DÉCRYPTAGES« Le Monde » a reconstitué la façon dont ce virus, le SARS-CoV-2, prend principalement place dans l’organisme, et pourquoi il est redoutable chez certains patients.
Totalement inconnu il y a six mois, le virus SARS-CoV-2 s’est répandu sur cinq continents et dans quasiment tous les pays du monde, provoquant une pandémie d’autant plus difficile à contrôler que les scientifiques ne savaient quasiment rien de ce nouveau virus d’origine animale.
Septième coronavirus connu à pouvoir infecter les humains, le SARS-CoV-2 est le virus responsable du Covid-19, une maladie respiratoire bénigne dans au moins 80 % des cas, mais hautement symptomatique chez 15 % des patients et très grave chez 5 % des sujets.
Six mois après son émergence, le Covid-19 est désormais relativement bien décrit par de nombreux travaux scientifiques, mais n’a eu de cesse de surprendre les chercheurs par la variété des symptômes et des troubles qu’elle engendre dans le corps humain.
Une gouttelette expulsée par une personne infectée et contenant des milliers de virions de SARS-CoV-2 entre par la bouche, le nez ou les yeux, les trois portes d’entrées de l’organisme.
ÉTAPE 2
Le virus se rend rapidement au contact des muqueuses, notamment celles des fosses nasales où il s’y répliquera le mieux. Lors du contact, la protéine S (spicule) du virus réagit avec l’enzyme ACE 2, un récepteur présent à la surface de certaines cellules humaines qui permet au virus de s’y fixer solidement et de pénétrer la cellule en moins de quinze minutes.
Sa membrane va alors fusionner avec la membrane de la cellule, libérant dans celle-ci le contenu du virus : quelques protéines mais surtout son génome, présent sous la forme d’ARN.
ÉTAPE 3
Le virus, incapable de se reproduire seul, va pour cela détourner la machinerie chimique de la cellule. Son génome, un brin d’ARN, est répliqué dans la cellule puis est transporté dans les ribosomes, les usines à protéine de la cellule.
Ces ribosomes « lisent » l’ARN viral (comme une notice de montage) puis fabriquent les protéines du virus qui y sont encodées.
Celles-ci serviront principalement à fabriquer le « bouclier » de l’ARN (les capsides) puis à former la membrane du virus. Tous ces composants s’assemblent alors pour former de nouveaux virions, qui sont ensuite expulsés de la cellule hôte : le virus s’est répliqué.
Le nombre de virions qu’une seule cellule infectée peut fabriquer et libérer diffère selon les virus (de quelques dizaines à plusieurs dizaines de milliers). Ce chiffre est en moyenne de 6 000 pour le virus de la grippe A, mais demeure encore inconnu pour le SARS-CoV-2.
ÉTAPE 4
Le système immunitaire, qui a détecté la présence du microbe, réagit à l’infection avec son arme antivirale principale : les interférons de type I, des messagers chimiques qui permettent aux cellules qui les recoivent d’activer leurs défenses afin qu’elles acquièrent une résistance au virus pour en bloquer la réplication.
ÉTAPE 5
En complément, le système immunitaire dépêche « sur place » les premières défenses de l’organisme : les macrophages, les cellules tueuses naturelles (NK), les neutrophiles et les cellules dendritiques.
ÉTAPE 6
Les cellules dendritiques sont les premières à réagir et jouent un rôle central : elles digèrent les virions et migrent dans les ganglions lymphatiques où elles présentent la « carte d’identité » de l’agresseur au système immunitaire pour mieux le cibler par la suite.
Pendant ce temps, les macrophages, cellules NK et neutrophiles combattent l’infection en ingérant à la fois les virus et les cellules infectées.
ÉTAPE 7
Chez la plupart des sujets infectés, la réaction immunitaire dite « adaptative » de l’organisme va se manifester rapidement (entre cinq et sept jours).
Informés dans les premières heures par les cellules dendritiques de l’identité du virus, les lymphocytes B vont fabriquer et libérer de nouvelles défenses plus performantes : les anticorps
ÉTAPE 8
Ces anticorps sont conçus pour se fixer spécifiquement et uniquement à des parties précises du virus afin de l’entourer et de le neutraliser. Immobilisé, le virus ne peut plus pénétrer dans les cellules, et va se faire digérer par les macrophages.
Les cellules infectées sont, quant à elles, les cibles des lymphocytes T8 cytotoxiques. Ces lymphocytes « tueurs » vont libérer des protéines pour « perforer » la cellule et la détruire. Les virions contenus dans la cellule sont libérés puis « mangés » par les macrophages, qui les attendaient au tournant.
ÉTAPE 9
A ce stade, la réaction du système immunitaire adaptatif fait reculer l’infection chez environ 85 % des personnes infectées, qui resteront peu ou pas du tout symptomatiques.
Mais l’infection va s’aggraver chez près de 15 % des patients : l’incapacité de leur système immunitaire à contrôler l’infection va conduire à une inflammation violente, qui se retourne contre l’organisme.
ÉTAPE 10
Dans ces cas graves, l’infection au SARS-CoV-2 est parfois associée à l’inhibition des interférons de type I. Le virus leurre le système immunitaire et réduit ou bloque la production de ces protéines cruciales.
Privé de son arme antivirale numéro un, l’organisme ne peut empêcher l’invasion incontrôlée du virus.
ÉTAPE 11
Au bout de sept à dix jours, l’organisme commence à produire les tout premiers anticorps et lymphocytes « tueurs ». Mais le virus s’est répliqué si massivement dans les poumons et les vaisseaux sanguins que l’arrivée de ces défenses va faire l’effet d’une étincelle sur un baril de poudre. Car les lymphocytes et anticorps vont émettre des cytokines pour solliciter le renfort des macrophages, qui vont eux-mêmes produire massivement de nouvelles cytokines.
La réaction s’emballe alors complètement dans les cellules pulmonaires infectées par le virus (les pneumocytes), ce qui va noyer les alvéoles pulmonaires. C'est le fameux « orage cytokinique ».
ÉTAPE 12
Ces alvéoles sont les « sacs » jusqu’où l’air que l’on respire est transporté pour être transmis dans le sang et transporté dans tous nos tissus. Attaquées par le virus et les cytokines, ces alvéoles sont noyées, bloquant les échanges gazeux avec le sang. Leur paroi s’épaissit sous l’effet de l’inflammation. Les difficultés respiratoires deviennent alors critiques.
ÉTAPE 13
A ce stade critique, les patients sont généralement déjà admis en réanimation, mis sous oxygénothérapie (une intubation invasive ou une ventilation plus légère, selon leur état), placés sur le ventre pour faciliter la respiration et parfois mis dans un coma artificiel.
ÉTAPE 14
Pendant ce temps, le virus a utilisé son autre arme, celle qui le rend redoutable : sa capacité à infecter les vaisseaux sanguins, notamment leur paroi (dont les cellules sont dotées du récepteur ACE 2). En les attaquant et en les détruisant, le virus va favoriser la coagulation du sang.
Cercle vicieux : le phénomène est renforcé par le fait que le virus fait disparaître le récepteur ACE 2 de la surface des cellules infectées, une enzyme qui, justement… participe au contrôle de la coagulation.
ÉTAPE 15
Ainsi, même avec une ventilation mécanique, l’oxygène atteint de moins en moins le sang. Ce qui accélère encore la coagulation de celui-ci, et la formation de caillots sanguins très dangereux, spécialement dans les poumons (mais aussi dans d’autres organes, comme le cœur, les intestins ou le cerveau).
Les vaisseaux pulmonaires se bouchent les uns après les autres, le sang s’épaissit, il circule de moins en moins.
ÉTAPE 16
Les chances de guérison reposent désormais essentiellement sur la capacité des réanimateurs à contrôler à la fois la réaction immunitaire afin de diminuer les difficultés respiratoires et la coagulation du sang pour éviter les caillots.
Des médicaments immunorégulateurs, comme le tocilizumab, sont par exemple utilisés afin de bloquer l’expression des cytokines les plus invasives (dont l’interleukine 6, ou IL-6), et ainsi d’accroître les chances de survie.
ÉTAPE 17
C’est seulement dans cette seconde phase de la maladie chez les cas sévères qu’apparaissent massivement les anticorps neutralisants que l’organisme a spécialement fabriqués contre le SARS-CoV-2. Ceux-ci permettent souvent de l’éliminer en grande partie de l’organisme. Mais le mal est fait, et à ce stade, les dégâts provoqués par la réaction inflammatoire du système immunitaire menacent plus le malade que le virus.
ÉTAPE 18
Ainsi, même quand le système immunitaire parvient à réduire la charge virale dans l’organisme, à ce stade, la réaction inflammatoire incontrôlée du corps est si violente qu’elle est responsable de la majorité des lésions observées et peut provoquer la mort des sujets.
ÉTAPE 19
En modérant fortement la réaction inflammatoire tout en maintenant la ventilation mécanique, les médecins réanimateurs parviennent ainsi à sauver six à sept patients sur dix.
ÉTAPE 20
Malheureusement, le décès survient ainsi environ trois à quatre fois sur dix en réanimation (selon une estimation de fin avril). La plupart des morts sont causées par une insuffisance respiratoire liée à l’atteinte pulmonaire.
Les troubles de la coagulation sont une autre cause majeure de décès. La plupart des patients qui en sont atteints meurent de coagulopathie disséminée (de nombreux vaisseaux se bouchent), mais aussi d’embolie pulmonaire : un caillot se forme dans l’artère pulmonaire, reliant le cœur aux poumons, et provoque un arrêt cardio-respiratoire (ACR).
Enfin, la coagulation du sang peut entraîner un manque d’oxygénation des organes, et provoquer des accidents vasculaires cérébraux mortels.
ÉTAPE 21
Pour ceux qui sortent de réanimation, la convalescence peut être longue et l’affaiblissement de certaines fonctions est parfois durable. Les complications locomotrices ou neurologiques sont très fréquentes. Le système cardiovasculaire et les poumons sont si atteints après le choc inflammatoire que le risque de développer des pathologies liées, comme la fibrose pulmonaire ou l’atteinte cardiaque, est nettement plus important.
Une partie des patients sortis de réanimation peuvent mourir de ces complications pendant leur convalescence, même plusieurs mois après leur infection.
ÉTAPE 22
Bien qu’elle se soit nettement améliorée au fur et à mesure de l’épidémie, notamment dans les services de réanimation où les médecins ont appris à mieux gérer la phase hyperinflammatoire, la prise en charge des patients atteints de Covid-19 est toujours compliquée, faute de traitements antiviraux efficaces.
Car si les progrès sur la production d’un vaccin sont encourageants et fondent l’espoir de se prémunir contre cette maladie d’ici douze à dix-huit mois, la recherche de médicaments antiviraux efficaces n’a pas encore abouti à des pistes satisfaisantes.
Ce qui ne surprend pas les scientifiques, qui rappellent qu’il existe de nombreux virus pour lesquels il n’existe pas de traitement médicamenteux efficace, même pour des virus aussi communs que la grippe ou la rougeole.
Design : Agathe Dahyot
Iconographie : Agathe Dahyot, A. Rad, Mikael Häggström, Spacebirdy, RexxS, domdomegg, Cancer Research UK, Database Center for Life Science, XcepticZP
Crédits photos : NIAID, AFP
Remerciements : Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg, Sophie Trouillet-Assant et Alexandre Belot, chercheurs au centre international de recherche en infectiologie (Hospices civils de Lyon) et Frédéric Altare, chercheur au centre de recherche en cancérologie et immunologie (Nantes-Angers).
Face
à la menace diffuse des virus, épée de Damoclès suspendue au-dessus de
l’humanité, virologues et épidémiologistes s’interrogent sur les
ripostes à mettre en œuvre. Mais en existe-t-il réellement?
Qui sera le prochain virus tueur en série? Où,
quand, comment frappera-t-il l’humanité? Quels seront ses complices –
mammifères, moustiques? Un panel de 20 experts s’était réuni à
l’Institut Pasteur de Paris, les 21 et 22 juin, pour débattre de ces
questions devant un public de chercheurs et d’acteurs de la santé
publique. Le défi: mieux se préparer à cette menace diffuse.
«La
grippe reste notre pire cauchemar», confie Arnaud Fontanet, responsable
de l’unité épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur,
co-organisateur de ce colloque. Quand un nouveau mutant du virus grippal
arrive, il infecte un tiers de l’humanité. Lire aussi:La traque de la grippe progresse sur internet
Sa
transmissibilité, par éternuement, est phénoménale. Les malades sont
contagieux avant même l’apparition des premiers symptômes: les isoler ne
sert à rien. Le virus, avec un temps de génération de trois jours, se
propage comme traînée de poudre. «Rien ne peut l’arrêter. Tout dépendra
du taux de mortalité du virus mutant.» Seule piste, la perspective d’un
vaccin «pan-grippal», adapté à toutes les souches du virus. «Une
équation jamais résolue», pourtant, malgré des décennies de recherche.
La grippe reste notre pire cauchemar
Convoquant
les mânes du virus de la grippe espagnole, Lone Simonsen, de
l’Université Roskilde (Danemark), a estimé qu’il a tué, en 1918-19, 1 à
2% des personnes infectées – soit 50 millions de personnes à travers le
monde. Mais pourquoi a-t-il frappé des sujets jeunes (20 à 40 ans) et
épargné les personnes âgées? Le mystère reste entier. Quant à la
pandémie grippale de 2009, sa «sévérité» a été «100 fois surestimée».
Course sans fin
La
menace virale est-elle prévisible? Question polémique. Deux
philosophies s’affrontent, incarnées par deux grandes figures. D’un
côté, Peter Daszak, de l’EcoHealth Alliance (New York), une ONG
américaine dédiée à la recherche sur la prévention des épidémies. Il
affirme que la prédiction du risque est possible grâce à l’analyse des
écosystèmes. Mission impossible, lui rétorque Edward Holmes, de
l’Université de Sydney (Australie). Pour lui, mieux vaut miser sur la
surveillance des signaux émergents, suivie d’interventions rapides. Lire aussi:Traquer les maladies, un tweet à la fois
«Environ
cinq nouvelles maladies infectieuses émergentes surviennent chaque
année, dont trois sont des zoonoses [des maladies infectieuses qui se
transmettent naturellement des vertébrés à l’homme, ndlr], alerte Peter
Daszak. Celles qui sont transmises par la faune sauvage, en particulier,
connaissent un essor exponentiel, même après correction de la part due à
une surveillance accrue.»
Habile à jouer sur les peurs – et à
récolter des fonds conséquents –, ce chercheur de renom s’attache à
éplucher les écosystèmes pour y détecter les virus menaçants. Il analyse
ainsi les séquences du génome des virus hébergés par des mammifères
sauvages dits réservoirs, la densité de la faune sauvage, la fréquence
et le type de contacts entre les hommes et ces animaux…
Il est impossible d’évaluer l’émergence d’une nouvelle épidémie
Peter
Daszak a été partenaire d’un projet, Predict-1, qui a permis
d’analyser, de 2009 à 2014, 1000 virus hébergés par la faune sauvage.
