Après un échec en fac de médecine, que sont-ils devenus ?
Très
sélective, la première année commune aux études de santé (Paces) oblige
certains à se réorienter dès le deuxième semestre. Paroles d’anciens
aspirants médecins qui ont changé de voie.
LE MONDE
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Par Séverin Graveleau
Claire se souvient « du coup de massue sur la tête [et] la sensation de vide extrême » quand, après une année et demie en fac de médecine, elle a appris son échec. Ils sont des dizaines de milliers d’étudiants, chaque année, dans cette situation : un bachelier qui entre en première année commune aux études de santé (Paces) a seulement 20 % de chances de réussir le concours en un an, et à peine 40 % en deux ans.
Certains doivent renoncer dès la fin janvier, quand les résultats du premier semestre rendent illusoire l’espoir de décrocher une place dans l’une des filières médicales, ou paramédicales, proposées dans leur université. Et pour ces étudiants qui ont souvent énormément travaillé, le changement de voie doit se faire à marche forcée.Université et filières paramédicales
« L’échec à encaisser et le peu de temps pour faire des démarches [de réorientation] ne sont pas du tout propices à une bonne réflexion », explique Paul, 23 ans, en deuxième année de licence « Sciences du vivant » à Paris après deux échecs en Paces. Comme d’autres anciens ayant répondu à notre appel à témoignages sur lemonde.fr, il a regretté le manque d’accompagnement dans cette période charnière : « 80 % des étudiants échouent et rien n’est mis en place pour les réorienter ».Un constat à relativiser : depuis la réforme de la Paces en 2010, les 15 % d’étudiants les moins bien classés peuvent, voire sont obligés, dans certaines facs, de se réorienter à l’issue du premier semestre. Cela contraint les universités à informer les élèves dès le début de l’année, et à mettre en place passerelles et autre « semestre rebond » permettant de bifurquer, selon ses résultats, vers une première ou une deuxième année dans une autre filière. En dehors de l’université, des passerelles avec les écoles de soins infirmiers, voire même des écoles d’ingénieurs, se sont développées.
Linda Cormenier, chargée d’orientation et d’insertion professionnelle à l’université de Poitiers, distingue trois profils : « Ceux qui étaient en Paces car ils apprécient les sciences » auront tendance à se réorienter vers les études de biologie ou de physique. « Ceux qui voulaient aider les autres, dans une démarche de soin », vont vers la psychologie ou les formations paramédicales. Enfin ceux qui « étaient dans cette filière plus pour le prestige ou le métier libéral » peuvent préférer le droit.
La moitié des réorientations à l’université
Qu’en est-il concrètement ? Sollicités, les ministères de la santé et de l’enseignement supérieur ne sont pas en mesure de fournir des données récentes. Selon une note portant sur les étudiants entrés en Paces en 2010, deux ans après, la moitié de ceux ayant échoué s’était réorientée à l’université, principalement dans des filières scientifiques (28 %), en sciences humaines et lettres (6 %, dont beaucoup en psychologie), en droit (5 %) ; et seulement 5 % des autres réorientations étaient connues, vers des classes prépas, BTS, école de commerce, école d’ingénieurs…Rien sur le paramédical, mais une étude du ministère de la santé de 2016 montre que 5,5 % des entrants en Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) sont issus d’une Paces, tout comme 48 % des entrants en Instituts de formation en masso-kinésithérapie (certains d’entre eux ne recrutant qu’après une Paces), 10 % des apprentis podologues, 20 % des manipulateurs radio ou des ergothérapeutes, etc. Il n’empêche : les universités interrogées par Le Monde estiment à environ 30 % le pourcentage d’étudiants dont il n’est pas possible de connaître le parcours après la Paces.
Pour Claire, l’étudiante bordelaise citée plus haut, la seule réorientation qui lui « donnait vraiment envie était la passerelle en licence de biologie ». L’occasion de découvrir « avec quelques amis aussi rescapés de Paces » un nouvel environnement, celui de la fac, « sans compétition, avec du temps pour apprécier ce qu’on apprend, une promotion de personnes qui voulaient rattraper tout le temps perdu, sympathiser, sortir, boire un verre, etc. » Elle est actuellement en master enseignement (MEEF) pour devenir professeur de SVT.
Quand les étudiants peinent à faire le deuil du métier auquel ils rêvaient depuis longtemps, la solution réside parfois dans la rupture. Dans « une voie fondamentalement différente, pour construire quelque chose, ailleurs, qui n’alimente pas la rancœur ou la tristesse de ne pas “en” être », commente le pédopsychiatre Patrice Huerre. C’est une question de fierté aussi. « Infirmière ? Impossible pour moi, illustre ainsi Laurie, toulousaine de 20 ans. L’idée d’être dirigée par des gens qui avaient réussi là où j’avais échoué m’était impossible. » Elle est aujourd’hui une étudiante heureuse de fac d’histoire et souhaite un jour enseigner, une « façon d’aider les gens comme pourrait le faire à une autre échelle le médecin ».
Lire aussi :
Comment se réorienter après un échec au premier semestre des études de médecine (PACES) ?
Anne, 22 ans, en troisième année de psychologie après avoir « raté sage-femme de cinq places » lorsqu’elle était en Paces, a ainsi découvert que « la fac de psycho n’est pas pour les glandeurs » : elle est classée 25e de la fac, avec 12/20 de moyenne. Elle aimerait poursuivre en master thérapies cognitives et comportementales « pour aider les femmes enceintes et les couples ».Des étudiants plutôt bien accueillis
Paroles de conseillers en orientation, les anciens étudiants de Paces sont « plutôt bien accueillis » dans les filières où ils se réorientent. Anciens bons élèves de terminale scientifique pour la majorité, ils ont en plus « acquis une capacité et une autonomie de travail incroyable. Nous leur rappelons toujours que, rien que pour cela, ce n’est pas une année perdue », commente Adeline Alves de Sousa, psychologue de l’orientation à Angers au sein de Pluripass. Lancé en 2015, ce dispositif qui remplace la Paces associe préparation au concours et passerelles, pour ne pas « perdre » d’année en cas d’échec. Ici, comme ailleurs, les étudiants se réorientent d’abord en SVT, en psychologie, en maths-physique et en droit.« Les étudiants de Paces peuvent avoir du mal à s’adapter à une licence », tempère Frédéric Dardel, le président de l’université Paris-Descartes. QCM, apprentissage par cœur, etc. : « le mode de travail déstructurant » de la Paces nécessite une réadaptation, précise-t-il. Entre autres à travers le « semestre rebond » proposé par son université depuis plusieurs années.
