Selon le Dr William Li, deux principes connectent notre immunité et notre santé :
Des conditions qui affaiblissent notre système immunitaire, laissant une porte ouverte aux envahisseurs.
Des conditions qui accroissent et intensifient notre système immunitaire, générant un état inflammatoire et entraînant la destruction de nos tissus sains. Cela se traduit par l’attaque de nos propres cellules par nos anticorps, comme dans le cas de l’arthrite rhumatoïde ou le diabète de type 1.
Dans le premier cas de figure, notre corps n’est plus capable de détecter les infections ni les autres menaces… et dans le second cas de figure, une immunité hyperactive génère une inflammation chronique, créant ainsi un environnement favorable au développement des maladies (infectieuses ou chroniques).
La bonne nouvelle, c’est que notre lifestyle peut jouer en notre faveur, notamment à travers une alimentation adéquate et un sommeil de qualité.
Quel lien existe-t-il entre notre alimentation et notre immunité ?
Ce que nous mangeons est notre principale source d’énergie et apporte à nos cellules ce dont elles ont besoin pour fonctionner et se régénérer. Mais ce n’est pas tout ! Notre alimentation a aussi un impact sur notre microbiote, qui joue un rôle fondamental pour notre immunité.
En effet, les produits d’origine animale (viande, volaille, poisson, œufs, produits laitiers) stimulent les bactéries responsables de l’inflammation et contribuent à l’affaiblissement de notre système immunitaire qui ne sera plus en mesure de combattre les attaques extérieures. C’est pourquoi il est préférable de choisir des aliments de qualité, d’origine végétale, qui en plus d’avoir un effet anti-inflammatoire au niveau de notre flore intestinale, sont riches en antioxydants et autres nutriments nécessaires pour nous maintenir en bonne santé et nous protéger contre les maladies.
Certains aliments ont le pouvoir de booster notre immunité, soit :
en renforçant notre système immunitaire (p.ex. baies, fruits rouges, légumes crucifères, champignons)
en réduisant l’inflammation et les mécanismes auto-immun (p.ex. fruits et légumes verts, curcuma, thé vert)
Si malgré les dispositions que vous prenez les symptômes d’un refroidissement apparaissent, le jeûne et le repos vous permettront de ne pas rester cloué au lit trop longtemps ! Pour accélérer la guérison, il est recommandé de jeûner le premier jour et de manger très légèrement les 2ème et 3ème jours – contrairement aux idées reçues. Cela permettra à votre corps de conserver son énergie et de se focaliser sur la neutralisation du virus.
Qu’en est-il du sommeil ?
Le sommeil est l’activité dont l’être humain est la seule espèce à se priver volontairement ! Il n’est pas rare de « sacrifier » notre temps de sommeil pour profiter de notre soirée après une longue journée de travail… Cependant, le manque de sommeil peut avoir plusieurs conséquences, telles que : peine à se concentrer ou mémoriser de nouvelles informations, inflammation chronique, affaiblissement de notre système immunitaire. Après une nuit de 4 heures, notre immunité est réduite de 70%… Après quelques nuits de 6 heures, les recherches ont démontré une activation des gènes associés au stress, aux maladies cardiovasculaires et aux tumeurs. Sur le long terme, la durée de sommeil constitue l’un des déterminants de notre état de santé.
Il est essentiel de connaître son rythme de sommeil dans le but de le respecter et d’en augmenter la qualité, pour nous protéger des maladies (infectieuses ou chroniques), et stimuler nos facultés de mémorisation et d’apprentissage.
En conclusion
Si ces deux habitudes de vie nous permettent d’échapper à la grippe et aux refroidissements alors que les températures chutent, elles nous permettent aussi, à plus long terme, de prévenir les maladies chroniques responsables de 75% de la mortalité en Suisse.
Respectez votre sommeil et faites-vous plaisir en privilégiant une alimentation variée, très riche en fruits et légumes de saison, pour prendre soin de votre santé et ne pas être surpris par la maladie.
Alexandra de Toledo est pharmacienne. Elle se spécialise dans le domaine du "Lifestyle Medicine" - ou médecine du mode de vie, dont l'objectif est de prévenir, retarder voire même dans certains cas, inverser le cours des maladies chroniques (maladies non-transmissibles), responsables de 75% de la mortalité en Suisse.
RÉALISÉ POUR HÔPITAL DE LA TOUR La pratique du sport peut prolonger ou raccourcir la vie. Ce paradoxe ne doit pas cacher les multiples bienfaits de l’exercice sur les cœurs sains comme sur les cœurs fragiles
Le sport – ou plus particulièrement la non-sédentarité et la pratique d’une activité physique régulière – améliore la santé et prolonge la vie. Les maladies cardiovasculaires, les cancers ou encore les maladies neurodégénératives sont autant d’exemples pour lesquels les bénéfices du sport sont bien réels. Si tous les mécanismes impliqués ne sont pas encore compris, il est une évidence physiologique incontournable: le cœur se renforce et c’est l’entièreté du corps qui s’en porte mieux. Mais ce cœur, qui tel un dieu permet la vie et prolonge celle des sportifs, peut aussi la reprendre en plein effort. Les morts subites sont heureusement rares et ne doivent pas cacher le bénéfice du sport sur la santé, surtout s’il est pratiqué de manière adaptée à la personne. Tout le monde est d’ailleurs concerné par ses bienfaits, y compris les malades et les personnes à risque. Médecins du sport et cardiologues sont là pour que le sport soit le meilleur des médicaments: efficace et sans effets secondaires. Pour ce faire, les personnes cardiaques comme les sédentaires de plus de 40 ans, même ultra-connectées aux dernières technologies, seraient bien inspirées de leur rendre visite avant de courir le marathon, voici pourquoi.
Le paradis sportif
Le sport est bon pour la santé et c’est un fait largement prouvé et accepté par la communauté scientifique. Tout a commencé grâce à une étude réalisée sur les habitants de la ville de Framingham dans le Massachusetts aux Etats-Unis. Lancée en 1947, l’étude a suivi le destin médical des habitants sur de longues années et révélé que les personnes ayant une activité physique vivaient plus longtemps que les sédentaires. Les sports de type cardiovasculaire, par exemple la course à pied, la marche, la natation ou encore le vélo ont dès lors été reconnus comme particulièrement bénéfiques pour l’espérance de vie.
Mais que provoque l’exercice dans notre organisme pour prolonger ainsi la vie? Plusieurs hypothèses et de nombreux mécanismes physiologiques ont été identifiés par les chercheurs, même s’il reste beaucoup d’inconnues. Le premier principe avancé par le médecin du sport de l’Hôpital de La Tour, Boris Gojanovic, est une nette amélioration du système cardiovasculaire global, à savoir une meilleure irrigation et plus de débit sanguin. «Cela favorise le fonctionnement des organes en général, car ils sont mieux oxygénés», indique-t-il. Le sport prévient principalement l’apparition des maladies cardiovasculaires. «Une diminution des facteurs d’inflammation atténue la venue des plaques d’athéroscléroses responsables des maladies coronariennes et de l’infarctus du myocarde», précise la doctoresse Tomoe Stampfli, cardiologue à l’Hôpital de La Tour. A cela, il faut ajouter une consommation du mauvais cholestérol et une production de bon cholestérol, un abaissement de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque. L’augmentation de facteurs de croissance favorise l’angiogenèse, c’est-à-dire un accroissement du nombre de vaisseaux sanguins également observé. L’efficacité de l’insuline est améliorée: les cellules musculaires répondent mieux à l’insuline et favorisent la métabolisation du glucose, ce qui est bon contre le diabète. Des facteurs de croissance neuronaux sont libérés, ils permettent une meilleure connexion entre les neurones et préviennent l’apparition de maladies neurodégénératives comme l'alzheimer.
Dieu du stade
Il n’est pas nécessaire de concurrencer Roger Federer sur le nombre de victoires en Grand Chelem pour que les bénéfices du sport soient mesurables. Quel que soit le sport, précise Marco Bettoni, cardiologue à l’Hôpital de La Tour, l’important est de ne pas sortir de la zone «cardio», c’est-à-dire être en incapacité de parler. Au-delà de cette zone, les sportifs entrent dans une zone dite de performance et les mécanismes physiologiques s’inversent: la pression artérielle et la fréquence cardiaque augmentent pour assurer une hausse de débit sanguin. Il s’agit de l’adaptation hémodynamique à l’effort, elle est dangereuse pour les cœurs malades et les personnes sous-entraînées. «Le sport ne doit pas faire mal et il faut considérer le sport de haut niveau, type marathon, comme dangereux!» prévient-il. La doctoresse Tomoe Stampfli précise que les personnes mal entraînées sont plus exposées aux problèmes cardiaques. Elle avance, pour illustrer ses propos, que «le taux de troponine, un enzyme cardiaque dont la présence dans le sang est synonyme d’un cœur en souffrance, est beaucoup plus élevé chez une personne qui se met à la pratique d’un sport à des degrés intenses sans entraînement, comparé à celui d’un athlète régulier pratiquant le même exercice.»
L’arrêt cardiaque lors d’un exercice physique intense n’est pas un mythe et provoque des morts subites. Bien que plutôt rares, celles-ci surviennent généralement lors de sports d’endurance extrêmes et/ou chez des cœurs déjà malades. La cardiologue précise que «le marathon de Paris répertorie deux événements cardiaques majeurs, dont 1,7 mort subite sur 100 000 coureurs. La mort subite chez les jeunes de moins de 35 ans est généralement due à un problème morphologique congénital comme la cardiomyopathie hypertrophique, caractérisée par un muscle cardiaque trop épais. Au-delà de 35 ans, il s’agit généralement d’un infarctus du myocarde dû à une maladie coronarienne.»
Douleurs dans la poitrine, malaises, essoufflements, palpitation, arythmie et baisse subite de performance sont autant de signes d’un cœur malade sur le point d’ôter la vie. «Les personnes avec de tels symptômes doivent absolument consulter un médecin», prévient Marco Bettoni. Comme peu de personnes savent vraiment reconnaître ces symptômes, Boris Gojanovic conseille à ceux qui ont «quelque chose qui ne va pas, ceux qui ne se sentent pas bien, qui ont une baisse de force ou qui doivent ralentir malgré eux», de consulter rapidement.
Tous frères
Le sport est excellent pour prévenir l’apparition des maladies cardiovasculaires, mais est-il bon de faire du sport lorsque le cœur est déjà malade? «La réponse est oui, définitivement oui!» indique Tomoe Stampfli. «Nous encourageons nos patients à avoir une activité physique, mais en nous assurant qu’elle est sécuritaire. On peut même faire du sport de compétition avec une maladie coronarienne!» Les personnes cardiaques doivent absolument s’entretenir avec un cardiologue pour définir le type de sport à pratiquer et surtout son degré d’intensité. «Faire de la natation de loisir ou de compétition ne correspond pas au même effort ni au même entraînement pour le cœur.» Il y a des limitations en fonction de chaque pathologie cardiaque et les médecins peuvent aider dans le choix du sport et recommander la juste intensité.
Les personnes cardiaques avérées, celles ayant des symptômes ou celles soupçonnées de l’être, car elles présentent des facteurs de risque tels que le tabagisme, le surpoids, de l’hypertension ou qu’elles ont simplement dépassé la quarantaine, devraient passer par un bilan cardiologique. En Suisse, aucune recommandation de bilan avant la reprise d’un entraînement sportif n’est recommandée aux personnes asymptomatiques et sans facteur de risque. «Les bilans cardiologiques sont faciles à faire et peu coûteux. Ils ont à la fois une valeur diagnostique permettant de dépister des pathologies, et pronostique puisqu’ils permettent d’estimer le risque», précise Marco Bettoni.
Concrètement, les patients vont commencer par une anamnèse lors de laquelle les médecins se renseignent sur les antécédents cardiologiques du patient et de sa famille, la prise de médicaments, le mode de vie et la pratique éventuelle d’un sport. Ensuite, un bilan cardiaque est effectué à travers des tests cliniques. «Le plus important est de détecter d’éventuelles arythmies à l’aide d’un électrocardiogramme (ECG), car elles sont des cas d’urgence aiguë qui peuvent entraîner un arrêt cardiocirculatoire et une mort subite», signale Tomoe Stampfli. Ensuite, des tests sous efforts sont réalisés pour déceler une mauvaise perfusion du sang par le cœur, un manque d’oxygène ou encore différencier les problèmes cardiaques des pulmonaires.
La compréhension puis la gestion de tous les paramètres physiologiques d’un sportif avec des mesures et des entraînements adaptés sont le ressort de la médecine sportive. Ainsi, une personne non sportive peut commencer la pratique d’un sport en bénéficiant d’un encadrement adéquat et prendre soin de sa santé. «Oui, les sédentaires voulant se mettre au sport peuvent venir en médecine sportive, même si nous sommes un des centres médicaux de Swiss Olympic. Si nous décelons des problèmes cardiaques, nous adressons les personnes au service de cardiologie», indique Boris Gojanovic.
