Orgasme, orgies, tabous : c'était comment, la sexualité dans la Rome antique, en vrai ?
Rome antique & sexe : un
couple qui suscite tous les fantasmes. Même (et surtout !) les plus
eronnés. L'historienne Virginie Girod remet les pendules à l'heure en
dévoilant tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe "à la
romaine" sans jamais oser le demander.
A lire aussi
Lorsque
on évoque "la chose" à l'époque antique, une flopée d'images scabreuses
nous viennent spontanément à l'esprit. Des orgies de l'empereur
Caligula aux scènes de sexe torrides des séries "péplum-friendly" comme Spartacus en passant par les grivoiseries "d'époque" d'un Pétrone et de son délirant Satiricon,
la Rome antique s'apparente dans nos têtes à un vaste bordel - au sens
"propre" du terme. Fort heureusement, des voix érudites comme celles de
l'historienne Virginie Girod, spécialiste de l'Histoire des femmes et de
la sexualité, sont là pour bousculer ces clichés coriaces qui sentent
le souffre et le stupre.
"Etre une digne mère de famille ou être une putain. Lorsqu'on était
une femme dans la Rome antique, on appartenait nécessairement à l'une de
ces deux catégories antagoniques", écrit l'autrice dans son foisonnant Les femmes et le sexe dans la Rome antique.
A en lire la spécialiste (également diplômée en sexologie), la
sexualité dans l'Antiquité romaine est avant tout un enjeu (pour ne pas
dire un langage) social. Le sexe hiérarchise. Il catégorise. Définit les
relations de pouvoir au sein de la société romaine. Et donc, loin
d'être aussi "libre" qu'on le croit, il est source de complexes et de
honte, de tabous, de préjugés et de violences. Comme aujourd'hui !
A l'occasion de la sortie de son nouvel opus (La véritable histoire des douze Césars, aux éditions Perrin), et à l'aune de sa passionnante conférence Sexus Originus
(en partenariat avec Terrafemina), qui prendra place le mardi 22
octobre à La Nouvelle Eve (à 20h30, sortez votre agenda) afin de
dévoiler les origines de notre sexualité, Virginie Girod se plaît
aujourd'hui à déconstruire nos fantasmes. Et met à nu cette histoire de
la sexualité que l'on ignore trop.
Rome antique & sexe : un
couple qui suscite tous les fantasmes. Même (et surtout !) les plus
eronnés. L'historienne Virginie Girod remet les pendules à l'heure en
dévoilant tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe "à la
romaine" sans jamais oser le demander.
"Etre une digne mère de famille ou être une putain. Lorsqu'on était une femme dans la Rome antique, on appartenait nécessairement à l'une de ces deux catégories antagoniques", écrit l'autrice dans son foisonnant Les femmes et le sexe dans la Rome antique. A en lire la spécialiste (également diplômée en sexologie), la sexualité dans l'Antiquité romaine est avant tout un enjeu (pour ne pas dire un langage) social. Le sexe hiérarchise. Il catégorise. Définit les relations de pouvoir au sein de la société romaine. Et donc, loin d'être aussi "libre" qu'on le croit, il est source de complexes et de honte, de tabous, de préjugés et de violences. Comme aujourd'hui !
A l'occasion de la sortie de son nouvel opus (La véritable histoire des douze Césars, aux éditions Perrin), et à l'aune de sa passionnante conférence Sexus Originus (en partenariat avec Terrafemina), qui prendra place le mardi 22 octobre à La Nouvelle Eve (à 20h30, sortez votre agenda) afin de dévoiler les origines de notre sexualité, Virginie Girod se plaît aujourd'hui à déconstruire nos fantasmes. Et met à nu cette histoire de la sexualité que l'on ignore trop.
Terrafemina : Dans Les femmes et le sexe dans la Rome antique, vous décrivez ainsi la société romaine : le "pénétrant" y domine le "pénétré". En fait, c'est un système littéralement "phallocratique"...
Virginie Girod : Tout à fait. La société romaine est
basée sur la filiation et celle-ci structure le patriarcat. Ce souci de
filiation passe par le contrôle de la sexualité féminine. Puisque le
sexe dans l'Antiquité s'est construit autour de la reproduction, on ne
peut donc pas y couper : il faut pénétrer !
L'homme romain se caractérise par le fait de pénétrer l'autre. C'est
ce que j'appelle : "le dominant pénétrant". Il est dominant socialement
(rien de "BDSM"
là-dedans) et quand il pénètre l'autre, il le "féminise". Car dans
l'Antiquité, la femme est à la fois dominée socialement et pénétrée
sexuellement.
En somme, chez les Romains, il n'y a que deux catégories sexuelles
(la femme et l'homme, des différenciations purement biologiques), puis
une façon de se comporter, soit "comme une femme", soit "comme un
homme". Un citoyen qui est au sommet de la hiérarchie sociale peut
pénétrer un autre homme pourvu qu'il lui soit inférieur socialement. Cet
homme joue donc "le rôle de femme".
Virginie Girod : Tout à fait. La société romaine est
basée sur la filiation et celle-ci structure le patriarcat. Ce souci de
filiation passe par le contrôle de la sexualité féminine. Puisque le
sexe dans l'Antiquité s'est construit autour de la reproduction, on ne
peut donc pas y couper : il faut pénétrer !
L'homme romain se caractérise par le fait de pénétrer l'autre. C'est ce que j'appelle : "le dominant pénétrant". Il est dominant socialement (rien de "BDSM" là-dedans) et quand il pénètre l'autre, il le "féminise". Car dans l'Antiquité, la femme est à la fois dominée socialement et pénétrée sexuellement.
En somme, chez les Romains, il n'y a que deux catégories sexuelles (la femme et l'homme, des différenciations purement biologiques), puis une façon de se comporter, soit "comme une femme", soit "comme un homme". Un citoyen qui est au sommet de la hiérarchie sociale peut pénétrer un autre homme pourvu qu'il lui soit inférieur socialement. Cet homme joue donc "le rôle de femme".
L'homme romain se caractérise par le fait de pénétrer l'autre. C'est ce que j'appelle : "le dominant pénétrant". Il est dominant socialement (rien de "BDSM" là-dedans) et quand il pénètre l'autre, il le "féminise". Car dans l'Antiquité, la femme est à la fois dominée socialement et pénétrée sexuellement.
En somme, chez les Romains, il n'y a que deux catégories sexuelles (la femme et l'homme, des différenciations purement biologiques), puis une façon de se comporter, soit "comme une femme", soit "comme un homme". Un citoyen qui est au sommet de la hiérarchie sociale peut pénétrer un autre homme pourvu qu'il lui soit inférieur socialement. Cet homme joue donc "le rôle de femme".
Si la femme est "dominée" et sa sexualité réprimée, on assiste tout de même à une véritable construction érotique de son corps. N'est-ce pas paradoxal ?
