Sur Twitter ou dans la section des commentaires de son blog, de nombreux internautes ont réagi au dernier billet de Suzette Sandoz, ancienne députée libérale au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale et professeure honoraire de droit de la famille et des successions. Il est intitulé: «Peut-on vraiment parler d'un "droit à l'avortement"?» (les guillemets sont d'origine). Devant l'émotion suscitée, Le Temps apporte quelques éléments de réponse.
Sur la forme: contrairement à ce que laissent penser certains commentaires sur Twitter, Le Temps n'a pas choisi de publiciser ou promouvoir ce blog particulièrement. Si ce billet est apparu sur le fil Twitter de notre titre, c'est le cas de tous les billets de tous nos blogs, via une procédure automatisée. Nous rappelons par ailleurs que les blogs du Temps sont parfaitement indépendants de la rédaction: ils n'impliquent aucune participation, aucun engagement de notre titre (qui selon le droit en est cependant responsable comme éditeur). Les blogueurs du Temps sont plus de 200, ils ont été choisis en raison de la diversité de leurs points de vue, et nous passons régulièrement en revue leurs contributions pour assurer sur notre site cette diversité et une qualité de débat éditorial.
«On ne peut pas mourir si on n'est pas né»
Sur le fond: dans son billet, Suzette Sandoz rapproche l'euthanasie et l'avortement. «L’euthanasie, comme l’avortement, c’est une mise à mort, écrit-elle; le droit à l’euthanasie est le droit de demander et d‘obtenir d’être mis à mort ou le droit de mettre à mort une personne qui le demande ; le droit à l’avortement est le droit de demander la mise à mort de l’enfant que l’on porte». C'est cette dernière phrase qui provoque une bronca. Une phrase qui est factuellement inexacte: une interruption volontaire de grossesse peut se dérouler en Suisse jusqu'à la 12e semaine de grossesse après les dernières menstruations, autrement dit l’embryon a dix semaines au plus, et il s'agit bien d'un embryon, non d'un foetus (à partir de trois mois) et a fortiori non d'un enfant.
La Revue médicale suisse le rappelait dès 2005, trois ans après une votation populaire refusant, à 72%, l'interdiction de l'interruption de grossesse en juin 2002: «En droit suisse comme dans d’autres pays, le fœtus n’acquiert des droits qu’à partir du moment où il naît vivant». Comme le synthétise une médecin de la reproduction genevoise, «on ne peut pas mourir si on n'est pas né». Pour l'OMS, un fœtus est viable à partir de la 22e semaine de gestation ou qu'il pèse 500 grammes. Dans son billet, Suzette Sandoz mentionne d'ailleurs «l'enfant futur», alors que ce n'est précisément pas encore un enfant. D'ailleurs, le propos de Suzette Sandoz va à l'encontre de l'article 119 du Code pénal suisse.
Le débat sur le début de la vie est complexe et fait appel à une vision éthique, religieuse mais aussi scientifique et juridique. La charte des blogs du Temps stipule que si les opinions sont libres, les faits mentionnés dans des billets de blog doivent être exacts. Ce n'est en l'occurrence pas le cas.
Pour aller plus loin, relire: En Suisse aussi, le droit à l’avortement traverse des turbulences
Mourir, cela n’est rien…
"Mourir, cela n’est rien", disait Brel; mais qu'il y a de souffrances dans le fait de vieillir... D'autant plus quand certains traitements dans des maisons de repos atteignent le sommet de l’inhumanité. Ne soyons pas hypocrites pour autant : pointer du doigt ces maisons de repos, n’est-ce pas aussi une manière de se dédouaner et de détourner le regard de notre propre responsabilité ?
Publié le 05-02-2022 à 16h29
Une carte blanche de Ann Goris. Présidente du CA de la maison de repos et de soins de Magnolia (Jette)
Les récentes révélations autour de [mauvais traitements au sein de] certaines maisons de repos ont de quoi nous faire frémir, bondir, souffrir.
Et pourtant, tout cela n’est pas nouveau, tout cela n’était pas totalement inattendu. C’est un peu comme une plaie connue dont on soulève de temps en temps le pansement en espérant qu’elle ne se soit pas trop infectée. En effet, se pencher sur le secteur des maisons de repos et de soins, c’est inévitablement aller à la rencontre d’une certaine souffrance.
Souffrance tout d’abord parce qu’il s’agit de personnes qui, après avoir parcouru une longue route, sont souvent confrontées à un corps qui souffre, qui lâche, qui n’arrive plus à suivre.
Cette étape de la vie, déjà si difficile en soi, est souvent également traversée par une recherche de sens, couplée à un sentiment de solitude, voire d’une expérience d’abandon. Combien ne sont-ils et ne sont-elles pas à avoir donné maison, argent, appartement, et à ne plus voir ensuite personne ?
Rien que ces réalités-là sont déjà des sources de souffrance. Alors que dire quand on y ajoute de mauvaises conditions de vie, de soins, de nourriture, des manques de respect, d’attention, de considération…
Un sommet d’inhumanité
Il serait évidemment faux de dire que toute personne âgée est facile à vivre, mais l’inverse n’est pas vrai pour autant. Ce que l’on ne peut nier, c’est que toute personne âgée est une personne en situation de vulnérabilité.
Et quand cette vulnérabilité est utilisée pour faire de l’argent, on touche à un sommet d’inhumanité, comme l’est l’esclavage, comme l’est le travail forcé des enfants, comme c’est le cas pour toute traite des êtres humains où il est question d’utiliser l’autre pour s’enrichir, en l’humiliant, le dégradant, l’exploitant.
Nul n’est à l’abri d’une déviance, mais quand elle est organisée, elle en devient criminelle.
Méfions-nous des belles façades extérieures
Et l’État dans tout cela ?
Beaucoup d’aides multiples et diverses ont été mises en place pour que les personnes puissent rester le plus longtemps possible chez elles. Ce qui implique que la majorité des personnes qui font le pas d’aller en maison de repos y viennent parce que "cela ne va plus" et qu’une vie en autonomie n’est plus possible. Les personnes y arrivent donc avec une plus grande dépendance et une grande fragilité physique et souvent mentale. Ceci a une répercussion directe sur la "vie" de la maison et le travail des animateurs et des soignants. Car créer des liens entre les résidents, un esprit convivial, une ambiance familiale par des activités diverses est de plus en plus difficile vu l’état de santé des personnes et la durée de leur présence dans la maison. Tout ceci démontre à quel point il faut se méfier des belles façades extérieures qui ne reflètent en rien la qualité ou non des soins, de la cuisine et de l’accompagnement humain.
Une nouvelle "éthique du care"
Cependant, il est facile de cracher dans la soupe, il incombe à chacun de rester vigilant et de balayer devant sa porte. Soyons honnêtes, si nous désirons avoir un personnel motivé, respectueux, posant des actes de qualité, il faut aussi que ce personnel de soins, d’animations, de nettoyage, de cuisine soit traité de façon respectueuse et avec reconnaissance.
Cette reconnaissance doit être humaine mais aussi salariale. Et c’est souvent là que les grands groupes financiers et l’État sont à la traîne. Il y a en effet toute une "culture du soin" à promouvoir, une nouvelle "éthique du care" à implémenter pour que soient enfin reconnues et valorisées les activités liées au soin dans notre société.
Ne soyons pas hypocrites, pointer du doigt les maisons de repos, n’est-ce pas aussi une manière de se dédouaner et de détourner le regard de notre propre responsabilité ? Nous, enfants, petits-enfants, proches, sommes-nous dans un réel accompagnement, une réelle écoute, une vraie présence dans cette étape difficile et souvent douloureuse du vieillissement de nos parents et de leur passage en maison de repos ? C’est peut-être là que commence le "prendre soin" le plus essentiel. Osons-nous nous poser la question : "Et si c’était moi ?"
"Mourir, cela n’est rien", disait Brel, "mais vieillir, oh vieillir…" https://www.lalibre.be/debats/opinions/2022/02/05/mourir-cela-nest-rien-IW5FWLQTLFFB5E7UY3VHWD72UY/
Refus d'euthanasie: une maison de repos comparaît devant la justice
Il y a quelques mois, le primat de Belgique Joseph De Kesel avait donné son avis. Selon lui, les hôpitaux et institutions de santé ont le droit de refuser l’euthanasie dans leurs murs. Mais quelle est la vérité judiciaire? C'est l'enjeu de ce procès. Une première.
Une audience à trois juges
L'affaire aurait dû être plaidée au mois d'avril. Mais un juge avait estimé qu'elle était trop délicate. Il voulait être épaulé par deux autres juges. L'audience aurait donc lieu devant une chambre à trois juges, ce 18 mai.
D'emblée, Sylvie Tack, l'avocate de la famille de Mariette Buntjens en a fait une question de principe. L'objet du procès? Selon elle, il s'agissait de rappeler qu'une institution n'a pas le droit de refuser qu'une euthanasie soit pratiquée en ses murs. Elle a commencé par un rappel des faits. "La mère de mes clientes souffrait d'un cancer du poumon avec métastases au cerveau, en phase terminale. Elle avait fait une première demande d'euthanasie en avril 2011". Elle fait ensuite deux courts séjours de quelques semaines dans la maison de repos de Diest.
Il y a quelques mois, nos confrères de la VRT ont rencontré les filles de Mariette Buntjens, Nadine et Margot Engelen. "Notre maman avait très peur d’avoir mal. Ça faisait 6 mois que les papiers étaient remplis. Vous vous préparez. Ça doit arriver ce jour-là. Et puis on vous dit : non, pas ici. Et on vous dit que c’est parce qu’elle est en court-séjour… En famille, nous avions déjà dit au revoir à maman à la maison de repos." Un au revoir pour rien, puisqu’elles ont dû ramener leur maman à la maison. Et cela a accru ses souffrances. C’est du moins ce qu’elles reprochent à l’institution. En refusant que cette euthanasie soit pratiquée en ses murs, la maison de repos aurait rendu les souffrances de leur pensionnaire plus grandes encore.
