mardi 13 mars 2018

LA SANTÉ AU 21 ème SIÈCLE

Comment améliorer la santé des gens… à leur insu

Promotion Santé Vaud lance un site unique en Suisse, contenant une soixantaine de propositions pratiques pour promouvoir l’activité physique et une bonne hygiène de vie. Elles reposent notamment sur des aménagements des villes et des bâtiments
Comment modifier les environnements de vie des habitants pour promouvoir leur santé? Pour la première fois en Suisse, et même a priori dans le monde francophone, un portail web vient d’être lancé proposant un répertoire de plusieurs dizaines de mesures avec cet objectif. L’initiative, qui émane de Promotion Santé Vaud – anciennement Ligues de la santé – et de la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme, pourrait faire des émules en Suisse. Avec un but à long terme: prévenir les maladies et faire baisser les coûts de la santé.
Les habitants ont accès depuis des années à un vaste catalogue de propositions qui les encouragent à pratiquer une activité physique: rien que dans le canton de Vaud, les initiatives «Pas de retraite pour ma santé» pour les seniors, «Ça marche à fond les formes» pour les enfants en excès de poids ou «Objectif 10 000 pas» pour les collaborateurs d’entreprises ont été lancées. «Ces mesures sont très efficaces, mais il faut en avoir connaissance et s’y inscrire. On constate qu’il est difficile de toucher les populations vulnérables, qui sont aussi celles qui ont le plus de risques de tomber malades», constate Florian Ruf, chargé de projet à Promotion Santé Vaud.

Inspiré de New York

D’où l’idée d’agir de manière globale et presque invisible pour l’ensemble de la population, via un catalogue de 60 mesures proposées sur le site environnements-sante.ch, mis en ligne cette semaine. Le contenu du site est ciblé sur quatre facteurs qui ont un effet prouvé sur les maladies non transmissibles: l’activité physique, l’alimentation, l’alcool et le tabac. Ce site s’inspire notamment, pour l’activité physique, d’un guide de 144 pages établi par la ville de New York en 2010, qui affirmait déjà que «le design environnemental sera un outil essentiel pour combattre le plus grave problème de santé publique de notre époque: l’obésité et les maladies chroniques qui en découlent».
Pour le canton de Vaud, le catalogue est vaste. «Prenez un exemple tout simple, les escaliers. Ils sont souvent placés au fond d’une entrée, dans un espace mal éclairé, alors que les ascenseurs sont immédiatement accessibles. Nous suggérons aux architectes, mais aussi aux urbanistes, de mieux mettre en évidence les escaliers», poursuit Florian Ruf, chargé du projet Environnements-sante.ch. Le portail évoque aussi l’aménagement de cheminements piétons attractifs et sécurisés, pour permettre aux enfants et aux seniors notamment de se déplacer en toute autonomie dans leur quartier.

Réduire les coûts de la santé

Ces aménagements de l’environnement construit favorisent l’activité physique des habitants, à leur insu, ou presque. «Ces mesures ne sont pas toutes spectaculaires, reconnaît Florian Ruf. Elles n’offrent pas non plus des résultats immédiats et facilement quantifiables. Mais leur impact est réel. Et nous pouvons agir sur la santé des gens et sur l’ensemble du système, sachant que les maladies non transmissibles représentent plus de la moitié des décès en Suisse, mais aussi près de la moitié des coûts de la santé.»
Ce seront désormais aux urbanistes, aux architectes et aux pouvoirs publics de s’intéresser à ce répertoire de mesures. La démarche suscite déjà l’intérêt des milieux concernés: «La ville de Lausanne, qui commence à nous consulter sur ces questions, manifeste une volonté claire de favoriser la mobilité douce, qui est évidemment bénéfique du point de vue de l’activité physique», poursuit Florian Ruf.
Jusqu’à récemment, ces mesures étaient vues comme une entrave, mais les milieux politiques commencent à prendre conscience de l’utilité du design environnemental
Raphaël Bize, médecin associé à l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive à Lausanne
Un exemple concret: la mise en place d’un panneau qui indique si des impasses peuvent être empruntées à pied ou à vélo. «C’est une excellente initiative, car quand on est à pied, on est vite découragé par un détour. Et le futur quartier des Plaines-du-Loup, du projet Métamorphose, devrait intégrer les notions de design environnemental via le projet Métasanté.»

Penser à long terme

La partie n’est cependant pas gagnée, comme le reconnaît Florian Ruf. Il faudra convaincre les urbanistes d’intégrer la dimension santé. Et aux politiciens, centrés sur le très court terme, de penser dans une temporalité totalement différente. Mais Raphaël Bize, médecin associé à l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive à Lausanne, est optimiste: «Jusqu’à récemment, ces mesures étaient vues comme une entrave, mais les milieux politiques commencent à prendre conscience de l’utilité du design environnemental. Même si les effets peuvent prendre plusieurs années avant de se manifester.»
Selon le médecin, le débat de plus en plus vif sur la hausse des coûts de la santé va permettre à ce catalogue de mesures de trouver un écho positif. «Je devine qu’en Suisse, pays libéral, ce genre de contraintes est parfois vu d’un mauvais œil. Récemment, un projet de loi fédérale qui impliquait de mesurer l’impact des décisions politiques sur la santé a échoué, car il avait été perçu comme une entrave à la liberté économique… Mais la situation évolue et le lancement de ce portail contribuera à sensibiliser l’opinion publique à l’intérêt de promouvoir des environnements favorables à la santé.»





La santé redéfinie par les technologies

Des pilules connectées aux ambulances 5G en passant par les robots chirurgiens… A Davos, les patrons de Microsoft, Pfizer ou encore Nokia ont dessiné la santé de demain
Crise cardiaque. Une personne s’effondre dans la rue. Avant même qu’elle n’atteigne le sol, une puce intégrée à son organisme prévient les services de secours les plus proches. L’ambulance dépêchée sur place scanne le patient et envoie toutes les données à l’hôpital via le réseau 5G. Le temps que le patient y arrive, les équipes soignantes connaissent déjà le détail de tous ses paramètres vitaux et gagnent un temps précieux pour procéder aux soins.
Mercredi matin au Forum économique mondial, le patron de Nokia a donné un second exemple de la manière dont les technologies allaient prochainement bouleverser notre rapport à la santé. «Le seul chirurgien capable de vous soigner est à Chicago et vous êtes à Taïwan? Dans quelques années, il pourra vous opérer quand même grâce à la chirurgie robotisée pilotée à distance», prédisait Rajeev Suri.
Autour de lui, Albert Bourla, Satya Nadella et Michael Neidorff hochent la tête. Les patrons respectifs du géant pharmaceutique Pfizer, du groupe technologique Microsoft et de l’assureur américain Centene étaient réunis à Davos pour discuter de la santé à l’heure de la quatrième révolution industrielle. Et si l’onsent au WEF une méfiance grandissante de la part du monde économique et financier pour les nouvelles technologies, l’industrie de la santé, elle, y voit un brillant avenir
Deux silos qui entrent en collision
Résumé simplement, la technologie et la santé sont deux domaines qui ont longtemps existé dans des silos différents et entrent aujourd’hui en collision, imageait Abert Bourla. Surtout, ajoutait le patron de Pfizer, dans ce secteur, tout coûte tellement cher qu’une petite mesure peut déjà avoir un impact massif. Exemple avec les biosenseurs. «Si les diabétiques américains avaient les moyens de mieux surveiller leur taux de glucose, nous pourrions éviter 700 000 visites aux urgences et 340 000 hospitalisations par année», a-t-il calculé. De quoi réaliser une économie de 47 milliards de dollars – soit un peu plus de la moitié des dépenses annuelles suisses dans le domaine de la santé.
Comme le soutenait le patron de Nokia, il s’agit en fait de passer d’une médecine réactive à une médecine proactive. «La plupart des maladies chroniques (ndlr: qui entraînent plus de 60% des décès dans le monde) pourraient être mieux traitées, mieux suivies. Nous travaillons sur des appareils non invasifs capables de mesurer de très nombreux signes vitaux, ce qui devrait réduire le nombre de consultations médicales et de tests sanguins.»
Aujourd’hui, ces «wearables» sont surtout des instruments de loisirs qui mesurent le pouls ou le nombre de pas. «Demain, ils concerneront le domaine de la santé et seront validés par la FDA [ndlr: Food and Drug Administration américaine].» C’est d’ailleurs déjà le cas. En novembre dernier, l’agence américaine a autorisé la mise sur le marché de la première pilule «connectée», un antipsychotique capable d’émettre un signal électronique grâce aux sucs gastriques.
Les nouvelles technologies auront certes un impact direct sur le patient mais également sur la recherche. Selon Satya Nadella de Microsoft, la plus grande difficulté rencontrée aujourd’hui dans la quête d’un remède au cancer est simplement d’intégrer les multiples avancées qui se font simultanément aux quatre coins de la planète. «Lorsqu’ils sortent de leurs études, les médecins ne sont parfois même plus à jour avec les recherches les plus récentes», regrettait-il. A l’image du logiciel Watson d’IBM, une intelligence artificielle sophistiquée peut en revanche agréger toutes ces données et simplifier le travail des scientifiques.
Albert Bourla, de Pfizer, concluait: «Dans ce secteur, le futur est lumineux mais je ne suis pas sûr que l’on mesure aujourd’hui l’étendue des possibilités.» Une seule certitude: «toutes ces transformations auront un impact colossal sur chacun des acteurs du monde de la santé…»
La santé (autrement) | Dr Jean Gabriel Jeannot




Gérer sa santé grâce aux applications mobiles ?


Nous possédons tous un smartphone et il existe des dizaines de milliers d’applications médicales sur l’App store et sur Google Play. Nous devrions donc pouvoir, pour chacun de nos problèmes, trouver une application qui nous aide à mieux prendre en charge notre santé. La réalité nous montre que non, explications.

Les applications « bien-être »

La majorité des applications que vous trouverez sur l’App store et sur Google Play n’ont en réalité de médical que le nom. Une application qui vous propose de vous détendre en écoutant une musique zen vous permettra peut-être de passer un bon moment, elle ne méritera cependant le qualificatif de « médical » que lorsque son efficacité aura été prouvée scientifiquement. Formulé autrement, Apple et Google ont une notion très large du terme « médical ».

Les applications médicales non validées

Deuxième catégorie, les Apps qui se prétendent médicales mais qui n’ont pas été validées. La très sérieuse Société américaine de cardiologie a analysé les applications liées aux facteurs de risque cardiovasculaires (mauvaises habitudes alimentaires, sédentarité, hypertension, hypercholestérolémie, etc.). Les auteurs concluent dans leur rapport de 57 pages (!) qu’il existe pour chacun de ces problèmes de nombreuses applications (plus de 1’000 applications consacrées à la perte de poids…), mais que très peu ont été prouvées utiles. Ils rappellent aussi que ces applications mobiles ont le potentiel d’améliorer la santé, mais qu’elles peuvent être inefficaces, voire avoir un impact négatif. Leurs deux principales conclusions ? 1) Le marché est envahi par un nombre impressionnant d’applications 2) Sans preuve rigoureuse de leur utilité, il est difficile de recommander l’utilisation de ces applications.
Ces piètres résultats ne se limitent pas à la cardiologie. Une étude portant sur les applications de dépistage du mélanome a montré que 3 Apps sur 4 classaient plus de 30% des lésions cancéreuses comme bénignes. Inquiétant.
Il est plus surprenant encore de savoir qu’il est difficile de trouver une application de qualité simplement pour vous rappeler de prendre chaque jour vos médicaments. Comme déjà présenté dans un autre article de ce blog, l’étudiante en Sciences Pharmaceutiques à l’Université de Genève qui a consacré son travail de master à ce sujet n’a, parmi les 1883 applications étudiées, décidé de n’en conseiller aucune : les sources sur lesquelles se basent les contenus n’étaient pas données, les sources de financement non précisées, la protection des données pas assurée. Il est donc, même pour un simple rappel de médicaments, difficile de trouver une application fiable.
Les applications santé sont-elles plus utiles si l’on pense spécifiquement aux patients chroniques ? La réponse est non, les patients chroniques ne les utilisent pas, soit parce qu’ils ne les connaissent pas, soit parce qu’ils ne les jugent pas utiles.

Des applications utiles ?

Ce tableau doit cependant être nuancé, il existe des applications utiles, même si elles sont peu nombreuses. Certaines proposent un contenu très classique, d’autres sont plus innovantes.
Classiques car ce sont souvent de simples sources d’information, des contenus que l’on retrouve souvent aussi sur Internet. L’avantage d’avoir accès à ces contenus sous la forme d’une application est de les retrouver facilement, rapidement.
Premier exemple, Mon enfant est malade. Cette application détaille les maladies courantes de l’enfance mais également les accidents du quotidien. Elles vous aident à reconnaître les signes d’alerte, vous enseignent les gestes de premier secours et comment administrer quelques médicaments courants. Autre exemple, Orphanet qui vous permet d’accéder à la liste des maladies rares, à leur description et aux ressources qui y sont associées.

Des applications « innovantes »

Pourquoi innovantes ? Car elles proposent de nouvelles fonctionnalités, de nouvelles approches, des services médicaux « améliorés ».
Premier exemple, une application qui permet aux patients cancéreux traités par radiothérapie de communiquer chaque fois qu’ils le souhaitent avec leur équipe médicale pour poser des questions ou transmettre leurs symptômes. Celle solution ne fait en réalité que de faciliter la communication entre soignants et soignés, l’étude qui a analysé son utilité montre qu’elle permet aux patients de mieux s’investir dans leur prise en charge.
Deuxième exemple, InfoKids, une application développée par les Hôpitaux universitaires genevois et destinée aux parents dont les enfants nécessitent une consultation médicale aux urgences pédiatriques des HUG. Grâce à InfoKids, les parents obtiennent des conseils sur l’attitude à adopter face aux symptômes présentés par leur enfant, des informations en temps réel sur l’affluence en salle d’attente, l’itinéraire pour rejoindre les urgences pédiatriques. A la fin de la consultation, les parents reçoivent une fiche descriptive des mesures thérapeutiques à suivre. Un bel exemple de médecine augmentée, une application à juste titre primée par la Fédération internationale des hôpitaux.
A l’heure où certains prédisent le remplacement des médecins par des robots, il est intéressant de noter que les applications les plus intéressantes ne font que rapprocher patients et professionnels de la santé.

Prendre soin de sa santé grâce à son smartphone ?

Si vous ne trouvez pas d’application qui réponde à votre problème de santé, souvenez-vous que votre smartphone vous permettra toujours de prendre rendez-vous chez votre médecin (on aurait presque tendance à oublier que ces appareils servent aussi à téléphoner).

Sur le même sujet:







Dr Jean Gabriel Jeannot

Dr Jean Gabriel Jeannot

Médecin, spécialiste en médecine interne, avec un intérêt particulier pour l’utilisation des technologies de l’information et de la communication en médecine.

https://blogs.letemps.ch/dr-jean-gabriel-jeannot/2018/01/19/gerer-sa-sante-grace-aux-applications-mobiles/ 

 Santé au Luxembourg

14 décembre 2017 12:14; Act: 14.12.2017 14:34 

De bons médecins mais des soucis de rendez-​​vous

LUXEMBOURG - Si les patients sont plutôt satisfaits de leur médecin, la moitié d'entre eux dénoncent les difficultés à obtenir un rendez-vous, selon un sondage.

storybildPrès de 87% des sondés indiquent avoir un médecin de famille. (photo: AFP)
Le Luxembourg dépense 5 900 euros par an et par habitant en soins de santé, selon les derniers chiffres de la Commission européenne quand la moyenne de l’UE est de 2 800 euros. Efficace? Les médecins ont commandé un sondage pour faire leur introspection: à la faveur d’un questionnaire auprès de 600 personnes, l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) sait ainsi désormais que même si le travail des professionnels est reconnu, ils peuvent encore s’améliorer dans plusieurs secteurs.
85% des personnes interrogées estiment que l’accueil des médecins est bon voire très bon, que l’attention qu’ils leur accordent est également satisfaisante (75%), tout comme leurs explications et leurs conseils (79%). En revanche, près d’un tiers des sondés estime que le temps qui leur est consacré n’est pas suffisant et quasiment la moitié dénonce la difficulté pour obtenir un rendez-vous. «Voilà un problème auquel nous allons devoir nous attaquer», a concédé Alain Schmit, président de l’AMMD.

Se faire soigner à l'étranger

Si 90% des personnes interrogées indiquent que le système de santé publique luxembourgeois offre des soins de qualité et 85% estiment qu’ils sont accessibles, les sujets de mécontentement sont nombreux. 56% des sondés ne sont pas satisfaits des services d’urgence et 71% estiment que l’accès à des examens complémentaires tels un IRM ou un scanner n’est pas assez rapide.
Des points faibles qui en poussent beaucoup à passer la frontière pour se faire soigner: 35% des sondés ont eu recours à des prestations à l’étranger dont 9% pour une question de rapidité d’accès et 10% parce que la prestation en question n‘était pas assurée au Luxembourg. «Cela montre que certains services ne sont pas disponibles au Luxembourg ou alors qu'il n'est pas possible de les assurer convenablement», analyse Alain Schmit. «C'est un problème qu'il faut gérer».
(MC/L'essentiel
 http://www.lessentiel.lu/fr/luxembourg/story/27876780







Philomena Colatrella, CEO de l’assurance maladie CSS et Pierre-Yves Maillard, conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé, lors d’un débat organisé par «Le Temps» le 3 novembre dernier, à Lausanne.
© Yves Leresche


Coûts de la santé

Et si le système de santé suisse était réformable?

A l’heure où des milliers d’assurés se demandent s’ils doivent changer de caisse, «Le Temps» a invité deux acteurs importants du système de santé à confronter leurs idées pour freiner la hausse invariable des coûts: La CEO de la plus grande assurance maladie suisse, Philomena Colatrella et le conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé Pierre-Yves Maillard. Débat
Avec 77,8 milliards de dépenses en 2015, le système sanitaire suisse est l’un des plus onéreux au monde. Les coûts de la santé ont plus que doublé en vingt ans, et cette hausse vertigineuse a des impacts directs sur la population. En augmentant invariablement tous les ans, les primes maladies grèvent en effet toujours un peu plus le budget des ménages. A pouvoir d’achat égal, les Suisses sont ceux qui paient le plus de leur poche pour des soins, juste derrière les Etats-Unis.
Lire aussi: Assurance maladie: plafonner les profits et la rémunération des prestataires
Face à cette spirale infernale, il est urgent que tous les acteurs se mettent autour de la table pour trouver des solutions. C’est pourquoi Le Temps a convié deux protagonistes importants du système de santé à exposer leurs perspectives de réforme. La CEO de CSS, Philomena Colatrella souhaite notamment l’introduction d’un financement uniforme des prestations dans le stationnaire et l’ambulatoire, et plaide pour le remboursement des médicaments achetés à l’étranger. Pour sa part, le conseiller d’Etat vaudois Pierre-Yves Maillard défend l’initiative en faveur d’une caisse publique de compensation cantonale.
Un débat qui, au-delà de toute attente, pourrait bien avoir ouvert des pistes inédites de collaboration…

