jamais à attendre. Ce n'est que dans les régions isolées et dans certaines zones sensibles (où le taux de délinquance est très élevé) qu'il peut y avoir pénurie.
Pour les résidents permanents, les services sont «gratuits», défrayés par la Sécurité sociale et un système complexe d'assurances privées et de mutuelles.
Il y a évidemment une contrepartie à cette extraordinaire accessibilité. Les médecins français sont beaucoup moins bien rémunérés que les nôtres. Revenu moyen d'un généraliste: 70 000 euros (quelque 94 000$). Revenu moyen d'un spécialiste: 111 500 euros (environ 150 000$).
J'ai déjà eu affaire à un médecin qui a passé le plus clair du temps de la consultation à m'interroger sur la vie au Québec. Il pensait à émigrer ici en raison des nouveaux accords franco-québécois sur la mobilité des professionnels, car il avait entendu dire par des collègues québécois que chez nous, il pourrait se faire le même revenu en travaillant à mi-temps...
La France, à l'instar de la plupart des pays d'Europe de l'Ouest - mais contrairement à la Corée du Nord, à Cuba et... au Canada - , fait une bonne place au privé, tant sur le plan hospitalier que médical. Nombre de chirurgies mineures, même celles qui requièrent une hospitalisation, sont assurées par des cliniques privées.
Notons que ce système mixte a été implanté et maintenu par des gouvernements très souvent socialistes, et que même l'extrême gauche n'a jamais remis en question la mixité du régime.
Cela dit, le système français coûte cher à l'État. Nombre d'économistes estiment que les Français ne pourront pas continuer longtemps à s'offrir un modèle aussi luxueux et que les usagers devront éventuellement contribuer de leur poche.
Il reste une leçon à tirer du modèle français: si l'on produisait plus de médecins, tous les Québécois auraient un médecin de famille... qu'ils pourraient consulter rapidement s'ils tombaient malades entre leurs rendez-vous annuels.
Partager
http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/lysiane-gagnon/201503/13/01-4852017-le-paradis-des-patients.php




Une jeune médecin de famille inquiète

Françoise
Françoise Le Guen

Projet de loi 20 . Le projet de loi 20 suscite de nombreuses réactions dans le monde médical. Ici, à Saint-Jérôme, la Dre Marie-Pier Chartrand, médecin de famille au CSSS dénonce : « Ce n'est pas acceptable. Avec la loi 20, le docteur Barrette annonce un remède miracle pour tous les problèmes du système de santé - il est vrai qu'il y en a - mais il oublie de parler des effets secondaires ! »





















Une jeune médecin de famille inquiète
Selon la jeune médecin, elle a 32 ans, ce projet de loi aura définitivement des effets secondaires graves. « Je pense qu'il met vraiment notre système de santé publique en danger, c'est l'opinion de la majorité des médecins de famille. Dans le milieu, les gens sont vraiment très inquiets.»
«Les plus âgés vont prendre leur retraite plus tôt qu'ils auraient voulu. Et qui va vouloir venir étudier en médecine de famille avec de telles conditions? Ça fait peur. Les gens vont partir vers l'Ontario ou les États-Unis. Il (Gaétan Barrette, ministre de la Santé) prépare la prochaine pénurie de médecins de famille. Ça ouvre grand la porte à ceux qui songent aller dans le privé !» prédit-elle.
Les effets secondairesLa Dre Marie-Pier Chartrand a gradué en juillet 2007. Elle a fait ce choix d'être médecin de famille pour « la diversité du travail, de la clientèle, des patients que l'on prend en charge, pour ne pas me limiter soit aux enfants, soit aux adultes. Pour avoir le privilège de travailler dans les salles d'urgence, à l'hôpital et en bureau.»
Aujourd'hui, elle travaille à l'urgence de l'hôpital de Saint-Jérôme ainsi qu'à l'unité d'hospitalisation brève. Et elle est inquiète. Selon elle, notre système de santé publique court un grave danger.
Bien que d'accord avec le fait que tout le monde ait accès à un médecin de famille, c'est la façon d'y arriver qui lui semble inacceptable. « Le problème est, entre autres, quand le ministre veut imposer des quotas de patients. En ayant des quotas à respecter, si on ne veut pas travailler 90 heures par semaine, ça va amener une vitesse de patients à voir. Nous, les médecins de famille, on se questionne beaucoup sur la qualité des soins qu'on serait capable de fournir à nos patients avec ces balises-là à respecter. »
La Dre Marie-Pier Chartrand s'inquiète aussi pour les patients les plus vulnérables. « Là où ça nous blesse beaucoup, est que, dans son projet de loi 20, il met une norme d'assiduité des patients chez leur médecin. Si, selon le projet de loi, comme médecin, je n'effectue pas 80 % des visites médicales de mes patients, je serais pénalisée de 30 % de mon salaire, » laisse tomber la Dre Marie-Pier Chartrand.
Marie-Pier Chartrand mentionne en effet que les médecins de famille auront l’obligation d’assurer au moins 80% des visites médicales de leur clientèle, sans quoi ils seront aussi pénalisés. Donc, selon elle, ils seront fortement encouragés à éviter toute clientèle vulnérable qui risque de nécessiter des soins médicaux hospitaliers ou des soins trop urgents pour attendre que le médecin termine ses heures imposées à l’hôpital. «Ces gens-là ne seront plus capables d'avoir de médecins de famille, car aucun médecin ne va les vouloir car ils vont leur coûter 30 % de leur salaire annuel. Alors que ce sont ceux qui ont le plus besoin d'un suivi régulier!»
Elle ajoute par ailleurs que « ça met les médecins en total conflits d'intérêts par rapport à leurs patients, car si on décide de les envoyer chez un médecin spécialiste, par exemple, parce que le cas est trop complexe pour nous, à ce moment-là on va diminuer nos statistiques d'assiduité de patients et c'est un risque de pénalité.»
« On est limité dans nos moyens de pression on ne veut surtout pas faire payer la population. Notre point de vue comme médecins, c'est de dire que ce projet est dangereux pour notre système de santé publique. Mais on ne veut pas affecter la population. Les gens méritent leurs soins de santé et surtout pas qu'une gang de docteurs décide de protester et de faire rouler le système encore plus carré », termine la Dre Marie-Pier Chartrand qui souhaite surtout, en plus d'informer la population, susciter réactions et discussions.
Plus d'info au www.facebook.com/contrelaloi20/info





