Une goutte d’eau dans un océan: «Nous estimons à 1,67 million le nombre
de virus inconnus qui infectent les mammifères et les oiseaux
aquatiques. Parmi eux, 650 000 à 840 000 auraient un potentiel de
transmission à l’homme.» Il milite pour un ambitieux projet, le Global
Virome Project, qui pourrait dresser le catalogue du génome de tous ces
virus. Un projet titanesque revu à la baisse, avec des besoins de
financement réduits de 10 à 1,3 milliard de dollars.
«La
virosphère est très vaste, très diverse et elle évolue rapidement,
avertit Edward Holmes. Sur une telle population de virus, il est
impossible d’évaluer l’émergence d’une nouvelle épidémie. D’autant que
les événements d’émergence restent rares.» Une course sans fin,
estime-t-il.
Enseignements d’Ebola
L’histoire des
épidémies récentes semble lui donner raison. «Prenons Ebola, raconte
Arnaud Fontanet. Quand l’épidémie a démarré en Afrique de l’Ouest, fin
2013, le virus et les symptômes qu’il provoque étaient archiconnus. Mais
il a fallu quatre mois pour que le diagnostic soit évoqué par un
médecin de Médecins sans frontières, et les échantillons envoyés au
Centre national de référence de l’Institut Pasteur qui a identifié le
virus, à Lyon.» Ces quatre mois perdus ont été extrêmement
préjudiciables. Pour autant, disposer d’un catalogue des virus hébergés
par les chauves-souris – dont Ebola – n’aurait servi à rien. «C’est la
déficience des services de santé qui était en cause.» La leçon a porté
ses fruits: en avril dernier, quand a surgi une nouvelle épidémie
d’Ebola en RDC, les services de santé ont été bien plus réactifs. Lire aussi:Cette fois, il y a un vaccin contre le virus Ebola
C’est
une certitude, les modifications environnementales sont à haut risque.
«Les moteurs de l’émergence d’une nouvelle maladie infectieuse sont des
changements affectant la démographie des populations humaines ou
animales, l’exploitation agricole ou l’aménagement d’un territoire
(exploitation minière…), les comportements humains (conduites sexuelles,
migrations, déplacements…) ou ceux des pathogènes, les changements
technologiques ou climatiques…», a listé Edward Holmes. L’incroyable
épopée de la pandémie du sida en a fourni une éclatante confirmation.
Martine Peeters, de l’Institut de recherche pour le développement à
Montpellier, a retracé l’histoire du passage du VIH du singe à l’homme,
entre 1900 et 1920, puis de sa diffusion locale et enfin mondiale.
Depuis Ebola, la collaboration internationale s’est améliorée
Quand
une épidémie démarre, la détection des premiers patients est cruciale.
«Les tout premiers patients sont des sujets à très haut risque, souvent
professionnellement. Leur analyse donne très rapidement des pistes pour
aller chercher l’origine du mal», relève Arnaud Fontanet.
Les virus… et leurs alliés
L’analyse des moustiques vecteurs est aussi très informative. Les moustiques du genre Aedes,
par exemple, sont les principaux vecteurs de la fièvre jaune, de la
dengue, du Zika et du chikungunya. Scott Weaver, de l’Université du
Texas, a montré comment Aedes aegypti est devenu purement
anthropophile: ce moustique ne se nourrit plus que de sang humain. Il
s’est parfaitement adapté aux grandes villes des zones tropicales, où il
diffuse ces maladies.
Autre approche utile, celle de Neil
Ferguson, de l’Imperial College à Londres, qui s’attache à modéliser en
temps réel l’effet des interventions possibles sur la dynamique d’une
épidémie émergente. Avec pour but d’éclairer les décisions politiques.
Quel sera l’impact, par exemple, d’une restriction des déplacements,
d’un vaccin administré aux personnes en contact avec un malade, d’un
isolement des malades à différents stades de l’infection ou d’une
prophylaxie médicamenteuse?
«On est de mieux en mieux équipés pour
modéliser le risque d’émergence, identifier les zones à risque», estime
Simon Cauchemez, de l’Institut Pasteur, co-organisateur du colloque.
Mais ces analyses imposent une coordination très efficace entre les
équipes de terrain, les organisations internationales, les chercheurs de
tous pays. «Depuis Ebola, la collaboration internationale s’est
améliorée», se réjouit-il https://www.letemps.ch/sciences/peril-epidemies-lui-faire-face
Les ravages de la NASH, ou maladie du soda
Elle
touche 1% de la population mondiale et progresse à grands pas, la NASH,
ou stéato-hépatite non alcoolique, détériore progressivement toutes les
fonctions hépatiques en raison d’une surcharge de graisse dans le foie.
Une journée internationale de prévention lui sera consacrée le 12 juin
prochain
«On ne peut plus laisser la majorité des patients
découvrir la maladie par hasard, quand il est trop tard pour la soigner.
Lorsque le foie se détruit, il le fait sans douleur et en silence.
Informer et appeler à la vigilance peut donc sauver des vies.» Dans son
ouvrage paru en mars sous le titre de NASH, La maladie de la malbouffe
(Flammarion), l’hépato-gastroentérologue parisien Dominique Lannes
lance un appel général à préserver l’un de nos organes les plus
précieux. Car le foie, dont le but est de traiter les nutriments
charriés par le sang afin de les transformer en vitamines, en hormones
ou en carburant pour l’ensemble du corps, souffre tout comme le cœur
d’un excès de sucre et de graisses, deux composants omniprésents dans
notre alimentation actuelle.
Au fil de sa carrière, le médecin
français a vu le foie de sa patientèle subir une importante mutation,
devenant, au cours de ces trente dernières années, de plus en plus gras.
Un constat loin d’être isolé: «On estime que 30% de la population est
aujourd’hui touchée par une stéatose, autrement dit une surcharge de
graisse au niveau du foie, explique au Temps Dominique Lannes. A
ce stade, on peut encore agir, mais il s’agit de la première étape
avant de développer une NASH, une maladie que certaines autorités de
santé publique n’hésitent pas à qualifier de «fléau du siècle», et qui
se propage discrètement par le contenu de nos assiettes.»
Maladie du foie gras
Derrière
la NASH, acronyme anglais pour stéatohépatite non alcoolique, également
appelée maladie du soda, se cache une pathologie qui dégrade
progressivement toutes les fonctions du foie. Comme son nom l’indique,
cette affection atteint cet organe non par alcoolisme ni par un virus,
mais par la simple présence de graisse, principalement en lien avec une
alimentation industrielle et transformée. Encore largement méconnue du
grand public, l’affection, qui touche 1% de la population mondiale, aura
sa première journée internationale le 12 juin prochain. Des événements,
visant à sensibiliser la population, se tiendront en Suisse, notamment à
Berne. Lire aussi:Le sucre, nouvel ennemi public n° 1 de la lutte anti-obésité https://www.letemps.ch/sciences/ravages-nash-maladie-soda
Hépatite B: 300 millions de malades dans le monde
Selon l’étude publiée dans «The Lancet» mardi, la maladie virale n’est pas ou mal traitée dans 95% des cas. Seules 1% des femmes enceintes dans le monde reçoivent un traitement adéquat
L’hépatite B est un fléau mondial qui touche près de 300 millions de personnes dans le monde, selon une étude parue mardi. Dans 95% des cas, la maladie virale n’est pas ou mal traitée.
Cette infection du foie peut provoquer, si elle n’est pas soignée, des complications mortelles comme la cirrhose ou le cancer. Le nombre de décès dus à ces complications se monte à 600 000 chaque année, d’après les estimations de cette étude parue dans The Lancet Gastroenterology & Hepatology.
La situation est particulièrement préoccupante chez les femmes enceintes, qui peuvent transmettre le virus à leur enfant: seules 1% d’entre elles dans le monde reçoivent un traitement adéquat.
Un vaccin recommandé
L’une des raisons est le sous-diagnostic. Si un test existe depuis le début des années 1970, neuf malades sur dix s’ignorent. Le virus est hautement contagieux, se transmettant facilement par le sang ou d’autres fluides corporels. Et les enfants en sont souvent les victimes.
La maladie est incurable, mais des antiviraux permettent de lutter contre les symptômes. Par ailleurs, un vaccin existe depuis le début des années 1980, recommandé par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1992 chez les nouveau-nés dès les premières 24 heures. Mais seulement la moitié d’entre eux dans le monde le reçoivent aussi rapidement.
«La plupart des transmissions de mère à enfant ont lieu dans les quelques jours suivant la naissance, donc l’injection à la naissance est vitale», a souligné le principal auteur de l’étude, Homie Razavi, virologue au centre de recherche CDA de Louisville (Colorado, Etats-Unis).
Un virus répandu en Asie orientale et en Afrique subsaharienne
Seize pays concentrent plus de 80% des enfants de cinq ans affectés. Or un seul, la Chine, atteint une couverture vaccinale de 90% à la naissance. L’étude rassemble les données de 435 autres, et les travaux de plus de 600 experts nationaux. Elle a abouti à une estimation de 292 millions de malades en 2016, soit 4% de la population mondiale.
Le virus est le plus répandu en Asie orientale et en Afrique subsaharienne. En Centrafrique notamment, 12% de la population est atteinte. Cinq pays émergents (Chine, Inde, Indonésie, Nigeria et Philippines) comptent pour 60% des infections.
«Cette étude détaille à quel point sont mal placées les priorités et les dépenses pour le traitement contre l’hépatite B», ont commenté deux professeurs de médecine cités parThe Lancet,Geoffrey Dusheiko et Kosh Agarwal. D’après eux, «il faut élever la prise de conscience quant à l’hépatite B au même niveau que celle concernant le VIH». https://www.letemps.ch/sciences/hepatite-b-300-millions-malades-monde
Des virus modifiés pour lutter contre les tumeurs
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Sciences - Santé
Des chercheurs suisses ont démontré qu'il était possible de stimuler
le système immunitaire grâce à un virus génétiquement modifié. Une
avancée majeure dans le domaine de l'immunothérapie.
Le système immunitaire ne se bat que très peu contre les cellules
cancéreuses, tandis qu'il lutte férocement contre les virus. Partis de
ce constat, des chercheurs de l'Université de Genève et de Bâle en
Suisse ont modifié un virus, d'abord rendu inoffensif, afin de lui
adjoindre des des protéines provenant de cellules cancéreuses. Le
système immunitaire apprend de cette manière à réagir face à la maladie.
Les essais sur les souris sont sortis concluants. En effet, ce virus
modifié a permis d’alerter le système immunitaire, provocant le
recrutement de cellules tueuses dirigées contre les cellules
cancéreuses. Espoir pour de nouvelles thérapies anticancéreuses
Les possibilités de traitement des patients cancéreux se sont
considérablement développées ces dernières années. Cette découverte
permet en effet d'ouvrir la voie à de nouvelles techniques dans le
domaine de l'immunithérapie. Les chercheurs rappellent cependant que de
nombreux cancers, aujourd’hui encore, ne répondent pas de manière
satisfaisante aux traitements disponibles. "Nous espérons que nos
nouvelles découvertes et technologies trouveront bientôt une application
dans le traitement du cancer et contribueront à améliorer les chances
de réussite des traitements", expliquent les responsables des
groupes de recherche de cette étude. Ce virus modifié, très prometteur, a
déjà pu être breveté. http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/des-virus-modifies-pour-lutter-contre-les-tumeurs-59255373cd7002254302e610
Campagne de vaccination «sans précédent» contre la fièvre jaune en Afrique
L’épidémie de fièvre jaune qui
touche l’Angola et la République démocratique du Congo est
particulièrement inquiétante aux yeux de l’Organisation mondiale de la
santé
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) sort
l’artillerie lourde contre l’épidémie de fièvre jaune qui touche
l’Angola et la République démocratique du Congo (RDC) et qui menace de
se propager à d’autres continents. Certes, l’OMS n’a pas proclamé cette
épidémie comme «une urgence de santé publique de portée internationale,
ce qui permettrait d’imposer des restrictions de voyage et de commerce
avec les pays concernés. «Nous allons vacciner 30 millions de personnes.
Cela montre combien nous prenons la situation au sérieux», a toutefois
annoncé jeudi Bruce Aylward, le directeur ad intérim des urgences à
l’OMS.
La fièvre jaune est une infection hémorragique virale de la
même famille qu’Ebola, un virus qui avait ravagé l’Afrique de l’Ouest
en 2015, semé une panique mondiale et mis à nu les manquements de l’OMS.
Mais la comparaison s’arrête là. Alors qu’il n’y a encore aucun vaccin
contre Ebola, celui contre la fièvre jaune est très efficace.
Depuis
le début de l’épidémie, en Angola en décembre 2015, quelque
14,5 millions de personnes ont déjà été vaccinées. En juillet et août,
4,3 millions d’Angolais supplémentaires et 11 millions de Congolais
seront immunisés. Selon l’OMS, cette campagne de vaccination contre la
fièvre jaune est «sans précédent».
Course contre la montre
Une
course contre la montre est engagée avant le début de la saison des
pluies, prévue en septembre, et la prolifération des moustiques Aedes
Aegypti, vecteurs du virus. La maladie est endémique dans 33 pays
africains et 14 sud-américains. Fait inquiétant, cette épidémie s’est
déclarée en milieu urbain, à Luanda, la capitale de l’Angola. Jusqu’à
présent, la maladie se propageait à partir des zones rurales en bordure
des forêts africaines. Les singes constituent en effet le réservoir du
virus.
«Nous n’avons pas d’indication d’une mutation du virus,
informe Bruce Aylward. Mais cette nouvelle dynamique découle de
l’urbanisation accélérée de l’Afrique et de la plus grande mobilité des
populations.» L’Angola et la RDC déplorent 4800 cas présumés et 430
décès. En mars dernier, la Chine a enregistré 11 cas de fièvre jaune,
des travailleurs revenus d’Angola, la première fois que l’Asie était
touchée. Le mois suivant, c’était au tour du Kenya d’être contaminé.
Aucun cas n’a depuis été signalé dans ces deux pays.