L'euthanasie planifiée ne peut avoir lieu mais [...] la patiente peut être emmenée dans une autre institution.Face aux trois juges, Sylvie Tack poursuit: "Madame Buntjens avait un médecin de famille qui pouvait pratiquer l'euthanasie. Le 8 août, il rencontre, en compagnie d'un médecin référent pour l'euthanasie, le médecin de l'institution et l'infirmier en chef. La rencontre entre les quatre hommes est consignée dans un compte rendu qu'écrit ce jour-là le médecin référent Patrick Vankrunkelsven. Mais le jour suivant, celui-ci reçoit un coup de fil du directeur de l'institution".
Patrick Vankrunkelsven décrit un directeur passablement énervé, qui refuse catégoriquement qu'une euthanasie soit pratiquée dans son institution et "constitue un précédent qui donnera le mauvais exemple aux autres pensionnaires". Une lettre suit, elle précise que "l'euthanasie planifiée ne peut avoir lieu mais que [...] la patiente peut être emmenée dans une autre institution".
Et l'avocate insiste: "Elle était presque aveugle, elle ne pouvait plus marcher, ses souffrances terribles duraient depuis des mois. Le fait d'être emmenée ailleurs pour être euthanasiée a accru ses souffrances et fut une expérience traumatisante".
Elle énumère ensuite les questions fondamentales que pose selon elle ce cas d'espèce:
- Une institution n'aurait pas à bloquer un médecin étranger qui vient procéder à une euthanasie.
- La clause de conscience vaut pour les médecins mais pas pour les institutions, affirme-t-elle. Elle peut avoir une certaine vision de l'euthanasie mais ne peut pas l'imposer. Sinon, il en résulterait une discrimination entre quelqu'un qui vit chez lui, et peut avoir accès à une euthanasie, et quelqu'un qui n'est plus capable de vivre à la maison, et se voit par conséquent interdire l'accès à un droit comme l'euthanasie.
- L'an dernier aux Pays-Bas, un juge a tranché dans une affaire semblable, estimant qu'une institution ne peut pas s'opposer à l'application de la loi.
La défense avait remis des conclusions assassines pour l'euthanasie de Mariette Buntjens. Selon la maison de repos, l'euthanasie ne répondait pas aux critères fixés par la loi. Elle refusait par contre de s'engager sur la voie de question de principe. "En effet, une institution n'a pas à refuser qu'une euthanasie soit pratiquée en son sein. Nous ne le contestons pas. Par contre, nous contestons la version des faits de la famille".
Entre les deux plaidoiries, celui des trois juges qui mène les débats prend la parole : "N'est-ce pas étrange qu'une institution estime que ce n'est pas réalisé dans les règles -ce qui signifie qu'on est face à un meurtre- et qu'elle permette malgré tout à la patiente d'être emmenée ailleurs? Si un meurtre risque d'être commis, pourquoi ne pas appeler la police?"
L'avocate de la défense ne perd pas(encore) pied. Elle répondra à la question du juge, précise-t-elle, mais veut d'abord retracer les faits tels qu'ils se sont produits. Elle estime qu'il n'y a pas eu de demande répétée d'euthanasie de la part de la patiente, ou qu'en tout cas, la maison de repos n'en a pas été informée avant le 8 aout, date à laquelle le Docteur Beckers, le médecin de l'institution, aurait été chargé de pratiquer lui-même l'euthanasie. Comme le médecin ne voulait pas pratiquer l'euthanasie, la direction aurait refusé que "l'euthanasie planifiée ait lieu".
Le juge: "Mais pourquoi le médecin n'a-t-il pas tout simplement déclaré qu'il ne participerait pas à l'euthanasie?
L'avocate de la défense de la maison de repos reste sans voix, alors que le médecin référent Patrick Vankrunkelsven la traite de menteuse. "J'étais un peu choqué, nous explique-t-il à la fin de l'audience, car la défense n'a pas plaidé l'essence de l'affaire, c'est-à-dire qu'une maison de repos nous a empêchés de venir pratiquer une euthanasie en son sein, mais elle insinue que nous avons fait pression sur l'un de ses médecins pour qu'il exécute lui-même cette euthanasie sur la patiente, ce qui est totalement faux. Pourquoi aurait-on amené cette affaire en justice si nous avions eu le moindre doute sur la régularité de l'euthanasie? Ce qui est étonnant, c'est que la maison de repos elle-même admette qu'au regard de la loi, elle n'a pas le droit d'interdire par principe une euthanasie. Je crois qu'ils sont conscients que sur ce plan-là, ils n'auraient pas convaincu le juge".
Si les trois juges décident de le souligner le 29 juin prochain dans leur jugement, cela pourrait constituer une évolution dans la pratique de l'euthanasie en Belgique, car si de nombreux cas de refus d'euthanasie sont régulièrement rapportés dans des maisons de repos, c'est bien la première fois qu'une telle affaire est plaidée devant un tribunal.
L’Hôpital du Valais autorise l’aide au suicide sous condition
Un conseil d’éthique
Euthanasie: les limites s’effacent
Publié le - Mis à jour leUne institution de soins peut-elle refuser une euthanasie entre ses murs?
Publié le - Mis à jour leLa famille a depuis lors attaqué en Justice l’établissement dont le refus a eu pour conséquence d’aggraver encore les souffrances physiques et psychiques de la patiente. Après deux reports, le dossier sera examiné en janvier par le tribunal civil de Louvain.
C’est aussi l’avis de Wim Distelmans, professeur de médecine palliative et actuel président de la commission de contrôle de la loi euthanasie, qui estime que la maison de repos n’avait pas le droit de refuser l’accès au médecin. D’après le professeur Distelmans, c’est la première fois qu’un tel cas est examiné devant un tribunal. Selon les médecins du réseau flamand LEIF (qui milite pour une fin de vie digne), les maisons de repos et de soins montrent souvent des réticences par rapport à l’euthanasie, indique le professeur Distelmans. "Les proches s’en offusquent généralement, mais ne se tournent pas vers la Justice car ils pensent que c’est inutile."
Si le tribunal considère que la maison de repos Sint-Augustinus est dans son tort, ce cas pourrait faire jurisprudence, estime le professeur de médecine palliative.
Le porte-parole de la conférence épiscopale, Tommy Scholtès y voit la preuve que même si les institutions catholiques ne permettent pas l’euthanasie en leurs murs, elles respectent pleinement la loi.
Deux thèses s’affrontent donc. On attend donc avec intérêt la décision du tribunal civil de Louvain.
Euthanasie: le cas du médecin refusé dans une maison de repos "peut faire jurisprudence"
Publié le - Mis à jour le"La décision du tribunal pourrait faire jurisprudence", selon Wim Distelmans, professeur en médecine palliative. Une femme de 74 ans, en phase terminale d'un cancer métastasique à la maison de repos Sint-Augustinus, avait formulé sa demande d'euthanasie en 2011 et celle-ci était en ordre après une procédure longue de six mois. La maison de soins a cependant refusé d'accueillir le médecin qui devait pratiquer l'acte dans ses murs. La patiente a dès lors dû être transportée à domicile afin de voir sa volonté exécutée.
La famille a depuis lors attaqué l'établissement car sa décision a eu pour conséquence d'encore aggraver les souffrances physiques et psychiques de la patiente. Après avoir été reporté deux fois, le dossier sera traité prochainement par le tribunal civil de Louvain.
D'après le professeur Distelmans, c'est la première fois qu'un tel cas est examiné devant un tribunal. "Selon le réseau LEIF-artsen, les maisons de repos et de soins montrent souvent des réticences par rapport à l'euthanasie", indique-t-il. "Les proches s'en offusquent généralement, mais ne se tournent pas vers la justice car ils pensent que c'est inutile."
Wim Distelmans estime que la maison de repos n'avait pas le droit de refuser l'accès au médecin. Si le tribunal est également de cet avis, ce cas pourrait faire jurisprudence.
Une maison de retraite a refusé l'accès à un médecin pratiquant l'euthanasie
Publié le - Mis à jour leMariette Buntjens, une femme de 74 ans, est en phase terminale d'un cancer métastasique à la maison de repos Sint-Augustinus. Elle a formulé sa demande d'euthanasie en 2011 et celle-ci était en ordre après une procédure longue de six mois. La maison de soins a cependant refusé d'accueillir le médecin qui devait pratiquer l'acte dans ses murs. La patiente a dès lors dû être transportée à domicile afin de voir sa volonté exécutée.
La famille a depuis lors attaqué l'établissement car sa décision a eu pour conséquence d'encore aggraver les souffrances physiques et psychiques de la patiente. L'affaire atterrira devant le tribunal civil de Louvain en janvier. Selon les avocats de la famille, les médecins ont le droit d'invoquer l'objection de conscience contre l'euthanasie, à la différence des institutions de soins.
La moitié des homicides passeraient pour des morts naturelles
Médecine légale
Mis à jour le 29.11.2015 19 Commentaires
La moitié des homicides commis en Suisse ne seraient pas détectés et passeraient pour des morts naturelles. La proportion est similaire pour les suicides et les morts accidentelles. Le problème vient du fait que souvent, les examens de cadavre sont conduits de manière superficielle.
Ces estimations proviennent d'un article de Christian Jackowski, directeur de l'Institut de médecine légale de l'Université de Berne, Roland Hausmann, médecin chef de l'Institut de médecine légale de St-Gall et du professeur de droit pénal Daniel Jositsch. Ce texte a été publié dans la revue spécialisée Kriminalistik en octobre 2014 et repris dans plusieurs médias ces dernières semaines.
Les auteurs se basent sur des recherches effectuées en Allemagne. En Suisse, aucune étude n'a été conduite, mais la problématique est connue des médecins, explique à l'ats M. Jackowski.
Médecins sensibilisés
Ils y sont sensibilisés pendant leurs études déjà, souligne le professeur. Des formations continues sont également proposées.
La problématique se pose à deux niveaux. D'une part, nombre de causes de décès peuvent être confondues avec une cause naturelle lors d'un examen externe de cadavre. C'est le cas par exemple d'une électrocution, d'un étouffement et même d'un empoisonnement.
D'autre part, il arrive que le médecin chargé de l'examen d'un corps conclue à une mort naturelle sans même avoir déshabillé ni retourné le cadavre, souligne M. Jackowski. Et de citer l'exemple hypothétique d'un médecin de famille devant constater le décès d'une vieille femme morte chez elle, entourée de sa famille.