V.G. : En fait, cela nous renvoie aux deux faces de
la même médaille féminine : la mère et la putain. La mère est là pour
mettre au monde les enfants. Il faut donc contrôler sa sexualité pour
être certain de savoir "qui est le père". On dit d'ailleurs : "mater
semper certa est", c'est-à-dire que "on est toujours certain de
l'identité de la mère", mais pas de celle du père. Et de l'autre côté,
il y a la putain.
La prostituée est exclusivement là pour le plaisir des hommes. Car l'on
ne va pas "s'amuser" avec son épouse, qui existe pour enfanter.
On peut vivre la passion avec une prostituée,
mais c'est une passion rémunérée. A Rome, l'amour n'a pas vraiment sa
place. Les hommes vont donc acheter l'illusion de l'amour avec les
putains - mais ce n'est qu'illusion. Malgré tout, il faut quand même
qu'il y ait du désir dans cette société. Alors on va effectivement
érotiser les corps. Ce corps féminin, il faut savoir l'habiller et le
fragmenter, à l'aide de vêtements, afin de "fabriquer" l'érotisme.
Au premier siècle par exemple, on portait de grands colliers qui se
croisaient sur la poitrine. On pouvait les porter avec des vêtements ou
sans, pour être plus "sexy". Au gré des peintures antiques, on constate
que les femmes portaient également des tuniques qui passaient sous les
fesses. Isolée, cette partie du corps devenait le centre érotique. Le
champ de "l'érotisme" désigne tout ce qui se développe autour du coït,
de la pénétration.
V.G. : En fait, cela nous renvoie aux deux faces de
la même médaille féminine : la mère et la putain. La mère est là pour
mettre au monde les enfants. Il faut donc contrôler sa sexualité pour
être certain de savoir "qui est le père". On dit d'ailleurs : "mater
semper certa est", c'est-à-dire que "on est toujours certain de
l'identité de la mère", mais pas de celle du père. Et de l'autre côté,
il y a la putain.
La prostituée est exclusivement là pour le plaisir des hommes. Car l'on
ne va pas "s'amuser" avec son épouse, qui existe pour enfanter.
On peut vivre la passion avec une prostituée, mais c'est une passion rémunérée. A Rome, l'amour n'a pas vraiment sa place. Les hommes vont donc acheter l'illusion de l'amour avec les putains - mais ce n'est qu'illusion. Malgré tout, il faut quand même qu'il y ait du désir dans cette société. Alors on va effectivement érotiser les corps. Ce corps féminin, il faut savoir l'habiller et le fragmenter, à l'aide de vêtements, afin de "fabriquer" l'érotisme.
Au premier siècle par exemple, on portait de grands colliers qui se croisaient sur la poitrine. On pouvait les porter avec des vêtements ou sans, pour être plus "sexy". Au gré des peintures antiques, on constate que les femmes portaient également des tuniques qui passaient sous les fesses. Isolée, cette partie du corps devenait le centre érotique. Le champ de "l'érotisme" désigne tout ce qui se développe autour du coït, de la pénétration.
On peut vivre la passion avec une prostituée, mais c'est une passion rémunérée. A Rome, l'amour n'a pas vraiment sa place. Les hommes vont donc acheter l'illusion de l'amour avec les putains - mais ce n'est qu'illusion. Malgré tout, il faut quand même qu'il y ait du désir dans cette société. Alors on va effectivement érotiser les corps. Ce corps féminin, il faut savoir l'habiller et le fragmenter, à l'aide de vêtements, afin de "fabriquer" l'érotisme.
Au premier siècle par exemple, on portait de grands colliers qui se croisaient sur la poitrine. On pouvait les porter avec des vêtements ou sans, pour être plus "sexy". Au gré des peintures antiques, on constate que les femmes portaient également des tuniques qui passaient sous les fesses. Isolée, cette partie du corps devenait le centre érotique. Le champ de "l'érotisme" désigne tout ce qui se développe autour du coït, de la pénétration.
Malgré ce rôle "limité" de l'épouse, accorde-t-on tout de même une place au plaisir féminin ? Le citoyen romain a-t-il conscience du clitoris ?
V.G. :Le clitoris n'a été redécouvert qu'au 20e siècle par des chercheurs, mais on a toujours su qu'il y avait un "truc" (sourire). Dans l'esprit des romains, le clitoris existe : il est l'équivalent d'un petit pénis. Au fond, ils n'étaient pas si éloignés biologiquement de ce qu'est réellement un clitoris....
Mais ils en avaient un peu peur. Dans leurs têtes, le clitoris pouvait
concurrencer le pénis. Le fait que les femmes homosexuelles fassent "des
choses" avec leur clitoris, par exemple, était pour eux tout à fait
dégueulasse ! Juridiquement cependant, on ne pouvait pas attaquer des
femmes pour des pratiques homophiles, car elles ne pouvaient pas avoir
d'enfants.
Pour ce qui est du plaisir, quelques médecins de l'ère antique
avaient dans leur clientèle des femmes de la famille impériale et
disaient donc que la jouissance féminine pouvait être "importante" pour
procréer... mais il s'agissait avant tout de dire à ces clientes ce
qu'elles voulaient entendre. Pour autant, certains auteurs, comme Ovide
et son fameux Art d'aimer, ont pu écrire sur le fait de caresser ses compagnes féminines.
Le poète précise à son lecteur : "Que la honte ne t'empêche pas de la
caresser dans ces endroits-là". Il parle bien de la masturbation
manuelle du clitoris de sa partenaire. Mais ce cheminement vers
l'orgasme féminin n'est pas tant énoncé pour faire plaisir à la femme...
que pour réjouir l'orgueil de l'homme, cet homme qui sait qu'il est
parvenu à satisfaire sa compagne.
V.G. :Le clitoris n'a été redécouvert qu'au 20e siècle par des chercheurs, mais on a toujours su qu'il y avait un "truc" (sourire). Dans l'esprit des romains, le clitoris existe : il est l'équivalent d'un petit pénis. Au fond, ils n'étaient pas si éloignés biologiquement de ce qu'est réellement un clitoris....
Mais ils en avaient un peu peur. Dans leurs têtes, le clitoris pouvait
concurrencer le pénis. Le fait que les femmes homosexuelles fassent "des
choses" avec leur clitoris, par exemple, était pour eux tout à fait
dégueulasse ! Juridiquement cependant, on ne pouvait pas attaquer des
femmes pour des pratiques homophiles, car elles ne pouvaient pas avoir
d'enfants.
Pour ce qui est du plaisir, quelques médecins de l'ère antique avaient dans leur clientèle des femmes de la famille impériale et disaient donc que la jouissance féminine pouvait être "importante" pour procréer... mais il s'agissait avant tout de dire à ces clientes ce qu'elles voulaient entendre. Pour autant, certains auteurs, comme Ovide et son fameux Art d'aimer, ont pu écrire sur le fait de caresser ses compagnes féminines.
Le poète précise à son lecteur : "Que la honte ne t'empêche pas de la caresser dans ces endroits-là". Il parle bien de la masturbation manuelle du clitoris de sa partenaire. Mais ce cheminement vers l'orgasme féminin n'est pas tant énoncé pour faire plaisir à la femme... que pour réjouir l'orgueil de l'homme, cet homme qui sait qu'il est parvenu à satisfaire sa compagne.