Lire également: Primes maladie: les politiques impuissants, les assurés résignés
Le Temps: Lorsqu’un système de santé est certes de qualité, mais qu’il est devenu trop cher, peut-on encore parler d’un bon système?
Pierre-Yves Maillard: Il est difficile de porter un jugement global. Notre système comporte des éléments de grande qualité: le catalogue de prestations remboursées par l’assurance de base est par exemple très élevé par rapport à beaucoup d’autres pays. Mais il y a des signes d’une évolution critique. Nous avons un problème de financement qui devient insupportable et appelle une action sur les coûts et la réduction des primes. A défaut, nous irons droit dans le mur.
Philomena Colatrella: Notre système est très bon, mais il est effectivement trop cher. Personnellement, j’aimerais franchir le mur en faisant des propositions de réforme que l’on pourrait mettre en œuvre rapidement. Il est indispensable que tous les acteurs se mettent autour de la table et aient le courage de prendre des mesures qui ne conviennent pas à tout le monde, à nous aussi les assureurs. Discutons par exemple de la gestion du volume des prestations, même si ce n’est pas une mesure libérale.
– Quelle part de responsabilité assumez-vous dans la situation actuelle?
– P. C.: Je suis à la tête de la CSS depuis un an et, pour être honnête, je ressens l’envie profonde de faire bouger les choses. Ma vision est de pouvoir offrir en automne une prime acceptable pour les assurés. Notre compagnie a déjà réduit sensiblement ses frais administratifs, qui ne représentent plus que 4,2% des coûts. Nous avons aussi mis en œuvre un programme de contrôle des factures très strict, qui nous a permis d’économiser 600 millions sur 6 milliards de prestations.
– Pierre-Yves Maillard, vous étiez le meilleur élève de la classe en Suisse romande. En êtes-vous devenu le cancre avec cette augmentation sensible des primes pour 2018?
– P.-Y. M.: Le canton de Vaud s’est distingué pendant près de dix ans par une croissance des coûts systématiquement inférieure au reste de la Suisse. Depuis les réformes fédérales de 2012, il y a un changement de tendance: tous les cantons, y compris le nôtre, sont à environ 4% de croissance des coûts par assuré et par an. En 2016, Vaud a même connu une hausse de 5%, à cause notamment d’une poussée subite et inexpliquée des coûts des médicaments. Plusieurs cantons ont atténué le choc en augmentant leur participation aux hospitalisations à une part de 55% devenue obligatoire pour tous.
– Selon vous, cela est notamment dû à la hausse des primes du Groupe Mutuel, le plus grand assureur du canton. Y a-t-il d’autres explications?
– P.-Y. M.: Le Groupe Mutuel a effectivement augmenté ses primes de 10% pour renflouer ses réserves et le canton de Vaud est celui où il a sa plus grande part de marché. Mais, sur le fond, c’est la libéralisation du marché dans les années 2012 et 2013 qui a eu de lourdes conséquences chez nous. Pendant dix-huit mois, tous les médecins diplômés de l’UE ont pu s’établir dans le canton, ce qui a conduit à une augmentation de 15% de la densité médicale, uniquement chez les spécialistes. De 2013 à 2016, la croissance de la facturation dans les cabinets médicaux a été de 120 millions, alors qu’elle n’a été que de 13 millions dans le stationnaire. Les caisses portent une responsabilité accablante dans cette hausse de coûts: ce sont elles qui ont poussé le parlement à supprimer le moratoire sur les médecins.
Il est temps de trouver des solutions ensemble, dénuées de toute idéologie.
Philomena Colatrella, CEO de CSS
– P. C.: La levée du moratoire sur les médecins sans contre-mesures est en effet regrettable. En revanche les raisons de l’envol des primes sont multiples: le vieillissement de la population, le progrès technologique et l’augmentation de la consommation des soins en sont responsables en grande partie, ainsi que les mauvaises incitations du système. Cela dit, il est temps de trouver des solutions ensemble, dénuées de toute idéologie. C’est pourquoi nous proposons un financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires.
– En quoi cela consisterait-il, concrètement?
– P. C.: Aujourd’hui, certaines interventions réalisées en ambulatoires sont bien moins chères que si elles sont pratiquées à l’hôpital. Mais il existe un mauvais incitatif. En effet, une opération en ambulatoire est intégralement à la charge de l’assurance maladie, ce qui a une incidence sur les primes, alors que le canton finance 55% des coûts si le patient passe la nuit à l’hôpital. Le modèle que notre association Curafutura a présenté est très simple. Nous proposons une clé de répartition des coûts à charge de 75% pour les caisses et de 25% pour les cantons dans l’ambulatoire comme dans le stationnaire. Cela n’augmenterait pas la participation des cantons à la facture globale de l’assurance obligatoire des soins mais préserverait le payeur de prime d’augmentations encore plus fortes. Et il est évident que les cantons seraient associés au pilotage de l’institution.
Les cantons ont toujours été les dindons de la farce.
Pierre-Yves Maillard, Conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé
– Pierre-Yves Maillard, entrez-vous en matière?
– P.-Y. M.: Conceptuellement, l’idée est intéressante pour autant qu’elle soit liée à un vrai renforcement de la compétence des cantons. Quand j’étais président de la Conférence des directeurs de la santé, j’étais favorable à cette vision, mais j’ai eu une peine énorme à convaincre mes collègues, qui ont fait de mauvaises expériences par le passé. Les cantons ont toujours été les dindons de la farce. Ainsi, sur les soins de longue durée et le stationnaire, ils paient plus qu’avant. Le parlement a également obligé les cantons à financer les cliniques privées lorsque celles-ci figurent sur une liste hospitalière cantonale, ainsi que toutes les hospitalisations extra-cantonales. C’était une réforme absurde, qui a coûté un milliard de francs aux cantons sans aucun bénéfice pour l’assurance de base. L’autre problème, c’est que cette réforme va prendre plusieurs années. Or nous avons besoin d’une mesure rapide pour que l’on revienne à une croissance de coûts de l’ordre de 1 à 2% par assuré, ce qui serait déjà significatif.
– Que proposez-vous dans ce cas?
– P.-Y. M.: On pourrait envisager que dans chaque contrat tarifaire, on couple le prix à un volume. Il n’y a que dans la santé que l’on ne fasse pas cela. Dès que le volume serait dépassé, un tarif dégressif s’appliquerait. Si l’on intègre cela dans les contrats, cela veut dire que, sous réserve de vide conventionnel, ce n’est pas l’Etat qui fixerait les enveloppes, mais d’abord les partenaires tarifaires.
– P. C.: Je crois au contraire que nous pourrions aller vite dans la mise en place d’un financement uniforme. Le rapport d’experts présenté fin octobre au Conseil fédéral a notamment introduit un «article d’expérimentation». En suivant ce précepte, il serait par exemple possible de lancer un essai pilote dans le canton de Vaud, où nous serions prêts à assumer tout ce qui irait au-delà des 20% payés par le canton. Nous regarderions ensuite comment les prestations dans l’ambulatoire se développent et redéfinirions la clé de répartition des charges si nécessaire. Ce serait un moyen de sortir des blocages actuels. En parallèle, je suis également ouverte à discuter de l’idée des tarifs dégressifs proposée par Monsieur Maillard.
Je suis persuadé que le modèle que l’on propose est le compromis historique pour sortir des difficultés structurelles.
Pierre-Yves Maillard, Conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé
– Pierre-Yves Maillard, votre initiative lancée fin septembre pour une caisse publique de compensation cantonale permettrait-elle vraiment d’améliorer le fonctionnement de notre système de santé?
– P.-Y. M.: Je suis persuadé que le modèle que l’on propose est le compromis historique que l’on devrait faire pour sortir des difficultés structurelles. On nous a annoncé, cette année, environ 4% de hausse de primes, mais la réalité des assurés est toute autre. Ces derniers vont subir, en 2018, des évolutions de primes allant de moins 10% à plus 30%. Comment expliquer de telles différences alors que la croissance effective des coûts est identique pour tous? Ce chaos, qui n’a toujours pas été réglé par les caisses maladies, va finir par tuer la branche.
– Quels seraient concrètement les avantages du système de caisses cantonales pour les assurés?
– P.-Y. M: Cela permettrait d’apporter enfin de la transparence et de la sécurité quant à la question de l’étanchéité des financements entre assurance de base et complémentaires et entre collectifs cantonaux. C’est un point aveugle du système qu’il est impératif d’éclaircir. Par ailleurs, étant donné que l’on éviterait ainsi d’avoir des fluctuations importantes au niveau du collectif d’assurés, les caisses cantonales pourraient se contenter d’une réserve d’environ 5%, contre 28% en moyenne pour les caisses maladie actuellement. Ce besoin de réserve, imposé par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour assurer la solvabilité, crée un facteur de croissance des primes inutiles. Les primes de tous les assurés du canton qui choisirait ce modèle augmenteraient chaque année uniquement et exactement comme les coûts, ce qui serait déjà un grand progrès.
Nous devons trouver des solutions pour simplifier le système et non pas le complexifier.
Philomena Colatrella, CEO de CSS
– Philomena Colatrella, pourquoi le fait d’instaurer des caisses publiques cantonales ne serait-il pas une bonne idée?
– P. C.: Le système actuel fonctionne globalement très bien. Pourquoi faudrait-il passer à un modèle comprenant 26 caisses cantonales, en générant par là même des coûts de transfert énormes sans apporter une seule réponse au problème majeur, le développement des coûts des prestations? En outre, selon cette initiative, les caisses maladie continueraient d’exercer le contrôle des factures, mais auront-elles vraiment un intérêt à le faire si l’Etat paie de toute façon pour tous les actes effectués? Je ne vois pas en quoi ce système permettrait une réduction des dépenses. De plus, avec seulement 5% de réserves, ce seront les assurés qui payeront le prix en cas de déséquilibre de la caisse cantonale et ils feront face à une volatilité des primes encore plus importante. Nous devons trouver des solutions pour simplifier le système et non pas le complexifier.
– Selon vous, quelles seraient les mesures efficaces pour freiner la hausse des dépenses de santé?
– P. C.: Une mesure importante, parmi d’autres, est de parvenir à faire baisser les prix des médicaments, qui sont beaucoup trop chers en Suisse. L’OFSP devrait contrôler le prix des médicaments tous les ans, afin de tenir compte des évolutions du cours du franc et du marché. Cette inactivité nous fait passer à côté d’une économie de 100 millions de francs par année. Nous devrions également ouvrir nos frontières à l’achat de médicaments à l’étranger. Actuellement, la loi ne nous permet pas de rembourser les médicaments achetés hors du pays, même si une boîte de Voltaren coûte quatre fois moins cher en France qu’en Suisse. C’est inacceptable. En règle générale, nous devons éliminer les mauvaises incitations pour permettre à notre système de fonctionner correctement. Pour ce faire, tous les acteurs du système doivent faire un pas en avant et en finir avec la politique du blocage. C’est possible, mais nous devons bouger, maintenant. https://www.letemps.ch/suisse/2017/11/08/systeme-sante-suisse-etait-reformable

«Certaines personnes ont perdu la capacité à réprimer la douleur»

Très handicapantes, les douleurs chroniques sont de mieux en mieux comprises par les scientifiques. De passage à Lausanne, l’expert canadien Yves De Koninck propose de nouvelles pistes pour leur prise en charge
Trop longtemps, on a considéré la douleur chronique, ce mal persistant et souvent réfractaire aux traitements antalgiques, comme étant subjective, voire imaginaire. Touchant environ 20% de la population européenne à des degrés divers, cette affection extrêmement handicapante est pourtant bien réelle, comme le démontrent les récentes avancées de la médecine.
Le Canadien Yves De Koninck, professeur de psychiatrie et de neurosciences à l’Université Laval à Québec, a fait de la douleur chronique son sujet principal de recherche depuis plus de vingt ans. Le développement d’outils novateurs à base de fibre optique lui a notamment permis de mieux cerner les mécanismes derrière cette pathologie, mais aussi d’envisager la conception de nouveaux traitements. Il sera en conférence au CHUV à Lausanne le 7 juin.
Le Temps: En quoi vos recherches ont-elles contribué à une meilleure compréhension de la douleur chronique?
Yves De Koninck: La douleur est une réaction normale de l’organisme. Le problème survient lorsqu’une hypersensibilité, générée à la suite d’un accident, de certaines maladies ou encore d’un acte chirurgical, ne se résorbe pas. Les stimulations sont alors perçues de façon anormale et, dans certains cas, un simple effleurement peut générer des douleurs atroces, ce qui est extrêmement handicapant. Grâce à de nouvelles technologies permettant de sonder le cerveau plus en profondeur, nous avons pu observer que la douleur chronique était due à un dysfonctionnement du système nerveux. Le cerveau n’a alors plus la possibilité de contrôler et d’inhiber un signal douloureux. Ce phénomène est également observable dans les cas de fibromyalgie, un syndrome caractérisé par des douleurs diffuses dans tout le corps. Ces patients ne sont pas plus sensibles que d’autres, ils ont tout simplement perdu la capacité à réprimer la douleur.

- Ce dysfonctionnement serait dû à la perte d’une protéine bien particulière, la KCC2, fondamentale dans notre capacité à inhiber la douleur…
- Absolument. Les cellules nerveuses, qui interprètent les signaux sensoriels et transmettent l’information au cerveau, sont un peu comme un seau que l’on vide et que l’on remplit. Afin de pouvoir réprimer la douleur, ces cellules doivent impérativement se charger d’ions chlorure. Les protéines que nous avons identifiées agissent comme des robinets permettant d’équilibrer le niveau d’ions dans la cellule. Si elles font défaut, comme dans les situations de douleurs chroniques, le seau ne pourra plus se vider, les ions ne pourront plus rentrer et la douleur ne sera plus inhibée.
- Cette découverte pourrait-elle ouvrir la porte à de nouveaux traitements?
- C’est ce que nous essayons de faire. Nous travaillons depuis une dizaine d’années sur le développement de composés permettant de faciliter la production de cette protéine et ainsi rétablir l’équilibre au sein des cellules nerveuses. Nous avons déjà trouvé un certain nombre de molécules fonctionnant bien sur des souris, toutefois le passage éventuel à l’homme fait face à plusieurs obstacles et prendra encore du temps.
- Cela serait d’autant plus fondamental que peu de traitements existent contre la douleur chronique.
- L’arsenal thérapeutique est effectivement très limité. Aujourd’hui encore, on s’attaque à la douleur de façon indirecte, par le biais de médicaments conçus pour soigner d’autres pathologies, comme le Lyrica contre l’épilepsie. Malheureusement cette molécule, la prégabaline, n’est efficace que chez 40% des patients atteints de douleurs chroniques.
- Reste la morphine, mais celle-ci présente des effets secondaires importants, dont l’un est pour le moins paradoxal…
- Outre l’effet de tolérance, qui nécessite d’augmenter progressivement les doses de médicaments pour atteindre la même analgésie, la morphine peut entraîner une hypersensibilité à la douleur. Nous avons découvert que ce phénomène était dû à une réaction inflammatoire du système nerveux à cette substance, entraînant une perte de la protéine KCC2, la même qui est en cause dans l’apparition des douleurs chroniques.
- Vous mettez aussi au point des techniques innovantes pour le traitement de la douleur. Comment fonctionnent-elles?
- Elles se basent sur l’idée de générer une analgésie en inhibant les cellules nerveuses à l’aide de la lumière. C’est ce que l’on appelle l’optogénétique. Cette technique, qui a déjà fait ses preuves sur la souris, consiste à modifier génétiquement certaines cellules responsables de la transmission du signal douloureux, afin qu’elles deviennent réceptives à la lumière. Une petite fibre optique serait ensuite implantée à la surface de la moelle épinière ou dans le cerveau du patient, lui permettant au besoin de générer lui-même un signal lumineux venant réprimer la douleur.
Lire aussi: La douleur chronique déchire la vie

Conférence

«Eclaircir les mystères de la douleur chronique», conférence d’Yves De Koninck, mercredi 7 juin à 18 heures, CHUV. Entrée libre mais inscription requise. www.chuv.ch/conferencedouleur
https://www.letemps.ch/sciences/2017/06/05/douleur

La Chine va former 150 000 nouveaux médecins généralistes pour répondre à la demande croissante

le Quotidien du Peuple en ligne | 23.05.2017 15h42
Selon un document publié par la Commission nationale de la santé et de la planification familiale le 16 mai, la Chine prévoit de former plus de 150 000 médecins généralistes d'ici 2020 pour mieux faire face à une pénurie d'ampleur nationale.
Cet objectif fait partie du 13e Plan quinquennal national de développement du personnel de santé (2016-20).
Les mesures de la Chine en matière de formation des médecins généralistes ont commencé en 2011, lorsque le Conseil des affaires de l’État, le gouvernement chinois, a publié un document sur l'établissement d'un système de formation des médecins généralistes à l'échelle nationale.
Les efforts menés ces dernières années dans la formation de médecins généralistes sont conformes aux plans gouvernementaux visant à développer des consortiums médicaux reliant les hôpitaux bien équipés et les petites cliniques, afin d'assurer une répartition plus équilibrée et adéquate des ressources médicales.
Comme l'a déclaré le Premier ministre Li Keqiang dans son rapport de travail du gouvernement pour 2017 diffusé en mars, la Chine doit étendre les essais pour les modèles de diagnostic et de traitement échelonné, de même qu'un système de médecins de famille basé sur contrat pour couvrir plus de 85% des villes de niveau préfecture au niveau national.
« Le terme de médecin généraliste est encore très peu familier pour la plupart des gens en Chine », a souligné Qi Xuejin, secrétaire adjoint de la l'Association chinoise des docteurs en médecine, qui se consacre au développement des médecins généralistes depuis un certain temps déjà. « Pour la plupart des Chinois, un médecin de famille est une chose beaucoup plus facile à comprendre ».
Le nouveau plan de la Commission a souligné que davantage d'efforts seront axés sur la formation de médecins généralistes pour les régions moins développées du centre et de l'Ouest du pays, ainsi que pour les zones rurales et de base.
Pour les résidents urbains, les médecins généralistes sont comme des médecins de famille basés sur contrat qui travaillent dans des cliniques communautaires, permettant aux résidents proches d'obtenir des services médicaux au lieu de se tourner vers les grands hôpitaux.
Les chiffres de la Commission nationale de la santé et de la planification familiale montrent qu'en 2015, il y avait 189 000 médecins généralistes en Chine, ne représentant que 6,2% du nombre total de médecins. Cela signifie un praticien pour 10 000 citoyens.
« Dans certains pays développés, comme le Royaume-Uni, le nombre de médecins généralistes représente 50% des médecins inscrits du pays, et un ratio comme celui-ci répond de manière adéquate à la demande médicale du public », a souligné M. Qi, ajoutant que la Chine a encore un long chemin à parcourir.
Par ailleurs, a-t-il déclaré, les salaires comparativement bas font aussi que les étudiants en médecine hésitent à travailler comme médecins généralistes, plutôt que comme spécialiste hospitalier.
Beaucoup d'écoles de médecine en Chine offrent maintenant trois années supplémentaires de formation complète après l'obtention du diplôme, ce qui constitue une option pour les étudiants diplômés dans une spécialité spécifique souhaitant devenir médecin généraliste.
Avec les efforts de la Chine dans le développement de modèles de diagnostic et de traitement échelonnés, ils travailleront dans les hôpitaux comme première entrée de diagnostic pour les cabinets médicaux communs, a conclu M. Qi.
(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN http://french.peopledaily.com.cn/VieSociale/n3/2017/0523/c31360-9219344.html







Margaret Chan salue son auditoire après avoir prononcé son dernier discours en tant que directrice générale de l’OMS.
© AFP Photo/Fabrice Coffrini







ONU

A l'OMS, le testament politique de Margaret Chan

Alors qu’aujourd’hui l’Assemblée mondiale de la santé choisira l’un des trois candidats à sa succession, la directrice générale de l’OMS reconnaît sa responsabilité dans la crise d’Ebola. Mais elle a aussi contribué à rendre l’agence onusienne plus visible
A l’aube de ses 70 ans, elle a livré son testament politique. Pour elle, mais surtout pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qu’elle dirige depuis 2006. Lundi, à l’ouverture de la 70e Assemblée mondiale de la santé au Palais des Nations à Genève, Margaret Chan n’a laissé transparaître aucune fatigue malgré les énormes défis et crises qui ont jalonné son règne à la tête de l’agence onusienne. D’un ton énergique, cette Chinoise née dans la Hongkong de l’Empire britannique a refusé la critique récurrente selon laquelle l’OMS aurait perdu de sa pertinence. Elle en veut pour preuve les énormes progrès accomplis grâce à des partenariats globaux pour éradiquer des maladies tropicales négligées. «En 2016, a-t-elle martelé, près d’un milliard de personnes ont reçu gratuitement des traitements qui les protègent de maladies qui rendent aveugles, mutilent ou déforment.»

Une décennie tourmentée

A l’heure où l’administration américaine de Donald Trump semble vouloir saborder les efforts entrepris par Barack Obama pour réduire le nombre de citoyens sans assurance maladie, Margaret Chan se dit fière d’avoir fait publier sous son mandat un rapport particulièrement influent, le 2010 World Health Report, qui prône l’universalité de la couverture médicale. Docteur spécialiste de nutrition, la directrice générale de l’OMS souhaite que soient mises en œuvre au plus vite les recommandations de la Commission de l’OMS sur les moyens de mettre fin à l’obésité de l’enfant. «L’obésité des enfants, souligne-t-elle, est l’expression la plus visible et sans doute la plus tragique des forces qui expliquent l’augmentation des maladies non transmissibles.»
Tirer le bilan de Margaret Chan, c’est bien sûr tirer le bilan d’une directrice générale. Mais c’est aussi brosser le portrait d’une décennie tourmentée. La patronne de l’OMS ne s’est pas privée de le rappeler. A peine un an et demi après qu’elle a été portée à la tête de l’Organisation mondiale de la santé, la crise économique et financière de 2008 mettait les finances des Etats et les budgets de santé en grande difficulté. Les effets sont perceptibles aujourd’hui encore. Le terrorisme et l’extrémisme violent ont provoqué des désastres humanitaires d’une ampleur jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ayant jusqu’ici évité de commenter les horreurs du conflit syrien, Margaret Chan est sortie de sa réserve lundi devant 4000 délégués: «Les fréquentes attaques contre des centres de soins et des convois humanitaires sont un véritable mépris pour le droit international humanitaire. Selon des rapports confirmés par l’OMS, plus de 300 centres de soins ont été attaqués en 2016 dans vingt pays dont une majorité en Syrie.»

Lenteur face au virus Ebola

Sur le plan des épidémies et pandémies, Margaret Chan a esquivé la surréaction de l’OMS à la pandémie de grippe H1N1 en 2009 en précisant que le monde avait eu de la chance que le virus n’eût pas été plus virulent. Il a aussi eu de la chance avec les nouveaux virus MERS en 2012 et de la grippe aviaire H7N9 en 2013 qui ont été contenus. Il a eu en revanche moins de chance, a-t-elle ajouté, avec le virus Zika et surtout Ebola en 2014, qui a coûté la vie à plus de 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest. Fidèle au proverbe chinois «shi huà shi shuò» qui signifie «je pense ce que je dis et je dis ce que je pense», la directrice de l’OMS a relevé que son organisation a été trop lente à reconnaître que le virus évoluait de façon différente que lors d’épidémies précédentes. «L’OMS a entrepris des corrections rapides.» Mais elle n’élude pas sa responsabilité: «Tout cela a eu lieu sous ma direction et je suis personnellement responsable.»
Un observateur averti de l’OMS le relève: «La crise Ebola est malheureusement un événement qui sera étroitement associé à la direction de Margaret Chan. Mais à son crédit, au cours de ses deux mandats, elle a accru la visibilité de l’OMS et réaffirmé son rôle central dans le monde.» Les structures de gouvernance, trop bureaucratiques, expliquent en partie la mauvaise gestion du début de la crise d’Ebola. Certains y voient cependant aussi la conséquence du leadership feutré de Margaret Chan.

«Déférence excessive»

«Elle a montré une déférence excessive envers les Etats membres, envers l’industrie et les donateurs», déplore une autre experte de la question qui ajoute: «Mais je ne crois pas que Margaret Chan n’ait fait qu’appliquer les directives de Pékin. C’était plus son ADN personnel, marqué par ses origines asiatiques, qui explique son non-interventionnisme, sa volonté de respecter à la lettre la souveraineté des Etats.» Il reste qu’aujourd’hui l’OMS est mieux armée pour faire face à une nouvelle épidémie.
Avant d’être saluée par une standing ovation, Margaret Chan a conclu en soulignant l’honneur qu’elle a eu de servir l’OMS: «Je l’ai fait avec humilité, mais aussi avec une grande fierté.»