Parmi les éléments entrant dans la balance au moment de la réorientation, et dans le choix d’une filière bien différente, la pression familiale joue aussi parfois. « Coût de la formation, déplacement pour me chercher à la BU à minuit, etc. (…) J’avais quelque peu honte d’avoir fait endurer tant de choses à mes parents pour au final ne pas les rendre fiers », raconte ainsi Alex, Parisien de 21 ans. Lui s’est ainsi orienté vers une école de commerce, quand d’autres ont choisi une école d’ingénieurs, certaines permettant de s’y réorienter dès le début du second semestre. Pour les étudiants qui « ratent » médecine, l’horizon des possibles ne cesse de s’agrandir.
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Séverin Graveleau
Journaliste au Monde
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/02/06/apres-un-echec-en-fac-de-medecine-que-sont-ils-devenus_5075102_4401467.html#YvchIQ247X5svIBp.99
"Certaines facultés de médecine sont en danger"
Publié le
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Belgique Maxime Mori, président de la Fef, s’inquiète des conséquences de l’examen d’entrée.
La semaine dernière, le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles avait hésité :
fallait-il organiser l’examen d’entrée à l’entame des études de
médecine et dentisterie en une session ou en deux sessions ? Ce
week-end, le ministre de l’Enseignement supérieur Jean-Caude Marcourt
(PS) a annoncé sur la RTBF que le gouvernement avait cette fois tranché :
l’examen d’entrée se déroulera en une session, et au début du mois de
septembre. Son avant-projet de décret a dès lors été adopté par le
gouvernement.
Les organisations étudiantes regretteront ce choix qu’elles ne soutenaient pas. Pour elles, il en va d’une décision "inhumaine".
Elles déplorent le fait que cela ne laissera qu’une seule chance aux
étudiants, mais aussi le fait que les étudiants qui réussiront l’examen
bénéficieront de peu de temps pour effectuer les démarches nécessaires à
leur entrée à l’université.
Un financement sur la base de quotas
Derrière cette polémique, s’en cache pourtant une autre,
explique avec inquiétude Maxime Mori, le président de la Fef, la
Fédération des étudiants francophones.Ce qu’évoque Maxime Mori, ce sont des articles contenus dans l’avant-projet de décret qui redéfinissent le mode de financement des facultés de médecine.
En réalité, ces facultés ne seront plus financées au prorata d’étudiants inscrits, mais sur la base de quotas. Chacune des facultés recevra un pourcentage défini des financements. Pour la Fef, "ce mécanisme de financement par quotas est la preuve que derrière cet examen se cache un concours déguisé", puisque cela "poussera les universités à réduire le nombre d’étudiants inscrits dans un cursus de médecine ou de dentisterie pour respecter la clé de financement".
Mons et Namur en danger ?
Mais la Fef va plus loin en redoutant que les facultés de
Mons et de Namur, qui ne forment que des bacheliers, subissent un
définancement plus important encore, ce qui mettrait en péril leur
viabilité.Pour la Fef en effet, cette clé de répartition en pourcentage du financement "n’est pas en phase avec la réalité". Namur a par exemple le plus grand nombre d’étudiants engagés dans le bachelier en médecine, mais ne bénéficie pas pour autant de la plus grande clé de répartition. "Les conséquences concrètes peuvent donc être une diminution du financement par étudiant."
Pour Maxime Mori, cet avant-projet de décret constitue "une nouvelle attaque qui conduira à aggraver les conditions d’études, mais aussi la pénurie de praticiens déjà avérée. De cette manière, le gouvernement PS-CDH se rend complice d’une politique fédérale plaçant la santé des patients derrière des objectifs budgétaires. De plus, conclut Maxime Mori, la mise en danger de l’offre de formation dans les universités incomplètes va à l’encontre de la déclaration de politique communautaire qui veut élaborer plus d’offres de formation dans ces différentes zones géographiques".
Etudes de médecine: davantage de numéros Inami pour les francophones en 2020
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Politique belge
La ministre fédérale de la Santé Maggie De Block (Open Vld) a
réalisé de nouveaux calculs pour établir le nombre d'étudiants
surnuméraires en médecine. En tenant compte des étudiants étrangers qui
retourneront dans leur pays d'origine à l'issue de leurs études, le
lissage négatif sera de 1.355 numéros Inami en 2020, contre 3.167
précédemment.
Ce sont ainsi 1.812 étudiants francophones supplémentaires qui auront accès à la profession, écrit Le Soir lundi. Mme De Block déplore que le ministre francophone de l'Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt (PS) ait autant tergiversé pour se décider à instaurer un examen d'entrée en médecine.
"S'il avait opté pour cette solution dès le départ, il n'y aurait pas eu d'arrêt du Conseil d'Etat cassant son filtre. En attendant, on a perdu deux ans et plusieurs centaines d'étudiants viendront gonfler le futur processus de lissage", déclare la ministre.
Ce sont ainsi 1.812 étudiants francophones supplémentaires qui auront accès à la profession, écrit Le Soir lundi. Mme De Block déplore que le ministre francophone de l'Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt (PS) ait autant tergiversé pour se décider à instaurer un examen d'entrée en médecine.
"S'il avait opté pour cette solution dès le départ, il n'y aurait pas eu d'arrêt du Conseil d'Etat cassant son filtre. En attendant, on a perdu deux ans et plusieurs centaines d'étudiants viendront gonfler le futur processus de lissage", déclare la ministre.
Médecine : les stratégies des étudiants pour contourner le « numerus clausus »
Alors
que les facultés sont bondées en première année, un nombre croissant de
jeunes tentent leur chance dans d’autres pays d’Europe aux universités
moins sélectives.
Le Monde.fr
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Par Eric Nunès
Dossier spécial études de santé. « Etudes médicales sans concours en France » : c’est sous ce slogan que devait avoir lieu, ce lundi 5 octobre, la rentrée au Centre libre d’enseignement supérieur international (Clesi), à Béziers. La formation, en dentaire et kinésithérapie, y coûte quelque 10 000 euros par an. Son succès comme sa pérennité sont très incertains mais sa promesse a de quoi tenter plus d’un des 50 000 étudiants inscrits, en cette rentrée, en première année commune aux études de santé (Paces).
