Rupture du ligament croisé antérieur: des soins à l’écoute des modes de vie
L’articulation du genou est cruciale pour notre mobilité. Grâce à elle, nous pouvons marcher, courir et faire du sport, nous asseoir, nous allonger ou nous mettre en tailleur. Aussi importante soit-elle, sa stabilité ne tient qu’à des fibres de collagène de 33 millimètres de long et 11 millimètres de diamètre: le ligament croisé antérieur du genou (LCA). Lors de rupture ou de déchirure – il y en a 3300 par année en Suisse selon la SUVA –, il n’est parfois plus possible de maintenir notre mobilité, voire notre mode de vie. C’est ce dernier point qui va primer pour déterminer la nature des traitements.
Le ligament d’Achille
L’articulation du genou est stabilisée par plusieurs ligaments, qui portent leur nom en fonction de leur position: le ligament collatéral latéral, le ligament collatéral médial et deux ligaments croisés, l’un antérieur et l’autre postérieur. Ces derniers se croisent entre les deux condyles du fémur, soit l’extrémité arrondie de l’os qui s’articule avec le tibia. «Tous ces ligaments servent à stabiliser le genou. Le LCA empêche le mouvement du tibia vers l’avant et la rotation interne, par rapport au fémur», indique le Dr Maxime Grosclaude, médecin du sport à l’Hôpital de La Tour.
Le genou est robuste et fragile à la fois. Il est capable d’absorber énormément de charge et de rotations. La Ligue suisse contre le rhumatisme indique qu’un genou sain peut supporter trois à quatre fois le poids du corps lors d’une marche rapide, huit fois en descente et neuf à onze fois pendant la course à pied! Le ligament croisé antérieur supporte une partie de ce poids. «Il subit une force jusqu’à 400 newtons, soit 40 kilos pendant la marche. Il rompt si on lui applique plus de 2200 newtons, soit 220 kilos», précise le Dr Julien Billières, chirurgien du genou à l’Hôpital de La Tour.
Il existe plusieurs degrés de gravité d’entorses du genou: bénigne, moyenne ou grave. Lors d’une blessure grave au genou, on retrouve dans 50% des cas une rupture du LCA.
Un genou, plusieurs disciplines de santé
Pour traiter une rupture du ligament croisé antérieur, le parcours du patient est particulièrement riche en disciplines de soins. Les chirurgiens, médecins du sport, radiologues et physiothérapeutes sont très impliqués. À leurs côtés, les nutritionnistes et psychologues sont des spécialités clés pour la réussite à long terme du traitement. «Toute la plus-value d’un établissement de soins comme le nôtre réside dans l’interdisciplinarité, c’est-à-dire travailler en équipe ou les différents spécialistes interagissent constructivement et avec le patient. À la Tour, nous avons la chance d’abriter tout le monde sous le même toit, cela favorise les échanges et accélère les processus de décision, surtout pour le LCA où le patient est pleinement acteur de sa prise en charge. Il peut dialoguer avec tous les spécialistes lors d’un seul rendez-vous. Si un traitement fonctionnel ne marche pas, nous pouvons l’adresser aisément à un chirurgien», expose Maxime Grosclaude.
Zones sous tension
Si dans 70% des cas, selon le centre de compétence Swiss Medical Board, le patient type est un homme d’environ 35 ans, les femmes ont des prédispositions morphologiques, les jambes en X, qui les rendent particulièrement sujettes à la rupture du LCA. De ce fait, elles courent quatre fois plus le risque d’une rupture du LCA que les hommes.
Les sports nécessitant beaucoup de changements de direction et les sports de contact sollicitent particulièrement le LCA. Tous les sports d’équipe sont concernés, du football au basketball en passant par le hockey. Les sports individuels ne sont pas en reste, le ski en premier lieu. «Tous les sports d’imprévus, avec des éléments perturbateurs qui nécessitent des mouvements d’évitement, peuvent malmener le LCA, surtout si la musculature autour du genou n’est pas suffisante pour le protéger», indique Maxime Grosclaude.
Des signes qui ne trompent pas
En cas d’accident, comment savoir si le LCA est atteint? «Il faut déterminer quel type de traumatisme a subi le genou en écoutant attentivement le patient. Une torsion est clairement la source la plus fréquente. Ensuite, un genou qui gonfle, une impossibilité de prendre appui, un «crac» entendu par le patient sont des signes d’une entorse grave du genou qui nécessitent des investigations», précise Maxime Grosclaude. L’écoute du patient est suivie d’un examen clinique, consistant à faire faire un mouvement de «tiroir» vers l’avant, appelé test de Lachman, pour évaluer la tension du LCA.
En cas de suspicion clinique d’une rupture du LCA, les médecins effectuent une IRM et des radiographies pour poser un diagnostic définitif. «L’IRM aide à définir s’il y a des lésions associées à cette rupture. C’est très important de pouvoir les identifier et les traiter le cas échéant», indique Julien Billières. En effet, un tiers des cas présentent une lésion du ménisque et 90% une lésion du ligament antérolatéral. Ce dernier aide le LCA à contrôler la stabilité en rotation. «Les images IRM sont interprétées par des radiologues ostéo-articulaires de notre structure et elles sont régulièrement rediscutées et revues par les différents spécialistes», poursuit Julien Billières.
Genou personnalisé
La prise en charge du patient ne nécessite pas forcément une chirurgie, car il est possible, selon certains critères cliniques, de muscler suffisamment le genou pour que le rôle de stabilisation soit en partie compensé. La rupture du LCA entraîne un jeu plus ou moins important dans l’articulation. Cette laxité est mesurée par le médecin et peut être classée comme légère, modérée ou sévère. En fonction de cette laxité et des activités sportives ou professionnelles du patient, il se plaindra d’une sensation d’instabilité ou non, allant d’une appréhension à des déboîtements. C’est l’un des facteurs qui vont orienter le patient vers un traitement fonctionnel ou une chirurgie.
Dans tous les cas, le choix entre la chirurgie et la rééducation dépend de la demande fonctionnelle du patient et des lésions associées à la rupture du LCA. «Nous cherchons à savoir ce qu’il va vouloir imposer à son genou plus tard. En fonction de cela, nous déterminons si la contrainte sportive ou professionnelle imposée au genou sera compatible avec un traitement fonctionnel ou chirurgical», ajoute le chirurgien.
Le sport, cause et remède
Le traitement fonctionnel consiste à compenser la laxité du genou en renforçant la musculature, notamment les quadriceps et les ischiojambiers, ainsi qu’à pratiquer un entraînement ciblé sur l’équilibre et la coordination des mouvements. «Ne pas opérer ne revient pas à ne rien faire, bien au contraire. Le physiothérapeute joue un rôle clé dans l’encadrement et l’enseignement d’exercices au patient, afin de le rendre autonome dans sa prise en charge. La compréhension de sa blessure et des conséquences d’une inactivité imposée est également un élément important à prendre en compte. Plusieurs mois de renforcement, d’exercices d’équilibre et de sauts sont nécessaires», précise le médecin du sport.
L’autre solution est la reconstruction ligamentaire par chirurgie. Les indications à l’opération sont la sensation d’instabilité que certains patients peuvent ressentir, la demande fonctionnelle, les lésions associées (ménisques, cartilage et autres ligaments du genou) et l’âge du patient. Concernant ce dernier critère, Julien Billières précise que «trop de jeu peut abîmer les ménisques avec le temps. Leur usure ou déchirure va créer de l’arthrose à long terme. Nous recommandons donc une chirurgie aux jeunes patients, car ils vont encore beaucoup utiliser leurs genoux.»
Ne pas opérer ne revient pas à ne rien faire, bien au contraire. Le physiothérapeute à un rôle clé dans l’encadrement et l’enseignement d’exercices au patients.