Dans cet exemple, la situation est délicate et il est compréhensible que le médecin n'ose pas procéder à un examen poussé, explique le professeur. Mais si la défunte présentait une blessure au couteau sur son dos, cela resterait indétecté.
Examen systématique en Allemagne
En Allemagne, tous les corps devant être incinérés sont au préalable minutieusement examinés par un médecin spécialisé. Cela permet souvent de découvrir des indices omis lors du premier examen.
En Suisse, un tel examen n'existe pas. Une base légale devrait être créée pour les introduire, indique M. Jackowski.
Dans le cas des morts suspectes, les auteurs recommandent une modification du code de procédure pénale suisse. L'article 253 traitant de l'examen des corps est «formulé de façon malheureuse», selon M. Jackowski.
Dossier médical nécessaire
Il prévoit que si un premier examen du cadavre ne révèle aucun indice d'infraction, la levée du corps est autorisée. Selon M. Jackowski, il est nécessaire de préciser les critères.
Il faudrait par exemple que le Ministère public se procure le dossier médical du patient pour corroborer la thèse de la mort naturelle, par exemple par crise cardiaque. Sans cela, un examen approfondi, voire une autopsie, devrait s'imposer.
Un an après la publication de l'article, rien n'a encore bougé sur le plan politique. Co-auteur et conseiller national fraîchement élu aux Etats, Daniel Jositsch (PS/ZH) s'activera sur le sujet lors de la prochaine révision totale du code de procédure pénale, a-t-il indiqué à l'ats. (ats/nxp)
http://www.lematin.ch/suisse/moitie-homicides-passeraient-morts-naturelles/story/15182202
Aide médicale à mourir au Québec: bientôt en vigueur
Nos émissions précédentes:
Mourir dans la dignité: le Québec distinct? (2014)
Mourir avec dignité... et liberté? (2012)
La Cour Suprême du Canada a invalidé, en février dernier, les articles du Code criminel qui interdisent l’aide médicale à mourir. Il est donc devenu inconstitutionnel d'interdire à quiconque d’aider à mourir une personne consentante –ce qu’on peut appeler aussi le suicide assisté. La Cour Suprême a donné un an au gouvernement fédéral pour adopter une loi en conséquence.
Mais en attendant, plus récemment, 29 maisons de soins palliatifs du Québec se sont prévalues de la possibilité de retrait prévue dans la loi, tout comme le Centre hospitalier de l'Université de Montréal.
Une militante du droit à mourir, Donna Delorme de Calgary, s'est enlevé la vie en septembre dernier. Elle souffrait depuis 18 ans de sclérose en plaques. Elle déplorait la lenteur du gouvernement fédéral à respecter ce jugement de la Cour suprême.
Rappelons que les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et, aux États-Unis, l’Oregon, Washington, le Montana, le Vermont et la Californie, ont légalisé l’aide médicale à mourir.
Comment vont s’arrimer Ottawa et Québec ? Comment s’adapteront les médecins? Comment respecter l'autonomie de la personne tout en prévenant les possibles dérives? Comment poser le bon geste et pour qui?
On en parle avec:
- Benoît Pelletier, professeur de droit à l'Université d'Ottawa et membre du Comité externe qui se penche sur les réponses fédérales à l’aide médicale à mourir.
- Michèle Marchand. A été médecin de famille à Montréal durant 20 ans avant de quitter la pratique médicale et compléter une formation en philosophie à l’Université du Québec à Montréal. Elle a été ces dernières années la secrétaire du groupe de travail en éthique clinique du Collège des médecins du Québec et également la conseillère en éthique de cette institution.
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Je vote pour la science est diffusée le lundi à 13h30, sur les cinq stations régionales de Radio VM. Elle est animée par Isabelle Burgun. Recherche: Naïma Hassert. Vous pouvez également nous écouter le mardi à 11h à Radio Centre-Ville (102,3 FM Montréal) et vous abonner sur iTunes.
Vous trouverez sur cette page des liens vers les émissions des saisons précédentes. Pour en savoir plus sur l'initiative Je vote pour la science, rendez-vous ici. Vous pouvez également nous suivre sur Twitter et sur Facebook.
http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2015/11/24/aide-medicale-mourir-quebec-bientot-vigueur
Mourir avec dignité... et liberté?
- Commission spéciale Mourir dans la dignité : Rapport (mars 2012). La page rassemble aussi des liens vers les mémoires et les audiences publiques.
- Le documentaire «Euthanasie, la confusion des sentiments»
À quoi peut-on s’attendre? Comment respecter l'autonomie de la personne tout en prévenant les possibles dérives? Comment poser le bon geste et pour qui? Certains espèrent une voie inclusive pour tous, d’autres sont opposés vivement à ce que l’hôpital soit un lieu où l’on aide à mourir. Pour l’une des invitées d'Isabelle Burgun cette semaine, Maryse Gaudreault, qui fut la présidente de cette Commission, l’importante participation citoyenne lors des consultations démontre à quel point il s’agit d’un sujet important pour la population —et avec le vieillissement de la population, il va le devenir de plus en plus.
Nos invités:
- Ghislain Leblond du Collectif Mourir digne et libre
- Maryse Gaudreault, la présidente de la Commission spéciale Mourir dans la dignité, qui est aussi députée libérale de Hull et porte-parole de l’opposition officielle pour la condition féminine.
- Patrick Vinay, médecin aux soins palliatifs de l'Hôpital Notre-Dame de Montréal et auteur du livre Ombres et lumières sur la fin de la vie (Éditions MédiasPaul)
- Yves Robert, porte-parole du Collège des médecins du Québec, professeur adjoint de clinique au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal et fondateur du Comité sur l’immunisation du Québec.
Je vote pour la science est diffusée le mardi à 11h à Radio Centre-Ville (102,3 FM Montréal). Vous trouverez sur cette page des liens vers les émissions des saisons précédentes. Pour en savoir plus sur l'initiative Je vote pour la science, rendez-vous ici. Vous pouvez également nous suivre sur Twitter et nous télécharger sur iTunes.
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Transcription de la première partie
Ghislain Leblond: Nous préconisons que chacun ait droit à une mort libre et digne, et sereine. Parce que dans certains cas, en terme de pourcentage, très peu élevés, mais en termes numérique, quelques centaines par année, il y a des gens qui sont placés devant des agonies. Qui doivent subir des agonies atroces, inhumaines. Des types d’agonies que la loi nous empêche de faire subir à nos animaux.
Parce qu’aujourd’hui, il y a des êtres humains qui sont obligés de les subir, parce que le cadre médico-légal actuel empêche les intervenants de venir au secours de ces gens-là.
PL: Nous venons d’entendre Ghislain Leblond du Collectif Mourir digne et libre, un collectif de citoyens qui fait la promotion de l'aide médicale active à mourir
Isabelle Burgun (IB): Le Collectif Mourir digne et libre a déposé en février un mémoire auprès de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité.
Cette commission, créée il y a tout juste 3 ans —le 4 décembre 2009— avait pour mandat de tenir une consultation générale sur les conditions de fin de vie, les soins palliatifs et l'euthanasie.
Parler de la «meilleure façon de mourir» —comme titrait Le Devoir, samedi dernier— n’est pas un exercice facile. Le choix de la «meilleure mort» pour soi et pour l’autre reste un sujet tabou, complexe et riche d’émotions.
PL: Il y a 9 mois que le rapport est déposé, n’est-ce pas?
IB: La Commission a déposé son rapport le 22 mars dernier à l’Assemblée nationale. Il comprend 24 recommandations touchant la fin de vie, les soins et les balises pour l’arrêt de traitement ou l’aide médicalisée à mourir... Une option qui devrait être disponible lorsque les souffrances ne peuvent plus être soulagées de manière satisfaisantes, lorsque les personnes malades le veulent.
PL : C’est d’ailleurs une préoccupation du Collectif Mourir digne et libre. Nous écoutons la suite de l’entrevue que tu as faite avec Ghislain Leblond.
(écoutez l'entrevue avec Ghislain Leblond à 2:30 en cliquant sur le lien audio ci-joint)
IB: Il y a bientôt 9 mois —le 22 mars dernier— la Commission Mourir dans la dignité déposait son rapport, à l’Assemblée nationale.
Ce rapport, très attendu, comprend 24 recommandations touchant la fin de vie, les soins, l’arrêt de traitement ou l’aide médicalisée à mourir. Il a été nourrit de mémoires de nombreux collectif, comme celui du Collège des médecins.
Et maintenant? Le comité d’experts qui doit baliser le parcours législatif de ces recommandations devrait rendre bientôt ses conclusions. Un projet de loi se prépare.
À quoi doit-on s’attendre? Ressemblerons-nous un jour aux Pays-Bas ou à la Belgique qui autorisent l’euthanasie? Nous distinguerons-nous en trouvant une voie inclusive pour chacun, selon son vécu, ses croyances et ses choix et ses souffrances aussi. Cette loi, on l’espère, fournira la réponse à l’une des questions les plus importantes de la vie, celle de la fin…
Nous allons en parler avec nos invités...
(écoutez l’entretien avec les trois autres invités à 9:00)
Manifestation contre l'euthanasie à Québec
http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201305/18/01-4652267-manifestation-contre-leuthanasie-a-quebec.php
Santé mardi 09 juin 2015
Pourquoi j’espère mourir à 75 ans
Le Temps: Un grand nombre de personnes souhaitent vivre le plus longtemps possible. Pourquoi ne partagez-vous pas cette aspiration?