Encore 7 articles gratuits à lire
Angela Merkel à l’OMS, mai 2015. © Jean-Christophe Bott






Santé globale

Le premier G20 de la santé à Berlin a pour but de renforcer l’OMS

Rompue au multilatéralisme, la chancelière allemande Angela Merkel a insisté pour inscrire au programme du G20 un sommet des Ministères de la santé. L’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, qui a participé à un panel d’experts de l’ONU sur la crise d’Ebola, salue cette initiative
Forum des 100: La santé dans tous ses états
Comment faire baisser les coûts de la santé? Sommes-nous prêts pour la révolution de la médecine personnalisée? Quel est le poids économique de la Health Valley romande? Une série d’articles traite de ces questions en amont du Forum des 100, organisé par le Temps, le 11 mai, à l’Université de Lausanne.
C’est une première. Les 19 et 20 mai prochains, Berlin accueille le premier G20 de la santé, un peu moins de deux mois avant le G20 des chefs d’Etat et de gouvernement à Hambourg. L’événement n’est pas anecdotique. A l’heure où le monde tremble devant le risque d’une pandémie globale non maîtrisée, c’est un saut qualitatif majeur pour ceux qui estiment qu’il est temps de faire de la santé globale une priorité non seulement sanitaire, mais aussi politique. La dernière épidémie d’Ebola, qui a infecté près de 28 000 personnes et tué plus de 11 000 autres, a servi de signal d’alarme. L’ONU a établi un panel d’experts et l’OMS s’est vu contrainte de mener des réformes.
Le G20 de la santé a beau avoir lieu à Berlin, il implique très étroitement la Genève internationale. Directrice du Global Health Centrer installé à l’Institut de hautes études internationales à Genève, Ilona Kickbusch conseille le ministre allemand de la Santé, Hermann Gröhe, pour ce sommet et a rencontré la chancelière allemande. «C’est Angela Merkel elle-même qui a souhaité mettre la santé globale en tête de l’agenda politique du G20. Dans un monde aussi connecté et interdépendant, elle estime que les menaces sanitaires ne peuvent être abordées par les Etats individuellement. Elles doivent l’être de façon globale.»

Prise de conscience

Dans un discours retentissant tenu le 18 mai 2015 devant l’Assemblée mondiale de la santé à Genève, la chancelière allemande l’avait martelé: «La santé d’une personne est la santé des autres. L’efficacité du système sanitaire d’un pays a un impact sur celui d’autres pays ainsi que sur la sécurité et la stabilité» du monde. A la prestigieuse Conférence sur la sécurité de Munich, en février dernier, le sujet a pour la deuxième année consécutive attiré l’attention de nombre de participants. La prise de conscience est manifeste: les menaces à l’encontre de la sécurité internationale n’ont de loin pas qu’une dimension militaire. Un article récent de la Harvard Business Review le soulignait: sans une amélioration sensible de la capacité de répondre à une pandémie globale, la propagation non maîtrisée d’un mauvais virus à l’échelle planétaire pourrait faire jusqu’à 30 millions de morts. Elle pourrait avoir des conséquences économiques dramatiques susceptibles de mettre en danger la paix internationale. Les pertes économiques globales annualisées découlant d’une possible pandémie à venir sont estimées à 550 milliards de dollars.
Le G20 de la santé traitera en priorité de trois questions: le renforcement des systèmes sanitaires nationaux, dont certains sont très faibles, l’amélioration du degré de préparation pour gérer une épidémie et de la lutte contre un problème sanitaire de plus en plus inquiétant, la résistance aux antibiotiques. Membre d’un panel d’experts constitué par l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour tirer les leçons de l’épidémie d’Ebola dans trois pays d’Afrique de l’Ouest, l’ex-conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey salue la tenue d’un G20 de la santé. Ancienne patronne de la diplomatie suisse, elle avait elle-même témoigné au G7 des ministres de la Santé en octobre 2015 à Berlin au nom du panel de haut niveau. «Dans notre rapport de mars 2016, nous avons relevé la faiblesse des systèmes de santé dans certains pays. Un exemple: au Liberia, où nous nous sommes rendus, il y avait, au moment de la crise d’Ebola, 242 médecins, soit deux pour 100 000 habitants, et 0,8 lit pour 1000 habitants. Nous avons souligné la lenteur et la mauvaise allocation de l’aide au développement et rappelé que la vulnérabilité des pays africains touchés par Ebola affecte le monde entier.»

La santé inscrite au sommaire du G20

La crise d’Ebola a affecté la réputation de l’OMS. Mais à Berlin, on insiste: le premier G20 de la santé a pour vocation de renforcer l’agence onusienne. «Je vous rappelle que l’Allemagne, très axée sur le multilatéralisme, a poussé voici peu pour que le budget régulier de l’OMS soit augmenté de 10%, insiste Ilona Kickbusch. Elle n’agirait jamais contre l’OMS.» Conseiller principal de la directrice générale de l’OMS, Margaret Chan, pour la résistance aux antimicrobiens, Hajime Inoue avait déjà tenté, en 2016, de convaincre Pékin d’inscrire la santé au sommaire du G20. En vain. Il se réjouit de l’initiative allemande. Pour lui, le G20 est un saut qualitatif manifeste: «Il ne s’agit plus que des pays riches. Le G20 est une institution informelle qui couvre deux tiers de la population et de l’économie mondiales.» Afin de se focaliser sur des aspects concrets, Ilona Kickbusch et l’OMS animeront pendant quatre heures une simulation de crise sanitaire. Ayant participé aux réunions préparatoires avec les sherpas des Etats membres du G20, Hajime Inoue ne cache pas son enthousiasme: «Le projet de déclaration finale du G20 comprend 33 paragraphes. L’OMS y est très abondamment citée. C’est un vrai encouragement de voir un tel soutien politique.»

Antoine Flahault: «En termes d’innovation, il faudra tirer profit de la révolution numérique»

Le Temps: Que faut-il comprendre par santé globale?
Antoine Flahault: Pour nous, à l’institut, la notion de santé globale induit que les problèmes de santé transcendent les frontières et les disciplines. Pour résoudre un problème de santé publique, les acteurs ne sont pas que des universitaires. Ce sont aussi des experts ou des professionnels venus d’organisations internationales, d’ONG, de missions permanentes, du secteur privé. De plus, vu la complexité des problèmes, une approche holistique ou systémique s’impose. En termes d’innovation, la santé globale doit bénéficier de la révolution digitale. Développer la santé globale doit être un effort durable. Enfin, la santé globale est un droit humain auquel toute l’humanité peut prétendre. Les valeurs qui promeuvent l’accès équitable à la santé sont constitutives de la santé globale.
- A Genève, votre institut et l’IHEID proposent des formations en santé globale. Au G20, l’expression est au cœur des discussions. Pourquoi cette notion s’impose-t-elle maintenant?
- La multiplication des crises sanitaires (Ebola, Zika, etc.) favorise une prise de conscience globale. La sécurité sanitaire de la planète ne peut plus être seulement comprise comme une volonté du Nord de se barricader contre des menaces venant du Sud. Elle concerne l’ensemble du monde. Devant le besoin urgent d’agir ensemble, de grandes institutions philanthropiques et un financement multilatéral ont permis des interventions plus efficaces et plus rapides.
- Dans votre institut, la formation est en plein essor. Elle est aussi «mondiale»…
- L’Institut de santé globale a été créé en 2014 sur les fondations de l’Institut de médecine sociale et préventive. Il propose déjà des doctorats, des masters et bientôt des bachelors. Nous avons constaté qu’en matière de santé publique, la Genève internationale produit sur le plan scientifique de nombreux articles de haut vol. Nous avons pensé qu’il serait judicieux d’attirer vers un doctorat ces experts issus de l’OMS ou d’ONG. En juin prochain, nous aurons 49 doctorants inscrits dans notre jeune programme. En 2017, nous avons enregistré 220 demandes pour la voie doctorale. La plupart sont des employés des organisations internationales. Ils travaillent à Genève, ou parfois dans les bureaux régionaux de l’OMS, sur le terrain pour le CICR ou MSF. Nous proposons aussi un master prégrade de deux ans. La première année du master se déroule à Genève et la seconde à choix à l’IHEID, à l’EPFL ou aux Universités de Bâle et de Neuchâtel. Là aussi, le succès est au rendez-vous. Cette année, nous avons reçu 270 candidatures pour quelque 40 admissions. Nous recensons 74 nationalités différentes
- Et le bachelor?
- Il est en passe d’être mis en place. Ce sera un bachelor en santé publique de précision. Il sera organisé à partir des MOOC [cours gratuits en ligne accessibles aux étudiants du monde entier, en français] que nous réalisons avec nos partenaires. Les examens seront organisés dans des ambassades et des agences universitaires francophones. La formation a pour ambition de construire des profils de compétences mixtes associant les techniques digitales à la santé publique. Notre objectif? Former des techniciens, ingénieurs, futurs chercheurs ou médecins pour développer, grâce à l’intelligence artificielle, des instruments performants pour mieux détecter les épidémies ou alerter des risques médicamenteux, pour utiliser la téléphonie mobile et des drones, par exemple, pour livrer des vaccins sans rompre la chaîne du froid dans des régions isolées et reculées https://www.letemps.ch/monde/2017/05/04/premier-g20-sante-berlin-but-renforcer-loms

Superclinique trop populaire

MAclinique Lebourgneuf est submergée par les demandes de patients orphelins

 Photo Stevens LeBlanc Depuis son inauguration officielle, il y a une semaine, cela ne dérougit pas à MAclinique Lebourgneuf, tant au GMF qu’au sans rendez-vous.
Victime de son succès, MAclinique Lebourgneuf est submergée de demandes de citoyens à la recherche d’un médecin de famille, à un point tel qu’on oriente maintenant les gens vers le guichet d’accès régional.
En une semaine seulement, MAclinique a recueilli jusqu’à 4000 noms, signe que de nombreux patients orphelins attendent toujours de trouver un médecin dans la région de Québec.
Cela ne dérougit pas également du côté des consultations sans rendez-vous, à la mini-urgence accessible à toute la population.
«Dès 8 h, il y a une file de 20, 25 personnes à l’extérieur pour l’ouverture. En soirée, c’est arrivé qu’on ait dû terminer les inscriptions à 20 h ou 20 h 30, au lieu de 22 h, compte tenu du nombre élevé de personnes qui attendaient déjà de voir un médecin. On n’a pas une capacité infinie», signale la Dre Chantal Guimont, instigatrice et coassociée de MAclinique Lebourgneuf.
Lignes saturées
Depuis l’inauguration officielle de cette première superclinique à Québec, les 23 lignes téléphoniques du GMF (Groupe de médecine familiale) sont complètement saturées, tant le volume d’appels est important.
«On avait prévu recevoir beaucoup d’appels, mais de toute évidence, nos lignes ne suffisent pas. On regarde avec notre fournisseur pour optimiser notre système», remarque la Dre Guimont.
Ces derniers jours, les patients qui tentaient de prendre rendez-vous avec leur médecin se sont butés à un répondeur. N’ayant pu joindre une réceptionniste au téléphone, une dizaine de personnes faisaient la file à la réception du GMF, en début d’après-midi, mercredi, afin de se voir fixer un rendez-vous.
Demandes trop fortes
«Nous sommes victimes de notre succès. À partir de maintenant, tous les futurs patients du GMF de MAclinique seront recrutés par le truchement du guichet d’accès à un médecin de famille. C’est la solution la plus raisonnable. La liste actuelle de patients qui ont fait une demande via l’adresse courriel info@reseaumaclinique.com sera conservée, mais aucun autre patient n’y sera ajouté», stipule la Dre Guimont.
MAclinique Lebourgneuf compte 20 médecins de famille. «Aucun n’a réduit ses heures ailleurs (urgence ou autres) pour exercer ici», précise-t-elle par ailleurs.

Ce qu'ils ont dit

« Nos médecins sont dévoués et prennent de nouveaux patients, mais on ne peut pas régler à nous seuls les problèmes d’accès de toute la région.»
— Dre Chantal Guimont, coassociée de MAclinique Lebourgneuf.
« Je me suis blessé au travail. J’ai le poignet cassé. Je ne serais pas allé attendre des heures dans une urgence. Ici, je serai vu par un médecin en une heure ou deux tout au plus. Cela en prendrait davantage des cliniques comme celle-là.»
— Denis Langlois, patient au sans rendez-vous à MAclinique.
« J’ai des douleurs au pied. J’ai essayé d’avoir un rendez-vous à mon GMF, à Charlesbourg, puis dans une autre clinique à Beauport. Il n’y avait pas de place. Cette superclinique répond à un besoin. C’est mieux que d’attendre trois ou quatre heures à l’urgence.»
— Une patiente inscrite au sans rendez-vous http://www.journaldequebec.com/2017/05/10/superclinique-trop-populaire

Le système de santé souffre d’inefficacité, disent les patients

Une enquête du Commissaire à la santé et au bien-être pointe les difficultés d’accès


17 février 2017 |Amélie Daoust-Boisvert | Santé





75% des répondants ont déclaré avoir un médecin de famille, selon une étude dévoilée par le Commissaire à la santé et au bien-être.
Photo: iStock 75% des répondants ont déclaré avoir un médecin de famille, selon une étude dévoilée par le Commissaire à la santé et au bien-être.
Moins d’un Québécois sur quatre croit que le système de santé est « assez efficace », selon une étude dévoilée par le Commissaire à la santé et au bien-être (CSBE) jeudi, alors que 35 % des Canadiens entretiennent la même croyance.
  Ce taux, qui est plus exactement de 22 %, « a manifestement un lien avec les difficultés d’accès », analyse la commissaire par intérim, Anne Robitaille. Car « globalement, la performance est stable, et c’est la problématique de l’accès qui demeure la plus importante ».
  En Norvège, 61 % des gens croient que leur système de santé fonctionne bien, contre 54 % en France, mais seulement 21 % aux États-Unis.
  Les problèmes d’accès aux soins s’incarnent dans plusieurs des réponses au sondage. Par exemple, 75 % des répondants ont déclaré avoir un médecin de famille. Seulement 41 % ont indiqué que, lorsqu’ils ont un problème de santé, ils ont accès le jour même ou le lendemain à un médecin ou à une infirmière.
  Recul
  Du côté des médecins spécialistes, les réponses indiquent un recul depuis 2013. En effet, de 42 %, ce sont maintenant 36 % des répondants seulement qui disent avoir eu un rendez-vous en moins de quatre semaines. Aussi, l’attente de moins d’un mois pour une chirurgie non urgente était une réalité pour 53 % des répondants en 2013, mais plus que pour 35 % en 2016.
  De plus, 44 % des gens ont rapporté avoir attendu plus de cinq heures à l’urgence.

   Anne Robitaille constate par ailleurs que le Québec se classe plus avantageusement en comparaison d’autres pays en ce qui concerne la qualité des soins. Par exemple, 69 % des répondants ont indiqué que la qualité des soins reçus était excellente ou bonne.
  La pertinence des soins est toutefois parfois remise en question par les Québécois.
  En effet, 15 % des répondants ont indiqué que leur médecin recommande fréquemment ou occasionnellement des tests ou des traitements non nécessaires. « C’est un des résultats les plus défavorables parmi les pays participants », mentionne le CSBE.
  Cette enquête est menée auprès de 27 000 personnes dans 11 pays différents en collaboration avec le Communwealth Fund, chaque année. Ce sont 1002 Québécois de plus de 18 ans qui ont répondu au sondage, entre mars et juin 2016.
  Et l’an prochain
  Le CSBE vit chaque semaine dans l’angoisse de son abolition prochaine. Cette dernière, annoncée il y a près d’un an lors du dernier budget, ne s’est pas encore concrétisée. Plus que quatre personnes y travaillent.
  En attendant l’abolition effective, Anne Robitaille a commencé à travailler sur la cueillette de données du sondage 2017 du Communwealth Fund. Elle ignore si elle sera encore là pour en analyser les résultats. Elle demande au gouvernement de trouver quelqu’un pour prendre le flambeau au passage. « Espérons qu’un organisme indépendant prendra le relais et qu’on ne va pas garder ces données dans une base de données obscure », souhaite-t-elle.
  Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on indique qu’il est toujours prévu que l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux, l’INESSS, intègre les fonctions du CSBE.
  « Nous nous sommes engagés auprès du Communwealth Fund pour poursuivre notre collaboration », indique la responsable des communications Noémie Vanheuwerzwijn.
http://www.ledevoir.com/societe/sante/491948/le-systeme-de-sante-souffre-d-inefficacite-disent-les-patients

Des intérêts financiers entraînent sous- et surconsommation médicales

BELGA Publié le - Mis à jour le
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Sciences - Santé

Les autorités et acteurs du secteur de la santé doivent prendre d'urgence des mesures pour éviter la surconsommation médicale autant que la sous-consommation, affirme un groupe de scientifiques dans une série de cinq articles publiée lundi dans la revue médicale britannique The Lancet. Pas moins de 27 experts internationaux au total ont collaboré à ces articles intitulés "The Right Care Series". L'enquête a été dirigée par le Lown Institute, un think tank médical basé à Boston.
Les scientifiques ont étudié tant la surconsommation que la sous-consommation des soins de santé dans le monde. La surconsommation entraîne des complications qui auraient pu être évitées et gaspille les ressources. La sous-consommation rend les patients vulnérables à des maladies et des souffrances dont ils auraient pu se protéger.
Ainsi, chaque année, 6,6 millions de césariennes inutiles sont effectuées, dont la moitié en Chine et au Brésil. En Espagne, 26% des prothèses de genou sont inappropriées et, aux Etats-Unis, ce pourcentage grimpe même à 34%. Autre exemple mis en avant dans l'étude: pas moins de 20% des ablations d'utérus ne sont pas justifiées à Taïwan, et 13% en Suisse.
Les auteurs constatent que tant la surconsommation que la sous-consommation sont monnaie courante. Ces deux situations peuvent se produire dans le même pays et pour les mêmes patients. Dans des pays pauvres comme riches, on recourt trop souvent à des technologies bien connues mais qui n'en sont pas moins onéreuses et pas forcément efficaces, alors que des alternatives moins chères et plus efficaces sont négligées. "Les prestations médicales non efficaces ou non justifiées scientifiquement représentent un quart des soins de santé de par le monde", estiment-ils.
Lutter contre la surconsommation permet de dégager des moyens pour contrecarrer la sous-consommation. Quand des soins nécessaires ne sont pas prestés, c'est en effet souvent pour des raisons financières. La surconsommation, quant à elle, se produit généralement quand elle est source de revenus pour certains acteurs.
"La cupidité, les intérêts concurrents et des informations déficientes sont des moteurs universels qui peuvent former un écosystème où de mauvais soins de santé sont délivrés", affirme dans un communiqué Vikas Saini, le président du Lown Institute et principal auteur de la série d'articles. "Les citoyens du monde entier doivent comprendre ces forces en présence s'ils veulent défendre et promouvoir leur sécurité financière, leur intégrité, leur santé et leur bien-être", conclut-il.
Les co-auteurs proviennent d'institutions telles que la Banque mondiale, Harvard, Stanford, Dartmouth et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/des-interets-financiers-entrainent-sous-et-surconsommation-medicales-587320aacd70717f88edf60b

La Belgique, bon élève en matière de soins de cardiologie

Laurence Dardenne Publié le - Mis à jour le





Sciences - Santé Bonne nouvelle, s'il faut en croire l'indice "Euro Heart Index" (EHI) 2016, publié ce mercredi, qui compare les soins de cardiologie dans 30 Etats européens. Dans ce classement où la France trône sur la première marche du podium, devant la Norvège et la Suède, la Belgique occupe quand même une honorable 7e place.
Si les soins de cardiologie se sont améliorés dans pratiquement tous les pays concernés, remarquent les auteurs de ce rapport, des écarts considérables entre les Etats européens quant à l'utilisation de médicaments de base pour le cœur, menacent néanmoins l'équité des soins.


A ce niveau, la Belgique n'est pas visée. Contrairement à certains pays européens, en ce qui concerne les soins de cardiologie, notre pays "a recours à des médicaments pour la tension artérielle et le taux de cholestérol génériques et peu coûteux, comme le suggèrent les normes paneuropéennes", souligne le docteur Beatriz Cebolla, directrice du projet d'établissement de l'indice EHI.
Mais ce n'est pas tout, si nous occupons cette place plutôt enviable, ce serait aussi que "le mode de vie des Belges est en général plutôt sain, d'après le Dr Cebolla. En outre, les Belges disposent d'un système de santé qui garantit un accès très facile aux services de soins, bien qu'une amélioration au niveau de la coordination des procédures permettrait d'obtenir de meilleurs résultats".

Comment ce classement est-il établi?

L’indice "Euro Heart Index" classe les systèmes de soins de santé cardiovasculaires de 30 Etats européens selon 31 indicateurs répartis dans quatre domaines essentiels : la prévention, les procédures, l’accès aux soins et les résultats de ces soins. Compilé à partir de statistiques publiques et de recherches indépendantes, cet indice est fourni par le Health Consumer Powerhouse (HCP), le centre qui analyse la performance des systèmes de santé nationaux européens depuis 2004 et qui a déjà publié environ 50 rapports relatifs aux indices. Pour établir tous ses indices, le HCP se base sur une approche orientée vers le consommateur.

Pour le Président du HCP, le Pr Arne Bjornberg, "il existe, en soins de cardiologie, un écart important entre les directives européennes relatives au traitement des patients et la manière dont est pratiquée la médecine cardiaque. Le déploiement des médicaments pour le cœur semble arbitraire et ne correspond pas aux besoins des Européens.
Il est évident qu'il existe un lien entre les sommes dépensées et la qualité des résultats obtenus. Les pays riches peuvent se permettre d'hospitaliser des patients selon des critères plus larges, ce qui peut empêcher l'aggravation des pathologies. Mais, à condition d'avoir bien défini ses priorités, il est possible d'accomplir également beaucoup de choses avec des budgets réduits
".