E-ange ou e-démon?
Programme d’entraînement sur mesure, analyse des pulsations cardiaques et enregistrement d’ECG, les smart-technologies remplacent-elles les cardiologues et les médecins du sport? Pour les cardiologues, elles sont une aide bienvenue au diagnostic et au dépistage. «Nous recevons de plus en plus de patients avec des montres connectées, qui ont décelé eux-mêmes une fibrillation auriculaire en voyant leurs pulsations prendre l’ascenseur après l’effort», illustre Tomoe Stampfli. Mais la technicisation des smart-technologies soulève d’autres problèmes: «Aujourd’hui, grâce à ces outils, les sportifs enregistrent des données en plein effort, que la médecine n’avait jamais enregistrées jusqu’ici. Doit-on, par exemple, nous inquiéter des petites sautes d’humeur découlant de la fréquence cardiaque, rapportées par certains patients? Nous n’avons pas de référence scientifique pour le savoir et ne pouvons pas apporter de réponses», s’inquiète Boris Gojanovic. Une sorte de boîte de Pandore, selon Marco Bettoni, qui peut générer des angoisses malvenues.
Ce dernier y voit malgré tout des outils utiles pour enseigner aux patients à rester dans la zone «cardio». «De plus, ce sont des gadgets amusants. Ils peuvent aider à motiver les gens à pratiquer un sport.» Bien que ludiques, certaines applications poussent à aller toujours plus loin en offrant des récompenses à la performance. «Un entraînement ne consiste pas à faire mieux à chaque fois, mais à faire régulièrement un exercice! C’est au bout de plusieurs semaines qu’on peut commencer à aller plus loin, car on a progressé. Se battre soi-même tous les jours mène à un épuisement et à une inadaptation du système musculaire et cardiovasculaire», avertit Boris Gojanovic.
Ainsi, pour que leur cœur prolonge leur durée de vie, les sportifs et les non-sportifs, malades du cœur ou pas, ont tout à gagner à l'entraîner grâce à un encadrement adéquat, e-technologie ou pas.
Evénement gratuit
Conférence publique sur le cœur et le sport
Date de l’événement
29 octobre 2019, 18h30 à l’Hôpital de La Tour
Conférenciers
Dresse Tomoe Stampfli et Dr Marco Bettoni, cardiologues à l’Hôpital de La Tour
Dr Boris Gojanovic, médecin du sport à l’Hôpital de La Tour
Depuis longtemps, la médecine s'intéresse aux méfaits du
stress pour la santé. Des découvertes récentes montrent qu'à l'inverse
le mental peut avoir un effet bénéfique sur toutes sortes de
pathologies. Etat d'un chantier prometteur.
Que le corps guérisse l'esprit, nul ne peut plus en douter. Les adeptes du yoga
et du tai-chi le savent bien, qui retrouvent, par l'enchaînement de
mouvements calculés, le calme et la sérénité intérieure. Mais que
l'esprit, à son tour, guérisse le corps, pourrait sembler moins évident.
Et pourtant... Les preuves en ce sens ne cessent de s'accumuler grâce,
notamment, aux dernières découvertes en neurosciences.
Les
pensées et les émotions qui siègent dans le cerveau ont en effet une
influence sur la santé, comme le montrent un nombre croissant d'études.
Elles peuvent entraîner des pathologies graves telles que l'infarctus,
l'accident vasculaire cérébral (AVC), les maladies auto-immunes, voire
le cancer.
Mais - et c'est la bonne nouvelle -, elles permettent aussi d'éviter la
maladie. Autrement dit, le mental, quand ses ressources sont bien
utilisées, est capable de voler au secours du corps. >> Lire aussi: Les émotions, une arme anticancer?
Prenons l'effet placebo,
dont la réalité n'est plus à démontrer. Lorsqu'un médecin donne à son
patient sans l'en avertir un faux médicament, une pilule de sucre sans
principe actif, il obtient un effet thérapeutique réel, variable selon
les individus. Même une consultation avec un spécialiste sans aucune
prescription peut, selon des travaux récents, alléger la douleur,
améliorer le sommeil, soulager la dépression et diminuer les symptômes
dans bon nombre de pathologies, dont le syndrome du côlon irritable,
l'asthme, la maladie de Parkinson, les troubles cardiaques et la migraine.
Plusieurs
expériences ont montré que la présence et l'attitude du médecin
modifient les réactions émotionnelles du patient, lequel ressort du
cabinet moins anxieux et plus optimiste. Mieux, les chercheurs se sont
aperçus que des indices et des symboles perçus de manière inconsciente,
comme la blouse blanche ou le diplôme du médecin affiché sur le mur,
mettaient le patient dans une disposition mentale propre à lui faire
ressentir une amélioration.
Les vertus thérapeutiques de la félicité conjugale
Par
quel mécanisme obtient-on ainsi un effet sur la sévérité de la maladie ?
Il semble que le cerveau, après traitement par placebo, fabrique
lui-même les substances actives, à l'exemple des opioïdes, qui réduisent
la douleur, comme le ferait une piqûre de morphine. Une véritable usine
à gaz, loin d'avoir livré tous ses secrets.
Phénomène tout aussi
intriguant, les gens mariés ont moins de risques de développer une
pneumonie, de subir une opération chirurgicale, de développer un cancer,
de subir un infarctus ou de souffrir de démence. Ce fait établi a donné
lieu à de nouvelles recherches, qui ont permis d'affiner le tableau. En
étudiant plus précisément la qualité des relations conjugales, les
scientifiques ont découvert que l'effet protecteur du mariage
disparaissait en cas de disputes fréquentes dans le couple.
Les
personnes "mal" mariées se révèlent même en plus mauvaise santé que
celles restées célibataires ! Des expériences menées aux Etats-Unis
montrent notamment qu'au sein des couples qui se déchirent les défenses
immunitaires des intéressés s'affaiblissent et les coupures sur la peau
mettent plus de temps à cicatriser. C'est donc la félicité conjugale, et
non la vie commune en elle-même, qui serait bénéfique pour la santé.
L'explication
? L'écoute, les gestes, le soutien d'un conjoint réconfortant
permettent une meilleure régulation des émotions négatives, dont les
effets délétères sur l'organisme sont désormais prouvés. La colère est
un exemple. Dans les deux heures qui suivent un emportement, le risque
pour un individu de souffrir d'un infarctus est multiplié par cinq et
celui de souffrir d'un AVC par trois, selon la méta-analyse (une
synthèse des résultats de toutes les études publiées dans le monde sur
le sujet) effectuée par une équipe américaine et parue le 4 mars dans la
revue European Heart Journal. Ce risque reste faible en valeur
absolue, mais il constitue une menace réelle pour les personnes
connaissant des accès de colère récurrents.
Les voies qu'emprunte
l'esprit pour parler au corps sont de moins en moins impénétrables. De
nouvelles disciplines ont aussi émergé, croisant plusieurs spécialités
et portant, de ce fait, des noms à rallonge. La psychoneuroimmunologie
associe la psychologie, la neurobiologie et l'immunologie (l'étude de
notre système de défense contre les microbes). Elle vise à comprendre la
manière dont le psychisme influe sur l'organisme. Même finalité pour la
psychoneuro - endocrinologie, qui implique l'endocrinologie (la science
des hormones).
Les défenses immunitaires amoindries par le stress psychologique
La
neuropsychanalyse, elle, se propose d'explorer les convergences
possibles entre les neurosciences et la psychanalyse. En jeu, à chaque
fois : le rôle du stress psychologique, qu'il provienne du travail, des
relations conjugales ou familiales, ou encore d'événements traumatisants
tels qu'un deuil. Confronté à l'adversité sur une trop longue période,
l'individu voit se réduire ses défenses immunitaires et subit des
phénomènes chroniques d'inflammation tandis que, à l'échelle des
cellules, l'usure de ses chromosomes s'accélère.
Face au danger,
notre organisme, depuis les origines de l'homme, se prépare
instantanément à l'action - le combat, ou la fuite - en produisant des
hormones qui dilatent les bronches, accélèrent le coeur et le rythme de
la respiration. Si le danger s'évanouit, le métabolisme revient à la
normale. Mais si la situation stressante perdure, ce bain d'hormones
finit par devenir nocif.
C'est ce qu'explique de manière très didactique la pédiatre Catherine Gueguen dans le livre Pour une enfance heureuse, repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau,
qu'elle vient de publier aux Editions Robert Laffont. "La sécrétion
prolongée de cortisol [l'une des hormones du stress] peut modifier le
métabolisme et l'immunité de l'organisme, entraîner le développement de
maladies chroniques et de maladies auto-immunes (diabète, sclérose en
plaques, polyarthrite rhumatoïde)", écrit-elle, citant une recherche
publiée en 2013.
Cultiver des relations de qualité avec ses proches
A
l'inverse, d'autres hormones se révèlent bénéfiques pour la santé,
comme l'ocytocine, un puissant anxiolytique. "Elle est sécrétée lors de
toute stimulation sensorielle douce : les mots doux, la tétée [pour le
bébé], le contact tendre, les caresses, les baisers, l'orgasme, mais
aussi le simple contact avec l'eau chaude", note le médecin. L'ocytocine
est aussi libérée, en dehors de tout contact physique, lorsqu'on
entretient une relation agréable avec autrui.
"Toute interaction
harmonieuse, une ambiance chaleureuse, une conversation agréable, un
plaisir partagé provoquent la sécrétion d'ocytocine, poursuit-elle. Même
un simple échange de regards, s'il est bienveillant, et même la seule
évocation des êtres que nous aimons." Par quel biais ? "La libération
d'ocytocine met en route l'activité parasympathique [ralentissement
automatique des fonctions de l'organisme destiné à économiser l'énergie]
avec tous ses effets physiologiques : la tension artérielle baisse,
l'organisme passe de l'excitation musculaire prête à l'action provoquée
par le stress à un régime réparateur où l'énergie sert au stockage des
nutriments et à la croissance. L'activation du système nerveux
parasympathique élève également le seuil de la douleur, nous rendant
moins sensibles aux inconforts. Il renforce l'immunité, aide au transit
intestinal et favorise la cicatrisation."
Pour profiter à plein
des effets de l'ocytocine, mais aussi des endorphines et de la
sérotonine, toutes ces molécules du bien-être, un seul mot d'ordre :
cultiver des relations de qualité avec ses proches. Car la libération de
ces substances est conditionnée à la tonalité des échanges, à
l'ambiance dans laquelle on évolue et aux contacts physiques que l'on
établit avec les autres. On peut d'ailleurs améliorer ses relations
affectives en suivant une psychothérapie de couple ou individuelle.
Quant aux méfaits du stress, on les combat efficacement en utilisant des
techniques qui ont fait leurs preuves telles l'hypnose, la relaxation, la sophrologie, la cohérence cardiaque et la méditation.
On ne cesse, d'ailleurs, de découvrir de nouvelles vertus à cette dernière pratique, millénaire et d'inspiration bouddhiste (voir L'Express no 3289).
Entre 1970 et 2010, le nombre d'études scientifiques sur cette activité
est passé de moins de 10 par an à près de 300, selon les données citées
dans L'Esprit est son propre médecin (de Jon Kabat-Zinn et
Richard Davidson, éditions Les Arènes). Les chercheurs ont notamment
enregistré des résultats probants dans la dépression, l'addiction, les
déficits de l'attention et la douleur. Leurs travaux se font désormais
de plus en plus pointus.
Rééduquer son cerveau en pratiquant des exercices appropriés?
Certains
vont jusqu'à comparer différentes variantes de la méditation bouddhiste
tibétaine. Le yoga de la déité, par exemple, consiste à visualiser une
image complexe et multicolore en trois dimensions représentant une
divinité tibétaine. Dans la méditation ouverte, le méditant entretient
une attention également répartie et non dirigée vers un objet ou une
expérience particuliers. "Avec la première technique, les sujets
montrent une plus grande amélioration de leurs facultés mentales sur une
tâche de rotation mentale et sur une tâche de mémoire visuelle",
indiquent Jon Kabat-Zinn et Richard Davidson.
Autre solution pour
mieux affronter une situation difficile et préserver ainsi son
organisme d'un stress trop intense : chercher davantage de soutien
social. Dans une société plus individualiste que par le passé, on
commence seulement à redécouvrir l'importance de l'aide apportée par le
réseau des amis ou de simples connaissances, sur les plans à la fois
matériel et mental. De nombreuses études en psychologie de la santé
l'attestent. Les plus récentes montrent d'ailleurs que ce n'est pas tant
le nombre de personnes qui compte, que l'intime conviction de pouvoir
compter sur elles. Il est physiologiquement bienfaisant de penser qu'il
existe des individus capables de se mobiliser pour nous en cas de besoin
et aux yeux desquels nous avons de l'importance.
En somme, des
gens qui se soucient de nous. Les relations sociales existantes
constituent des ressources clefs, mais on peut également en cultiver de
nouvelles. On sous-estime à quel point l'appartenance à une communauté,
un club sportif, un syndicat, une association, contribue au bien-être.