Pour ce qui est du plaisir, quelques médecins de l'ère antique avaient dans leur clientèle des femmes de la famille impériale et disaient donc que la jouissance féminine pouvait être "importante" pour procréer... mais il s'agissait avant tout de dire à ces clientes ce qu'elles voulaient entendre. Pour autant, certains auteurs, comme Ovide et son fameux Art d'aimer, ont pu écrire sur le fait de caresser ses compagnes féminines.
Le poète précise à son lecteur : "Que la honte ne t'empêche pas de la caresser dans ces endroits-là". Il parle bien de la masturbation manuelle du clitoris de sa partenaire. Mais ce cheminement vers l'orgasme féminin n'est pas tant énoncé pour faire plaisir à la femme... que pour réjouir l'orgueil de l'homme, cet homme qui sait qu'il est parvenu à satisfaire sa compagne.
Des films hollywoodiens aux séries les plus sulfureuses, on a de cette Rome antique une image d'orgie à ciel ouvert. Pourquoi ?
V.G. : Tout cela s'est construit sur nos fantasmes.
Les péplums sont sortis en salles à un moment où la libération sexuelle
était en germe. Les fantasmes de l'époque ont donc été reportés sur une
Antiquité que l'on imagine forcément débridée. Et puis on l'imagine
ainsi car les auteurs antiques ne nous parlent... que de cul ! De
relations entre hommes et femmes, de leurs désirs.
Pour vendre des livres dans l'Antiquité, il faut parler des choses
qui font scandale. Et oui, "on ne parle pas des trains qui arrivent à
l'heure" !... Mais dans l'Antiquité, contrairement à ce que l'on pense,
il n'y a pas de sexe partout, loin de là. Lorsque l'on voit la
représentation d'un pénis à Pompéi par exemple, avec la mention "Ici
habite la joie" ("Hic habitat felicita"), ce n'est pas une "bite" que
l'on montre. Il s'agit avant tout de dire : ici, le malheur n'entre
pas. De même, les corps des dieux comme Vénus ou Apollon ne sont pas
censés susciter le désir. Si c'est le cas, vous souffrez du "fétichisme
des statues" (l'agalmatophilie).
A ce sujet, sur les peintures antiques de relations érotiques que
l'on a pu retrouver dans les chambres à coucher de Pompéi ou les
lupanars (les maisons closes), l'on constate que la fente du sexe des
femmes est visible. A l'inverse, le corps des Vénus (les statues qui
représentent la divinité) n'ont pas la sexe fendu, pour la simple raison
qu'elles n'étaient pas censées susciter les désirs des citoyens. Elles
n'étaient donc pas censées être pénétrables.
Dans l'Antiquité, même le cunnilingus n'a pas bonne presse : l'homme qui le pratique est considéré comme un "chien"... Le cunnilingus est
mal vu puisque l'on sort de la phallocentricité : on utilise la langue à
la place du pénis. C'est inconcevable ! Finalement, les individus les
plus libres "sexuellement" restent les esclaves. Car ils n'ont pas de
"dignité" à protéger.
V.G. : Tout cela s'est construit sur nos fantasmes.
Les péplums sont sortis en salles à un moment où la libération sexuelle
était en germe. Les fantasmes de l'époque ont donc été reportés sur une
Antiquité que l'on imagine forcément débridée. Et puis on l'imagine
ainsi car les auteurs antiques ne nous parlent... que de cul ! De
relations entre hommes et femmes, de leurs désirs.
Pour vendre des livres dans l'Antiquité, il faut parler des choses qui font scandale. Et oui, "on ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure" !... Mais dans l'Antiquité, contrairement à ce que l'on pense, il n'y a pas de sexe partout, loin de là. Lorsque l'on voit la représentation d'un pénis à Pompéi par exemple, avec la mention "Ici habite la joie" ("Hic habitat felicita"), ce n'est pas une "bite" que l'on montre. Il s'agit avant tout de dire : ici, le malheur n'entre pas. De même, les corps des dieux comme Vénus ou Apollon ne sont pas censés susciter le désir. Si c'est le cas, vous souffrez du "fétichisme des statues" (l'agalmatophilie).
A ce sujet, sur les peintures antiques de relations érotiques que l'on a pu retrouver dans les chambres à coucher de Pompéi ou les lupanars (les maisons closes), l'on constate que la fente du sexe des femmes est visible. A l'inverse, le corps des Vénus (les statues qui représentent la divinité) n'ont pas la sexe fendu, pour la simple raison qu'elles n'étaient pas censées susciter les désirs des citoyens. Elles n'étaient donc pas censées être pénétrables.
Dans l'Antiquité, même le cunnilingus n'a pas bonne presse : l'homme qui le pratique est considéré comme un "chien"... Le cunnilingus est mal vu puisque l'on sort de la phallocentricité : on utilise la langue à la place du pénis. C'est inconcevable ! Finalement, les individus les plus libres "sexuellement" restent les esclaves. Car ils n'ont pas de "dignité" à protéger.
Pour vendre des livres dans l'Antiquité, il faut parler des choses qui font scandale. Et oui, "on ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure" !... Mais dans l'Antiquité, contrairement à ce que l'on pense, il n'y a pas de sexe partout, loin de là. Lorsque l'on voit la représentation d'un pénis à Pompéi par exemple, avec la mention "Ici habite la joie" ("Hic habitat felicita"), ce n'est pas une "bite" que l'on montre. Il s'agit avant tout de dire : ici, le malheur n'entre pas. De même, les corps des dieux comme Vénus ou Apollon ne sont pas censés susciter le désir. Si c'est le cas, vous souffrez du "fétichisme des statues" (l'agalmatophilie).
A ce sujet, sur les peintures antiques de relations érotiques que l'on a pu retrouver dans les chambres à coucher de Pompéi ou les lupanars (les maisons closes), l'on constate que la fente du sexe des femmes est visible. A l'inverse, le corps des Vénus (les statues qui représentent la divinité) n'ont pas la sexe fendu, pour la simple raison qu'elles n'étaient pas censées susciter les désirs des citoyens. Elles n'étaient donc pas censées être pénétrables.
Dans l'Antiquité, même le cunnilingus n'a pas bonne presse : l'homme qui le pratique est considéré comme un "chien"... Le cunnilingus est mal vu puisque l'on sort de la phallocentricité : on utilise la langue à la place du pénis. C'est inconcevable ! Finalement, les individus les plus libres "sexuellement" restent les esclaves. Car ils n'ont pas de "dignité" à protéger.
En terme de tabous justement, qu'en est-il au juste des menstruations ?
V.G. :Les règles étaient un vrai tabou dans la Rome Antique. De toute façon, le sang menstruel
a toujours dérangé. Pendant très longtemps, l'on ne comprenait tout
simplement pas ce que c'était. Symboliquement, le sang des règles est
associé à la "souillure". Dans le monde romain, il y a trois grandes
souillures : la naissance, le rapport sexuel, la mort.