Le rapport complet du EHI, avec description des données et de la méthodologie est disponible gratuitement en cliquant sur le lien suivant: www.healthpowerhouse.com/publications/euro-heart-index-2016/

Comment Maggie De Block s’est mis à dos le secteur de la santé

L. G. Publié le - Mis à jour le
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Belgique Depuis le conclave budgétaire d’octobre, la plupart des acteurs des soins de santé s’en prennent à leur ministre de tutelle. La ministre de la Santé publique, Maggie De Block (Open VLD), star des sondages dans les trois Régions du pays, a vu son étoile pâlir depuis l’annonce, en octobre, de nouvelles coupes budgétaires dans la santé, à hauteur de 902 millions d’euros en 2017. Et ce malgré ses promesses répétées de ne plus "toucher à la Sécu".
Même si beaucoup saluent sa méthode de travail et sa volonté de s’attaquer à des dossiers difficiles tels que le financement des hôpitaux, Mme De Block fait l’objet de vives critiques de la part de l’ensemble du secteur, qui n’accepte pas de porter, à lui seul, près d’un tiers des économies budgétaires.
Finalement, seules les entreprises pharmaceutiques, pourtant pas épargnées par les mesures d’économie du gouvernement Michel, ne pestent pas sur la ministre.
Pas dit cependant que cette fronde des acteurs des soins de santé se traduira dans les sondages d’opinion.
Tour d’horizon des griefs qui sont faits à la ministre libérale.

Les gestionnaires d’hôpitaux

Pression sur le personnel et les investissements
Un tiers de la centaine d’hôpitaux généraux que compte le pays sont déjà dans le rouge. Cela ne risque pas de s’améliorer avec les coupes budgétaires "suédoises" qui vont les priver, chacun, de plusieurs millions d’euros. Conséquence : réduction ou report des investissements voire diminution du personnel dans certains cas. Les gestionnaires d’hôpitaux sont inquiets. Certains jugent la situation si grave qu’ils n’ont pas hésité - fait rare - à manifester jeudi à Bruxelles.

Les pharmaciens

"Votre santé en péril"
Ils n’ont pas été les derniers à dénoncer les économies dans la santé, les pharmaciens. Ils contestent particulièrement la suppression de près de 5 % de leur rémunération globale sur les médicaments, "qui hypothèque gravement les initiatives prises dans le secteur pour développer le rôle de prestataire de soins du pharmacien". Au bout du compte, c’est le patient qui sera touché, disent les pharmaciens, qui ont même lancé une campagne d’affichage dans les officines sur le thème : "Votre santé en péril ! Merci Maggie".

Les mutuelles

"Recul social"
Dans le grand stratégo du système de santé belge, les organismes assureurs que sont les mutuelles représentent (notamment) les intérêts des patients. Face aux coupes budgétaires (902 millions en 2017) décidées par la "suédoise", les mutualités n’ont pas manqué d’épingler le gouvernement et leur ministre de tutelle, qui avait pourtant promis qu’on ne toucherait plus à la sécurité sociale. Elles ont dénoncé ces économies et la limitation de la croissance du budget des soins de santé à 0,5 % (au lieu du 1,5 % promis). Une croissance qui sera insuffisante pour faire face à la hausse des besoins liée au vieillissement de la population. Les mutualités craignent que, quoi qu’en dise Maggie De Block, de telles économies soient reportées sur le dos des patients, soit par des suppléments ou des hausses de tarifs, soit par une réduction de la qualité des soins. Pour le front commun mutuelliste, ce gouvernement, incarné par Maggie De Block, accélère la dérive vers une médecine à deux vitesses. "C’est un recul social jamais vu depuis 10 ans", dit-il.

Les étudiants

Une vision très flamande
Du côté francophone du pays, les associations étudiantes sont également furieuses contre Maggie De Block. Elles dénoncent la pression exercée par la ministre pour limiter le nombre d’étudiants en médecine et instaurer un examen d’entrée alors qu’on constate une pénurie (partielle) de médecins et qu’on en importe de l’étranger. Elles contestent également la vision très flamande de la ministre, qui a refusé de reconnaître la formation de psychomotricien, peu connue en Flandre mais qu’ont suivie plus de mille étudiants au sud du pays.

Les médecins

"Limite dépassée"
Dans les rangs des médecins, nombreux sont ceux qui avaient vu d’un bon œil l’arrivée de Maggie De Block au ministère de la Santé. Une libérale, qui plus est elle-même médecin, cela allait changer après plus de dix ans de ministres socialistes (Demotte et Onkelinx), dont le corps médical, et surtout la très libérale Absym, ne supportait plus la proximité avec les mutuelles. Mais depuis le conclave budgétaire d’octobre, ils ont déchanté. L’indexation des honoraires médicaux a été sérieusement rabotée et les médecins ont été invités par leurs syndicats à se déconventionner et à ne plus respecter les tarifs convenus. Pour les syndicats médicaux, avec ces nouvelles économies dans les soins de santé, "la limite a été dépassée". Quant aux maisons médicales, elles dénoncent le moratoire qui les touche.

Le personnel des hôpitaux

Un cocktail indigeste
Les infirmières et les autres membres du personnel des hôpitaux sont parmi les plus fâchés contre Maggie De Block. Ils l’ont d’ailleurs fait savoir jeudi, lors de la manifestation du non-marchand (lire ci-contre). Outre les économies faites sur le dos des hôpitaux, qui risquent d’alourdir in fine leur charge de travail et de limiter encore le temps qu’ils pourront passer auprès des patients, les syndicats reprochent à leur ministre de durcir l’accès aux mesures d’aménagement des fins de carrière, qui permettent, à partir de 45 ans, d’augmenter le nombre de jours de congés annuels. Moins de personnel, davantage de travail et moins de possibilités de souffler : les syndicats ne veulent pas de ce cocktail. http://www.lalibre.be/actu/belgique/comment-maggie-de-block-s-est-mis-a-dos-le-secteur-de-la-sante-58373845cd70356130763d55

Technologie

Un outil de diagnostic médical nommé Watson

Après avoir battu les champions de Jeopardy, le logiciel d’IBM pourrait se reconvertir dans le domaine de la santé
Dans ses locaux lausannois, le groupe pharmaceutique Debiopharm accueillait jeudi un représentant d’IBM, la multinationale américaine en logiciel et matériel informatique. L’objet de la visite: une présentation de la plateforme technologique Watson et ses applications notamment dans la santé.
Depuis son développement en 2006, l’intelligence augmentée a déjà acquis une belle notoriété grâce à sa victoire au jeu télévisé américain Jeopardy face à des candidats humains en 2011. Dernièrement Watson a même été présenté comme candidat à l’élection présidentielle américaine.
Lire aussi: Une intelligence artificielle pour président
Plus sérieusement, Watson est un programme informatique conçu pour comprendre le langage naturel, autrement dit le langage utilisé par les humains, les mots et les phrases. «Plus que le mot en lui-même, Watson comprend des concepts, des entités et peut faire le lien entre eux», explique Jérôme de Nomazy, de l’équipe «Cognitive Solutions» d’IBM. Le programme explore et comprend des informations contenues dans une base de données non structurée qu’on lui a mises à disposition, comme un corpus de publications scientifiques ou l’historique des rapports médicaux d’un patient.

Du Jeopardy à la médecine

Selon le représentant, «Watson fait bien plus qu’une simple recherche par mots-clés». Exemple, lorsqu’on lui indique un nom de médicament, il va trouver lui-même des informations sur ce produit mais également tous les concepts qui lui sont liés: sa composition chimique, les études cliniques qui lui ont été consacrées, sa cible thérapeutique ou encore les autres molécules ayant un effet sur cette cible.
La technologie développée par IBM a d’ores et déjà des applications dans le domaine du diagnostic médical. Sa puissance de calcul permet de proposer des traitements à un patient et d’en évaluer le bien-fondé en analysant l’historique médical du patient. Chaque proposition de traitement s’accompagne d’un degré de pertinence, déterminé par Watson. Les médecins disposent d’un outil pour réaliser un diagnostic le plus précis possible, en un minimum de temps, d’après IBM. «C’est une forme d’expertise, une seconde opinion que les médecins peuvent utiliser en complément de leur savoir personnel», indique Jérôme de Nomazy.
Lors d’un test effectué en 2012 au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York, Watson a pu diagnostiquer un cancer du poumon avec un taux de succès de 90%, contre 50% pour un médecin. L’intelligence augmentée avait intégré 600 000 données médicales, 2 millions de pages issues de revues spécialisées et les dossiers de 1,5 million de patients. Selon Jérôme de Nomazy: «Certains clients utilisent déjà Watson en oncologie aux Etats-Unis, en Chine, en Thaïlande et en Inde, et bientôt en Hollande et en Finlande. Watson existe maintenant en de nombreuses langues, dont le français [mais pas encore l’allemand ndlr]».
Lire aussi: Des logiciels qui veulent remplacer les médecins
«Outre l’oncologie, tous les domaines médicaux peuvent potentiellement être intéressés par notre technologie, explique le représentant d’IBM. Tout un chacun peut se la procurer sur le Cloud. A partir d’un Watson de base, on peut l’éduquer à devenir spécialisé dans tel ou tel domaine. Après s’être procuré Watson, on y injecte ses données, son champ d’expertise propre. Bien sûr, les données ne sont pas transmises entre hôpitaux par exemple, elles restent dans la sphère privée.»

Meilleur que les humains

Au-delà de la compréhension du langage naturel, Watson peut également analyser des images. En 2014, il a notamment été utilisé en radiologie. L’ordinateur avait détecté sur des IRM des anomalies imperceptibles à l’œil humain, ceci dans le cadre d’une recherche avec le New York Genome Center portant sur le glioblastome, un cancer du cerveau.
Le représentant d’IBM présente également Watson comme outil de recherche, notamment en pharmacologie: «Le programme ne peut pas faire de découverte à proprement parler, il n’inventera rien, mais il pourrait mettre en évidence des liens qui ne sont pas évidents, ou trouver de nouvelles applications à un médicament qui était fait à la base pour traiter une maladie donnée.»
De son côté, Nicolas Py, le responsable de l’unité «Business Intelligence» de Debiopharm explique son intérêt pour cette nouvelle technologie. «Nous voudrions favoriser le lien entre la recherche académique ou privée et la clinique». La masse de données accumulée par les établissements de santé pourrait ainsi être plus facilement utilisée par les chercheurs et inversement. Nicolas Py confie pourtant au «Temps» que même si le groupe pharmaceutique est sensible aux nouvelles technologies, il n’a pour l’heure pas prévu d’acquérir la technologie d’IBM, essentiellement pour une question de prix…
https://www.letemps.ch/sciences/2016/09/22/un-outil-diagnostic-medical-nomme-watson

Le parcours de soins: qu'est-ce que c'est ?

Qu'est-ce que le parcours de soins et pourquoi faut-il le respecter ? digiSchool media répond pour vous à ces questions.
05 Septembre 2016 à 12h00 | | 0 avis
Le parcours de soins: qu'est-ce que c'est ?

Le parcours de soins coordonnés

Il impose à chaque assuré de plus de 16 ans de désigner un médecin traitant de son choix. C'est lui qui va gérer votre dossier médical et vous orienter ensuite vers tel ou tel spécialiste selon les cas. Notez également que depuis peu, les médecins généralistes peuvent pratiquer le tiers payant, c'est-à-dire dispenser leurs patients de régler le montant de la consultation. Cette pratique reste néanmoins soumise à des conditions. Si votre médecin a connaissance de vos difficultés financières, il est en mesure d'appliquer le tiers payant, d'où l'importance de passer par votre médecin de famille.
Certains médecins spécialistes en revanche sont accessibles sans passer par le médecin traitant, comme les ophtalmologues, les gynécologues, les odontologues et les psychiatres. Vous pouvez aussi passer par la case médecin traitant si vous avez une dispense permanente d'autorisation en cas d'affection longue durée.
Si vous souhaitez changer de médecin, à cause d'un déménagement ou autre, il vous suffit d'imprimer un formulaire sur ameli.fr, de le faire remplir par le médecin de votre choix et de l'envoyer à votre Caisse d'Assurance.

Médecin conventionné : secteur 1 ou 2 ?

Les conventions règlementent les tarifs pratiqués par les médecins.
Secteur 1 : c'est un médecin qui adhère à une convention médicale, passée au niveau national, entre la Caisse nationale d'assurance maladie et des représentants syndicaux. Il s'engage ainsi à pratiquer des tarifs peu élevés. En contrepartie, la Caisse nationale d'assurance maladie lui offre des avantages comme :
  • la prise en charge partielle de sa formation professionnelle
  • la prise en charge partielle de sa retraite
Secteur 2 : ce médecin peut choisir ses honoraires et pratiquer des "dépassements d'honoraires". Il doit cependant établir sa note avec "tact et mesure". Dans tous les cas les dépassements d'honoraires ne sont pas pris en charge par la sécu même s'ils peuvent être remboursés par une complémentaire santé.
Afin que les patients ne soient pas surpris au moment de payer, le médecin est tenu d'afficher le montant de ses honoraires et le secteur de convention auquel il appartient.


Pourquoi passer par le parcours de soins?

Vous n'allez pas finir en prison parce que vous n'êtes pas passé par le parcours de soins. C'est cependant vivement recommandé si vous voulez être mieux remboursé. En effet, si vous n'avez pas de médecin traitant ou que vous consultez des spécialistes sans être passé par lui, vous ne serez pas aussi bien remboursé. En dehors du parcours de soins, le montant de vos remboursements par le régime obligatoire sera de 30% du Tarif de Convention (au lieu de 70%). Cela signifie que la sécu vous rembourse 30% du montant d'une consultation au lieu de 70%.
Par exemple, si vous allez chez votre médecin traitant et que celui-ci est conventionné, vous payez 23 euros*. Sur ces 23 euros, la sécu vous rembourse 16 euros et votre mutuelle (ou complémentaire) vous rembouse 7 euros (il reste 1 euro de participation forfaitaire non remboursable). En revanche, si le médecin chez qui vous avez pris rendez-vous n'est pas votre médecin traitant, sur les 23 euros de consultation, la mutuelle vous remboursera toujours 7 euros, mais la sécu ne vous remboursera plus que 6.90 euros.
*Les tarifs de consultation chez les médecins généralistes devraient passer prochainement à 25 euros, suite à une revalorisation proposée par l'Assurance Maladie.

Le renforcement du rôle des sages-femmes réveille la bataille avec les gynécologues

LE MONDE | • Mis à jour le | Par







image: http://s2.lemde.fr/image/2016/06/30/534x0/4960846_6_1d29_une-sage-femme-discute-avec-une-maman-a-la_18af5d7fa8e38f1edc242731310642d7.jpg
Une sage-femme discute avec une maman à la maternité du CHU de Bordeaux, en 2009.

C’est une vieille bataille, dans laquelle certaines organisations de sages-femmes hésitent à s’engager. Mardi 28 juin, six organisations de gynécologues se sont inquiétées, dans un communiqué, de récentes mesures gouvernementales en faveur de la prise en charge des patientes directement par des sages-femmes qui, selon ces médecins, « nuisent à la surveillance médicale des femmes ».

Mieux connues pour leur rôle lors des accouchements, les sages-femmes pourront bientôt, à la faveur d’un décret paru le 5 juin, procéder à des interruptions volontaires de grossesse (IVG) médicamenteuses (possibles jusqu’à sept semaines d’aménorrhée). En parallèle, le ministère de la santé a lancé le 22 juin une campagne de communication pour mieux faire connaître l’éventail de leur domaine d’action. Depuis 2009, elles peuvent assurer le suivi gynécologique de femmes en bonne santé (contraception, frottis…). Une campagne qui rappelle par ailleurs que la plupart des sages-femmes ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires.

Concurrence

Dans leur communiqué, les organisations de gynécologues fustigent toutefois une campagne qui « suggère que consulter une sage-femme est identique en termes d’accès aux soins à consulter un médecin, alors que les niveaux de formation et de compétence sont loin d’être les mêmes ». Selon elles, il en résulte « une perte de chances pour les femmes », liée à des risques de « retard au diagnostic et à la mise en place d’un traitement adéquat ». Des déclarations « proches de la diffamation », déplore Marie-Josée Keller, présidente du conseil national de l’ordre des sages-femmes, qui, cette fois, a décidé de répliquer. Le conseil s’est dit, mardi, « profondément attristé » par ces déclarations.
Au cœur du différend, un mot que l’on prononce, de part et d’autre, du bout des lèvres : la concurrence. De plus en plus, les sages-femmes ont des compétences qui recoupent celles des gynécologues, à condition que la patiente soit en bonne santé. Dès lors qu’il y a pathologie, seul le médecin peut prendre celle-ci en charge. « On ne retire rien au métier de sage-femme », assure Michèle Scheffler, présidente d’honneur de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale. « Mais elles ne peuvent pas remplacer toute la qualité d’un médecin qui a fait douze à quatorze ans d’études », contre cinq pour leurs collègues.
Lire aussi : L’Europe inégalitaire en matière de droit à l’avortement   Droit à l’avortement : l’Europe inégalitaire
Cette crainte s’est exprimée à travers un récent imbroglio. Avec le recours aux IVG médicamenteuses (57 % des IVG en France métropolitaine), les sages-femmes ont été autorisées à prescrire quatre jours renouvelables d’arrêt de travail à leurs patientes.
Une décision que le Collège national des gynécologues et obstétriciens français désapprouve. C’est également le cas du Syndicat national des gynécologues et obstétriciens français (Syngof) : « Tout arrêt de travail relève d’une situation pathologique [qui] relève d’une prise en charge médicale par un médecin », estime le syndicat représentatif de la profession.
Sur le compte Facebook du syndicat, sa secrétaire générale, Elisabeth Paganelli, s’est, elle, fendue d’un texte polémique. Si « tout se passe bien », écrit-elle, la patiente se voit proposer « de choisir le jour de l’expulsion [de l’embryon] un jour férié (…) ou de poser un jour de congé (cela lui évite de donner un arrêt de travail à son employeur et de craindre de devoir s’expliquer avec ses collègues) ». Privilégier un jour de congé plutôt qu’un jour d’arrêt pour pouvoir avorter, la sortie a fait grincer des dents.
Aujourd’hui, la médecin invoque un « malentendu », assurant avoir témoigné du vécu de ses patientes auxquelles elle dit « s’adapter ». « La plupart préfèrent le faire le week-end, car cela leur permet d’être accompagnée de quelqu’un, comme cela est recommandé, en raison des risques d’hémorragie », explique-t-elle. « On ne programme pas une IVG ! » rétorque Marie-Josée Keller. Plusieurs médecins contactés affirment ainsi faire en fonction de ce qui est le mieux pour la patiente, selon l’urgence de la situation, sa profession et sa situation personnelle, quitte à prescrire un ou plusieurs jours d’arrêt de travail. « Jamais dans ma carrière je n’ai eu à prescrire jusqu’à huit jours pour une IVG médicamenteuse. Si on doit aller jusque-là, c’est qu’il y a un problème », estime toutefois Elisabeth Paganelli, évoquant les risques d’abus. Le syndicat y a même vu « les prémices d’une médecine pleinement exercée par une profession qui ne l’a jamais apprise, avec les risques que cela comporte pour les patientes ».

Débat sur l’accès aux soins

Ces propos ont indigné les organisations de sages-femmes. « On sait où sont nos limites et on sait aussi adresser au médecin quand un cas devient pathologique », s’agace Elisabeth Tarraga, secrétaire générale de l’Organisation nationale syndicale de sages-femmes (ONSSF). « On n’a jamais dit qu’on allait prescrire systématiquement quatre jours d’arrêt de travail », ajoute Mme Keller. La présidente du conseil national de l’ordre rappelle que les sages-femmes ont déjà l’habitude de juger l’opportunité d’une telle décision, puisqu’elles prescrivent jusqu’à quinze jours d’arrêt de travail préventif pour les femmes enceintes.
Les organisations de sages-femmes insistent sur le fait que la plupart du temps, sur le terrain, les relations avec les médecins se passent bien. Mais elles dénoncent le « corporatisme primaire » de leurs instances représentatives. « Le vrai débat, c’est l’intérêt des patientes et l’accès aux soins », insiste Mme Tarraga.
Dans cette bataille, les sages-femmes savent qu’elles ont les faveurs du gouvernement. Celui-ci voit en elles une piste pour lutter contre la désertification médicale et l’encombrement des cabinets. Et ce d’autant plus que, selon les chiffres publiés mercredi 29 juin par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), le mois d’août est celui où le nombre d’IVG est le plus bas. Or c’est aussi celui où les structures et les praticiens réalisant cet acte sont les moins disponibles.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/sante/article/2016/06/30/la-bataille-entre-les-gynecologues-et-les-sages-femmes-est-rouverte_4960847_1651302.html#dVcPYjBBRKeuywv6.99

Les mesures-chocs de l’Australie contre la cigarette

M le magazine du Monde | • Mis à jour le | Par

Après le paquet neutre et les prix prohibitifs, le gouvernement australien veut interdire la vente de tabac aux personnes nées après 2001.





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En 2020, le prix du paquet de cigarette s’élèvera à près de 27 euros en Australie.

LAustralie, l’un des pays les plus antitabac au monde, sait se montrer innovant dans sa lutte contre la cigarette. Le paquet neutre, qui arrive tout juste en France, y est apparu fin 2012. Dans les magasins, les cigarettes sont cachées derrière le comptoir du vendeur, enfermées dans un placard où figure le message : « Fumer tue » ou « Arrêtez de fumer ». Le prix : 26,50 dollars australiens (16,76 euros) pour l’une des marques les plus achetées dans le monde. Et le paquet, couleur kaki, est couvert d’images chocs de personnes gravement malades à cause du tabac.