La campagne
de vaccination, dont le coût est estimé à 34 millions de dollars, n’est
même pas à moitié financée. Le Brésil a promis 2,5 millions de doses de
vaccins, pour ne pas assécher le stock mondial. Genève assure la
coordination de cette campagne de vaccination, en collaboration avec le
siège régional de l’OMS à Brazzaville. Après le fiasco de la lutte
anti-Ebola, la chaîne de commandement a été clarifiée mais la réforme de
l’OMS est loin d’être terminée. http://www.letemps.ch/sciences/2016/07/07/campagne-vaccination-precedent-contre-fievre-jaune-afrique
L’épidémie de Zika relance le débat sur l’avortement au Brésil
S’étendant dans toute
l’Amérique du Sud, le parasite transporté par les moustiques, les mêmes
qui véhiculent la dengue ou le chikungunya, seraient en cause dans
l’apparition de microcéphalie chez les nouveau-nés. Des bébés dont
les mères ne veulent pas
Silvia*, 32 ans, était à
douze semaines de grossesse quand elle a décidé d’avorter dans l’une des
cliniques huppées de Sao Paulo. L’intervention s’est déroulée
le 15 janvier, dans la clandestinité. Quelques jours plus tôt, le
médecin lui avait annoncé le verdict: elle avait été infectée par le
virus Zika, une épidémie dévastatrice au Brésil, transmise par le
moustique Aedes aegypti. La plupart du temps anodine, voire
indétectable, chez l’adulte, la maladie peut se transmettre au fœtus et
provoquer une terrible malformation, la microcéphalie. L’enfant naît
avec une boîte crânienne inférieure à 33 cm de circonférence et souffre
de retards de développement plus ou moins sévères.
«J’étais
incapable de lui dire si la probabilité que le fœtus soit contaminé
était de 1%, 50% ou 100%, dit le médecin, mais je l’ai prévenue.» La
microcéphalie ne se détecte qu’à six mois de grossesse. Désespérée,
Silvia n’a pas voulu prendre de risque, quitte à se transformer en
criminelle aux yeux de la loi brésilienne. L’interruption volontaire de
grossesse (IVG) est, dans le pays – sous influence des Eglises
catholique et évangélique – interdite sauf en cas de viol, de mise en
danger de la vie de la mère et (depuis une décision de la Cour suprême
rendue en 2012) en cas d’anencéphalie (absence de cerveau), une
malformation condamnant les nouveau-nés à ne survivre que quelques
minutes après l’accouchement. Au regard de la loi, la microcéphalie ne
justifie pas d’avortement, le bébé étant viable. Mais, dévasté par
l’épidémie de virus Zika et la multiplication des cas de microcéphalie,
le Brésil s’interroge.
Depuis son apparition, au printemps 2015,
la maladie se propage à grande vitesse. Le ministère de la santé a fait
état le 20 janvier de plus de 3 893 cas de microcéphalies suspectes
(liées au virus). Localisés principalement dans le Nord-Est, les cas
s’étendent désormais à 21 Etats brésilien sur 27, et au-delà des
frontières dans une vingtaine de pays (Honduras, Mexique, Venezuela,
Guyane…). Le 16 janvier, un cas a été confirmé aux Etats-Unis, à Hawaï,
par une femme s’étant rendue au Brésil en 2015. Les autorités
américaines déconseillent depuis aux femmes enceintes de voyager dans
les pays infectés.
«La microcéphalie n’est pas l’anencéphalie, […]
mais l’épidémie de virus Zika a créé une situation exceptionnelle. […]
Le plus rationnel serait de revoir le régime de l’avortement de notre
code pénal», plaidait le 16 janvier un éditorial de la Folha de S. Paulo,
quotidien très lu dans le pays. Quelques jours plus tôt, dans le même
journal, Hélio Schwartsman, philosophe et éditorialiste, soulignait que
«l’avortement en cas de viol, qualifié d’avortement sentimental, se
justifie par le fait qu’il serait inhumain d’obliger une femme à porter
l’enfant de son agresseur». Et d’en conclure que la santé psychique de
la femme est primordiale et qu’elle «doit donc être libre de décider».
«Le
virus Zika a rouvert le débat», estime Bia Galli, de l’ONG
internationale Ipas, dont l’objectif est de mettre fin aux morts liées
aux IVG. Selon des estimations, un million de Brésiliennes avortent dans
l’illégalité chaque année. Quand les classes aisées peuvent dépenser de
10 000 à 15 000 reais (de 2450 à 3670 francs suisses) pour interrompre
leur grossesse dans une clinique, les plus modestes ont recours à des
charlatans ou à des méthodes barbares, telle l’aiguille à tricoter,
mettant leur vie en danger. Près d’une femme meurt tous les deux jours
Brésil des suites d’une IVG réalisée dans des conditions déplorables.
«Avec
l’épidémie de Zika, ces chiffres vont augmenter», s’alarme Bia Galli.
Les avortements cachés masqueront aussi une partie des données liées à
la propagation du virus. Le gouvernement, pourtant, se garde de prendre
part au débat. Interrogé, le ministère de la santé s’est contenté de
rappeler le droit. «La population, ne dispose pas d’information claire
et générale sur cette maladie, sur la prévention, les conséquences, le
diagnostic et les recours possibles», souligne Bia Galli, encore
atterrée par la dernière gaffe du ministre de la santé, Marcelo Castro,
dévoilée par le journal O Globo le 15 janvier, quand il suggère
aux jeunes filles de contracter le virus Zika avant d’être fertiles,
afin d’être immunisées et d’économiser un éventuel futur vaccin.
«Le
gouvernement fait preuve de négligence», insiste Artur Timerman,
président de la Société brésilienne de dengue et d’arbovirus (virus
transmis par les moustiques). Selon lui, les autorités n’ont pas pris la
mesure du problème: «Nous sommes confrontés à une triple
épidémie. Celle de Zika, mais aussi celles de dengue et de chikungunya»,
trois maladies transmises par le même moustique A. aegypti.
En 2015, 1,6 million de cas de dengue ont été recensés au Brésil,
provoquant 863 décès, dont la moitié à Sao Paulo. La mégalopole, encore
épargnée par le Zika, ne le restera pas longtemps. «Pour quelles raisons
un moustique qui transmet la dengue ne transmettrait pas le virus Zika?
Parce que le gouvernement en a décidé autrement?», s’interroge-t-il.
*Prénom modifié
Un an après, les humanitaires tirent les leçons d'Ebola
AFP
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Sciences - Santé
Un an après la notification officielle par l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) de l'épidémie Ebola, au moins 24.000
personnes ont été infectées, plus de 10.000 sont mortes et les
humanitaires s'interrogent: aurait-on pu en sauver davantage?
Dans un rapport publié lundi, Médecins sans frontières (MSF)
fustige l'OMS, accusée d'avoir ignoré ses appels à l'aide et tardé à
réagir. Lorsqu'elle décrète en août une "urgence de santé publique
mondiale", "plus d'un millier de personnes étaient déjà mortes", déplore
l'organisation non gouvernementale, accusant à demi-mot l'institution
de Genève d'avoir réagi seulement "quand Ebola est devenue une menace
pour la sécurité internationale".
"L'OMS aurait dû combattre le virus, pas MSF", résume Christopher Stokes, directeur général de l'ONG.
Pour autant, Médecins sans frontières s'interroge aussi sur
sa propre intervention dans les pays touchés (Liberia, Guinée et Sierra
Leone).
L'ONG a mis en oeuvre des moyens colossaux avec plus de
1.300 expatriés et 4.000 employés locaux, la formation de 800
volontaires et 250 d'autres organisations, la création de plusieurs
centres dont un de 250 lits.
Mais ce combat a impliqué des choix traumatisants pour les
équipes. Fin août, par exemple, le camp Elwa 3 de Monrovia n'ouvrait
plus que 30 minutes par jour, ne laissant entrer que quelques patients
venus remplacer ceux morts pendant la nuit.
"Nous ne pouvions offrir que des soins palliatifs très
basiques et il y avait tellement de patients et si peu de personnel que
le personnel n'avait en moyenne qu'une minute par patient. C'était une
horreur indescriptible", décrit une humanitaire citée dans ce rapport.
2.547 patients de MSF sont décédés. "Même dans la plupart
des zones de guerre, perdre autant de patients en si peu de temps c'est
du jamais-vu", selon ce rapport.
"Le personnel médical n'était pas préparé à faire face à une
situation où au moins 50% de leurs patients meurent d'une maladie pour
laquelle il n'existe aucun traitement", constate MSF.
En décembre, des pontes de l'ONG opèrent une violente
autocritique, évoquant une "forme institutionnalisée de non-assistance
de personnes en danger de mort". En contenant l'épidémie, les soignants
en auraient oublié les patients. Leur lettre ouverte provoque un débat
interne houleux.
"Il y avait de larges marges d'amélioration. Dans beaucoup
d'endroits il était possible de faire des réhydratations, des
antibiothérapies, qui auraient permis de sauver un certain nombre de
patients", selon Rony Brauman, ex-président de MSF et professeur à
Sciences-Po.
Le protocole de sécurité pour limiter les risques de
contamination, avec combinaison obligatoire, bottes et gants, rendait
difficiles certains soins, comme les intraveineuses.
"Il y a de grandes leçons à tirer", reconnaît Isabelle
Defourny, directrice des programmes de l'ONG Alima, qui a ouvert un
centre en Guinée à l'automne, "par exemple dans la façon dont on monte
les centres, on peut mettre en place des couloirs en plexiglas qui
permettent d'isoler les patients mais de les voir sans porter la
combinaison".
"On aurait pu utiliser plus de traitements expérimentaux à
titre compassionnel, effectuer plus d'analyses biologiques pour mieux
connaître la maladie, plus de réanimation...", égrène-t-elle.
Elle remarque aussi que "les soignants locaux étaient très à
risque et particulièrement décimés" à la différence des Occidentaux
qui, en cas de contamination, ont été soignés en Occident et "il n'y a
pratiquement pas eu de mortalité". Chez MSF, vingt-huit membres ont été
contaminés et 14 sont décédés, tous employés localement.
Mais "la nouveauté" et "l'ampleur" d'Ebola ont joué contre les humanitaires, nuance Isabelle Defourny.
Jusque-là, "il y avait globalement peu de gens expérimentés
sur Ebola", souligne le médecin Hilde De Clerck, spécialiste des fièvres
hémorragiques à MSF Belgique.
L'explosion du nombre de cas, en particulier à l'été 2014,
et leur dispersion géographique a fait qu'à un certain moment, "on a
atteint nos limites", dit-elle. "On est juste une ONG."
Si l'épidémie a faibli, il reste du travail aux
humanitaires, avec les systèmes de santé des pays touchés par Ebola,
"déjà pas très forts et aujourd'hui à terre", selon Isabelle Defourny,
et de l'espoir, notamment avec les premiers résultats encourageants de
l'antiviral japonais favipiravir.
La tuberculose stagne en Belgique
Belga
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Sciences - Santé
Les programmes actuels de dépistage et de traitement de la
tuberculose en Belgique obtiennent des résultats inférieurs aux
objectifs fixés pour éradiquer la maladie d'ici 2035, ne faisant pas
diminuer son incidence, rapporte Le Soir lundi. En 2013, 981 cas de
tuberculose ont été enregistrés, ce qui correspond à une incidence de
quasi 9 cas sur 100.000 personnes. On constate une très lente régression
chez les Belges. Mais les non-Belges représentent 52% des cas et leur
incidence est quasi cinq fois supérieure.
Plus de la moitié des cas sont concentrés dans les sept
grandes villes du pays. "Cela s'explique parce que paupérisation et
tuberculose sont intimement liées", selon les experts du Fares, qui
produit un registre de la tuberculose.
L'une des causes de la stagnation est le taux d'abandon de
traitement, qui culmine à 20% à Bruxelles. "Ce risque est majoré parmi
les tuberculeux plus vulnérables comme les demandeurs d'asile, les
prisonniers et les sans-abri. Ils nécessitent un accompagnement qui
permette de favoriser la prise adéquate des médicaments mais aussi de
résoudre des problèmes sociaux ou de la vie quotidienne comme se nourrir
et se loger", conclut Maryse Wanlin, directrice du Fares.
L'Inde
connaît un net regain du virus de la grippe porcine H1N1. Son ministère
de la santé a annoncé, mercredi 11 février, que 407 personnes étaient
mortes de la grippe porcine depuis le début de l'année, dont plus de la
moitié lors des dix premiers jours de février. Plus de 5 000 cas ont été
détectés. Le le gouvernement a annoncé qu'il revoyait ses procédures pour empêcher le développement de la maladie, en particulier en vaccinant le personnel médical en contact avec les malades.
Une touriste suisse âgée de 70 ans est morte jeudi dans lEtat du Raahstan, dans l'ouest de l'Inde après avoir
contracté le virus, a annoncé un responsable des autorités de santé.
Les autorités du Rajasthan, où 117 personnes sont mortes, ont annulé les
congés des médecins tandis que dans l'Etat voisin du Gujarat, des
patients paniqués faisaient la queue à l'extérieur des hôpitaux pour être examinés.
L'Organisation mondiale de la santé a déclaré la fin de la pandémie
en août 2010, plus d'un an après l'apparition du virus H1N1 au Mexique qui avait créé la panique et tué des milliers de personnes dans le monde.
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2015/02/12/le-virus-h1n1-fait-plus-de-400-morts-en-inde_4575282_3216.html#F4LG6roBIW3XTXTX.99
Conflit autour d’un traitement contre l’hépatite C
LE MONDE ECONOMIE
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• Mis à jour le
|
Par Paul Benkimoun
La bataille autour du sofosbuvir, médicament
révolutionnaire contre l’hépatite C, se poursuit. Mardi 10 février,
l’organisation médicale humanitaire Médecins du monde
(MDM) a attaqué le brevet de ce traitement, commercialisé depuis 2013
sous le nom de Sovaldi, auprès de l’Office européen des brevets. Tout en
reconnaissant une avancée thérapeutique majeure, MDM conteste que cette
molécule du laboratoire américain Gilead Sciences soit suffisamment innovante pour être couverte par un brevet. Surtout, elle juge son prix « exorbitant » et dénonce l’absence de génériques.
Le
sofosbuvir a tout pour plaire : un traitement administré uniquement par
voie orale, deux fois plus court que les autres traitements de
référence, moins d’effets secondaires et surtout un taux de guérison
dépassant les 90 %. Tout pour plaire, sauf son coût : variable selon les pays, il atteint 41 000 euros en France et 74 000 euros aux Etats-Unis pour un traitement complet de douze semaines.
Des frais qui risquent d’exclure des soins de nombreux malades. Or,selon un rapport du professeur Daniel Dhumeaux de 2014, qui recommande de traiter les patients dès une atteinte du foie modérée,quelque
120 000 malades de l’hépatite C auraient besoin de ces médicaments en
France. Pour Jean-François Corty, directeur des opérations France de
MDM, il s’agit « de relancer le débat sur le problème de fixation des prix du médicament en France ».