Et
demain ? L'être humain pourra peut-être rééduquer son cerveau en se
livrant à des exercices appropriés, comme il rééduque déjà son dos ou
son genou par des séances de kinésithérapie. Parmi les techniques encore
au stade expérimental, la plus en vogue est sans doute le
neurofeedback. Dans cette forme de "coaching" de l'organe de la pensée,
le patient se concentre sur une idée ou une tâche et visionne en retour
sur un écran son activité cérébrale. Il peut ainsi s'entraîner à la
normaliser, en orientant sa réflexion sur le sujet qui diminue ou
augmente le plus les signaux électriques envoyés par les neurones, selon
l'effet recherché. Les scientifiques utilisent ce principe pour lutter
contre les insomnies, l'hyperactivité, l'épilepsie, la maladie de
Parkinson et la dépression. Plus ludique, la réalité virtuelle semble en
passe de tenir ses promesses.
Une équipe suédoise vient de réaliser une expérience spectaculaire, relatée dans la revue Frontiers in Neuroscience.
Les chercheurs ont "fabriqué", sur l'écran de l'ordinateur, une
prothèse virtuelle qui vient prolonger le bras d'un homme amputé. En
leurrant son cerveau grâce à cette image, ils ont réussi à le soulager
de la douleur dite "du membre fantôme", que les mutilés ressentent comme
siégeant dans leur bras ou leur jambe perdue. Une nouvelle
démonstration des puissants pouvoirs de l'esprit. http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/comment-l-esprit-soigne-le-corps_1578736.html
Comment la testostérone vient aux hommes (et aux femmes aussi)
6 minutes
de lecture
Nic Ulmi
Publié vendredi 20 novembre 2015 à 11:14,
modifié vendredi 20 novembre 2015 à 17:18.
Hormones
Le comportement influence le
niveau de cette hormone, selon une étude. Cas de figure intrigant
où la différence sexuelle viendrait de ce qu’on fait
«Effets du comportement de genre sur la testostérone chez les femmes et les hommes», annonce le titre de l’étude*.
Minute: le mécanisme n’est-il pas censé fonctionner dans l’autre sens?
La testostérone n’est-elle pas un facteur explicatif de certaines
attitudes associées au genre masculin – forte compétitivité, agressivité
marquée, moindre empathie? Les idées courantes vont globalement dans
cette direction-là. Mais l’expérience réalisée par Sari M. van Anders,
Jeffrey Steiger et Katherine L. Goldey, trio interdisciplinaire des
universités du Michigan et George Washington, montre, au contraire, une
«relation inversée»: plutôt que de hauts niveaux de testostérone
engendrant des comportements considérés comme masculins, c’est le fait
d’adopter ces comportements qui fait grimper le niveau de testostérone.
Déroulement
de l’expérience: des comédiens des deux sexes sont recrutés pour jouer
un monologue mettant en scène un acte de pouvoir (en l’occurrence, le
licenciement d’un subordonné). En mesurant le niveau de testostérone
avant et après, on constate qu’il est plus élevé au terme de la
performance. L’acte que les comédiens viennent d’accomplir, fictif mais
émotionnellement convaincant grâce à leur savoir-faire, semble donc
influencer le taux de cette hormone, notamment chez les femmes, où le
niveau ordinaire est en moyenne plus bas. Pour en avoir le cœur net, on
demande aux comédiens, indépendamment de leur sexe, de jouer la scène
deux fois, en adoptant des attitudes corporelles «masculines», puis un
style «féminin». Le résultat ne change pas: c’est l’acte de pouvoir en
tant que tel qui fait la différence, pas la manière de le colorer de
stéréotypes de genre.
Conclusions? «Les pressions culturelles
poussant les hommes à exercer une autorité et les femmes à éviter de le
faire pourraient expliquer, en conjonction avec des facteurs
héréditaires, pourquoi les niveaux de testostérone tendent à être plus
élevés chez les hommes que chez les femmes», écrivent les auteurs. La
«socialisation de genre», c’est-à-dire la manière dont on adopte des
normes de comportement définies comme féminines ou masculines,
contribuerait ainsi aux différences hormonales entre les sexes. Cela
ouvre de nouvelles pistes dans le domaine des «interactions
nature/culture et des effets de la socialisation sur la biologie
humaine». Et «cela vient s’ajouter aux preuves, de plus en plus
nombreuses, indiquant que le genre et le sexe sont des catégories plus
perméables qu’on ne le dit généralement dans la recherche
bioscientifique».
Le pouvoir rend antisocial
Que fait, au
juste, la testostérone? Les certitudes les plus solides portent sur ses
effets pendant la vie prénatale. «Au cours
du développement embryonnaire, c’est l’arrivée de cette hormone qui
détermine les caractéristiques morphologiques mâles. Si vous traitez un
embryon de souris femelle avec de la testostérone, vous obtiendrez une
transformation physiologique: la souris en question ressemblera à un
mâle au niveau des organes génitaux et d’autres caractères sexuels. En
même temps, ses chromosomes resteront ceux d’une femelle: ce sera donc
une souris stérile», explique Denis Duboule, généticien à l’Université
de Genève et à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Autre
certitude: «Chez les adultes, si vous prenez la moyenne des mâles, vous
trouverez 6 à 10 fois plus de testostérone circulante que dans la
moyenne des femelles. Mais attention: ce sont des moyennes. Ce qui
signifie que dans une population donnée, certains mâles auront moins de
testostérone que certaines femelles.»
Plusieurs études reflètent
par ailleurs le fait que les taux de testostérone s’associent à des
différences comportementales. Une recherche conduite à l’université de
Lausanne et à l’EPFL avait fait pas mal de bruit en 2014: «La corruption du leader dépend du pouvoir et de la testostérone»,
annonçait son titre. Aux côtés du psychologue expérimental John
Antonakis, le neuro-endocrinologue François Pralong avait pris part à
l’étude – un jeu de rôle dans lequel les sujets étaient amenés
à distribuer de l’argent entre les membres d’un groupe, tout en ayant la
possibilité de se favoriser eux-mêmes au détriment des autres.
Résultat? «Plus on donnait de pouvoir à une personne, plus cette
personne tendait à prendre des décisions qui allaient à l’encontre de
l’intérêt du groupe et en faveur de son propre intérêt. En
effectuant des mesures de testostérone au cours du jeu, nous avons
observé en outre une corrélation significative entre les taux de cette
hormone et des comportements plus antisociaux, plus corrompus.
La testostérone semblait potentialiser l’effet du pouvoir sur les
comportements», raconte le chercheur.
Que pense François Pralong
de la «relation inversée» mise en lumière par Sari van Anders et par ses
coéquipiers, où le comportement détermine le niveau de testostérone?
«Il faut se rappeler que toute la stimulation des hormones, et notamment
de la testostérone, démarre au niveau du système nerveux central.
L’hypothalamus, qui est le centre des neurones activant les hormones de
la reproduction, est la cible d’afférences extrêmement nombreuses qui
viennent du cortex. Que la testostérone soit influencée par un
comportement, et par la société qui induit ou inhibe ce comportement,
c’est donc complètement plausible sur le plan biologique. Car tout le
contrôle se fait au niveau du cerveau, qui intègre toute
sorte d’éléments dans le processus; ce n’est pas un organe
neurovégétatif déconnecté de la réalité.»
La libido en boucle
Si
c’est le comportement qui fait fluctuer la testostérone, faut-il en
déduire que celle-ci n’a pas d’effets comportementaux? «Si l’on
regarde les recherches existantes, l’effet d’un comportement de pouvoir
sur la testostérone est établi de façon plus claire que l’effet inverse.
Ce qui ne signifie pas que ce dernier – l’influence de la testostérone
sur une attitude compétitive – n’existe pas: il est simplement plus dur à
mettre en lumière, parce que le comportement humain est surdéterminé
par tellement d’influences, le contexte social, la culture dans laquelle
on a grandi, le travail qu’on fait», tempère Sari van Anders au
téléphone. Il est probable, en réalité, que les deux effets
coexistent et qu’ils fonctionnent en boucle. «Des chercheurs ont
montré que l’accroissement de la testostérone dans une situation
compétitive pourrait influencer la volonté de se remettre dans la
compétition, par exemple.»
Ce fonctionnement à deux voies est
connu dans le domaine du sexe. François Pralong: «La testostérone a un
effet sur la libido. Il faut que des taux de testostérone soient
présents pour qu’on ait envie d’aller vers un acte sexuel. On sait par
ailleurs que lorsqu’on s’adonne à une activité sexuelle, cela fait
monter à son tour les taux de testostérone. C’est un effet
d’auto-entraînement.»
Nature et culture, comme la poule et l’œuf,
ne sauraient donc s’expliquer indépendamment l’une de l’autre. Denis
Duboule se réjouit de ce constat: «D’un côté, on assiste à l’émergence
du séquençage du génome et de la médecine prédictive, d’un déterminisme
qui dit aux gens: on va vous dire l’avenir en lisant votre génome. De
l’autre côté, il y a des chercheurs qui disent: non, rien n’est fixé, ni
notre comportement, ni notre violence, ni les positions de pouvoir; le
sexe est uniquement une invention biologique pour qu’on puisse se
reproduire, et cela n’a pas de conséquences comportementales. C’est un
débat magnifique.»
* «Effects of gendered behavior on testosterone
in women and men», par Sari M. van Anders, Jeffrey Steiger et Katherine
L. Goldey, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), vol. 112 no. 45 http://www.letemps.ch/sciences/2015/11/20/testosterone-vient-aux-hommes-aux-femmes
Médecin, infirmier ou ambulancier débutants, ils racontent leur métier
Dossier spécial Etudes de santé.
Ils sont médecins, infirmiers, kinésithérapeutes ou ambulanciers. Ils
ont fait le choix, comme environ un million de personnes en France,
d’exercer un métier au service de la santé. Malgré la répartition très
inégale de ces professionnels sur le territoire, le vieillissement de la
population
assure pour les prochaines années de nombreuses embauches et une
activité. Pour la plupart débutants, ils témoignent, sur Lemonde.fr, de
leur enthousiasme d’être au service des autres ou des déceptions que
leur apporte l’évolution de leur métier.
« Je ne le recommanderai pas à ma fille » par Loïc D, 29 ans, médecin généraliste remplaçant dans le Nord :
« Je
suis devenu enfin médecin généraliste il y a 18 mois. L’arrivée d’un
long parcours de neuf années d’études, mais pas désagréable puisque la
pratique occupe une place importante dans la formation.
De plus, l’internat qui suit les six premières années est rémunéré.
J’exerce donc mon métier en libéral, je remplace les médecins installés
pendant leur absence. Le rythme est agréable : je travaille une semaine
sur deux en moyenne et gagne assez pour vivre décemment. Moins d’argent, plus de vacances ! Et je peux remplacer
n’importe où en France, sans crainte du chômage. Les vieux médecins ont
souvent des rythmes intenables et sont parfois au bord du burn-out.
Être remplaçant, c’est un peu être « bouche-trou »… Certains patients ne manquent pas de me le fairesentir, particulièrement en milieu rural. Je suis obligé de me calquer sur les habitudes du médecin que je remplace, y compris quand il finit à 21 h 30 et prescrit des antibiotiques à tout va. La médecine générale est en pleine mutation, cela tombe bien, car je ne veux pas ressembler
à certains médecins que je remplace ! En revanche, l’avenir de la
profession paraît incertain. On aura toujours besoin de médecins, mais
dans quelles conditions ? À titre personnel, je ne me vois pas faire ce métier toute ma vie… Et je ne le recommanderai pas à ma fille ! »
« Chaque nouveau jour est une découverte d’un champ des possibles »par Romain P, 25 ans, infirmier à Paris :
« Je
suis infirmier depuis trois ans, j’ai exercé aux urgences et maintenant
en psychiatrie. Après trois années d’études passionnantes, chaque
nouveau jour est une découverte d’un champ des possibles : anesthésie,
bloc opératoire, pédiatrie ou encore encadrement. Seulement, l’exercice
au quotidien est parfois bien éloigné des grandes lignes de la
profession que je viens d’exposer.
En effet, les horaires décalés,
la charge administrative, le travail en équipe sont parfois un sacré
frein à l’épanouissement. La possibilité de poursuite d’études et
d’évolution (en plein changement, avec l’éventuelle apparition des
« infirmières de pratiques avancées » dans la loi Santé en cours de
discussion au Parlement) n’est pas toujours accessible faute de
financement. Mais souvent, le simple sourire d’une personne que l’on soigne suffit à effacer toutes les contraintes. »
« Intervenir dans n’importe quelle situation » par Andréa P, 24 ans, ambulancier à La Réunion :
« J’exerce
le métier d’ambulancier depuis un an. Après un baccalauréat général ES
et un oral de sélection devant un jury, je suis entré en formation pour
une durée de six mois. Ensuite, j’ai suivi des cours et effectué des stages pour valider huit modules et huit compétences afin d’obtenir mon Brevet d’Etat. J’ai cherché un emploi dans toute la France. C’est finalement sur l’île de la Réunion que j’ai trouvé mon premier poste. C’est une activité très physique, transporter des patients parfois lourds demande des efforts considérables.
