mardi 22 septembre 2015

ONDES ELECTROMAGNETIQUES ET SANTE

Les risques des ondes électromagnétiques petit à petit précisés

Santé vendredi13 mai 2011(LE TEMPS DE GENÈVE)
Téléphoner avec un portable. La question de l’impact sur la santé n’est pas définitivement tranchée. (DR)
Téléphoner avec un portable. La question de l’impact sur la santé n’est pas définitivement tranchée. (DR)
Des mécanismes d’effets des champs électromagnétiques ont été mis au jour dans le cadre du Programme national de recherche PNR57. Mais il est encore trop tôt pour répondre de manière tranchée à la question de l’impact concret sur la santé
L’objectif était de «mieux évaluer les risques sur les rayonnements électromagnétiques non ionisants» des portables, lignes à haute tension et autres appareils ménagers. Le Programme national de recherche PNR57 lancé en 2007 et dont les conclusions ont été présentées hier, l’a-t-il atteint? «Dans un certain sens, oui», hésite Alexander Borbély, président du Comité de direction. Non pas celui, tranché, qu’attend le public: cette initiative de recherche, dotée de 5 millions de francs et lancée par le Conseil fédéral, n’a pas permis de confirmer ou d’infirmer définitivement un lien de cause à effet entre une exposition aux champs électromagnétiques et des effets sur la santé. «Mais nous en savons plus sur certains mécanismes.»
Peter Achermann, à l’Université de Zurich, a ainsi pu entrer dans les détails d’observations vieilles de 12 ans: les sujets soumis à une conversation d’une demi-heure sur un portable voyaient, durant leur sommeil, les ondes produites par leur cerveau modifiées. «Or cela n’avait pas d’impact sur la structure et la durée des phases de sommeil, ni sur l’appréciation subjective de sa qualité», dit le chercheur, qui ajoute qu’un café ou un verre d’alcool modifie aussi ces ondes cérébrales. Plus précisément, les scientifiques ont montré que la fréquence porteuse des ondes téléphoniques ne suffisait pas à produire les changements observés, mais que c’est leur modulation par des impulsions additionnelles (qui portent le message) qui étaient en cause. «Au niveau fondamental, il est crucial de comprendre pourquoi les modulations sont si importantes dans ce phénomène, car les diverses technologies (GSM, UMTS, etc.) en utilisent des modes variés», dit Hugo Lehmann, qui mène des travaux sur le sujet chez Swisscom.
Toujours dans le cerveau, Martin Wolf, à l’Hôpital de Zurich, a découvert que l’exposition de la tête à des ondes de haute fréquence (celles de l’UMTS (3G), moins puissantes que le GSM) avait un effet sur la circulation sanguine cérébrale. Mais l’interprétation de ces données est ardue, à cause de «la grande variabilité des effets sur l’électroencéphalo­gramme en fonction des individus et du délai dans lequel ils se manifestent», nuance le rapport.
Autre avancée: le groupe balois de Primo Schär a reproduit une étude controversée selon laquelle la fragmentation de l’ADN dans les cellules des mammifères augmente après une exposition à des champs électromagnétiques. Résultat: oui, des cellules humaines en culture soumises à un rayonnement de basse fréquence (tel celui des lignes à haute tension) subissent des infimes cassures dans leur ADN. Mais cet effet n’est pas dû directement au rayonnement; il provient de perturbations indirectes liées aux processus habituels de multiplication ou de suicide de la cellule (apoptose).
A une autre échelle, l’équipe de Martin Röösli, à l’Institut tropical et de santé publique de Bâle, a demandé à 166 personnes de porter, une semaine durant, un exposimètre mesurant tous les rayonnements perçus au quotidien. La valeur moyenne d’exposition était de 0,21 volt/mètre (V/m), bien en dessous des 6 V/m pris comme limite pour des raisons sanitaires. Ces données ne disent toutefois rien sur les pics d’exposition subis par exemple avec un portable collé sur l’oreille dans un lieu où la réception est mauvaise.
Les chercheurs ont aussi soumis un questionnaire à 1375 personnes sur la façon dont elles utilisent la téléphonie sans fil. «Aucun rapport de cause à effet n’a été établi entre son usage et des troubles de la santé, y compris chez les gens se disant très électro-sensibles», dit Martin Röösli.
Enfin, Niels Kuster, de l’IT’IS Foundation, a simulé la dose de rayonnement électromagnétique à laquelle des enfants à naître sont exposés au troisième, au septième et au neuvième mois de grossesse: si la mère subit l’exposition maximale tolérée, celle du foetus est excessive. C’est le cas notamment au voisinage des cuisinières à induction mal utilisées. Selon Niels Kuster, une adaptation des standards d’émissions est, dans ce cas, nécessaire. «Nous sommes en discussions avec le Secrétariat d’Etat à l’économie, la Suva et les industriels», précise Mirjana Moser, de l’Office fédéral de la santé publique, en croyant réalisable une adaptation de ce matériel électroménager.
Pour l’instant, il s’agit de la seule mesure induite par ce PNR57. «Même au regard des travaux de recherche internationaux, il n’y a pas de raisons de renforcer les valeurs limites pour le rayonnement non ionisant à haute fréquence», dit Jürg Baumann, de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). Un avis qu’ont souvent critiqué diverses organisations, telle l’Association Romande Alerte aux ondes électromagnétiques. Invité à commenter ces résultats (pour la plupart déjà publiés dans des revues scientifiques), Daniel Favre, son représentant, s’y refuse pour l’heure, expliquant n’avoir pas reçu un résumé en temps utile.
Que conclure donc de l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé? «D’emblée, il était clair qu’à lui seul, le PNR57 ne serait pas en mesure de fournir une réponse complète», justifie Mirjana Moser. Ainsi, en raison des budgets limités, n’ont été menées ni des recherches sur des cobayes de laboratoire, ni des grandes études de cohorte; l’enquête européenne Interphone, qui a impliqué des milliers de personnes, n’a d’ailleurs par permis d’établir, en 2010, de lien de cause à effet évident.
«De toute manière, s’il y a un effet grave, on aurait déjà dû le voir», analyse Pierre Zweiacker. Le physicien de l’EPF de Lausanne ne «croit pas qu’une étude épidémiologique à long terme soit possible, tant les paramètres et les biais possibles sont nombreux.» Mieux vaut angler les recherches, comme dans le PNR57, «même si je doute qu’on puisse un jour trancher définitivement».
Tant du côté de l’OFSP que de l’OFEV, on souligne l’excellence de tous ces travaux, qui se sont d’ailleurs calqués sur des questions spécifiques de l’Organisation mondiale de la santé. «Mais leur poursuite n’est pas envisageable, faute de moyens financiers suffisants», regrette Mirjana Moser. Qui voit tout de même une possibilité dans un partenariat avec les opérateurs de téléphonie. Une telle entité existe déjà. La Fondation Communication Mobile reçoit des fonds publics et privés, puis «les attribue aux scientifiques de manière indépendante», assure Jürg Baumann. Même si les structures de ce genre, aussi en place en Allemagne et en France, sont dénoncées par les opposants à la téléphonie mobile, une étude de l’Université de Berne a montré en 2007 que ces financements mixtes étaient optimaux, les administrations et les firmes surveillant mutuellement leur travail. «Nous soutenons ces démarches», abonde Hugo Lehmann.
Le PNR57 aura peut-être un héritage: ses recherches devraient servir à mettre sur pied un système de surveillance de routine des ondes électromagnétiques, comme l’a décidé le Conseil national. Une nouvelle qui réjouit Niels Kuster: «Cela pourra nous aider à aborder d’autres questions encore trop éludées jusque-là, comme l’existence d’un lien entre rayonnement électromagnétique et maladies neurodégénératives, ou comme les impacts chez les enfants et adolescents, gros consommateurs de téléphonie.» Le chercheur rejoint ainsi les préoccupations du groupe des Médecins en faveur de l’environnement, selon qui les enfants ne devraient utiliser le portable qu’en cas d’urgence car ils y seront déjà plus longtemps exposés que les générations précédentes.
 