L’histoire du sofosbuvir a commencé le 21 novembre 2011, lorsque Gilead Sciences
a fait l’acquisition de Pharmasset, une société de biotechnologie
détentrice de trois candidats médicaments au stade des essais cliniques
pour le traitement de l’hépatite C. Cette infection du foie due à un
virus (VHC) évolue dans 80 % des cas vers la chronicité et une
dégradation du fonctionnement hépatique, aboutissant dans 10 % à 20 %
des cas à une cirrhose, et plus rarement à un cancer du foie.
Le
coût d’acquisition de Pharmasset a été évalué à 11 milliards de dollars
(9,7 milliards d’euros), bien au-dessus de la valeur estimée de cette
société, pour écarter
les concurrents. L’investissement s’est finalement révélé plus que
juteux : le 3 février, Gilead Sciences a annoncé des ventes d’un montant
de 10,3 milliards de dollars pour la seule année 2014. Sans compter celles d’un autre de ses
médicaments, Harvoni, combinant en un seul comprimé le sofosbuvir et
une autre molécule inhibant le VHC, qui ont rapporté 2,1 milliards de
dollars depuis son autorisation en octobre 2014.
« Manque d’activité inventive »
En septembre 2014, plusieurs associations, dont SOS Hépatites, MDM et Aides, se sont élevées contre le prix jugé « exorbitant » du sofosbuvir. Elles ont demandé – sans effet – au ministère français de la santé de prendre une licence d’office sur le médicament afin d’autoriser des fabricants de génériques à le produire
à coût très réduit. Gilead, de son côté, a justifié ce montant élevé
par les coûts de développement (notamment les essais cliniques qu’il a
financés) et les nombreux cancers du foie évités. « C’est comme si on calculait le prix d’un airbag sur la base du coût des vies humaines qu’il sauve », ironise Céline Grillon, responsable du plaidoyer pour la réduction des risques à MDM.
Le principe actif du sofosbuvir dérive d’une molécule au nom de code RO2433. Cette dernière ne peut pas pénétrer toute seule dans les cellules hépatiques infectées par le VHC. Pour qu’elle y parvienne, il faut lui adjoindre
un groupement chimique qui permettra sa transformation dans les
cellules du foie en une forme active dite « RO2433-TP ». Le sofosbuvir
est l’une des formes de la molécule d’origine pourvue du groupement
chimique.
Pharmasset a déposé en 2005 une première famille de
brevets sur le RO2433 et les formes produites par sa transformation dans
le foie, ainsi que sur plusieurs milliers d’autres molécules
apparentées. La demande est toujours en cours d’examen par l’Office
européen des brevets, indique MDM. Une seconde famille
de brevets a ensuite été déposée, couvrant les différentes combinaisons
chimiques entre le RO2433 et le fameux groupement chimique permettant
l’entrée dans le foie. L’Office européen des brevets a accordé en
mai 2014 un brevet couvrant les différentes formes duRO2433 pourvu du groupement chimique, dont le sofosbuvir.
MDM conteste le bien-fondé de ce brevet. L’association s’appuie sur deux arguments : le « manque d’activité inventive » et le fait que « l’objet du brevet s’étende au-delà du contenu de la demande telle qu’elle a été déposée initialement. »
Sur le premier point, MDM fait valoir
que l’ajout du groupement chimique rendant active la molécule découlait
de l’état de la technique. Cette découverte est en effet issue des
travaux menés par l’équipe du Pr Chris McGuigan, à l’université publique
britannique de Cardiff, et publiés en 2007. Sur le second motif
d’opposition, MDM souligne que la demande de brevet a été déposée avant
que le sofosbuvir soit identifié. A l’époque, insiste MDM, le sofosbuvir
« n’était qu’une molécule parmi les milliers d’autres
potentiellement actives sur lesquelles Pharmasset revendique la
priorité ». La procédure, qui prévoit que Gilead Sciences examine les arguments invoqués et y réponde, devrait durer au moins un an et demi à deux ans.
encore un exemple qui montre comment les lobbies pa
harmaceutiques ont bien noyauté le système et profite de la situation
pour faire des profis monstrueux. quel malade peut se permettre un tel
coût? c'est tout simplement l'expression du parfait mépris pour les
malades du moment que cela rapporte et nos autorités sanitaires marchent
dans la combine. on a le droit de demander ce qui les guide vraiment ou
alors c'est de l'incurie à un niveau inoui!
Le journaliste pourrait-il s'intéresser à la combinaison de
Merck MK-5172/MK-8742 qui est aussi très prometteuse et devrait faire
très sensiblement baisser le prix des traitements ?
Une solution: se payer l'avion jusqu'en Inde pour s'y faire prescrire le médicament (300 USD pour un mois de traitement)...
Comment ?
C'est ignoble ?
Ca serait pas le labo qui a commencé ?
Délicate situation ou les besoins en financement pour
développer de nouvelles molécules sont considérables. Parallèlement
l'accès aux soins ne doit pas être réservé à une minorité.
Quelle solution intermédiaire permettant le financement de la recherche
tout en permettant l'accès aux soins aux plus grands nombres? Des
exemples à l'étranger?
CB@ c' est la quadrature du cercle et on pensait l' avoir
résolu avec la notion de service public, avec ou sans délégation. Mais
ce service public était démodé et on a entendu un peu partout qu' il
fallait le défaire au profit du marché. De la même façon, nous sommes en
train de dépecer la sécurité sociale au profit des mutuelles et
assurances privées: d' ici peu, nous arriverons au mêmes dilemmes et aux
mêmes résultats. C' est moins visible mais nous y sommes presque.
Ebola : les tests en Guinée d'un antiviral nippon sont « encourageants »
Le Monde.fr avec AFP
|
Alors que l'épidémie du virus Ebola montrait un regain fin janvier, l'essai pour tester
l'efficacité d'un médicament antiviral japonais, le favipiravir
(Avigan) produit par une filiale de Fujifilm, sur des malades d'Ebola en
Guinée a obtenu des résultats « encourageants »,
a annoncé jeudi 5 février l'Institut français pour la santé et la
recherche médicale (Inserm), qui indique qu'ils ont été présentés à François Hollande.
L'essai, qui a débuté le 17 décembre 2014,
visait à tester l'efficacité d'un médicament produit par Toyama
Chemical, sous l'égide de l'Inserm, pour réduire la mortalité des personnes contaminées et limiter la quantité de virus dans leur corps. «
Les résultats (…) montrent une réduction du nombre de décès chez les
adultes et adolescents ayant une faible multiplication du virus. La
guérison est accélérée », a déclaré l'Elysée dans un communiqué.
« VALIDATION NÉCESSAIRE »
Le traitement antiviral japonais « a été donné à 80 malades, adultes et enfants », a précisé l'Elysée. «
L'espoir raisonnable que suscitent ces résultats est partagé par
l'ensemble des partenaires. Leur validation chez un plus grand nombre de
patients est nécessaire », ont ajouté les services de François Hollande.
Ces résultats préliminaires sont les premiers à montrer l'efficacité d'un traitement contre le virus Ebola qui a fait 8 981 morts depuis le début de l'épidémie en Afrique de l'Ouest d'après le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/02/05/ebola-les-tests-en-guinee-d-un-antiviral-nippon-sont-encourageants_4570594_3244.html#sxLIjD1q9TzksTQK.99
Séance de vaccination à Miami:
depuis le début de l’épidémie en Californie, la demande s’est accrue aux
Etats-Unis. (Joe Raedle/Getty Images/AFP)
Les réticences de plusieurs personnalités politiques de premier
plan face aux vaccins ont relancé un vif débat. Les parents doivent-ils
avoir leur mot à dire quand il s’agit de vaccination?
«Je connais personnellement deux enfants qui sont devenus autistes! Il y a des raisons!» Sur Twitter, sur Facebook,
la Toile américaine est remplie de ces messages affolés et affolants
concernant la vaccination contre la rougeole. L’épidémie a débuté en
décembre à Disneyland, en Californie, et la maladie est aujourd’hui
présente dans quatorze Etats, contagion oblige. Si la rougeole n’est pas
grave en soi, ses complications peuvent être mortelles.
Les
parents doivent-ils avoir leur mot à dire quand il s’agit de
vaccination? Dans la plupart des Etats, les écoles exigent que les
enfants soient immunisés, entre autres contre la rougeole, mais les
parents peuvent demander des dérogations. Et les taux de vaccination
sont en baisse. 644 cas de rougeole ont ainsi été recensés en 2014, le
chiffre le plus haut depuis vingt ans, selon les statistiques, reprises partout, du Center for Disease Control d’Atlanta. Alors que la maladie a officiellement disparu en 2000…
Le choix aux familles?
Le
débat, ancien aux Etats-Unis, connaît ces jours une nouvelle acuité
avec la prise de parole publique de personnalités politiques de premier
plan, amplifiée sur les réseaux. Le sénateur républicain Rand Paul, qui
vise une nomination à la primaire républicaine, a ainsi déclaré à la télévision
qu’il s’agissait selon lui d’une question de liberté pour les parents:
«Je connais plusieurs enfants qui ont eu de graves problèmes mentaux
après des vaccins. Je ne dis pas que les vaccins sont une mauvaise
chose, mais que les parents devraient avoir leur mot à dire. Les enfants
appartiennent aux familles, pas aux Etats!» Rand Paul est médecin, il
est ophtalmologue. «Vu ses positions, je me demande s’il a vraiment eu son diplôme», se demande un internaute.
Autre figure républicaine qui rêve aussi
d’une nomination pour la présidentielle, le gouverneur du New Jersey,
Chris Christie, a d’abord estimé que «les familles devaient avoir le
choix», avant que son service de presse ne se rétracte, précisant que
«les vaccins sont une protection de santé publique importante. Et face à
une maladie telle que la rougeole, il n’y a aucun doute que les enfants
doivent être vaccinés.» «Les médias et la gauche veulent faire passer les républicains pour des anti-science», regrette un compte appelé «La droite juste».
La ligne de partage entre pour et contre serait moins politique que liée à l’âge, selon un sondage.
«Les
#vaccinations ne sont pas seulement pour vos enfants, c’est pour
protéger tous ceux que leur système immunitaire ne peut pas protéger!»
tonne une internaute. Sur Twitter, les mots-dièses #Vaccinations,
#Kidsvaccinations ou encore #MeaslesOutbreak suscitent des milliers de
messages. «Si vous ne voulez pas être vaccinés, alors nous ne voulons
pas de vous», écrit un internaute,
tandis que d’autres renvoient à la poignante tribune que l’écrivain
Roald Dahl, le père de Charlie et la chocolaterie, avait écrite en 1988,
racontant comment, vingt-six ans plus tôt, il avait perdu sa fille de
7 ans, à une époque où le vaccin contre la rougeole n’était pas si
répandu. Olivia est décédée d’une encéphalite aiguë, une des
complications possibles de la maladie.
L’ébullition de la Toile permet aussi de rappeler que la
seule étude qui ait jamais lié le vaccin contre rougeole, rubéole et
oreillons à des cas d’autisme était de la mauvaise science, fondée sur de fausses données, qu’elle a été retirée par le Lancet – qui l’avait d’abord publiée – et que son auteur a été radié de l’ordre des médecins. «Une escroquerie totale», commente un internaute.
Responsabilité collective, partage des risques, liberté individuelle… Pour Mia Farrow,
les parents ne devraient pas envoyer d’enfants non vaccinés dans les
lieux publics. Barack Obama lui-même a conseillé aux parents de faire
vacciner leurs enfants.
«La science est claire: la Terre est
ronde, le ciel est bleu et les vaccins, ça marche. Protégeons nos
enfants. #Les grands-mères savent mieux.» Hier soir, le message sur
Twitter d’Hillary Clinton avait été retwitté près de 15 000 fois, et
douze heures plus tard, plus de 30 000 fois...http://www.letemps.ch/Page/Uuid/3f3e896c-abd2-11e4-8a14-18075d406251/L%C3%A9pid%C3%A9mie_de_rougeole_aux_Etats-Unis_relance_le_d%C3%A9bat_sur_les_vaccins
Pour Bill Gates, le monde doit se préparer à "une guerre" contre une pandémie mondiale
AFP
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International
Le milliardaire Bill Gates estime que le monde doit tirer les leçons
de la bataille contre le virus Ebola pour se préparer à une "guerre"
éventuelle contre une maladie mortelle mondiale, avec l'aide des
nouvelles technologies.
L'Américain, qui participait mardi à Berlin à une conférence de
donateurs de l'organisation Gavi, l'Alliance globale pour les vaccins et
l'immunisation, est persuadé qu'il serait imprudent de ne pas se
préparer au risque d'une pandémie mondiale.
"Un pathogène encore plus difficile (qu'Ebola) pourrait apparaître :
une forme de grippe, une forme de SRAS ou un type de virus que nous
n'avons encore jamais vu", a-t-il indiqué dans un entretien à l'AFP.
"Nous ne savons pas si cela arrivera mais le risque est suffisamment
important pour que l'une des leçons à retenir d'Ebola soit de nous
interroger : sommes-nous suffisamment prêts ? C'est comme quand nous
nous préparons à la guerre. Nous avons des avions et nous nous exerçons à
cela", a-t-il poursuivi.
Selon lui, se préparer pourrait signifier avoir des bénévoles qui
soient entraînés à intervenir rapidement en cas d'urgence sanitaire, à
l'image des plans conçus dans les pays les plus durement frappés par
Ebola, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone qui ont enregistré près
de 8.700 morts, selon le dernier bilan de l'OMS.
Bill Gates, classé par le magazine Forbes comme l'homme le plus riche
du monde avec une fortune de quelque 80 milliards de dollars (70 mds
EUR), a expliqué que la fondation qu'il dirige avec son épouse Melinda,
distribuait environ 4 milliards de dollars par an pour venir en aide aux
plus pauvres dans le monde.
La fondation est également l'un des principaux contributeurs de
l'organisation Gavi, qui a recueilli des promesses de dons de 7,539
milliards de dollars pour poursuivre une campagne de vaccination
d'enfants de 2016 à 2020.
Les vaccins sont "les plus grands sauveteurs de vies humaines", selon
l'Américain de 59 ans qui a salué le fait que la chancelière Angela
Merkel accueille cette conférence de donateurs à Berlin et fasse de la
vaccination dans le monde l'une des priorités du G7 présidé par
l'Allemagne cette année.
Il a d'ailleurs fait part de sa préoccupation face à la montée d'un
courant anti-vaccination dans les pays occidentaux liée à une peur
exagérée des risques associés.
"Nous nous concentrons sur les enfants pauvres. Des millions d'entre
eux meurent de maladies qui auraient pu être prévenues par des
vaccinations", poursuit-il. "C'est malheureux qu'il n'y ait pas un taux
de 100% (de vaccination) dans les pays riches."
"Ils choisissent d'infecter potentiellement des personnes qui ne
peuvent pas se protéger", juge Bill Gates, relevant que des maladies
comme la rougeole ou la coqueluche se répandent à nouveau.