Ensuite, les horaires et la nécessité de répondre à des urgences, font qu’il est parfois difficile de concilier
vie familiale et vie professionnelle. Mais c’est un métier riche en
contacts humains, que ce soit avec les personnels des structures
hospitalières ou avec des patients que l’on va accompagner
depuis leur domicile. C’est également un métier qui offre des
perspectives : je souhaite m’orienter vers le Service mobile d’urgence
et de réanimation (SMUR) pour progresser et me former à être apte à intervenir dans n’importe quelle situation. »
« Un métier en manque de reconnaissance » par Anne-Sophie O, 26 ans, infirmière :
« Aujourd’hui, j’exerce un métier qui me plaît, pour lequel je suis heureuse de me lever le matin. Pourtant, cela n’a pas été une mince affaire : après mes études, il fut assez difficile de trouver un poste non précaire. Le métier souffre actuellement d’une inégale répartition des professionnels sur le territoire. Pour nombre de diplômés, vouloirexercer
dans sa région est synonyme de chômage. J’ai donc débuté en enchaînant
des petits contrats, dont la durée oscillait entre un jour et trois
mois… Puis, après une période d’inactivité de six mois, j’ai pris la
décision, avec mon conjoint, infirmier également, de déménager à l’autre bout de la France, vers le Nord, où le chômage ne sévit pas.
Nous avons chacun trouvé facilement un poste, obtenant un CDI au bout de 6 mois. Je ne vous apprendrai pas que les conditions de travail
pour un infirmier français sont globalement assez difficiles, du fait
du manque de moyens, du manque de reconnaissance… Et cela ne va
malheureusement pas en s’améliorant. Est-ce que j’exercerai ce métier
toute ma vie ? Je pense souvent que non, mais en même temps, je ne
m’imagine dans aucun autre métier. »
« L’hôpital c’est aussi la joie, le partage » par Elsa M, 26 ans, interne en médecine à Montpellier :
« J’ai
effectué mon premier semestre aux urgences, une plongée dans le grand
bain direct, quand dès la deuxième garde vous vous retrouvez seule (même
si les chefs sont au bout du couloir dans leur chambre : certains
n’aiment pas être dérangés). Les premières prescriptions, les premières
vraies décisions, les prendre rapidement, avoir entre ses mains la confiance entière du patient, rassurer des parents inquiets au milieu de la nuit, écouter
les âmes perdues, faire face à la violence de certains… L’hôpital n’est
pas uniquement un endroit triste, rempli de gens malades, il y a aussi
la joie, le partage, le travail en équipe indispensable et essentiel
pour tenir le coup… »
« Un marché de l’emploi déstabilisé »parTristan R, 50 ans, kinésithérapeute à Digne-les-Bains :
« Je suis kinésithérapeute depuis 25 ans. J’ai obtenu mon diplôme après un concours
d’entrée très restrictif et trois ans d’études. Aujourd’hui, le
ministère de la santé impose un numerus clausus. Cependant avec
l’harmonisation des diplômes la moitié des inscriptions au conseil de
l’ordre proviennent d’autres pays que la France (Espagne, Pologne), des gens prêts à travailler pour presque rien. Ce qui déstabilise totalement le marché de l’emploi.
Durant
mon dernier poste en thermalisme, j’étais le seul français, parmi une
équipe de 10 collègues espagnols. On m’a proposé un salaire inférieur à
ce que je gagnais il y a 24 ans. Cette politique
est incohérente : on limite en France, mais on importe des kinés à la
pelle d’ailleurs. L’avenir de la profession est désastreux. J’ai demandé
ma radiation du conseil de l’ordre la semaine dernière. J’envisage une
reconversion professionnelle dans un autre domaine que la santé.
Pourtant j’aimais ce métier ! »
« Nous avons de grosses responsabilités qui engagent des vies humaines » par Marie-Luce R, 33 ans, infirmière à Toulouse :
« J’ai déjà exercé dans beaucoup d’endroits différents, clinique, hôpital, domicile, centre
de rétention… Ce métier est absolument passionnant par tous ses aspects
différents, par toutes les branches et les différentes façons de
l’exercer, par l’alliance du côté technique et du côté relationnel. Je
l’ai fait avec beaucoup d’enthousiasme ! Mais voilà, au bout de dix ans,
je suis fatiguée et même dégoûtée du peu de considération que nous
avons, nous avons une charge de travail énorme, nous sommes constamment
en train de jongler entre 3 ou 4 tâches différentes pour pouvoir tout faire, ce qui demande beaucoup de concentration.
Nous
devons faire face à pas mal d’agressivité, surtout de la part des
familles qui sont souvent dans l’incompréhension de notre manque de
temps et nous sommes en première ligne… Nous avons de grosses
responsabilités qui engagent des vies humaines, mais nos salaires sont
très en dessous de notre charge de travail. »
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/campus/article/2015/10/05/medecin-infirmier-ou-ambulancier-debutants-ils-racontent-leur-metier_4782558_4401467.html#zA1h9dyYMFh50BmC.99
5 bons conseils pour faire durer l'amour toute une vie
Rédaction lifestyle
Publié le
- Mis à jour le
Love & Sex
Karl Pillemer est un médecin spécialiste en gérontologie.
Durant sa carrière, il a rencontré des centaines de personnes âgées,
encore en couple, veuves ou veufs, ayant eu une relation toute leur vie
avec des hommes ou des femmes, de toutes nationalités. Bref, un immense panel de personnes mariés ou en couple libre qui savent finalement ce qu'est l'amour sur le long terme.
En plus de soigner leurs maux, il a décidé de s'intéresser à ce qu'ils
avaient à dire sur la vie et notamment la vie de couple.
Et en a sorti un livre qui sort de l'ordinaire puisqu'il
compile plus de 700 témoignages de personnes mariées 43 ans en moyenne,
recueillis pendant 25 ans ! "30 Lessons for Loving: Advice from the
Wisest Americans on Love, Relationships, and Marriage" est un véritable
succès d'édition.
Il revient sur les messages les plus importants que lui ont
confié ces aînés au site Refinery 29. En soulevant auparavant un point
important, qui est à l'origine de sa volonté d'écrire ce livre : "Cela
fait seulement une centaine d'années que la société s'est tournée vers
d'autres personnes que les personnes âgées pour demander des conseils
concernant l'amour et le mariage".
Voici donc 5 conseils plutôt originaux mais éprouvés qui peuvent aider à aimer quelqu'un pour la vie entière
Observez votre partenaire... lorsqu'il joue à des jeux ou est en compétition
Avant de s'engager dans une relation sérieuse, des centaines
de personnes âgées lui ont confié ce conseil : regarder le comportement
de son partenaire durant une compétition ludique permet de mieux
comprendre comment il encaisse la pression, la victoire, la défaite...
On comprend mieux sa personnalité !
Sortez de votre zone de confort
En proposant des rendez-vous dans des lieux inconnus ou des
activités que vous ne faites pas habituellement. Cela permet de voir
comment vous interagissez ensemble, comment vous vous épaulez dans des
moments de peur ou d'angoisse... et créer des liens supplémentaires.
Mangez ou proposez... un sandwich
Quasi toutes les personnes âgées qui ont vécu en couple
toute leur vie s'en sont aperçues : quand il y a dispute... il y a de la
faim aussi ! Lorsque l'un des pertenaires a faim, les remarques peuvent
se transformer en disputes. Pensez-y quand la querelle gronde, proposez
une pause sandwich et le ciel s'éclaircit.
Déterminez le bon moment pour parler des sujets qui "fâchent"
Souvent, on décide que le bon moment pour parler d'un sujet
d'importance entre partenaire est le moment où l'on se sent prêt à en
parler à l'autre. Mais cet autre n'est pas forcément au moment de sa
journée où il sera réceptif ! Tentez de trouver le moment où l'un et
l'autre êtes le plus détendu.
Soyez poli
C'est l'un des conseils les plus donnés par les aînés et que
l'on oublie fréquemment quand on considère l'autre comme "acquis" :
être poli, c'est-à-dire faire attention aux sentiments et au ressenti de
l'autre, le respecter en tout. Petit exercice à faire durant une
semaine : imaginez que votre partenaire est la personne que vous voulez
impressionner, que feriez-vous pour y parvenir?
Une fiole contenant un gramme de THC coûte 1700 francs. (Eddy Mottaz)
Face aux difficultés d’obtenir des médicaments à base de THC, les
malades se tournent vers le marché noir. Rencontre avec le «pharmacien
du cannabis» à Langnau, dans l’Emmental
Pour Emilie*, 53 ans, ex-toxicomane séropositive, le cannabis est
une béquille. Alors quand en juin, le Conseil national acceptait la
motion de la députée vert’libérale saint-galloise Margrit Kessler,
exhortant le gouvernement à faciliter l’accès au THC thérapeutique, elle
s’est mise à espérer le début d’un changement.
Depuis la révision
de la Loi sur les stupéfiants (LStup) en 2011, les patients atteints de
pathologies sévères, telles que cancer ou Parkinson, peuvent obtenir
une autorisation exceptionnelle pour un médicament contenant du
tétrahydrocannabinol (THC), composant psychoactif de la plante. Mais,
remarque la motion, ceux qui trouvent dans le chanvre un remède sont
tentés d’opter pour la voie illégale, plutôt que de passer par des
procédures administratives et payer au prix fort des substances souvent
pas remboursées.
C’est le cas d’Emilie. Elle a subi des
traitements lourds ces vingt dernières années, entre une cure de
désintoxication à la méthadone et une trithérapie. Il y a un an, on lui a
diagnostiqué un cancer des poumons. Se succèdent alors chimiothérapies,
radiothérapies, morphine, anti-douleurs, antibiotiques. Le cannabis
l’aide à «tenir le coup psychiquement». Pour éviter les effets nocifs de
la combustion, elle a remplacé les joints par un inhalateur de vapeur.
«L’herbe me rend l’appétit et calme les nausées dues à la
chimiothérapie». Il lui permet aussi de réduire les doses des
médicaments antidouleurs aux puissants effets secondaires.
Chaque
semaine, Emilie défie la loi pour se procurer les fleurs qui l’aident à
dompter ses maux. A Genève, dans un lieu qu’elle préfère tenir secret,
ils sont plusieurs dizaines, réunis en association, à se retrouver les
jeudis pour partager quelque 500 grammes d’herbe provenant de plantes
disséminées dans leur réseau. Chaque membre peut emporter jusqu’à 20
grammes, vendu 10 francs le gramme. Ils sont tétraplégiques,
séropositifs, atteints de sclérose en plaque, d’hépatite, de cancers ou
d’épilepsie, tous passés par des traitements lourds. «On leur évite de
devoir se fournir dans la rue», dit Emilie. Une règle intangible vaut
pour les 80 adhérents de l’association: pour en faire partie, il faut
présenter un certificat médical. Emilie montre le sien, signé par un
médecin genevois. Le document précise qu’elle «prend du cannabis pour
supporter les traitements, maintenir son appétit et surtout contrôler
les douleurs».
La députée au Grand conseil genevois Salika Wenger
milite pour que cette association soit reconnue d’intérêt public. Elle
aussi a utilisé du cannabis durant plusieurs mois, pour soulager des
nausées dues à une thérapie. «Je prenais 27 pilules par jour, je ne
pouvais pas en avaler une de plus», se souvient-elle.
Brandir un
certificat médical ne constitue pas un rempart contre la police pour
ceux qui naviguent en zone grise. Le mois dernier, quatre membres de
l’association étaient jugés et condamnés à des jours-amendes pour avoir
cultivé, vendu et donné du chanvre à des tiers. Depuis, le local où ils
entretenaient des «plantes mères», destinées à produire des plantons
distribués aux malades de l’association, a été détruit. Se procurer de
l’herbe est devenu plus difficile, mais pas assez pour qu’ils renoncent à
leurs échanges prohibés.
«Les politiciens savent qu’on existe.
Les médecins nous envoient des patients», souligne Raphaël*, un autre
membre. Dans son appartement à Genève, 65 plantes ont déjà remplacé
celles qu’ont saisies les policiers. De quoi produire deux kilos d’herbe
d’ici la fin de l’été. Une partie est destinée à sa propre
consommation, l’autre ira à l’association. Ce peintre en bâtiment
indépendant a traversé plusieurs zones de turbulence: dettes, faillite,
burn-out. On lui a diagnostiqué une dépression chronique. «Fumer deux ou
trois joints tous les soirs m’aide à dormir et m’évite de prendre des
antidépresseurs». S’il devait se fournir dans la rue, il en aurait pour
10 000 à 15 000 francs par an, estime-t-il, soit un quart de son
salaire. En cultivant lui-même, les coûts de sa consommation s’élèvent à
2000-3000 annuels.