La réforme de l'Ordre des médecins, un travail de (très) longue haleine

Belga Publié le - Mis à jour le
Belgique La réforme de l'Ordre des médecins, attendue depuis des décennies, n'est pas prête de voir le jour même si la ministre des Affaires sociales et de la Santé Maggie De Block a répété mardi en Commission de la Chambre sa volonté de la voir aboutir durant la législature. Créé en 1938 et fonctionnant dans le cadre d'un arrêté royal n°78 datant de 1967, l'Ordre a besoin d'être modernisé pour s'adapter à l'évolution de la société.
En 2009, des propositions avaient été mises sur la table, visant notamment à scinder l'Ordre en une aile francophone et une aile néerlandophone. Mais entre-temps, la présidence du Conseil national a changé et cette proposition est tombée aux oubliettes. "On a fait marche arrière", confirme son vice-président Jean-Jacques Rombouts. "Le travail de 2009 n'est plus d'actualité".
Passé l'écueil communautaire (un différend sur la représentation dans les communes à facilités a été réglé par la réforme de l'Etat), l'Ordre en revient aux enjeux fondamentaux. Il est question d'asseoir une réflexion sur la nécessité de compléter l'attachement à la protection de l'honneur et de la dignité de la profession par celui qu'il convient d'accorder à la qualité des soins au patient. Il s'agit également de veiller à une plus grande transparence de l'institution.
En Commission, Maggie De Block a indiqué que les contacts pris par son cabinet avec les représentants de l'Ordre allaient dans ce sens, ce qu'a confirmé Jean-Jacques Rombouts, joint par l'agence BELGA.
Il conviendra également de faire évoluer la déontologie et les procédures disciplinaires et de réfléchir à la création d'Ordres particuliers pour certaines professions de la santé (dentistes, pharmaciens, kinésithérapeutes).
Pressée d'agir par l'opposition, la ministre a dit attendre les propositions du Conseil national. "Ce n'est pas à moi de proposer, c'est à l'Ordre de venir avec un projet", a-t-elle indiqué. Mme De Block attend ces propositions dans le courant de l'année 2015. Il s'agira ensuite de trouver une majorité parlementaire.
Ce calendrier n'a pas rassuré l'opposition. "Je suis inquiet. Il y a un risque d'immobilisme", a fait observer André Frédéric (PS). "Il faut que quelque chose se passe", a renchéri Maya Detiège (sp.a), selon qui l'Ordre, particulièrement âgé dans sa composition, défend une vision "conservatrice" qui constitue un frein à son évolution. Muriel Gerkens (Ecolo) s'est étonnée de la méthode choisie par la ministre Open Vld. "Il est logique de consulter une profession mais là, cela devient pathologique. Cela fait des années que cela dure, il y a déjà eu des textes, on n'accorde aucune attention au patient. Il serait logique qu'on leur donne un délai", a-t-elle argumenté.
"Moi, je suis très polie, j'attends les propositions. Cela ne se fait pas de dicter l'agenda", a rétorqué Mme De Block, soulignant la légitimité de l'Ordre composé de représentants élus.
Entre-temps, la N-VA a redéposé des propositions de loi visant à la création de deux ordres distincts (francophone et néerlandophone), pour la pharmacie, la dentisterie et la kinésithérapie. Les écologistes ont également une proposition allant dans un autre sens.
L'Ordre des médecins n'est donc plus concerné par une scission. "Nous souhaitons maintenir un Conseil national avec deux ailes", confirme Jean-Jacques Rombouts.
La section francophone se réunit le 14 mars et la section néerlandophone le 18 avril sur l'avenir de l'Ordre. Après, il y aura une réunion plénière. Des propositions ne sont pas attendues avant novembre 2015, avertit M. Rombouts. Il faudra ensuite les transformer en textes de loi, ce qui promet encore quelques mois de labeur, étant donné la technicité de la matière.