Le cofondateur de la société de logiciels Microsoft souligne
également l'importance des technologies dans la conduite de campagnes de
vaccination. "Nous utilisons des photos prises par satellite pour
déterminer où les gens vivent, nous utilisons des GPS avec des
téléphones portables afin de voir si les équipes de vaccinations vont
bien dans tous les endroits où elles doivent aller, nous faisons des
analyses statistiques pour voir s'il y a des enfants que nous avons
ratés", explique-t-il encore.
"Les nouvelles technologies innovantes vont permettre de voir ce qui se passe à bien moindre coût", selon lui.
Bill Gates s'est dit fier d'avoir encouragé d'autres milliardaires
américains, comme Warren Buffett, à consacrer une partie significative
de leur fortune à des oeuvres de bienfaisance. Il affirme vouloir porter
ce message en Europe, en Inde et en Chine : "Partout où je vais, je dis
aux gens combien je prends plaisir à la philanthropie et j'encourage
d'autres personnes à s'impliquer."
C’est un médicament miracle contre l’hépatite C, et vendu au prix fort. Au point que ses concepteurs redoutent un trafic et ont imaginé un plan de surveillance des malades totalement inédit.
Médecins
sans frontières (MSF) a donné l’alerte la semaine dernière : les
dispositions prévues par le laboratoire américain Gilead, unique
fabricant de la molécule sofosbuvir, pour éviter des reventes risquent de compromettre
la santé des malades. Commercialisé sous le nom de Sovaldi, ce
médicament change la donne dans le traitement de l’hépatite C, avec une
efficacité supérieure et une durée deux fois plus courte que les autres
traitements. Il est disponible à un tarif moins cher dans des pays en
développement. Gilead veut éviter qu’il ne soit revendu pour être exporté vers des pays où les prix sont plus élevés.
En France,
comme le précise l’arrêté du 18 novembre 2014 pris par le ministère de
la santé, le comité économique des produits de santé (CEPS) a fixé le
prix du Sovaldi à 13 667 euros hors taxes la boîte de 28 comprimés (soit
488,10 € le comprimé). Cela porte le coût du traitement de trois mois à
41 000 € hors taxes, avec un remboursement à 100 % par l’assurance
maladie. Aux Etats-Unis, le coût total du traitement dépasse 70 000 euros.
Les
mesures anti-détournement mises en place par Gilead pourraient
s’étendre aux neuf producteurs de médicaments génériques indiens avec
lesquels l’entreprise a signé un accord de licence volontaire en
septembre 2014 permettant la fabrication du sofosbuvir pour 91 pays en
développement. MSF en a eu connaissance au cours de discussions
avec le fabricant en vue d’acquérir ce médicament pour ses programmes
contre l’hépatite C. Le plan prévoit des dispositions qui bafouent la
confidentialité et les droits de l’homme, selon MSF.
Hépatite C: un accord fait chuter le prix du traitement de 16.000 euros
Un
accord a été trouvé pour baisser le prix du Solvadi, un traitement
contre l'hépatite C considéré comme révolutionnaire, a annoncé ce jeudi
20 novembre le ministère de la Santé. Le coût intégral passe ainsi de
57.000 euros à 41.000 euros.
En effet, il prévoit que l’accès d’un patient au médicament à partir
d’un distributeur agréé par Gilead ou auprès d’un professionnel de
santé se fait sur une base nominative, avec des preuves de l’identité,
de la citoyenneté et du lieu de résidence. Des dispositions
problématiques pour des individus marginalisés (usagers de drogues,
personnes sans domicile fixe…). Chaque flacon de comprimés sera porteur
d’un QR code comprenant les informations nominatives du patient ainsi
que son adresse. Les représentants de Gilead pourront ainsi contrôler
avec un simple smartphone les informations relatives au patient. Il est
prévu que Gilead et ses représentants pourront à tout moment accéder à ces informations auprès du prescripteur.
Le
traitement sera délivré pour un mois – et non pour la totalité des
trois mois requis – et le patient devra s’engager par écrit à retourner, en personne ou par courrier, le flacon vide avant de pouvoirobtenir le suivant. Selon MSF, au Pakistan,
qui ne dispose pas d’un réseau de distribution des médicaments dans
toutes les provinces, la dispensation comme le retour devront être
effectués par courrier.
MSF s’inquiète de voir
des informations sensibles sur le patient être diffusées à un
laboratoire qui n’est pas directement partie prenante dans les soins.
Dans son communiqué, l’organisation humanitaire s’alarme du risque
d’atteinte à la confidentialité : « Gilead pourrait avoir accès aux ordonnances et à d’autres documents médicaux, qui pourraient inclure un diagnostic sur la santé mentale, le statut à l’égard du VIH, des antécédents d’usage de drogues et autres informations sensibles », s’alarme MSF dans son communiqué.
Influence sur la conduite du traitement
L’interférence
dans la relation médecin-patient pose problème. Un représentant du
laboratoire, que Gilead désigne sous le nom de patient support executive (« cadre de soutien au patient ») pourrait ainsi influer
sur la conduite du traitement, son éventuelle extension ou son
interruption dans le cas où un flacon n’aurait pas été retourné ou se
serait égaré dans le courrier. « Si l’on ne s’y oppose pas,
les mesures anti-détournement de Gilead restreindront l’accès et
retarderont le passage à grande échelle du traitement dans les pays
lourdement affectés par le virus de l’hépatite C (VHC), affirme MSF. Gilead doit apporter
une plus grande transparence et des informations sur ce programme
controversé. MSF a demandé à Gilead d’éliminer ce programme là où il a
été mis en place, de mettre un terme aux négociations en cours avec les autres gouvernements pour introduire de tels programmes et d’amender tous les accords de licence volontaire de manière à ce que les entreprises de génériques n’aient pas à mettre en œuvre des mesures anti-détournement. »
Sollicité par Le Monde,
Gilead n’a pas apporté d’éclaircissement sur les mesures prises par le
laboratoire pour éviter le détournement des médicaments commercialisés
dans les pays en développement. Pour le moment, elles ne s’appliquent
qu’en Egypte, où Gilead commercialise en propre son médicament. « Nous pensons que la description de ce programme est trompeuse et inexacte. Protéger la vie privée du patient est de la plus haute importance et aucune information sur le patient n’est recueillie. Pour bénéficier
de soins médicaux dans le cadre du programme national sur les maladies
du foie du ministère égyptien de la santé, les patients doivent présenter un document d’identité. C’est indispensable d’y satisfaire pour obtenir tout médicament. Les patients inclus dans le programme sont régulièrement suivis dans leur centre de traitement pour évaluer son efficacité et les décisions thérapeutiques sont prises exclusivement entre patients et médecins », explique Clifford Samuel, vice-président du programme d’accès aux médicaments de Gilead.
« Il faudra du temps avant que les prix chutent »
Plus classiquement, le groupe impose aux “génériqueurs” de fabriquer des comprimés de forme et de couleur différentes du Sovaldi « original ». Cette mesure permet de repérer très vite les copies réexportées illégalement. « Dans
le cas des antirétroviraux, les médicaments pour lesquels nous avons le
plus de recul, nous constatons que c’est un phénomène exceptionnel, indique Michel Joly, qui dirige la filiale française de Gilead. Malgré la différence de prix, les comprimés ne se baladent pas d’un pays à l’autre ».
Gilead commercialise notamment le Truvada, une association
d’antirétroviraux. Vendu plus de 500 euros la boîte en France, il est
disponible pour 22 euros par mois dans les pays à plus faible revenu
pour un peu moins de 40 euros dans les pays à revenu intermédiaire.
La sofosbuvir est cependant loin d’être aussi abordable. En Egypte, où 14 % de la population
est infectée par le VHC, le traitement est commercialisé 300 dollars la
boîte, soit 900 dollars pour un traitement complet de douze semaines.
C’est 1 % du prix facturé aux Etats-Unis, mais pour traiter les seules personnes à un stade avancé de la maladie, le gouvernement égyptien devrait consacrer sept fois le montant du budget total de la santé, selon l’étude sur les inégalités dans l’accès aux traitements contre l’hépatite C réalisée à la demande de Médecins de monde (MDM) par la consultante Pauline Londeix (Act-Up Bâle).
Traiter
55 % des quelque 232 000 patients atteints d’une hépatite C chronique
en France équivaudrait au budget 2014 de l’Assistance publique-Hôpitaux
de Paris. « Il faudra du temps, pour que les prix chutent sous l’effet de la concurrence entre les “génériqueurs” avec qui nous avons passé des accords, estime Michel Joly. C’est ce qui s’est passé dans le domaine du VIH sur une durée de cinq à dix ans. »
En attendant, une éventuelle chute des prix, Gilead vient de subir
un revers en Inde avec le rejet par les autorités de l’un des brevets
couvrant le Sovaldi. Dans ce pays où 12 millions de personnes sont
infectées par le VHC, le coût du traitement a été abaissé à 900 dollars
(778 euros), mais ce montant demeure hors de portée de la population,
estiment les ONG indiennes. Gilead a annoncé qu’il faisait appel de la
décision de l’Office indien des brevets.
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/01/22/hepatite-c-bataille-pour-l-acces-a-un-traitement-revolutionnaire_4561824_3244.html#9SmQdpTBmzUwkwHf.99
Le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN ) a rendu public, lundi 24 novembre, le Plan national de prévention et de lutte « maladie à virus Ebola ». Elaboré à la demande du gouvernement, il se veut un « document d’aide à la préparation et à la décision »,
non seulement pour les responsables gouvernementaux et les
représentants de l’Etat chargés de sa mise en œuvre, mais aussi pour les
responsables de collectivités locales, les professionnels de santé, les
services de secours, ainsi que les professionnels des secteurs concernés (transports internationaux, services funéraires, traitement de déchets…).
Complément
de l’action menée par le gouvernement français auprès des pays touchés
par l’épidémie, le document définit une réponse spécifique à
l’éventuelle entrée sur le territoire national de personnes infectées,
la protection des Français de l’étranger et la prise en charge des
malades et contacts de ces malades (« personnes contacts ») dans les
pays en situation épidémique – la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone et le Mali. Il englobe les mesures déjà prises par le plan du ministère de la santé (qui prévoit douze établissements de référence) et les contrôles aux aéroports. Voir le visuel interactif : Tout savoir sur Ebola en 30 questions
Survenue sporadique de cas importés
Le plan rappelle que si une épidémie dans un pays comme la France« ne paraît pas à craindre »,
la survenue sporadique de cas importés, voire de cas secondaires chez
des personnes n’ayant pas voyagé dans une zone épidémique, n’est pas à exclure.
Vidéo suggérée sur le même sujet
Ebola a fait 5.459 morts selon un dernier bilan
Un
médecin cubain atteint d'Ebola a été admis vendredi dans un hôpital de
Genève où il se trouve dans un état stable. Il était arrivé en
provenance de la Sierra Leone, habillé d'une combinaison protectrice. Il
reçoit actuellement un traitement expérimental, qui a eu des effets
positifs sur d'autres patients.
Selon un dernier bilan de l'OMS, Ebola a fait près de 5.459 morts sur
plus de 15.300 cas recensés en Afrique de l'Ouest. Le Mali, dernier pays
touché par le virus, a enregistré une septième victime, ce qui inquiète
les Nations Unies. 'La nouvelle chaîne de transmission au Mali est,
bien sûr, source de grande préoccupation, souligne le secrétaire général
de l'ONU Ban Ki-moon. Nous sommes en train de traduire les leçons que
nous avons apprises de l'épidémie en actions rapides pour empêcher une
propagation du virus dans ce pays.''
Par ailleurs en Guinée, d'où est partie l'épidémie il y a presque un
an, des individus ont volé une glacière qui contenait des échantillons
de sang potentiellement contaminé par le virus Ebola. Le véhicule, qui
transportait cette glacière, se rendait vers un laboratoire avant qu'il
ne soit intercepté par les malfaiteurs.
1:5
Après un rappel sur la maladie à virus Ebola et son impact sanitaire et sociétal, le SGDSN évoque quelques « scenarii indicatifs »
: introduction de cas sur le territoire provenant de zones touchées,
importation simultanée de plusieurs cas (qui risquerait de saturer
l’établissement de santé de référence habilité), cas chez une personne
entrée clandestinement en France dans un foyer ou sans-abri, nombre
important de cas « possibles » (par exemple lors de contrôle à l’arrivée
de voyageurs).
Le plan envisage ensuite trois situations : éviter l’entrée du virus sur le territoire français, avec la détection précoce aux frontières ; limiter
la propagation du virus en cas d’entrée d’un cas importé non contrôlé
sur le territoire ou d’un cas « autochtone » (chez une personne n’ayant
pas voyagé mais ayant été infectée par un cas importé) ; enfin, protéger et prendre
en charge les ressortissants français à l’étranger. Cette dernière
situation est notamment envisagée pour des pays voisins de ceux touchés,
comme la Côte d’Ivoire, où vit une importante communauté française
expatriée.
Cellule interministérielle de crise
Si la situation l’exigeait, le gouvernement pourrait activer la cellule interministérielle de crise (CIC), permettant au premier ministre « d’exercer, en liaison avec le président de la République, la direction politique et stratégique de la réponse à la crise ».
La conduite opérationnelle de la CIC sera confiée à un ministre désigné
par le premier ministre. Lors de la pandémie grippale de 2009-2010,
cette délégation avait été confiée au ministre de l’intérieur de
l’époque, Michèle Alliot-Marie.
Le plan décrit l’organisation et
l’articulation des structures impliquées, du niveau national au niveau
départemental, s’appuyant notamment sur les préfets de zone. Cette
organisation multisectorielle entend répondre
globalement à une crise, en prenant en compte différentes dimensions :
sanitaire, continuité de la vie du pays, internationale, communication
en direction du public et éthique. Cette dernière vise à préserver le consensus social
autour de valeurs partagées comme la vision de la société civile ou le
respect du secret médical. En matière de communication, le plan est
conçu pour « maintenir le lien de confiance avec la population », « favoriser l’adhésion aux mesures prises » et « permettre aux citoyens d’être acteurs ».
Outre
la description de dispositions sanitaires, le plan comprend un volet
sur la recherche et développement coordonné par l’Alliance nationale
pour les sciences de la vie et de la santé autour des traitements et
vaccins expérimentaux, des outils de diagnostic et des sciences humaines et sociales. S’y ajoute la mise sur pied d’un laboratoire de haute sécurité P4 en février.