Le téléphone portable n’accroît pas le risque de cancer
santé 15:00
ATS
L’usage sur la durée d’un téléphone portable n’augmente pas le risque de cancer du cerveau, selon une vaste étude conduite sur 18 ans au Danemark. Cette enquête vient contredire les résultats d’une autre étude, publiée à la fin mai
Fin mai, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avait estimé que l’usage des téléphones portables était «peut-être cancérogène pour l’homme». Les experts réunis par le Circ avaient analysé toutes les études sur le sujet, dont certaines montraient un risque accru de gliome, un cancer du cerveau.
L’étude danoise, conduite sur 358 403 abonnés à un service de téléphone portable, ne va pas dans ce sens. Elle fait apparaître une absence de lien, même chez les personnes abonnées depuis plus de treize ans, et pour tout type de cancer du cerveau.
L’équipe, conduite par Patrizia Frei, de la Société danoise du cancer, a prolongé jusqu’en 2007 une enquête qui s’arrêtait en 2002 et avait déjà fait apparaître une absence d’accroissement du risque de cancer. Les nouvelles données fournissent un échantillon beaucoup plus large d’utilisateurs longue durée. Différence «non significative»
Chez les 358 403 personnes dont l’état de santé a été suivi, il y a eu 10 729 tumeurs du système nerveux central – 5111 chez des hommes et 5618 chez des femmes –, mais à peu près autant chez les abonnés que chez les autres.
Dans le détail, les taux de gliome et de méningiome étaient similaires chez les abonnés au téléphone portable et chez les autres, avec des variations «non significatives», quel que soit le nombre d’années d’abonnement. Pour certains types de tumeurs, il y avait d’autant moins de risques qu’on l’avait utilisé plus d’années.
L’étude, publiée vendredi en ligne par le «British Medical Journal» – ne tient compte que des personnes abonnées individuellement, sans tenir compte de celles ne disposant que d’un téléphone portable professionnel, classées comme non-utilisatrices du portable. Par ailleurs la durée quotidienne d’utilisation du téléphone n’est pas connue, les abonnés n’ayant pas été interrogés.
Les chercheurs n’excluent pas à cet égard qu’une augmentation du risque apparaisse chez les très gros utilisateurs, pour une utilisation de plus de quinze ans, ce qui pourrait être l’objet d’études ultérieures.
Il y avait en 2010 plus de cinq milliards d’utilisateurs du téléphone portable dans le monde, à qui les autorités sanitaires suggèrent régulièrement d’utiliser les SMS et les kits mains libres pour réduire l’exposition.
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