Or, le sang menstruel renvoie autant à la naissance (avec le retour de couches) qu'à la blessure, donc à la mort. Puis dans l'Antiquité, les menstruations suscitaient toutes les superstitions. On pensait que le sang des règles pouvait faire tourner le raisin des vins, ternir l'éclat d'un miroir.
Pline l'Ancien nous disait même que coucher avec une femme qui a ses règles permettait de guérir le paludisme ! Bien sûr, si c'était vrai, cela se saurait (sourire).
Récemment encore, on rabâchait aux jeunes filles qu'avoir ses règles
faisait tourner la mayonnaise. Je crois que lorsque le corps féminin
sera enfin dédramatisé, on aura bien avancé socialement.
V.G. :Les règles étaient un vrai tabou dans la Rome Antique. De toute façon, le sang menstruel
a toujours dérangé. Pendant très longtemps, l'on ne comprenait tout
simplement pas ce que c'était. Symboliquement, le sang des règles est
associé à la "souillure". Dans le monde romain, il y a trois grandes
souillures : la naissance, le rapport sexuel, la mort.
Or, le sang menstruel renvoie autant à la naissance (avec le retour de couches) qu'à la blessure, donc à la mort. Puis dans l'Antiquité, les menstruations suscitaient toutes les superstitions. On pensait que le sang des règles pouvait faire tourner le raisin des vins, ternir l'éclat d'un miroir.
Pline l'Ancien nous disait même que coucher avec une femme qui a ses règles permettait de guérir le paludisme ! Bien sûr, si c'était vrai, cela se saurait (sourire). Récemment encore, on rabâchait aux jeunes filles qu'avoir ses règles faisait tourner la mayonnaise. Je crois que lorsque le corps féminin sera enfin dédramatisé, on aura bien avancé socialement.
Or, le sang menstruel renvoie autant à la naissance (avec le retour de couches) qu'à la blessure, donc à la mort. Puis dans l'Antiquité, les menstruations suscitaient toutes les superstitions. On pensait que le sang des règles pouvait faire tourner le raisin des vins, ternir l'éclat d'un miroir.
Pline l'Ancien nous disait même que coucher avec une femme qui a ses règles permettait de guérir le paludisme ! Bien sûr, si c'était vrai, cela se saurait (sourire). Récemment encore, on rabâchait aux jeunes filles qu'avoir ses règles faisait tourner la mayonnaise. Je crois que lorsque le corps féminin sera enfin dédramatisé, on aura bien avancé socialement.
Cette dramatisation du sexe touche-t-elle les hommes ?
V.G. : Oui. On trouve par exemple tout un tas de poèmes sur les maris "cocus" car
il s'agit de l'une des grandes terreurs des Romains. L'infidélité,
donc, mais aussi l'impuissance. Lorsque l'on veut montrer qu'un empereur
n'est plus apte à gouverner, on l'attaque en disant qu'il est
impuissant. Le seul moment où les femmes prennent totalement le pouvoir
face aux hommes, c'est lorsqu'elles se trouvent face à un homme qui ne parvient pas à avoir une érection. Les Romaines ont donc le droit de se déchaîner contre lui, de l'humilier.
Aujourd'hui encore, en sexologie,
le problème de la "panne" est une très récurrente préoccupation chez
les hommes. De fait, de manière évidemment différente, citoyennes et
citoyens romains sont tous soumis au même système et à toutes les formes
de pressions sociales qui en émanent.
V.G. : Oui. On trouve par exemple tout un tas de poèmes sur les maris "cocus" car
il s'agit de l'une des grandes terreurs des Romains. L'infidélité,
donc, mais aussi l'impuissance. Lorsque l'on veut montrer qu'un empereur
n'est plus apte à gouverner, on l'attaque en disant qu'il est
impuissant. Le seul moment où les femmes prennent totalement le pouvoir
face aux hommes, c'est lorsqu'elles se trouvent face à un homme qui ne parvient pas à avoir une érection. Les Romaines ont donc le droit de se déchaîner contre lui, de l'humilier.
Aujourd'hui encore, en sexologie, le problème de la "panne" est une très récurrente préoccupation chez les hommes. De fait, de manière évidemment différente, citoyennes et citoyens romains sont tous soumis au même système et à toutes les formes de pressions sociales qui en émanent.
Aujourd'hui encore, en sexologie, le problème de la "panne" est une très récurrente préoccupation chez les hommes. De fait, de manière évidemment différente, citoyennes et citoyens romains sont tous soumis au même système et à toutes les formes de pressions sociales qui en émanent.
Casser ces tabous antiques permet-il de s'attaquer aux "pressions" d'aujourd'hui, encore très nombreuses quand il s'agit de sexe ?
V.G. : Je crois qu'une fois que l'on remet les
informations dans leur contexte, que l'on explique bien les choses, que
l'on dépassionne le débat, et que l'on comprend d'où viennent tous nos
clichés sur la sexualité, on peut enfin s'en éloigner. Car pour
transformer la société, il faut en prendre conscience.
Sexus Originus, une conférence de Virginie Girod (1h/1h30).
Le mardi 22 octobre à 20h30.
A La Nouvelle Eve, 25 Rue Pierre Fontaine, 9ème arrondissement.
Infos et réservations ici.
https://www.terrafemina.com/article/sexe-virginie-girod-brise-les-tabous-sur-la-sexualite-dans-la-rome-antique_a350792/1
V.G. : Je crois qu'une fois que l'on remet les
informations dans leur contexte, que l'on explique bien les choses, que
l'on dépassionne le débat, et que l'on comprend d'où viennent tous nos
clichés sur la sexualité, on peut enfin s'en éloigner. Car pour
transformer la société, il faut en prendre conscience.
Sexus Originus, une conférence de Virginie Girod (1h/1h30).
Le mardi 22 octobre à 20h30.
A La Nouvelle Eve, 25 Rue Pierre Fontaine, 9ème arrondissement.
Infos et réservations ici.
https://www.terrafemina.com/article/sexe-virginie-girod-brise-les-tabous-sur-la-sexualite-dans-la-rome-antique_a350792/1
Le mardi 22 octobre à 20h30.
A La Nouvelle Eve, 25 Rue Pierre Fontaine, 9ème arrondissement.
Infos et réservations ici.
https://www.terrafemina.com/article/sexe-virginie-girod-brise-les-tabous-sur-la-sexualite-dans-la-rome-antique_a350792/1
Fertilité
Alerte sur les spermatozoïdes
En Suisse, la qualité du
sperme est très mauvaise, révèle une étude nationale, réalisée auprès de
milliers de conscrits. Un résultat inquiétant, sans compter que le taux
de cancer des testicules est supérieur à celui de nos voisins
Lire l'article lié: Infertilité: les pesticides mis en causes
La
fondation Faber, aujourd’hui disparue, avait entamé ce projet ambitieux
dans les années 2000, avec un objectif: récolter autant de données que
possible sur la qualité du sperme des Suisses. Elle a ainsi décidé de
cibler les jeunes hommes de 18 à 22 ans, conçus et nés en Suisse, lors
de leur passage dans les bases militaires du pays en vue de leur
recrutement. Depuis 2015, la gestion de l’étude a été reprise par le
groupe de Serge Nef, au département de médecine génétique et développement de l’Université de Genève.