Ezekiel Emanuel: Notre espérance de vie a fortement progressé depuis le début du XXe siècle. Un enfant né en 1900 aux Etats-Unis pouvait s’attendre à vivre environ 47 ans; ceux qui viennent au monde aujourd’hui atteindront approximativement 79 ans. Il s’agit certes d’un progrès; mais le côté négatif, c’est que cet allongement de la vie s’est accompagné d’une augmentation du nombre d’années vécues avec des handicaps ou des incapacités. A mesure que les personnes vieillissent, elles perdent leurs capacités physiques et souffrent de complications de maladies chroniques. Leur qualité de vie s’en trouve altérée; à un âge avancé, de nombreuses personnes ne sont plus capables d’assurer jusqu’aux activités les plus élémentaires du quotidien. Il faut aussi compter avec la maladie d’Alzheimer, dont les experts disent qu’elle va encore progresser au sein de la population, et qui constitue une perspective particulièrement effrayante. Et puis, même sans maladie, notre capacité à créer et à contribuer chute nettement après 75 ans. Lorsqu’on a conscience de tout cela, la perspective de vivre très vieux devient moins attrayante. Personnellement, je n’ai pas envie de connaître ces années de déclin. Et je préfère que mes enfants et proches se souviennent de moi comme une personne indépendante plutôt que comme un poids.
– Pourquoi pointez-vous ce «seuil» de 75 ans? Certaines personnes sont encore en bonne santé à cet âge…
– J’insiste sur les 75 ans pour marquer les esprits. Mais je n’ai pas choisi cet âge de manière arbitraire. Les statistiques montrent que c’est à partir de là que les gens commencent à souffrir d’incapacités. Il s’agit bien entendu d’une moyenne, et vous connaissez certainement des personnes qui continuent à bien se porter au-delà de cet âge. Mais il faut garder en tête que ce sont des exceptions – et nous ne pouvons pas tous être des exceptions!
– Quelle attitude préconisez-vous face au grand âge?
– Je suis opposé à l’euthanasie et au suicide assisté. J’ai le sentiment que les personnes qui veulent y recourir souffrent surtout de dépression et de la crainte de perdre leur dignité; il faut avant tout leur procurer des soins et de la compassion. Je ne mettrai pas fin à ma vie de manière intentionnelle. Mais je ne vais pas essayer de la prolonger non plus! A partir de 75 ans, je n’accepterai plus ni tests prédictifs ni soins – à part des soins palliatifs qui permettent de diminuer les douleurs. Je ne ferai plus d’examens cardiaques. Je ne prendrai plus d’antibiotiques et je ne me vaccinerai pas contre la grippe. Si j’ai un cancer, je refuserai tout traitement. Je mourrai de ce qui m’emportera en premier.
– Pensez-vous que tout le monde devrait en faire autant?
– Non, cette attitude est personnelle et je n’essaie pas de convaincre quiconque. Je n’ai rien contre les personnes âgées et je ne méprise pas les gens qui veulent continuer à vivre malgré leurs limitations physiques et mentales. Je ne souhaite pas non plus que l’âge de 75 ans devienne la mesure officielle d’une vie complète, dans une optique de rationalisation des soins. Ce que j’aimerais, c’est que les gens s’interrogent sur ce qu’ils souhaitent pour leur fin de vie. Ce n’est pas un exercice facile: l’évolution nous a programmés à nous battre pour survivre. Mais je pense que, si on réfléchissait vraiment à ce qui nous attend pour nos dernières années, seul un petit nombre d’entre nous souhaiterait arriver jusque-là. Et puis, se fixer une limite comme celle des 75 ans permet de définir un horizon clair. Cela encourage à s’interroger sur le sens de son existence et sur la trace qu’on veut laisser derrière soi.
– Considérez-vous que le corps médical devrait revoir sa manière de considérer la vieillesse et la fin de vie?
– J’ai le sentiment qu’un grand nombre de médecins et d’infirmiers partagent déjà mon point de vue et essaient de ne pas proposer trop d’examens ou de traitements lourds à des personnes très âgées. J’ai en tout cas reçu beaucoup de lettres avec des témoignages en ce sens suite à ma tribune dans The Atlantic, tout comme j’ai reçu des courriers de proches de personnes très âgées qui disaient aussi comprendre ma position. A mon avis, le principal écueil à éviter pour les médecins est celui de «l’obligation technologique», c’est-à-dire la tentation de se lancer dans des traitements sophistiqués simplement parce qu’ils existent.
– Votre réflexion vous amène-t-elle également à des recommandations de santé publique?
– Je l’ai dit, ma démarche concerne avant tout les individus. Mais d’un point de vue plus global, il me semble que les pays développés devraient arrêter de se focaliser sur l’espérance de vie de leur population. Cela ne sert à rien de courir après le Japon, Monaco et Macau, qui sont les pays où l’on meurt le plus vieux. Dès lors qu’une espérance de vie de 75 ans ou plus est atteinte, l’Etat devrait arrêter de se soucier de cet aspect. Les efforts pourraient alors spécifiquement porter sur la santé des plus jeunes et sur celle des groupes défavorisés – par exemple les hommes noirs américains, qui ont une espérance de vie plus faible que celle des Blancs. Un investissement massif dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer me semble aussi indispensable.
Conférence «Pourquoi j’espère mourir à 75 ans»: mardi 9 juin à 18h30, Uni Bastions, Genève
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/5ad7bdc0-0dec-11e5-bce4-0f8872f43eca/Pourquoi_jesp%C3%A8re_mourir_%C3%A0_75ans
Allez-vous mourir dans les 5 ans à venir? Faites le test!
Publié le - Mis à jour lePremière question, donc, mon âge. Disons quarante-cinq ans, ce qui nous situe en 2030, date à laquelle j’espère avoir pu mettre un terme aux mauvaises habitudes qui altèrent mon espérance de vie. Vient ensuite le genre : "homme" ou "femme", question simple mais fondamentale puisque les demoiselles ont une espérance de vie plus élevée, et font face à des périls bien différents de ceux qui pourraient emporter ces messieurs. (Lire ci-contre).
Je fume occasionnellement, c’est mal ?
Ne voyant pas très bien en quoi cela pourrait influencer ma survie, j’indique ensuite au programme que je vis avec une autre personne, ma compagne, et que le foyer comptabilise deux véhicules au total. Nul ne sait si le fait de vivre avec mon frère ou ma grand-mère aurait joué en ma défaveur, mais le programme aurait sans doute jugé mon mode de vie malsain si j’avais eu quinze petits enfants à moins de cinquante ans.
Viennent alors les questions difficiles. "Est-ce que vous fumez ?" "De temps en temps, et uniquement quand je bois de l’alcool", critère qui, curieusement ne figure pas dans le questionnaire, tout comme le poids et le fait de pratiquer ou non un sport. Vider sa bouteille de rosé bien frais à chaque apéritif ou courir chaque année les 20 km de Bruxelles n’aura manifestement pas d’impact sur l’espérance de vie à court terme. "Fumiez-vous régulièrement dans le passé ?" "Occasionnellement" réponds-je, ne sachant pas très bien ce que cela signifie, avant de me reprendre et d’indiquer au programme que je qualifierais mon état de santé de "bon" et que j’ai l’habitude de "marcher d’un bon pas", signe inéluctable de vigueur et de santé éclatante.
Petite tendance à l’hypertension
Pas de diabète, de cancer, d’attaque, d’angine ou d’AVC, restons optimistes. Mais lâchons tout de même une petite tendance à l’hypertension, la faute au statut d’indépendant et à la crise que traversera toujours la presse écrite dans une dizaine d’années, si elle ne s’est pas tout simplement effondrée, sans compter les cinq tasses de café quotidiennement consommées par tout journaliste qui se respecte avant d’allumer son PC.
Questions psychosociales
Petite nouveauté de ce genre de test, le questionnaire inclut pour terminer une série de questions socio-économiques ou psychosociales : le décès d’un proche, une séparation ou des difficultés financières susceptibles de faire bondir le taux d’anxiété et la tension artérielle.
"Le fait de pouvoir mesurer l’état de santé des personnes en ligne par le biais d’un bref questionnaire, sans avoir besoin de passer par des tests ou des examens physiques, est un développement excitant", déclarait la semaine dernière au quotidien britannique "The Guardian" le Dr Andrea Ganna, dont les travaux ont été publiés dans la prestigieuse revue médicale "The Lancet". "Nous espérons que cela permettra aux médecins d’identifier rapidement les patients à haut risque. […] Même si le résultat ne doit pas être considéré comme une prédiction figée. Pour la plupart des gens, le risque de décéder dans les cinq ans peut être diminué en augmentant l’activité physique, en cessant de fumer et en mangeant de manière équilibrée."
Marche, tabac, solitude… Les critères de la longévité
Rythme de marche, isolement social, dépression, mais aussi consommation de tabac, antécédent de cancer… Les questions posées par le test prédictif abordent tous les pans de la vie : histoire médicale, passé familial, environnement, facteurs socio-démographiques, mais aussi - et c’est ce qui fait l’originalité du test - psycho-sociaux.1. La perception de la maladie. Le test interroge le répondant sur la perception qu’il a de son état de santé. Et l’étude montre que, pour prévoir l’espérance de vie, cette perception a autant de valeur - voire plus - que les mesures classiques de santé. "Cela confirme une série d’études, qui indiquaient déjà que les personnes qui ont une vision positive de leur vie vivent en moyenne 7 ans de plus", note le Pr Jean Petermans, chef de service de gériatrie au CHU de Liège. Les explications ? Les personnes avec une vision positive sont plus actives physiquement, ont de meilleures relations sociales, sont plus attentives à leur santé : elles vieillissent mieux et vivent plus longtemps.
2. L’entourage social est aussi abordé. "C’est une des qualités du test, il met en avant parmi les facteurs de risques des facteurs psychiques, qui sont des échelles très peu souvent étudiées pour l’espérance de vie. Or l’accompagnement, l’entourage affectif et les relations sociales sont capitaux pour un vieillissement actif, souligne le Pr Petermans. Nous essayons d’appliquer cela en gériatrie, mais il est important d’agir en amont. Intervenir à ce niveau retarde les effets néfastes du vieillissement. Il faut que les équipes médicales entourent le patient, mais aussi ses proches qui peuvent devenir des aidants."
3. L’état psychique. L’état dépressif fait aussi l’objet de questions. Cela a en effet une influence sur l’espérance de vie. "Une personne déprimée se sentira fatiguée, bougera beaucoup moins…" Chez les plus âgés, cela peut mener à une perte de muscle et donc à des chutes… En étudiant des octogénaires, on a aussi pu constater que les gens soucieux et déprimés mouraient plus vite que les autres. Pas de suicide, mais de causes physiques associées à la dépression.