Cette année de fac, qui donne accès aux études pour devenir médecin, dentiste, pharmacien, sage-femme et désormais masseur-kinésithérapeute – est une telle « machine à produire de l’échec », selon les mots de président du Syndicat des jeunes médecins généralistes, Théo Combes, qu’un nombre toujours plus important d’étudiants tâche de la contourner grâce aux accords de mobilité au sein de l’Union européenne.En 2015, le numerus clausus fixant le nombre d’admis en deuxième année de médecine a été fixé à 7 492 places. Le taux d’échec a dépassé les 77 %. « Une boucherie pédagogique », reconnaît Frédéric Dardel, président de l’université de Paris-V.
Pour le concours 2016, alors que les amphithéâtres de Paces, en cette rentrée, ne désemplissent pas, seulement 5 places supplémentaires ont été accordées pour toute la France en médecine, soit un total de 7 497. Et le numerus clausus stagne ou diminue en pharmacie (3 097), odontologie ou « dentaire » (1 198 places) comme en maïeutique (1 012 places). Qui plus est, il faut, cette année, soustraire plusieurs dizaines de places au concours classique, puisqu’elles seront attribuées d’office à une expérimentation d’admission parallèle d’étudiants titulaires d’une licence scientifique. La compétition pour accéder en deuxième année s’annonce donc encore plus âpre.
Sans restriction à la liberté d’installation, les déserts médicaux se sont développés
Pour échapper
à cette broyeuse de vocations, un nombre croissant d’aspirants
s’échappent de l’Hexagone. Direction des établissements moins sélectifs
et surtout membres de l’Union européenne, jusqu’à la fin du second cycle
(la sixième année), avant de revenir effectuer
leur internat en France. Deux cent quatre-vingt-seize étudiants, dont
on ne sait s’ils sont tous Français, sont ainsi venus en France passer l’internat de fin de sixième année, en hausse de plus de 30 % par rapport à 2014.Les filières permettant d’échapper à la sélection française sont de plus en plus connues, et le mouvement promet de s’amplifier dans les années à venir. À Cluj-Napoca, en Roumanie, où les cours sont en français, près de 500 étudiants de l’Hexagone sont inscrits en médecine, et autant dans d’autres filières de santé, et l’objectif d’un retour au pays pour l’internat.
La forteresse du numerus clausus se fissure de partout. De Lettonie et nouvellement de la Croatie arrivent de futurs médecins, d’Espagne viennent des dentistes. En maïeutique, « près de 20 % des sages-femmes nouvellement inscrites à l’ordre ont fait leurs études à l’étranger. Elles viennent souvent de Belgique », constate Marianne Benoît Truong-Canh, vice-présidente du Conseil national de l’Ordre des sages-femmes. « Dans ce contexte, un numerus clausus en France a-t-il encore un sens ? », interroge Patrick Bouet, président de l’ordre des médecins.
Droit à la mobilité des praticiens européens
Originellement, le numerus clausus était censé fixer le déploiement de praticiens selon les besoins des populations et limiter une trop vive concurrence. Néanmoins, sans restriction à la liberté d’installation, les déserts médicaux se sont développés. l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), on dénombre à Paris 798 médecins pour 100 000 habitants.Dans le département de l’Eure, ils sont 180 pour le même nombre d’habitants. Au Sud, sous une ligne droite imaginaire tracée entre Bordeaux et Valence, les dentistes ne manquent pas (67 à 89 praticiens pour 100 000 habitants, selon un rapport de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé de 2013), mais ils sont deux à quatre fois plus rares en Picardie ou dans la région Centre. Idem en maïeutique : « En Ile-de-France et dans le Nord-Pas-de-Calais, le nombre de sages-femmes est insuffisant, regrette Marianne Benoît Truong-Canh. Dans la région Centre, la situation est même catastrophique. »
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Six métiers de la santé qui protègeront du chômage
Les professionnels de la santé s’accordent pour estimer que le numerus clausus a changé de rôle. Aujourd’hui, « il sert à limiter le nombre d’étudiants car les capacités de formations sont saturées », résume froidement le docteur Théo Combes. « Faute de moyens, nous sommes obligés de conserver un filtre pour maintenir la qualité des formations », confirme Claude Leicher, président du syndicat de médecins MG France.
Chaque pays n’a pas les mêmes exigences en matière de formation
Pour pallier le manque de soignants sur les territoires ruraux ou périurbains les plus désertés par les professions médicales, « le recrutement de médecins étrangers ou formés à l’étranger peut être une solution transitoire », admet le docteur Combes, « même si le problème est aujourd’hui celui de la répartition entre les spécialités. Il faut revaloriser celle de médecin généraliste ».Les soignants qui ont évité la sélection de la Paces sont-ils aussi bien formés que ceux qui ont suivi leur cursus en France ? Lors de l’épreuve classante nationale de 2015, qui donne accès l’internat, « un étudiant formé à la faculté de Cluj-Napoca a terminé 180e sur environ 8 000, ce qui le classe parmi les meilleurs », pointe Patrick Bouet, président du Conseil national de l’ordre des médecins. Interrogé par Le Monde. fr, le centre national de gestion des praticiens hospitaliers, qui publie le classement, déclare ne pas disposer des universités d’origine des candidats, hormis pour les dix plus mal classés. Le fait est que neuf d’entre eux avaient étudié à l’étranger : cinq en Roumanie, trois en Italie, un en Espagne.
Si le droit européen à la mobilité permet aux praticiens d’exercer dans toute l’Union, chaque pays n’a pas les mêmes exigences en matière de formation. « Pour parvenir à une harmonisation des diplômes, l’Europe a choisi un nivellement par le bas, s’inquiète Patrick Bouet, au point que le Conseil de l’ordre doit mettre en place un contrôle des compétences requises pour les médecins étrangers autorisés à exercer en France. »
Même constat en maïeutique : « En 2014, 180 sages-femmes de l’Union européenne ont été admises à pratiquer en France. Mais il suffit de 3 015 heures pour qu’une formation soit reconnue au niveau européen, alors que les sages-femmes françaises en suivent entre 7 000 et 8 000 et doivent avoir participé à 100 accouchements. Le décalage est trop violent », dénonce Marianne Benoit Truong-Canh.