La doctoresse Barbara Broers, médecin,
responsable de l’unité des dépendances aux HUG, a parmi ses patients
quelques membres de l’association, dont elle atteste par certificat
qu’ils consomment du cannabis pour des raisons médicales. «Je ne
recommande jamais à un patient de fumer de l’herbe. Mais je rencontre
des malades chez qui les traitements classiques ne fonctionnent pas et
qui découvrent que le cannabis les soulage». Barbara Broers plaide, aux
côtés d’autres médecins, pharmaciens ou scientifiques réunis au sein de
la Swiss Task Force for Cannabinoids in Medicine (STCM), pour que
l’usage médical du cannabis soit facilité. «Nous nageons en plein
paradoxe: je peux prescrire de la morphine ou des benzodiazépines, mais
pas du cannabis, alors qu’il possède moins d’effets secondaires». Pas
question en revanche de militer pour la légalisation du cannabis: «c’est
un autre débat».
La révision de la Lstup entrée en vigueur en
2011, ouvrant la voie au cannabis thérapeutique, avait suscité
l’engouement de malades et d’une poignée de scientifiques. Un seul
médicament a été homologué depuis par Swissmedic, en novembre 2013: le
Sativex, un spray bucal contenant du THC, prescrit aux patients
souffrant de spasmes liés à la sclérose en plaque. Les coûts du
traitement s’élèvent à 645 francs par mois, remboursés à bien plaire par
les caisses d’assurance.
Pour toute autre indication, un individu
souhaitant recourir au cannabis médical doit réclamer, au travers de
son médecin, une autorisation exceptionnelle auprès de l’Office fédéral
de la santé publique (OFSP). Depuis le 1er juillet 2011, ils sont 1800 à
avoir bénéficié de cette exception, valable six mois, renouvelables.
Mais ils sont toujours plus à la réclamer. L’OFSP a octroyé 350
autorisations en 2012, 740 en 2013 et plus de 1000 en 2014.
Actuellement, elle en délivre 30 par semaine. Cette inflation de la
demande a poussé l’Office à commander une synthèse de 79 essais
cliniques sur les effets du cannabis, dont les conclusions publiées le
23 juin relèvent qu’il «renferme un potentiel thérapeutique prometteur».
Des
barrières subsistent face à une plante qui n’a pas perdu sa réputation
sulfureuse. «Les médecins ne sont souvent pas prêts à reconnaître les
vertus du cannabis. Pour eux, cela reste une drogue. Ou alors ils sont
rebutés par les lourdeurs administratives des demandes d’autorisations»,
souligne Claude Vaney, médecin de la clinique bernoise de Montana.
Le
THC ne suscite pas non plus l’enthousiasme de l’industrie
pharmaceutique. Il reste un produit de niche, comme pour le chimiste
Markus Lüdi, qui fabrique dans l’Emmental bernois des teintures au THC:
«Seul un tiers des patients réagissent très favorablement. Mais à ces
personnes, le cannabis offre une nouvelle vie».
*Prénoms d’emprunt http://www.letemps.ch/Page/Uuid/bb48ea40-2baf-11e5-8a84-afa5481f305f/Les_promesses_m%C3%A9dicales_inexplor%C3%A9es_du_cannabis
Les changements climatiques pourraient anéantir les progrès sanitaires
AFP
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- Mis à jour le
Planète
Les changements climatiques pourraient anéantir les progrès
sanitaires des cinquante dernières années en augmentant la survenue
d'événements climatiques extrêmes, comme des vagues de chaleur, des
tempêtes, des inondations ou des sécheresses, avertit mardi un comité
d'experts. "Le changement climatique est désormais une urgence
médicale", relève le Pr Hugh Montgomery, de l'University College de
Londres qui a coprésidé la commission mise en place par la revue
médicale britannique The Lancet.
Selon cette commission, le contrôle des émissions de carbone
pourrait avoir de nombreux bénéfices pour la santé, en réduisant la
pollution de l'air qui favorise diverses pathologies respiratoires et
cardio-vasculaires.
Les travaux de la commission interviennent alors que des
négociations sur le climat se poursuivent au niveau international en vue
d'un accord espéré à la fin de l'année à Paris.
"L'implication des changements climatiques pour une
population mondiale de 9 milliards d'habitants menace de saper les
progrès réalisés depuis un demi-siècle dans le développement et la santé
globale" insistent les experts.
Parmi les effets indirects sur la santé, ils citent le smog
urbain, les problèmes de sécurité alimentaire et le développement de
maladies dues à des moustiques qui se répandent dans les zones tempérées
à cause du réchauffement climatique.
La crise exige "une réponse urgente, utilisant les
technologies disponibles actuellement" souligne le Pr Montgomery qui
dénonce la lenteur du processus des négociations sur le climat.
L'avertissement du comité sur ce sujet est le troisième à être lancé par des experts depuis un an. http://www.lalibre.be/actu/planete/les-changements-climatiques-pourraient-aneantir-les-progres-sanitaires-5588e3423570172b1238b6f9
Le système de santé canadien,
comme sa variante québécoise, a été conçu au milieu des années soixante.
Ça fait longtemps, un demi-siècle, assez pour qu'on ait fini, au fil
des ans, par oublier pourquoi on l'avait créé, quels étaient ses
objectifs, ses principes et ses valeurs.
Cela m'a frappé en lisant les extraits du livre de David Levine publiés récemment dans La Presse, intitulé Santé et politique - Un point de vue de l'intérieur.
Celui qui est l'un de nos grands gestionnaires de la santé explique
qu'un des facteurs qui ont poussé le Québec à développer un système de
santé centré sur l'hôpital, c'est que les hôpitaux, parce qu'ils sont
publics, ne suscitent pas la méfiance, contrairement aux cliniques
médicales, perçues comme privées.
Cette logique hospitalo-centriste compromet l'atteinte de ce qui est
devenu le grand objectif consensuel, celui de développer la première
ligne et de donner aux gens l'accès à un médecin de famille. Cela
illustre bien le fait qu'on a oublié quelques petites choses chemin
faisant.
Le grand principe derrière la création de notre système de santé,
c'était la justice sociale, la volonté d'assurer des soins de santé à
tous les citoyens, peu importe leur statut social, leurs revenus ou
l'endroit où ils habitent.
S'il y avait un concept-clé pour décrire cette révolution, ce serait l'accès à la santé pour tous.
Pour atteindre ce grand objectif, le Canada, en s'inspirant du modèle de
la Saskatchewan, a choisi de créer un système universel, gratuit et
public. D'autres pays, on le sait, ont choisi des voies différentes pour
servir le même objectif de justice sociale.
Je ne veux pas critiquer ce choix ici, mais plutôt souligner qu'on a
oublié le point de départ en insistant sur les moyens plutôt que sur la
fin.
L'exemple proposé par M. Levine l'illustre bien. Bien des médecins sont
attirés par la pratique hospitalière parce que dans les hôpitaux, dans
lesquels on a investi massivement, ils auront accès à la technologie et
aux tests diagnostiques. Pour les convaincre d'aller pratiquer en
clinique, il faudrait leur fournir le même genre de soutien technique.
Mais ce genre de réforme suscite de fortes réticences. Pourquoi ? « Un
des obstacles les plus importants à ce changement est la croyance
voulant que les cliniques médicales appartiennent au secteur privé
tandis que l'hôpital fait partie du secteur public. »
Comment s'extraire de cette impasse ? Cela devrait commencer par une
révolution sémantique, par une définition nouvelle de ce qui est public
et de ce qui est privé. Il est vrai que les médecins généralistes sont
des travailleurs autonomes et que leurs cliniques, qui leur
appartiennent, sont donc privées. Ce ne sont pas des fonctionnaires ni
des salariés de l'État. Par contre, c'est l'État qui les paye, qui leur
dit où ils ont le droit de travailler, qui définit les normes de leur
pratique et les principes qu'ils doivent respecter, comme la gratuité et
l'universalité.
Tout cela en fait des mandataires de l'État. Disons donc que, même si
leurs cliniques ne sont pas gouvernementales, elles opèrent dans
l'espace public. Et quand on encourage leurs activités, il est clair
qu'on ne sabote pas le système public, on le développe. Ce serait encore
plus clair si on faisait le ménage dans les zones grises, dont la plus
agaçante, selon moi, est le recours abusif aux frais accessoires dans
certaines cliniques privées, qui trahit les principes de gratuité et
d'universalité.
Cette définition plus juste de l'espace public aiderait à régler une
foule de problèmes. Elle permettrait aussi d'assainir les rapports entre
les pharmaciens et l'État québécois, qui voit ces partenaires comme des
corps étrangers.
La défense du caractère public du système de santé a nourri une telle
obsession que dans bien des cas, elle a nui à l'objectif premier, la
qualité et l'accessibilité des soins. Il serait temps de revenir à
l'essentiel. Il se résume en un mot : l'accès. http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/alain-dubuc/201506/19/01-4879491-quand-les-moyens-font-oublier-la-fin.php
Conteneurs pour seniors: le ministre Prévot scandalisé
L. Sa
Publié le
- Mis à jour le
Belgique
Des milliers de seniors attendent actuellement une place
dans une maison de repos et/ou de soins. Et les listes ne cessent de
s’allonger : d’ici à 10 ans, 25.000 lits supplémentaires seront
nécessaires pour répondre à la demande, selon le Centre fédéral
d’expertise de soins. De part et d’autre du pays, les politiques
s’activent donc pour trouver des alternatives afin d’éloigner le plus
longtemps possible les seniors des maisons de repos.
Du côté flamand, le gouvernement envisage de construire des
conteneurs pour seniors. Ces habitations flexibles seraient installées
dans le jardin de leurs enfants ou petits-enfants pour que ces derniers
puissent surveiller et prendre soin de leur parent vieillissant.
Quelques centaines de milliers d’euros vont ainsi être investis pour la
construction de ces conteneurs qui pourront être placés ou retirés du
jardin en un jour, a révélé hier Het Nieuwsblad.
Cette mesure a fait sortir de ses gonds le ministre wallon de la Santé et de l’Action sociale Maxime Prévot (CDH). "Le
concept de conteneurs pour seniors pose humainement question. Si les
aînés dépendants sont de la sorte sous la surveillance rapprochée de
leurs enfants, ils sont malgré tout relégués au fond du jardin. Est-ce
vraiment ce que nous souhaitons pour nos parents et grands-parents ?
Sans aucun doute, ce n’est pas le projet politique du ministre flamand
mais il faut faire attention aux images véhiculées."
Pour le mandataire humaniste, il convient plutôt de tout
mettre en œuvre pour que les personnes vieillissantes puissent rester à
leur domicile le plus longtemps possible, conformément à leur souhait.
Pour cela, il entend "permettre à chacun d’aménager son domicile de
façon adéquate pour garantir l’autonomie, réduire le risque de chute et
retarder l’entrée en institution".
Afin d’assurer un continuum de prestations, notamment avant
et après une hospitalisation, Maxime Prevot préconise une meilleure
coordination entre tous les acteurs qui interviennent pour les soins et
les services à domicile. http://www.lalibre.be/actu/belgique/conteneurs-pour-seniors-le-ministre-prevot-scandalise-5509463d35707e3e93f72bd9
La Flandre construit des conteneurs pour seniors à placer dans les jardins
Belga
Publié le
- Mis à jour le
Belgique
Prendre soin de ses parents ou grands-parents vieillissants
pourrait bientôt se faire depuis son jardin, à en croire un projet
actuellement développé en Flandre qui prévoit d'y installer des
conteneurs dans lesquels vivraient ces seniors. Plusieurs partenaires
travaillent actuellement à la construction d'un tel espace de vie,
déplaçable et parfaitement équipé, et qui permettrait à ces personnes de
rester plus longtemps éloignées des maisons de retraite, selon une
information développée mardi dans Het Nieuwsblad. La Flandre fait
actuellement face à de longues listes d'attente en matière de soins de
santé. Ce projet d'habitations flexibles pourrait dès lors apporter une
réponse à la problématique. Le nord du pays a ainsi décidé d'y investir
quelques centaines de milliers d'euros.
Représentant une solution provisoire, ces conteneurs sont
équipés de manière personnelle et sur mesure et peuvent être placés ou
retirés du jardin en un jour. Ils pourront être loués ou achetés. http://www.lalibre.be/actu/belgique/la-flandre-construit-des-conteneurs-pour-seniors-a-placer-dans-les-jardins-5507bc813570c8b952a8dd7e
Conteneurs dans les jardins: un projet pas encore abouti et qui ne concerne pas que les seniors
V.V.V.
Publié le
- Mis à jour le
Belgique
L'information était en Une du Nieuwsblad, ce mardi matin : la Flandre
serait sur le point de permettre à des particuliers d'installer des
conteneurs dans leur jardin afin d'y… accueillir parents ou
grands-parents vieillissants. Ces dépendances seraient une alternative
au manque de places disponibles dans les maisons de retraites du nord du
pays.
Une solution idéale pour les personnes encore bonne santé, mais manquant d'autonomie pour continuer à vivre seules.