En attendant, la ministre a dit vouloir avancer sur une première adaptation de l'arrêté royal de manière à assurer la pérennité du fonctionnement de l'institution. Mme De Block a également souligné qu'il était possible d'avancer selon des rythmes différents, sur la réforme de l'Ordre des médecins et la création des autres Ordres.























Numéro Inami : les médecins généralistes favorables à un examen d'entrée, solution moins "antisociale"

BELGA Publié le - Mis à jour le
Belgique

La Société scientifique de médecine générale (SSMG), le Forum des associations de médecins généralistes francophones (FAG), l'Association belge des syndicats médicaux (Absym) et le Groupement belge des omnipraticiens (GBO) plaident jeudi dans un communiqué commun pour un examen d'entrée assorti d'une année préparatoire comme solution au dossier Inami, au lieu du concours en fin de première année voulu par le ministre de l'Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt. Les associations jugent en effet cette option "antisociale". Le projet de ce filtrage, en voie d'être finalisé, est "peu respectueux des individus", et "a montré ses limites" il y a quelques années, selon ces organismes représentant les médecins généralistes francophones. "Il était important de parler" d'une seule voix, souligne Luc Lefebvre, président de la SSMG.
Ce concours engendrerait "des frais importants pour les parents, puisqu'une année universitaire est plus onéreuse qu'une année préparatoire", ajoute-t-il. De plus, "comment un étudiant qui s'est engagé à devenir médecin, a réussi ses examens mais n'est pas retenu pour passer en deuxième année pourrait-il se tourner vers une autre profession sans être déçu toute sa vie?".
"Diverses sources concordantes rapportent aussi le climat détestable et la concurrence exacerbée qui étaient apparus entre les étudiants" par le passé, avec notamment la circulation de fausses notes de cours. Ce filtre allait dont "à l'encontre des valeurs de solidarité et de collaboration qu'il est bon d'inculquer aux futurs médecins, essentielles dans un métier qui, de plus en plus, exigera de l'interdisciplinarité".
A contrario, un examen d'entrée, accompagné d'une année préparatoire pour qui le souhaite, semble être la meilleure formule, "plus démocratique et plus solidaire". Les associations estiment par ailleurs que cet examen devrait porter sur les matières scientifiques mais aussi la communication interpersonnelle. Elles invitent enfin les décideurs "à entendre les voix des protagonistes et à ne pas s'arc-bouter sur des positions idéologiques".