Mais l’Australie ne va pas s’arrêter en si bon chemin. En mai, les mauvaises nouvelles se sont accumulées pour les fumeurs invétérés. Cela a démarré avec la présentation du budget 2016-2017, dont l’une des mesures fortes vise la consommation de tabac. A partir de septembre 2017, chaque année, pendant quatre ans, le prix des paquets de cigarettes augmentera de 12,5 %. Il s’élèvera à près de 27 euros en 2020. Autre mesure restrictive : les fumeurs devront renoncer aux cartouches détaxées des aéroports ou rapportées de l’étranger : seulement 25 cigarettes par voyageur, contre 50 jusqu’ici, sont désormais autorisées par voyageur. Et le gouvernement va augmenter les moyens consacrés à la lutte contre le trafic. Ces mesures devraient rapporter 4,7 milliards de dollars australiens (3 milliards d’euros) à l’Etat.

La longue liste des lieux sans tabac

Le Queensland, dans le nord-est du pays, où environ 3 700 personnes meurent chaque année à cause du tabac, enfonce le clou. « Peut-être qu’un jour, il n’y aura plus de fumée dans notre Etat », s’est récemment pris à rêver Mark McArdle, chargé des questions de santé dans l’opposition libérale. Le 16 mai, le président de l’influente ONG Cancer Council Queensland, Jeff Dunn, a proposé d’interdire la vente de cigarettes aux personnes nées après 2001. « Cela voudrait dire que les jeunes de 15 ans n’auront jamais le droit de fumer », a-t-il expliqué.
Le ministre de la santé de l’Etat, le travailliste Cameron Dick, réfléchirait à cette proposition. Il a fait déjà voter en février une loi renforçant considérablement la lutte contre le tabac. Ainsi est-il désormais interdit de vendre des cigarettes dans les festivals, de fumer aux arrêts de bus, de taxi, à proximité des zones réservées aux enfants, dans des rues piétonnières, dans les zones de restauration, etc. Il a même été question d’inclure les balcons privatifs, mais la mesure a été abandonnée, certains dénonçant une atteinte aux libertés individuelles. Cameron Dick s’est félicité mi-mai : « Fumer est clairement devenu socialement inacceptable dans le Queensland. »
Lire aussi : Le paquet de tabac neutre est-il efficace ? Le cas de l’Australie
Les autres Etats ne sont pas en reste. Le Victoria, où est situé Melbourne, allonge régulièrement la liste des lieux sans tabac. La Tasmanie vient de proposer l’interdiction de fumer jusqu’à l’âge de 21, voire 25 ans. En Nouvelle-Galles du Sud, allumer une cigarette sur une plage de Sydney, c’est s’exposer à une amende de 110 dollars (71 euros).
Toutes ces mesures seraient efficaces à en croire les chiffres du gouvernement : en 1993, 25 % des personnes de plus de 14 ans fumaient, et elles n’étaient plus que 12,8 % en 2013. Et si un tiers des Aborigènes continuent de fumer, la tendance est là aussi à la baisse. Pour la renforcer, l’actuelle campagne antitabac diffusée à la télévision et à la radio s’adresse spécialement à cette communauté.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2016/05/30/cigarette-non-grata-en-australie_4928706_4497271.html#x7CKXDh7SLYkSDIy.99

Une commission de l'ONU chargée de proposer des solutions à la pénurie de professionnels de la santé dans les pays pauvres


Des professionnels de santé discutent de l’état d’un patient atteint de la fièvre de Lassa au Sierra Leone. Photo: UNICEF/Tanya Bindra

2 mars 2016 – Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a annoncé mercredi la création d'une Commission sur l'emploi dans la santé et la croissance économique, qui sera chargée de proposer des solutions pour remédier aux inégalités entre pays riches et pauvres en matière de professionnels de la santé.
« L'économie mondiale devrait créer environ 40 millions de nouveaux emplois dans le secteur de la santé d'ici 2030, principalement dans les pays à revenu intermédiaire et élevé », a déclaré M. Ban dans un communiqué de presse rendu public par un porte-parole de l'ONU. « Malgré cette croissance, nous anticipons une pénurie de 18 millions de professionnels de la santé dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure », a-t-il ajouté.
La nouvelle Commission aura précisément pour tâche de proposer des actions afin de remédier à ces inégalités et de stimuler la création d'emplois dans la santé et le secteur social, en faveur d'une croissance économique inclusive.
« Avoir un nombre suffisant de professionnels de la santé, capables de répondre aux besoins de la population et bien réparties dans le monde entier, sera essentiel à la réalisation des objectifs de développement durable », a déclaré le Secrétaire général. « Je pense que cette Commission apportera une contribution importante à la réalisation de la couverture maladie universelle, la création d'emplois décents et une croissance économique inclusive et transformative ».
La Commission a été créée suite à l'adoption par l'Assemblée générale de l'ONU d'une résolution reconnaissant le rôle de « l'investissement dans de nouvelles opportunités d'emploi du personnel de santé » dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et priant le Secrétaire général d'envisager « des mesures pour répondre à la pénurie mondiale des professionnels de la santé ».
La Commission sera co-présidée par le Président français François Hollande et le Président sud-africain Jacob Zuma, a indiqué le chef de l'ONU, précisant qu'environ 25 commissaires issus d'horizons professionnels divers seront nommés prochainement.
La Commission tiendra sa première réunion le 23 mars 2016 et rendra son rapport final en marge de la 71ème session de l'Assemblée générale, en septembre 2016, a indiqué M. Ban.
http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/la-belgique-bon-eleve-en-matiere-de-soins-de-cardiologie-5847d89acd709a48787c32ca

News Tracker: autres dépêches sur la question
Santé

Enquête internationale sur les systèmes de soins : le Québec parmi les derniers de classe

Accessibilité, informatisation, qualité des soins... le Québec se retrouve le plus souvent parmi les derniers de classe, montre une enquête internationale sur les politiques de santé du Commonwealth Fund de 2015.
Ce sondage a été effectué entre mars et juin 2015 auprès de plus de 11 000 médecins de famille dans 10 pays, dont 455 au Québec, afin de recueillir des données sur leurs perceptions et leurs expériences de soin. Il s’agit de la troisième enquête du genre, après celles de 2009 et de 2012
«Il est préoccupant de constater que, dans tous les domaines mesurés, les résultats du Québec se situent pour la plupart en deçà de ceux du Canada et de l’Ontario», soulève le Commissaire à la santé et au bien-être, Robert Salois, qui a financé un suréchantillonnage afin de pouvoir comparer le Québec avec les autres provinces et les pays participants.
De manière générale, l’accès aux soins reste difficile au Québec, et l’on observe peu d’amélioration depuis 2009. Ainsi, à peine 13 % des médecins de famille affirment que leurs patients peuvent obtenir un rendez-vous le jour même ou le suivant. En Ontario, ce pourcentage atteint 37 % et il est en moyenne de 47 % dans les pays sondés.
Malgré ce manque d’accessibilité, seulement un médecin sur trois indique que son cabinet a mis en place des mesures d’accès pour les patients en dehors des heures d’ouverture de la clinique. La proportion est de 67 % en Ontario et est supérieure à 80 % dans plusieurs pays participants.
L’accès à un médecin spécialiste n’est guère mieux, puisque la majorité des médecins de famille québécois considère que ses patients doivent souvent attendre longtemps avant d’obtenir une consultation médicale spécialisée.
Retard important
En dépit de ce constat, à peine 13 % des médecins de famille québécois affirment que leur performance clinique est comparée à des cibles de performance au moins une fois par an. Le Québec accuse un retard important à ce chapitre. Dans cette enquête, c’est le résultat le plus faible. En comparaison, les deux tiers des médecins ontariens mesurent leur performance clinique.
Les médecins de famille du Québec travaillent en moyenne 35,3 heures par semaine en clinique, alors que ce nombre est de 43,1 heures chez leurs collègues ontariens. Les médecins québécois passent toutefois davantage de temps avec leurs patients (24,6 minutes en moyenne).
Opinion négative
À l’instar des patients, seulement le quart des médecins de famille québécois pense que le système de santé fonctionne assez bien. Ce pourcentage dépasse 50 % dans plusieurs pays.
L’enquête fait en outre ressortir une amélioration notable au Québec du recours aux technologies de l’information. Au cours des six dernières années, la proportion de médecins de famille qui utilise des dossiers médicaux électroniques a triplé, passant de 20 % à 61 %.
Le Québec a du retard à rattraper, car les médecins de famille de nombreux pays sont déjà informatisés.
Le Commonwealth Fund est une organisation américaine à but non lucratif dont le mandat vise à soutenir la prise de décision dans le domaine de la santé.
Enquête internationale sur les systèmes de soins : le Québec parmi les derniers de classe 347 Autres Johanne Roy Johanne Roy Jeudi, 28 janvier 2016 10:00 MISE à JOUR Jeudi, 28 janvier 2016 10:00 Accessibilité, informatisation, qualité des soins... le Québec se retrouve le plus souvent parmi les derniers de classe, montre une enquête internationale sur les politiques de santé du Commonwealth Fund de 2015. Ce sondage a été effectué entre mars et juin 2015 auprès de plus de 11 000 médecins de famille dans 10 pays, dont 455 au Québec, afin de recueillir des données sur leurs perceptions et leurs expériences de soin. Il s’agit de la troisième enquête du genre, après celles de 2009 et de 2012 «Il est préoccupant de constater que, dans tous les domaines mesurés, les résultats du Québec se situent pour la plupart en deçà de ceux du Canada et de l’Ontario», soulève le Commissaire à la santé et au bien-être, Robert Salois, qui a financé un suréchantillonnage afin de pouvoir comparer le Québec avec les autres provinces et les pays participants. De manière générale, l’accès aux soins reste difficile au Québec, et l’on observe peu d’amélioration depuis 2009. Ainsi, à peine 13 % des médecins de famille affirment que leurs patients peuvent obtenir un rendez-vous le jour même ou le suivant. En Ontario, ce pourcentage atteint 37 % et il est en moyenne de 47 % dans les pays sondés. Malgré ce manque d’accessibilité, seulement un médecin sur trois indique que son cabinet a mis en place des mesures d’accès pour les patients en dehors des heures d’ouverture de la clinique. La proportion est de 67 % en Ontario et est supérieure à 80 % dans plusieurs pays participants. L’accès à un médecin spécialiste n’est guère mieux, puisque la majorité des médecins de famille québécois considère que ses patients doivent souvent attendre longtemps avant d’obtenir une consultation médicale spécialisée. Retard important En dépit de ce constat, à peine 13 % des médecins de famille québécois affirment que leur performance clinique est comparée à des cibles de performance au moins une fois par an. Le Québec accuse un retard important à ce chapitre. Dans cette enquête, c’est le résultat le plus faible. En comparaison, les deux tiers des médecins ontariens mesurent leur performance clinique. Les médecins de famille du Québec travaillent en moyenne 35,3 heures par semaine en clinique, alors que ce nombre est de 43,1 heures chez leurs collègues ontariens. Les médecins québécois passent toutefois davantage de temps avec leurs patients (24,6 minutes en moyenne). Opinion négative À l’instar des patients, seulement le quart des médecins de famille québécois pense que le système de santé fonctionne assez bien. Ce pourcentage dépasse 50 % dans plusieurs pays. L’enquête fait en outre ressortir une amélioration notable au Québec du recours aux technologies de l’information. Au cours des six dernières années, la proportion de médecins de famille qui utilise des dossiers médicaux électroniques a triplé, passant de 20 % à 61 %. Le Québec a du retard à rattraper, car les médecins de famille de nombreux pays sont déjà informatisés. Le Commonwealth Fund est une organisation américaine à but non lucratif dont le mandat vise à soutenir la prise de décision dans le domaine de la santé.

Accès aux soins de santé : le Canada à la traîne

Mise à jour le jeudi 28 janvier 2016 à 12 h 56 HNE







La santé au cœur des priorités

Louis-Antoine Lemire louis-antoine.lemire@tc.tc Publié le 28 janvier 2016
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Le Complexe santé Lévis-Les Rivières vise le mieux-être de la population et à répondre aux attentes de la clientèle.
©Photo TC MEDIA-LOUIS-ANTOINE LEMIRE

SANTÉ. Le Complexe santé Lévis-Les Rivières a officiellement été inauguré ce matin, à Saint Nicolas. Le nouveau bâtiment érigé au coût 16 M $ propose une pluralité de services santé.


La clinique regroupe 24 médecins de famille, 21 sont basés à Saint-Nicolas, tandis que trois autres pratiquent au Centre médical de Saint-Agapit.
Également, plusieurs spécialistes du secteur de la santé  seront accessibles pour la clientèle, des chirurgiens, des gynécologues, des infirmières, des orthopédistes, des psychiatres, des pneumologues et des nutritionnistes pour ne nommer que ceux-là. L'établissement  propose un service sans rendez-vous 7 jours sur 7.
«Notre objectif est de donner accès à un médecin de famille à la clientèle inscrite. Notre mandat additionnel est d'offrir un service aux patients orphelins qui n'ont pas de médecin», a expliqué le docteur au Complexe santé Lévis-Les Rivières, Normand Thériault.
Pour sa part, le président-directeur général du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches, Daniel Paré, était très heureux d'assister à l'ouverture officielle de cette réalisation d'envergure.
«Le Complexe santé Lévis-Les Rivières  bonifie notre offre de services en santé en Chaudière-Appalaches. C'est une grande fierté pour moi d'être ici», a-t-il mentionné.
Solution
Quant à lui, le radiologiste Yan Boudreau a prévenu que cette clinique n'est pas la solution à tous les problèmes, mais que «c'est un pas dans la bonne direction.» Pour lui, le mot d'ordre est simple, une personne malade doit être soignée le plus rapidement possible.
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Notons que plusieurs autres spécialistes ont pris niche au bâtiment du 809, route des Rivières à Saint-Nicolas.http://www.lepeuplelevis.ca/actualites/2016/1/28/la-sante-au-c_ur-des-priorites.html

L’économie des seniors se transforme en économie connectée

Le vieillissement de la population ouvre de nouveaux marchés liés à l’informatique et à la télécommunication
La pyramide des âges n'est plus une pyramide. Elle ressemble à un ballon de football, aujourd'hui déformé, qui s'arrondira ces prochaines décennies, comme l'ont constaté, jeudi à Fribourg, la centaine de participants à un forum franco-suisse sur la "silver economy".
Cette expression, désormais consacrée dans les milieux qui se penchent sur les conséquences du vieillissement de la population, n'a aucun rapport avec les matières premières et le commerce de l'argent. Il est certes aussi question de commerce, mais de celui qui doit mieux convenir à la génération des "baby boomers" aux cheveux devenus courts et argentés, et dont la démarche se fait hésitante.
Les nouveaux services aux seniors, évoqués durant le forum organisé par la Haute Ecole spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO), le service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France en Suisse et Business France en Suisse, seront fortement axés sur les appareils connectés. "La silver economy représente un énorme marché encore mal développé car il est tenu par de grandes entreprises historiquement proches des institutions de santé", constate Serge Grisard, patron de Vigisense, petite société genevoise à caractère international spécialisée dans la mise en réseau de systèmes d'alarmes santé.
"La personne dite âgée s'étend aujourd'hui sur deux générations, ce qui signifie que les seniors peuvent booster l'économie", relève Pia Coppex-Gasche, de l'Ecole de santé lausannoise La Source. "Les seniors ne doivent pas être considérés comme un poids pour la société, mais comme une chance", ajoute Luciana Vaccaro, recteur de la HES-SO. En 2020 en Suisse, les plus de 64 ans seront plus nombreux que les moins de 20 ans, et dès 2045, le nombre de personnes de plus de 80 ans pourrait dépasser le million.
L'augmentation de l'espérance de vie entraînée par des soins médicaux de plus en plus performants induit de profonds changements de société et une nette réorientation vers les besoins des seniors qui ne seront plus d'accord, comme la génération précédente, d'être "parqués" dans des homes à attendre la mort dès qu'ils ont perdu une partie de leur autonomie. "Neuf personnes âgées sur dix désirent rester à la maison, même si elles sont fragilisées", constate Henk Verloo, professeur à l'Ecole de santé La Source, qui dirige une étude sur les besoins réels des seniors. "Trop d'études ont été réalisées de haut en bas, sans se soucier des demandes concrètes des seniors", souligne-t-il.
Les objectifs du projet, étalé deux ans, sont de trouver des solutions pour préserver l'autonomie des seniors, lutter contre la solitude de beaucoup d'entre eux, et améliorer leur alimentation. Swisscom et Migros participent au financement de l'étude. Le grand distributeur cherche notamment à mieux comprendre les besoins des personnes âgées afin de pouvoir faciliter leurs achats.
Les progrès de l'informatique et des technologies des objets connectés ouvrent d'énormes possibilités de mise au point de systèmes de prévention et de contrôle de la santé des seniors. Andres Perez-Uribe, professeur d'informatique à l'Ecole d'ingénieurs d'Yverdon-les-Bains (HEIG-VD), travaille sur un système de reconnaissance, par un logiciel, des activités quotidiennes d'un senior. Toute anomalie de comportement (chute, perte d'orientation, confusion), détectée par un smart phone ou une montre connectée, serait ainsi signalée. Mais les progrès technologiques ont obligé les chercheurs à réorienter leur étude. "Au début, nous avons travaillé avec un système de reconnaissance vidéo pour enregistrer les données de comportement. Aujourd'hui, nous utilisons les téléphones portables et les montres connectées, ce qui facilite grandement la récolte des informations", constate-t-il.
Les aides géolocalisées commencent à être mises au point. "Un déambulateur qui permet à un senior de retrouver son chemin et qui freine automatiquement en cas de danger va bientôt être lancé sur le marché", constate Viviane Pasqui, professeur associé à l'Université parisienne Pierre et Marie Curie, qui cite aussi une canne japonaise munie d'un système GPS.
En Suisse aussi des sociétés émergent. "Vigisense décolle financièrement après 5 ans. On profite du boom des objets connectés", constate Serge Grisard, qui emploie 25 personnes dans la commercialisation d'un système de liaison, via une antenne bluetooth locale, des appareils de contrôle de santé dans un établissement de soins.
http://www.letemps.ch/economie/2015/10/29/economie-seniors-se-transforme-economie-connecte 

Projet lémanique pour former davantage de médecins


Les universités de Genève et Lausanne, ainsi que l'EPFL, proposent de former une quarantaine d'étudiants, possédant des bachelors scientifiques ou d'ingénieurs
Les universités de Genève et Lausanne, ainsi que l’EPFL, préparent leur riposte. Suite à la
publication d’un rapport commandé par le Secrétariat d’Etat à la
formation, qui préconise la création d’écoles de médecine à l’américaine
pour lutter contre la pénurie de médecins en Suisse, les hautes écoles
lémaniques peaufinent une contre-proposition commune: au lieu du modèle
des «Medical Schools», elles entendent développer à plus large échelle
l’année passerelle actuellement réservée à un petit nombre d’étudiants.
L’idée? Permettre à une quarantaine de détenteurs d’un bachelor
scientifique d’entrer en médecine après une année de raccordement,
explique Jean-Daniel Tissot, le doyen de la Faculté de biologie et de
médecine de l’Université de Lausanne. «L’EPFL mène en effet des
discussions avec ses partenaires, l’Université de Lausanne et
l’Université de Genève sur le futur de la formation en médecine»,
confirme Madeleine von Holzen, la porte-parole de l’EPFL, sans entrer
dans le détail du projet pour l’instant.

Cette année
passerelle existe depuis trois ans pour donner à certains étudiants la
possibilité de se réorienter vers les études médicales, en rattrapant
des matières comme la physiologie ou l’anatomie par exemple. Elle permet
ainsi à des bacheliers ou à des titulaires de masters venant de l’EPFL,
de facultés des sciences et de biologie d’accéder au master en
médecine. Ceci sur dossier et sur la base d’un entretien. «Peut-on
élargir cette possibilité? La réponse est clairement positive», affirme
Jean-Daniel Tissot. Aujourd’hui, entre 5 et 10 personnes en bénéficient
chaque année, le projet est de passer à une quarantaine; 20 places en
master seraient garanties à Lausanne, dix à Genève, des discussions sont
en cours pour les 10 places restantes.

«Ces 40 médecins
supplémentaires seraient surtout des médecins ingénieurs orientés vers
la médecine de pointe, la recherche, l’ingénierie, par exemple en
radiologie ou en médecine nucléaire. Un autre domaine que nous pourrions
développer conjointement avec l’EPFL concerne le développement d’outils
de simulation pour les étudiants, par exemple en réanimation ou en
dissection», poursuit Jean-Daniel Tissot.

«Notre projet est basé
sur 7 ans d’études. Nous n’entrons pas en matière sur un modèle de
formation en six ans (trois en bachelor et trois en master)», souligne
le doyen. Une formation au cours de laquelle les étudiants commencent
leurs études dans un domaine scientifique, puis suivent une école
médicale plus professionnalisante: cela ressemble davantage à la
formation anglo-saxonne. Ce système a notamment séduit l’ancien recteur
de l’Université de Bâle Antonio Loprieno, mandaté par la Confédération
pour rédiger un rapport sur la formation médicale. Depuis que ce texte a
été publié, il déclenche de nombreuses réactions hostiles. «Cela ne
correspond pas à notre culture. En Europe, la pédagogie médicale s’est
mise en place différemment avec le développement de connaissances
intellectuelles et de compétences médicales pratiques en parallèle dès
le début du cursus», commente Laurent Bernheim, vice-doyen en charge de
l’enseignement à la Faculté de médecine de l’Université de Genève.