4. Le rythme de la marche. "Il y a un parallèle entre la marche et les troubles cognitifs, la marche est un bon reflet de l’état fonctionnel. Une marche plus lente est un signe de déclin fonctionnel. Les études démontrent que si l’on marche en dessous de 0, 8 mètres par seconde, on a une chance de faire une chute dans les six mois."Ce qui était déjà démontré pour les plus âgés l’est ici pour de plus larges groupes d’âge. C’est le cas pour d’autres critères du test.
5. Le sexe. Homme et femme n’ont pas la même espérance de vie. Les maladies cardio-vasculaires touchent plus tard les femmes (de 5 à 6 ans). Les œstrogènes les protégeraient jusqu’à la ménopause, même si c’est à présent discuté. Pour ces mêmes raisons, l’AVC et le diabète sont plus fréquents chez l’homme. Mais le cancer est le critère le plus déterminant pour l’espérance de vie chez la femme.
6. Grossesse ou pas. Les études montrent qu’avoir des enfants est positif pour la santé de la femme. Allaiter diminue les risques de cancer du sein. Les mères sont aussi susceptibles d’être moins déprimées. Mais ces études ont été réalisées quand elles étaient surtout femmes au foyer. A présent qu’elles travaillent, peut-être faut-il tenir compte du burn-out...
7. La consommation de tabac est aussi un signal très négatif. Et l’arrêt du tabac a des effets très rapides, à bien moins de cinq ans, qui est l’horizon du test.
8. Les soucis financiers. Pour révéler sa richesse, le répondant doit préciser le nombre de voitures du foyer… Bas niveau socio-économique et mauvaise santé sont en général liés. Cela peut aussi avoir une influence sur la santé mentale.
http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/allez-vous-mourir-dans-les-5-ans-a-venir-faites-le-test-55745bf435709a87ac7ce0fa
Pour une fin de vie éclairée
Fin de vie : mieux que pire
La proposition de loi concoctée par Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (UMP) ne réglera en rien ce problème de fond. Le texte qui sera débattu la semaine prochaine à l’Assemblée nationale est d’ambition modeste et consensuelle. Il se contente de reconnaître comme un droit « la sédation profonde et continue » (pour faire simple, une forme d’endormissement jusqu’à la mort). Et il veut rendre obligatoire le respect des directives anticipées, par lesquelles une personne exprime à l’avance ses choix ultimes, pour réduire encore les possibilités d’acharnement thérapeutique. Cela pourra constituer un progrès dans certains cas, à condition que l’endormissement médicamenteux n’apparaisse pas progressivement comme une substitution facile et bon marché à l’accompagnement humain. Quant au caractère contraignant des directives anticipées, il entend faire progresser les droits du malade. Par définition toutefois, ces directives seront formulées de façon abstraite ; le caractère mécanique de leur application pourrait empêcher les praticiens de proposer un soin ajusté à des circonstances imprévues.
Ces « droits nouveaux » pourraient constituer un pas de plus vers l’abolition de l’interdit de tuer. C’est l’argument des opposants au texte, regroupés dans le collectif Soulager mais pas tuer, que parraine Philippe Pozzo di Borgo, l’inspirateur du film Intouchables. Déjà, on peut redouter que les personnes qui ne sont pas mourantes mais en état végétatif soient plus systématiquement « débranchées ». L’expérience étrangère doit toujours servir d’avertissement. De brèche en brèche, et de compromis en compromis, on en vient parfois à légitimer des dérives inacceptables. Ainsi, la Belgique a fini par autoriser l’euthanasie des mineurs et envisage de répondre positivement à la demande de détenus qui jugent la vie en prison insupportable.
Mais, à tout prendre, la proposition Leonetti-Claeys vaut mieux que pire. Voilà pourquoi beaucoup de professionnels des soins palliatifs l’approuvent, tandis que l’Église catholique ne la combat pas. Le texte ne reconnaît pas le « droit à mourir ». Il se situe nettement et courageusement en deçà des promesses de campagne de François Hollande. Sous sa formulation actuelle – et donc à la condition encore incertaine qu’il ne soit pas dénaturé lors de la discussion parlementaire –, il constitue le seul compromis possible entre des positions philosophiques irréconciliables. Il offre ainsi la dernière alternative réaliste à la légalisation pure et simple de l’euthanasie, voire à l’autorisation du suicide assisté que souhaitent certains activistes, puissamment relayés dans les médias et à l’Assemblée. La sagesse devrait conduire à voter la loi, sans illusion et sans modification.
http://www.lavie.fr/debats/edito/fin-de-vie-mieux-que-pire-03-03-2015-60959_429.php
Ethique 10:30
La médecine est sous la menace d’un danger d’euthanasie
En tant que professeurs de médecine, nous suivons le débat sur la fin de vie qui arrive à nouveau à l’Assemblée nationale. Sensibles aux interrogations des patients, de leurs proches et des soignants sur la fin de vie, nous partageons, comme tout citoyen, les difficultés exprimées autour des choix et décisions dans ces moments ultimes. Nous souhaitons que notre société progresse pour apporter des orientations qui bénéficient à tous.
Nous avons soutenu et soutenons encore la loi fin de vie votée en 2005 à l’unanimité : elle permet de répondre à la très grande majorité des problématiques, car tout y est. Reste à l’enseigner, à la diffuser et à la mettre en œuvre plus largement. Mais modifier aujourd’hui le fragile équilibre de la loi fin de vie mettrait en danger notre système de santé. Nous ne pouvons l’accepter, surtout si le mobile inavoué d’un tel basculement est politique, plutôt que médical.
Que reprochons-nous au nouveau texte ? Les deux évolutions majeures envisagées – c’est pourquoi « directives anticipées contraignantes » et « droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès » – peuvent paraître anodines à certains parce qu’elles ne contiennent pas « les mots qui fâchent ». Mais ces deux expressions menacent la relation de confiance entre soignants et soignés.
Les désirs des patientsLa possibilité de rédiger des directives anticipées révisables et de désigner une personne de confiance existe déjà. Même si la rédaction de telles directives est difficile quand on est en bonne santé. Ecouter les désirs des patients...
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/09/la-medecine-est-sous-la-menace-d-un-danger-d-euthanasie_4589984_3232.html#li2KJWxbIT4XVI6w.99
Une majorité de médecins défend le suicide assisté
«Ces résultats montrent l’ambivalence du corps médical à ce sujet», explique Michelle Salathé, vice-secrétaire générale de l’ASSM. D’après l’étude, publiée mercredi, très peu de médecins pratiquent actuellement l’assistance au suicide.
Des questionnaires ont été envoyés à 4800 médecins choisis au hasard et douze ont été interrogés individuellement sur leur attitude face à l’assistance au suicide. 1318 praticiens (27%) ont retourné le formulaire.
Il apparaît que trois quarts des répondants considèrent la pratique comme fondamentalement défendable. Un peu moins de la moitié peuvent envisager des situations dans lesquelles ils seraient personnellement prêts à fournir une assistance au suicide. Un bon quart tolèrent l’assistance sans toutefois être prêts à la fournir eux-mêmes.
Malades en fin de vie
Pour la majorité des répondants, l’acceptation de l’assistance au suicide dépend de la situation concrète: plus le diagnostic d’une maladie somatique est évident et la fin de vie proche, plus l’acceptation de la pratique est élevée. Ainsi, trois quarts des répondants refusent l’aide au suicide des personnes très âgées mais en bonne santé.
Un peu plus de la moitié la refusent à des personnes souffrant de troubles psychiques. L’approbation des médecins varie aussi d’après leur spécialisation et leur lieu de travail (cabinet ou hôpital), leur âge et leur expérience en la matière. http://www.letemps.ch/Page/Uuid/0442207e-6fca-11e4-a6c2-0081b93c5d12
À bout, le médecin de Vincent Lambert quitte ses fonctions
Estimant que l'euthanie passive était la meilleure décision pour son patient, le Dr Kariger s'est attiré les foudres des militants pro-vie. «J'ai eu beaucoup de menaces anonymes. J'ai pris des coups, et j'ai eu la prétention de penser que cela ne me fragiliserait pas. Mais ces coups répétés fragilisent l'humain. Je suis allé jusqu'à mes limites, voire au delà». Le médecin s'est retrouvé victime de harcèlement, traité «d'assassin» ou de «nazi». «Je me suis retrouvé à avoir de vilaines pensées, heureusement ma femme, mes enfants et les valeurs qui sont les miennes m'ont permis de franchir ce cap.» Le Dr Kariger a par la suite reçu des menaces de mort. «Ça a totalement dérapé», souffle-t-il. Dans une interview donné en juillet au Parisien , il expliquait avoir reçu un courrier anonyme lui promettant «des larmes pour les jours de vie qui me restent». Le médecin avait porté plainte.
«La mort n'est pas un échec médical»
Eric Kariger dit pourtant «ne rien regretter» de son «combat pour une certaine médecine, une médecine qui ne s'obtine pas, une médecine qui reconnaît ses limites». «Oui, je suis un défenseur de la vie, mais je suis aussi déontologiquement contre l'acharnement thérapeutique. Lorsque les sens de la vie ont atteint leurs limites, la médecine doit, en toute humilité, accepter de laisser mourir, de laisser partir», plaide-t-il. «La mort n'est pas un échec médical. Tout médecin qui ne reconnaît pas cela est dangereux pour ses pairs». Toutefois, ce combat «ne méritait pas que j'y laisse ma peau».Le médecin de Vincent Lambert avait décidé en mai de se mettre en disponibilité durant trois ans. «J'avais calé mon départ sur le calendrier du Conseil d'Etat. En envisageant que, si ce dernier confirmait le choix de mon équipe, cela me laissait l'été pour accompagner Vincent et sa famille tranquillement jusqu'au bout», expliquait-il au Parisien. L'instance judiciaire avait en effet bien accordé au personnel médical le droit de laisser mourir Vincent Lambert, mais les parents de celui-ci, refusant obstinément de voir mourir leur fils, ont porté plainte auprès de la Cour européenne des droits de l'homme. Cette dernière a suspendu la décision française, en attendant son jugement.
