dimanche 1 décembre 2019

JUSTICE SOCIALE?

SORORITÉ

En Tunisie, des centaines de manifestantes contre les violences à l'égard des femmes

A Tunis, suite à l'appel d'ONG locales, des femmes, mais aussi des hommes, ont appelé les autorités à renforcer les droits des Tunisiennes 
Plusieurs centaines de manifestantes ont protesté samedi à Tunis contre les violences à l'égard des femmes, appelant les autorités à se mobiliser pour renforcer les droits des Tunisiennes.
A l'appel d'une cinquantaine d'ONG locales, une majorité de femmes, mais aussi des hommes, ont défilé sur l'avenue Habib Bourguiba au centre de la capitale, brandissant des balais pour «nettoyer la Tunisie de la violence contre les femmes.»

Esprit rétrograde 

«Une révolution féministe contre un esprit rétrograde est un droit», «solidarité aux femmes victimes de violence», «non à la violence», ont notamment scandé les manifestants, dont certains tapaient sur un grand tambour et d'autres sur des casseroles.
Sur des petites affiches brandies par les manifestants, on pouvait lire «l'égalité entre femme et homme ne tue, c'est la violence qui tue», ou encore «un régime s'en va, un autre vient et la violence est toujours là».
 
La militante Monia Ben Jemia, ancienne présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) qui a appelé à manifester, a défilé contre les violences faites aux femmes, «signe d'un esprit rétrograde en Tunisie».
«Nous voulons voir une vraie mobilisation des autorités pour mettre fin à toute forme de violence contre les femmes et qu'elles soient fermes avec les auteurs de cette violence», a renchéri Selma Bhar, une autre manifestante.

#metoo tunisien 

La mobilisation, notamment de la société civile, a connu un regain depuis la diffusion virale le 11 octobre d'une vidéo filmée par une jeune fille montrant le député Zouhair Makhlouf, qui semble en train de se masturber devant un lycée.
Depuis cet incident, le hashtag #EnaZeda, le #Metoo tunisien a vu le jour libérant la parole des milliers de femmes victimes de harcèlement ou d'agressions sexuelles.
Des témoignages poignants affluent chaque jour sur le principal groupe Facebook #EnaZeda, comptant à ce jour plus de 25.000 membres.
Fin octobre, une institution gouvernementale, le Centre de recherche, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Credif), a lancé une campagne de sensibilisation sur le harcèlement sexuel dans les transports en commun qui vise à encourager les témoignages.
En Tunisie, rares sont les victimes à porter plainte, même si les agressions sexuelles sont punies par la loi et que, depuis juillet 2017, le harcèlement sexuel dans les lieux publics est passible d'un an de prison et de 3.000 dinars (environ 950 euros) d'amende.https://www.letemps.ch/monde/tunisie-centaines-manifestantes-contre-violences-legard-femmes
  • Un été NORDIQUE samedi6 juillet 2013

    «Si vous souhaitez une société juste, prenez exemple sur les Scandinaves»