L'idée, si elle aurait certainement eu ses détracteurs, n'est
pourtant "pas encore à l'ordre du jour", précise-t-on à la région
flamande, mais fait à peine l'objet de discussions entre les nombreux
acteurs concernés.
Ce projet venu des Pays-Bas récolte certes les faveurs de l'agence
Ondernemen, en charge du projet. Par contre, il dépasserait largement la
seule déclinaison évoquée jusqu'à présent; celle de la prise en charge
des seniors. Ces conteneurs feraient en fait office de lieux de soins
temporaires et mobiles particulièrement pour les ménages dont
l'habitation ne permet que difficilement les adaptations nécessaires au
traitement. Prenons l'exemple d'un enfant qui se blesse grièvement et a
besoin d'une douche spécialisée pendant quelques mois : le conteneur
répond à une demande ponctuelle. D'où la nécessité de les équiper de
manière personnelle et sur mesure, comme on peut le lire dans les
colonnes du quotidien flamand.
Le public cible devrait encore être déterminé, tout comme les budgets à allouer à ce type d'habitations flexibles.
Le projet n'étant qu'à ses balbutiements, les autorités publiques
responsables n'ont pas voulu s'exprimer outre mesure. Elles le feront
lorsqu'il sera davantage abouti (endéans l'année et demi) et que des
projets-pilotes auront été menés. Et avec eux, une idée bien plus
précise de la manière la plus adéquate de "répondre aux besoins en terme
d'accès aux soins".
Des soldats « trop gras pour se battre » : un problème de taille pour l’armée britannique
Les cantines militaires (ici en Irak) sont boudées par les soldats, qui préfèrent les fast-foods. (Crédit : Reuters).
Les militaires au service de Sa Gracieuse Majesté doivent combattre un ennemi de poids : la malbouffe. « Les effectifs de l'armée britannique fondent, mais on ne peut pas en dire autant du tour de taille de ses soldats », révèle le site du Daily Express.
Le quotidien d'outre-Manche dresse un portrait alarmant de ces soldats gavés de kebabs et de frites, qui sont désormais « trop gras pour se battre ». Le sujet a été repéré dans un courrier de lecteur du Soldier Magazine, revue spécialisée à destination des troupes. Les soldats boudent le mess
L'adjudant de première classe Dan Roberts, cuisinier depuis trente
ans dans l'armée, déplore l'instauration, en 2010, du système « Pay As
You Dine » (« payez ce vous mangez »). Auparavant, une somme fixe était
déduite de la solde mensuelle en échange d'un accès illimité au mess, la
cantine militaire censée fournir des repas équilibrés.
Désormais, les soldats sont libres de fréquenter ou non ces cantines. « La nourriture est globalement la même partout, mais les standards varient selon les prestataires », précise l'adjudant dans son courrier. Nombre de militaires préfèrent donc se tourner vers les fast-foods, où ils ingurgitent « de la nourriture plus chère et de mauvaise qualité ». D'autres se révèlent au contraire incapables de réaliser certains exercices car ils sont sous-alimentés. 25 000 obèses dans l'armée
Au cours de ces trois dernières années, 32 000 militaires ont échoué à
des épreuves physiques élémentaires. Le ministère de la défense a
recensé l'an dernier plus de 25 000 obèses dans ses rangs : 16 400 dans
l'armée de terre, 3 000 dans la marine et 5 570 dans la Royal Air Force. « Le nombre de soldats obèses augmente chaque année, et nous avons désormais un gros problème », affirme un officier cité par le Daily Express. La
question prend une telle ampleur que l'armée a mis en place des groupes
d'expertise pour lutter contre l'obésité, promouvoir l'exercice
physique et éduquer à la diététique.http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2015/03/05/des-soldats-trop-gras-pour-se-battre-un-gros-probleme-pour-larmee-britannique/#xtor=RSS-32280322
La pollution a un impact immédiat sur la mortalité
La pollution atmosphérique tue à très court terme en aggravant brutalement des symptômes préexistants. Dans son premier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH)
de l’année, publié mardi 6 janvier, l’Institut de veille sanitaire
(InVS) quantifie l’impact des particules fines PM10 (dont le diamètre
est inférieur à 10 microns). Même à des niveaux d’exposition
relativement faibles, les particules fines accroissent le risque de
mortalité immédiate et pas seulement sur le long terme.
Ces
microparticules générées par les gaz d’échappement des véhicules,
notamment les moteurs diesel, l’activité industrielle ou les systèmes de
chauffage, affectent les voies respiratoires et le cœur, et peuvent provoquer
par exemple accident vasculaire cérébral, crise cardiaque, rupture
d’anévrisme, angine de poitrine, embolie pulmonaire… Autant de pathologies qui peuvent intervenir dans les cinq jours suivant une exposition.
17 agglomérations étudiées
A
chaque fois que la concentration de PM10 augmente de 10 microgrammes
par mètre cube (µg/m3), le risque de mort (hors accident) croît de
0,5 %, révèle l’étude de l’InVS. Les effets observés sont plus
importants pour les personnes âgées de plus de 75 ans (risque accru de
1,04 %).
L’Institut avait réalisé en 2012 une première évaluation
de l’impact global (à court et long termes) de la pollution sur la
mortalité dans neuf villes (Paris, Bordeaux, Lyon, Lille, Le Havre, Marseille, Rouen, Strasbourg et Toulouse).
Cette fois son étude, qui met l’accent sur la mortalité à court terme,
porte sur 17 agglomérations, offrant ainsi une meilleure
représentativité du territoire. Aux neuf premières viennent notamment
s’ajouter Dijon, Grenoble, Montpellier, Nancy, Nice ou Lens-Douai. L’ensemble des zones étudiées totalise 15,3 millions d’habitants, dont 43 % à Paris et ses alentours.
Risques plus élevés l’été
Aucune
ville ne dépasse la valeur réglementaire européenne de 40 µg/m3 de
PM10, mais seule Dijon respecte le seuil de pollution admis par
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à savoir
20 µg/m3. Marseille apparaît comme la ville dont l’air est le plus
pollué aux particules fines, suivi de Lille, Lyon, Nice, Grenoble et
Lens-Douai. Paris n’arrive qu’en septième position, devant Rouen et
Strasbourg, les sept autres agglomérations présentant une concentration
moyenne annuelle de PM10 entre 21 et 25 µg/m3.
La précédente étude
de l’InVS portant sur neuf villes avait montré qu’une diminution des
concentrations de PM10 à la valeur recommandée par l’OMS conduirait à éviter
chaque année 250 morts à court terme et quelque 1 000 hospitalisations.
Et que les niveaux trop élevés de PM2,5 (d’un diamètre égal ou
inférieur à 2,5 µg) étaient quant à eux responsables à long terme de
plus de 2 900 morts anticipées.
Bien que les pics de pollution se
produisent davantage au cours de l’hiver, le risque de morts à court
terme dues à la pollution est sensiblement plus élevé pendant l’été, en
particulier pour des raisons cardiovasculaires (3 %). « L’été, les individus passent davantage de temps à l’extérieur, ouvrent plus fréquemment les fenêtres de leur domicile, explique Mathilde Pascal, épidémiologiste au département santé et environnement de l’InVS. Aussi, l’été, la température de l’air, plus élevée, exacerbe les mécanismes physiologiques qui permettent au corps de réguler sa propre température, et cela affaiblit l’organisme et le rend plus sensible à la pollution. »
Et la scientifique de souligner : « Cela
confirme qu’il existe un risque même à des niveaux relativement faibles
de concentration de PM10. Et il pourrait s’aggraver avec le
réchauffement climatique. »
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/pollution/article/2015/01/06/la-pollution-a-un-impact-immediat-sur-la-mortalite_4549657_1652666.html#ExKohX9d1dCQbM9i.99
Un manque de sommeil est cause de grosses fatigues diurnes. (123rf)
Les jeunes bâillent trop. L’association des pédiatres américains
tire la sonnette d’alarme et rappelle les règles de l’hygiène du
sommeil. Elle prévient les parents des risques encourus lors d’une
surconsommation d’écrans et autres gadgets technologiques. Le manque de
sommeil fait aussi le lit de l’obésité adulte
Aux Etats-Unis, où comme un peu partout en Europe on débat des
rythmes scolaires, le mouvement s’intensifie pour que les horaires de
cours soient retardés dans les collèges et lycées: les adolescents ont
sommeil, et c’est néfaste à leur santé! D’ailleurs, ceux «qui ne voient
pas l’intérêt de dormir la nuit feraient mieux de se raviser», résume le site Aujourd’hui.com.
Le débat, qui revient régulièrement depuis une vingtaine d’années,
vient de rebondir avec la publication, dans le numéro de septembre de la
revue Pediatrics – éditée par l’American Academy of Pediatrics (AAP) – d’une mise en garde des spécialistes.
«Les
adolescents américains manquent de sommeil et c’est surtout parce que
la classe commence trop tôt», écrivent-ils, tout en prévenant que les
risques sont importants en cas de manque de sommeil: problèmes
d’attention, risques d’addiction, dépression. Mais pas seulement. Car
«les adolescents qui ne dorment pas assez ont un risque accru» de
surpoids une fois devenus adultes, commente le site du magazine Top Santé. Ce sont les chercheurs de la Mailman School of Public Health de l’Université de Columbia
qui l’ont découvert en étudiant «les données médicales de 10 000
Américains âgés de 16 à 21 ans ayant participé à une étude nationale
entre 1995 et 2001». Minimum 8,5 heures
Les résultats? «Un adolescent sur 5 ne dort que six heures par
nuit! Ce, alors que les pédiatres recommandent au moins deux heures de
plus: «Une bonne nuit de sommeil est non seulement bénéfique» pour la
concentration à l’école, mais elle permet aussi de devenir» un adulte
bien portant. Et cela ne suffit pas, selon l’étude: il est également
«important d’avoir des «habitudes de sommeil» en se couchant à la même
heure chaque soir et en se levant à la même heure chaque matin». A quoi
s’ajoutent les recommandations habituelles: «dîner léger, […] éviter la
caféine, la nicotine et l’alcool avant de se coucher et […] ne pas
somnoler devant un écran».
Dans le détail, la National Sleep Foundation
américaine suggère que les enfants de 5 à 10 ans dorment dix à onze
heures par jour, les ados de 10 à 17 ans 8,5 à 9,5 heures, et les
adultes entre sept et neuf heures. «Dans les faits, explique le Journal de Montréal,
beaucoup de jeunes n’y arrivent tout simplement pas et ont une hygiène
de sommeil déficiente»: «La fatigue est la première raison qui amène un
adolescent à nous consulter», affirme le Dr Richard Bélanger, pédiatre
et médecin de l’adolescence au CHU de Québec. «Certains jeunes ont des
programmes plus chargés que des ministres, dit-il, et ils ont
l’impression que le sommeil est du temps perdu. C’est pourtant une pause
essentielle pour le développement du cerveau; un déficit peut avoir des
conséquences Sus aux «energy drinks»!
Et surtout, surtout: il faut fuir comme la peste les boissons énergisantes, particulièrement après 16 heures, dit au Matin
de Lausanne la Dresse Anne-Emmanuelle Ambresin, qui dirige l’unité de
santé des adolescents du Centre hospitalier universitaire vaudois
(CHUV). Car, insiste-t-elle, «le sommeil est capital dans le
développement cérébral des jeunes adultes. A la puberté, les zones du
cortex préfrontal, qui contrôlent notamment l’impulsivité, sont en
pleine mutation, avec l’optimisation ou l’élimination de certains
chemins neuronaux.»
Il faut toutefois «préciser que les
adolescents ne sont pas des insomniaques. En fait, ils détestent aller
au lit et retardent donc, un maximum, l’heure de l’endormissement et,
c’est ainsi que, progressivement, certains troubles se créent.» Le portail nutrition et corpulence CalculerSonIMC
en fait un tour d’horizon. En fait, tout a débuté avec une étude
finlandaise qui mettait en avant une recherche menée sur plus de 1200
élèves âgés entre 10 et 11 ans. Elle démontrait «que les enfants qui
consomment un grand nombre de kilocalories sont ceux qui dorment le
moins et qui se sentent, par là même, fatigués dans la journée».
Avoir un rituel
L’optimisation du sommeil devrait donc être incluse,
selon les chercheurs, dans les principes éducatifs: «Pour cela, le mieux
est de préparer sa nuit avec un rituel particulier adapté à chacun. Une
nuit idéale doit s’étaler au minimum sur huit heures pour un
adolescent, avec un protocole d’endormissement nécessaire pour préparer
l’organisme à ce laps de temps. Lire, boire un verre de lait, une
tisane, manger léger, se brosser les dents, faire un bisou à ses
parents… sont autant de petits moments clés qui préparent
l’endormissement. Il est vital d’éloigner les mauvaises habitudes comme
celles de travailler sur son ordinateur, d’écouter une musique forte et
entraînante»…
Si «les raisons sont pour lesquelles les
adolescents manquent de sommeil» peuvent être nombreuses et apparemment
valables comme «les devoirs scolaires, les activités extrascolaires ou
les petits boulots» d’après-cours», énumère le site Medscape,
à cela s’ajoutent en effet les calamités technologiques: «Regarder des
films sur ordinateur, tchatter, envoyer des SMS, faire des jeux en
ligne, écouter de la musique… toutes ces activités stimulantes et
addictives (consommées parfois à l’insu des parents) font une rude
concurrence au sommeil.»