La chirurgie s’effectue par arthroscopie. Elle vise à reconstruire le ligament: il s’agit d'une ligamentoplastie. Pour ce faire, les chirurgiens prélèvent un tendon autour du genou, celui des ischiojambiers par exemple. Le tibia et le fémur sont ensuite percés pour placer le tendon qui va recréer le ligament rompu. «Il est très important de placer le greffon au bon endroit pour reproduire l’anatomie du genou, mais aussi de pouvoir traiter les lésions associées, comme celles touchant les ménisques ou le ligament antérolatéral, qui a un rôle important dans la stabilité en rotation. Reconstruire ce dernier va diviser par deux le risque de nouvelle rupture du LCA», indique-t-il.
La chirurgie nécessite également une rééducation et la récupération prend du temps. Un traitement fonctionnel prend entre trois et quatre mois, contre six mois après chirurgie et neuf mois pour un retour à la compétition à haut niveau.
Le sport est donc à la fois la cause et le remède de cette lésion du genou; il occupe une place privilégiée à l’Hôpital de La Tour. En effet, son centre de médecine du sport est agréé «Swiss Olympic Medical Center», ce qui signifie qu’il possède l’expertise adéquate, mais aussi l’infrastructure idéale (salles de rééducation, de musculation et piscine), pour optimiser le retour à une vie normale – qu’elle soit sportive ou pas.
L’harmonie des soins
Le parcours de soins suivi par les patients touchés par une rupture du LCA illustre parfaitement le courant de la médecine actuelle, qui mise autant sur l’ultra-spécialisation des différents intervenants pour réduire les mauvais gestes à néant que sur une approche personnalisée visant à adapter la réponse thérapeutique aux besoins propres du patient. Tous ces ingrédients sont ceux de l’interdisciplinarité, qui permet d’harmoniser et de coordonner l’expertise des médecins, des soignants et du patient. Parce que aujourd’hui aucune prise en charge n’aboutit sans l’association de tous et toutes, établissement compris. «L’Hôpital de La Tour, avec son centre de médecine du sport, fait figure de pionnier de ces démarches dans le secteur de la santé romande», concluent les deux médecins.
Conférence publique en ligne (webinaire) sur la rupture du ligament croisé antérieur
Evénement gratuit
Jeudi 3 décembre 2020, Hôpital de La Tour
Conférenciers:
- Dr méd. Julien Billières, chirurgien du genou
- Dr Maxime Grosclaude, médecin du sport
- Nicolas Le Coroller, physiothérapeute
Programme et inscriptions ici https://www.letemps.ch/sciences/rupture-ligament-croise-anterieur-soins-lecoute-modes-vie
La coopérative SABSA: une clinique sans médecins... et sans tracas (VIDÉO)
Depuis octobre dernier, Isabelle Têtu reçoit la clientèle des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur dans sa petite clinique du boulevard Charest, à Québec. Grâce à un don de 150 000$ de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, l'infirmière praticienne mène un projet pilote de clinique sans médecins pour une période de 18 mois. La FIQ espère ainsi convaincre le gouvernement d'accorder plus de pouvoirs aux infirmières. En plus d'Isabelle Têtu, l'endroit compte deux infirmières et une intervenante psychosociale. Une seconde infirmière praticienne s'ajoutera bientôt à l'équipe.
La Clinique SABSA (pour «service à bas seuil d’accessibilité») offre tous les services d'une clinique traditionnelle. «Nous sommes une alternative aux grosses cliniques ou aux hôpitaux. Les gens peuvent venir ici pour se faire rassurer, recevoir des prescriptions ou des conseils de santé», dit Isabelle Têtu. Sa formation d'infirmière praticienne lui permet de poser certains diagnostics et de prescrire des traitements. En cas de besoin, elle contacte les médecins de la clinique Saint-Vallier, partenaires du projet. Téléphone, textos, courriels: le médecin n'est jamais bien loin.
En six mois, la clinique a inscrit 540 patients et mené 1 200 consultations. Malgré tout, le temps d'attente est pratiquement nul. L'infirmière voit en moyenne 14 personnes par jour, alors qu'un médecin en clinique sans rendez-vous peut faire défiler 25 patients... en un avant-midi. Fait étonnant, près de la moitié des patients de la clinique ont déjà un médecin de famille, mais ne souhaitent pas attendre pour obtenir un rendez-vous.
Quand le réseau ne répond plus
Pourtant, l'endroit ne paie pas de mine. Une petite affiche 8 et demie par 11 collée dans une porte vitrée annonce la clinique SABSA, située au-dessus d'un Familiprix. Malgré la gentrification des dernières années, le secteur demeure largement défavorisé.
Lucie Poitras, 62 ans, a atterri ici après voir fait le tour du réseau de la santé. «J'ai essayé d'aller un peu partout, même l'urgence. Les médecins sont tannés parce qu'ils disent qu'avec les problèmes de santé que j'ai, je devrais avoir un médecin de famille», confie la dame. Sclérose en plaques, fibromyalgie, arthrose, arthrite; malgré ses nombreux problèmes de santé, impossible pour elle d'obtenir un suivi médical. «La p'tite, elle a décidé de me prendre à tous les mois», dit-elle, un sanglot étouffé dans la voix.
Un retraité arrive sans rendez-vous. C'est le pharmacien du rez-de-chaussée qui l'a référé. «Avez-vous un médecin de famille?», lui demande la réceptionniste. «J'ai fait quatre places, madame, partout on m'a dit 'on n'en prend plus'», répond-il. Pourtant, ce n'est pas grand-chose, il a une oreille bouchée. L'infirmière accepte de le voir.
Quelques minutes plus tard, une intervenante communautaire prend place dans la salle d'attente. Elle est accompagnée d'une jeune sans-abri, visiblement mal en point: elle a le visage couvert de plaques rouges et se gratte le fond de la tête de façon compulsive. L'intervenante explique qu'elle préfère cette clinique parce qu'on lui permet de passer rapidement. «Quand je réussis à gagner leur confiance, je dois agir vite avant qu'ils ne changent d'idée», dit-elle. Presque en écho à ses propos, la jeune femme s'impatiente: «On va-tu passer, là?». Ça fait à peine 15 minutes qu'elles sont entrées.
Dans les petits pots...
Alors qu'Isabelle Têtu espérait créer un filet pour attraper les patients échappés par le réseau, de plus en plus de CLSC, cliniques et hôpitaux lui recommandent des patients. «On pensait qu'on allait être un tremplin vers le réseau, mais on se rend compte de plus en plus que c'est le sens inverse», dit-elle.
Pour cette ex-intervenante communautaire, le succès de la clinique tient à sa petite taille. Les patients en viennent à connaître les intervenantes et à leur faire confiance. «Et là, on peut avoir la vraie histoire, confie-t-elle. Les gens que tu vois une fois ou deux, ils ne te diront pas qu'ils consomment ou qu'ils ont des problèmes financiers qui leur apportent du stress. Quand finalement ils te disent les vraies choses, tu peux commencer à travailler sur la cause, plutôt que de patcher les bobos.»
Elle déplore que le système de santé soit devenu anonyme. «Ce sont des mégastructures. Faut que tu sois vraiment organisé pour te retrouver là-dedans», dit-elle. À la clinique SABSA, la réceptionniste accueille les patients en les interpellant par leurs prénoms.
Isabelle Têtu visite même ses patients plus âgés à domicile. «Ça permet de voir si leur milieu de vie est sécuritaire et ça donne un répit aux proches aidants qui doivent les accompagner dans leurs déplacements», explique-t-elle. Si un patient rate un rendez-vous, elle tente de le retracer en contactant les pharmacies environnantes ou les intervenants sociaux. «Par exemple, là j'ai un patient qui n'a pas renouvelé ses antidépresseurs, c'est mauvais signe», illustre-t-elle.
Puisqu'elle fonctionne en dehors du réseau, la petite clinique ne croule pas sous la bureaucratie des CSSS (devenus des CISSS). «Quand on constate que les besoins sont différents de ce que l'on avait imaginé, on peut changer l'offre de services rapidement, parce qu'on a pas 12 000 permissions à demander à plusieurs gestionnaires», lance Isabelle Têtu.