«Moi qui suis très attaché à la famille, je suis déchiré de voir celle de Vincent Lambert meurtrie, totalement décapitée», soupire le Dr Kariger. L'épouse de Vincent Lambert, souhaitant mettre fin aux souffrances de son mari, est en conflit ouvert avec ses beaux-parents, qui gardent l'espoir d'une rémission. «J'ai voulu faire comprendre [à ses parents] que ce n'est pas renier leurs valeurs et leur foi que de laisser partir leur fils. Je n'ai pas été entendu. Je n'ai jamais réussi à reconstruire une relation de confiance». Le médecin espère «qu'ils pourront tous trouver la paix, et que Vincent Lambert pourra trouver la paix qu'il aurait demandé s'il pouvait s'exprimer».
Le médecin va désormais «exercer des fonctions qui vont me permettre d'exceller dans ma vocation d'être au service des plus vulnérables (...) Derrière Vincent Lambert, il y a d'autres malades, d'autres familles qui souffrent». Le Dr Kariger «laisse derrière [lui] une équipe expérimentée, qui accompagne Vincent Lambert au jour le jour. J'ai toute confiance en eux».
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/08/29/01016-20140829ARTFIG00144--bout-le-medecin-de-vincent-lambert-quitte-ses-fonctions.php
Voulez-vous savoir quand vous allez mourir ?
Pourtant, si l'on en croit une étude parue le 25 février dans la revue PLoS Medicine, la chose est bel et bien possible. Tout est parti du désir d'une équipe estonienne d'exploiter la technique de la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire (RMN) afin de mesurer d'un seul coup la concentration d'une centaine de biomarqueurs dans le sang au lieu d'utiliser une batterie de tests différents. Ces chercheurs ont exploité pour ce faire les échantillons prélevés sur une vaste cohorte de 9 842 individus âgés de 18 à 103 ans. Ces personnes avaient été recrutées entre 2002 et 2011 et leur suivi durait donc depuis plusieurs années. Et l'on savait qui était décédé dans l'intervalle et qui était toujours en vie.
Après analyse des résultats, ces biologistes se sont aperçus d'un résultat étonnant : un cocktail de seulement 4 biomarqueurs (sur les 106 testés) prédisait fort bien le risque de finir ou pas dans un cercueil au cours des cinq années suivantes. On pouvait grâce à eux composer une sorte de test de la mort, un indicateur des chances de survie à court-moyen terme. Les individus situés dans la zone rouge de cet indicateur risquaient 19 fois plus de trépasser dans les années qui venaient que les personnes classées dans la zone la moins dangereuse. Les biomarqueurs en question étaient les suivants : l'albumine, l'orosomucoïde, les lipoprotéines de basse densité (qui transportent le cholestérol) et l'acide citrique, qui joue un rôle central dans la synthèse de l'ATP, le carburant des cellules.
Trouvant que le résultat était trop simple et trop beau pour être vrai, les chercheurs estoniens ont demandé une confirmation indépendante auprès de collègues finlandais, lesquels disposaient d'une cohorte analogue à la leur. Comme il l'a expliqué au Telegraph, le Finlandais Markus Perola (université d'Helsinki) ne croyait pas pouvoir reproduire les résultats de ses collègues et fut stupéfait lorsque ce fut le cas. Sur une base de 7 503 personnes testées, on retrouvait le même cocktail prédictifs de quatre biomarqueurs (que l'on finira peut-être par renommer "nécromarqueurs")... "C'était un résultat plutôt extraordinaire, reconnaît Markus Perola. Au départ, nous n'y croyions pas vraiment. Il était étonnant que ces biomarqueurs puissent vraiment prédire la mortalité indépendamment de toute maladie. Il s'agissait d'individus apparemment en bonne santé mais, à notre surprise, ces biomarqueurs montrent une fragilité non décelée que ces personnes ignoraient avoir."
Le résultat le plus déstabilisant de cette étude est bien là : percevoir une "fragilité" sous-jacente, avoir prédit un risque grave pour la santé chez des personnes "apparemment en bonne santé", ne présentant pas le moindre symptôme d'une quelconque maladie. Sentir en quelque sorte que leur organisme, leur métabolisme, est sur le point de se détraquer complètement, de lâcher. Ne pas avoir isolé un risque particulier de développer une pathologie précise (maladie cardiovasculaire, cancer, ou autre) mais un risque global pesant sur la santé.
Il ne faut évidemment pas s'attendre à se voir proposer demain ce "test de la mort". D'autres confirmations sont nécessaires, notamment parce que les cohortes étudiées sont très semblables : deux populations d'Europe du Nord ayant peu ou prou le même environnement et le même mode de vie. Il est donc nécessaire de voir si le résultat est valable pour d'autres ethnies, d'autres habitudes alimentaires, d'autres environnements. Il faut aussi comprendre ce que recouvre cet indicateur et par quels mécanismes il connecte des maladies très différentes L'étude pose néanmoins une question intéressante : l'utilisation d'un pareil test à des fins de dépistage permettrait de détecter des personnes dont l'organisme risque de se déglinguer. Mais que faire une fois ceci posé, si l'on ne sait pas identifier ce qui, précisément, va lâcher ? Comme le dit très simplement Markus Perola, "il y a une quetion éthique. Est-ce que quelqu'un voudrait savoir le risque qu'il a de mourir s'il n'est rien que l'on puisse faire ?"
De quoi on mourait jadis, de quoi on meurt aujourd’hui
C'est une petite institution dans le monde de la recherche médicale. Influente revue américaine lancée en 1812, le New England Journal of Medicine (NEJM) fête son 200e anniversaire depuis le début de l'année. A l'occasion de cette célébration a été publié le 21 juin un article décrivant, à partir des archives de la revue (qui, de trimestrielle à l'origine, est devenue hebdomadaire), l'évolution des maladies et des causes de mortalité en l'espace de deux siècles. Même si la Camarde est toujours au bout du chemin, on ne meurt plus aujourd'hui pour les mêmes raisons qu'autrefois – il arrive aussi que les maux incertains ou peu compris de jadis aient aujourd'hui trouvé des explications et appellations plus précises...Ainsi, lorsque l'on consulte le document rassemblant, pour l'année 1811, les causes de la mortalité à Boston, ville où le NEJM a été créé, on retrouve certes dans les entrées des maladies bien connues, comme le cancer (5 morts sur 942), la diarrhée (15), la syphilis (12), la variole (2) ou le choléra (6). Mais les causes de décès les plus importantes, par le nombre de personnes impliquées, sont nettement plus floues, comme la fameuse "consomption" (221 morts) dont on retrouve plusieurs victimes dans les romans du XIXe siècle et qui recouvre essentiellement la tuberculose pulmonaire, ou bien les fièvres diverses et variées (116) parmi lesquels on compte le typhus. Les accouchements et leurs suites sont dangereux puisque, entre les enfants morts-nés, les fièvres puerpérales qui emportent les mères, les infections diverses auxquelles ne survivent pas les bébés et les "poussées dentaires" fatales, 135 décès leur sont imputables. On peut sans doute dénicher les accidents vasculaires cérébraux sous le vocable d'"apoplexie" (13) mais il est plus compliqué de deviner ce que recouvrent exactement les entrées "convulsions" (36), "faiblesse" (28), "déclin" (20), ou "mort subite" (25).
On trouve aussi dans cette liste quelques curiosités, comme un foudroyé, deux trépassés des suites de "crampes d'estomac" et deux personnes qui ont péri pour avoir bu... de l'eau froide. Même s'il se veut le plus sérieux possible, le NEJM est le reflet de son époque et de ses croyances. On peut ainsi lire, en 1812, le compte-rendu d'un article publié par un concurrent (l'Edinburgh Medical and Surgical Journal), où sont décrits les effets dévastateurs causés par le vent d'un boulet de canon : citons "les vêtements dont les boutons et les épaulettes sont arrachés, ce qui produit une lividité étendue sur la partie du corps près de laquelle le boulet est passé, une cécité subite ou graduelle, des os fracturés en un millier de morceaux sans même que la peau soit déchirée". Toujours lors de sa première année d'existence, le New England parle du phénomène des "combustions spontanées dans les manufactures", qui sont pour l'essentiel des explosions de poussières ou des incendies dus à des produits inflammables. L'article s'achève néanmoins en citant l'exemple de "combustions spontanées chez les buveurs de brandy et plus spécialement chez les femmes". Mais la prudence scientifique est brandie dans la phrase suivante puisque la revue incite ses lecteurs à "attendre de meilleures preuves que celles que nous avons vues jusqu'à présent, avant de donner crédit à ces comptes-rendus, même s'ils proviennent de sociétés savantes"...
Bien des maladies mortelles de 1812 ne le sont plus aujourd'hui. On se soigne mieux, on vit plus vieux et cela a fait remonter dans le classement des causes de la mortalité des pathologies qui se traînaient en queue de peloton. Ainsi, si l'on reprend les deux maladies qui font dorénavant la course en tête dans un pays comme la France, à savoir le cancer et les maladies cardio-vasculaires, celles-ci étaient quasiment absentes à Boston en 1811. Il est d'ailleurs frappant de noter que les maladies infectieuses, naguère les plus grandes remplisseuses de cimetières, n'arrivent qu'en sixième place – grippe et pneumonies viennent derrière le cancer, les maladies cardio-vasculaires, les accidents, la maladie d'Alzheimer et le diabète. Précisons toutefois que, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans les pays les plus pauvres de la planète, bactéries et virus sont toujours à la fête, comme dans la Nouvelle-Angleterre du début du XIXe siècle. Dans ces pays-là, les trois premières places du podium sont occupées par des maladies infectieuses : infections pulmonaires, diarrhées, sida. Le paludisme y est cinquième et la tuberculose septième. En deux siècles, la médecine a fait d'énormes progrès. Encore faut-il y avoir accès.
"Mille cinq cents morts silencieuses par an"
Ainsi, entre Molenbeek-St-Jean et Woluwe-St-Pierre, il y a une différence d’espérance de vie de plus de cinq ans. Un écart comparable entre l’espérance de vie de la Belgique (79 ans) et celui de pays tels le Venezuela ou la Cisjordanie. Ces statistiques 2011, récoltées par l’Observatoire de la santé et du social de Bruxelles, interpellent alors que ces deux communes sont situées à quelques kilomètres l’une de l’autre.