Les leçons d’Ebola: mettre en œuvre une vraie politique mondiale de la santé
Lawrence O. Gostin
(Keystone)
«Les Etats-Unis et l’Europe ont réagi de manière complètement
disproportionnée aux rares cas isolés du virus Ebola apparus au sein de
leurs frontières»... Lawrence O. Gostin, professeur américain de droit
international de la santé, ne mâche pas ses mots. Pour lui,
l’impréparation face à l’épidémie en Afrique de l’Ouest a coûté très
cher en vies humaines. Il est temps de devenir plus prévoyant
Les Etats-Unis et l’Europe ont réagi de manière
complètement disproportionnée aux rares cas isolés du virus Ebola
apparus au sein de leurs frontières. Ces réactions de panique n’ont pas
seulement été futiles. En violant des principes scientifiques de base,
elles ont remis en cause les critères éthiques fondamentaux d’une action
nécessaire en matière de santé publique. Et alors qu’il s’agit de
protéger les individus du virus Ebola – sans même parler de la
prévention d’une crise sanitaire mondiale similaire à l’avenir – ces
réactions pourraient bien être contreproductives.
Cet
excès de zèle a été particulièrement frappant aux Etats-Unis, où la
réaction initiale a inclus des contrôles des voyageurs en provenance de
la Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone. Plus problématique encore,
certains Etats ont imposé une quarantaine de 21 jours aux soignants
bénévoles en provenance des pays touchés par l’épidémie. Heureusement,
les vives protestations politiques contre ces mesures de quarantaine ont
conduit certains gouverneurs à les lever rapidement.
Il
est temps pour les pays développés de comprendre que la meilleure
manière de protéger leurs citoyens du virus Ebola est d’agir pour
enrayer la progression de l’épidémie en Afrique de l’Ouest même. Avant
tout, il est nécessaire de disposer à cette fin d’une capacité de
déploiement rapide face au virus Ebola dans les trois pays les plus
touchés. Cette capacité doit comprendre des fonds adéquats (et
importants); des médecins, des infirmiers, en sus des soignants locaux,
bien formés; et une meilleure formation locale au plan du diagnostic, du
traitement, de la recherche des contacts et de l’isolement des
individus infectés.
Il n’y a pas de temps à perdre. En
fait, l’absence d’un leadership déterminé a déjà retardé, sur une trop
longue période, une riposte internationale efficace à la flambée
actuelle du virus Ebola, augmentant d’autant le coût de cette crise.
Si
la communauté internationale doit dans un premier temps enrayer la
propagation du virus, elle doit surtout tirer les enseignements de la
crise actuelle pour pouvoir faire face à une urgence sanitaire
potentielle future, en développant un réponse crédible qui mette
l’accent sur une action rapide, décisive et fondée sur les faits. Pour
ce faire, trois initiatives clés doivent être lancées.
Sous la bannière Africa Stop Ebola,
de nombreuses stars comme Salif Keita, Amadou et Mariam ou le rappeur
français Mokobé (113) ont été réunies par le reggae-man ivoirien Tiken
Jah Fakoly. (DR)
En Afrique, aux Etats-Unis et au Japon, les chansons préventives prolifèrent. Morceaux choisis
Comme le blues le fut au début du XXe siècle avant de
laisser ce rôle au jazz et au rock, le rap est aujourd’hui la musique de
réaction face à l’actualité. On citera en vrac les chansons sur le
11-Septembre, la victoire de Barack Obama ou la chute du président
tunisien Ben Ali.
L’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique
de l’Ouest provoque ainsi l’apparition de dizaines de morceaux. Le site
américain Rap Genius, une base de données collaborative de lyrics (paroles)
de rap, a fait parler de lui ces dernières semaines en avançant que
«dans les trente derniers jours, [ses] utilisateurs ont ajouté
23 chansons en cinq langues qui parlent d’Ebola». En réalité, la plupart
sont des chansons qui utilisent le mot pour faire une bonne rime, mais
ne parlent pas spécifiquement du virus. Certaines ne sont d’ailleurs pas
nouvelles, puisque le «Trop Jeune» de Doc Gynéco, qui évoque une
épidémie précédente, date de 2001. Mais il faut plutôt aller fouiller
sur YouTube pour trouver des chansons sur Ebola.
Il y a
tout d’abord les chansons collectives, qui rassemblent plusieurs figures
pour alerter les populations sur les dangers du virus. Le reggae-man
ivoirien Tiken Jah Fakoly, très écouté partout en Afrique de l’Ouest et
en Europe pour ses textes souvent très politiques, a ainsi rassemblé de
nombreuses stars sous la bannière Africa Stop Ebola, dans une chanson
bourrée de vrais conseils médicaux («Ne touchez pas les malades ou les
morts», «ne serrez pas les mains», «faites confiance aux médecins»). Des
avis qui ne semblent pas inutiles, vu les difficultés que rencontrent
les équipes médicales dans certaines régions.
On croise
dans la chanson Salif Keita, Oumou Sangaré, Amadou et Mariam, le rappeur
français Mokobé (113) et le joueur de kora Sékou Kouyaté, pour une
grand-messe en studio avec un gros casque sur les oreilles, comme cela
se faisait dans les années 80, pour l’Arménie, l’Ethiopie, ou carrément
l’Afrique entière.
Au Sénégal, le collectif de rappeurs
Y’en a marre, qui s’est formé en 2011 pour inciter les jeunes à voter et
à ne pas laisser le pouvoir à quelques oligarques, y va lui aussi de
son enregistrement en groupe, et réunit une bonne partie des figures de
la scène hip-hop du pays.
Les chansons à message sont de loin les plus nombreuses, qui
alertent sur les effets du virus ou expliquent comment essayer d’enrayer
l’épidémie. Le Nigérian Groundzero a carrément travaillé avec des
médecins pour écrire le texte de son «Ebola Rap», qui est un livret de
sensibilisation à la maladie par le menu, avec explications sur sa
propagation, ses effets médicaux, et quelques conseils de base,
notamment qu’il ne sert à rien de se frotter le corps avec «du sel», «du
poivre» ou même «du bouillon Maggi» puisque «Ebola n’a pas de remède»
aujourd’hui.
C’est aussi le message du tube «Ebola in Town», par
le Libérien Shadow: «Ne touchez pas vos amis», «ne vous embrassez pas»,
dit-il sur des images effrayantes censées présenter les effets du virus
mais qui proviennent pour certaines d’autres maladies. Sous une bonne
couche d’auto-tune, ce programme qui transforme les voix toujours très à
la mode dans la sphère rap-r’n’b, il rappelle aussi que manger «du
singe» ou «de la chauve-souris», des animaux sauvages, c’est se mettre
en danger.
Toujours au Liberia, l’Unicef et le Ministère de la
santé ont monté une campagne de sensibilisation à succès qui utilise le
hipco, un genre à la mode en ce moment, dans la chanson «Ebola is Real».
Il s’agit autant de donner des conseils d’hygiène de base que de
convaincre les auditeurs que l’épidémie est bien une menace pour le
pays.
Un passage de la chanson évoque notamment les
cérémonies traditionnelles d’enterrement pratiquées dans certaines
régions, qui peuvent propager la maladie: «Vous pouvez appeler un
infirmier proche de vous pour vous aider à enterrer le corps en portant
des vêtements protecteurs et des gants», indique la chanson.http://www.letemps.ch/Page/Uuid/bc688376-62ca-11e4-802c-cf45623830fa/Contre_Ebola_au_rythme_du_rap_et_du_reggae
L’Australie suspend l’immigration en provenance des pays d’Afrique touchés par Ebola
AFP
Canberra a annoncé lundi une série de mesures visant à suspendre
l’immigration en provenance de pays d’Afrique occidentale dans le but de
tenter d’empêcher le virus d’arriver sur son territoire
L’Australie a annoncé lundi une série de mesures visant à
suspendre l’immigration en provenance de pays d’Afrique occidentale
touchés par Ebola dans le but de tenter d’empêcher le virus d’arriver
sur son territoire.
Le
ministre de l’Immigration Scott Morrisson a déclaré au Parlement que le
gouvernement «suspendait provisoirement (son) programme d’immigration, y
compris (son) programme humanitaire, en provenance de pays infectés par
le virus Ebola». Les nouvelles demandes de visas ne sont plus
instruites, a-t-il expliqué. Les visas temporaires déjà accordés aux
personnes n’ayant pas encore quitté leur pays sont annulés.
Concernant
les personnes ayant obtenu des visas permanents sur des bases
humanitaires, elles sont soumises à trois séries d’examens médicaux
avant leur départ et une nouvelle fois à leur arrivée en Australie. Les
autres détenteurs de visas longue durée doit avant de partir se
soumettre à trois semaines de quarantaine.
Cette annonce
survient alors qu’une jeune fille de 18 ans arrivée il y a 12 jours en
Australie en provenance de Guinée a été placée à l’isolement dans un
hôpital de l’Etat de Queensland après avoir présenté de la fièvre.
Les
tests se sont révélés négatifs pour le virus Ebola, ont annoncé lundi
les autorités sanitaires. La jeune fille, dont le nom et la nationalité
n’ont pas été révélés, n’a plus de fièvre mais subira un nouveau test
mercredi.
C’est de Guinée qu’est partie fin 2013
l’épidémie qui a déjà fait près de 5.000 morts, essentiellement dans la
région. La Sierra Leone et le Liberia sont également très touchés. http://www.letemps.ch/Page/Uuid/da787332-5db9-11e4-802c-cf45623830fa/LAustralie_suspend_limmigration_en_provenance_des_pays_dAfrique_touch%C3%A9s_par_Ebola
Nigeria : le pays qui a contré le virus Ebola
LE MONDE |
• Mis à jour le
|
Par Jean-Philippe Rémy (Johannesburg, correspondant régional)
Lundi 20 octobre, ce petit triomphe est enfin devenu officiel : après le Sénégal, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le Nigeria« Ebola free »,
signifiant qu’aucun cas n’est apparu dans la période d’incubation
maximale du virus, et que le pays, touché en juillet, est parvenu à se débarrasser de la fièvre hémorragique. Au total, le virus a infecté vingt personnes dont huit mortellement.
« Il s'agit d'une réussite spectaculaire qui montre au monde entier qu'Ebola peut être stoppé », a déclaré lundi le représentant de l'OMS au Nigeria, Rui Gama Vaz, lors d'une conférence de presse à Abuja.
Comme
aux Etats-Unis, un seul malade avait introduit le virus sur le
territoire national. Patrick Sawyer est arrivé à Lagos le 20 juillet en
provenance du Liberia, après un vol avec escale, espérant qu’on
sauverait sa vie au Nigeria. Il était déjà si affecté par la maladie
qu’il s’est littéralement effondré à l’aéroport de Lagos, une mégapole
de près de 20 millions d’habitants, avec de nombreux bidonvilles, où la
contagion aurait pu tourner au désastre.
Mais Patrick Sawyer a été identifié dès l’aéroport. Ce fut la
première chance du Nigeria. Il a été aussitôt transféré au First
Consultant Medical Centre, où il a contaminé onze personnes. De là, cercle après cercle, l’épidémie aurait pu se déployer, mais des mesures ont été prises, aux niveaux national, local, et parmi les associations, pour bloquer l’enchaînement de la contagion. Un véritable effort national, désormais source d’inspiration dans d’autres pays.
Vidéo suggérée sur le même sujet
Ebola: l'infirmière contaminée au Texas parle dans une vidéo
La
première infirmière contaminée par le virus Ebola aux Etats-Unis, l'air
lucide et souriant, s'est exprimée jeudi 16 octobre dans une vidéo,
enregistrée à l'hôpital Texas Health Presbyterian Hospital de Dallas.
Elle montre une brève conversation entre l'infirmière, Nina Pham, et son
médecin traitant. 00:29
0:29
« CENT PERSONNES ÉQUIPÉES DANS L’URGENCE »
Face à Ebola, le temps est une affaire vitale. Au Nigeria, une organisation rigoureuse a été mise en place en urgence pour identifier tous ceux et celles qui pouvaient avoir
été exposés à une possible contamination. Huit cents personnes au total
ont été placées sous surveillance. Ce réseau de cas potentiels a été
identifié grâce à des enquêtes, mais aussi par la surveillance des
appels téléphoniques, autorisée par décret présidentiel. De plus, un
groupe de contact tracers, ces enquêteurs chargés d’établir les contacts des personnes susceptibles d’être exposées à une contamination, puis de vérifier si elles développent la maladie, a été mis sur pied.
Selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies
d’Atlanta, 18 500 visites ont été réalisées par ces équipes constituées
de volontaires ou d’agents du secteur médical. Rien de tout cela
n’aurait été possible sans la coopération entre les autorités fédérales
et celles de l’Etat de Lagos, l’appui de la Fondation Gates à un centre
médical bien équipé, et d’énormes bonnes volontés. Mais les contact tracers ont
aussi bénéficié d’un coup de pouce, celui d’une application, eHealth,
développée par la filiale locale de la société américaine eHealth and
Information Systems. Grâce à cette application de santé publique, une
partie d’entre eux ont été équipés (gratuitement) d’un téléphone ou
d’une tablette pour faireremonter les résultats de leurs enquêtes au jour le jour.
Le 20 août, Adam Thompson, le responsable local d’eHealth, parvenait à fairedistribuer les premiers appareils aux équipes d’enquêteurs de santé. « Cent personnes ont été équipées dans l’urgence », se souvient-il. L’application permet de recenser les cas, puis de transmettre
les données recueillies au ministère de la santé. Dans la région de
Lagos, les bailleurs (privés) d’eHealth, qui fonctionne comme une ONG,
ont financé l’opération. Dans l’Etat de Rivers (zone de production de pétrole), où une personne venue de Lagos avait ouvert un nouveau foyer de contamination, le gouverneur a appuyé financièrement le projet pour juguler l’épidémie au plus vite et éviter de mettre en danger, par la même occasion, l’industrie pétrolière. « A présent, nous déployons le système au Liberia pour une expérience pilote », explique Adam Thompson. L’application sera bientôt disponible en chargement libre et gratuit.
AFFINER LA CARTOGRAPHIE DÉTAILLÉE DE LA MALADIE
Un système comparable, mHealth, va être déployé au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée puis dans d’autres pays de la région, de manière préventive. Il est développé par la société Ericsson. Avec l’aide de la Fondation Idea d’Adam Hashem (qui est aussi l’un des responsables d’Ericsson en Afrique de l’Ouest), et du Earth Institute de Jeffrey Sachs, l’idée a germé d’acheter des téléphones en Chine, d’y télécharger mHealth, de nouer des partenariats avec les compagnies de téléphone portable pour leur permettre de communiquer, et d’en équiper des acteurs locaux des services de santé. Un premier lot de 1 400 téléphones est sur le point d’être distribué.
A terme, il devrait y en avoir 40 000 pour la région. Le calcul est de s’appuyer sur ces agents, intégrés dans leur propre communauté, pour relayer des informations sur les cas de contagion et affiner
la cartographie détaillée de la maladie, tout en maintenant un canal de
communication. Comparée au système déployé au Nigeria, la formule
développée avec eHealth s’attaque à une plus grande échelle et comporte
plus d’inconnues, dans les pays touchés de plein fouet par l’épidémie,
où « signaler » un cas fait parfois l’objet de résistances.