En Suisse, la qualité du
sperme est très mauvaise, révèle une étude nationale, réalisée auprès de
milliers de conscrits. Un résultat inquiétant, sans compter que le taux
de cancer des testicules est supérieur à celui de nos voisins
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La fondation Faber, aujourd’hui disparue, avait entamé ce projet ambitieux dans les années 2000, avec un objectif: récolter autant de données que possible sur la qualité du sperme des Suisses. Elle a ainsi décidé de cibler les jeunes hommes de 18 à 22 ans, conçus et nés en Suisse, lors de leur passage dans les bases militaires du pays en vue de leur recrutement. Depuis 2015, la gestion de l’étude a été reprise par le groupe de Serge Nef, au département de médecine génétique et développement de l’Université de Genève.
La fondation Faber, aujourd’hui disparue, avait entamé ce projet ambitieux dans les années 2000, avec un objectif: récolter autant de données que possible sur la qualité du sperme des Suisses. Elle a ainsi décidé de cibler les jeunes hommes de 18 à 22 ans, conçus et nés en Suisse, lors de leur passage dans les bases militaires du pays en vue de leur recrutement. Depuis 2015, la gestion de l’étude a été reprise par le groupe de Serge Nef, au département de médecine génétique et développement de l’Université de Genève.
2523 jeunes hommes
Entre 2005
et 2017, des milliers de conscrits, ainsi que leurs parents, ont
répondu à de nombreuses questions sur leur mode de vie, leur
alimentation et leur état de santé. Ils ont subi un examen médical et
accepté de donner aux médecins un échantillon de leur sperme après deux
jours d’abstinence. Ce mode opératoire a mobilisé, outre les équipes
médicales, des dizaines de personnes dans les laboratoires d’andrologie
et de recherche afin d’aboutir à ces résultats. Au total, une base de
données a été constituée avec le sperme, l’urine et le sang de 2523
hommes.
Entre 2005
et 2017, des milliers de conscrits, ainsi que leurs parents, ont
répondu à de nombreuses questions sur leur mode de vie, leur
alimentation et leur état de santé. Ils ont subi un examen médical et
accepté de donner aux médecins un échantillon de leur sperme après deux
jours d’abstinence. Ce mode opératoire a mobilisé, outre les équipes
médicales, des dizaines de personnes dans les laboratoires d’andrologie
et de recherche afin d’aboutir à ces résultats. Au total, une base de
données a été constituée avec le sperme, l’urine et le sang de 2523
hommes.
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Lire aussi: La pollution de l’air détériorerait la qualité du sperme
Plusieurs
études épidémiologiques ont révélé qu’en cinquante ans la concentration
de spermatozoïdes dans le sperme avait chuté dans les pays développés,
passant de 99 millions par millilitre à 47 millions. Serge Nef était
impatient d’évaluer la situation en Suisse. Mais il a été surpris par
les résultats. «Nous avons en effet constaté que les jeunes hommes
suisses ont une concentration médiane de spermatozoïdes de 48 millions
par millilitre, qui se classe parmi les plus faibles avec celles du
Danemark et de l’Allemagne. Ces valeurs sont préoccupantes.»
Selon
les recherches sur le sujet, en dessous de 40 millions, précise l’OMS,
il faut plus de temps pour concevoir un bébé. Pour 17% des volontaires
étudiés, la concentration est inférieure à 15 millions par millilitre,
les spécialistes parlent alors de «subfertilité».
Autre facteur
étudié: la mobilité des spermatozoïdes, deuxième critère définissant la
qualité du sperme. Là aussi, les résultats ne sont pas encourageants:
25% des jeunes Suisses évalués ont moins de 40% de leurs spermatozoïdes
mobiles. Quant au dernier paramètre analysé, celui de la morphologie de
leurs gamètes, il est aussi insuffisant pour près de la moitié des
sujets.
Plusieurs études épidémiologiques ont révélé qu’en cinquante ans la concentration de spermatozoïdes dans le sperme avait chuté dans les pays développés, passant de 99 millions par millilitre à 47 millions. Serge Nef était impatient d’évaluer la situation en Suisse. Mais il a été surpris par les résultats. «Nous avons en effet constaté que les jeunes hommes suisses ont une concentration médiane de spermatozoïdes de 48 millions par millilitre, qui se classe parmi les plus faibles avec celles du Danemark et de l’Allemagne. Ces valeurs sont préoccupantes.»
Selon les recherches sur le sujet, en dessous de 40 millions, précise l’OMS, il faut plus de temps pour concevoir un bébé. Pour 17% des volontaires étudiés, la concentration est inférieure à 15 millions par millilitre, les spécialistes parlent alors de «subfertilité».
Autre facteur étudié: la mobilité des spermatozoïdes, deuxième critère définissant la qualité du sperme. Là aussi, les résultats ne sont pas encourageants: 25% des jeunes Suisses évalués ont moins de 40% de leurs spermatozoïdes mobiles. Quant au dernier paramètre analysé, celui de la morphologie de leurs gamètes, il est aussi insuffisant pour près de la moitié des sujets.
Inquiétant
Au final, 60% des jeunes
Helvètes ont au moins l’un de ces trois critères qui se situe en dessous
des valeurs de référence de l’OMS. Pour Serge Nef, «la fertilité future
des jeunes Suisses sera probablement affectée, même si la faible
concentration des spermatozoïdes ne veut pas forcément dire
automatiquement que le couple aura des difficultés à avoir un bébé. La
société suisse ne va pas disparaître à cause de ça, sourit-il. Mais
c’est tout de même inquiétant.»
Comment se fait-il que les jeunes
Suisses aient une qualité spermatique moins bonne que les Finlandais ou
les Espagnols? A ce stade, les chercheurs n’ont pas d’explication. Il
faut noter que les études faites à l’étranger ne sont pas comparables à
l’étude suisse, car elles sont souvent restreintes à une région, une
ville ou un groupe d’individus. Néanmoins, Rita Rahban, qui a mené
l’étude avec Serge Nef, dégage deux hypothèses. «Soit les jeunes Suisses
sont exposés à des molécules qui nuisent à leur production de
spermatozoïdes, soit le problème trouve son origine in utero, durant le
développement embryonnaire. C’est sur cette hypothèse que nous allons
travailler en priorité.»