Une étude américaine montre que
21 heures passées, pendant que leurs parents regardent la télévision,
34% des adolescents envoient des SMS, 44% parlent au téléphone, 55% sont
en ligne, 24% jouent à des jeux vidéo. Bonne nuit quand même, les
petits. 21 août 2014, par Pierre Barthélémy http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8ba088a4-38ba-11e4-8c03-d377f99f2a56|1
Pourquoi un Chinois sur deux naît par césarienne
C'est l'ivresse des grands nombres : en 2010, 8
millions de bébés chinois sont nés par césarienne. Soit un sur deux. Un
taux à comparer avec les 21 % enregistrés en France, déjà considérés comme relativement élevés et qui font suspecter des abus. Pour mieux saisir l'ampleur du phénomène, poursuivons avec d'autres chiffres publiés mercredi 20 août dans une étude parue dans le British Journal of Obstetrics and Gynaecology(BJOG). Très
bas dans les années 1980, le taux de césariennes en Chine a explosé
avec le développement économique du pays, passant de 3 % en 1988 à 39 %
en 2008 et à 52 % deux ans plus tard ! Au point que des chercheurs de
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont, en 2010, pu parler d'une "épidémie" de césariennes
dans certaines régions du monde, dont la Chine. Dès 1985, l'OMS a
d'ailleurs expliqué que rien, sur le plan médical, ne justifiait de dépasser un taux de naissances par césarienne supérieur à 10-15 %. Pour en terminer avec les chiffres chinois, ajoutons
qu'on note une nette différence entre villes et campagnes mais que,
même en milieu rural, un tiers des venues au monde se font suite à cette
opération (un taux comparable à celui des Etats-Unis). En milieu
urbain, le taux se situait en 2010 à 57 % (après un pic à 64 % en 2008).
Pour la seule ville de Shanghai, on a, toujours en 2010, enregistré 107
330 naissances par césarienne, soit exactement 60 % du nombre de
naissances par césarienne pour toute la France la même année...
Au-delà des chiffres, l'étude du BJOG tente
d'identifier les causes de ce phénomène de très grande ampleur. La
première explication qui vient est aussi la plus simple, presque une
lapalissade. Si la Chine connaît une explosion de cet acte chirurgical,
c'est d'abord parce que les femmes accouchent beaucoup plus à l'hôpital
qu'il y a quelques décennies. L'article indique notamment que la
proportion des naissances en milieu hospitalier est passée de 54 % en
1993 à 82 % en 2002 et qu'aujourd'hui rares sont les accouchements à la
maison. Ce mouvement a été renforcé par l'urbanisation galopante que vit
le pays, lequel comptait en 2010 50 % de citadins contre seulement 20 %
trente ans auparavant. Une autre série de causes, moins évidentes, est liée
au fonctionnement du système de santé. Même si, en raison de la
politique de l'enfant unique, la Chine a vu en un demi-siècle son taux
de fécondité chuter énormément pour arriver à 1,6 enfant par femme de
nos jours, il n'en reste pas moins qu'en raison de la population
gigantesque du pays (presque 1,4 milliard d'habitants), le volume total
d'accouchement à "gérer" chaque année reste élevé : 16 millions de bébés
annuels représentent 44 000 naissances par jour. Or le système a bien
du mal à suivre le rythme car, pour 1 000 habitants, le nombre de
médecins, d'infirmiers et de sages-femmes est trois fois moins élevé en
Chine que dans des pays comme la France, le Royaume-Uni ou les
Etats-Unis. De plus, toujours à cause de la politique de l'enfant
unique, ce sont surtout des primipares qui accouchent dans l'Empire du
Milieu, lesquelles nécessitent en moyenne un nombre d'heures de soins
nettement plus important que les femmes ayant déjà donné la vie... Les
hôpitaux sont donc engorgés et une solution gestionnaire consiste à
viser la rapidité et l'efficacité, donc à opter pour une opération
chirurgicale qui se programme et dure une demi-heure. Un autre effet "pervers" du système est lié à
l'argent. Les revenus que perçoivent les hôpitaux et les médecins pour
un accouchement par césarienne sont plus élevés que pour un accouchement
par voie basse. L'étude du BJOG précise également que le corps
médical, souvent visé par des recours en justice lorsque les choses
tournent mal – recours qui se soldent souvent par des compensations
financières –, est sans doute aussi tenté de jouer l'ultra-prudence, la
sécurité au moindre risque et de choisir l'opération pour échapper à un
accouchement compliqué. Enfin, toujours dans les raisons liées à
l'argent, on trouve la couverture sociale, meilleure en cas de
césarienne pour les femmes vivant à la campagne. Enfin, dans liste des causes expliquant pourquoi la
Chine atteint un taux aussi gigantesque de césariennes, on trouve un
effet psychologique et social directement issu de la politique de
l'enfant unique. La pression de la famille (et de la belle-famille)
étant importante, cette naissance unique doit être une naissance
parfaite. La césarienne est, dans ce cadre, devenue la norme moderne de
l'accouchement : elle est perçue comme plus efficace, moins douloureuse
pour les femmes et aussi comme moins dangereuse même si, sur ce point,
les statistiques montrent au contraire que, pour la mère, les risques
sont au moins trois fois plus élevés que pour un accouchement par les
voies naturelles. Mais il y a aussi des risques à long terme et, selon l'étude du BJOG,
c'est là que le taux extravagant de césariennes en Chine pourrait se
retourner contre les femmes et le système de santé. Une césarienne n'est
pas un acte banal, anodin. Il s'agit d'une véritable intervention
chirurgicale dont la principale séquelle est une cicatrice dans la paroi
de l'utérus. Celle-ci peut s'avérer une véritable faiblesse par la suite,
notamment si une autre grossesse intervient. La cicatrice peut lâcher
lors du travail (risque qui justifie souvent le recours à une autre
césarienne), causer des problèmes d'implantation du placenta, entraîner
des hémorragies ou des hystérectomies d'urgence. Tant que l'on n'a qu'un
seul bébé, ce qui est souvent le cas en Chine, cela ne prête pas
vraiment à conséquence. Mais, indique l'article du BJOG, avec l'assouplissement de la politique de l'enfant unique qui a été décidé fin 2013, tous ces risques pourraient subitement resurgir... L'étude conclut laconiquement qu'"avec des césariennes répétées, l'actuelle balance bénéfice-risque changera". Un
euphémisme pour dire qu'après une épidémie de césariennes, on pourrait
assister en Chine à une épidémie de problèmes gynécologiques.
Il y a trois siècles aux Etats-Unis, Thomas Jefferson travaillait debout à son bureau. La mode revient dans le pays, où de plus en plus d'experts s'alarment : rester
assis au bureau toute la journée nuit gravement à la santé. Douleurs au
dos, dégénérescence musculaire, maladies cardiaques, diabète, cancer du colon et même décès prématuré sont quelques-uns des risques qu'encourt le travailleur sédentaire.
DE TRÈS NOMBREUX SÉDENTAIRES « Nous sommes une société qui s'avachit. On est assis
avachi la plupart du temps au bureau et quand on rentre à la maison, on
s'avachit sur le canapé devant la télévision. La combinaison peut être mortelle », assure Rob Danoff, médecin et membre de l'Association des ostéopathes américains (AOA).
Selon l'Institut américain de la santé, un adulte américain passe en moyenne 7,7 heures par jour sans bouger, et 70 % des employés de bureau passent plus de cinq heures par jour assis à leur bureau.
Une autre étude publiée dans The Archives of Internal Medecine montre
une augmentation de 15 % de risque de décès prématuré pour les
personnes restant assises 8 heures par jour, par rapport à celles
assises moins de 4 heures par jour. Ce risque augmente à 40 % pour les
plus statiques, restant assis 11 heures par jour en moyenne.
BUREAUX SURÉLEVÉS
En conséquence, l'Association médicale américaine a publié en 2013 une recommandation appelant « employeurs et employés à trouver des alternatives à la position assise, comme les bureaux en hauteur et les sièges ballons ».
Le message commence à passer. En 2012, le magazineWiredconseillait par exemple à ses lecteurs d'utiliser de tels « standing desks » pour avoir une meilleure santé.
En Californie, des entrepriseshigh-tech comme Google et Facebook en ont installés plusieurs dizaines dans leurs locaux (voirici et là des exemples de bureaux en hauteur utilisés au siège de Facebook à Menlo Park). Ceci pour que les utilisateurs d'ordinateurs puissent aussi se tenir debout quelques heures par jour, tout en continuant à travailler. UN MARCHÉ EN EXPANSION
Ces bureaux « sont connus depuis une vingtaine d'années en Europe, mais aux Etats-Unis, on trouvait ça bête. J'ai vu un énorme changement » en
2013, indique le PDG d'une société sise dans l'Illinois, au nord des
Etats-Unis, qui conçoit et vend de tels espaces de travail. Selon lui,
les ventes de bureaux surélevéspar son entreprise ont augmenté de 50 % en un an.
A Washington, la fondatrice de l'entreprise Rebel Desk explique également à l'AFP en vendre
de plus en plus à des avocats, professeurs d'université ou
professionnels de santé. Certains modèles des bureaux vendus par la
sociétésont même assortis de tapis roulants pour encore plus d'exercice physique.
Une option qui n'est pas du goût de tout le monde : certains journalistes de Business Insider (dans un test à voir ci-dessous) expliquent avoir du mal à écrire, à utiliser leur souris, et être trop distraits par le fait de devoirmarcher en écrivant.
Avec ou sans tapis roulant, le marché est florissant, avec de nombreux modèles existants, parfois très chers. Business Week a testé une dizaine de standing desks, dont certains peuvent rapidement passer de la position assise à la position debout, coûtant entre 500 et 4 500 dollars.
Dans un article sur la question, le New York Times signale toutefois des sites expliquant comment fabriquer le sien pour quelques dizaines de dollars. Par exemple en bricolant soi-même ses meubles Ikea. « JE SUIS PLUS ACTIF »
En parallèle, les témoignages enthousiastes de travailleurs se sont multipliés. Les employés du magazine Forbesont été rapidement conquis par le fait de pouvoiralterner entre la position debout et la position assise au bureau, grâce à la mise en place de quelquesbureaux adaptés dans leur open space.
Sur son blog, un professeur de l'université de Columbia, qui a testé plusieurs modèles, indique avoir rapidement oublié le fait qu'il devait s'asseoir pour travailler, et parle de résultats très favorables en ce qui concerne ses problèmes de dos. Le site ReadWrite affirme même que les standing desks augmentent la productivité, permettant aux employés d'être davantage stimulés intellectuellement.
Un employé de 34 ans, travaillant dans une
start-up à Washington, qui a récemment adopté un bureau modulable même
s'il est en excellente santé, a expliqué à l'AFP :
« C'est à titre préventif, je veux rester en forme et actif quand je travaille. Je suis plus actif physiquement, et donc mentalement plus actif, et plus productif. Mais il faut avoir l'écran à la bonne hauteur, avec les bras perpendiculaires au corps (...) et quand je suis fatigué, je m'assois. »
« NE PAS ALLER D'UN EXTRÊME À L'AUTRE »
Face à cette vague, certains, comme la fondatrice de l'entreprise Rebel Desk, insistent toutefois une nécessaire « diversification », pour éviter également une trop grande fatigue liée à la position debout.
« On reste debout, on marche, et quand on en ressent le
besoin, on s'assoit, on prend une pause. Nous encourageons nos clients à
penser que s'asseoir, c'est prendre une pause. »
L'osthéopathe Rob Danoff donne les mêmes conseils :
« Nous ne sommes pas faits pour être assis toute la journée, nous ne sommes pas faits non plus pour être toujours debouts. Il ne faut pas aller d'un extrême à l'autre. »
L’ingestion de doses croissantes chez l’enfant améliore de 90% les symptômes allergiques.(123rf)
Le régime d’éviction des aliments allergènes est remis en question.
Des chercheurs français préconisent leur réintroduction progressive
pour augmenter leur tolérance.
Faut-il, en allergologie comme ailleurs, lutter contre
l’exclusion? Longtemps, les régimes d’éviction ont été à la base de la
prise en charge des allergies alimentaires. Mais la donne est en train
de changer, comme l’ont expliqué des spécialistes lors d’une conférence
de presse dans le cadre du 9e congrès francophone d’allergologie, qui
s’est tenu du 15 au 18 avril à Paris. Qu’il s’agisse par exemple
d’allergie à l’œuf ou à l’arachide, certains patients peuvent désormais
bénéficier de protocoles dits «de tolérance alimentaire». Principal
objectif: apprendre à l’organisme à tolérer l’aliment allergisant, au
moins en faible quantité, pour limiter les risques de réaction sévère
lors d’une exposition accidentelle.