Une école de santé sans concours
C’est dans ce contexte qu’avait ouvert, en 2012, le Clesi, à Toulon puis à Béziers. Recrutant sur dossier, il dispensait deux années de formation sur place avant d’envoyer ses étudiants à l’université privée Fernando-Pessoa, au Portugal, qui délivre un diplôme valable dans toute l’Europe. Condamné à la fermeture à la rentrée dernière, le Clesi a engagé des recours suspensifs qui lui permettent de nouveau d’accueillir des étudiants. L’université Fernando-Pessoa a mis fin au partenariat, mais l’établissement français fait état d’accords avec d’autres facultés européennes. L’ordre des dentistes et les principaux syndicats, vent debout, viennent de nouveau d’exiger de la ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem la fermeture du Clesi.Le ministère déclare au Monde.fr qu’il condamne « ces formations privées qui n’ont jamais reçu les agréments d’ouverture et qui font payer des étudiants pour suivre des formations qui ne donnent accès à aucun diplôme reconnu ». En attendant que les actes succèdent aux mots, les étudiants et leurs familles continuent de payer, et d’espérer.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/etudes-superieures/article/2015/10/05/coucours-de-medecine-le-grand-contournement_4782799_4468191.html#6u1x1t9KUQoVU1jZ.99
En première année de médecine, « c’est la fosse aux lions »
A
la faculté de médecine Paris-Descartes, le quotidien des 2 500
étudiants c’est avant tout des amphis bondés. En cause, le droit qu’a
tout bachelier de s’inscrire en première année.
Il est 13 heures, sur le site des études biomédicales de l’université de Paris-V, rue des Saints-Pères à Paris, mais personne ne déjeune ni ne traîne. Les étudiants de première année de médecine, qui s’appelle désormais Paces, pour « première année commune aux études de santé », sont déjà nombreux à s’être installés sur les bancs du cours d’histologie – l’étude des tissus biologiques, précise Amélie D., qui redouble sa première année.
Dans le grand hall, quatre appariteurs gèrent le flux de trois cents privilégiés qui pourront assister au cours magistral de Jacques Patrick Barbet, professeur d’embryologie-cytogénétique dans l’amphithéâtre Claude-Bernard. Pour les autres, majoritaires, direction l’amphithéâtre Léon-Binet et ses 900 places, à quelques étages de là, où ils pourront suivre le même cours, retransmis sur grand écran.Quinze minutes plus tard, le cours commence dans un silence de cathédrale. Les redoublants relisent leurs notes, les nouveaux s’apprêtent à griffonner, les retardataires assis sur les marches tentent de trouver un appui. Le professeur Barbet apparaît à l’écran, ses bras balancent, sa bouche semble se mouvoir, mais aucun son n’en sort, hormis un coassement. Les minutes passent… C’est une panne de micro. « Un problème récurrent », confie Amélie, devant la moue mi-amusée mi-inquiète de ses voisins, novices. Les appariteurs s’activent : « Cogne dans le micro ! » Deux tentatives plus tard, le cours débute enfin.
cinquante minutes ont passé dans l’amphithéâtre Binet quand un avion de papier plane depuis le balcon, son concepteur imitant même le bruit du crash. Le professeur, qui officie dans l’autre amphi, ne voit rien et poursuit. Ici, la blague ne fait sourire personne.
« Une boucherie pédagogique »
Les amphis qui débordent, le matériel pédagogique qui fonctionne sur courant alternatif, c’est le quotidien des 2 500 élèves Paces à Paris-V, cette année commune aux étudiants qui veulent devenir médecins, pharmaciens, dentistes ou sages-femmes. Chez certains, la lassitude se fait sentir. On tapote sur son smartphone, on cache discrètement ses écouteurs. « Chaque début d’année, nous sommes en surnombre. Cette année plus encore », croit savoir Candice B.Le président de l’université, Frédéric Dardel, explique pourtant que sa fac a accepté le même nombre d’étudiants qu’en 2014, pas plus. Mais la sélection est drastique : en raison du numerus clausus, le concours à l’issue de la 1re année n’accordera que 321 places en médecine, 112 en pharmacie, 40 en dentaire et 31 en maïeutique. Soit 504 places au total, que devront se partager les 1 500 bacheliers de l’année 2015, auxquels s’ajoutent 1 000 redoublants. « Leur stratégie est de nous éreinter rapidement. Les cours les plus lourds nous sont imposés dès la rentrée », affirme Clotilde D., redoublante.
Une méthode apparemment efficace : « Après trois mois, les abandons s’accélèrent », témoigne Anissa B., également redoublante. « En janvier, après les premières évaluations, on a plus de place pour s’asseoir », souligne Clotilde. « Alors qu’au lycée, on nous encourageait, on nous tirait jusqu’à l’obtention du baccalauréat, ici, on nous jette dans la fosse aux lions », déplore l’étudiante.
Pour la seule faculté de médecine de Paris-Descartes, quelque 2 000 étudiants termineront donc leur année sur un échec. « Un énorme gâchis, une boucherie pédagogique », admet le président Dardel. Cette surpopulation estudiantine dans une filière prestigieuse serait due au droit qu’a chaque bachelier, quel que soit son parcours antérieur, de s’inscrire en première année de médecine. « C’est la loi, reconnaît-il, mais c’est un non-sens. Des titulaires d’un bac techno ou pro s’inscrivent chaque année. Depuis cinq ans, combien ont passé le cap de la première année de médecine ? Zéro. Il est nécessaire d’établir un prérequis pour entamer ces études. » Sous-entendu, un bac général, et de préférence scientifique.
Changer Admission post bac ?
Une « démarche élitiste », dénonce le principal syndicat étudiant, l’UNEF. « Le moyen de fournir un enseignement de qualité, répond le patron d’université. Trois cents étudiants en moins, c’est la possibilité de former des groupes homogènes et de dispenser un enseignement de meilleure qualité. »Alors que François Hollande a avancé, jeudi 17 septembre, l’ambitieux objectif de 60 % d’une classe d’âge à un niveau d’enseignement supérieur, Frédéric Dardel propose de réguler le libre choix des lycéens sur le système Admission post bac. « A quoi peut-il servir de s’inscrire en licence de philosophie doté d’un bac pro en bâtiment ? », caricature-t-il, avant de rappeler qu’un étudiant qu’on envoie « au casse-pipe en médecine » coûte 2 500 euros par an à la collectivité.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/etudes-superieures/article/2015/09/21/en-premiere-annee-de-medecine-c-est-la-fosse-aux-lions_4765980_4468191.html#DJcGFuLWBLdbs81j.99
Seulement 22% de réussite au test d’orientation en médecine
Publié le - Mis à jour le
Belgique
Les résultats de l’épreuve 2015 ont été rendus publics samedi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont catastrophiques. De quoi sans doute apporter de l’eau au moulin des partisans d’un concours d’entrée (comme cela se fait pour les études d’ingénieur). Mais trop tard puisque, dès septembre, un filtre aux études de médecine et de dentisterie sera bien appliqué mais en fin de première année.