La
reproduction des Suisses sera de plus en plus difficile. Et deviendra
un luxe, puisque seuls les couples les plus aisés pourront s’offrir des
traitements d’aide à la procréation
Au final, 60% des jeunes
Helvètes ont au moins l’un de ces trois critères qui se situe en dessous
des valeurs de référence de l’OMS. Pour Serge Nef, «la fertilité future
des jeunes Suisses sera probablement affectée, même si la faible
concentration des spermatozoïdes ne veut pas forcément dire
automatiquement que le couple aura des difficultés à avoir un bébé. La
société suisse ne va pas disparaître à cause de ça, sourit-il. Mais
c’est tout de même inquiétant.»
Comment se fait-il que les jeunes Suisses aient une qualité spermatique moins bonne que les Finlandais ou les Espagnols? A ce stade, les chercheurs n’ont pas d’explication. Il faut noter que les études faites à l’étranger ne sont pas comparables à l’étude suisse, car elles sont souvent restreintes à une région, une ville ou un groupe d’individus. Néanmoins, Rita Rahban, qui a mené l’étude avec Serge Nef, dégage deux hypothèses. «Soit les jeunes Suisses sont exposés à des molécules qui nuisent à leur production de spermatozoïdes, soit le problème trouve son origine in utero, durant le développement embryonnaire. C’est sur cette hypothèse que nous allons travailler en priorité.»
Comment se fait-il que les jeunes Suisses aient une qualité spermatique moins bonne que les Finlandais ou les Espagnols? A ce stade, les chercheurs n’ont pas d’explication. Il faut noter que les études faites à l’étranger ne sont pas comparables à l’étude suisse, car elles sont souvent restreintes à une région, une ville ou un groupe d’individus. Néanmoins, Rita Rahban, qui a mené l’étude avec Serge Nef, dégage deux hypothèses. «Soit les jeunes Suisses sont exposés à des molécules qui nuisent à leur production de spermatozoïdes, soit le problème trouve son origine in utero, durant le développement embryonnaire. C’est sur cette hypothèse que nous allons travailler en priorité.»
La reproduction des Suisses sera de plus en plus difficile. Et deviendra un luxe, puisque seuls les couples les plus aisés pourront s’offrir des traitements d’aide à la procréation
In utero
Plusieurs
études récentes ont montré que l’exposition des femmes enceintes à des
substances toxiques perturbait le développement testiculaire et pouvait
avoir des conséquences sur la fertilité de plusieurs générations
suivantes (voir encadré). A commencer par la cigarette, qui
diminue la qualité du sperme: dans l’étude, les jeunes hommes avec moins
de spermatozoïdes étaient plus nombreux que les autres à avoir une mère
fumeuse.
Un autre indice laisse penser que la mauvaise qualité du
sperme suisse est liée au développement du fœtus: le taux élevé de
cancer des testicules dans notre pays est de 10 cas pour 100 000 hommes,
une valeur plus importante que dans d’autres pays européens. Les deux
phénomènes sont-ils liés? Cela reste à prouver. Mais si c’est le cas,
cela pourrait indiquer que le problème commence dans le ventre de la
mère, où le développement des testicules est altéré, ce qui serait un
préalable à de futurs cancers ou à une moindre production de
spermatozoïdes.
«Nous savons que les femmes ont des enfants plus
tardivement et que leur fertilité décline avec l’âge, conclut Serge Nef.
Si cela se combine avec une faible qualité spermatique, alors la
reproduction des Suisses sera de plus en plus difficile». Et deviendra
un luxe, puisque seuls les couples les plus aisés pourront s’offrir des
traitements d’aide à la procréation. Pour le spécialiste, «cela pose la
question du remboursement de ces traitements, comme la fécondation in
vitro.»
Plusieurs
études récentes ont montré que l’exposition des femmes enceintes à des
substances toxiques perturbait le développement testiculaire et pouvait
avoir des conséquences sur la fertilité de plusieurs générations
suivantes (voir encadré). A commencer par la cigarette, qui
diminue la qualité du sperme: dans l’étude, les jeunes hommes avec moins
de spermatozoïdes étaient plus nombreux que les autres à avoir une mère
fumeuse.
Un autre indice laisse penser que la mauvaise qualité du sperme suisse est liée au développement du fœtus: le taux élevé de cancer des testicules dans notre pays est de 10 cas pour 100 000 hommes, une valeur plus importante que dans d’autres pays européens. Les deux phénomènes sont-ils liés? Cela reste à prouver. Mais si c’est le cas, cela pourrait indiquer que le problème commence dans le ventre de la mère, où le développement des testicules est altéré, ce qui serait un préalable à de futurs cancers ou à une moindre production de spermatozoïdes.
«Nous savons que les femmes ont des enfants plus tardivement et que leur fertilité décline avec l’âge, conclut Serge Nef. Si cela se combine avec une faible qualité spermatique, alors la reproduction des Suisses sera de plus en plus difficile». Et deviendra un luxe, puisque seuls les couples les plus aisés pourront s’offrir des traitements d’aide à la procréation. Pour le spécialiste, «cela pose la question du remboursement de ces traitements, comme la fécondation in vitro.»
Un autre indice laisse penser que la mauvaise qualité du sperme suisse est liée au développement du fœtus: le taux élevé de cancer des testicules dans notre pays est de 10 cas pour 100 000 hommes, une valeur plus importante que dans d’autres pays européens. Les deux phénomènes sont-ils liés? Cela reste à prouver. Mais si c’est le cas, cela pourrait indiquer que le problème commence dans le ventre de la mère, où le développement des testicules est altéré, ce qui serait un préalable à de futurs cancers ou à une moindre production de spermatozoïdes.
«Nous savons que les femmes ont des enfants plus tardivement et que leur fertilité décline avec l’âge, conclut Serge Nef. Si cela se combine avec une faible qualité spermatique, alors la reproduction des Suisses sera de plus en plus difficile». Et deviendra un luxe, puisque seuls les couples les plus aisés pourront s’offrir des traitements d’aide à la procréation. Pour le spécialiste, «cela pose la question du remboursement de ces traitements, comme la fécondation in vitro.»
Marie Maurisse
La chronique sexo : Quelques clés pour mieux
comprendre ce qui plaît aux hommes
MARIE TAPERNOUX Publié le vendredi 19 janvier
2018 à 14h10 - Mis à jour le vendredi 02 février 2018 à
·
La chronique sexo. Les films porno et les jeunes :
quels sont les risques et comment on en parle ?
Parlons concret mais parlons bien : faire l’amour, ça se fait à deux ! Cela
signifie donc que la qualité du moment dépend des deux partenaires. La
chronique en deux parties de la sexologue Marie Tapernoux.
Si cela peut paraître logique pour certains (ou pour beaucoup), pour
d’autres le doute de combler l’autre sexuellement est persistant, voire
angoissant. Loin de moi l’idée de stéréotyper les genres, mais reconnaissons-le
: les hommes et les femmes fonctionnent bien différemment. Et la sphère
sexuelle n’est pas épargnée à ce niveau, que du contraire !
Voici donc quelques clés pour mieux comprendre ce qui plaît aux hommes, en
règle générale. Dans 15 jours, nous évoquerons ce qui plaît aux femmes.
Montrez-lui votre désir
Rien à faire, ce qui excite les hommes, c’est de sentir que l’autre à
pleinement envie… de lui !