"Ils semblent qu’en matière d’espérance de vie, les facteurs environnementaux sont très secondaires par rapport aux facteurs sociaux", explique Pierre Marissal d’Inter-Environnement (IEB) et spécialiste de la question. Pour faire simple, il y a des facteurs environnementaux qui influencent l’espérance de vie - comme un travail où l’on est exposé à des produits nocifs ou un logement pollué par des moisissures - mais ce qui raccourcit le plus la vie, ce sont les facteurs sociaux comme la pauvreté et le manque d’éducation qui facilitent les comportements à risque (mauvaise alimentation, fumer, refuser des soins de santé, etc.)
Des conditions qui sont malheureusement surtout réunies dans le croissant pauvre de Bruxelles. Selon Pierre Marissal, si l’on compare les personnes de 30 ans, diplôme universitaire en main et habitant un des quartiers riches de Bruxelles, avec des personnes du même âge mais n’ayant qu’un diplôme du primaire et habitant le croissant pauvre, l’écart d’espérance de vie est en moyenne de 6 ans et demi pour les femmes, et près de 8 ans et demi pour les hommes.
Selon les chiffres du scientifique toujours, si l’ensemble de la population bruxelloise connaissait les mêmes conditions d’espérance de vie que les habitants des quartiers aisés, cela ferait près de 1 500 morts en moins chaque année. "Mais ce sont 1 500 morts silencieuses, et personne ne s’en aperçoit ", conclut Pierre Marissal.
C’est cette tranquillité dont témoignent les familles qui ont vécu à la maison la fin de vie d’un être cher. «Il faut se garder d’idéaliser, dit Jean-Paul Studer, médecin de famille à Peseux. Mais dans mon expérience, la mort à domicile est une aventure humaine intense et enrichissante.»
La plupart des gens aspirent à mourir dans leur lit, observent, comme lui, les professionnels sur le terrain. Pourtant, la proportion de morts à domicile, qui était de 80% il y a cent ans, s’est réduite à environ un quart, selon les estimations européenes.
Comment expliquer cet écart? Une étude menée en Belgique, et dont les résultats sont publiés ces jours-ci (1), place la communication entre médecin et patient au centre de la problématique. Tout en fournissant de précieuses données chiffrées qui confirment les observations empiriques.
La question de départ de l’enquête belge est la suivante: dans quelle mesure les médecins de famille savent-ils où leurs patients préféreraient mourir? Il apparaît que l’information circule dans 46% des cas seulement. Mais aussi que quand le médecin connaît le souhait de son patient, ce désir parvient à une réalisation dans 80% des cas.
L’étude confirme également que la préférence des patients va, dans la majorité de cas (58%), à la mort à domicile. Vient ensuite la maison de retraite (40%), puis l’unité de soins palliatifs (6,6%). L’hôpital, pourtant haut lieu du mourir contemporain, arrive bon dernier: seules 4,7% des personnes choisiraient d’y quitter la vie.
Démographe et grand avocat de l’aide à domicile en Suisse (2), Hermann-Michel Hagmann voit dans l’enquête belge la confirmation d’une tendance: «Il y a dans la population un fort désir de mourir chez soi, plus fort probablement qu’il y a une dizaine d’années. Mais beaucoup de médecins ne le savent pas ou préfèrent ne pas le savoir.»
Une des raisons à cela est très terre à terre: comme le confirme l’étude belge, la disponibilité du médecin est déterminante dans la réussite d’un projet de mort à domicile: «Pour le patient, savoir que son médecin est atteignable jour et nuit en cas de besoin est essentiel dans ces moments», observe Jean-Paul Studer, en digne représentant de la vieille école. Or, peu nombreux sont ses jeunes confrères qui sont prêts à une telle dédition.
Mais il n’y a pas que le médecin: pour mourir chez soi, il faut aussi être soutenu par une structure d’aide et de soins à domicile efficace. Par une famille aussi si possible, mais qui a elle-même besoin d’un sérieux coup de main pour ne pas flancher: «C’est toute une chaîne d’acteurs qui est mobilisée, observe encore le praticien neuchâtelois: si un des maillons faiblit, c’est l’affolement, l’ambulance, et tout finit à l’hôpital.»
Pour Hermann-Michel Hagmann, le quartier général de cette chaîne doit être le centre local d’aide et de soins à domicile: «Chaque centre médico-social devrait développer son équipe de soins palliatifs, plaide-t-il. C’est faisable, moyennant un complément de formation du personnel déjà en place. Et un partenariat efficace avec le corps médical et les équipes spécialisées des hôpitaux.» C’est sur ce modèle que le Centre médico-social de Sierre a, sous sa direction, développé le programme pilote Juana, qui fait référence en Suisse romande mais reste une exception.
Ici et là, d’autres choix ont été faits. Notamment celui de centres de soins palliatifs qui détachent, au besoin, leurs équipes à domicile. Mais cela suppose souvent, pour la famille, pour le mourant, une discontinuité des interlocuteurs génératrice d’angoisses et de dysfonctionnements, plaide Hermann-Michel Hagmann: «Nous sommes face à de nouvelles générations d’aînés qui tiennent à leur autonomie jusqu’au bout. C’est dans ce contexte que s’inscrit le développement des services à domicile, dont les soins palliatifs sont un aboutissement logique. Les centres médico-sociaux doivent assumer le rôle central qu’ils jouent dans cette évolution.»
Mourir chez soi redevient ainsi un projet d’avenir. Un projet largement partagé et de plus, matériellement abordable: le modèle sierrois est générateur d’économies considérables, plaide son promoteur.
Un projet, pourtant, qui reste largement inaccompli. Parce que, malgré un discours favorable à leur développement, les structures de services à domicile sont encore lacunaires. Pour que cela change, il faudrait un vrai pilote dans l’avion de la santé en Suisse, note Hermann-Michel Hagmann. Tous les regards se tournent vers Berne.
(1) GPs’awarness of patients’ preference for place of death.
In British Journal of General Practice, 59, septembre 2009.
(2) Vieillir chez soir, c’est possible
de Hermann- Michel Hagmann.
Ed. Saint-Augustin, 2008.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/3822593a-a0a5-11de-aed6-abc36971ed9b/Mourir_chez_soi_un_fort_d%C3%A9sir_inassouvi
« Préparez-vous à mourir. »
Le message que Steve Jobs a laissé pour vous sur la vie, la mort et les raisons de son succès.
« C'est un honneur de me trouver parmi vous aujourd'hui et d'assister à une
remise de diplômes dans une des universités les plus prestigieuses du monde.
Je n'ai jamais terminé mes études supérieures. A dire vrai, je n'ai même jamais été témoin d'une remise de
diplômes dans une université.
Je veux vous faire partager aujourd'hui trois expériences qui ont marqué ma carrière. C'est tout. Rien
d'extraordinaire. Juste 3 expériences.
« Pourquoi j'ai eu raison de laisser tomber l'université »
La première concerne les incidences imprévues. J'ai abandonné mes études au
Reed College au bout de six mois, mais j'y suis resté auditeur libre pendant
dix-huit mois avant de laisser tomber définitivement.
Pourquoi n'ai-je pas poursuivi ?
Tout a commencé avant ma naissance. Ma mère biologique était une jeune
étudiante célibataire, et elle avait choisi de me confier à des parents adoptifs.
Elle tenait à me voir entrer dans une famille de diplômés universitaires, et
tout avait été prévu pour que je sois adopté dès ma naissance par un avocat et
son épouse. Sauf que, lorsque je fis mon
apparition, ils décidèrent au dernier moment qu'ils préféraient avoir une
fille. Mes parents, qui étaient sur une liste d'attente, reçurent un coup de téléphone au milieu de la nuit :
« Nous avons un petit garçon qui n'était pas prévu. Le voulez-vous ? »
Ils répondirent : « Bien sûr. »
Ma mère biologique découvrit alors que ma mère adoptive n'avait jamais eu le
moindre diplôme universitaire, et que mon père n'avait jamais terminé ses
études secondaires. Elle refusa de signer les documents définitifs
d'adoption et ne s'y résolut que quelques mois plus tard, quand mes
parents lui promirent que j'irais à l'université.
17 ans plus tard, j'entrais donc à l'université.
Mais j'avais naïvement choisi un établissement presque aussi cher que
Stanford, et toutes les économies de mes parents servirent à payer mes frais de scolarité.
Au bout de 6 mois, je n'en voyais toujours pas la justification. Je
n'avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie et je n'imaginais pas
comment l'université pouvait m'aider à trouver ma voie. J'étais là en train de
dépenser tout cet argent que mes parents avaient épargné leur vie durant.
Je décidai donc de laisser tomber.
Une décision plutôt risquée, mais rétrospectivement c'est un des meilleurs
choix que j'aie jamais faits. Dès le moment où je renonçais, j'abandonnais
les matières obligatoires qui m'ennuyaient pour suivre les cours qui m'intéressaient.
Tout n'était pas rose. Je n'avais pasde chambre dans un foyer, je dormais à même le sol chez des amis.
Je ramassais des bouteilles de Coca-Cola pour récupérer le dépôt de 5
cents et acheter de quoi manger, et tous les dimanches soir je faisais 10 kilomètres à pied pour traverser la
ville et m'offrir un bon repas au temple de Hare Krishna. Un régal.
Et ce que je découvris alors, guidé
par ma curiosité et mon intuition, se révéla inestimable à l'avenir.Laissez-moi vous donner un exemple :
le Reed College dispensait probablement alors le meilleur enseignement de typographie de tout le
pays. Dans le campus, chaque affiche, chaque étiquette sur chaque tiroir était
parfaitement calligraphiée.
Parce que je n'avais pas à suivre de cours obligatoire, je décidai de m'inscrire en classe de calligraphie.
C'est ainsi que j'appris tout ce qui concernait l'empattement des caractères, les espaces entre les différents groupes de lettres, les détails qui font la beauté d'une typographie. C'était un art ancré dans le passé, une subtile esthétique qui échappait à la science.
J'étais fasciné.
Rien de tout cela n'était censé avoir le moindre effet pratique dans ma vie. Pourtant, 10 ans plus tard, alors que nous concevions le premier Macintosh, cet acquis me revint. Et nous l'incorporâmes dans le Mac.
