jeudi 20 octobre 2011

DU DEVOIRS DES POPULATIONS ENVERS LES MEDECINS IVOIRIENS

 « Personne n’ose chercher la vérité. Ceux qui cependant la cherchent n’osent la trouver. Ceux qui cependant la trouvent n’osent pas la dire. Ceux qui la disent ne sont pas écoutés. »
Alfred SAUVY

Le débat sur le droit à la santé suscité par la grève des cadres supérieurs de la santé membres du SYNACASSI, de l’illégalité de la grève et des sanctions encourues ; notamment des menaces de procès, m’amènent à soumettre cette contribution.
En effet la plupart des articles et contributions ont abordés la question uniquement sous l’angle des droits des populations, avec la forte recommandation aux syndicalistes de défendre leur droit sans mettre en danger celui des autres.
La question est de savoir qui va s’occuper du droit des médecins et des autres cadres supérieurs.
Quel organe de presse va défendre le droit des médecins, sans que cela ne soit une action de lobbying avec ce que cela suppose en terme financier, éthique, politique etc… C’est pourquoi, j’ai décidé d’aborder le sujet en terme de devoirs des populations envers les médecins et partant des cadres supérieurs de la santé.
Beaucoup d’intervenants dans la crise ont essayé de nous expliquer nos devoirs, comme si nous l’ignorons. Pour rappel les études médicales durent en moyenne sept ans pour l’obtention du diplôme qui confère le titre de médecin généraliste, après il faut en moyenne trois années d’études supplémentaires pour obtenir le titre de médecin spécialiste. Diverses autres formations nous permettent parfois de nous attribuer le titre de consultant. Et encore, il reste que certains parmi nous deviennent des experts sur certaines questions. Du titre de médecin généraliste à celui d’expert il faut bien du chemin, ce n’est donc pas à nous qu’il faut expliquer nos devoirs. Je me permets donc d’apporter des informations pour nourrir le débat sinon pour le clore afin de nous consacrer à l’essentiel. 
LES BASES JURIDIQUES DES DEVOIRS DES POPULATIONS ENVERS LES MEDECINS.

1/ Du droit à la santé des populations.
De nombreux textes nationaux (constitution ; code de la santé publique) et traités internationaux ont été cité, pour rappeler ce droit fondamental des peuples. Pour pouvoir jouir de tant de droits il y’a nécessairement autant de devoirs. Loin de nous un débat sur le juridisme stérile, il faut cependant garder à l’esprit qu’on ne peut toujours exiger sans rien donner. Ce droit à la santé ,impose de facto un devoirs envers ceux qui y participent directement.
2/ Le serment d’Hippocrate
Un journal a publié le serment d’Hippocrate, comme pour nous rappeler un engagement que nous avons pris devant nos parents et nos maîtres. Je rappelle au passage que tout en gardant son essence, ce serment a beaucoup évolué dans sa rédaction ; il tient compte des contraintes scientifiques (clonage ; les test génétiques ou examen d’ADN) de l’apparition de nouvelles maladies à fortes expositions à des stigmatisations (VIH/SIDA) ; des normes socio politiques de notre époque (qui imposent la démocratie comme système de référence et qui invitent à  faire obstacles à des exactions comme la xénophobie et les génocides par exemple). A travers ce serment les médecins se sont imposés de nombreuses obligations et cela comme je l’ai précisé en tenant compte de notre époque. J’ai retenu dans le serment le passage suivant ; « je n’exigerais aucun salaire au dessus de mon travail.. ».
Implicitement toute personne, quelle qui soit qui demande au médecin un travail doit lui verser un salaire.
Pourquoi le serment ferait t’il allusion à un salaire depuis la nuit des temps ? Dans certains pays toute peine mérite un salaire. A croire tous les écrits et dits au nom du serment d’Hippocrate, les médecins ivoiriens devraient renoncés à leurs revenus. Le projet de vie d’un médecin ivoirien n’est t’il pas aussi conçu autour d’attentes minimales ?. Il est donc du devoirs des populations d’améliorer leur vision du monde et partant leur vision de la profession médicale dans notre pays. Il est donc légitime à tous, d’exiger un  minimum nécessaire à chacun de nous pour réaliser sa vie.

3/ la confraternité entre médecins
C’est une disposition légale du code de santé publique et du code de déontologie dont le non respect expose à des sanctions disciplinaires et même civiles. Il n’est donc pas acceptable d’encourager les médecins à se désolidarisés de leurs confrères.