états-unis 09:12

La vaccination de nouveau au centre des querelles politiques américaines

AFP
(Keystone)
(Keystone)
Deux républicains en vue, possibles candidats à la présidentielle, émettent des réserves sur la vaccination systématique, alors que sévit une épidémie de rougeole en Californie, maladie qui un temps avait quasiment disparu. «La Terre est ronde et les vaccins marchent», leur répond Hillary Clinton...
Deux responsables républicains aux Etats-Unis, possibles candidats à la Maison Blanche en 2016, ont affirmé lundi que bien que les vaccins fussent vitaux, la vaccination systématique des enfants n’était pas toujours justifiée, dans un contexte de retour de la rougeole dans le pays.
■ Vacccins à «équilibrer» pour Chris Christie. Le gouverneur du New Jersey a déclaré lors d’une visite en Angleterre que bien qu’il vaccine ses propres enfants, les autorités devaient prendre en compte la voix des parents dans leurs politiques de vaccinations car toutes les maladies ne posaient pas la même menace de santé publique.
«Tout ce que je peux dire est que nous avons vacciné les nôtres, c’est la meilleure expression que je puisse vous donner de mon opinion», a-t-il déclaré, selon CBS. «Mais je comprends aussi que les parents doivent aussi avoir un certain degré de décision, et c’est l’équilibre que l’Etat doit trouver».
«Il faut un équilibre et cela dépend du vaccin, du type de maladie et de tout le reste. Et je n’ai pas dit que je laissais le choix aux gens», a-t-il précisé.
Son bureau a ensuite diffusé un communiqué tentant de clarifier ses propos. «Le gouverneur estime que les vaccins sont une protection de santé publique importante, et face à une maladie telle que la rougeole, il n’y a aucun doute que les enfants doivent être vaccinés. En même temps, des Etats différents requièrent des degrés de vaccination différents, et c’est pourquoi il appelait à un équilibre dans les vaccins que les Etats doivent rendre obligatoires», a déclaré le bureau du gouverneur.
Certains vaccins «facultatifs pour Rand Paul. Interrogé à son tour, le sénateur et ophtalmologiste, représentant de l’aile libertaire du parti républicain, a estimé que certains devaient rester facultatifs.
«Je ne suis pas anti-vaccin du tout, mais la plupart devraient être volontaires», a déclaré Rand Paul dans l’émission de radio de Laura Ingraham, diffusée sur de nombreuses radios dans le pays, en réclamant notamment la liberté de choix des parents pour les vaccins contre l’hépatite B et le papillomavirus humain (HPV), sexuellement transmissibles.
Tout en relevant le danger de la non-vaccination pour des maladies comme la variole, il a expliqué qu’il existait «des périodes où des règles peuvent exister, mais la plupart du temps cela doit rester volontaire». Il a même expliqué avoir une connaissance personnelle d’enfants qui ont subi de graves séquelles après une vacination.
■ La position des autorités Dimanche, Barack Obama avait appelé sans équivoque les parents à vacciner leurs enfants, sur la chaîne NBC.
«On peut éviter la rougeole. Je comprends que des familles, dans certains cas, s’inquiètent des effets des vaccins. La science est, vous savez, assez indiscutable», a dit Barack Obama. «Vous devez vacciner vos enfants».
■ Hillary Clinton de son côté possible candidate à la présidentielle pour les démocrates, a twitté son soutien sans faille aux vaccinations
Selon un bilan lundi des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), 102 personnes étaient atteintes de rougeole au 30 janvier aux Etats-Unis, la plupart des cas ayant démarré au parc Disneyland de Californie. La majorité des personnes contaminées n’étaient pas vaccinées.
Dans les années 1960, plusieurs millions d’Américains étaient contaminés chaque année, et la maladie faisait cinq cents morts par an.
La rougeole, maladie très contagieuse, avait été quasiment éliminée aux Etats-Unis grâce à la vaccination. Mais une tendance «anti-vaccin» dans certaines familles a favorisé sa réapparition. Le chiffre passé à 37 cas en 2004 est remonté à 644 infections recensées en 2014.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6bf51c1c-ab7a-11e4-8a14-18075d406251/La_vaccination_de_nouveau_au_centre_des_querelles_politiques_am%C3%A9ricaines 

L’hôpital, reflet d’une société malade

(DR)
(DR)
Médecin et cinéaste, Thomas Lilti signe «Hippocrate», une fiction épatante sur l’hôpital public. Et si ce film grand public était l’antidote à l’opacité de cette institution?
Présenté à Cannes en clôture de la Semaine de la critique et sorti en septembre, Hippocrate de Thomas Lilti est le succès surprise de la rentrée en France. Pas étonnant si l’on considère qu’il s’agit là d’une comédie dramatique grand public concernant non seulement le personnel soignant (lequel s’y reconnaîtra comme jamais) mais tout visiteur potentiel de l’hôpital! Et pourtant, pas un distributeur suisse n’a bougé! C’est ainsi en importation directe que Les Cinémas du Gütli de Genève, le City Pully et l’ABC de La Chaux-de-Fonds, salles indépendantes de plus de plus nécessaires, proposent ce film épatant.
La réussite a une raison simple: au contraire de la plupart de ses confrères cinéastes, Thomas Lilti (dont c’est là le deuxième opus après Les Yeux bandé, autre inédit de 2008 avec Jonathan Zaccaï et Guillaume Depardieu) pratique aussi un «vrai» métier, médecin. Et ce qui était à l’origine une concession aux exigences familiales est apparemment devenu sa force. A 37 ans, il a choisi de revenir sur ses douze années de formation.
Son héros n’est donc pas par hasard un jeune interne qui fait son premier stage dans le service dirigé par son père. Sa carrière apparemment toute tracée, Benjamin (Vincent Lacoste, la révélation des Beaux Gosses de Riad Sattouf) va pourtant être tôt confronté à une expérience déstabilisatrice: une nuit alors qu’il est de garde, un patient souffrant de violentes douleurs abdominales décède. A qui la faute? Au jeune médecin? A l’électrocardiogramme qui n’a pas été effectué, l’appareil étant défectueux? Aux coupes budgétaires? A la hiérarchie qui couvre l’erreur? Aux règlements parfois absurdes?
Mais le scénario ne s’en tient pas là, l’auteur ayant eu la bonne idée de dédoubler son personnage principal avec un autre nouvel interne, Abdel, venu d’Algérie (Reda Kateb, l’acteur qui monte, d’Un Prophète à Qui vive et Loin des hommes). La dynamique entre le fils à papa et l’étranger plus aguerri devient alors le cœur du film. Et c’est lorsque se présente à eux le cas d’une patiente cancéreuse en fin de vie que ce dernier devient vraiment passionnant. En effet, s’agissant d’hôpital, qui n’a pas été confronté un jour au double soupçon – même contradictoire – de course à la rentabilité et d’acharnement thérapeutique?
Au contraire des innombrables séries hospitalières qui squattent le petit écran (d’Urgences à Dr. House – cité en clin d’œil – en passant par The Kingdom/L’Hôpital et ses fantômes de Lars von Trier), Hippocrate présente cette réalité sans fard ni sensationnalisme. C’est au contraire avec une nouvelle exigence de réalisme que l’on découvre les coulisses de l’institution, des sous-sols labyrinthiques aux services aseptisés, du réfectoire décoré avec un goût douteux aux chambres glauques des internes. Et côté humain, la solidarité du personnel, les subtilités de la hiérarchie, la peur du conseil de discipline. Même sans génie particulier de mise en scène, tout ici sonne juste. Même sans grand drame, on est captivé. Le souci du détail vrai et l’intelligence du récit font la différence.
Que vaut encore le fameux serment d’Hippocrate? Comment avoir la vocation dans le contexte médical actuel? Même si ce sont là les questions clés, le film va plus loin. Le ton ne se veut pas polémique. Mais il n’est pas interdit de penser qu’en plaçant ainsi l’hôpital sous la loupe, Hippocrate offre un excellent baromètre social. S’y invitent en effet les problématiques plus larges telles que la concurrence public-privé, l’éthique et la corruption, la préférence nationale et l’immigration, la misère et la fin de vie, la technocratie et l’idéalisme. Et là, force est de constater que la France (mais sûrement pas qu’elle) a du pain sur la planche!
Le cinéma industriel nage dans le cliché, le film d’auteur souffre de solipsisme et le documentaire est condamné à la confidentialité? Hippocrate prouve qu’un moyen terme est possible et mérite d’être recherché. Coup unique ou début d’une belle série, l’avenir le dira. En attendant, on aurait tort de laisser filer un aussi bon spectacle sous prétexte de distribution déficiente.
VVV Hippocrate, de Thomas Lilti (France 2014), avec Reda Kateb, Vincent Lacoste, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt, Félix Moati, Carole Franck, Philippe Rebbot. 1h42.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/cef9f9d8-7be9-11e4-a4b4-65a0dc79857a/Lh%C3%B4pital_reflet_dune_soci%C3%A9t%C3%A9_malade 