C’est à la fois valorisant, flatteur, rassurant de sentir que l’on est
désiré par son partenaire. L’homme ne se retrouve alors pas dans une position
de devoir « quémander » un moment de rapprochement, ce qui arrive couramment
après quelques années de relation.
Par ailleurs, un homme qui se sent désiré a moins tendance à douter de ses
capacités et se met donc moins de pression en termes de performance ou
d’attraction sexuelle. Rien de plus plaisant que de sentir qu’on est désiré par
celui ou celle avec qui on partage son quotidien ! Et, soyons honnête, cela
minimise les risques de vouloir être rassuré par d’autres personnes que son
partenaire…
Osez, prenez des initiatives
On a vite tendance à considérer que les hommes ont besoin d’avoir le pouvoir
en toutes circonstances, qu’ils préfèrent « gérer » ces moments intimes, qu’ils
attendent que les femmes prennent des positions de soumission,… encore des
caricatures qui ont la dent dure aujourd’hui.
Alors qu’en réalité, énormément d’hommes aiment voir leurs partenaires
prendre les choses en main… et ce, sans jeu de mots bien sûr !
Voir sa partenaire oser, s’assumer pleinement et vouloir donner du plaisir
est, sans aucun doute, source de plaisir et d’excitation pour la majorité des
hommes. Et quand je dis « voir », je parle également du sens de la vue qui est
bien affûté chez la majorité des hommes : ils aiment regarder, observer leur
partenaire, profiter du paysage, …
Que ce soit donc en termes de positions, de préliminaires, de lieux,
d’accessoires,… toutes les idées sont bonnes à prendre ou, tout du moins, à
proposer.
N’oubliez pas les zones érogènes
Une grande majorité des femmes pensent que les hommes ne prennent du
plaisir qu’au travers de leurs pénis. Or, les zones érogènes sont bien plus
diversifiées que cela : le torse, le dos, les mamelons, le cou, les oreilles,
l’intérieur des cuisses, les fesses, les testicules, le périnée, le gland, le
frein, l’anus, … autant de zones sensibles qui vont éveiller le plaisir chez
l’homme et qui sont bien souvent oubliées lors des rapports sexuels.
Alors surtout n’ayez pas peur : que ce soit en simple ou double
stimulation, cela peut éveiller des sensations différentes, permettre d’ajouter
un peu de jeu dans les préliminaires tout en faisant monter le désir et
l’excitation de manière progressive.
Stimulez les fantasmes
Véritables leviers en matière d’excitation, les fantasmes sont naturels et
nécessaires à une sexualité épanouissante.
C’est donc tout naturellement que les hommes (comme les femmes d’ailleurs)
ont besoin d’agrémenter leurs stocks d’images ou d’idées fantasmatiques.
Mais quand c’est le partenaire qui vient y ajouter des détails, des idées,
des envies, cela résonne très différemment ! N’hésitez donc pas, au travers de
messages, mails, photos, images, scénarios, tenues,… à stimuler l’autre et ce,
peu importe le moment de la journée. Cela érotise le quotidien, stimule
l’excitation à distance et surtout, cela permet aux hommes de se sentir
pleinement désirés par leurs partenaires.
Prenez du plaisir
Quoi que l’on fasse, si on y prend du plaisir, on en donnera
inévitablement. Il n’est donc pas nécessaire de s’imposer des positions
acrobatiques et douloureuses pour que l’autre profite pleinement!
Les hommes préféreront de loin sentir du plaisir chez leurs partenaires
plutôt que du dégoût, et ce quelles que soient les pratiques. Prenons pour
exemple la fellation : celle-ci n’est agréable que si elle est réalisée avec le
plaisir d’en donner, et non quand elle ressemble à la mise en place d’actes
mécaniques. Et inutile de feindre : votre langage corporel parlera pour vous
(rythme cardiaque, respiration, bruits et gémissements, lubrification,
mouvements du bassin, transpiration, …).
Alors n’hésitez pas à user de vos positions préférées, de vos petits trucs
perso ou encore à tenter les choses qui vous attirent … votre plaisir suscitera
celui de votre homme !
Communiquez avec lui
Quelles positions aime-t-il ? Les sensations sont-elles agréables quand
vous faites telle ou telle chose ? Quels sont les fantasmes qu’il aimerait
réaliser ? Y a-t-il des choses qu’il n’aime pas faire ou recevoir ?
Rien à faire, en parler vous permettra de gagner du temps, de l’énergie et
d’éviter des maladresses quand vous pensez bien faire. C’est un peu comme se
donner nos modes d’emploi respectifs : tellement plus simple une fois qu’on
l’a.
On a vite dit que les hommes ont du mal à communiquer … mais soyez
certaines qu’en ce qui concerne leurs plaisirs, ils pourraient bien vous
surprendre!
Voici quelques éléments qui pourront rappeler, voire aider à mieux
comprendre ce qui plaît à la gente masculine. Cette liste est évidemment non
exhaustive, chacun gardant ses préférences et particularités. Et bien entendu,
c’est toujours dans un respect mutuel que l’on pourra davantage profiter, sans
craintes, d’un moment de plaisir partagé.
Quant à ce qui plaît à la gent féminine, je vous donne rendez-vous dans 15 jours
pour la chronique sur le plaisir féminin … D’ici là, amusez-vous bien ! Conseil
d’une sexologue…
Harcèlement
«Toute sexualité est harcelante. Celle des hommes comme celle des femmes»
Spécialiste
de l’intimité masculine, le psychanalyste Jacques André explique
pourquoi pouvoir rime souvent avec harcèlement. Il dit aussi comment
l’inconscient, politiquement incorrect, reste imperméable au
raisonnement
Harvey Weinstein, Tariq Ramadan et, ces jours, près
de chez nous, le conseiller national démocrate-chrétien Yannick Buttet.
Trois hommes de pouvoir à qui la carrière sourit, ou plutôt souriait,
avant que leur profil de prédateurs sexuels ne soit dévoilé.
Lire aussi: La chasse aux harceleurs me fait peur
Mais comment, se demande-t-on, comment des êtres programmés pour le succès et qui ont tant travaillé pour atteindre le sommet peuvent-ils prendre le risque de tout perdre en se rendant coupables de harcèlement? Est-ce que la réussite joue un rôle dans cet appétit de domination? Et, si tout se passe au-delà de la raison, quelle pourrait être la solution pour diminuer le nombre de ces mufles qui confondent pouvoir et droit de cuissage?
Le psychanalyste Jacques André, auteur de La Sexualité masculine,
répond, mais n’est pas très optimiste. Car, dit-il, «l’inconscient est
politiquement incorrect et la sexualité fondamentalement harcelante».
Entretien.
Lire aussi: La chasse aux harceleurs me fait peur
Mais comment, se demande-t-on, comment des êtres programmés pour le succès et qui ont tant travaillé pour atteindre le sommet peuvent-ils prendre le risque de tout perdre en se rendant coupables de harcèlement? Est-ce que la réussite joue un rôle dans cet appétit de domination? Et, si tout se passe au-delà de la raison, quelle pourrait être la solution pour diminuer le nombre de ces mufles qui confondent pouvoir et droit de cuissage?