Et puis, son petit bureau lui permet de travailler avec des gens qui partagent sa philosophie. «Dans le réseau, tu ne choisis pas toujours tes collègues et tes patrons», dit-elle.
Au fond, avec ou sans médecin, Isabelle Têtu a recréé le petit cabinet d'antan.
Un modèle à importer?
En Ontario, où le modèle existe depuis 2007, on compte 25 cliniques sans médecins. Un rapport du ministère de la Santé de l'Ontario produit en 2009 («Evaluation of the Sudbury District Nurse Practitioner Clinics») indiquait un haut taux de satisfaction parmi les patients. Les quelque 600 réponses obtenues faisaient état d'une amélioration de l'accès aux soins de santé et d'une diminution de l'attente.
Au cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, on voit ce concept d'un bon oeil. «Les cliniques sans médecins sont intéressantes car elles démontrent le rôle plus important que peuvent prendre les infirmières, explique par courriel son attachée de presse, Joanne Beauvais. Cependant, il importe de ne pas créer un réseau de cliniques parallèles mais plutôt de favoriser l'interdisciplinarité.»
Dr Yves Lamontagne: «Les médecins doivent arrêter de se plaindre»
L’ancien président-directeur général du Collège des médecins, le psychiatre Yves Lamontagne, n’a pas la langue dans sa poche et il n’a pas peur d’écorcher ses confrères. Dans son court essai intitulé L’enfer du système de santé, en librairie mercredi, Dr Lamontagne pose un diagnostic sur les maladies du système québécois, analyse les solutions actuellement sur la table et propose ses propres remèdes.
Dans votre livre, vous faites plusieurs recommandations pour améliorer le système de santé. Si vous aviez à en choisir une, laquelle ce serait?
Il faudrait d’abord revoir complètement l’organisation du travail. Par exemple, les services de première ligne sont mal organisés. J’ai en tête l’histoire d’une amie dont le fils s’est fendu l’arcade sourcilière en recevant un bâton de hockey dans le visage pendant une fin de semaine. Elle s’est rendu à quatre cliniques sur la Rive-Sud, qui lui ont toutes dit qu’il n’y aurait pas de médecin avant lundi matin. Après six heures d’attente à l’urgence, son fils est ressorti avec cinq points de suture, ce qui auraient pu être fait dans n’importe quelle clinique. Vous ne pensez pas que les cliniques pourraient s’entendre pour ouvrir une fin de semaine sur quatre et instaurer un numéro commun qui puisse diriger les citoyens de la région vers le bon endroit? Non, tout le monde est fermé! Ce n’est pas comme ça qu’on va se faire aimer de la population.
Quel rôle doivent jouer les médecins dans cette réorganisation?
Ils doivent se poser des questions et trouver des solutions au lieu de se plaindre et de passer des publicités à la télévision. Les médecins ont une importance capitale parce qu’ils prennent des décisions fondamentales pour la santé des patients. Mais jusqu’à récemment, la seule chose que les médecins, autant les spécialistes que les omnipraticiens, ont défendu, c’est leur argent. On est parmi les gens les mieux payés au Québec et on vient dire qu’on n’est pas assez payés, alors qu’il y a des gens qui crèvent de faim? Il faudrait être un peu plus présents au niveau social, s’impliquer davantage dans des causes humanitaires, donner du temps gratuitement.
Quel est votre avis sur le projet de loi 20, qui veut imposer des quotas de patients aux médecins de famille?
J’ai certaines réserves par rapport au projet de loi 20. On peut dire que les médecins doivent voir 1500 patients. Mais certains patients ont besoin d’une consultation de cinq minutes, alors que d’autres en ont besoin de 30. Comment coter les patients? Imaginez la comptabilité que les médecins vont devoir faire. Ça augmenterait la bureaucratie, alors que le ministre veut plutôt la diminuer.
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a proposé plusieurs solutions pour éviter l’imposition de quotas prévue par le projet de loi 20. Peuvent-elles être efficaces?
Oui, bravo à la FMOQ, qui ont finalement offert des solutions. Ils parlent de l’informatisation des dossiers médicaux, qui n’est pas complétée et qui serait très importante. Ça sauverait bien du temps aux médecins, parce qu’ils verraient tout de suite les résultats d’analyses de laboratoires, des rayons X et des consultations avec les spécialistes. Ils parlent aussi de collaboration avec les autres professionnels de la santé comme les infirmières. Les infirmières pourraient faire certaines tâches pour réduire celles des médecins, ce qui leur permettrait de voir plus de patients ou de les voir mieux.
«Au Québec, il y a 100 389 employés non soignants dans le réseau de la santé pour 8 millions d’habitants, alors qu’en Suède, il y en a 36 460 pour 9,4 millions d’habitants. Pourtant, ça fonctionne très bien en Suède.»Vous croyez également qu’il faudrait revoir les conventions collectives dans les établissements de santé et permettre plus de souplesse et d’initiative…
L’exemple que je donne souvent, c’est que le gars qui pèle les patates n’a pas le droit présentement de donner un coup de main à la vaisselle. Cette séparation trop rigide des tâches empêche les gens d’avoir de l’initiative et ça engendre un manque de productivité. Un autre exemple? Mon père est décédé aux soins palliatifs à l’Hôpital Notre-Dame il y a quelques années. Il a un jour demandé à une préposée de rapprocher son plateau de nourriture. Elle lui a répondu que ce n’était pas sa tâche et qu’il fallait demander à l’infirmière!
Quelle serait la deuxième recommandation que vous mettriez de l’avant?
Ce serait de regarder les nouvelles façons de financer le système. Il y en a une qui fait toujours trembler tout le monde, c’est de louer les salles d’opération et les laboratoires de biochimie des hôpitaux le soir et la nuit pour des interventions du secteur privé, comme la chirurgie esthétique. Ces salles sont bien souvent fermées 18 heures sur 24. On pourrait faire du profit et le réinvestir dans l’hôpital.
La plupart des acteurs du réseau de la santé semblent s’opposer aux projets de loi du ministre de la Santé et ont déploré le manque de consultation . Vous croyez de votre côté que l’attitude cowboy de Gaétan Barrette est peut-être nécessaire?
Faire de la consultation, je suis le premier qui est d’accord avec ça. C’est mieux de s’entendre que d’imposer. On a beaucoup parlé par le passé. Mais à un moment donné, il faut prendre des décisions. Il y a eu des consultations en commissions parlementaires sur ces projets de loi. Après, il peut y avoir des ajustements qui prennent compte des diverses opinions. J’ai notamment l’impression que le ministre va reculer sur certains aspects sur projet de loi 20.
http://journalmetro.com/plus/sante/756725/dr-yves-lamontagne-les-medecins-doivent-arreter-de-se-plaindre/
Médecine samedi 04 avril 2015
Haro sur les cures de jouvence douteuses
Or, depuis 2010, certains traitements esthétiques à base de cellules souches sont soumis à autorisation. Décidées à lutter contre un marché clandestin, Swissmedic et l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ont lancé, en collaboration avec les services cantonaux compétents, une «opération mains propres» visant les cliniques d’esthétique. L’automne dernier, 35 prestataires – situés pour la plupart en Suisse romande – ont été sondés par questionnaire pour «tenter de distinguer les offres légales de celles qui ne le sont pas», indique Peter Balzli, porte-parole de Swissmedic.
D’après les premiers résultats divulgués ces jours-ci, il sera sans doute compliqué de faire le ménage. Bien qu’une plainte pénale ait déjà été déposée en Suisse romande contre une clinique vaudoise dont le nom n’a pas été communiqué, les infractions flagrantes ne semblent pas être la norme. Et s’il est vrai que Swissmedic affirme n’avoir délivré aucune autorisation depuis le durcissement de la législation en 2010, cela ne veut pas dire que toutes les cliniques sont hors-la-loi. En fait, la plupart ont adapté leur offre et développé des méthodes nettement moins radicales que les fameuses injections de cellules fraîches de mouton qui ont fait la légende des luxueuses cliniques de la Rivieira vaudoise à partir des années 1930. «C’était plus simple de proposer autre chose que de tenter d’obtenir une autorisation», lâche-t-on à la Clinique Matignon de Vevey.