Un quart des nouveaux médecins en France ont un diplôme étranger

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par
















L’Ordre des médecins s’inquiète du fait que le nombre de praticiens étrangers pourrait atteindre 30 000 en 2020, détournant les règles du numerus clausus (photo d'illustration).

Qui sont les médecins qui s’installent en France avec un diplôme étranger ? Quels sont leurs parcours, leurs diplômes, leurs lieux d’installation ? Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a rendu publique, jeudi 27 novembre, une étude détaillée sur les « flux migratoires et les trajectoires » de ces professionnels de santé qui représentent 8,2 % des 276 354 médecins inscrits au tableau de l’Ordre au 1er janvier.

Lire : Santé : l’Europe fait exploser le numerus clausus
Au total, en 2014, l’Ordre a recensé 22 568 médecins titulaires d’un diplôme européen ou extra-européen, parmi lesquels 19 044 exercent de façon régulière. Depuis 2007 – date qui a notamment marqué l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne –, ce nombre a connu une augmentation de 60 %. Pour l’organisme professionnel, cette hausse « a une forte probabilité de se confirmer d’ici à 2020 pour atteindre plus de 30 000 médecins titulaires d’un diplôme obtenu hors de France ».
Patrick Romestaing, le vice-président du CNOM, note une tendance déjà relevée en 2013 : près d’un quart des nouveaux médecins qui s’installent chaque année en France ont désormais un diplôme délivré par une université étrangère. Soit environ 1 700 par an. Un chiffre qui suscite des « interrogations » du côté de l’Ordre. « Pourquoi mettre un numerus clausus si celui-ci peut être détourné ? Est-on toujours dans le bon scénario ? », demande-t-il, en précisant toutefois qu’il ne faut pas « déréglementer » ce système mis en place en 1971.

« Débat éthique »