Près de 1400 candidats ont passé le
test 2015 d’orientation du secteur de la santé qui a eu lieu le 1er
juillet dans les cinq universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles
qui proposent des études de premier cycle en sciences médicales. C’est
moins qu’en 2014 (1949 inscrits) mais plus qu’en 2013 (1067).
Cette épreuve obligatoire pour pouvoir s’inscrire en Bac 1
de médecine est non-contraignante. Il s’agit en effet d’un outil
pédagogique qui permet aux jeunes gens qui la passent d’évaluer leur
niveau dans les matières scientifiques ainsi qu’en maths, français et
anglais. S’ils constatent à l’issue de ce test des faiblesses plus ou
moins importantes dans les prérequis à ce type d’études, les futurs
étudiants ont encore plusieurs semaines avant la rentrée académique pour
changer de filière ou se remettre à niveau.Les résultats de l’épreuve 2015 ont été rendus publics samedi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont catastrophiques. De quoi sans doute apporter de l’eau au moulin des partisans d’un concours d’entrée (comme cela se fait pour les études d’ingénieur). Mais trop tard puisque, dès septembre, un filtre aux études de médecine et de dentisterie sera bien appliqué mais en fin de première année.
En sciences, il y a encore du boulot
Seuls 22 % des candidats ont obtenu en moyenne au moins une
note de 10/20 au total des épreuves portant sur six matières. C’est en
français qu’ils se sont le mieux débrouillés avec 83 % de notes égales
ou supérieures à 10/20. C’est la seule matière réussie par une majorité
de candidats. Les pourcentages moyens de réussite dans les autres sont
très faibles : 31 % en chimie, 29 % en anglais, 28 % en maths, 22 % en
biologie, le pire résultat revenant à la physique (comme chaque année)
avec un tout petit 14 % de réussite.Etudes de médecine: il y aura un concours dès l'année prochaine
Publié le - Mis à jour le
Belgique
Cette sélection devrait se faire sur base d'un concours organisé à l'issue de la 1re année d'études.
La Fédération Wallonie-Bruxelles disposera bel et bien d'un filtre aux études de médecine, et ce dès l'année académique prochaine, a confirmé jeudi le ministre de l'Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt. Cette sélection devrait se faire sur base d'un concours organisé à l'issue de la 1re année d'études. M. Marcourt a rencontré ces derniers jours les doyens et recteurs des universités, ainsi que les représentants des étudiants en médecine.
"Globalement, il est apparu qu'un consensus pouvait se dégager autour de l'organisation d'un concours à partir de l'année académique 2015-2016. Celui-ci ne sera pas organisé à l'entrée des études, mais à l'issue du 1er baccalauréat (première année du cursus, ndlr)", a indiqué le ministre lors d'une conférence de presse jeudi après-midi.
Ce concours, organisé selon les modalités du "numerus fixus", laissera chaque année un nombre bien déterminé d'étudiants passer en 2e bac. Les questions ne seront pas les mêmes pour tous les étudiants, mais élaborées par les différentes facultés de médecine francophones, qui disposeront chacune d'un nombre limité d'étudiants pouvant passer en seconde année.
Selon l'accord en voie de conclusion, ce concours devrait porter "a priori sur les matières enseignées au 2e quadri, à savoir les matières dites +médicales+", plutôt que sur les sciences pures (physique, chimie, etc.), selon M. Marcourt.
Ce filtrage au début des études de médecine doit permettre de faire correspondre le nombre de médecins diplômés au quota de praticiens défini par le niveau fédéral, qui délivre les numéros Inami permettant aux médecins de prodiguer des soins remboursés par la Sécu. L'introduction de ce filtre aux études de médecine en Fédération Wallonie-Bruxelles était la condition posée l'automne dernier par la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block, pour débloquer la crise des numéros Inami, dont la moitié des jeunes médecins francophones étaient menacés d'être privés en juin prochain. En contrepartie, la ministre De Block s'est engagée à mettre sur pied un cadastre complet de l'activité des médecins en Belgique, afin de déterminer de manière plus juste le nombre de praticiens nécessaires jusqu'en 2037.
Fin 2014, Jean-Claude Marcourt avait clairement lié toute avancée sur le filtre à l'élaboration effective par la ministre De Block d'un "cadastre solide et dynamique" de l'activité médicale, dont la publication se fait toujours attendre. Le Liégeois a reconnu jeudi avoir changé son fusil d'épaule et dissocié les deux processus. "Nous allons avancer indépendamment de Mme De Block, mais elle doit prendre ses responsabilités, car notre système (de contingentement des praticiens, ndlr) n'est pas cohérent".
En confirmant dès à présent l'application d'un filtre aux études de médecine dès l'an prochain, le ministre de l'Enseignement supérieur souhaite absolument éviter pour tous les jeunes qui se lanceront dans cette filière en septembre toute incertitude quant à leurs chances d'obtenir à terme un numéro Inami et donc de pouvoir effectivement exercer la médecine curative, justifie-t-il.
Avant de finaliser le projet, le ministre Marcourt rencontrera encore un dernier interlocuteur demain/vendredi, à savoir la Fédération des étudiants francophones (FEF). Le dépôt d'un texte légal devrait intervenir dans les mois à venir, pour permettre son adoption par le Parlement avant l'été. "Il reste encore énormément de choses à déterminer, beaucoup de points à résoudre...", a toutefois reconnu le ministre Marcourt.
L'un des plus délicats sera sans conteste le sort à réserver aux étudiants de médecine qui réussiront leur première année, mais qui échoueront à se classer en ordre utile lors du concours. Ces 'reçus collés' ne pourront en effet pas passer en théorie en 2e bac médecine... Le Comité interuniversitaire des étudiants en médecine propose de laisser ces étudiants-là poursuivre néanmoins leur cursus en médecine, mais de limiter leurs débouchés aux activités médicales non contingentées par l'Inami, comme la médecine légale, la recherche, la médecine du travail, etc.