L’une des alternatives en grande mode consiste à se faire réinjecter ses propres cellules souches sous la peau du visage pour effacer les rides. Les cellules peuvent être isolées par centrifugation à partir d’un prélèvement sanguin. Au tarif de 600 francs la séance, le traitement coûte habituellement plus de 2000 francs. Nettement plus chère et «plus compliquée», selon l’expression du Dr Luigi Polla, directeur médical du Forever Laser Institut à Genève, il y a la réinjection de cellules souches extraites d’une ponction de graisse: au moins 18 000 francs. Les deux techniques sont, en principe, tout à fait légales. Sauf que leur cas n’a pas été clairement réglé: «En l’état, il est difficile de dire si une autorisation est nécessaire ou non, car cela dépend du but de la thérapie et du mode de préparation des cellules», indique Peter Balzli.
Une autre incertitude plane sur les gélules à base de cellules de mouton lyophilisées. Celles-ci sont proposées entre autres par la Clinique La Prairie, à Clarens, à la suite de l’abandon des formes injectables. Swissmedic semble hésiter: «En l’absence d’allégations thérapeutiques, il est possible que cela puisse entrer dans la catégorie des produits alimentaires et il n’y aurait alors pas besoin d’autorisation.» Dans tous les cas, aucun des 35 prestataires de soins esthétiques sondés par Swissmedic n’utiliserait de cellules fraîches au sens premier du terme, c’est-à-dire des cellules vivantes d’origine animale. Il s’agit soit de cellules humaines, vivantes ou non, soit de cellules animales mortes, d’après les résultats du sondage.
Ces détails sont importants, car ils déterminent le type d’autorisation éventuellement requise. En pratique, il n’est pas toujours facile d’en avoir le cœur net. Deux cliniques interrogées par Le Temps n’ont pas été capables de dire avec certitude si elles utilisaient des cellules mortes ou vivantes. Sur les 27 cliniques vaudoises incluses dans le sondage, 19 ont été sommées de fournir des précisions ou de rectifier les informations figurant sur leur site internet. D’après Swissmedic, il y aurait souvent des «incohérences» entre le discours publicitaire et les déclarations faites aux autorités. Le terme «cellules souches», par exemple, serait parfois délibérément utilisé pour appâter la clientèle.
Exemple typique: la Clinique Lemana, à Lausanne, affirme sur son site internet que sa thérapie «Cellvital» repose sur la sélection «d’extraits cellulaires les plus appropriés» et «respecte les normes de Swissmedic». Or, l’organisme fédéral assure n’avoir «délivré aucune autorisation» pour cette préparation – ce qui, une fois de plus, ne signifie pas qu’elle est forcément illégale. Contactée par téléphone puis par e-mail, la clinique en question n’a pas répondu. Et ce n’est pas la seule à se murer dans le silence. La Swiss International Wellness Association, à Genève, qui mentionne explicitement sur son site internet le recours aux cellules animales? Injoignable. La Clinique Eden, à Chexbres, qui se félicite de sa clientèle chinoise que l’on dit friande d’injections ovines? Aux abonnés absents. Aucune réponse non plus du site Celebre.ch, qui vante les mérites des «luxueuses cellules fraîches de mouton» et prétend travailler avec un laboratoire suisse, mais sans préciser son adresse.
Cette opacité complique le travail d’investigation des autorités, qui reconnaissent n’avoir «pas pu dresser un tableau complet de la situation». Sous couvert d’anonymat, deux directeurs de cliniques ont affirmé au Temps que les injections à base de cellules de mouton se pratiquent toujours, mais à présent de manière incontrôlable, par des médecins qui agissent seuls, dans des chambres d’hôtel où les clients ont obtenu un rendez-vous grâce à un intermédiaire grassement payé. Ils parlent de sommes pouvant atteindre les 100 000 francs, commission incluse.
«Notre intention n’est pas de nuire aux affaires commerciales des cliniques d’esthétique, souligne Peter Balzli. Sur la quantité de traitements cellulaires qui existent, il n’y en a finalement que quelques-uns qui posent problème. Leur pratique non autorisée est liée à des risques accrus d’infections et de réactions immunitaires graves. Il y a déjà eu deux décès en Allemagne. Devons-nous fermer les yeux et attendre qu’il y en ait en Suisse?»http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f56050b6-da14-11e4-95aa-b84293f29f2d/Haro_sur_les_cures_de_jouvence_douteuses
La part de médecins venus de l’étranger a passé les 30%
La faîtière des médecins signale que depuis 1990, la hausse annuelle des femmes est de 4,8%, contre 1,9% chez les hommes. Les femmes sont plus jeunes que leurs homologues masculins, et elles sont davantage présentes dans les postes de médecins-assistants (près de 58%) que chez les chefs de cliniques voire, plus encore, chez les médecins-chefs, où elles ne pèsent qu’à peine 11% de l’effectif. La féminisation du métier va de pair avec une augmentation du temps partiel, en particulier dans le secteur ambulatoire. Selon les représentants des médecins, cette évolution «appelle la création de nouveaux modèles de travail».
Naguère plutôt favorable au numerus clausus à l’entrée des facultés, la FMH profite de ses chiffres mis à jour pour en appeler également à l’augmentation du nombre de médecins formés en Suisse. Selon les responsables de la fédération, «le niveau élevé de prise en charge en Suisse ne peut être maintenu que par la présence de personnel spécialisé étranger»; et dans la foulée, la situation nationale actuelle «exige que des mesures politiques à même d’augmenter le nombre de places d’études en médecine doivent être prises».
Face au vieillissement de la population, et à la perspective de nombreux départs à la retraite au sein de la profession, l’organisation rappelle qu’à son sens, la Suisse devrait former 1300 praticiens par an, contre un peu plus de 800 aujourd’hui. Elle propose que la Confédération paie 250 places supplémentaires. Actuellement, la formation dépend exclusivement des cantons, qui financent seuls les facultés de médecine. L’augmentation des effectifs globaux et des perspectives de formation dans la santé fait partie des projets de mesures lancés par les services de Johann Schneider-Ammann après le vote du 9 février 2014 sur l’immigration.
Le gouvernement Harper aide les professionnels de la santé formés à l'étranger à travailler au Canada
TORONTO, le 13 mars 2015 /CNW/ - Aujourd'hui, l'honorable Rona Ambrose, ministre de la Santé et députée de Pickering-Scarborough, Corneliu Chisu, a annoncé l'injection fédérale de près de 8,4 millions de dollars dans plusieurs initiatives visant à attirer les professionnels de la santé formés à l'étranger dans le secteur canadien de la santé afin de permettre aux familles canadiennes d'avoir un meilleur accès à des services de santé de qualité.
À l'échelle du Canada, l'accès aux professionnels de la santé continue d'être un défi. Environ 4,6 millions de Canadiens n'ont pas de médecin de famille, alors qu'environ 10 000 nouveaux arrivants au Canada sont des professionnels de la santé. Bon nombre de ces nouveaux arrivants font face à des obstacles lorsqu'ils cherchent des emplois qui correspondent à leurs capacités et bagage d'expérience.
Ce soutien aidera à préparer les médecins et les autres professionnels de la santé à la main-d'œuvre canadienne. Ces initiatives s'ajoutent au vaste soutien du gouvernement du Canada visant à améliorer la reconnaissance des titres de compétence étrangers.
Le financement fédéral des professionnels de la santé formés à l'étranger réaffirme l'engagement du gouvernement du Canada à renforcer le système de santé de concert avec les provinces, les territoires et les professionnels de la santé afin d'améliorer l'accès à des soins de santé de qualité pour les Canadiens et leur famille.