En 2005, une directive européenne a institué une reconnaissance automatique des diplômes européens. Sous réserve d’une « attestation de conformité », les médecins titulaires d’un diplôme européen relèvent donc de la libre circulation et peuvent à ce titre s’installer où ils le souhaitent. Des commissions universitaires doivent en revanche délivrer des autorisations d’exercice au cas par cas pour ceux qui ont un diplôme extra-européen.
Les deux tiers de ces médecins diplômés à l’étranger sont salariés (62,4 %) quand ce pourcentage n’est que de 43,6 % pour les titulaires d’un diplôme français. En majorité, ils choisissent de s’installer dans les régions déjà considérées à forte densité médicale comme l’Ile-de-France (qui regroupe 29 % d’entre eux), Rhône-Alpes, ou Provence-Alpes Côte-d'Azur. Ce qui fait dire à Patrick Romestaing que, « contrairement aux idées reçues, ces médecins ne répondent pas aux difficultés démographiques dans les territoires en tension ».
Autre enseignement de l’étude : 40,9 % des médecins titulaires d’un diplôme non français l’ont obtenu en Roumanie. Actuellement, 840 médecins généralistes exerçant en France sont nés en Roumanie. En 2020, ils devraient être plus de 2 700, estime l’Ordre. Pour Patrick Romestaing, les chiffres de cette étude devraient « lancer le débat au niveau de l’Union européenne sur les conséquences de ces migrations » et même, plus largement, « déboucher sur un débat éthique ». « En effet, dit-il, certains pays se trouvent aujourd’hui en difficulté parce que leurs propres médecins quittent le pays pour venir en France. »
François Béguin
Journaliste au Monde 
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/11/27/un-quart-des-nouveaux-medecins-en-france-ont-un-diplome-etranger_4530024_3224.html 

Une clinique virtuelle pour les patients atteints du cancer au Manitoba

Mise à jour le mardi 25 novembre 2014 à 16 h 19 HNE
La ministre de la Santé, Sharon Blady, a affirmé qu'il y aura davantage de services pour les personnes atteintes d'un cancer qui n'ont pas de médecin de famille et qui ne savent à qui s'adresser. La ministre de la Santé, Sharon Blady, a affirmé qu'il y aura davantage de services pour les personnes atteintes d'un cancer qui n'ont pas de médecin de famille et qui ne savent à qui s'adresser.  Photo :  ICI Radio-Canada
La province du Manitoba a lancé mardi une « clinique virtuelle sur le cancer », soit un service téléphonique pour accélérer la prestation de soins et offrir du soutien aux personnes atteintes du cancer.
Le service téléphonique sera opéré à partir d'un bureau situé au Centre des sciences de la santé de Winnipeg dès l'année prochaine.
Les gens pourront appeler pour obtenir des conseils, du soutien psychologique et de l'aide pour accéder aux services offerts aux patients.
Les médecins et les professionnels de la santé pourront également appeler à la clinique virtuelle pour s'assurer que leurs patients sont dirigés rapidement vers les soins appropriés, a indiqué la ministre de la Santé, Sharon Blady.
« Il est important d'offrir un soutien rapide aux personnes atteintes du cancer », a-t-elle affirmé.
Cette initiative s'inscrit dans la stratégie « En soixante » évaluée à 40 millions de dollars qui a été lancée par la province en 2013. Cette stratégie vise à limiter le temps entre l'apparition des premiers symptômes de la maladie et le premier traitement à 60 jours. La province espère atteindre cette cible d'ici 2016.
La directrice générale de l'Office régional de la santé de Winnipeg, Arlene Wilgosh, pense que cette clinique virtuelle sur le cancer servira de guide pour les patients, les médecins et les infirmières.
En quête d'un médecin de famille
Selon la province, le service téléphonique sera directement lié aux départements des services d'urgence de Winnipeg.
Les patients ne possédant pas de médecins de famille qui se rendront aux urgences et qui feront l'objet d'un suivi pour un possible cancer seront redirigés par les professionnels de la santé des services d'urgence à ce service téléphonique. 
La province indique que les experts de la clinique virtuelle travailleront de pair avec les professionnels de la santé des services d'urgence afin de coordonner le suivi et l'administration des premiers traitements.
Ces patients seront ensuite jumelés à un médecin par le biais de la stratégie provinciale pour trouver un médecin de famille.
http://ici.radio-canada.ca/regions/manitoba/2014/11/25/006-cancer-patients-manitoba.shtml
traitements vendredi 21 novembre 2014