En aucun cas, mHealth ne prétend enrayer la propagation d’Ebola. « C’est seulement lorsque le nombre de lits d’hôpital disponibles dépassera le nombre de malades que nous pourrons dire qu’Ebola est sous contrôle », a déclaré le ministre sierra-léonais des affaires étrangères devant la dernière Assemblée générale des Nations unies, ajoutant : « Ce combat est le combat de tous. Nous devons prouver que l’humanité peut être source d’égalité face à ce défi lancé à notre existence collective. »
Ebola : l'aide-soignante espagnole aurait « vaincu la maladie »
Le Monde.fr avec AFP |
• Mis à jour le
L'aide-soignante espagnole qui avait été la première personne contaminée par Ebola hors d'Afrique n'a plus de charge virale, selon le résultat d'un test pratiqué dimanche 19 octobre, a annoncé le gouvernement espagnol.
Le résultat du test pratiqué
aujourd'hui à Teresa Romero, 44 ans, qui avait été hospitalisée le 6
octobre à l'hôpital Carlos III de Madrid, « est négatif », a indiqué le Comité interministériel chargé du suivi du virus en Espagne dans un communiqué.
Elle sera soumise à un nouveau test « dans les prochaines heures », précise le Comité, qui ajoute que « l'état de santé de la patiente (...) connait une évolution favorable ». « ELLE A TRÈS ENVIE DE SORTIR »
« Je suis très heureux aujourd'hui parce qu'on peut dire que Teresa a vaincu la maladie »,
a déclaré son époux, Javier Limon, dans une vidéo amateur filmée dans
la chambre d'hôpital où il est gardé en observation. Comme lui, 14
autres personnes ayant côtoyé Teresa Romero ont été hospitalisées par
précaution à l'hôpital Carlos III. Aucune d'entre elles ne présentait « de symptômes » dimanche, selon le Comité. « Elle a très envie de sortir. (...) Elle se lève déjà et mange presque de tout », a témoigné une amie de l'aide-soignante qui a pu la joindre par téléphone.
Alors aide-soignante dans ce même hôpital Carlos III, Teresa Romero
avait développé les premiers symptômes le 29 septembre, après avoir
soigné deux religieux atteints de la fièvre hémorragique Ebola qui
avaient été rapatriés respectivement le 8 août et le 22 septembre et qui
sont décédés quelques jours plus tard. C'est apparemment auprès du
second missionnaire, rapatrié de Sierra Leone et décédé le 25 septembre, qu'elle a été contaminée.
Le ministère de la santé espagnol avait évoqué une mauvaise manipulation de la combinaison de protection, qui pourrait être à l'origine de la contagion. L'aide-soignante aurait dit aux médecins avoir« touché » ou « frôlé » son visage sans le vouloir, lorsqu'elle retirait sa tenue, avec les gants qui avaient servi à nettoyer la chambre du missionnaire.
GB: exercice de grande ampleur pour tester la capacité de réaction face à Ebola
AFP
Publié le
- Mis à jour le
International
Un exercice de grande ampleur, impliquant des centaines de
personnes, y compris des ministres, est prévu samedi au Royaume-Uni,
pour tester la capacité du pays à faire face à l'apparition de cas
d'Ebola sur son territoire.
Des personnels d'hôpitaux portant des tenues de protection, des
services d'ambulance participeront à l'exercice, prévu pour durer huit
heures et au cours duquel des acteurs vont simuler les symptômes de la
maladie, afin de tester la capacité de réponse des services d'urgence.
Pendant ce temps, une réunion interministérielle de crise (Cobra)
aura également lieu, sous la direction du ministre de la Santé Jeremy
Hunt.
"Le public doit avoir l'assurance que nous avons planifié une
réponse à l'apparition d'un cas d'Ebola au Royaume-Uni depuis des mois",
a expliqué un porte-parole du ministère de la Santé, ajoutant qu'il
était "vital de tester ces plans dans la situation la plus réaliste
possible".
Cet exercice, dans des lieux non précisés, a été réclamé par le
Premier ministre David Cameron, après les critiques essuyées à la suite
de sa décision d'introduire des dépistages renforcés dans certains
aéroports londoniens et dans les gares Eurostar. Ce afin de contrôler
les personnes en provenance en provenance du Libéria, de Sierra Leone et
Guinée, pays les plus touchés par l'épidémie.
Des experts médicaux ont jugé que ces contrôles constituaient une
perte de temps tandis que d'autres ont dénoncé le flou d'un plan pris
dans l'urgence face à la montée de la panique suscité par la propagation
de la maladie.
En outre, selon un porte-parole de l'aéroport de Gatwick, concerné
par les contrôles, l'aéroport n'a reçu aucune instruction sur la
manière dont ce dépistage doit être effectué.
Les contrôles doivent consister en un interrogatoire des passagers
sur leurs voyages récents, les personnes avec lesquelles ils ont été en
contact et la suite de leur voyage. Ils pourront aussi prendre la forme
d'un contrôle médical, en cas de soupçon de fièvre notamment, réalisé
par du personnel médical, avait annoncé un porte-parole de Downing
Street jeudi.
L'Espagnole malade va mieux et parle
L'aide-soignante espagnole qui lutte contre la fièvre d'Ebola dans
un hôpital de Madrid va mieux et parle, a-t-on appris samedi de source
hospitalière.
Teresa Romero "va mieux qu'hier. Son état s'est amélioré dans la
nuit. Elle est consciente, elle parle de temps en temps quand elle est
de bonne humeur", a déclaré cette source qui a requis l'anonymat.
Son état "s'améliore mais reste grave", a-t-elle ajouté.
Cette patiente de 44 ans a reçu "dans la soirée d'hier" une dose du médicament expérimental Zmapp.
L'aide-soignante a été hospitalisée lundi et lutte depuis contre
le virus, contracté apparemment en soignant un missionnaire rapatrié
d'Afrique et mort fin septembre.
En
Europe, aux États-Unis et dans les pays africains encore épargnés par Ebola,
l'inquiétude face aux risques de propagation du virus se fait de plus en plus
ressentir. Des spécialités ont même comparé jeudi l'épidémie au sida…
"Depuis
trente ans que je travaille dans la santé publique, la seule chose comparable
[à l'épidémie d'Ebola] a été le sida", a déclaré, le 9 octobre, le Dr Tom
Frieden, directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des
maladies (CDC) lors d'une table-ronde à Washington.
Un
cri d'alarme relayé aussitôt par le président sierra-leonais, Ernest Bai
Koroma, pour qui la "réponse internationale a été, pour le moment, plus
lente que le rythme de transmission de la maladie". Il faut donc
multiplier "par vingt" l'aide actuelle pour espérer enrayer la
maladie qui a déjà tué 3 900 personnes, a estimé de son côté Ban Ki-moon,
secrétaire général des Nations unies.
Même
le Fonds monétaire international (FMI) ne voit plus d'inconvénients – chose
rare – à "augmenter les déficits pour soigner les gens", a affirmé sa
directrice, Christine Lagarde.
Un
vaccin expérimental attend le feu vert de l'OMS
Au
Canada, le ministère de la Santé a pour sa part indiqué attendre depuis deux
mois un feu vert de l'OMS pour envoyer dans les zones touchées entre 800 et 1
000 doses d'un vaccin expérimental (VSV-EBOV), qui selon Ottawa serait
"prometteur sur les animaux", même s'il n'a pas été encore testé sur
les humains.
En
attendant, sur le terrain, une nouvelle flambée de cas a été constatée en
Guinée. Jeudi, le centre de traitement de Médecins sans frontières(MSF) était
même proche de la "saturation".
Au
Zimbabwe, où aucun cas n'a encore été enregistré, un hôpital de 35 lits
d'Harare, la capitale, a été entièrement fermé pour isoler un patient suspect,
soumis à un test.
En
Europe, le Royaume-Uni a prévu l'introduction "d'un dépistage renforcé
dans un premier temps concernant les aéroports de Heathrow et Gatwick et les
terminaux Eurostar" pour les personnes en provenance du Liberia, de Sierra
Leone et Guinée, a annoncé Downing Street.
La
ministre française de la Santé, Marisol Touraine, a elle déclaré que la France
travaillait à obtenir un renforcement des contrôles au départ auprès des pays
touchés par l'épidémie, le contrôle à l'arrivée des voyageurs n'étant pas
"la solution miracle".
Une
réunion européenne est prévue le 17 octobre pour discuter d'un éventuel
renforcement des contrôles aux frontières de l'UE.
Sept
personnes supplémentaires hospitalisés à Madrid
À
Madrid, au sixième étage de l'hôpital Carlos III, dans le nord de la ville, la
santé de la première personne infectée par Ebola hors d'Afrique, Teresa Romero,
s'est brutalement dégradée jeudi.
"Nous
voulons manifester notre soutien à la personne infectée par le virus Ebola, qui
souffre en ces moments d'une très grave affection, et dont la vie est en grave
danger", a déclaré le président de la région de Madrid Ignacio Gonzalez.
Juan-Manuel
Parra, médecin urgentiste de 41 ans, qui a décrit dans un rapport révélé jeudi
par la presse la journée infernale qu'il a vécue lundi en portant assistance à
l'aide-soignante, sans protection suffisante, a été hospitalisé "par
précaution".
Au
total, sept personnes supplémentaires ont été admises par mesure de précaution
jeudi à l'hôpital Carlos III de Madrid, où sont regroupées toutes celles qui
auraient pu être contaminées par Ebola, portant à 14 le nombre des
hospitalisations, dont un seul cas avéré, celui de Teresa Romero, selon un
nouveau bilan de l'hôpital.
(Avec
AFP)
Ebola : nouvelles hospitalisations en Espagne, l'UE veut des « éclaircissements »
Le Monde.fr |
• Mis à jour le
Trois nouvelles personnes ont été admises dans l'hôpital madrilène Carlos-III - La Paz qui accueille les personnes touchées par le virus Ebola, après la contamination d'une aide-soignante espanole, premier cas de contagion en Europe. D'après les autorités sanitaires locales, seul l'époux de cette dernièreprésente un « haut risque » d'être affecté. Outre le mari, une infirmière et un ingénieur sont suivis. Aucun n'a été testé « positif » au virus.
Les autorités médicales ont par ailleurs répertorié 22 personnes
issues du milieu sanitaire qui ont été en contact avec l'aide-soignante
touchée, et 30 personnes ayant participé à la prise en charge du patient
victime d'Ebola en Espagne, arrivé le 22 septembre de Sierra Leone et mort le 25.
La dernière contaminée faisait partie de l'équipe qui a soigné le
frère Manuel Garcia Viejo, un missionnaire catholique espagnol rapatrié
de Sierra Leone après avoir
été infecté, et Miguel Pajares, un autre missionnaire touché en même
temps. Partie en congés au lendemain de la mort, le 25 septembre, du
frère Garcia Viejo, elle n'a pas repris le travail depuis. « L'évolution de son état est favorable », selon le chef du service de médecine interne de Carlos-III - La Paz. BRUXELLES VEUT DES EXPLICATIONS
La Commission européenne a envoyé, lundi, un message au ministère de la santé espagnol « pour obtenir des éclaircissements »
sur ce qui avait permis la contamination. Bruxelles veut que Madrid,
qui est censée avoir mis en place des procédures nationales précises et
coordonnées au niveau européen pour prévenir l'entrée du virus sur le territoire, identifie la faille dans son système de santé.
Des réponses sont attendues dès mercredi pour la réunion hebdomadaire du Comité de sécurité sanitaire,
instance européenne de coordination et d'échange d'informations
notamment sur Ebola. Le problème survenu, quand il sera identifié, doit servir de leçon aux autres pays. Malgré ce cas, « il n'y a pas d'inquiétude », la propagation du virus restant « en Europe hautement improbable », a souligné le porte-parole de la commission. « MANQUE TOTAL DE CONTRÔLE »
Les premières critiques du système de protection mis en place par
Madrid n'ont pas tardé : les syndicats des personnels soignants
dénonçaient dès lundi soir, le « manque total de contrôle » de la situation à l'hôpital, affirmant que les infirmiers assistaient à « une formation express », insuffisante, selon eux, de quinze minutes avant de traiter les patients, rapporte Público. La correspondante du Monde en Espagne, Sandrine Morel, est sur place :
Une polémique monte aussi sur la qualité des équipements des
soignants qui n'auraient pas correspondu au niveau 4 (maximal) de
sécurité sanitaire, nécessaire en cas de contact avec un malade infecté,
mais au niveau 2. C'est ce qu'a affirmé l'un des membres de l'équipe de
l'hôpital Carlos-III, Miguel Angel Medina, au quotidien El Pais.
La ministre de la santé espagnole, Ana Mato, a néanmoins affirmé que
le protocole prévu dans ces circonstances avait été immédiatement mis en
place pour garantir la sécurité des citoyens, tout en déclarant que des vérifications étaient en cours :
« Nous sommes en train de vérifier si tous les protocoles ont été strictement respectés [au moment de l'infection]. (…) Toutes les mesures pour garantir la sécurité du personnel hospitalier qui la soigne et de toute la population étaient prises. »
Jusqu'à présent, toutes les personnes touchées et hospitalisées en
dehors de l'Afrique de l'Ouest, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis,
avaient été infectées sur le sol africain. La fièvre hémorragique virale a fait 3 439 morts sur 7 478 cas enregistrés en Afrique de l'Ouest, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
«Plasmodium
falciparum», le vecteur de la malaria. Le nouveau vaccin actuellement à
l’essai s’attaque au parasite juste avant que celui-ci n’infecte les
globules rouges (ici en rouge). (Corbis
Des chercheurs suisses développent un
nouveau vaccin contre le paludisme. Le produit a montré un taux de
protection de 50% auprès des personnes traitées
Des
chercheurs suisses ont testé un nouveau vaccin contre la malaria dont
l’efficacité semble prometteuse. L’équipe, dirigée par Blaise Genton,
professeur à la Policlinique médicale universitaire du Centre
hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne et à l’Institut
tropical suisse à Bâle, a montré l’absence de toxicité de
l’immunisation et une réduction de 50% des infections chez les personnes
vaccinées. La clé de ce succès réside probablement dans le fait que,
pour la première fois dans le cas de la malaria, le vaccin s’attaque
simultanément à deux stades différents du cycle de reproduction du
parasite responsable de la maladie. Les résultats ont été publiés le
22 juillet 2011 dans la revue PLoS One.
La malaria,
transmise à l’homme par la piqûre du moustique anophèle femelle,
continue de faire des ravages dans les régions tropicales, avec
225 millions de personnes infectées et près de 800 000 décès en 2009.