Faits en bref
- Depuis 2006, le Canada accueille en moyenne plus de 250 000 immigrants chaque année, les niveaux soutenus d'immigration les plus élevés de son histoire.
- Dans le cadre de l'Initiative relative aux professionnels de la santé formés à l'étranger de Santé Canada, le gouvernement du Canada verse 8,2 millions de dollars au gouvernement de l'Ontario pour trois initiatives visant à aider les professionnels de la santé formés à l'étranger et leurs employeurs éventuels. Ce projet sera mis en œuvre en partenariat par ProfessionsSantéOntario et l'Université de Toronto.
- Un montant de 150 000 dollars a aussi été versé au Conseil médical du Canada pour un projet qui aide à préparer les médecins diplômés à l'étranger à se joindre aux effectifs du secteur de la santé.
- Depuis 2005/2006, le gouvernement du Canada a investi quelque 18 millions de dollars par an dans l'Initiative relative aux professionnels de la santé diplômés à l'étranger afin de contribuer à l'intégration des professionnels de la santé étrangers au sein de la population active canadienne.
« Notre gouvernement reconnaît l'importance de l'intégration des professionnels de la santé formés à l'étranger aux effectifs canadiens du secteur de la santé. Avec des milliers de nouveaux Canadiens qui arrivent au Canada chaque année, nous voulons assurer que nous intégrons efficacement les médecins et les infirmières à la main-d'œuvre canadienne. L'investissement d'aujourd'hui utilise à meilleur escient le talent qui se trouve déjà au Canada et illustre les mesures que nous prenons pour fournir aux Canadiens, peu importe où ils vivent, un meilleur accès aux professionnels de la santé et à des services de qualité. »
Rona Ambrose Ministre de la Santé
Liens connexesSanté Canada - Professionnels de la santé formés à l'étranger (PSFE)
Gouvernement de l'Ontario - ProfessionsSantéOntario
Université de Toronto (en anglais seulement)
Le Conseil médical du Canada
SOURCE Santé Canada
Renseignements : Michael Bolkenius, Cabinet de l'honorable Rona Ambrose, Ministre fédérale de la Santé, 613-957-0200; Relations avec les médias, Santé Canada, 613-957-2983; Renseignements au public, 613-957-2991, 1-866-225-0709
Une jeune médecin de famille inquiète
«Les plus âgés vont prendre leur retraite plus tôt qu'ils auraient voulu. Et qui va vouloir venir étudier en médecine de famille avec de telles conditions? Ça fait peur. Les gens vont partir vers l'Ontario ou les États-Unis. Il (Gaétan Barrette, ministre de la Santé) prépare la prochaine pénurie de médecins de famille. Ça ouvre grand la porte à ceux qui songent aller dans le privé !» prédit-elle.
Les effets secondairesLa Dre Marie-Pier Chartrand a gradué en juillet 2007. Elle a fait ce choix d'être médecin de famille pour « la diversité du travail, de la clientèle, des patients que l'on prend en charge, pour ne pas me limiter soit aux enfants, soit aux adultes. Pour avoir le privilège de travailler dans les salles d'urgence, à l'hôpital et en bureau.»
Aujourd'hui, elle travaille à l'urgence de l'hôpital de Saint-Jérôme ainsi qu'à l'unité d'hospitalisation brève. Et elle est inquiète. Selon elle, notre système de santé publique court un grave danger.
Bien que d'accord avec le fait que tout le monde ait accès à un médecin de famille, c'est la façon d'y arriver qui lui semble inacceptable. « Le problème est, entre autres, quand le ministre veut imposer des quotas de patients. En ayant des quotas à respecter, si on ne veut pas travailler 90 heures par semaine, ça va amener une vitesse de patients à voir. Nous, les médecins de famille, on se questionne beaucoup sur la qualité des soins qu'on serait capable de fournir à nos patients avec ces balises-là à respecter. »
La Dre Marie-Pier Chartrand s'inquiète aussi pour les patients les plus vulnérables. « Là où ça nous blesse beaucoup, est que, dans son projet de loi 20, il met une norme d'assiduité des patients chez leur médecin. Si, selon le projet de loi, comme médecin, je n'effectue pas 80 % des visites médicales de mes patients, je serais pénalisée de 30 % de mon salaire, » laisse tomber la Dre Marie-Pier Chartrand.
Marie-Pier Chartrand mentionne en effet que les médecins de famille auront l’obligation d’assurer au moins 80% des visites médicales de leur clientèle, sans quoi ils seront aussi pénalisés. Donc, selon elle, ils seront fortement encouragés à éviter toute clientèle vulnérable qui risque de nécessiter des soins médicaux hospitaliers ou des soins trop urgents pour attendre que le médecin termine ses heures imposées à l’hôpital. «Ces gens-là ne seront plus capables d'avoir de médecins de famille, car aucun médecin ne va les vouloir car ils vont leur coûter 30 % de leur salaire annuel. Alors que ce sont ceux qui ont le plus besoin d'un suivi régulier!»
Elle ajoute par ailleurs que « ça met les médecins en total conflits d'intérêts par rapport à leurs patients, car si on décide de les envoyer chez un médecin spécialiste, par exemple, parce que le cas est trop complexe pour nous, à ce moment-là on va diminuer nos statistiques d'assiduité de patients et c'est un risque de pénalité.»
« On est limité dans nos moyens de pression on ne veut surtout pas faire payer la population. Notre point de vue comme médecins, c'est de dire que ce projet est dangereux pour notre système de santé publique. Mais on ne veut pas affecter la population. Les gens méritent leurs soins de santé et surtout pas qu'une gang de docteurs décide de protester et de faire rouler le système encore plus carré », termine la Dre Marie-Pier Chartrand qui souhaite surtout, en plus d'informer la population, susciter réactions et discussions.
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La réforme de l'Ordre des médecins, un travail de (très) longue haleine
Publié le - Mis à jour leEn 2009, des propositions avaient été mises sur la table, visant notamment à scinder l'Ordre en une aile francophone et une aile néerlandophone. Mais entre-temps, la présidence du Conseil national a changé et cette proposition est tombée aux oubliettes. "On a fait marche arrière", confirme son vice-président Jean-Jacques Rombouts. "Le travail de 2009 n'est plus d'actualité".
Passé l'écueil communautaire (un différend sur la représentation dans les communes à facilités a été réglé par la réforme de l'Etat), l'Ordre en revient aux enjeux fondamentaux. Il est question d'asseoir une réflexion sur la nécessité de compléter l'attachement à la protection de l'honneur et de la dignité de la profession par celui qu'il convient d'accorder à la qualité des soins au patient. Il s'agit également de veiller à une plus grande transparence de l'institution.
En Commission, Maggie De Block a indiqué que les contacts pris par son cabinet avec les représentants de l'Ordre allaient dans ce sens, ce qu'a confirmé Jean-Jacques Rombouts, joint par l'agence BELGA.
Il conviendra également de faire évoluer la déontologie et les procédures disciplinaires et de réfléchir à la création d'Ordres particuliers pour certaines professions de la santé (dentistes, pharmaciens, kinésithérapeutes).
Pressée d'agir par l'opposition, la ministre a dit attendre les propositions du Conseil national. "Ce n'est pas à moi de proposer, c'est à l'Ordre de venir avec un projet", a-t-elle indiqué. Mme De Block attend ces propositions dans le courant de l'année 2015. Il s'agira ensuite de trouver une majorité parlementaire.
Ce calendrier n'a pas rassuré l'opposition. "Je suis inquiet. Il y a un risque d'immobilisme", a fait observer André Frédéric (PS). "Il faut que quelque chose se passe", a renchéri Maya Detiège (sp.a), selon qui l'Ordre, particulièrement âgé dans sa composition, défend une vision "conservatrice" qui constitue un frein à son évolution. Muriel Gerkens (Ecolo) s'est étonnée de la méthode choisie par la ministre Open Vld. "Il est logique de consulter une profession mais là, cela devient pathologique. Cela fait des années que cela dure, il y a déjà eu des textes, on n'accorde aucune attention au patient. Il serait logique qu'on leur donne un délai", a-t-elle argumenté.