L’abus de médecine nuit gravement à la santé

Les examens d’imagerie médicale moderne, pas toujours justifiés, parfois dangereux, sont dans le collimateur d’une partie de la communauté médicale. (Keystone)
Les examens d’imagerie médicale moderne, pas toujours justifiés, parfois dangereux, sont dans le collimateur d’une partie de la communauté médicale. (Keystone)
Les progrès médicaux et la multiplication des thérapies ont leur revers: certaines prescriptions sont inutiles. La communauté scientifique attire l’attention sur ce phénomène aussi dangereux que coûteux
Excessivement administrées, certaines thérapies en seraient devenues mauvaises pour la santé. Dans un pays comme la Suisse où l’on bénéficie d’un système de soins à la pointe du progrès, les patients risquent de subir des examens ou des traitements inutiles – et parfois même préjudiciables pour leur santé. On parle de sur-diagnostic et de sur-traitement. A cela s’ajoutent d’importants coûts financiers: les prescriptions inutiles se chiffreraient à 200 milliards de dollars au niveau mondial, selon une estimation de l’Institut universitaire Darmouth, près de Boston, aux Etats-Unis.
Depuis 2010, la communauté médicale se mobilise contre cette dérive. Dès 2012, des sociétés de médecine américaines ont commencé à établir des listes de prescriptions à la fois courantes, coûteuses et sans bénéfice pour la santé du patient, à l’intention des praticiens. Une cinquantaine d’associations médicales se sont jointes à cette initiative baptisée Choosing wisely («choisir sagement»). Dont la Société suisse de médecine interne générale (SSMI), qui a publié sa propre liste l’année dernière. Invités par l’Association suisse du journalisme scientifique, plusieurs spécialistes de la question se sont réunis mardi et mercredi à Thoune pour discuter de ce mouvement «qui prend une ampleur mondiale», selon Richard Hurley, rédacteur en chef adjoint du British Medical Journal.
Président du directoire de la SSMI et directeur du département médecine communautaire, de premier recours et des urgences des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), le professeur Jean-Michel Gaspoz a présenté les cinq tests ou traitements à problème de la liste suisse. Il y a tout d’abord la radiographie du dos en cas de douleurs lombaires depuis moins de six semaines, sans gravité et diffuses. Puis le test de dépistage sanguin du cancer de la prostate (PSA) proposé à un patient asymptomatique sans évoquer les risques de complications. Mais aussi les antibiotiques prescrits en cas d’infections bénignes du nez, de la bouche, du pharynx ou du larynx: il s’agit le plus souvent de maladies virales, que les antibiotiques ne peuvent combattre puisqu’ils n’agissent que contre les infections bactériennes. Tout aussi inutile, la radiographie du thorax avant une opération chirurgicale chez un patient sans symptômes respiratoires. Enfin, la médication de l’acidité gastrique devrait être limitée dans le temps et subordonnée à la recherche de la plus faible dose efficace.
Toutes ces prescriptions sont courantes. Chaque année en Suisse, des milliers de sexagénaires se soumettent à un contrôle sanguin pour déceler un éventuel cancer de la prostate. Or, non testés, environ 50% des hommes de cet âge présenteraient une lésion micro-cancéreuse de la prostate, ce qui ne les empêcherait pas de vivre normalement et de mourir d’une autre cause. Même constat pour les tumeurs thyroïdiennes: si l’on dépistait par ultrasons toute la population, on trouverait vraisemblablement chez 50% des gens une anomalie de cette petite glande.
Pour sa première liste, la SSMI s’était volontairement limitée à cinq exemples. Mais un bon nombre d’autres examens, opérations ou traitements attendent d’être épinglés comme superflus. En particulier dans le domaine du dépistage du cancer et des technologies modernes d’imagerie médicale.
Dans le cas du cancer, le problème est lié au fait qu’il est souvent impossible de prédire comment une tumeur va évoluer. Il existe donc un risque de traiter des anomalies qui ne menaceraient pas la santé du patient si rien n’était entrepris. Le dépistage systématique de certains types de cancer (pancréas, poumon, peau, prostate, testicules, vessie, ovaires et cavité orale) n’entraînerait ainsi pas de bénéfice pour le patient.
Dans le domaine de l’imagerie médicale, on recense une bonne quarantaine d’examens qui ne présentent habituellement pas ou peu d’intérêt médical. Par contre, ils peuvent être dangereux. Un acronyme a d’ailleurs été inventé aux Etats-Unis pour qualifier les victimes de l’imagerie médicale moderne: Vomit (pour Victim Of Modern Image Technology). «Au cours des vingt-cinq dernières années, la dose de radiation médicale annuelle de la population a été multipliée par sept», affirme Jean-Michel Gaspoz. «Tout cela ne remet pas en question les progrès de la médecine et ne doit pas être interprété comme une incitation au rationnement, tient-il à préciser. Il s’agit de bon sens. Voilà le message que nous aimerions faire passer, aussi bien auprès des médecins que des patients.»
Neurologie jeudi 25 septembre 2014

Un nouvel espoir pour faire remarcher les paralysés

Des chercheurs de l’EPFL ont mis au point une méthode d’électro- stimulation pour aider des rats à retrouver la mobilité . Dès 2015, ils vont en partie la tester sur des humains au CHUV dans un labo inédit, qu’a visité «Le Temps» en exclusivité
Des rails au plafond, un harnais qui y pend. Des caméras dans tous les coins. Un tapis roulant pour la marche «intelligent». D’autres équipements de réhabilitation motrice. Tout un attirail de haute technologie devant permettre à des personnes paraplégiques de peut-être remarcher un jour, même cahin-caha. Depuis juillet, ce laboratoire unique au monde – selon ses concepteurs –, et qu’a pu visiter Le Temps en exclusivité, est en phase de test au CHUV, à Lausanne. Il doit accueillir à l’été 2015 les premiers essais cliniques sur l’homme d’une thérapie inédite, impliquant une stimulation électrique de la moelle épinière lésée. Une technique développée sur le rat, dont les derniers résultats sont publiés ce jeudi dans la revue Science Translational Medicine.


