samedi 28 avril 2012

CAS CLINIQUE - Le café, bon pour le cœur?

LeTemps.ch | Le café, bon pour le cœur?
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Le café, bon pour le cœur?

Intuitivement, le café ne semble pas être l’ami du cœur. La boisson le fait plus palpiter qu’elle ne le calme
Intuitivement, le café ne semble pas être l’ami du cœur. La boisson le fait plus palpiter qu’elle ne le calme. Dans une étude* soutenue par le Fonds national suisse, des équipes des Hôpitaux universitaires de Genève et Lausanne viennent juste de montrer le contraire. Les personnes qui boivent en moyenne quatre cafés par jour, pendant une longue période, ont une tension artérielle plus basse. Ce qui diminue leur risque cardio-vasculaire. L’observation est surtout valable pour les personnes qui possèdent une variante d’un gène particulier (CYP1A2). La faculté de bien «utiliser» la caféine est donc héréditaire et va d’ailleurs de pair avec une plus grande consommation de café, observent les chercheurs. Par contre, pour les fumeurs, les effets bénéfiques du nectar s’annulent. Explications du professeur Michel Burnier, médecin-chef du Service de néphrologie et hypertension au CHUV et coauteur de l’étude.

Le Temps: Les résultats de l’étude vous ont-ils surpris?
Michel Burnier: Les causes de l’hypertension sont multiples et, dans neuf cas sur dix, on ne sait pas à quoi l’attribuer. Des travaux ont déjà montré une relation entre café et tension artérielle. Cette étude relève en particulier le lien entre une enzyme, codée par un gène particulier (CYP1A2), et l’utilisation de la caféine par le corps, sa métabolisation. Il semble que certaines personnes soient à même de tirer des bénéfices de la caféine, en raison de prédispositions génétiques. Elles consomment plus de café que les autres et ont une tension artérielle plus basse. Cela peut sembler étonnant car, dans un premier temps, la caféine augmente la tension. Ce n’est que sur le long terme et à une certaine dose que la caféine déploie ses effets. Ces observations ne sont pas valables pour les autres boissons comme le thé ou le Red Bull.
– La consommation de café ne serait pas culturelle mais héréditaire?
– Oui, cela va à l’encontre de ce que l’on pourrait croire. Les personnes qui ont une variante du gène CYP1A2 particulièrement performante à l’égard de la métabolisation de la caféine, consomment aussi plus de café que les autres.
– L’étude montre des effets positifs de la caféine avec une dose de quatre tasses par jour. Une habitude à recommander en prévention cardio-vasculaire?
– On ne peut le recommander faute de connaître le génotype de chacun. Mais la caféine ne fait en tout cas pas monter la pression, même chez les personnes qui n’ont pas une prédisposition génétique favorable. Quant à la quantité de quatre tasses, c’est une relation que nous avons pu faire sur la base de questionnaires auprès de 16 000 personnes. Il s’agit d’une étude épidémiologique. Nous avons mis en avant des associations, mais il ne s’agit pas forcément de relations directes de cause à effet. Il faudrait d’autres études d’intervention pour le confirmer.
– Fumer réduirait à néant les effets positifs de la caféine, pourquoi?
– Le tabac agit aussi sur l’enzyme produite par
le gène CYP1A2. Il accélère la dégradation de la caféine dans le foie et anéantit son effet protecteur. On a souvent essayé de montrer les effets du café
sur la tension. Les résultats étaient très variables, parfois positifs, parfois négatifs. Cela pourrait
s’expliquer par des cofacteurs, comme le tabac
dont cette étude tient compte. Cela montre
qu’il ne suffit pas d’avoir de «bons gènes». Leur
interaction avec l’environnement est très importante. Ici, la fumée anéantit l’effet protecteur du
café pour le cœur. Par ailleurs, d’autres aliments semblent être bons pour le cœur, comme le chocolat noir.
– Boire un café en trempant un carré de chocolat noir dedans, c’est donc bon pour la santé?
– D’autant plus qu’une étude zurichoise a
montré les effets bénéfiques du chocolat noir
sur la santé cardio-vasculaire, car il dilate les
vaisseaux. Et nous sommes en train de retrouver
les mêmes effets au niveau du rein. Alors oui,
l’association est parfaite pour autant que l’on ne fume pas!
* «Human Molecular Genetics», 2012 1 – 10.
doi: 10.1093/hmg/dds137. Idris Guessous,
Murielle Bochud
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/90b087aa-909b-11e1-9bb9-fa67f6878216/Le_caf%C3%A9_bon_pour_le_c%C5%93ur


Le café, son équilibre, sa complexité, son corps, son arôme…

Hippolyte Courty a longtemps détesté le petit noir, puis il en est devenu un spécialiste: son livre est à découvrir
Il s’en boirait quotidiennement plus d’un milliard de tasses sur la Terre. Et pourtant, dans la plupart des cas, l’attention portée à son égard frise l’indifférence. Pour autant qu’il soit chaud et bien serré… Le café serait-il condamné à rester le fidèle mais méconnu compagnon de l’ombre? Pas à en croire un homme qui s’attache à le mettre en lumière depuis quelques années déjà. C’est un ancien professeur d’histoire, Hippolyte Courty, qui, jusqu’en 2008, n’en buvait pas une goutte.
Histoire de goût: «Je le détestais, n’y trouvant que brûlé, déviances et caoutchouc…» Et puis, à force de chercher à comprendre l’engouement de certains, c’est la révélation: «Je sentis équilibre, douceur, complexité, corps, arôme; et j’entendis terroir, variété, plantation, producteur, fermentation.» Voilà le voyage auquel ce désormais grand spécialiste convie le lecteur à travers un livre aussi passionnant qu’édifiant.

Un parcours initiatique

L’histoire de ce petit grain, en véritable parcours initiatique, y est contée par le menu. Parcours à travers les siècles, les continents, torréfaction, principes de dégustation, bases incontournables d’une préparation réussie: tout y est minutieusement détaillé. Totalement impossible, après lecture, de siffler son petit noir comme avant. Et difficile aussi par la suite pour le gourmet curieux d’une alternative à la production de masse de ne pas (re)découvrir les charmes oubliés de produits artisanaux aux nobles origines, sélectionnés avec soin, puis torréfiés en quantités réduites.
«Café», par Hippolyte Courty, Editions du Chêne, 320 p., env. 60 fr., www.editionsduchene.fr
 


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