"Moi, je suis très polie, j'attends les propositions. Cela ne se fait pas de dicter l'agenda", a rétorqué Mme De Block, soulignant la légitimité de l'Ordre composé de représentants élus.
Entre-temps, la N-VA a redéposé des propositions de loi visant à la création de deux ordres distincts (francophone et néerlandophone), pour la pharmacie, la dentisterie et la kinésithérapie. Les écologistes ont également une proposition allant dans un autre sens.
L'Ordre des médecins n'est donc plus concerné par une scission. "Nous souhaitons maintenir un Conseil national avec deux ailes", confirme Jean-Jacques Rombouts.
La section francophone se réunit le 14 mars et la section néerlandophone le 18 avril sur l'avenir de l'Ordre. Après, il y aura une réunion plénière. Des propositions ne sont pas attendues avant novembre 2015, avertit M. Rombouts. Il faudra ensuite les transformer en textes de loi, ce qui promet encore quelques mois de labeur, étant donné la technicité de la matière.
En attendant, la ministre a dit vouloir avancer sur une première adaptation de l'arrêté royal de manière à assurer la pérennité du fonctionnement de l'institution. Mme De Block a également souligné qu'il était possible d'avancer selon des rythmes différents, sur la réforme de l'Ordre des médecins et la création des autres Ordres.
Numéro Inami : les médecins généralistes favorables à un examen d'entrée, solution moins "antisociale"
Publié le - Mis à jour leLa Société scientifique de médecine générale (SSMG), le Forum des associations de médecins généralistes francophones (FAG), l'Association belge des syndicats médicaux (Absym) et le Groupement belge des omnipraticiens (GBO) plaident jeudi dans un communiqué commun pour un examen d'entrée assorti d'une année préparatoire comme solution au dossier Inami, au lieu du concours en fin de première année voulu par le ministre de l'Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt. Les associations jugent en effet cette option "antisociale". Le projet de ce filtrage, en voie d'être finalisé, est "peu respectueux des individus", et "a montré ses limites" il y a quelques années, selon ces organismes représentant les médecins généralistes francophones. "Il était important de parler" d'une seule voix, souligne Luc Lefebvre, président de la SSMG.
Ce concours engendrerait "des frais importants pour les parents, puisqu'une année universitaire est plus onéreuse qu'une année préparatoire", ajoute-t-il. De plus, "comment un étudiant qui s'est engagé à devenir médecin, a réussi ses examens mais n'est pas retenu pour passer en deuxième année pourrait-il se tourner vers une autre profession sans être déçu toute sa vie?".
"Diverses sources concordantes rapportent aussi le climat détestable et la concurrence exacerbée qui étaient apparus entre les étudiants" par le passé, avec notamment la circulation de fausses notes de cours. Ce filtre allait dont "à l'encontre des valeurs de solidarité et de collaboration qu'il est bon d'inculquer aux futurs médecins, essentielles dans un métier qui, de plus en plus, exigera de l'interdisciplinarité".
A contrario, un examen d'entrée, accompagné d'une année préparatoire pour qui le souhaite, semble être la meilleure formule, "plus démocratique et plus solidaire". Les associations estiment par ailleurs que cet examen devrait porter sur les matières scientifiques mais aussi la communication interpersonnelle. Elles invitent enfin les décideurs "à entendre les voix des protagonistes et à ne pas s'arc-bouter sur des positions idéologiques".
http://www.lalibre.be/actu/belgique/numero-inami-les-medecins-generalistes-favorables-a-un-examen-d-entree-solution-moins-antisociale-55018f3635707e3e93d875ed
La vaccination de nouveau au centre des querelles politiques américaines
■ Vacccins à «équilibrer» pour Chris Christie. Le gouverneur du New Jersey a déclaré lors d’une visite en Angleterre que bien qu’il vaccine ses propres enfants, les autorités devaient prendre en compte la voix des parents dans leurs politiques de vaccinations car toutes les maladies ne posaient pas la même menace de santé publique.
«Tout ce que je peux dire est que nous avons vacciné les nôtres, c’est la meilleure expression que je puisse vous donner de mon opinion», a-t-il déclaré, selon CBS. «Mais je comprends aussi que les parents doivent aussi avoir un certain degré de décision, et c’est l’équilibre que l’Etat doit trouver».
«Il faut un équilibre et cela dépend du vaccin, du type de maladie et de tout le reste. Et je n’ai pas dit que je laissais le choix aux gens», a-t-il précisé.
Son bureau a ensuite diffusé un communiqué tentant de clarifier ses propos. «Le gouverneur estime que les vaccins sont une protection de santé publique importante, et face à une maladie telle que la rougeole, il n’y a aucun doute que les enfants doivent être vaccinés. En même temps, des Etats différents requièrent des degrés de vaccination différents, et c’est pourquoi il appelait à un équilibre dans les vaccins que les Etats doivent rendre obligatoires», a déclaré le bureau du gouverneur.
■ Certains vaccins «facultatifs pour Rand Paul. Interrogé à son tour, le sénateur et ophtalmologiste, représentant de l’aile libertaire du parti républicain, a estimé que certains devaient rester facultatifs.
«Je ne suis pas anti-vaccin du tout, mais la plupart devraient être volontaires», a déclaré Rand Paul dans l’émission de radio de Laura Ingraham, diffusée sur de nombreuses radios dans le pays, en réclamant notamment la liberté de choix des parents pour les vaccins contre l’hépatite B et le papillomavirus humain (HPV), sexuellement transmissibles.
Tout en relevant le danger de la non-vaccination pour des maladies comme la variole, il a expliqué qu’il existait «des périodes où des règles peuvent exister, mais la plupart du temps cela doit rester volontaire». Il a même expliqué avoir une connaissance personnelle d’enfants qui ont subi de graves séquelles après une vacination.
■ La position des autorités Dimanche, Barack Obama avait appelé sans équivoque les parents à vacciner leurs enfants, sur la chaîne NBC.
«On peut éviter la rougeole. Je comprends que des familles, dans certains cas, s’inquiètent des effets des vaccins. La science est, vous savez, assez indiscutable», a dit Barack Obama. «Vous devez vacciner vos enfants».
■ Hillary Clinton de son côté possible candidate à la présidentielle pour les démocrates, a twitté son soutien sans faille aux vaccinations
Selon un bilan lundi des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), 102 personnes étaient atteintes de rougeole au 30 janvier aux Etats-Unis, la plupart des cas ayant démarré au parc Disneyland de Californie. La majorité des personnes contaminées n’étaient pas vaccinées.
Dans les années 1960, plusieurs millions d’Américains étaient contaminés chaque année, et la maladie faisait cinq cents morts par an.
La rougeole, maladie très contagieuse, avait été quasiment éliminée aux Etats-Unis grâce à la vaccination. Mais une tendance «anti-vaccin» dans certaines familles a favorisé sa réapparition. Le chiffre passé à 37 cas en 2004 est remonté à 644 infections recensées en 2014.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6bf51c1c-ab7a-11e4-8a14-18075d406251/La_vaccination_de_nouveau_au_centre_des_querelles_politiques_am%C3%A9ricaines
L’hôpital, reflet d’une société malade
- Hippocrate (02.12.2014)
La réussite a une raison simple: au contraire de la plupart de ses confrères cinéastes, Thomas Lilti (dont c’est là le deuxième opus après Les Yeux bandé, autre inédit de 2008 avec Jonathan Zaccaï et Guillaume Depardieu) pratique aussi un «vrai» métier, médecin. Et ce qui était à l’origine une concession aux exigences familiales est apparemment devenu sa force. A 37 ans, il a choisi de revenir sur ses douze années de formation.