Interrogé sur cette piste, M. Marcourt ne s'est pas montré fort enthousiaste à cette idée. "Il existe d'autres mécanismes...", a-t-il fait valoir, mais sans en dire davantage. Conséquence du filtrage à venir: la possibilité qui existe depuis peu pour les étudiants en difficultés d'étaler leur première année d'études sur deux ans pourrait être supprimée. "Cette capacité d'étalement pose un problème par rapport au concours", a reconnu M. Marcourt. En revanche, le test indicatif mais non-contraignant organisé depuis deux ans au début des études de médecine sera, lui quoi qu'il advienne, maintenu.
Devant la presse jeudi, M. Marcourt a exhorté la ministre fédérale de la Santé à avancer à présent dans l'élaboration du cadastre solide et dynamique de l'activité médicale, lequel, a-t-il rappelé, devra prendre efficacement en compte les projections démographiques du pays, l'évolution de la charge de travail des médecins, mais aussi la pyramide des âges des praticiens qui diffère d'une Communauté à l'autre, et le volume différent de tâches qu'ils exercent au nord et au sud du pays.
" Marcourt ne prend pas le bon chemin", selon le MR
Le MR a critiqué jeudi soir la volonté du ministre de l'Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt d'organiser un filtre aux études de médecine à l'issue de la première année d'étude, estimant que cette solution allait "faire perdre un an d'étude aux étudiants". "Nous sommes contents que le ministre Marcourt prenne enfin des dispositions, mais selon nous, ce n'est pas le bon chemin", a réagi la cheffe de groupe MR au Parlement de la Fédération, Françoise Bertieaux.
Selon l'opposition réformatrice, pareille solution va amener nombre d'étudiants, à savoir ceux qui réussiront leur première année mais pas le concours, à perdre une année d'études "Cette solution est porteuse d'injustices et peu motivantes pour les étudiants", juge Mme Bertieaux. "Si, pour régler ces injustices il fait des passe-droits, ce n'est pas équitable".
Pour le MR, la solution de bon sens est et reste l'instauration d'un véritable examen d'entrée avant le début de la première année, avec une année de propédeutique pour ceux qui échoueraient. "Mais le ministre Marcourt s'est tellement enfermé ces derniers mois dans son refus d'un examen d'entrée qu'il ne peut plus à présent faire marche arrière..." "Que Mme De Block montre qu'elle est la ministre de la Santé des 10,6 millions de Belgique, et pas seulement des 6 millions de Flamands! ", a-t-il conclu.
La Fédération Wallonie-Bruxelles disposera bel et bien d'un filtre aux études de médecine, et ce dès l'année académique prochaine, a confirmé jeudi le ministre de l'Enseignement supérieur, Jean-Claude Marcourt. Cette sélection devrait se faire sur base d'un concours organisé à l'issue de la 1re année d'études. M. Marcourt a rencontré ces derniers jours les doyens et recteurs des universités, ainsi que les représentants des étudiants en médecine.
"Globalement, il est apparu qu'un consensus pouvait se dégager autour de l'organisation d'un concours à partir de l'année académique 2015-2016. Celui-ci ne sera pas organisé à l'entrée des études, mais à l'issue du 1er baccalauréat (première année du cursus, ndlr)", a indiqué le ministre lors d'une conférence de presse jeudi après-midi.
Ce concours, organisé selon les modalités du "numerus fixus", laissera chaque année un nombre bien déterminé d'étudiants passer en 2e bac. Les questions ne seront pas les mêmes pour tous les étudiants, mais élaborées par les différentes facultés de médecine francophones, qui disposeront chacune d'un nombre limité d'étudiants pouvant passer en seconde année.
Selon l'accord en voie de conclusion, ce concours devrait porter "a priori sur les matières enseignées au 2e quadri, à savoir les matières dites +médicales+", plutôt que sur les sciences pures (physique, chimie, etc.), selon M. Marcourt.
Ce filtrage au début des études de médecine doit permettre de faire correspondre le nombre de médecins diplômés au quota de praticiens défini par le niveau fédéral, qui délivre les numéros Inami permettant aux médecins de prodiguer des soins remboursés par la Sécu. L'introduction de ce filtre aux études de médecine en Fédération Wallonie-Bruxelles était la condition posée l'automne dernier par la ministre fédérale de la Santé, Maggie De Block, pour débloquer la crise des numéros Inami, dont la moitié des jeunes médecins francophones étaient menacés d'être privés en juin prochain. En contrepartie, la ministre De Block s'est engagée à mettre sur pied un cadastre complet de l'activité des médecins en Belgique, afin de déterminer de manière plus juste le nombre de praticiens nécessaires jusqu'en 2037.
Fin 2014, Jean-Claude Marcourt avait clairement lié toute avancée sur le filtre à l'élaboration effective par la ministre De Block d'un "cadastre solide et dynamique" de l'activité médicale, dont la publication se fait toujours attendre. Le Liégeois a reconnu jeudi avoir changé son fusil d'épaule et dissocié les deux processus. "Nous allons avancer indépendamment de Mme De Block, mais elle doit prendre ses responsabilités, car notre système (de contingentement des praticiens, ndlr) n'est pas cohérent".
En confirmant dès à présent l'application d'un filtre aux études de médecine dès l'an prochain, le ministre de l'Enseignement supérieur souhaite absolument éviter pour tous les jeunes qui se lanceront dans cette filière en septembre toute incertitude quant à leurs chances d'obtenir à terme un numéro Inami et donc de pouvoir effectivement exercer la médecine curative, justifie-t-il.
Avant de finaliser le projet, le ministre Marcourt rencontrera encore un dernier interlocuteur demain/vendredi, à savoir la Fédération des étudiants francophones (FEF). Le dépôt d'un texte légal devrait intervenir dans les mois à venir, pour permettre son adoption par le Parlement avant l'été. "Il reste encore énormément de choses à déterminer, beaucoup de points à résoudre...", a toutefois reconnu le ministre Marcourt.
L'un des plus délicats sera sans conteste le sort à réserver aux étudiants de médecine qui réussiront leur première année, mais qui échoueront à se classer en ordre utile lors du concours. Ces 'reçus collés' ne pourront en effet pas passer en théorie en 2e bac médecine... Le Comité interuniversitaire des étudiants en médecine propose de laisser ces étudiants-là poursuivre néanmoins leur cursus en médecine, mais de limiter leurs débouchés aux activités médicales non contingentées par l'Inami, comme la médecine légale, la recherche, la médecine du travail, etc.