4/ De la nécessité d’assurer un service minimum en cas de grève.

4-1/  L’HOPITAL N’APPARTIENT PAS AUX MEDECINS.
Il appartenait aux propriétaires de dire où ; comment ; avec qui ; avec quoi il organise le service minimum. En la matière, le gouvernement n’a rien proposé. Je rappelle, sans publicité, que la PISAM ; AVICENNES ; LA POLYCLINIQUE DES DEUX PLATEAUX ; LA POLYCLINIQUE HOTEL DIEU ; LA POLYCLINIQUES LES GRACES ; LA CLINIQUE LE GRAND CENTRE ; LA CLINIQUE CENTRALE D’ABOBO GARE et bien d’autres, mais surtout l’HÔPITAL MILITAIRE étaient ouverts et auraient pu être les lieux de la prise en charge des grandes urgences au frais de l’état quitte à faire payer ensuite les coupables s’ils existent.
Il revient aux populations qui payent des élus pour leur garantir le minimum, de ne pas perdre de vue qu’en cas de catastrophes, l’état doit exister pour le bien de tous. Ne pas assumer ses responsabilités et toujours les rejeter sur les autres est la preuve de mauvaise foi qui doit cesser de prospérer sous nos cieux.

4-2/ L’EXERCICE MEDICALE MINIMALE N’EST PAS CONCEVABLE.

Pour la question de fond sur le  service minimum en cas de grève, en nous inspirant « DES PRINCIPES D’ETHIQUE MEDICALE EUROPEENNE » -CIOMS, 1995 trois types de commentaires s’ouvrent à nous.
1/ La CIOMS dans le texte contenant « les principes les plus importants destinés à inspirer la conduite professionnelle des médecins quel que soit leur mode d’exercice, dans leur rapports avec les malades, la collectivité et entre eux », rappelle en son article 1, la vocation du médecin. Le rappel de cet article doit mettre fin aux leçons de ceux qui veulent nous apprendre ce qu’est un médecin ; « la vocation du médecin consiste à défendre la santé physique et mentale de l’homme et à soulager sa souffrance dans le respect de la vie et de la dignité de la personne humaine sans discrimination d’âge, de race, de religion, de nationalité, de condition sociale et d’idéologie politique, ou toute autre raison, en temps de paix comme en temps de guerre. » Ainsi édictée demander à des médecins de travailler dans des conditions minimums est inconcevable.
2/ La Conférence Internationales des Ordres, pour finir a édicté à l’article 36 sur 37, donc en fin de recommandations, qu’en cas de grève, « lorsqu’un médecin décide de participer à un refus collectif organisé de soins, il n’est pas dispensé de ses obligations éthiques vis-à-vis des patients à qui il doit garantir les soins urgents et ceux nécessaires aux malades en traitement ».
Le médecin a donc une obligation vis-à-vis de ses patients et non du service ou des autorités contre lesquels il entame justement une action de type syndicale. Faire l’amalgame entre les deux pour ne pas entamer le dialogue constructif avec les médecins, est un encouragement à l’atteinte à l’éthique médicale qui place l’homme au centre de toutes ses préoccupations. En effet comment peut-on respecter des gens qui ne nous respectent pas. Ils sont convaincus que nous n’irons pas jusqu’au bout de nos revendications parce que cela mettrait en péril la cohésion sociale.
3/ La CIOMS termine ses recommandations par l’article 37 qui a trait aux honoraires. L’incompatibilité entre l’exercice médicale et la perception d’un revenu n’étant pas prouvé, il y’a lieu de s’attaquer aux règlements de tous différents qui apparaissent sur cette question. Aucun argument juridique ni éthique ne ferra barrage à la rémunération à juste coût des services que rend l’ensemble du corps médical ivoirien.

RECONNAITRE AU CORPS MÉDICAL, SES ACTES PATRIOTIQUES

Actuellement de nombreux acteurs ont eu des décorations et des félicitations officielles pour des actes patriotiques. Que dire du corps médical ?
1/ Depuis octobre 2000, en passant par septembre 2002 et novembre 2004 et pour finir avec l’avènement des déchets toxiques, le corps médicale ivoirien dans son ensemble n’a jamais fait défaut. Sans rappeler leur contribution, ce qui est inacceptable est la non exigeante aux victimes d’un document médico légale prouvant qu’ils ont été victimes parmi les pièces à fournir pour se faire dédommager. Tout homme avertit sait que sans ce document, ni aujourd’hui encore moins demain, aucune cours de justice sérieuse ne donnera suite à une plainte d’une victime (comment va-t-il prouver qu’il a été malade ?). Cette grave  omission, fait partie intégrante d’une logique qui voudrait que les médecins qui ont travaillés ne perçoivent pas trente milles francs CFA (le coût du certificat) par patient intoxiqués. En faite certains ont estimé que trois milliards de francs rien qu’aux corps médical serait excessif.