Son héros n’est donc pas par hasard un jeune interne qui fait son premier stage dans le service dirigé par son père. Sa carrière apparemment toute tracée, Benjamin (Vincent Lacoste, la révélation des Beaux Gosses de Riad Sattouf) va pourtant être tôt confronté à une expérience déstabilisatrice: une nuit alors qu’il est de garde, un patient souffrant de violentes douleurs abdominales décède. A qui la faute? Au jeune médecin? A l’électrocardiogramme qui n’a pas été effectué, l’appareil étant défectueux? Aux coupes budgétaires? A la hiérarchie qui couvre l’erreur? Aux règlements parfois absurdes?
Mais le scénario ne s’en tient pas là, l’auteur ayant eu la bonne idée de dédoubler son personnage principal avec un autre nouvel interne, Abdel, venu d’Algérie (Reda Kateb, l’acteur qui monte, d’Un Prophète à Qui vive et Loin des hommes). La dynamique entre le fils à papa et l’étranger plus aguerri devient alors le cœur du film. Et c’est lorsque se présente à eux le cas d’une patiente cancéreuse en fin de vie que ce dernier devient vraiment passionnant. En effet, s’agissant d’hôpital, qui n’a pas été confronté un jour au double soupçon – même contradictoire – de course à la rentabilité et d’acharnement thérapeutique?
Au contraire des innombrables séries hospitalières qui squattent le petit écran (d’Urgences à Dr. House – cité en clin d’œil – en passant par The Kingdom/L’Hôpital et ses fantômes de Lars von Trier), Hippocrate présente cette réalité sans fard ni sensationnalisme. C’est au contraire avec une nouvelle exigence de réalisme que l’on découvre les coulisses de l’institution, des sous-sols labyrinthiques aux services aseptisés, du réfectoire décoré avec un goût douteux aux chambres glauques des internes. Et côté humain, la solidarité du personnel, les subtilités de la hiérarchie, la peur du conseil de discipline. Même sans génie particulier de mise en scène, tout ici sonne juste. Même sans grand drame, on est captivé. Le souci du détail vrai et l’intelligence du récit font la différence.
Que vaut encore le fameux serment d’Hippocrate? Comment avoir la vocation dans le contexte médical actuel? Même si ce sont là les questions clés, le film va plus loin. Le ton ne se veut pas polémique. Mais il n’est pas interdit de penser qu’en plaçant ainsi l’hôpital sous la loupe, Hippocrate offre un excellent baromètre social. S’y invitent en effet les problématiques plus larges telles que la concurrence public-privé, l’éthique et la corruption, la préférence nationale et l’immigration, la misère et la fin de vie, la technocratie et l’idéalisme. Et là, force est de constater que la France (mais sûrement pas qu’elle) a du pain sur la planche!
Le cinéma industriel nage dans le cliché, le film d’auteur souffre de solipsisme et le documentaire est condamné à la confidentialité? Hippocrate prouve qu’un moyen terme est possible et mérite d’être recherché. Coup unique ou début d’une belle série, l’avenir le dira. En attendant, on aurait tort de laisser filer un aussi bon spectacle sous prétexte de distribution déficiente.
VVV Hippocrate, de Thomas Lilti (France 2014), avec Reda Kateb, Vincent Lacoste, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt, Félix Moati, Carole Franck, Philippe Rebbot. 1h42.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/cef9f9d8-7be9-11e4-a4b4-65a0dc79857a/Lh%C3%B4pital_reflet_dune_soci%C3%A9t%C3%A9_malade
Un quart des nouveaux médecins en France ont un diplôme étranger
Qui sont les médecins qui s’installent en France avec un diplôme étranger ? Quels sont leurs parcours, leurs diplômes, leurs lieux d’installation ? Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a rendu publique, jeudi 27 novembre, une étude détaillée sur les « flux migratoires et les trajectoires » de ces professionnels de santé qui représentent 8,2 % des 276 354 médecins inscrits au tableau de l’Ordre au 1er janvier.
Lire : Santé : l’Europe fait exploser le numerus claususAu total, en 2014, l’Ordre a recensé 22 568 médecins titulaires d’un diplôme européen ou extra-européen, parmi lesquels 19 044 exercent de façon régulière. Depuis 2007 – date qui a notamment marqué l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne –, ce nombre a connu une augmentation de 60 %. Pour l’organisme professionnel, cette hausse « a une forte probabilité de se confirmer d’ici à 2020 pour atteindre plus de 30 000 médecins titulaires d’un diplôme obtenu hors de France ».
Patrick Romestaing, le vice-président du CNOM, note une tendance déjà relevée en 2013 : près d’un quart des nouveaux médecins qui s’installent chaque année en France ont désormais un diplôme délivré par une université étrangère. Soit environ 1 700 par an. Un chiffre qui suscite des « interrogations » du côté de l’Ordre. « Pourquoi mettre un numerus clausus si celui-ci peut être détourné ? Est-on toujours dans le bon scénario ? », demande-t-il, en précisant toutefois qu’il ne faut pas « déréglementer » ce système mis en place en 1971.
« Débat éthique »
En 2005, une directive européenne a institué une reconnaissance automatique des diplômes européens. Sous réserve d’une « attestation de conformité », les médecins titulaires d’un diplôme européen relèvent donc de la libre circulation et peuvent à ce titre s’installer où ils le souhaitent. Des commissions universitaires doivent en revanche délivrer des autorisations d’exercice au cas par cas pour ceux qui ont un diplôme extra-européen.Les deux tiers de ces médecins diplômés à l’étranger sont salariés (62,4 %) quand ce pourcentage n’est que de 43,6 % pour les titulaires d’un diplôme français. En majorité, ils choisissent de s’installer dans les régions déjà considérées à forte densité médicale comme l’Ile-de-France (qui regroupe 29 % d’entre eux), Rhône-Alpes, ou Provence-Alpes Côte-d'Azur. Ce qui fait dire à Patrick Romestaing que, « contrairement aux idées reçues, ces médecins ne répondent pas aux difficultés démographiques dans les territoires en tension ».
Autre enseignement de l’étude : 40,9 % des médecins titulaires d’un diplôme non français l’ont obtenu en Roumanie. Actuellement, 840 médecins généralistes exerçant en France sont nés en Roumanie. En 2020, ils devraient être plus de 2 700, estime l’Ordre. Pour Patrick Romestaing, les chiffres de cette étude devraient « lancer le débat au niveau de l’Union européenne sur les conséquences de ces migrations » et même, plus largement, « déboucher sur un débat éthique ». « En effet, dit-il, certains pays se trouvent aujourd’hui en difficulté parce que leurs propres médecins quittent le pays pour venir en France. »
Journaliste au Monde
Une clinique virtuelle pour les patients atteints du cancer au Manitoba
Les gens pourront appeler pour obtenir des conseils, du soutien psychologique et de l'aide pour accéder aux services offerts aux patients.
Les médecins et les professionnels de la santé pourront également appeler à la clinique virtuelle pour s'assurer que leurs patients sont dirigés rapidement vers les soins appropriés, a indiqué la ministre de la Santé, Sharon Blady.
« Il est important d'offrir un soutien rapide aux personnes atteintes du cancer », a-t-elle affirmé.
Cette initiative s'inscrit dans la stratégie « En soixante » évaluée à 40 millions de dollars qui a été lancée par la province en 2013. Cette stratégie vise à limiter le temps entre l'apparition des premiers symptômes de la maladie et le premier traitement à 60 jours. La province espère atteindre cette cible d'ici 2016.
La directrice générale de l'Office régional de la santé de Winnipeg, Arlene Wilgosh, pense que cette clinique virtuelle sur le cancer servira de guide pour les patients, les médecins et les infirmières.
En quête d'un médecin de famille
Selon la province, le service téléphonique sera directement lié aux départements des services d'urgence de Winnipeg.
Les patients ne possédant pas de médecins de famille qui se rendront aux urgences et qui feront l'objet d'un suivi pour un possible cancer seront redirigés par les professionnels de la santé des services d'urgence à ce service téléphonique.
La province indique que les experts de la clinique virtuelle travailleront de pair avec les professionnels de la santé des services d'urgence afin de coordonner le suivi et l'administration des premiers traitements.