Interrogé sur cette piste, M. Marcourt ne s'est pas montré fort enthousiaste à cette idée. "Il existe d'autres mécanismes...", a-t-il fait valoir, mais sans en dire davantage. Conséquence du filtrage à venir: la possibilité qui existe depuis peu pour les étudiants en difficultés d'étaler leur première année d'études sur deux ans pourrait être supprimée. "Cette capacité d'étalement pose un problème par rapport au concours", a reconnu M. Marcourt. En revanche, le test indicatif mais non-contraignant organisé depuis deux ans au début des études de médecine sera, lui quoi qu'il advienne, maintenu.
Devant la presse jeudi, M. Marcourt a exhorté la ministre fédérale de la Santé à avancer à présent dans l'élaboration du cadastre solide et dynamique de l'activité médicale, lequel, a-t-il rappelé, devra prendre efficacement en compte les projections démographiques du pays, l'évolution de la charge de travail des médecins, mais aussi la pyramide des âges des praticiens qui diffère d'une Communauté à l'autre, et le volume différent de tâches qu'ils exercent au nord et au sud du pays.
" Marcourt ne prend pas le bon chemin", selon le MR
Le MR a critiqué jeudi soir la volonté du ministre de l'Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt d'organiser un filtre aux études de médecine à l'issue de la première année d'étude, estimant que cette solution allait "faire perdre un an d'étude aux étudiants". "Nous sommes contents que le ministre Marcourt prenne enfin des dispositions, mais selon nous, ce n'est pas le bon chemin", a réagi la cheffe de groupe MR au Parlement de la Fédération, Françoise Bertieaux.
Selon l'opposition réformatrice, pareille solution va amener nombre d'étudiants, à savoir ceux qui réussiront leur première année mais pas le concours, à perdre une année d'études "Cette solution est porteuse d'injustices et peu motivantes pour les étudiants", juge Mme Bertieaux. "Si, pour régler ces injustices il fait des passe-droits, ce n'est pas équitable".
Pour le MR, la solution de bon sens est et reste l'instauration d'un véritable examen d'entrée avant le début de la première année, avec une année de propédeutique pour ceux qui échoueraient. "Mais le ministre Marcourt s'est tellement enfermé ces derniers mois dans son refus d'un examen d'entrée qu'il ne peut plus à présent faire marche arrière..." "Que Mme De Block montre qu'elle est la ministre de la Santé des 10,6 millions de Belgique, et pas seulement des 6 millions de Flamands! ", a-t-il conclu.
Stratégies à tous prix pour réussir ses études de médecine et santé (Paces)
Le ton est donné. Le concours à l’issue de la première année commune aux études de santé (Paces) est un véritable goulot d’étranglement pour les futurs médecins, pharmaciens, sages-femmes et dentistes. L’objectif est de se classer au-dessus du numerus clausus, le nombre maximal d’étudiants de chaque spécialité qui sera accepté dans chaque université, fixé par décret chaque année. Les suivants dans le classement pourront toujours redoubler, mais les derniers devront changer de voie. En 2013-2014, il y avait 12 807 places (7 492 places en médecine, 3 099 en pharmacie, 1 016 en maïeutique et 1 200 en dentaire) pour 58 046 inscrits en Paces, soit 22 % seulement de reçus. Pour la médecine, les taux de réussite vont de 8,9 % à Montpellier à 18,3 % à Brest. Contrairement aux idées reçues, les parisiennes Paris-V Descartes et Paris-VII Diderot ne sont pas les plus sélectives, avec des taux respectifs de 14,3 % et 15,3 %. En moyenne sur l’Ile-de-France, près de 17 % d’étudiants réussissent en médecine contre 9,5 % en pharmacie, 5,2 % en sage-femme et 4,9 % en odontologie.
Sortir d’un bac scientifique
« Chaque année, on voit des lycéens venir pendant leur année de terminale pour assister à quelques cours à la faculté ou tenter de récupérer des polycopiés, déplore Sébastien Foucher, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Il vaut mieux éviter de se disperser et réussir le mieux possible son année de terminale, en prenant de bonnes habitudes de travail. » Et sortir d’un bac scientifique. Les lycéens ayant une mention très bien à ce bac ont un taux de réussite de plus de 60 %, selon les chiffres de l’ANEMF.« Nous ne conseillons jamais aux étudiants de travailler en avance pendant l’été, c’est de l’énergie gâchée et c’est inefficace », ajoute Kristen Joseph-Delaffon, webmaster du tutorat santé de Tours (TST) et étudiant en troisième année de médecine. Cette association à but non lucratif propose aux étudiants de Paces un tutorat juste avant la rentrée et pendant l’année. Au programme : des entraînements, des concours blancs, des conseils, dispensés par des étudiants de troisième année, pour un coût d’environ 50 euros par an. Ces tutorats existent dans chaque ville universitaire ou presque, à un prix modique.
Ce qui n’est pas le cas des prépas privées, dont le coût se situe autour de 3 000 euros par an en moyenne, la fourchette pouvant aller de 800 à 17 000 euros l’année, selon les chiffres de l’ANEMF. Outre des supports de cours, les prépas privées proposent un accompagnement personnalisé en petits groupes d’une vingtaine d’étudiants, sous la houlette d’enseignants. Difficile de savoir si ces prépas aident véritablement à réussir le concours car aucune étude nationale ne s’est penchée sur le sujet. Pour le professeur Denis Angoulvant, si la prépa n’est pas indispensable, le tutorat de prérentrée l’est, qui « permet de prendre de bonnes habitudes et de ne pas perdre de temps à s’adapter les premières semaines. »
Il faudra surtout se montrer endurant. « Pendant un an, on travaille douze heures par jour, week-end compris. C’est difficile au début mais on s’y fait vite, affirme Arnaud Devezeaud, secrétaire du TST et étudiant en troisième année de médecine. Le plus dur reste de se ménager du temps pour se divertir sans culpabiliser, en allant au cinéma par exemple. Même si on continue à parler des cours pendant les bandes-annonces… »
Un bon cru pour les étudiants en médecine
Publié le - Mis à jour le
Sciences - Santé
Amélioration.
Les étudiants inscrits en première année de médecine ont globalement
mieux réussi leur session d'examens de janvier que leurs collègues il y
a un an, selon des chiffres livrés vendredi par le collège des doyens
des cinq facultés de médecine de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Sur
les 3.298 étudiants inscrits en 1re BAC de médecine cette année
académique, 1.137, soit 35% de la cohorte, ont obtenu une moyenne
supérieure ou égale à 10 sur 20, et 661 autres ont réalisé une moyenne
entre 8 et 10 sur 20, ce qui est "compatible avec un objectif de
réussite de l'année".