Simplement parce que tout pouvoir est affaire d’érection. Regardez le poing levé des anarchistes ou le salut des fascistes. Chaque fois, l’expression d’une puissance collective prend les traits phalliques d’un pénis au garde-à-vous. Il y a une complicité profonde, une continuité entre sexe et pouvoir. Et cette complicité s’exerce aussi lorsque l’ascension est individuelle. Un homme qui gagne, ce n’est pas un homme qui sacrifie sa libido pour obtenir ce qu’il convoite. C’est un homme dont la libido est stimulée par sa réussite.
D’accord pour les pulsions, mais la raison ne devrait-elle pas dicter à ces «winners» souvent brillants un comportement qui les protège de la disgrâce collective?
Bien sûr, sauf que la raison est congédiée dans ce genre d’exercice! L’inconscient ne connaît pas de limite et ignore totalement les précautions. On se souvient de DSK et de son avenir tout tracé pour devenir président de la République française. Au moment où ce politicien de talent trousse les femmes de chambre dans les grands hôtels, il n’est pas l’homme public, mais un pervers soumis à la réalisation de son fantasme. A ses propres yeux, dans ces instants-là, il est tout-puissant, au-dessus de la loi, inaccessible.
Depuis trente ans que je fais ce métier de psychanalyste, j’ai connu des femmes qui, publiquement, se battaient pour la parité et le respect entre les sexes et qui, dans le secret de l’alcôve, avaient besoin d’être humiliées pour avoir du plaisir
Il y a bien sans doute une pulsion destructrice dans leurs actes. De toute manière, toute sexualité est harcelante. Dans tout acte sexuel cohabitent la jouissance et la violence. Ce sont les deux faces de la même pièce. Et c’est vrai pour les hommes comme pour les femmes. Depuis trente ans que je fais ce métier de psychanalyste, j’ai connu des femmes qui, publiquement, se battaient pour la parité et le respect entre les sexes et qui, dans le secret de l’alcôve, avaient besoin d’être humiliées pour avoir du plaisir.
Comme un hiatus entre leurs convictions et leurs fantasmes?
Exactement. Je me souviens par exemple d’une militante féministe convaincue qui racontait ne jouir vraiment que lorsqu’elle couchait dans des hôtels glauques, assouvissant ainsi un fantasme de prostitution. Dans cette période de redressement de torts, on oublie souvent que la sexualité des femmes n’est pas plus politiquement correcte que celle des hommes. Si les cas de harcèlement sexuel sont majoritairement masculins, c’est simplement parce que lorsqu’un homme abuse d’une femme, il est en train de vérifier la puissance de sa sexualité. A ce titre, on pourrait dire que la fragilité de l’érection est le problème de l’humanité depuis la nuit des temps. Les inquiétudes sur la virilité ont l’âge de la virilité.
Lire aussi: En chaque homme, cet obsédant besoin de domination sexuelle
Sauf que tous les mâles ne sont pas des agresseurs, et de loin! Beaucoup d’entre eux disent que tout homme peut se retenir et que, partant, l’abus est un choix…
Je trouve cette déclaration d’une naïveté touchante. Si les êtres humains étaient égaux face aux pulsions, ça se saurait! Certains individus ont un ego bien construit, qui fait parfaitement la différence entre le dedans et le dehors, le permis et l’interdit, et qui a intégré ce principe selon lequel la liberté de l’un s’arrête là où débute celle des autres. Ce n’est pas la volonté des êtres tempérés qui leur permet de résister, mais la qualité de leur personnalité psychique et la réussite du refoulement. Les harceleurs sont des hommes chez qui l’ego mal fini provoque un manque chronique de sécurité. Ils ont beau multiplier les signes extérieurs de succès, leur intérieur reste tragiquement inquiet et soumis à la vie pulsionnelle.
L’alcool est un symptôme, jamais une cause. Il désinhibe le consommateur, mais ne transforme pas le «moi»
Et comment! Le catholicisme est la religion qui a le plus sexualisé le péché. Avec l’idée de la faute originelle, ce sont 2000 ans de relations extrêmes à la sexualité qui ont été dictées. Un mélange de haine totale et de sidération totale. Avec, évidemment, comme conséquence, un refoulement violent pour les pratiquants les plus clivés. Dois-je vous parler de la pédophilie en milieu clérical pour vous convaincre?
Et l’alcool? Peut-il être la cause de débordements sexuels?
Non. L’alcool est un symptôme, jamais une cause. Il désinhibe le consommateur, mais ne transforme pas le «moi». Il peut faciliter le passage à l’acte, mais pas l’expliquer.
Quelle solution collective peut-on apporter à ce syndrome du harcèlement?
Il y a déjà l’action judiciaire et répressive. Ce n’est pas une solution en profondeur puisqu’elle vient de l’extérieur, mais elle a l’avantage de marquer une limite. Tel sénateur était bien connu pour pincer allègrement les fesses des dames dans les couloirs du Sénat sans avoir jamais été inquiété, quelques gifles mises à part. La différence, aujourd’hui, c’est que «qui pince paie» ou est susceptible de payer.
Et, plus en profondeur, comment agir sur ce fameux inconscient politiquement si incorrect?
Sur le plan collectif, on peut contrer cet inconscient dominant à travers la démocratisation des pratiques, ce qui est déjà en cours. Avec l’avènement des nouvelles manières d’être en couple et d’être parents, la société élargit ses possibles et agit sans nul doute sur les sources collectives de l’inconscient, ce qui modifie la place de l’homme alpha. Il est possible que petit à petit, l’inconscient individuel se transforme au gré de ces changements collectifs, mais ça reste un changement très relatif. Il n’y a pas de traitement social de la part la plus sauvage de la vie sexuelle.
Comment expliquer cette chasse aux harceleurs qui saisit le monde occidental?
Elle est liée à la libération d’une parole publique des femmes et c’est une bonne chose. Mais c’est aussi une immense hypocrisie. Car si l’on voulait vraiment respecter la gent féminine, on cesserait séance tenante le commerce des films pornographiques qui, à 90%, montrent des femmes en situation de soumission. La masturbation de l’homme seul devant son écran lui permet de maintenir une domination que la réalité sociale lui refuse. C’est sans risque pour lui. Avec cette vague de dénonciations et ce climat de méfiance, la vapeur ne va pas s’inverser. On peut dire adieu à la drague spontanée, ce qui est bien dommage. Elle va être très certainement remplacée par la rencontre en ligne qui permet à chacun de se protéger.
«La Sexualité masculine», Que Sais-je?, PUF, Paris, 2013
A paraître: «L’inconscient est politiquement incorrect», Stock, Paris, avril 2018
https://www.letemps.ch/societe/2017/12/07/toute-sexualite-harcelante-celle-hommes-celle-femmes
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