Ce fut le premier ordinateur doté d'une typographie élégante. Si je
n'avais pas suivi ces cours à l'université, le Mac ne posséderait pas une telle variété de polices de caractères ni ces espacements proportionnels.
Et comme Windows s'est borné à copier le Mac, il est probable qu'aucun ordinateur personnel n'en disposerait.
Si je n'avais pas laissé tomber mes
études à l'université, je n'aurais jamais appris la calligraphie, et les ordinateurs personnels n'auraient peut-être pas cette richesse de caractères. Naturellement, il était impossible de prévoir ces répercussionsquand j'étais à l'université. Mais elles me sont apparues évidentes dix ans plus tard.
On ne peut prévoir l'incidence
qu'auront certains événements dans le
futur ; c'est après coup seulement
qu'apparaissent les liens. Vous pouvez
seulement espérer qu'ils joueront un
rôle dans votre avenir. L'essentiel est
de croire en quelque chose - votre
destin, votre vie, votre karma, peu
importe. Cette attitude a toujours
marché pour moi, et elle a régi ma vie.
« Pourquoi mon départ forcé d'Apple
fut salutaire »
Ma deuxième histoire concerne la
passion et l'échec. J'ai eu la chance
d'aimer très tôt ce que je faisais.
J'avais 20 ans lorsque Woz [Steve
Wozniak, le co-fondateur d'Apple
N.D.L.R.] et moi avons créé Apple dans
le garage de mes parents. Nous avons
ensuite travaillé dur et, 10 ans plus
tard, Apple était une société de plus de
4 000 employés dont le chiffre
d'affaires atteignait 2 milliards de
dollars. Nous venions de lancer un an
plus tôt notre plus belle création, le
Macintosh, et je venais d'avoir 30 ans.
C'est alors que je fus viré.
Comment peut-on vous virer d'une
société que vous avez créée ? C'est bien
simple, Apple ayant pris de
l'importance, nous avons engagé
quelqu'un qui me semblait avoir les
compétences nécessaires pour diriger
l'entreprise à mes côtés et, pendant la
première année, tout se passa bien.
Puis nos visions ont divergé, et nous
nous sommes brouillés. Le conseil
d'administration s'est rangé de son
côté. C'est ainsi qu'à 30 ans je me suis
retrouvé sur le pavé. Viré avec perte et
fracas. La raison d'être de ma vie
n'existait plus. J'étais en miettes.
Je restais plusieurs mois sans savoir
quoi faire. J'avais l'impression d'avoir
trahi la génération qui m'avait précédé
- d'avoir laissé tomber le témoin au
moment où on me le passait. C'était un
échec public, et je songeais même à fuir
la Silicon Valley.
Puis j'ai peu à peu compris une chose
- j'aimais toujours ce que je faisais.
Ce qui m'était arrivé chez Apple n'y
changeait rien. J'avais été éconduit,
mais j'étais toujours amoureux. J'ai
alors décidé de repartir de zéro.
Je ne m'en suis pas rendu compte tout
de suite, mais mon départ forcé d'Apple
fut salutaire. Le poids du succès fit
place à la légèreté du débutant, à une
vision moins assurée des choses. Une
liberté grâce à laquelle je connus l'une
des périodes les plus créatives de ma
vie.
Pendant les 5 années qui suivirent,
j'ai créé une société appelée NeXT et
une autre appelée Pixar, et je suis
tombé amoureux d'une femme
exceptionnelle qui est devenue mon
épouse.
Pixar, qui allait bientôt produire le
premier film d'animation en trois
dimensions, Toy Story , est aujourd'hui
la première entreprise mondiale
utilisant cette technique. Par un
remarquable concours de circonstances,
Apple a acheté NeXT, je suis retourné
chez Apple, et la technologie que nous
avions développée chez NeXT est
aujourd'hui la clé de la renaissance
d'Apple.
Et Laurene et moi avons fondé une
famille merveilleuse.
Tout cela ne serait pas arrivé si je
n'avais pas été viré d'Apple.
La potion fut horriblement amère, mais
je suppose que le patient en avait
besoin.
Parfois, la vie vous flanque un bon
coup sur la tête. Ne vous laissez pas
abattre. Je suis convaincu que c'est mon
amour pour ce que je faisais qui m'a
permis de continuer.
Il faut savoir découvrir ce que l'on
aime et qui l'on aime. Le travail occupe
une grande partie de l'existence, et la
seule manière d'être pleinement
satisfait est d'apprécier ce que l'on
fait.
Sinon, continuez à chercher. Ne
baissez pas les bras. C'est comme en
amour, vous saurez quand vous aurez
trouvé. Et toute relation réussie
s'améliore avec le temps. Alors,
continuez à chercher jusqu'à ce que vous
trouviez.
« Pourquoi la mort est la meilleure
chose de la vie »
Ma troisième histoire concerne la
mort. A l'âge de 17 ans, j'ai lu une
citation qui disait à peu près ceci :
« Si vous vivez chaque jour comme s'il
était le dernier, vous finirez un jour
par avoir raison. »
Elle m'est restée en mémoire et,
depuis, pendant les 33 années écoulées,
je me suis regardé dans la glace le
matin en me disant :
« Si aujourd'hui était le dernier jour
de ma vie, est-ce que j'aimerais faire
ce que je vais faire tout à l'heure ? »
Et si la réponse est non pendant
plusieurs jours à la file, je sais que
j'ai besoin de changement.
Avoir en tête que je peux mourir
bientôt est ce que j'ai découvert de
plus efficace pour m'aider à prendre des
décisions importantes. Parce que presque
tout - tout ce que l'on attend de
l'extérieur, nos vanités et nos fiertés,
nos peurs de l'échec - s'efface devant
la mort, ne laissant que l'essentiel.
Se souvenir que la mort viendra un
jour est la meilleure façon d'éviter le
piège qui consiste à croire que l'on a
quelque chose à perdre. On est déjà nu.
Il n'y a aucune raison de ne pas suivre
son coeur.
Il y a un an environ, on découvrait
que j'avais un cancer. A 7 heures du
matin, le scanner montrait que j'étais
atteint d'une tumeur au pancréas. Je ne
savais même pas ce qu'était le pancréas.
Les médecins m'annoncèrent que c'était
un cancer probablement incurable, et que
j'en avais au maximum pour six mois. Mon
docteur me conseilla de rentrer chez moi
et de mettre mes affaires en ordre, ce
qui signifie :
« Préparez-vous à mourir. »
Ce qui signifie dire à ses enfants en
quelques mois tout ce que vous pensiez
leur dire pendant les 10 prochaines
années. Ce qui signifie essayer de
faciliter les choses pour votre famille.
En bref, faire vos adieux.
J'ai vécu avec ce diagnostic pendant
toute la journée. Plus tard dans la
soirée, on m'a fait une biopsie,
introduit un endoscope dans le pancréas
en passant par l'estomac et l'intestin.
J'étais inconscient, mais ma femme, qui
était présente, m'a raconté qu'en
examinant le prélèvement au microscope,
les médecins se sont mis à pleurer, car
j'avais une forme très rare de cancer du
pancréas, guérissable par la chirurgie.
On m'a opéré et je vais bien.
Ce fut mon seul contact avec la mort,
et j'espère qu'il le restera pendant
encore quelques dizaines d'années.
Après cette expérience, je peux vous
le dire avec plus de certitude que
lorsque la mort n'était pour moi qu'un
concept purement intellectuel : personne
ne désire mourir.
Même ceux qui veulent aller au ciel
n'ont pas envie de mourir pour y
parvenir. Pourtant, la mort est un
destin que nous partageons tous.
Personne n'y a jamais échappé. Et c'est
bien ainsi, car la mort est probablement
ce que la vie a inventé de mieux.
C'est le facteur de changement de la
vie. Elle nous débarrasse de l'ancien
pour faire place au neuf. En ce moment,
vous représentez ce qui est neuf, mais
un jour vous deviendrez progressivement
l'ancien, et vous laisserez la place aux
autres. Désolé d'être aussi dramatique,
mais c'est la vérité.
Votre temps est limité, ne le gâchez
pas en menant une existence qui n'est
pas la vôtre.
Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui
obligent à vivre en obéissant à la
pensée d'autrui. Ne laissez pas le
brouhaha extérieur étouffer votre voix
intérieure.
Ayez le courage de suivre votre coeur
et votre intuition. L'un et l'autre
savent ce que vous voulez réellement
devenir. Le reste est secondaire.
Dans ma jeunesse, il existait une
extraordinaire publication The Whole
Earth Catalog, l'une des bibles de ma
génération.
Elle avait été fondée par un certain
Stewart Brand, non loin d'ici, à Menlo
Park, et il l'avait marquée de sa veine
poétique. C'était à la fin des années
1960, avant les ordinateurs et l'édition
électronique, et elle était réalisée
entièrement avec des machines à écrire,
des paires de ciseaux et des appareils
Polaroid.
C'était une sorte de Google en livre
de poche, 35 ans avant la création de
Google. Un ouvrage idéaliste, débordant
de recettes formidables et d'idées
épatantes.
Stewart et son équipe ont publié
plusieurs fascicules de The Whole Earth
Catalog . Quand ils eurent épuisé la
formule, ils sortirent un dernier
numéro.
C'était au milieu des années 1970, et
j'avais votre âge.
La quatrième de couverture montrait la
photo d'une route de campagne prise au
petit matin, le genre de route sur
laquelle vous pourriez faire de
l'auto-stop si vous avez l'esprit
d'aventure.
Dessous, on lisait :
« Soyez insatiables. Soyez fous. »
C'était leur message d'adieu. Soyez
insatiables. Soyez fous.
C'est le voeu que j'ai toujours formé
pour moi. Et aujourd'hui, au moment où
vous recevez votre diplôme qui marque le
début d'une nouvelle vie, c'est ce que
je vous souhaite.
Soyez insatiables. Soyez fous.
Merci à tous.»
Steve Jobs 1955-2011
Merci Steve!
Christian Godefroy, www.cpositif.com
...
Xtian Godefroy
Chalet Imniac 27
Ch 1885 Chesières
Switzerland
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