Grandes manoeuvres
Le
projet lémanique, comme le rapport Loprieno, s’inscrit dans un contexte
de grandes manœuvres pour aménager, réformer et développer les études
de médecine. Dans sa «stratégie pour lutter contre la pénurie de
médecins et encourager la médecine de premier recours», le Conseil
fédéral était parvenu à une estimation des besoins en formation: il
fallait, selon lui, entre 1200 et 1300 médecins supplémentaires par an,
soit une hausse d’environ 40% des 700 à 800 diplômes délivrés chaque
année en Suisse. Pour soutenir l’augmentation du nombre d’étudiants,
quelques 100 millions sur quatre ans ont été promis par la Confédération
en juin dernier; ce crédit fera partie du Message sur la formation, la
recherche et l’innovation 2017-2020, qui devrait être présenté au début
2016.

La promesse de cette manne fédérale a excité les ambitions.
Plusieurs cantons et hautes écoles ont développé des projets d’études de
médecine. C’est le cas du Tessin (pour un master), de Saint-Gall, de
l’EPFZ (avec un projet de bachelor) ou de Fribourg. Le Conseil d’Etat a
confirmé mardi que le canton bilingue souhaite mettre en place un master
«avec un programme orienté vers la médecine de famille», après le
bachelor déjà proposé à l’Université de Fribourg. Le «nombre de médecins
formés en Suisse ne couvre pas les besoins (du) système sanitaire qui
fait massivement appel aux diplômés venant de l’étranger», constate le
gouvernement.

Le projet lémanique, lui, ne vise pas spécifiquement
la médecine de premier recours; il s’agit plutôt, en formant des
ingénieurs-médecins de «répondre aux enjeux technologiques du futur et
aux besoins d’une médecine hautement spécialisée», souligne Laurent
Bernheim. «Nous réfléchissons à la meilleure manière de réinventer et de
développer la formation médicale», complète Jean-Daniel Tissot.
S’agissant de la lutte contre la pénurie, les deux facultés de médecine
ne partent pas de zéro. Elles ont déjà augmenté leurs capacités: à
Lausanne, le nombre de diplômés passera de 110 en 2009 à 220 en 2019; à
Genève 150 médecins seront formés chaque année dès l’année prochaine,
soit un total de 370 par an. «La Suisse romande représentant 25% de la
population, on peut ainsi considérer, estime Laurent Bernheim, qu’elle
forme suffisamment de médecins, contrairement à la Suisse alémanique.»
C’est sans doute ce qui explique que le dossier soit bien plus brûlant
et polémique outre-Sarine.


Catherine Dubouloz

@letemps
Santé

Pourquoi lutter contre la surmédicalisation est si difficile

Traiter moins pour soigner mieux: 400 médecins ont présenté lors d’un récent congrès à Lugano des initiatives pour réduire les thérapies inutiles. Mais les résistances sont encore nombreuses, souvent pour des raisons financières
Le principe est ancré dans l'inconscient collectif: bénéficier de plus de soins médicaux permettrait d'être en meilleure santé. Pourtant, cette idée préconçue d'une médecine triomphante est aujourd'hui mise à mal par une réalité économique implacable, celle de l'explosion des coûts des systèmes de santé, responsable en Suisse de la douloureuse et constante augmentation des primes d'assurances maladie.
Les preuves scientifiques tendent également à s'accumuler contre la multiplication de certains gestes médicaux coûteux et inutiles, voire délétères pour le patient dans certaines circonstances.On pense notamment au dosage systématique de l'antigène prostatique spécifique (PSA) pour dépister le cancer de la prostate, à la poursuite à long terme d'un traitement d'inhibiteurs de la pompe à proton (contre l'acidité gastrique), à la prescription d'antibiotiques en cas d'infections des voies aériennes supérieures sans signe de gravité ou encore au fait d'effectuer des radios pour des douleurs lombaires récentes et peu inquiétantes. Autant d'actes qui sont de potentielles sources d’effets secondaires importants, ou encore  de  faux positifs, lorsque des cancers ou d’autres maladies sont diagnostiqués à tort.

22% d'actes inutiles en Suisse

Ce constat a fait émerger une tendance de fond, celle du less is more. Lancée en 2012 par l'American Board of Internal Medicine aux Etats-Unis, la campagne Choosing Wisely a rapidement fait des petits. Elle a depuis été adoptée par 17 pays, dont la Suisse en 2014. Le mouvement, qui vise notamment la publication de listes d'interventions n'apportant pas de bénéfices pour les patients mais aussi à sensibiliser le public à la problématique de la surmédicalisation, cherche à atteindre une rationalisation des soins sans pour autant les rationner.

Aux Etats-Unis, où 30% des actes médicaux sont jugés inutiles, près de 70 sociétés de spécialistes ont adhéré au mouvement en créant leurs propres directives.
Mais l’enthousiasme est loin d'être partagé dans notre pays. Jusqu'à présent, seule la société suisse de médecine interne, véritable pionnière, s'est lancée dans l'aventure en publiant sa propre liste en 2014, qui sera suivie de directives visant la médecine interne en milieu hospitalier au printemps 2016. Elle sera peut-être imitée prochainement par la société suisse d'Oto-Rhino-Laryngologie.
En attendant, nous sommes loin de faire figure de modèle. Dans une enquête menée par comparis.ch en 2012, 22 % de la population estimait avoir été traitée inutilement par un médecin. Encore plus inquiétant, 34 % des poses de stents cardiaques y seraient inadaptés, les taux d'arthroscopies y augmentent de 20 % par an et l'on pratique deux fois plus de pose de prothèses de hanche et de genoux que chez nos voisins français.

Primes des médecins

Cette multiplication d’actes médicaux aux bénéfices douteux interroge de nombreux spécialistes. «Pourquoi les praticiens ne prennent-ils pas toujours des décisions dans l'intérêt des patients?, s'interroge Jürg Schlup, président de la Fédération des médecins suisses (FMH). Cela s'explique principalement par des questions de conflits d'intérêts économiques». Ainsi, les primes perçues par près de 20 % des médecins-adjoints et des médecins-chefs pour des actes lucratifs, ruinerait en premier lieu tout effort de rationalisation des soins.
«Aussi longtemps que vous êtes payé à l'acte, il n'y a pas beaucoup d'incitations à réduire le nombre de vos prestations, précise le conseiller national Ignazio Cassis (PLR/TI), vice-président de la commission de la sécurité sociale et de la santé. C'est pourquoi les résistances sont bien plus nombreuses dans le secteur ambulatoire qu’hospitalier.»
L'intention de se protéger d'éventuels conflits juridiques pousse également à la multiplication des tests. «Beaucoup pratiquent aujourd'hui une médecine défensive, s'inquiète Jürg Schlup. 41% des généralistes et 43% des internistes ont ainsi reporté avoir fait un dépistage du PSA pour se protéger des litiges.»

Le problème est que personne ne se sent vraiment responsable, il n'y a ni institut ni argent pour mener ce genre d'étude en Suisse
Un frein majeur réside également dans le manque de monitorage systématique de la campagne en Suisse, une procédure indispensable si l'on souhaite mesurer les impacts réels de ce mouvement et influencer en profondeur les pratiques. A San Francisco par exemple, une étude par départements et par praticiens a permis de réduire considérablement le taux de transfusions sanguines sans effets néfastes sur les patients. «Ce genre de données peuvent clairement modifier les comportements des médecins», confirme Wendy Levinson, professeure de médecine à Toronto et responsable de la campagne canadienne de Choosing Wisely.
«Le problème est que personne ne se sent vraiment responsable, il n'y a ni institut ni argent pour mener ce genre d'étude en Suisse, déplore le professeur Nicolas Rodondi, médecin-chef à l'Inselspital de Berne et coordinateur d'un projet à l'échelle européenne sur la surprescription de médicaments aux personnes âgées. Autant dire que l'industrie n'y trouverait aucun intérêt et les assurances argumentent qu’elles ne peuvent pas soutenir financièrement un tel monitorage car les dispositions de la Lamal ne le permettent pas.»

Initiatives isolées

Ce manque de coordination entre les professionnels de la santé a des conséquences:«En Suisse, contrairement au Canada où les acteurs concernés se sont mis autour de la table, aucun objectif concret n'a encore été fixé, explique Oliver Peters, vice-directeur de l'Office Fédéral de la Santé Publique. Il est dès lors très difficile de mettre en place un monitorage. De plus, de nombreux prestataires ne se trouvent pas sous le contrôle public. Le secteur ambulatoire est largement privé et donc peu structuré, contrairement au milieu hospitalier où les résultats sont davantage mesurables.»Des initiatives ont toutefois vu le jour afin de contrer cette inertie.
Le canton du Tessin a ainsi décidé de comparer les pratiques des différents services de quatre de ses hôpitaux dans l'utilisation des benzodiazépines, la prescription d'antibiotiques et d'inhibiteurs de la pompe à proton. Des résultats communiqués de façon transparente à tous les acteurs concernés.
Une démarche similaire a également vu le jour au niveau national par l'équipe des professeurs Rodondi et Aujesky à Berne. Après une année, les négociations sont toujours en cours afin d’obtenir l’accès aux données collectées par l'Office Fédéral de la statistique. Elles permettront de comparer la surutilisation, au sein des hôpitaux suisses, d'une dizaine de procédures telles que les hystérectomies, l’utilisation de stents cardiaques, les vertébroplasties ou encore la pose de prothèses orthopédiques. «Nous espérons les premiers résultats au cours des six premiers mois de l'année prochaine», précise Nicolas Rodondi.
Si l'on se fiche de qui paie la facture, le système court à sa perte
Au final, l'autre versant de ce changement de paradigme concerne les patients eux-mêmes. Car les progrès médicaux ont eu pour corollaire de susciter des attentes énormes, alimentées par l'explosion des primes. «C'est la raison pour laquelle cette situation doit être soutenue par les organisations de consommateurs, argumente Ignazio Cassis. Il y a une certaine divergence entre le fait que l'on se plaigne chaque automne des primes qui augmentent et le fait que celles-ci doivent objectivement couvrir les coûts. Si l'on se fiche de qui paie la facture, le système court à sa perte. Il faut donc une action citoyenne plus forte.»
Une démarche de sensibilisation qu’a entrepris la Fédération Romande des Consommateurs (FRC): «Nous allons établir, sur la base de tables rondes entre soignants et assurés, une check-list permettant aux patients de mieux se préparer à un entretien chez le médecin», explique Mathieu Fleury, secrétaire général de la FRC. Cette initiative prendra la forme de fiches devant paraître en 2016 et aura notamment pour but d'initier une communication plus constructive entre le patient et son médecin.

Cinq questions à poser à son médecin pour limiter les risques de surdiagnostic
1. Ces tests, j’en ai vraiment besoin? Un examen sur trois serait inutile, selon les estimations.
2. Quels sont les risques? Il faut connaître les effets secondaires ou la probabilité de faux positifs.
3. Y a -t-il des options plus simples ou plus sûres? Parfois, changer son mode de vie peut conduire aux mêmes résultas qu’un traitement médicamenteux.
4. Qu’est-ce qui se passera si l’on ne fait rien? Certaines opérations, comme celles du dos, n’induisent pas de bénéfices particuliers.
5. Combien cela va coûter? Il n’est pas inutile de demander si les procédures seront couvertes par l’assurance maladie ou si il existe des génériques.
http://www.letemps.ch/sciences/2015/10/09/lutter-contre-surmedicalisation-difficile

Un remède réussit à freiner la pénurie de généralistes

SantéLe cursus ForOm pour les médecins de famille, lancé en 2010, a débouché sur l’installation de onze d’entre eux dans le Nord vaudois.

Hanga Monigel (à gauche) et Laure Sewer-Burdet ont choisi de se mettre à leur compte, dans une permanence médicale à la policlinique d’Orbe. Elles y travaillent avec leur collègue Fabien Saillen, rencontré lors de la formation ForOm NV.
Hanga Monigel (à gauche) et Laure Sewer-Burdet ont choisi de se mettre à leur compte, dans une permanence médicale à la policlinique d’Orbe. Elles y travaillent avec leur collègue Fabien Saillen, rencontré lors de la formation ForOm NV. Image: CHRISTIAN BRUN

Par Céline Duruz 03.09.2015

Faire collaborer les cabinets de médecins privés, les hôpitaux, les membres d’interprofessions et les docteurs encore en formation: c’est le défi que s’est fixé un groupe de professionnels de la santé il y a cinq ans dans le Nord vaudois en proposant aux jeunes praticiens une formation postgraduée en médecine interne, ForOm NV. La sonnette d’alarme a été tirée il y a une dizaine d’années, lorsque les directeurs sanitaires cantonaux se sont rendu compte qu’il y aurait bientôt une pénurie de généralistes.
Le signal a été particulièrement bien reçu dans le Nord vaudois, qui a lancé ForOm en 2010, profitant de la très forte impulsion de la santé publique. En cinq ans, ce système a débouché sur l’installation de onze généralistes indépendants, âgés de 34 à 43 ans, dans le Nord vaudois et le Gros-de-Vaud. «Notre objectif de base est atteint, se réjouit le coordinateur de cette formation, le Dr Olivier Pasche, à l’heure du premier bilan. Ces installations sont un beau salaire.»
Un réseau solide
Mardi dernier, ce sont Laure Sewer-Burdet et Hanga Monigel qui ont ouvert leur permanence médicale à la policlinique d’Orbe, cabinet qu’elles partagent avec Fabien Saillen. Tous souhaitaient devenir médecin de famille, pour la diversité du métier et pour pouvoir créer des liens à long terme avec leurs patients. Une vocation qu’ils ont pu réaliser après un passage dans le cursus ForOm. C’est aussi par ce biais qu’ils ont appris que des médecins étaient recherchés à Orbe, à la suite du départ à la retraite du docteur Claude Cachin.
«Cette formation nous a permis de travailler à l’hôpital et en cabinet avec des médecins qui ont de la bouteille, ce qui est très enrichissant, raconte Laure Sewer-Burdet. Au final, on se connaît tous, on peut s’appeler au besoin, cela va au-delà de la simple collaboration professionnelle.» Le fait qu’une structure fédère des personnes suivant le même but permettrait aussi de valoriser le métier de généraliste. «On est plus reconnu aujourd’hui», estime la doctoresse Sewer-Burdet.
Depuis cinq ans, une cinquantaine de médecins ont suivi ce cursus. Une trentaine de personnes s’y intéressent chaque année. «On sent qu’il y a une émulation, que certains ont envie d’être médecin de famille et ne veulent pas rater le coche, ajoute Olivier Pasche. Ils sentent qu’ils ne sont pas seuls dans ce cas.»
Ancrage régional
En leur proposant une formation allant de six mois à cinq ans dans une même région géographique, ForOm a aussi misé sur le fait que ces jeunes praticiens s’installeront pour de bon dans la région, en y fondant peut-être une famille. Ce qui a l’air de fonctionner. «Je suis venue travailler dans le Nord vaudois pour prendre part à ForOm, confirme Hanga Monigel. Et ça me plaît bien, ce cursus est aussi une belle publicité pour la région.»
Pour Jean-François Cardis, directeur général des Etablissements hospitaliers du Nord vaudois (EHNV), l’un des principaux partenaires du projet, cet ancrage régional est une réussite. «Je suis très content que cette idée ait émergé il y a cinq ans et surtout qu’elle se soit concrétisée sur le terrain, note-t-il. Il y a eu un vrai investissement pour garder les médecins ici après leur formation.»
Ces nouvelles installations tombent à pic, les départs de médecins de campagne atteignant l’âge de la retraite se succédant. «A cause de la clause du besoin notamment, qui a interdit la création de cabinets indépendants pendant des années, il y a eu un trou, constate Olivier Pasche. Il y a par exemple peu de médecins de famille quinquagénaires alors que nombre d’entre eux arrivent à la retraite. ForOm a été lancé au bon moment pour compenser un peu les départs.»
Paysage en mutation
Ce cursus a aussi redynamisé les liens entre les médecins installés et les hôpitaux. Un fossé s’était creusé entre ces deux milieux dans les années 2000, constate Olivier Pasche. «Dans les années 1950-1960, les médecins de famille suivaient leurs patients jusque dans les hôpitaux. Puis le lien s’est détendu au fil des ans. Grâce à ForOm, les contacts ont pu être recréés et, aujourd’hui, le réseau est plus vivant.»
Si cette formule a réussi à partiellement enrayer la disparition de généralistes dans certaines régions, notamment celles d’Yverdon ou de Cossonay, d’autres se vident peu à peu, comme la Broye. «Il faut trouver un équilibre entre pénurie et pléthore de médecins, conclut Olivier Pasche. Le paysage médical romand change très vite. Il y a aujourd’hui l’émergence d’un mélange de structures gérées par des hôpitaux et de grands cabinets de groupe. De notre côté, on croit en l’indépendance d es médecins.» (24 heures)
(Créé: 03.09.2015, 18h03)

Les patients veulent «leur» médecin

Une étude, nommée «PERSO», a été réalisée par ForOm Nord vaudois depuis 2012 dans les établissements de la région. Elle doit servir à donner un éclairage sur les motivations de la population à se rendre plutôt chez un médecin généraliste ou directement à l’hôpital en cas de besoin.

Les chercheurs souhaitaient savoir ce qui motive les patients dans leur choix. «Il nous manquait des données sur le vécu des gens, explique le Dr Olivier Pasche. Qu’est-ce qui les pousse à faire leur choix? C’est une vraie question de santé publique.»

Plusieurs interviews ont été menées dans le cadre de cette étude qualitative. Les résultats montrent que ce qui compte, pour le patient, c’est avant tout d’avoir un lien personnalisé avec «leur» docteur. «Les gens aimeraient avoir leur propre médecin, ce qui ne peut pas toujours être le cas. L’important est la confiance qui s’instaure avec lui. Mais s’il n’est pas là, les malades disent préférer se rendre dans leur hôpital régional, avec lequel ils ont aussi un vrai lien, plutôt que dans une autre structure», poursuit Olivier Pasche.

Beaucoup déplorent aussi le temps d’attente aux urgences ou dans les cabinets, phénomène en partie lié à la pénurie de médecins de premier recours. «Il faut trouver un équilibre, ces deux milieux fonctionnent comme un système de vases communicants», conclut Olivier Pasche.
 http://www.24heures.ch/vaud-regions/nord-vaudois-broye/Un-remede-reussit-a-freiner-la-penurie-de-generalistes/story/26790473

Santé

Voici venu le robot-pharmacien, qui prépare les chimiothérapies

Aux Hôpitaux universitaires de Genève, une partie des substances utilisée en oncologie est désormais préparée par un automate. Une première en Suisse
Deux paires de gants, deux pantalons, deux camisoles, les mains lavées sous toutes les coutures deux fois, sans oublier d’enfiler une cagoule et un masque de protection… Pour assister à une démonstration de PharmaHelp, deux précautions valent mieux qu’une. Installé dans la pharmacie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), cet automate prépare tout seul – ou presque – les poches contenant les chimiothérapies prescrites aux patients atteints de cancer, substances injectables élaborées dans la stérilité la plus stricte.
L’établissement genevois achève ces jours-ci une phase de test de l’appareil qui aura duré plusieurs mois. A partir de fin octobre, de «vrais» patients commenceront à recevoir leurs traitements de chimiothérapie préparés par cet automate. Une prouesse technologique proposée par l’Allemand Fresenius et dont peuvent se targuer trois à quatre hôpitaux dans le monde, et aucun autre en Suisse, explique Pascal Bonnabry, le pharmacien-chef des HUG.

Robot à seringue

Une fois sa combinaison enfilée, le profane ne remarque guère l’automate. Le petit laboratoire est garni de hottes de sécurité, ces espèces de paillasses étanches fermées par une paroi de plexiglas dans laquelle deux trous sertis de gants permettent de passer les bras. Le robot PharmaHelp est installé dans l’une d’entre elles, au fond de la salle.
Oubliez le robot façon Z-6PO à la Star Wars: cet automate est bien plus discret, et heureusement moins bavard. Imaginez un robot uniquement constitué… de deux bras! Le premier est une sorte de rack métallique de quelques dizaines de centimètres de long sur lequel sont suspendues, la tête à l’envers, jusqu’à dix poches en plastique remplies de liquide physiologique, ainsi que les flacons contenant les produits chimiothérapiques proprement dits. Le second est un petit carrousel accueillant différentes seringues. Voilà pour sa morphologie. Sa tâche, à présent: prélever les médicaments contenus dans les flacons à l’aide des seringues et les injecter dans les différentes poches afin de les y diluer.

En vidéo. Le robot-pharmacien aux HUG

Expliqué ainsi, tout cela a l’air facile. En réalité, ça l’est moins. Chaque poche finale est unique et personnalisée, elle représente un patient à qui un oncologue a prescrit une chimiothérapie. Il faut donc s’assurer que ces derniers reçoivent bien le bon médicament, au bon dosage. Pour préparer ces médicaments qui s’attaquent aux cellules, les pharmaciens naviguent à la frontière entre remède et poison. Leur marge d’erreur est pour ainsi dire inexistante: administrer 6 millilitres de produit au lieu de 4 peut s’avérer néfaste. «En chimiothérapie, la dose thérapeutique est très proche de la dose toxique», rappelle le pharmacien Laurent Carrez.


Avec l’automate, les erreurs de dosage – heureusement déjà rares – devraient encore se réduire. Là où un être humain peut confondre deux poches, le robot les identifie grâce à des puces de radio-identification (RFID), du type de celles qu’on trouve dans les passeports ou les cartes sans contact. Là où prélever dix millilitres de liquide avec une précision chirurgicale demande habileté et concentration extrêmes, le PharmaHelp le fait sans broncher. Sans jamais se tromper? Le risque zéro n’existant pas, tout est de toute façon vérifié lors de plusieurs étapes. Une fois les poches préparées, des balances ultra sensibles s’assurent par exemple que la nouvelle masse des poches correspond bien à leur poids initial majoré de la masse des liquides ajoutés, compte tenu de leur densité.
Lorsqu’il travaille, l’automate PharmaHelp ne va pas se servir dans les armoires: l’intervention humaine demeure évidemment indispensable, explique Laurent Carrez en préparant les poches qui vont servir à la démonstration. «Mais une fois flacons et seringues en place, on peut se consacrer à d’autres tâches moins pénibles».