L’absence d’un vaccin efficace a été décrite par le virologue américain
Nathan Wolfe comme étant «l’un des plus gros échecs de santé publique
de notre temps». Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé: depuis les
années 1960, les recherches dans le domaine se sont succédé, avec un
succès mitigé. La faute en revient entre autres à la complexité du
développement du parasite Plasmodium falciparum. Une fois
transmis à l’être humain, il gagne rapidement le foie. Il se multiplie
pendant quelques jours, avant de pénétrer dans le sang puis d’envahir
les globules rouges. A chacune de ces étapes, le parasite produit des
protéines de surface différentes, rendant d’autant plus difficile son
identification par le système immunitaire humain. Complication
supplémentaire: sa vitesse de reproduction est élevée, ce qui lui permet
d’évoluer rapidement et de développer de potentielles résistances aux
traitements. Dans ce contexte, les chercheurs suisses se sont
concentrés sur une approche déjà éprouvée dans l’immunisation contre
d’autres maladies, mais novatrice dans le domaine de la malaria. Le
cœur de leur vaccin est un virosome, c’est-à-dire une partie de
l’enveloppe du virus de la grippe (influenza) dont on a retiré tout le
matériel génétique spécifique. Sur cette base sont ensuite greffés des
fragments de protéines du parasite. Ils joueront le rôle d’antigènes,
les signaux que le système immunitaire doit apprendre à reconnaître
pour identifier une infection éventuelle et pour créer les anticorps
qui seront en mesure de la neutraliser.
Pour Blaise Genton,
l’utilisation du virosome était logique. «Cet adjuvant a l’avantage
d’être déjà bien testé, y compris sur des bébés, explique-t-il. Il nous
offre une bonne sécurité clinique ainsi que la flexibilité permettant
d’ajouter de nouveaux fragments de protéines sans devoir recréer le
vaccin depuis le début.» Le choix de ces fragments est justement l’un
des éléments clés qui déterminera l’efficacité de l’immunisation. Les
chercheurs ont choisi de s’attaquer au parasite à plusieurs étapes de
son cycle. Les deux antigènes choisis sont dérivés des protéines CSP,
observées avant l’invasion du foie, et AMA-1, caractéristique de la
phase sanguine du parasite.
Ce nouveau vaccin a fait l’objet
d’une étude de douze mois en Tanzanie. Cinquante volontaires vivants
dans des conditions de malaria endémique ont reçu une injection soit du
nouveau composé, soit du vaccin contre la grippe, utilisé comme
contrôle. L’objectif était initialement de se limiter à la phase I de
l’étude clinique, soit la démonstration de l’absence de toxicité du
produit. Mais les données obtenues sur l’efficacité ont montré une
réduction inespérée de 50% des infections chez les personnes
immunisées, motivant les chercheurs à publier ces résultats.
Pour
Stanislas Tomavo, du Centre d’infection et d’immunité de Lille, ces
résultats sont très intéressants. «Beaucoup de vaccins étaient
prometteurs lors de tests sur les animaux mais ont ensuite déçu,
explique-t-il. En particulier, la protéine AMA-1 utilisée toute seule
n’avait pas produit les effets escomptés. Mais cette étude montre que la
combinaison de plusieurs antigènes est une bonne idée. Il existe
d’ailleurs peu d’exemples où l’on observe une aussi bonne efficacité
lors les tests sur des humains.»
Une seule autre approche a donné
jusqu’à présent des résultats similaires: le vaccin RTS, S développé
par GlaxoSmithKline. Il fait actuellement l’objet d’une étude clinique
en phase III, conduite sur environ 16 000 enfants.
Si ces
résultats enthousiasment les scientifiques, la protection de 50% de la
population offerte par ces vaccins reste insuffisante pour faire
reculer la malaria. «En parallèle au composé actuel, qui est sur le
point de passer en phase II, nous développons déjà une seconde version
qui ciblera deux protéines supplémentaires, explique Blaise Genton.
Elle comportera donc quatre antigènes au total.»
Le chercheur
admet cependant que la tâche s’annonce difficile. Une combinaison de
différents mécanismes d’actions, voire de différents types de vaccins,
sera probablement nécessaire pour obtenir une efficacité satisfaisante.
Mais ces développements prennent du temps: par exemple, le principe du
RTS, S a été décrit en 1987 et il ne sera disponible, au mieux, qu’en
2013. http://www.letemps.ch/Page/Uuid/35ea7494-b4a4-11e0-9aed-aff246879649|0
Le Fonds mondial s’est donné pour mission de lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme grâce à la prévention et aux traitements à grande échelle auprès des populations les plus défavorisées. Entretien avec Lelio Marmora, responsable du département Afrique et Moyen-Orient
Le sida, la tuberculose et le paludisme ont des effets désastreux en termes de morts et d’incapacité, et affectent généralement des personnes en âge de travailler. Partenariat unique entre des gouvernements, la société civile, le secteur privé et des communautés affectées, le Fonds mondial, créé en 2002, a déjà déboursé quelque 22 milliards de dollars pour soutenir plus de 1000 programmes dans 151 pays. Il investit chaque année plus de 3 milliards de dollars en traitements, et sauve actuellement plus de 100 000 vies par mois. Pour Lelio Marmora, responsable du département Afrique et Moyen-Orient, «il s’agit sans doute de l’une des interventions en santé publique les plus ambitieuses de l’histoire».
Le Temps: Le fonds se fixe des objectifs chiffrés avec des échéances précises – sauver 10 millions de vies et éviter 140 à 180 millions de nouvelles infections par le VIH, la tuberculose et le paludisme d’ici à 2016. Quel est le principal frein à leur réalisation?
Lelio Marmora: Le chemin est truffé d’obstacles et il est essentiel de prendre les bonnes décisions au bon moment. Chaque acteur joue un rôle décisif: les pays en développant leurs stratégies, en gérant les fonds de manière transparente et efficace, et en augmentant leur propre investissement dans le secteur de la santé; le fonds en administrant le financement de manière cohérente et responsable; la société civile en participant activement via toutes les instances; les agences bi et multilatérales en assurant appui et financement, et enfin le secteur privé en tant que donateur et fournisseur d’assistance technique. Si l’un des maillons se brise, toute la chaîne en pâtit en termes de temps, d’efficacité, de coût d’opportunité, et il en résulte la perte de vies humaines.
Le défi consiste donc à conjuguer utilement ces efforts. Mais il y a une vraie volonté d’atteindre les objectifs chez les différents acteurs impliqués. Il y a plein de gens qui ont des idées brillantes et l’envie de faire de grandes choses. En plus, les avancées de la science et de la technologie nous permettent de toucher aujourd’hui davantage de patients, et de leur offrir des traitements plus efficaces à des coûts plus accessibles. Le Fonds mondial a démontré sa capacité à attirer et canaliser des fonds pour la lutte contre http://letemps.ch/Page/Uuid/857df814-9fa8-11e2-bfe5-7a9ddd8fe1ac
Une conférence mondiale réunit les
spécialistes à Lausanne la semaine prochaine. De l’atténuation des
symptômes au blocage de la transmission, différentes approches sont
testées
Le parasite de la malaria nous sélectionne. Un
peu comme un éleveur avec ses bêtes ou un agronome avec ses plantes.
Dans les pays les plus touchés, le plasmodium – c’est son
nom – épargne les personnes les plus résistantes et en tue près de
700 000 autres chaque année. Mais l’humanité contre-attaque. Au cours
de la dernière décennie, la mortalité a chuté d’un quart, grâce
notamment à des mesures préventives, comme l’utilisation de
moustiquaires imprégnées, et des traitements efficaces. En parallèle,
plusieurs stratégies de vaccination sont en cours d’élaboration. La
conférence Malaria vaccines for the world, qui se tient une fois tous
les trois ans, réunira de lundi à mercredi tous les acteurs du domaine à
Lausanne. L’occasion de faire le point sur cet aspect de la lutte
contre la maladie.
La piste de la vaccination
Dans
les zones de haute endémie, les personnes infectées qui ne meurent
pas, notamment grâce aux traitements, développent au fil des infections
une immunité contre la maladie. «Elles portent des parasites mais
n’ont plus de symptômes, explique l’organisateur de la conférence,
Blaise Genton, du Centre hospitalier universitaire vaudois et de
l’Institut tropical et de santé publique suisse de Bâle. C’est ce qui
nous fait penser que trouver un vaccin est possible.» Vasee Moorthy, du
Département des vaccins de l’Organisation mondiale de la santé (OMS),
ajoute que des résultats expérimentaux, obtenus en laboratoire mais
inapplicables à large échelle, ont permis à des personnes d’obtenir une
réponse immunitaire efficace à plus de 90%.
«La piste de la
vaccination reste toutefois très difficile», estime Christian Doerig,
qui travaille sur le parasite à l’Université Monash, à Melbourne. Il
rappelle que la durée de l’immunité naturelle est courte: «Nous avons
tous dans nos laboratoires des chercheurs qui viennent des zones
endémiques. Ils restent deux ou trois ans et, quand ils rentrent chez
eux, ils font des grosses crises de palu.» Christian Doerig souligne que
le niveau d’efficacité atteint pour l’instant par les produits testés
n’est pas extraordinaire.
Jusqu’ici, on a
réussi à mettre au point des vaccins seulement contre des virus et des
bactéries. Les parasites, c’est une autre histoire. «Un virus a
peut-être dix gènes, le plasmodium en a plus de 5000»,
relève Vasee Moorthy. C’est probablement cette complexité qui lui
permet d’être passé maître dans l’art d’échapper au système immunitaire
ou de développer des résistances aux traitements. Au cours de son
cycle de vie, le parasite adopte en outre plusieurs formes. «Et chacune
d’entre elles est comme un organisme différent pour nos défenses,
poursuit le spécialiste. Les bactéries ne passent pas par tous ces
stades.»
Le cycle de la malaria
C’est
sous la forme juvénile, appelée sporozoïte, que le parasite se trouve
dans les glandes salivaires du moustique vecteur de la maladie. Lorsque
l’insecte pique quelqu’un, il lui transmet ces sporozoïtes. En une
demi-heure, ceux-ci vont se loger dans le foie. «Ils y restent entre 6
et 10 jours, croissant et se multipliant, jusqu’à ce que les cellules
du foie éclatent et libèrent le parasite dans la circulation sanguine»,
explique Blaise Genton.
Sous une nouvelle forme, appelée
mérozoïte, il s’attaque alors aux globules rouges. Là aussi, il se
développe et se multiplie, faisant éclater la cellule puis s’attaquant
aux autres. «Quand la densité de parasites est suffisante, vous
commencez à avoir de la fièvre, relève le médecin. Cela prend environ
deux jours. Si on ne vous traite pas, au bout de six jours, vous êtes
KO» Outre l’anémie, les globules rouges infectés vont coller aux parois
des vaisseaux sanguins, provoquant la défaillance de divers organes,
comme le cerveau ou les reins, et entraînant la mort.
Mais avant
cela, quelques mérozoïtes vont se différencier en formes reproductives
mâle et femelle du parasite, les gamétocytes. Lors d’une nouvelle
piqûre, un moustique absorbe ces éléments. La fécondation a lieu dans
son abdomen, donnant naissance à de nouveaux parasites. En piquant
d’autres personnes, l’insecte leur transmet la maladie. Et ainsi de
suite.
Prévenir la maladie
Il
existe actuellement une vingtaine de projets de vaccins en phase
d’essais cliniques qui se répartissent entre trois stratégies. La voie
la plus avancée est celle qui tente d’empêcher le parasite d’entrer
dans le foie. «Ou, s’il passe quand même, de le détruire dans le foie»,
précise Blaise Genton. Pour stimuler le système immunitaire, les
chercheurs utilisent une protéine de l’enveloppe du sporozoïte.
C’est
le cas du vaccin RTS, S actuellement en phase 3 d’essai cliniques sur
16 000 enfants d’Afrique subsaharienne. Les premiers résultats
indiquent qu’il fait baisser la mortalité de 50% pendant un an. Il
semble toutefois qu’il soit moins efficace chez les tout-petits (de 6 à
14 semaines), où l’efficacité se situerait plutôt autour de 30%. Mais
des analyses plus détaillées manquent encore.
Enrayer le développement
La
deuxième stratégie consiste à laisser le plasmodium s’installer dans
le foie. «Ça a l’avantage de quand même stimuler l’immunité naturelle»,
commente Blaise Genton, qui travaille sur ce type de vaccin. Ceux-ci
visent la forme du parasite qui se multiplie dans la
circulation sanguine, le mérozoïte. Une des protéines de surface de ce
dernier, qui lui permet de s’accrocher aux globules rouges, est
utilisée. En empêchant la destruction des globules rouges, on atténue
les symptômes. Les premiers tests sur le terrain indiquent une
efficacité qui se situe également autour de 50%.
Le vaccin altruiste
La
troisième stratégie consiste à bloquer la transmission du parasite. Ce
type de vaccin s’attaque aux gamétocytes. Il n’empêche pas la personne
d’être malade, mais elle stoppe la transmission à d’autres personnes,
d’où l’appellation «altruiste». «Lorsqu’un moustique pique le malade,
il prend aussi un peu de sang, explique Blaise Genton. Les anticorps
que celui-ci contient continuent à travailler et empêchent la
reproduction du parasite dans l’abdomen de l’insecte.»
Pour
Christian Doerig, cette approche a un avantage non négligeable:
contrairement aux autres formes, les gamétocytes ne se multiplient pas.
Ils ont donc moins de chances d’échapper au vaccin grâce à une
mutation. Et même si c’est le cas, la forme mutée reste unique. Cette
approche n’est toutefois pas encore testée sur le terrain.
Perspectives
L’OMS
devrait décider en 2015 si elle recommande l’utilisation du RTS, S.
«La plupart des vaccins contre les autres maladies atteignent une
efficacité de 70 à 80%, reconnaît Vasee Moorthy. Mais nous recommandons
aussi des vaccins d’une efficacité de 50%, comme celui contre le
rotavirus, qui provoque la diarrhée. Il faut prendre en compte le poids
global de la maladie et le nombre de vies que l’on peut sauver.»
Pour
une deuxième génération de vaccins, il se pourrait qu’une approche
combinée soit retenue. «Aucune n’est suffisamment efficace, nous allons
donc peut-être devoir mélanger les effets», souligne Blaise Genton.
«L’idéal serait de combiner un vaccin altruiste avec un autre qui
profite aussi à la personne qui le reçoit, ajoute Christian Doerig.
Comme ça, tout le monde serait gagnant.» Les spécialistes insistent en
outre sur le fait que les vaccins ne sont qu’un des aspects de la lutte
contre la maladie qu’il faut continuer à développer en complémentarité
avec la prévention et les traitements.http://letemps.ch/Page/Uuid/beb0db44-a924-11e2-920d-2852686e7c27#.UXKMaUr2R-I
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