Ces patients seront ensuite jumelés à un médecin par le biais de la stratégie provinciale pour trouver un médecin de famille.
http://ici.radio-canada.ca/regions/manitoba/2014/11/25/006-cancer-patients-manitoba.shtml
L’abus de médecine nuit gravement à la santé
Depuis 2010, la communauté médicale se mobilise contre cette dérive. Dès 2012, des sociétés de médecine américaines ont commencé à établir des listes de prescriptions à la fois courantes, coûteuses et sans bénéfice pour la santé du patient, à l’intention des praticiens. Une cinquantaine d’associations médicales se sont jointes à cette initiative baptisée Choosing wisely («choisir sagement»). Dont la Société suisse de médecine interne générale (SSMI), qui a publié sa propre liste l’année dernière. Invités par l’Association suisse du journalisme scientifique, plusieurs spécialistes de la question se sont réunis mardi et mercredi à Thoune pour discuter de ce mouvement «qui prend une ampleur mondiale», selon Richard Hurley, rédacteur en chef adjoint du British Medical Journal.
Président du directoire de la SSMI et directeur du département médecine communautaire, de premier recours et des urgences des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), le professeur Jean-Michel Gaspoz a présenté les cinq tests ou traitements à problème de la liste suisse. Il y a tout d’abord la radiographie du dos en cas de douleurs lombaires depuis moins de six semaines, sans gravité et diffuses. Puis le test de dépistage sanguin du cancer de la prostate (PSA) proposé à un patient asymptomatique sans évoquer les risques de complications. Mais aussi les antibiotiques prescrits en cas d’infections bénignes du nez, de la bouche, du pharynx ou du larynx: il s’agit le plus souvent de maladies virales, que les antibiotiques ne peuvent combattre puisqu’ils n’agissent que contre les infections bactériennes. Tout aussi inutile, la radiographie du thorax avant une opération chirurgicale chez un patient sans symptômes respiratoires. Enfin, la médication de l’acidité gastrique devrait être limitée dans le temps et subordonnée à la recherche de la plus faible dose efficace.
Pour sa première liste, la SSMI s’était volontairement limitée à cinq exemples. Mais un bon nombre d’autres examens, opérations ou traitements attendent d’être épinglés comme superflus. En particulier dans le domaine du dépistage du cancer et des technologies modernes d’imagerie médicale.
Dans le cas du cancer, le problème est lié au fait qu’il est souvent impossible de prédire comment une tumeur va évoluer. Il existe donc un risque de traiter des anomalies qui ne menaceraient pas la santé du patient si rien n’était entrepris. Le dépistage systématique de certains types de cancer (pancréas, poumon, peau, prostate, testicules, vessie, ovaires et cavité orale) n’entraînerait ainsi pas de bénéfice pour le patient.
Dans le domaine de l’imagerie médicale, on recense une bonne quarantaine d’examens qui ne présentent habituellement pas ou peu d’intérêt médical. Par contre, ils peuvent être dangereux. Un acronyme a d’ailleurs été inventé aux Etats-Unis pour qualifier les victimes de l’imagerie médicale moderne: Vomit (pour Victim Of Modern Image Technology). «Au cours des vingt-cinq dernières années, la dose de radiation médicale annuelle de la population a été multipliée par sept», affirme Jean-Michel Gaspoz. «Tout cela ne remet pas en question les progrès de la médecine et ne doit pas être interprété comme une incitation au rationnement, tient-il à préciser. Il s’agit de bon sens. Voilà le message que nous aimerions faire passer, aussi bien auprès des médecins que des patients.»
Un nouvel espoir pour faire remarcher les paralysés
Tous ces travaux sont le fruit des longues recherches de Grégoire Courtine, à l’EPF de Lausanne. En cas de dommage partiel à la moelle épinière, explique-t-il, «il n’y a quasi plus de connexion entre le cerveau et les circuits qui contrôlent la marche, situés sous la lésion et dénommés «cerveau spinal». Celui-ci tombe alors dans un état dormant.» Mais l’on sait aussi que le système nerveux peut en partie récupérer de la blessure, si les fibres n’ont pas toutes été sectionnées.
Le chercheur tente de réveiller ce cerveau spinal, et surtout le faire se reconnecter au cortex. Il travaille sur des rats dont l’épine dorsale a été doublement, mais pas totalement, sectionnée au niveau du thorax. En 2009, il a montré qu’en les soumettant à un traitement double, un cocktail de molécules pharmacologiques stimulantes d’une part, et de l’autre des impulsions électriques par des électrodes implantées contre leur moelle épinière, les rongeurs se remettaient à marcher une fois placés sur un tapis roulant. Toutefois, aucun ordre direct en provenance du cerveau n’entre en jeu dans ces conditions: «Ce sont les rétroactions sensorielles en provenance des pattes qui activent les circuits moteurs: c’est comme si le cerveau spinal, une fois stimulé électrochimiquement, était doté de sa propre capacité de décision.»
Le vieillissement démographique : un boulet pour la croissance en Europe
Selon une note de la Commission européenne publiée début avril, les pays les plus riches auront du mal à retrouver le rythme de croissance économique qu’ils ont connu avant la crise financière de 2008, du fait du vieillissement démographique et donc de la baisse de la population en âge de travailler.
Les auteurs rappellent que le début du XXIe siècle s’est caractérisé par un ralentissement mondial de la population en âge de travailler (celle qui a entre 15 et 64 ans). Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait augmenter de 20 % entre 2010 et 2030, alors qu’elle a augmenté de 40 % entre 1990 et 2010.
L’analyse par région du monde révèle de grandes disparités. La plupart des régions les plus développées sont déjà entrées dans une longue phase de vieillissement démographique, tandis que d’autres pays, y compris les régions les plus pauvres, continueront de voir leur population en âge de travailler augmenter pendant de nombreuses décennies.
Hausse de 77% en Afrique subsaharienne
Ainsi, entre 2010 et 2030, la population en âge de travailler devrait augmenter de 77 % en Afrique subsaharienne, contre 11 % en Amérique du Nord. Celle de l’Amérique du Sud, de l’Amérique latine et de l’Asie devrait augmenter de l’ordre de 20 %.Dans ces régions, le déclin devrait commencer seulement après 2040. L’Europe, de son côté, devra faire face à une baisse de 9 % de sa population en âge de travailler (le maximum ayant été atteint en 2009, avec 333 millions de personnes âgées entre 15 et 64 ans).
Ce déclin démographique devrait durer au moins cinq décennies, selon Eurostat. Les Etats-Unis sont à part du fait d’un taux de fécondité relativement élevé et de flux migratoires positifs soutenus.
A partir de ces données démographiques, il est possible d’évaluer combien de temps chaque région pourra soutenir le niveau de croissance de l’emploi observé pendant la période précédant la crise économique (2000-2008), qui a été en moyenne de 1,1 %.
Dans les pays les plus développés, ce niveau de croissance de l’emploi ne sera possible qu’environ dix ans. Cette durée variera notamment en fonction de la participation ou non au marché du travail de personnes qui pour le moment restent faiblement représentées (principalement les femmes, les migrants, les jeunes et les travailleurs découragés).
L’analyse conclut que la croissance de la productivité au sein de l’Union européenne et de plusieurs autres régions industrialisées deviendra progressivement la seule façon de soutenir la croissance économique. Cela nécessite de l’innovation continue, une meilleure organisation, un investissement accru dans l’éducation et les compétences pour avoir une main-d’œuvre très qualifiée et enfin la capacité à attirer des investissements physiques et en ressources humaines.
À l’inverse, les économies émergentes pourraient obtenir des gains de productivité significatifs en réorientant des personnes qui occupent des activités faiblement productives (principalement dans le secteur agricole) vers des emplois à forte productivité dans les secteurs industriels ou de services.
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Gaëlle Picut
Journaliste au Monde
Thank you for nice information.
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Ahmad Fahrurozi
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