Dans ces environnements ultra-sécurisés, le travail est vite traumatisant pour l’organisme. Pour le comprendre, il faut adopter ne serait-ce qu’une seule fois la posture exigée pour préparer les poches manuellement. Assis sur un tabouret, les bras tendus et plongés dans des gants remontant jusqu’aux épaules, la tête en avant pour tenter de voir ses mains de l’autre côté de la paroi… au bout de quelques secondes, la position est déjà difficilement tenable. «Ceux qui travaillent longtemps dans ces positions peuvent finir par avoir des problèmes de dos», assure Laurent Carrez. Et c’est justement après plusieurs heures de concentration dans ces conditions que les erreurs peuvent survenir.
Pour Pascal Bonnabry, l’automate répond parfaitement aux besoins de son équipe. Le nombre de cancers augmente, tout comme la pharmacopée disponible. «De 10 000 poches par an en 2000, nous sommes passés à 20 000 poches en 2015, avec des moyens humains identiques. Ce robot nous permet donc d’être plus productifs et, en tant qu’établissement universitaire, nous sommes heureux de pouvoir faire ce travail de recherche, en étant les premiers en Suisse à tester cette nouvelle technologie.»

Fabien Goubet

@fabiengoubet



















En Suisse, 2,2 millions de personnes souffrent de maladies chroniques
santé vendredi 21 août 2015
 Pascaline Minet
Si l’espérance de vie en Suisse reste parmi des plus élevées au monde, les maladies chroniques touchent un habitant sur cinq. (Keystone)

Les Suisses paient un lourd tribut aux pathologies chroniques comme la dépression, les maladies cardiovasculaires et le diabète. Un nouveau rapport suggère des pistes pour mieux les prendre en charge
Diabètes, rhumatismes, maladies cardiovasculaires, dépressions… En Suisse, près de 2,2 millions de personnes souffrent de maladies chroniques d’origine non infectieuse. Au-delà de 50 ans, un Suisse sur cinq est même atteint de plusieurs de ces pathologies en même temps: on parle alors de multimorbidité. Ces chiffres, révélés dans le Rapport national sur la santé 2015 de l’Observatoire suisse de la santé, donnent une idée du défi posé par ces pathologies en pleine progression dans la population helvétique. Des adaptations s’imposent à la fois dans l’organisation des soins et dans la prévention, préviennent les experts de la santé publique.
L’espérance de vie en Suisse étant d’ores et déjà une des plus élevées au monde, il s’agit désormais non pas de continuer à promouvoir une baisse de la mortalité, mais plutôt d’essayer d’augmenter le nombre d’années vécues en bonne santé. Tel est le constat dressé par le nouveau rapport sur la santé publié aujourd’hui. De nombreuses personnes font l’expérience d’une fin de vie entachée par la maladie. Et il s’agit bien souvent d’une – ou plusieurs – maladie chronique. Ce type de pathologies serait responsable de 88% des pertes d’années de vie en bonne santé en Suisse, d’après le rapport.
Les principaux maux concernées (du fait de leur prévalence) sont le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires et respiratoires, la dépression, la démence et les pathologies de l’appareil locomoteur, douleurs dorsales et arthrose notamment. Des pathologies qui touchent surtout les classes les plus âgées de la population mais pas seulement: certains troubles psychiques, notamment, ont tendance à apparaître précocement. «La progression des maladies chroniques en Suisse s’explique par le vieillissement de la population et par l’évolution des modes de vie», explique Monika Diebold, la directrice de l’Observatoire suisse de la santé. De plus en plus de personnes résident en ville et ont des métiers sédentaires. La disponibilité et la qualité des aliments ont aussi changé. La proportion de personnes en surpoids ou obèses dans la population totale est passée de 30% en 1992 à plus de 40% en 2012. Autant de facteurs qui ont un impact sur la santé.
Malheureusement, le système de santé helvétique est mal armé face aux maladies chroniques. «Il a typiquement été conçu pour soigner les maladies aiguës, pas celles qui s’installent sur le long terme», estime Monika Diebold. Une des conséquences serait un manque de coordination entre les professions médicales, les différents spécialistes s’attachant chacun à un aspect d’une pathologie sans forcément communiquer avec les autres. «Or les soins aux malades chroniques doivent être intégrés, surtout en cas de multimorbidité. Si, par exemple, une personne souffre de diabète, de rhumatismes et de dépression, il est important que les spécialistes qui la soignent aient des échanges», mentionne Monika Diebold. Par ailleurs, le rapport de l’Observatoire suisse de la santé fait état de critiques formulées par les patients chroniques: ils sont nombreux à penser que les médecins leur accordent trop peu de temps et prennent insuffisamment en compte leur situation personnelle.
Un autre aspect problématique lié aux maladies chroniques est celui des coûts. Leurs coûts directs ont totalisé 51 milliards de francs en 2011, révèle le rapport. Soit environ 80% des dépenses de santé en Suisse! Les coûts indirects liés aux interruptions de travail, départ à la retraite anticipés et soins informels s’élèveraient selon les estimations à 30 à 40 milliards de francs par an.
Face à ce constat, quelles solutions? L’Observatoire suisse de la santé promeut de nouveaux modèles de prise en charge inspirés du Chronic care model (CCM), reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé pour les soins médicaux aux malades chroniques. «Il ne s’agit pas d’une recette précise mais plutôt d’éléments-clé à mettre en œuvre, comme le fait d’accorder une grande autonomie aux patients, d’impliquer une équipe pluridisciplinaire et de partager les informations entre les différents acteurs», indique Nicolas Senn, responsable du groupe de recherche de médecine de premier recours de la Policlinique Médicale Universitaire de Lausanne.
Dans une étude à paraître, le médecin et son équipe ont recensé les structures correspondant à ces caractéristiques en Suisse. Ils en ont identifié seulement 44! Même si le nombre de ces programmes a fortement augmenté depuis 2007, l’offre existante est encore loin de couvrir l’ensemble des besoins du pays, d’après le rapport. «Il existe tout de même des programmes intéressants, notamment pour les personnes souffrant de multimorbidité. Des projets menés à l’initiative de compagnies d’assurances proposent aux patients l’appui d’une personne de référence capable de les aiguiller vers les différents spécialistes et de gérer un plan de soins, ce qui est précieux», relève Nicolas Senn.
Le rapport insiste aussi sur l’importance de revoir la prévention. De nombreuses pathologies chroniques sont liées à des facteurs de risques tels l’obésité, le tabagisme, l’alcoolisme ou encore le manque d’exercice physique. «En plus des campagnes de prévention traditionnelles, basées sur des messages de santé à destination du public, il serait important de renforcer la prévention structurelle. C’est-à-dire d’adapter l’environnement dans lequel la population évolue afin qu’elle soit à même de mettre en œuvre ces messages», souligne Monika Diebold.
Un des aspects de cette prévention structurelle concerne la mobilité douce. Se déplacer régulièrement à pied ou à vélo est bénéfique pour la prévention des maladies cardiovasculaires et du diabète, notamment. Les études montrent cependant que les personnes adoptent plus volontiers ces modes de déplacement s’ils peuvent le faire de manière sûre et confortable. Or les villes suisses sont encore insuffisamment aménagées en ce sens; elles devraient mieux prendre en compte la mobilité douce dans leur planification, estime le rapport. «La prévention des maladies chroniques ne concerne pas seulement le domaine médical, elle devrait être prise en compte dans tous les aspects de la société», considère Monika Diebold.
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http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b2a9d174-4734-11e5-85d0-41b5fd577541/En_Suisse_22_millions_de_personnes_souffrent_de_maladies_chroniques

Les Français en bonne santé mais des inégalités subsistent

Le Monde.fr | 12.02.2015 à 11h43 • Mis à jour le 12.02.2015 à 18h47 | Par Elisa Bellanger, Paul Benkimoun et François Beguin

  • François Beguin
  • Elisa Bellanger
    Journaliste au Monde
https://blogger.googleusercontent.com/img/proxy/AVvXsEjoc7tLOlHIz8vdpM0204cGKwEuBxI70AftRgmmjo4UQXWB6haj6z_d2MLRPb_-4O6yrkGXOk4Zvz7KYb76i8uM76M-1CZIIcv-132nJtyTZ92d4MkWTOH6S-zc7eJOyYrofCnoLh2hlT6MVY58=
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Thijeanic il y a 3 jours
syndrome de la stupidité du modèle statistique courant : les français en bonne santé. Ah bon ? On ne meurt plus dans ce pays ? Galéjade, c'est juste une ambition de nos élites de nous prouver à quel point ils nous rendent heureux... La bonne santé, c'est pas de drogues, pas d'alcool, mais des tranquillisants, des somnifères ! Alzheimer ? Ok, bonne santé si c'est 5 années à vivre en plus. Les chiffres c'est vulgaire, parfois. Je vous souhaite à tous une vie pleine.
 
Info Trois G il y a 3 jours
"Comment doit on l'interpréter:"verre à moitié vide ou verre à moitié plein"?Analyse globale de la DRESS:Quelles données: Rég Soc branche maladie",les anamnèses sont archivées,non exploitées pour traiter les dossiers des adhérents,l' NSERM: nb de dossiers traités par pathologie impactant les cptes des Assurances sociales/Constat à postériori du nombre de patients soignés?.Et ceux qui n'ont pas ou plus accès aux soins par manque de moyens et/ou de services inexistants,supprimés,trop éloignés..?
 

Le métier d’infirmier ne sera bientôt plus une profession auxiliaire
Une décision historique a été prise par la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique: l’initiative parlementaire du conseiller national Rudolf Joder, qui prône la reconnaissance de la responsabilité de la profession pour ses propres prestations, a été adoptée à une large majorité
«Le personnel infirmier devrait, dans le futur, pouvoir facturer aux assurances ses prestations sans prescription médicale», s’est félicité dans un communiqué Pierre Théraulaz, président de l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI). La profession fait un pas de plus vers la reconnaissance de ses responsabilités pour ses propres prestations. La Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national (CSSS) a en effet accepté l’initiative parlementaire du conseiller national Rudolf Joder qui va dans ce sens par 19 votes contre 3.
L’association cherche à atteindre cet objectif depuis plus d’une décennie. Dans leur profession, les infirmières et infirmiers fournissent de nombreuses prestations sous leur propre responsabilité: soutien des patients dans leurs activités de la vie quotidienne, dans les soins corporels et l’alimentation, prévention des complications comme les escarres ou les thromboses, conseils aux patients et à leurs proches visant à promouvoir leur autonomie, etc. Mais, pour que ces prestations soient remboursées par les caisses maladie, la signature du médecin est indispensable, ce qui cause des frais administratifs absolument inutiles, indique l’association.
«Il s’agit d’un pas historique pour la profession infirmière. Enfin il est reconnu que les soins infirmiers ne sont pas une profession «d’assistance médicale» et que ces professionnels sont capables d’assumer la responsabilité pour leurs propres prestations, également vis-à-vis des caisses maladie à qui elles pourront facturer directement les prestations concernées», poursuit Pierre Théraulaz.
Profession plus attrayante
Les infirmières veulent être reconnues comme «compétentes et responsables». Pierre Théraulaz ajoute: «Nous pourrons participer de manière efficiente aux enjeux en termes de vieillissement de la population, de chronicité et même de pénurie de personnel.»
Dans le contexte des difficultés majeures de la profession à lutter contre une pénurie importante de personnel infirmier, la décision de la CSSS devrait assurément rendre la profession plus attrayante.
Par contre, dans le modèle médico-délégué utilisé dans les domaines diagnostique et thérapeutique, rien ne changera. Les médecins continueront de prescrire les mesures de traitement, comme l’administration des médicaments, la pose de cathéters ou une thérapie respiratoire.
La modification de la loi doit être mise en consultation avant de passer au Conseil national et au Conseil des Etats.

Vaccin: un nanopatch qui pourrait tout changer

LE MONDE ECONOMIE | 23.01.2015 à 12h16 • Mis à jour le 23.01.2015 à 12h18 | Par Chloé Hecketsweiler

image: http://s2.lemde.fr/image/2015/01/23/534x0/4562312_6_492d_invente-par-un-chercheur-australien-mark_94101198ea1ebb4d8068e83c10ee50a2.jpg

Et si un petit carré de silicone à peine plus grand qu’un cachou pouvait changer la face du monde ? Inventé par un chercheur australien, Mark Kendall, le nanopatch pourrait bientôt reléguer aux oubliettes de l’histoire les seringues utilisées depuis plus d’un siècle pour administrer les vaccins. Hérissé de 20 000 nano-aiguilles enrobées d’antigènes (le principe actif du vaccin), il déclenche une réponse du système immunitaire en sollicitant les cellules de la peau qui sont très sensibles.

Indolore, le nanopatch a aussi le mérite d’être bon marché. Il peut être fabriqué pour moins de 50 centimes de dollars à partir de silicone ou de bicarbonate, et il requiert une dose d’antigène minime (moins de 1 % de la dose utilisée dans les vaccins classiques). Autre atout : il est stable à température ambiante. « S’affranchir de la coûteuse et fragile chaîne du froid changerait tout », s’enthousiasme Seth Berkley, de Gavi Alliance, qui finance des campagnes de vaccinations dans le monde.
Les essais cliniques commencent tout juste, mais cette technologie a déjà conquis l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que le laboratoire américain Merck. M. Kendall est aussi cette semaine l’un des invités d’honneur du Forum de Davos qui a décerné à sa start-up Vaxxas le label très convoité de « Technology Pioneers ».
« J’ai toujours voulu faire quelque chose de grand », plaisante le scientifique de 42 ans. « Je rêvais d’être pilote dans l’armée de l’air australienne, mais comme je porte des lentilles de contact, j’ai été recalé », raconte-t-il. Devenu ingénieur, il débute sa brillante carrière à Oxford. C’est là qu’il découvre l’univers des maladies infectieuses. Avec d’autres chercheurs, il développe une première technologie consistant à projeter des microparticules de vaccin à la surface de la peau à une vitesse de 2 000 km/heure. Trop compliqué, trop cher, estime-t-il.

Une aubaine pour certains pays

De retour en Australie, à l’université du Queensland, il développe une idée née d’une rêverie. « Je m’ennuyais à une conférence et j’ai profité de cette parenthèse en dehors de mon laboratoire pour imaginer ce patch », se souvient le chercheur. « De retour à ma paillasse, j’ai transformé cette idée en réalité. »
Il fonde Vaxxas en 2011 et en 2012, il remporte le Rolex Award. Ce prix créé par l’horloger suisse en 1976 lui permet de financer un voyage de terrain, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’objectif du chercheur est encore modeste : il s’agit de voir comment se comporte le patch dans des conditions réelles d’utilisation, par une température de 40 degrés et avec une humidité proche de 100 %. « Il est resté parfaitement stable, mais nous nous sommes aperçus que notre packaging était trop difficile à ouvrir avec des doigts humides de transpiration », s’amuse le chercheur.
Surtout, il mesure l’attente créée par son projet dans des régions reculées et démunies, où une bonne partie des fonds alloués à la vaccination est engloutie par la logistique. « La Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont la surface correspond à peu près aux deux tiers de la France, ne compte que 400 réfrigérateurs adaptés », insiste Mark Kendall. « Et faute d’infrastructures, le moindre trajet prend des airs d’expédition, ce qui explique que de nombreux patients renoncent à aller se faire vacciner. »
Alors que l’OMS a lancé une offensive pour éradiquer la polio, son patch pourrait bien être l’arme qui manquait encore à l’arsenal des médecins. « Dans des pays comme le Pakistan ou le Nigeria, imaginez la difficulté d’acheminer et d’administrer des vaccins classiques ! Le patch permet d’aplanir bon nombre des obstacles auxquels l’OMS se heurte », se réjouit Mark Kendall. Les premiers tests sur l’homme seront réalisés sur quelques volontaires à Brisbane en Australie cette année et, dès 2016, un essai clinique démarrera à Cuba. « En cas de succès, nous pourrions le lancer en 2020 », estime M. Kendall. D’ici là, il lui faudra être en mesure de produire 100 millions de patchs. « Un vrai défi », reconnaît-t-il. « Nous avons ouvert une filiale aux Etats-Unis pour travailler avec des fabricants. »
Le potentiel du patch de Vaxxas n’a pas échappé aux géants de la pharmacie, dont l’américain Merck. Le laboratoire, numéro deux mondial du vaccin juste derrière Sanofi, a signé en 2012 un accord secret avec la start-up pour tester son patch avec trois vaccins « maison ». « D’autres partenariats sont en discussion », indique avec un grand sourire Mark Kendall qui a déjà réuni plus de 75 millions de dollars (66 millions d’euros) pour financer ses travaux et s’apprête à lever d’autres fonds.

L’enjeu mondial du déficit d’infirmières

Anne Barrat
Les 2500 nouveaux ID par an ne suffisent pas à combler les départs naturels en Suisse. (Reuters)

A l’échelle planétaire, le manque de personnel soignant se chiffre à 4,2 millions. En Suisse, on parle de 25 à 30% de ressources supplémentaires nécessaires d’ici à 2020 (hors retraite). Prolonger les carrières d’un an diminuerait de 15% la pénurie

Les liens

Le lancement de l’enquête nationale «nurses@work» le 16 septembre dernier a ramené sur le devant de la scène la question de la pénurie des infirmières. Connues d’ici à un an, les leçons de cette étude devraient permettre de lever le voile sur les effets de ce phénomène et de faire de nouvelles propositions concrètes pour compléter les mesures déjà prises pour résoudre un problème de santé publique identifié depuis une quinzaine d’années en Suisse.
Depuis, la pénurie des infirmiers/ères diplômé(e)s (ID) a pris une nouvelle ampleur, internationale. D’ici à 2020, le déficit se chiffrerait au niveau mondial à 4,2 millions de personnels soignants. En Suisse – où les statistiques sont approximatives en l’absence de registre professionnel central –, on parle de 25 à 30% de ressources supplémentaires nécessaires d’ici à 2020 (hors retraite).
Les 2500 nouveaux ID par an ne suffisent pas à combler les départs naturels, le vieillissement de la population et l’augmentation des besoins qui en découle, ou la diminution des candidatures pour ce métier. Des disparités existent entre pays et entre cantons. Le déficit est moins important en Suisse alémanique, en EMS qu’en milieu hospitalier, en zone éloignée qu’en plaine.
Mais partout le constat est le même: les pays peinent à faire face au déficit avec les seules ressources nationales. Ils recourent par conséquent à l’importation de main-d’œuvre des pays voisins et, de plus en plus, de l’hémisphère Sud. Ce qui n’est pas sans poser «d’importants problèmes éthiques» selon Véronique Addor, chercheuse de la Haute Ecole de santé de Genève et responsable du projet «nurses@work».
En Suisse comme ailleurs en Europe, la pénurie touche également toutes les professions de la santé. L’interchangeabilité des compétences n’a plus sa place dans un tel contexte. Le temps où les ID avaient l’habitude d’assumer des tâches pour alléger les programmes des médecins – et vice versa – est révolu.
Les causes de la pénurie concernent d’abord la formation initiale. Dans un monde hautement concurrentiel, les filières souffrent d’un manque d’harmonisation fédérale comme internationale. Les femmes (entre 78 et 92% des effectifs) se tournent de plus en plus vers d’autres carrières, mieux valorisées et reconnues.
A ce problème s’ajoute une faible durée moyenne de vie professionnelle: entre 13 et 15 ans en Suisse, selon des estimations empiriques. Pourtant, les calculs réalisés montrent qu’un an d’activité supplémentaire diminuerait de 10 à 15% la pénurie. En aval aussi, la question est complexe: comment organiser le retour à la vie professionnelle après un congé maternité? Comment favoriser la réinsertion, la mobilité et la rétention?
Les solutions envisagées convergent, qui passent par des mesures fortes sur la formation initiale, la formation continue, la réinsertion professionnelle, la gestion du personnel et la motivation. Sans oublier la promotion des métiers de personnels soignants auprès des jeunes via des campagnes de sensibilisation.
En Suisse, les résultats des premières initiatives locales (mesures sur la formation, motivation du personnel pour le maintenir plus longtemps en emploi, sensibilisation des jeunes à ces métiers) paraissent encourageants. Ils pourraient faire école au plan national. Car, au-delà des chiffres, la pénurie semble être avant tout un problème qualitatif.
La Suisse romande a ainsi décidé de passer la formation d’infirmière au niveau bachelor, offrant plus de possibilités d’équivalence, de réorientation et d’évolution vers d’autres carrières. Résultat: une augmentation de 60% de candidat(e)s, alors que le niveau a stagné en Suisse alémanique. Dans le canton de Vaud, des mesures concrètes d’aménagement du temps de travail ont été mises en place pour aider les ID à revenir à la vie professionnelle. A Genève, la réflexion a porté sur une révision des grilles salariales pour mieux tenir compte de la pénibilité du travail.
Bien qu’insuffisantes pour résoudre à court terme la pénurie, ces pistes ont pour mérite de privilégier une approche pragmatique. D’abord parce que la Suisse a une longueur d’avance en matière de couverture de personnel ­soignant et de médecins par habitant (68,4 professionnels pour 1000 habitants contre une moyenne de 48,6% dans les pays de l’OCDE). Mais aussi parce que ses conditions-cadres sont parmi les plus favorables en Europe, selon l’étude internationale RN4CAST.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/dd494a94-86b5-11e4-9cd5-59e213f8caa2/Lenjeu_mondial_du_d%C3%A9ficit_dinfirmi%C3%A8res

Les médecines alternatives à l’assaut des hôpitaux

Pierre-Emmanuel Buss
L’acupuncture est désormais une des quatre médecines complémentaires reconnues par Alain Berset. (Keystone)

Le CHUV joue un rôle pionnier pour la reconnaissance et la promotion des médecines douces en Suisse romande. La volonté de les intégrer dans les services suscite des résistances