Tous ces travaux sont le fruit des longues recherches de Grégoire Courtine, à l’EPF de Lausanne. En cas de dommage partiel à la moelle épinière, explique-t-il, «il n’y a quasi plus de connexion entre le cerveau et les circuits qui contrôlent la marche, situés sous la lésion et dénommés «cerveau spinal». Celui-ci tombe alors dans un état dormant.» Mais l’on sait aussi que le système nerveux peut en partie récupérer de la blessure, si les fibres n’ont pas toutes été sectionnées.
Le chercheur tente de réveiller ce cerveau spinal, et surtout le faire se reconnecter au cortex. Il travaille sur des rats dont l’épine dorsale a été doublement, mais pas totalement, sectionnée au niveau du thorax. En 2009, il a montré qu’en les soumettant à un traitement double, un cocktail de molécules pharmacologiques stimulantes d’une part, et de l’autre des impulsions électriques par des électrodes implantées contre leur moelle épinière, les rongeurs se remettaient à marcher une fois placés sur un tapis roulant. Toutefois, aucun ordre direct en provenance du cerveau n’entre en jeu dans ces conditions: «Ce sont les rétroactions sensorielles en provenance des pattes qui activent les circuits moteurs: c’est comme si le cerveau spinal, une fois stimulé électrochimiquement, était doté de sa propre capacité de décision.»
















Le vieillissement démographique : un boulet pour la croissance en Europe

LE MONDE | • Mis à jour le | Par
Abonnez-vous
à partir de 1 €
Réagir Classer
Partager google + linkedin pinterest















Evolution de la population en âge de travailler depuis 1950. Perspectives pour 2060.
Selon une note de la Commission européenne publiée début avril, les pays les plus riches auront du mal à retrouver le rythme de croissance économique qu’ils ont connu avant la crise financière de 2008, du fait du vieillissement démographique et donc de la baisse de la population en âge de travailler.
Les auteurs rappellent que le début du XXIe siècle s’est caractérisé par un ralentissement mondial de la population en âge de travailler (celle qui a entre 15 et 64 ans). Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait augmenter de 20 % entre 2010 et 2030, alors qu’elle a augmenté de 40 % entre 1990 et 2010.
L’analyse par région du monde révèle de grandes disparités. La plupart des régions les plus développées sont déjà entrées dans une longue phase de vieillissement démographique, tandis que d’autres pays, y compris les régions les plus pauvres, continueront de voir leur population en âge de travailler augmenter pendant de nombreuses décennies.

Hausse de 77% en Afrique subsaharienne

Ainsi, entre 2010 et 2030, la population en âge de travailler devrait augmenter de 77 % en Afrique subsaharienne, contre 11 % en Amérique du Nord. Celle de l’Amérique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie devrait augmenter de l’ordre de 20 %.
Dans ces régions, le déclin devrait commencer seulement après 2040. L’Europe, de son côté, devra faire face à une baisse de 9 % de sa population en âge de travailler (le maximum ayant été atteint en 2009, avec 333 millions de personnes âgées entre 15 et 64 ans).
Ce déclin démographique devrait durer au moins cinq décennies, selon Eurostat. Les Etats-Unis sont à part du fait d’un taux de fécondité relativement élevé et de flux migratoires positifs soutenus.















A partir de ces données démographiques, il est possible d’évaluer combien de temps chaque région pourra soutenir le niveau de croissance de l’emploi observé pendant la période précédant la crise économique (2000-2008), qui a été en moyenne de 1,1 %.
Dans les pays les plus développés, ce niveau de croissance de l’emploi ne sera possible qu’environ dix ans. Cette durée variera notamment en fonction de la participation ou non au marché du travail de personnes qui pour le moment restent faiblement représentées (principalement les femmes, les migrants, les jeunes et les travailleurs découragés).
Ainsi la décroissance de la main-d’œuvre européenne impacte l’emploi futur.
Elle impose de nouvelles contraintes pour espérer atteindre un certain niveau de croissance économique (entre 2000 et 2008, la croissance du produit intérieur brut a été en moyenne de 2,1 % dans l’Union européenne).
L’analyse conclut que la croissance de la productivité au sein de l’Union européenne et de plusieurs autres régions industrialisées deviendra progressivement la seule façon de soutenir la croissance économique. Cela nécessite de l’innovation continue, une meilleure organisation, un investissement accru dans l’éducation et les compétences pour avoir une main-d’œuvre très qualifiée et enfin la capacité à attirer des investissements physiques et en ressources humaines.
À l’inverse, les économies émergentes pourraient obtenir des gains de productivité significatifs en réorientant des personnes qui occupent des activités faiblement productives (principalement dans le secteur agricole) vers des emplois à forte productivité dans les secteurs industriels ou de services.