C’est le cas par
exemple pour les allergies à l’arachide. Loin d’être exceptionnelles
(elles concernent 1 à 1,5% de la population en Amérique du Nord et en
Grande-Bretagne, 0,3 à 0,75% en France), ce sont les plus sévères des
allergies alimentaires. L’absorption d’une quantité infinitésimale de
cette légumineuse, «cachée» dans un plat, peut entraîner une réaction
violente, qui peut aller jusqu’à un choc anaphylactique mettant en jeu
le pronostic vital.
Pour ces patients et leur entourage,
les régimes d’exclusion sont extrêmement contraignants, stressants, et
pénalisants dans la vie sociale. En outre, un «régime d’éviction peut
parfois aggraver la situation en diminuant le seuil de réactivité»,
souligne le professeur Benoît Wallaert, président de la Société
française d’allergologie. En clair, en tentant d’éliminer totalement
l’arachide de son alimentation, un allergique peut y devenir encore plus
sensible.
Le protocole de tolérance peut être réalisé
par voie orale, après avoir déterminé le seuil de réactivité de la
personne à cet allergène. Il est proposé dans certaines conditions, à
des adultes et à des enfants âgés de plus de 4 ans. Dans la première
phase, qui peut durer plusieurs mois, il s’agit d’ingérer des doses très
progressivement croissantes d’arachide. Le taux de succès est de plus
de 90%, selon les résultats de deux équipes françaises. Des médecins
lillois ont ainsi observé une amélioration chez 98,5% des patients, et
deux tiers ont doublé leur seuil réactogène à l’arachide. La deuxième
phase, qui dure de plusieurs mois à plusieurs années, a pour but de
maintenir la tolérance alimentaire acquise.
Les migrants tunisiens à Lampedusa.
«Globalement, seul le 3% de la population mondiale vit en dehors de chez elle», relève Catherine Wihtol de Wenden.
(Tony Gentile/Reuters)
Quel est le profil du migrant au XXIe siècle? L’ouverture des
frontières serait bénéfique pour tous, selon Catherine Wihtol de Wenden
Faut-il ouvrir les frontières? En quinze ans,
Catherine Wihtol de Wenden n’a pas changé d’avis là-dessus. Au
contraire: directrice de recherche au Centre d’études et de recherches
internationales de Sciences Po à Paris, ancienne consultante pour
diverses organisations internationales, la spécialiste des migrations
est encore plus critique aujourd’hui, en publiant une édition
entièrement remaniée de l’ouvrage qui porte ce titre, que lors de la
première parution en 1999. Si la chercheuse persiste à déconstruire le
bien-fondé des frontières, c’est parce que les études scientifiques
continuent d’apporter la même réponse: le régime de fermeture actuel est
non seulement coûteux en termes de vies humaines et de droits de
l’homme, il est également inefficace, financièrement onéreux et
dommageable pour les économies concernées. Un sanglant placebo… Le Temps: Quel est le profil actuel du migrant? Catherine Wihtol de Wenden: C’est quelqu’un
qui a des ressources, contrairement à ce qu’on pense: il a des relations
et un petit pécule, fruit d’une épargne patiemment accumulée pour payer
le voyage en situation irrégulière ou pour se maintenir une fois qu’il
est entré régulièrement sur le territoire. C’est souvent un urbain,
scolarisé, qui considère que son bagage lui permet d’accéder à un
emploi, même déqualifié, dans le pays d’accueil. Il (ou elle, car les
nouvelles migrations comptent à peu près autant de femmes que d’hommes)
est persuadé que s’il a eu la malchance de naître dans un pays pauvre et
mal gouverné, ce n’est pas une fatalité. Sa démarche est volontaire: le
migrant part aujourd’hui avec l’impression de vivre une odyssée
moderne, une grande aventure. Ce n’est plus, comme autrefois, le paysan
illettré qu’une entreprise venait chercher et qui subissait son
acclimatation au pays d’accueil. – Vous expliquez que le projet migratoire est remplacé par le projet de la mobilité comme mode de vie…
– Sur la rive sud de la Méditerranée, il y a beaucoup de gens qui
n’aspirent pas à vivre indéfiniment au Nord, mais qui voudraient faire
leur vie sur les deux rives, avec des commerces ou d’autres activités.
L’aspiration, c’est de circuler, s’installer dans la mobilité.
Vous insistez sur la notion de «gagnant gagnant gagnant»…
– Ce n’est pas moi qui insiste, ce sont les
organisations internationales, le Forum mondial sur la migration et le
développement, le Dialogue de haut niveau des Nations unies sur les
migrations internationales et le développement… Les jeunes hommes, âgés
de 18 à 35 ans, morts aux portes de l’Europe alors qu’ils étaient en
bonne santé, souvent diplômés, prêts à travailler chez nous,
représentent non seulement une tragédie, mais aussi un gâchis. On peut,
au contraire, se réjouir de la mobilité, en profiter comme d’une
opportunité: c’est un bien public mondial. A l’individu qui migre, elle
permet de construire un projet. Le pays de départ bénéficie des
transferts de fonds: 400 milliards de dollars envoyés par les migrants
en 2012, c’est trois fois l’aide publique au développement. Le pays
d’accueil y trouve son compte en termes de rééquilibrage de la pyramide
des âges et de satisfaction du marché du travail dans des domaines tels
que la médecine de campagne, les vendanges, la garde des personnes
âgées… Toutes les études scientifiques sur l’analyse coûts/avantages de
l’immigration montrent qu’en tenant compte de tous les paramètres, y
compris l’aide sociale et la santé, la migration rapporte plus qu’elle
ne coûte. – Malgré les obstacles, vous écrivez que «seule l’aspiration à partir ou à rester régule les flux».
– Depuis trente ans, on a adopté une stratégie, aussi
coûteuse financièrement qu’inefficace, de dissuasion et de répression.
La répression est là, mais la dissuasion non, puisque la migration
augmente. Si on bloque les frontières ici, elles s’ouvrent là-bas. Si
les gens ne peuvent passer par la Méditerranée, ils passent par la
Turquie: les voies sont infinies. – Depuis plusieurs décennies, on vit avec le fantasme d’une invasion des peuples du Sud vers le Nord.
– En France, les gens se voient envahis par les
Africains parce qu’ils les rencontrent dans le métro et que 40% des
étrangers présents dans le pays sont en région parisienne. Mais
globalement, seul le 3% de la population mondiale vit en dehors de chez
elle: c’est très peu. Le thème de l’immigration est exploité par des
partis d’extrême droite pour mobiliser l’électorat autour des
thématiques traditionnelles du nationalisme et des identités. C’est
facile de s’inventer un ennemi, surtout quand il ne vote pas – et
malheureusement, ça marche assez bien… Il y a des peurs légitimes en
termes de redéfinition du vivre-ensemble à l’ère de la mondialisation.
On a peur des choses qu’on ne maîtrise pas et on se convainc qu’il est
plus facile de maîtriser les frontières que de vivre dans une société
mondialisée. La société cosmopolite existe en ville, elle est plus
difficilement vécue à la campagne, c’est un défi qui n’est pas facile:
beaucoup de gens préfèrent faire l’autruche que l’affronter. D’un autre
côté, on vit en permanence d’exotisme, d’emprunts au monde entier. Et
les sociétés qui n’évoluent pas sont des sociétés qui meurent. La
migration est un des éléments de l’évolution. – Alors, faut-il ouvrir les frontières?
– Il y a des tas d’endroits où on pourrait ouvrir les
frontières sans aucun coût en termes de changement. Il faut réfléchir
aux formes d’entrouverture à l’échelle régionale pour accompagner des
mobilités qui existent déjà, notamment entre la rive nord et la rive sud
de la Méditerranée. Ça développerait les deux rives, le Nord aussi: il y
a des villes comme Marseille qui sont fortement en crise depuis
l’instauration des visas… On serait complètement gagnant en accompagnant
cette mobilité.
«Faut-il ouvrir les frontières?», Catherine Wihtol de Wenden, Presses de Sciences Po, 98 p.http://letemps.ch/Page/Uuid/efce47c4-ad34-11e3-8440-67a1961e730b/La_migration_est_un_bien_public_mondial 12 décembre 2012 - « Diplomatie et santé » - Présentation du projet de résolution par M. Gérard Araud, Représentant permanent de la France auprès des Nations unies - FRANCE ONU
12 décembre 2012 - « Diplomatie et santé » - Présentation du projet de résolution par M. Gérard Araud, Représentant permanent de la France auprès des Nations unies
Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de présenter le projet de résolution A/67/L.36, sous le point 123 de l’ordre du jour, « Santé mondiale et politique étrangère », au nom des sept membres du Groupe « Diplomatie et santé », à savoir l’Afrique du Sud, le Brésil, la France, l’Indonésie, la Norvège, le Sénégal et la Thaïlande.
Je remercie le Secrétaire général pour le rapport 67/377, élaboré en collaboration avec le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en application de la résolution 66/115 du 12 décembre 2011.
Monsieur le Président,
Depuis 2007, l’initiative « Santé mondiale et politique étrangère » vise à renforcer la place de la santé dans les priorités de la communauté internationale, ainsi qu’à promouvoir la prise en compte des enjeux de santé mondiale dans l’élaboration des politiques étrangères. A cet effet, chaque année notre Groupe présente un projet de résolution sur de nouvelles problématiques sanitaires mondiales.
Pour cette 67ème session de l’Assemblée générale, nous introduisons le thème de la couverture sanitaire universelle, en raison de son impact structurant pour améliorer le niveau de santé mondiale, lutter efficacement contre la pauvreté et promouvoir le développement durable. Un constat, tout d’abord. Malgré les progrès réalisés, de nombreux efforts restent à accomplir pour atteindre les trois objectifs du millénaire pour le développement dans le domaine de la santé. Outre ces enjeux persistants, la communauté internationale s’est saisie de la question des maladies non transmissibles, qui affectent désormais tous les pays.
Or, un milliard de personnes n’ont pas accès aux services de santé quand elles en ont besoin, compromettant ainsi l’efficacité de nos efforts pour améliorer la santé mondiale. Pour répondre à ces défis, la couverture sanitaire universelle est un objectif englobant, inclusif et dynamique. Englobant, car la couverture sanitaire universelle contribue à améliorer l’accès des populations aux services de santé dont elles ont besoin, y compris les services de santé maternelle et infantile, de santé sexuelle et reproductive, de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme, ainsi que de prévention des maladies non transmissibles.
En renforçant les systèmes de santé selon une approche transversale, la couverture sanitaire universelle contribue à la réalisation des objectifs spécifiques. C’est pourquoi elle est promue par l’initiative du Secrétaire général pour la santé de la femme et de l’enfant. Ces deux logiques (horizontale et verticale) sont complémentaires. Inclusif, car la couverture sanitaire universelle contribue à l’équité et à la réduction de la pauvreté.
L’OMS estime que 100 millions de personnes tombent chaque année sous le seuil de pauvreté en raison d’une maladie ou de dépenses de santé.
La couverture sanitaire universelle implique que chacun puisse bénéficier des services de santé dont il a besoin, y compris un accès aux médicaments, sans s’exposer à un risque d’appauvrissement. Le projet est articulé autour de ces deux formes de protection : accès aux services de santé et protection financière. Dynamique, car l’objectif est d’évoluer vers une couverture universelle de la population, des services et des dépenses de santé.
Le projet de résolution reconnaît l’urgence de ce processus. Mais il n’impose aucun modèle, le choix d’un système de financement se faisant en fonction du contexte de chaque pays. Il invite à renforcer la coopération entre les Etats pour favoriser la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle. Objectif englobant, inclusif et dynamique, la couverture sanitaire universelle semble particulièrement adaptée à l’agenda post-2015.
La Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio +20) a marqué le rôle clé de la protection sociale pour lutter contre la pauvreté. Elle a reconnu le rôle central de la santé comme pré-condition, conséquence et indicateur des trois dimensions du développement durable. Le projet de résolution invite les Etats à adopter des politiques plurisectorielles pour réduire les inégalités et favoriser le développement durable.
Le projet prévoit des actions de suivi dans le cadre des discussions sur l’agenda post-2015 pour le développement, du Conseil économique et social en 2013 et de l’Assemblée générale. Il s’inscrit dans le prolongement des travaux sur la couverture sanitaire universelle de l’Assemblée mondiale de la santé et des conférences régionales tenues cette année à Bangkok, Mexico et Tunis, qui témoignent de l’intérêt croissant pour ce sujet.
Monsieur le Président,
Le projet de résolution intitulé « santé mondiale et politique étrangère » est le cinquième sur la question depuis 2008. Il demande aux Etats de continuer à tenir compte des questions de santé dans la formulation de la politique étrangère.
Je remercie toutes les délégations qui ont participé aux consultations et parrainé ce projet.
Je vous remercie.
Pour en savoir plus l’action de l’ONU en matière de santé.
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