2/ Dans notre pratique de tous les jours, délivrer des traitement efficaces à moindres coûts est un acte patriotique qui doit être reconnu et proclamé. Je le fait étant entendu que certains trouvent cela évident voir logique. Pour comprendre, il faut avoir à l’esprit qu’aucun médecin n’a intérêt à se voir stigmatisé pour des échecs thérapeutiques et donc a intérêt à utiliser les traitements les plus efficaces et forcement les plus chers.

LE CORPS MÉDICAL COMME MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT

1/ ACTEUR CENTRAL DE NOTRE PROJET MÉDICAL.
« Tout était prêt pour octobre 2002 » selon les personnes chargées d’exécuter le projet de L’AMU . Si c’était vrai, cela suppose que le corps médical ivoirien était prêt à participer à la réalisation de ce rêve que tout ivoirien aimerait voir aboutir. Ça aurait été encore une occasion pour les médecins et leurs autres confrères d’accomplir leurs devoirs envers toute la population ivoirienne.

2/ 3 OBJECTIFS SUR 8 (37.5%) DES OMD (LES OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DEVELOPEMENT), DOIVENT ETRE REALISES PAR LE COPRS MEDICAL.(voir fraternité matin page 24 du mercredi 19 septembre 2007)
En définitive, la seule raison valable pour moi d’apporter une contribution est la « déclaration conjointe des membres du groupe de pilotage pour la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement en Afrique », dont le journal cité s’est fait un large écho. Pour le petit nombre d’africains et surtout d’ivoiriens qui avons connaissance de ce projet, quelle réponse apportons-nous à cette déclaration ?

1/ Du rôle direct et indirect du corps médical dans la réalisation des OMD.
La part du travail du corps médical est excessive, dans la mesure où en Afrique anglophone la plupart des médecins sont aux Etats-Unis, en Grande Bretagne et en Australie. En Afrique francophone, où du faite de la barrière linguistique les médecins sont encore dans leurs pays, la place que devrait être la leur est mal appréciée. Globalement, si, sur le continent, il y’a une pénurie ou un mauvais usage (mauvais traitement salarial y compris) du corps médical il est à craindre que même justifiés il faudra revoir les objectifs eux même. En faites les objectifs sont cohérents en eux-mêmes, l’Afrique du Sud qui est reconnu comme l’un des rares pays émergeants en Afrique recrute des médecins (des arabophones et francophones surtout), ce qui démontre la justesse des OMD. Du faite de notre position nous connaissons les stratégies qu’utilisent d’autres pays développés pour enrôler les médecins de chez nous. Les conditions internes et externes favorables aux départs des médecins rendent hypothétiques la réalisation des objectifs en Afrique. En plus du rôle direct qu’ils doivent jouer pour trois objectifs, ils sont censés contribuer de façon qualitative à la mise en œuvre des cinq autres.   
2/ la Côte d’Ivoire est t’elle partie prenante ?
Si notre pays a inscrit les OMD dans sa politique de développement, les personnes qui ont représentées notre pays gagneraient à nous expliquer ce qu’ils attendent de nous (le corps médical dans son ensemble). Parce que l’ensemble des articles de presses que nous avons parcourus dans ce dernier temps nous laisse sur notre faim. Etre incapable de comprendre comment le monde fonctionne (la mondialisation, la globalisation), pour se focaliser sur des problèmes basiques comme l’organisation d’un service minimum au profit des populations pour jeter l’anathème sur tout un corps de métier est affligeante. Comment maintenir le corps médical en Côte ‘Ivoire ? Comment trouver des moyens pour leur permettre de se former pour être au même niveau que les autres médecins ? (Oui, les médecins doivent maintenir leur niveau de connaissance) et enfin comment leur permettre de réaliser leurs projets de vie sans qu’ils ne soient obliger de s’adonner à des activités contraires à leur déontologie et éthiques voire de quitter leur pays ?
Pour clore mon propos, j’aimerais souligner que dans la vie en communauté, chacun de nous sera frustré tôt ou tard. Il faut par conséquent éviter d’offrir en pâture des travailleurs, dont le sens prononcé de la déontologie, les amènent, maintenant que les choses semblent entrer dans l’ordre, à demander ceux dont il ont droit. Je remercie donc ceux qui les ont sanctionnés, maintenant ils ont une raison de recommencer parce qu’ils connaissent justement la sanction.

dimanche 9 octobre 2011

Charles Enderlin |

 | Au Moyen-Orient, si vous ne pouvez pas expliquer une chose par la théorie du complot, n'essayez pas de l'expliquer! Les gens, là-bas, ne vous croiront pas. T.Friedman. NYT

Bonjour les censeurs.