C’est un débat qui a parfois des accents de guerre de religion. Malgré leur entrée dans la Constitution fédérale grâce à un large soutien populaire, en mai 2009, les médecines complémentaires (MC) continuent à diviser. Leur intégration au CHUV, à Lausanne, suscite des résistances. Pour certains médecins, «les croyances ésotériques» et autres «poudres de perlimpinpin» n’ont rien à faire à l’hôpital tant que leur efficacité n’a pas été démontrée scientifiquement. Le débat est particulièrement vif en France. Une mission interministérielle a mis en garde cette année contre les risques «de dérive sectaire», notamment dans le traitement des cancers.
En Suisse, la question a connu une avancée qui est passée quasiment inaperçue. Le 2 mai dernier, le conseiller fédéral Alain Berset a indiqué par communiqué qu’il plaçait quatre médecines complémentaires «au même niveau que les autres disciplines médicales»: la médecine anthroposophique, la médecine traditionnelle chinoise/acupuncture, l’homéopathie et la phytothérapie. Cette décision inverse le fardeau de la preuve: les MC n’ont plus à démonter leur efficience scientifique. Avec l’introduction du «principe de confiance», c’est désormais à un éventuel plaignant – par exemple une assurance maladie – de démontrer leur inefficacité.
L’épisode marque la fin d’un long feuilleton. Intégrées dans l’assurance de base en 1999 puis retirées en 2005 par Pascal Couchepin, les médecines alternatives ont été réintégrées début 2012 pour une période transitoire de 6 ans – un délai désormais levé. Reste une étape importante: le Département fédéral de l’intérieur présentera le printemps prochain un rapport qui détaillera la mise en œuvre du vote constitutionnel de 2009.
Le CHUV n’a pas attendu la partition fédérale pour mettre la volonté populaire en musique. Un groupe de recherche et d’enseignement sur les médecines complémentaires a été mis en place en 2010. Il a été renommé cette année Centre de médecine intégrative et complémentaire, avec des prérogatives élargies. Spécialiste en médecine interne générale FMH et homéopathe, le Dr Pierre-Yves Rodondi y consacre 40% de son temps: «L’objectif est de développer l’information sur les médecines complémentaires et de réfléchir dans quelle mesure certaines disciplines pourraient être intégrées dans le système conventionnel dans l’intérêt du patient, comme cela se fait aux Etats-Unis.»
Dans le cadre de son mandat, Pierre-Yves Rodondi s’est rendu à l’Université d’Arizona pour suivre une formation de «médecine intégrative» dispensée notamment par le Dr Andrew Weil. Un voyage qui n’a pas plu à certains médecins du CHUV. Sous couvert d’anonymat, ils craignent que les méthodes du médecin américain, parfois décrit comme un gourou, n’essaiment au bord du Léman. Un dessein qui serait favorisé «par l’engagement pour la cause» de plusieurs personnalités politiques de premier plan, dont le conseiller aux Etats Luc Recordon.
La critique fait sourire Pierre-Yves Rodondi. «Ces peurs n’ont pas de raison d’être. Le Dr Weil donne 2 heures d’enseignement sur les 1000 heures du cursus. Et il n’enseigne aucune méthode à part de manger sainement et de bien respirer. Il ne s’agit pas d’ouvrir la boîte de Pandore au CHUV. Toute demande d’introduction d’une médecine complémentaire fera l’objet d’une analyse détaillée des besoins de l’institution sur la base de données scientifiques. Nous avons fait une étude qui montre que 50% des hôpitaux romands offrent déjà au moins une médecine complémentaire, souvent par la bande. Il faut coordonner l’offre.»
Des disciplines répandues comme l’ostéopathie ne sont pas remboursées par l’assurance de base. Un constat qui appelle toute une série de questions. Pourquoi se limiter à quatre disciplines, et sur quels critères? Pourquoi sont-elles les seules à faire l’objet de formations officielles reconnues par la FMH, alors qu’elles ne sont ni les plus répandues, ni les plus efficaces au sens scientifique du terme? La réponse est avant tout politique. «La question du remboursement de l’ostéopathie par l’assurance de base devrait être sérieusement discutée», estime le Dr Rodondi.
Ce choix arbitraire amplifie les critiques contre le remboursement de l’homéopathie, une des médecines non conventionnelles les plus controversées. Pierre-Yves Rodondi assure qu’il n’a pas de parti pris en faveur de sa discipline. «Il n’est pas à l’ordre du jour de l’introduire au CHUV, d’autres disciplines offrent de meilleures perspectives dans l’immédiat.»
Le médecin défend le remboursement de certaines MC par l’assurance de base. «Il faut bien sûr que des études cliniques démontrent une efficacité supérieure à celle d’un placébo. Il existe de nombreuses études qui montrent un effet positif, comme par exemple l’hypnose et l’acupuncture, pour lutter contre les douleurs chroniques. L’homéopathie montre des résultats intéressants pour des patients souffrant de fibromyalgie. La recherche doit mener à offrir les meilleurs soins aux patients, même si, parfois, le mécanisme d’action n’est pas connu, comme c’est le cas également en médecine conventionnelle.»
Pour dépasser la méfiance à l’encontre des MC, Pierre-Yves Rodondi insiste sur la nécessité de mettre à la disposition des professionnels de la santé les données cliniques existantes. Il estime que du chemin a été parcouru en dix ans. «Les jeunes médecins sont plus ouverts que leurs aînés. Au CHUV, nous avons mené une étude auprès du personnel médical. 97% des infirmiers et 93% des médecins se sont dits ouverts aux médecines complémentaires.» Avec un bémol: seuls 25% des personnes sollicitées ont répondu à l’enquête.
L’intégration se fera en fonction de la demande des services du CHUV. Une doctoresse anesthésiste spécialisée en acupuncture travaille au centre de la douleur. Un projet pilote appelé à faire des émules même si la direction générale précise qu’elle fera «très attention à ne rien imposer» aux services. La situation est très différente à Genève: aucune structure ad hoc n’existe sur les MC aux HUG. Mais elles sont bien présentes dans l’institution, comme le montre l’essor de la méditation de «pleine conscience» dans le département de psychiatrie.
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Médecines complémentaires 19:16

Bientôt des diplômés non-médecins

Pierre-Emmanuel Buss
Deux diplômes fédéraux sont en préparation. Aujourd’hui, 20 000 thérapeutes non-médecins sont actifs dans plus de 250 méthodes différentes

En 2012, la Suisse recensait 3000 médecins FMH formés dans des médecines alternatives – les seuls à pouvoir être remboursés par l’assurance de base. Il y avait aussi environ 20 000 thérapeutes non-médecins actifs dans plus de 250 méthodes alternatives. Pour mieux cadrer cette offre très large, la Confédération s’apprête à offrir des diplômes fédéraux de thérapeute complémentaire et de praticien de naturothérapie. Les deux projets sont en phase de consultation.
Une vingtaine de disciplines ont postulé pour pouvoir délivrer le diplôme de thérapeute complémentaire. Cinq d’entre elles devraient être accréditées: le shiatsu, la thérapie craniosacrale, la thérapie ayurvédique, l’eutonie et le yoga thérapeutique. Le diplôme de praticien de naturothérapie regroupera la naturopathie européenne traditionnelle (NET), l’homéopathie, la médecine ayurvédique et la médecine traditionnelle chinoise.
Développés sous l’égide du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation, ces deux cursus seront sanctionnés par un examen professionnel supérieur (EPS). Les diplômes fédéraux sont appelés à remplacer les formations actuelles dispensées dans des écoles et instituts privés, avec des coûts d’écolage parfois élevés et des niveaux de formation très hétérogènes.
L’obtention d’un diplôme constituera un pas important vers une reconnaissance professionnelle, avec un remboursement facilité par les assurances complémentaires. Le dernier mot reviendra aux cantons: c’est eux qui décideront des modalités d’installation de thérapeutes sur leur sol, comme ils le font déjà aujourd’hui.
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Médecines complémentaires 22:05

Luc Recordon: «Les charlatans ne sont pas ceux qu’on croit»

Pierre-Emmanuel Buss
Le conseiller aux Etats Luc Recordon préside l’Association romande pour le développement et l’intégration des médecines complémentaires (RoMédCo)

Le Temps: Etes-vous satisfait des progrès réalisés au CHUV depuis le vote constitutionnel de 2009?
Luc Recordon: Le Conseil d’Etat, la direction du CHUV et la Faculté de médecine de l’Uni de Lausanne ont pris les choses au sérieux. Le Groupe de recherche et d’enseignement sur les médecines complémentaires a fait un travail formidable. L’instauration d’un cours de base en médecine complémentaire pour tous les étudiants en médecine, il y a trois ans, constitue un progrès important. Malgré cela, on garde dix ans de retard sur Berne et Zurich. Le bilan est globalement positif.
– RoMédCo demande la mise en place d’une unité affectée et d’une chaire universitaire. Les choses vont-elles dans la bonne direction?
– Le dossier avance gentiment.
Un tel projet se construit, il ne
se décrète pas. Aujourd’hui,
on rencontre une difficulté
classique: il faut trouver un
budget. Mais comme président
de RoMédCo, ce n’est pas Lausanne qui m’inquiète. Il faudrait que toutes les Facultés de médecines en fassent autant.
– Le projet d’intégration inquiète. Certains médecins ne sont pas à l’aise avec l’entrée à l’hôpital de médecines «non scientifiques»…
– Parmi les médecins, il y a aussi de vieux grognons qui ont peur du changement. Ce sont eux les charlatans, pas les défenseurs de médecines alternatives. On ne peut pas refuser a priori l’ouverture d’un nouveau champ de connaissances scientifiques. Encore moins quand un article constitutionnel demande expressément d’aller dans cette direction.
– Des médecins considèrent qu’il est difficile de maintenir le cap de la rationalité médicale quand il faut intégrer des méthodes dont on n’a pas élucidé l’action. Vous les comprenez?
– Oui, c’est un défi. Pour les médecins, mais aussi pour tous les domaines où les choses évoluent très vite, comme l’ingénierie. Il y a de nouvelles pratiques à intégrer. Pour un médecin, c’est crucial: il doit avoir des réponses pour savoir s’il applique ou non un traitement. D’où l’importance d’avoir des centres de compétences qui définissent les bonnes pratiques sur la base d’études cliniques.
– Seules quatre médecines complémentaires sont remboursées par l’assurance de base. N’est-ce pas une inégalité de traitement avec les disciplines qui ne le sont pas?
– On peut se poser la question. Mais il y a une forme de logique d’intégrer dans la LAMal les disciplines les plus utilisées par la population.
– Pourtant, une discipline populaire, l’ostéopathie, n’est pas dans la liste…
– C’est vrai. C’est un défaut logique. Il faudra se reposer la question de son intégration assez rapidement. L’idée est de rembourser les méthodes qui suscitent le plus d’adhésions parmi les patients. Si on avait intégré toutes les disciplines d’emblée, on aurait pris le risque de noyer le poisson et de ne rien faire du tout .
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  Notre santé n’est pas à vendre

13.10.14 | 
Lundi, 13 octobre 2014
SUISSE • Au-delà de la question du financement des soins, c’est l’organisation du système de santé qui nécessite d’être repensée. Parmi les pistes à creuser: la gratuité de la médecine de base et des formations à l’autogestion de la santé, propose un collectif libertaire.

Le résultat est tombé: le 28 septembre dernier, le peuple suisse a refusé l’instauration d’une caisse publique. Au-delà du résultat, attendu, la déception provient également du débat qui l’a précédé. Car force est de constater que la campagne s’est tenue sur des arguments presque exclusivement économiques, occultant la question de fond: la santé.
Pourtant, plus que le financement des soins, c’est bien le fonctionnement actuel de l’assurance-maladie qu’il s’agirait de remettre en question. A ce titre, des voix critiques dénoncent depuis longtemps les tares du système de santé tel qu’il est organisé aujourd’hui. Elles émanent notamment des milieux féministes et libertaires, ainsi que des anticapitalistes.
DOUBLE CRITIQUE
La critique féministe et libertaire pointe la confiscation du savoir médical par les spécialistes. Au travers de l’exemple (très parlant) de la grossesse et de l’accouchement, les féministes ont montré comment, au cours de l’histoire, le corps de la femme s’est progressivement vu confisqué par des médecins – principalement des hommes, même si cela tend, suivant où, à changer – qui ont médicalisé à outrance le processus de naissance. La science a remplacé le savoir-faire, et les spécialistes de la chimie et de la biologie ont retiré aux femmes un domaine qui jusque-là leur était réservé. Consultations, tests et contrôles réguliers obligatoires (pas toujours, mais on ne vous le dira pas forcément), médicaments, césariennes, péridurales: l’ensemble du processus s’est complexifié, non sans apports réels, mais avec comme résultat une prise en charge complète du début à la fin du traitement. Et toutes les peines du monde à sortir des chemins tracés.
Et on rejoint là la critique libertaire. Car à l’instar du cadre de la démocratie représentative, le ou la patient-e n’a plus directement la maîtrise de ce qui le ou la concerne. Il ne lui reste que le choix de la personne à qui donner sa confiance, avec peu de capacité d’être critique ou de le contester. Quel que soit le domaine médical concerné, le ou la patient-e est rarement au fait des choix possibles, des alternatives existantes, du contenu de tel médicament ou de tel vaccin – et encore moins de sa provenance. On se retrouve le plus souvent dans un tunnel très sombre, guidé par un-e ou plusieurs médecins porteurs de la lumière, symbole du savoir. Le serpent sur sa croix dans le sigle de la médecine ressemble trop souvent à celui du Livre de la jungle de Disney, chantant sa douce chanson: «Aie confiance, crois en moi…»
UNE MARCHANDISE COMME UNE AUTRE
Informé, on l’est en revanche toujours plus sur les risques et conséquences qui se présentent à nous si d’aventure nous sortions des sentiers balisés. Les avertissements contre ceux et celles qui essaient de se soigner par eux-mêmes, qui se renseignent, se multiplient volontiers: «Attention aux arnaques des faux médicaments sur Internet! Attention aux diagnostics personnels erronés! En cas de ceci ou de cela, consultez votre médecin.» On nous engage constamment à consulter les représentants de la médecine, oubliant qu’ils sont loin d’être gratuits…
Donc l’argent, et non la santé, est bien au cœur du problème. La critique anticapitaliste rappelle alors à son tour combien la santé, comme tous les domaines de notre société, s’est retrouvée réduite à l’état de simple marchandise par notre modèle économique. Elle est donc soumise à des impératifs de rentabilité avant tout, et non aux intérêts philanthropes qui devraient caractériser la médecine. Ici, c’est le rôle des pharmas et des assureurs qui est pointé du doigt. De grandes et prospères entreprises (souvent bien de chez nous) réalisent des profits importants à travers la vente de médicaments ou, pour revenir au contexte de la votation, la vente d’assurances-maladie. Un marché qui a l’avantage d’être en partie obligatoire: pour l’assurance de base, produit d’appel, les millions de clients sont garantis, il s’agit juste de se les répartir. On leur vendra «l’indispensable» complémentaire dans la foulée.
Mais ce système voit ses défauts de plus en plus dévoilés et dénoncés: fixation des prix des médicaments non pas en fonction de leur coût réel mais du marché, dates de péremption fixées sans lien avec la conservation réelle du produit, campagnes de vaccination forçant les Etats (voire les ONG) à acquérir de gros stocks de vaccins – finalement inutiles et détruits (à nos frais) dans le cas de la grippe H1N1… Ces deux derniers points étant d’ailleurs parfois liés (lire ci-contre). Il faut dire que l’excuse du risque et de la prudence s’acclimate malheureusement bien au besoin de profits des producteurs et de leurs actionnaires. Mais ce n’est pas tout: scandale des primes déconnectées des coûts réels et où le trop payé de certains cantons filait en subventionner d’autres, médecins contrôlés par les caisses et poussés à ne pas s’attarder et être économes, médicaments peu exportés ou diffusés dans les populations pauvres ou non solvables car elles ne représentent pas un marché assez lucratif, etc., ad nauseam.
A toutes les étapes, la rentabilité prend le dessus sur le facteur humain. La logique du marché, dépersonnalisée, ne peut pas être compatible avec l’éthique du serment d’Hippocrate. La conséquence inadmissible, surtout en Suisse, est que des personnes mal en point hésitent longtemps avant de consulter un médecin pour des raisons financières (lire ci-dessous). Alors qu’on pourrait les prendre en charge. Entre soigner (rôle du médecin) et le besoin d’être rentable financièrement, il y a un gouffre éthique irréconciliable.
SORTIR DE LA DEPENDANCE
En combinant les deux critiques, on comprend que l’intérêt économique pousse à maintenir l’état de dépendance du ou de la patient-e face à la science. L’autonomiser, lui permettre de venir moins souvent voir tel ou telle spécialiste, n’est pas une voie compatible avec la volonté économique de le fidéliser, d’avoir des débouchés et des revenus constants (et si possible prévisibles pour le comptable). Pour sortir de l’impasse, il est impératif de retrouver un certain contrôle sur le monde médical. Pas forcément face aux médecins, souvent plus victimes que réellement partie prenante de la situation, mais face à toutes les structures qui régissent ce milieu.
Une volonté de réforme du système devrait remettre en question l’ensemble du modèle de santé, pas seulement son propriétaire ou son financement.
L’indépendance dont jouissent les pharmas en matière de gestion des médicaments doit ainsi être revue. Swissmedic, l’institut à charge de contrôler la mise sur le marché d’un médicament, doit aussi rendre des comptes à la population et être soumis à son contrôle. Les prix des médicaments devraient être plus directement contrôlés par la Confédération. Les brevets devraient être collectivisés, de manière à ce qu’un groupe ne puisse pas volontairement renoncer à la production d’un médicament pour des raisons de rentabilité (ou de stock à écouler en priorité).
Si le premier pas serait de sortir le système de santé de sa logique de profit, l’étape suivante devrait être l’évolution vers un environnement plus sain, plus viable pour la préservation de notre santé. Soit faire en sorte que notre milieu de vie et notre manière d’y vivre soit un facteur aidant, et non aggravant. Améliorer la santé nécessite de se pencher sur les causes de la dégradation de la santé. On voit alors qu’un des principaux facteurs responsables des problèmes de santé, avec l’alcool et l’obésité, provient du monde du travail (lire ci-dessous). Une véritable volonté d’amélioration de la santé, de notre santé, et donc de réduction des coûts, est à chercher là. Et non dans la réforme du dernier échelon, celui du remboursement des frais.
Alors, plutôt que de «ralentir l’augmentation des primes» (un langage qui, année après année, nous pousse à accepter l’inacceptable), il s’agirait de chercher l’instauration de la gratuité de la médecine de base (médecin généralistes, médecins de famille, etc.), de même que l’instauration de cours pour une autogestion de la santé, si possible dès l’adolescence (on retrouve là un des principes, disparus, du serment d’Hippocrate: «et, s’ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement»). L’assurance-maladie de base serait alors abrogée au profit d’un impôt santé, reversé aux médecins et qui leur garantirait un revenu correct. Les cabinets seraient rassemblés, mis en commun et ajustés en fonction de la taille de la population, à l’image des écoles et des crèches. Ils deviendraient des lieux ouverts, publics, jouant le rôle des cliniques et permanences d’aujourd’hui, tout en assurant aussi un rôle social. Ne plus être ni «client» des pharmas et des assurances-maladie, ni même «patient», ce dépendant total de la médecine. Il s’agit d’être partie prenante, jusqu’à un certain point de compétence, de sa santé et de son lien au corps.
Des anarchistes Genevois

Repères

Gestion grippée du Tamiflu. En 2009, après l’achat par les cantons de grands stocks de Tamiflu pour contrer la grippe, il s’est trouvé que le fabricant a, tout d’un coup, allongé leur durée de vie de plusieurs mois, évitant ainsi de détruire certains stocks. Cela a mis la puce à l’oreille de certains, qui ont enquêté. Ainsi, selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), «Entre 500 millions et 1,4 milliard de francs de médicaments partent chaque année en fumée en Suisse». Sylvie Logean a étudié la question dans son article, «Médicaments: le grand gaspillage», paru dans L’Hebdo en 2011. Interviewée, Valérie Legrand-Germanier, spécialiste santé à la Fédération romande des consommateurs, y expliquait qu’«il est intéressant de comprendre la façon dont les dates de péremption sont décidées et le coût en moins que cela représenterait pour l’assurance maladie si les dates étaient calquées sur la durée de vie réelle du médicament. Il se trouve que dans de nombreux cas, les dates sont limitées à ce que l’entreprise a décidé de financer en termes de période d’observation.»
Le piège des franchises. Le système LAMal tel qu’il existe aujourd’hui est une sorte de loterie cynique: soit vous optez pour une franchise basse et vous êtes alors porté à consulter souvent pour rentabiliser le coût. Soit vous optez pour une franchise haute et vous éviterez autant que possible d’aller chez le médecin (ce qui fait que, en dehors d’un gros pépin, votre assurance ne vous sert à rien…). Le travail c’est la santé? Pas vraiment. Selon l’enquête de l’OFS de 2007, «Deux personnes salariées sur cinq sont exposées dans leur travail à au moins trois risques physiques, comme des mouvements répétitifs du bras ou de la main, ou des positions douloureuses. Une sur trois l’est à au moins trois risques psychosociaux, comme manquer de temps pour terminer son travail ou ne pas pouvoir mettre en pratique ses idées dans son travail. Une personne salariée sur huit ressent de la peur sur sa place de travail ou y est confrontée. [...] Une personne salariée sur six est exposée simultanément à une combinaison d’au moins trois risques physiques et d’au moins trois risques psychosociaux.» Source: «Travail et santé, résultats de l’enquête suisse sur la santé 2007», OFS, 2010.
AG
http://www.amge.ch/2014/10/09/conservation-du-dossier-medical-documents-originaux-ou-sous-forme-electronique/

































































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