"Cela représente au total 56% des étudiants contre 52% l'année passée, ce qui est un bon résultat", jugent les doyens dans un communiqué conjoint.
L'analyse des résultats montre également une réduction des écarts de réussite entre facultés de médecine francophones.
Pour cette session de janvier, ce taux fluctue de 24% à 44% selon les universités, contre une variation de 18% à 53% l'an dernier.
Les doyens pressent toutefois les observateur à ne pas comparer les taux de réussite des universités pour éviter toute "interprétation erronée".
"Ni les programmes, ni les approches pédagogiques, ni les populations d'étudiants, ni les stratégies des universités ne sont identiques. Cela s'est d'ailleurs très bien illustré l'année passée par des écarts entre universités bien moindres lors de la clôture de l'année qu'après les examens dispensatoires de janvier", insistent les doyens.
Selon eux, faire ce genre de comparaison a pour effet pervers de mettre les universités sous pression pour "produire les +meilleurs chiffres+ puisque le financement est actuellement en enveloppe fermée et attribué au nombre d'étudiants, ce qui comporte un véritable risque de diminution des exigences et donc de qualité, particulièrement inacceptable dans le domaine de la santé".
Les études de médecine ont été réorganisées par un nouveau décret en 2012, qui ramène notamment la durée du cursus universitaire de médecine à six ans, contre sept auparavant, mais avec la possibilité pour les étudiants en grande difficulté après leur première session de janvier d'étaler leur première année d'étude sur deux ans.
Selon les doyens, cette mesure se révèle utile pour stimuler la réussite.
Ainsi, sur les 973 étudiants qui ont étalé l'année passée, 260, soit 27%, ont réussi l'été passé la première partie de leur étalement. Sans cela, ils n'auraient été que 3% à réussir. Et lors de cette session de janvier 2014, 200 étudiants en étalement (77 %) ont réussi la suite de leur programme avec une moyenne au-dessus de 10 sur 20.
Pour les doyens, l'analyse de ces résultats montre que la réforme de 2012 "semble en passe d'être digérée par les universités ainsi que les étudiants.
Cette session de janvier fut également la première organisée depuis l'entrée en vigueur, l'été dernier, d'un test préalable d'évaluation obligatoire mais non-contraignant afin de permettre aux jeunes souhaitant entamer des études de médecine de mieux jauger préalablement leurs connaissances scientifiques.
Dans un communiqué, le comité inter-universitaire des étudiants en médecine (CIUM) s'est toutefois montré vendredi moins enthousiaste que les doyens face aux résultats de janvier.
L'organisation constate une "très légère progression" du taux de réussite en janvier en 1er BAC, alors que la réforme de 2012 avait été présentée comme un moyen "d'améliorer significativement la réussite universitaire dans les facultés de médecine", rappelle-t-elle.
Celle-ci dénonce dans la foulée "l'absence ou la trop légère réduction" des cours de sciences fondamentales composant le premier quadrimestre en 1re BAC, ainsi que le mode de financement de l'enseignement supérieur régi depuis des années par le principe de l'enveloppe fermée, lequel ne permet plus de "répondre aux exigences de la formation de futurs médecins", selon le CIUM.
"Cela représente au total 56% des étudiants contre 52% l'année passée, ce qui est un bon résultat", jugent les doyens dans un communiqué conjoint.
L'analyse des résultats montre également une réduction des écarts de réussite entre facultés de médecine francophones.
Pour cette session de janvier, ce taux fluctue de 24% à 44% selon les universités, contre une variation de 18% à 53% l'an dernier.
Les doyens pressent toutefois les observateur à ne pas comparer les taux de réussite des universités pour éviter toute "interprétation erronée".
"Ni les programmes, ni les approches pédagogiques, ni les populations d'étudiants, ni les stratégies des universités ne sont identiques. Cela s'est d'ailleurs très bien illustré l'année passée par des écarts entre universités bien moindres lors de la clôture de l'année qu'après les examens dispensatoires de janvier", insistent les doyens.
Selon eux, faire ce genre de comparaison a pour effet pervers de mettre les universités sous pression pour "produire les +meilleurs chiffres+ puisque le financement est actuellement en enveloppe fermée et attribué au nombre d'étudiants, ce qui comporte un véritable risque de diminution des exigences et donc de qualité, particulièrement inacceptable dans le domaine de la santé".
Les études de médecine ont été réorganisées par un nouveau décret en 2012, qui ramène notamment la durée du cursus universitaire de médecine à six ans, contre sept auparavant, mais avec la possibilité pour les étudiants en grande difficulté après leur première session de janvier d'étaler leur première année d'étude sur deux ans.
Selon les doyens, cette mesure se révèle utile pour stimuler la réussite.
Ainsi, sur les 973 étudiants qui ont étalé l'année passée, 260, soit 27%, ont réussi l'été passé la première partie de leur étalement. Sans cela, ils n'auraient été que 3% à réussir. Et lors de cette session de janvier 2014, 200 étudiants en étalement (77 %) ont réussi la suite de leur programme avec une moyenne au-dessus de 10 sur 20.
Pour les doyens, l'analyse de ces résultats montre que la réforme de 2012 "semble en passe d'être digérée par les universités ainsi que les étudiants.
Cette session de janvier fut également la première organisée depuis l'entrée en vigueur, l'été dernier, d'un test préalable d'évaluation obligatoire mais non-contraignant afin de permettre aux jeunes souhaitant entamer des études de médecine de mieux jauger préalablement leurs connaissances scientifiques.
Dans un communiqué, le comité inter-universitaire des étudiants en médecine (CIUM) s'est toutefois montré vendredi moins enthousiaste que les doyens face aux résultats de janvier.
L'organisation constate une "très légère progression" du taux de réussite en janvier en 1er BAC, alors que la réforme de 2012 avait été présentée comme un moyen "d'améliorer significativement la réussite universitaire dans les facultés de médecine", rappelle-t-elle.
Celle-ci dénonce dans la foulée "l'absence ou la trop légère réduction" des cours de sciences fondamentales composant le premier quadrimestre en 1re BAC, ainsi que le mode de financement de l'enseignement supérieur régi depuis des années par le principe de l'enveloppe fermée, lequel ne permet plus de "répondre aux exigences de la formation de futurs médecins", selon le CIUM.
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