Je n’ai participé ni à la préparation, ni à la réalisation d’Un œil sur la planète. Ma seule contribution a été l’interview deNabil Shaath, responsable des affaires internationales du Fatah. A l’exception de Martine Laroche Joubert, je ne connais pas les journalistes, auteurs des reportages. Je me sens donc libre de publier mon point de vue.
D’abord, je n’ai relevé dans les divers sujets aucune fausse information. La Cisjordanie se développe dans la non-violence comme l’a montré Martine Laroche Joubert avec »Un Etat en marche » . J’ajouterai que l’armée et les services de sécurité israéliens se félicitent de leur coordination avec la nouvelle police palestinienne. A Gaza, le Hamas – le pire ennemi d’Israël – a mis en place un régime totalitaire, et la majeure partie de la population n’en peut plus. Oui, dans ce territoire se développe Al Qaida. C’est un scoop du sujet « Les mille visages de Gaza ».
Le problème des colonies montré dans le reportage « Les frontières de la discorde » est exact. Les agriculteurs palestiniens ont le plus grand mal à aller cultiver leurs terres de l’autre côté de la barrière de séparation. Effectivement, dans la vallée du Jourdain les Palestiniens et les bédouins n’ont pas le même accès à l’eau qui va en priorité aux colonies. Pour plus de détails, consultez : http://www.btselem.org/jordan_valley/water. On comprend la raison pour laquelle les organisations pro-israéliennes ne veulent pas qu’une chaine publique montre cette situation scandaleuse. A regretter l’absence dans ce tournage des attaques commises par des colons extrémistes contre des Palestiniens. Incendie de mosquées, destruction de champs d’oliviers, attaques d’unités de l’armée israélienne.. J’ai bien écrit : attaques d’unités de l’armée israélienne. Bien sur, il y a aussi des actions violentes de la part de palestiniens. Lorsque leurs auteurs sont capturés ils passent devant des tribunaux israéliens. De quand date un seul procès de colon ayant incendié une mosquée ? Cherchez … En l’occurrence, les auteurs d’Un œil sur la planète n’ont pas voulu entrer dans une comptabilité macabre.
« Un droit au retour », tourné au Liban, apporte plutôt de l’eau au moulin de la droite israélienne. Sa conclusion : au pays des Cèdres, les Palestiniens ne veulent pas d’état, seulement revenir en Israël..
Il n’empêche, Patrick Boitet et Etienne Leenhardt ont reçu des centaines de mails d’insulte et de menace. Richard Prasquier, le président du Crif a demandé un rendez vous à Rémy Pfimlin, le Président de France Télévisions, affirmant que l’équipe qui a réalisé l’émission : « a présenté, d’un conflit complexe, une image caricaturale et unilatérale », « en distordant les causalités, en ridiculisant l’adversaire, sans éviter les insinuations à la limite des théories conspirationnistes antisémites » Maniant, à son habitude, l’insulte, Philippe Karsenty, l’ami de Mr.Prasquier en profite par ailleurs, pour me traiter de « délinquant multi récidiviste » Etc. Etc. Sur ce personnage, voir mon livre « Un enfant est mort. Netzarim 30 septembre 2000 »
La réponse à ces réactions violentes se trouve dans le sujet sur « Le lobby pro-israélien » aux Etats-Unis. M.J. Rozenberg, un ancien d’AIPAC raconte comment des organisations comme « Camera » traquent les journalistes déviants. « Le lobby, dit-il, rend la vie difficile aux journalistes qui ne sont pas perçus comme pro-israéliens. Ils auront du mal à trouver un job ou s’ils en ont un à garder un poste. Lorsque je travaillai à AIPAC, il y avait des listes, des dossiers sur chaque reporter. »
L’attaque généralisée contre « Un œil sur la planète » entre visiblement dans ce cadre. Il ne faut rien montrer qui soit défavorable à la politique israélienne d’occupation. Cela s’appelle de la censure et c’est une atteinte intolérable au droit d’informer.