    Martti Ahtisaari «Je préfère parler de modèle scandinave que d’Etat providence, car ce mot donne l’impression que tout est donné.» (Ints Kalnins / Reuters)
    Martti Ahtisaari
 «Je préfère parler de modèle scandinave que d’Etat providence, car ce mot donne l’impression que tout est donné.» (Ints Kalnins / Reuters)
    L’ancien président finlandais et Prix Nobel 2008 Martti Ahtisaari se fait l’ambassadeur des sociétés nordiques. Il livre les recettes du succès scandinave
    Dans son bureau face à la mer, à Helsinki, Martti Ahtisaari décortique les rouages du modèle scandinave avec enthousiasme. L’ancien président finlandais (1994-2000) est un promoteur convaincu des «recettes nordiques pour une vie meilleure». C’est d’ailleurs le titre d’un ouvrage que son ONG, la Crisis Management Initiative (CMI), est sur le point de publier.
    L’optimisme est-il scandinave? Il n’a du moins jamais quitté Martti Ahtisaari, persuadé que «tous les conflits ont une solution». L’ancien médiateur au sein de l’ONU, Prix Nobel de la paix en 2008, a accompagné la Namibie et le Kosovo vers l’indépendance, et mené de multiples négociations de conflit. Après avoir distillé ses conseils pour mettre fin aux guerres, le diplomate de 76 ans, membre du groupe des Elders (les Anciens) fondé par un autre sage, Nelson Mandela, se consacre à la promotion de la paix sociale à la mode scandinave.
    Le Temps: Etes-vous d’abord Finlandais ou Scandinave?
    Martti Ahtisaari: Je suis un vrai Scandinave, puisque j’ai aussi des origines norvégiennes! Je me vois comme un Finlandais, un Nordique, un Européen en citoyen du monde. J’ai été nommé citoyen d’honneur de Namibie. Je me présente aussi comme un déplacé interne: je suis né en Carélie, une région qui appartenait à la Finlande avant que l’armée russe ne l’annexe en 1939. J’avais 2 ans et ma famille a dû fuir à l’intérieur du pays.
    – Votre idée de l’identité scandinave?
    – Les sociétés scandinaves se distinguent par leurs conceptions de la démocratie, leurs politiques égalitaires et leur degré élevé de confiance. Les individus sont solidaires, mais ils tiennent aussi les institutions de l’Etat en haute estime. La police, la justice, l’armée et même le fisc bénéficient d’une solide légitimité.
    – Vous louez les vertus du modèle scandinave. Mais de quoi s’agit-il?
    – L’idée centrale du modèle, c’est de donner à chaque individu la même chance en lui offrant une éducation décente et un système de santé performant, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. Nous ne choisissons pas notre famille. C’est pourquoi l’Etat a la responsabilité d’assurer un accès égal à la santé et à l’éducation à tous les enfants, qu’ils soient nés riches ou pauvres. Comme le disent certains, aujourd’hui, pour vivre le rêve américain, il faut aller en Suède.
    Les Etats-Unis se sont construits sur l’idée que chaque individu, quelle que soit son origine, peut gravir les échelons. Mais aujour­d’hui, ce rêve est mort, les jeunes luttent pour obtenir ce que leurs parents voulaient et les inégalités ne cessent de se creuser.
    – Dans les pays nordiques aussi, les écarts s’accroissent…
    – Oui, mais les politiques égalitaires, qui viennent des pays scandinaves, ont permis d’atténuer le fossé entre riches et pauvres, même s’il faut rester vigilant!
    – Pourquoi l’Etat providence vient-il du Nord?
    – Nous n’avons pas le monopole de ces politiques. Des mesures aux traits scandinaves sont menées aux Pays-Bas et en Allemagne, pour promouvoir le travail des femmes ou renforcer l’éducation des enfants.
    Je préfère parler de modèle scandinave que d’Etat providence, car ce mot donne l’impression que tout est donné. Or il ne s’agit pas seulement de dépenser, mais d’investir dans le capital humain. Face aux possibilités qui lui sont offertes, l’individu est poussé à prendre les commandes de sa vie et donner le meilleur de lui-même.
    Quel rôle joue la religion?
    – La religion a pu avoir de l’influence, car elle véhicule des valeurs telles que l’équité . Mais elle n’a pas le monopole. Ce n’est que dans une société démocratique que la demande de justice peut véritablement s’exprimer.
    – Ce modèle intéresse le monde entier. Mais est-il exportable?
    – C’est ce que je souhaite encourager. Je ne cesse de le répéter dans mes rencontres internationales, nous n’avons pas besoin de capitalisme cru, ni de socialisme. Nous avons besoin d’une économie de marché responsable, accompagnée d’un modèle de développement nordique.
    – Peut-on n’emprunter que des bribes de société scandinave?
    – Certains disent que le système égalitaire ne réussit qu’au sein de petites sociétés relativement homogènes, c’est vrai en partie. Mais regardez la Suède: proportionnellement à sa population, elle accueille plus de migrants que la Grande-Bretagne. Nous ne sommes pas si homogènes et différents de nos voisins que ce que l’on pense.
    – S’il ne fallait retenir qu’une seule idée, quelle serait-elle?
    – Celle de traitement juste et équitable. Je regarde ce modèle du point de vue de la prévention des crises. Les risques de conflits augmentent dans une société où les écarts se creusent. La démocratie et la croissance ne suffisent pas pour lutter contre la pauvreté. Ce qui compte ce n’est pas seulement l’accumulation de richesses, mais aussi leur répartition. Dans une société qui tend à l’égalité, tous les indicateurs de bien-être augmentent. A quoi bon être très riche, s’il faut vivre en vase clos pour se protéger de l’insécurité?
    – Comment le modèle a-t-il évolué avec le temps?
    – Il est moins généreux aujour­d’hui qu’il y a trente ans. Les pays nordiques ont traversé une profonde récession dans les années 90, suivie de privatisations et de coupes dans de nombreux services publics. Mais ils se sont bien sortis de la crise. La pauvreté et l’inégalité restent basses, et ils se maintiennent parmi les pays les plus compétitifs sur le plan économique.

    – Est-il encore social-démocrate ou est-il devenu libéral?
    – I l a été conçu par la gauche, les sociaux-démocrates, mais ça fait longtemps qu’il est accepté par tous les partis, et c’est cela le plus important. Les labels sont dangereux. Les défis auxquels sont confrontés les pays nordiques sont les mêmes qu’en Suisse ou ailleurs, ce sont ceux de la globalisation.
    – L’égalité est-elle compatible avec la compétitivité?
    – Donner une chance à chacun n’est pas incompatible avec l’innovation et la croissance, bien au contraire. La crise n’a pas remis en cause les principes du modèle, elle a montré que les pays nordiques ont été particulièrement capables d’absorber les chocs macroéconomiques, tout en maintenant une sécurité sociale et une économie compétitive. Nous avons les mêmes problèmes qu’ailleurs, mais à une moindre échelle.
    – Comment le modèle résiste-t-il aux chocs?
    – Les pays scandinaves parviennent à rester très innovants car ils continuent à investir dans la recherche et l’éducation.
    – Mais il y a aussi des exclus
    du système, comme l’ont montré les récentes émeutes à Stock­holm…

    – Ces incidents sont un avertissement, comme ils l’étaient quand des incidents similaires sont survenus dans les banlieues en France. Parfois, je pense que le Printemps arabe n’a pas commencé en Tunisie, mais bien plus tôt, dans les banlieues de Paris, parmi des individus qui ne se sont pas sentis traités de manière équitable. Le modèle d’égalité doit aussi répondre à cela.
    – Comment les sociétés doivent-elles réagir à ces avertissements?
    – Recevoir des migrants est un processus d’apprentissage. Les pays nordiques rencontrent des difficultés à intégrer les nouveaux venus dans le marché du travail. Nous n’avons pas accordé assez d’attention à l’importance de la langue pour entrer dans la société. Là encore, nous devons miser sur l’éducation. Je crois beaucoup dans
    les jeunes générations, qui apprennent les langues très vite. Et nous avons assez de preuves que l’immigration est bénéfique aux pays qui savent l’accompagner.http://letemps.ch/Page/Uuid/9b9b1bfa-e589-11e2-99fe-9d7442c3ec89|0#.UdgxR6z2QYU

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