Nous, doyens, plaidons pour un concours d’accès en médecine
Nous demandons instamment au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles de mettre en place un concours, seul processus respectueux des étudiantes et étudiants, tant au niveau de l’équité que de la transparence. Il devra être couplé à une juste estimation des besoins.
Publié le 19-02-2022 à 07h00 - Mis à jour le 19-02-2022 à 07h10
La médecine et la médecine dentaire sont des métiers contingentés en Belgique comme dans de nombreux autres pays. Ce contingentement veille à répondre aux besoins en soins de santé de la population tout en assurant la qualité de la formation. Le quota national de numéros Inami pour une année est fixé par le gouvernement fédéral sur base d’un avis de la commission de planification. En plus d’un cadastre précis de la force de travail active, des personnes en formation et des demandes de soins, cette commission prend également en compte l’évolution attendue des besoins futurs et une progressive diminution du temps de travail au bénéfice de la qualité de vie des professionnels de santé. Ce quota fédéral est ensuite réparti au niveau des deux Communautés, qui sont en charge de faire respecter le contingentement et d’établir des sous-quotas par spécialité grâce aux travaux de leurs commissions de planification respectives. Une régulation à l’entrée des études est dès lors souhaitable pour assurer que toutes les étudiantes et tous les étudiants obtenant le diplôme de médecin ou de dentiste puissent accéder à la suite de la formation et à la pratique clinique. En Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), cette régulation est actuellement assurée depuis 2017 par un examen d’entrée. Le nombre d’étudiants et d’étudiantes ayant pu débuter les études suite à la réussite de cet examen a été systématiquement plus élevé que le quota permis à la sortie, même si l’on tient compte de la déperdition en cours de parcours.
Le ministre Vandenbroucke veut que la FWB régularise cela grâce à un concours. Si la FWB ne s’engage pas à remplacer très prochainement l’examen d’entrée par un concours, les dispositions prévues par le ministre fédéral de la Santé prévoient la mise en place d’une attestation de contingentement en fin de première année de bachelier. En l’absence de concours, que ce soit à l’entrée des études ou en fin de première année, la mise en place du contingentement par le fédéral aboutira à délivrer des numéros Inami sur des bases non équitables pour nos étudiants et étudiantes et ne répondant pas forcément aux besoins en médecins et dentistes. De plus, aucune négociation ne sera possible par rapport aux quotas. Les étudiants actuellement dans le cursus ne sont pas non plus assurés de recevoir un numéro Inami après l’obtention de leur diplôme de base.
La mesure la plus adéquate
Ce dossier provoque depuis plus de vingt ans un stress majeur chez les étudiants et étudiantes francophones, vu l’incertitude d’accès à la pratique clinique au terme d’études longues et difficiles. Suite aux récentes évolutions, les doyens des facultés de médecine et de médecine dentaire estiment qu’un concours constitue la mesure la plus adéquate pour plusieurs raisons, à condition de veiller à une évaluation correcte des besoins.
Ce concours permettra :
• Une transparence plus grande et une nette atténuation de la pression inacceptable sur les étudiants, étudiantes et leurs familles.
• D’assurer un numéro Inami à tous les étudiants et étudiantes en cours de formation.
• De tenir compte des quotas établis par la commission de planification pour répondre aux besoins réels de la Fédération et de la déperdition étudiante au cours des études. Vu l’augmentation programmée de ces quotas dans les années futures, nous estimons que les quotas à l’entrée correspondraient à un nombre d’étudiants assez proche de ce que l’examen d’entrée permet actuellement.
• D’éviter une pénurie en adaptant les quotas aux travaux des différentes commissions de planification. Dans ce contexte, il est important de souligner que les problèmes de pénurie dans certaines régions de notre pays ou dans certaines spécialités ne seront pas résolus uniquement en augmentant le nombre de médecins et de dentistes. Il faudra pour cela mettre en œuvre des incitants à rejoindre ces régions ou ces spécialités.
Le concours combiné à une évaluation permettant de répondre au mieux aux besoins sur le terrain en termes de nombre de médecins et de dentistes n’entraînera pas de risque de pénurie.
Les doyens et la doyenne demandent donc instamment au gouvernement de la FWB de mettre en place ce concours, seul processus respectueux des étudiantes et étudiants qui débuteront ces études et de celles et ceux déjà en formation, tant au niveau de l’équité que de la transparence.
Titre, chapô et intertitre de la rédaction. Titre original : "Médecine : pour un concours d’accès couplé à une juste estimation des besoins"
FORMATION
Médecin et pianiste, Michèle Temam propose une méthode solide pour mémoriser les cours académiques. Une aubaine pour celles et ceux qui s’apprêtent à passer leurs évaluations de janvier en ligne, après un semestre d’études à distance
Au début de chaque semaine, «Le Temps» propose un article autour de la psychologie et du développement personnel.
Sujets précédents:
Janvier, c’est, pour beaucoup, le début d’une nouvelle ère. Pour les étudiants, c’est la fin d’un cycle qui mène aux examens universitaires. Et qui dit examens, dit gros travail de mémorisation. Médecin et pianiste, Michèle Temam dévoile sa méthode dans Savoir par cœur sans apprendre par cœur (Ed. Odile Jacob). Son mantra? Une première lecture globale et légère pour lancer la machine, des approches tissées et critiques ensuite pour comprendre les contenus et, enfin, l’élaboration de «tickets de bus» ou autres «arbres à chunks» pour parfaire l’appropriation. Facile d’accès, l’ouvrage de la neurologue et radiologue montre à quel point la mémoire est un muscle qu’on peut entraîner.
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Petit rappel. Nous avons trois mémoires, dont deux sont vraiment nos alliées. La première, sensorielle, s’évapore en quelques secondes. C’est la trace d’un courant d’air, le son d’une voiture qui passe. La deuxième, la mémoire à court terme ou mémoire de travail, dure quelques minutes. C’est elle qui nous permet de noter un numéro de téléphone ou qui permet au serveur de prendre une commande.
Le plaisir, un allié
Enfin, il y a la troisième mémoire, à long terme, sans laquelle nous serions des vers de terre. Elle se partage en deux catégories. La mémoire implicite ou procédurale inscrit des actions automatiques dans notre cortex, comme faire du vélo, conduire une voiture. Tandis que la mémoire explicite retient des connaissances générales comme «Paris est la capitale de la France» ou «2 et 2 font 4» (mémoire sémantique) ainsi que nos souvenirs de vie (mémoire autobiographique ou épisodique).
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Pour parvenir à répondre à ses QCM ou proposer une dissertation digne de ce nom, l’étudiant doit combiner mémoire de travail et mémoire à long terme. Et, comme le siège de la mémoire, l’hippocampe, se situe dans le système limbique du cortex qui régit aussi les émotions, si l’élève peut associer le plaisir au processus, il sera encore plus performant. Au point que, finit par statuer Michèle Temam, avoir une bonne mémoire revient plus à développer «l’épicurisme de l’apprentissage» qu’un intérêt constant pour les contenus, qui sont parfois rébarbatifs.
Le trio magique
Reste LA question: comment fixer pour un temps certain des notions dont on n’a pas besoin au quotidien? Pour maîtriser le trio magique «encodage, stockage et restitution», Michèle Temam propose une méthode en quatre temps. Tout d’abord, et c’est la part la plus insolite, l’étudiant doit lire son cours de A à Z une première fois, sans chercher à comprendre ou à retenir quoi que ce soit. Cette traversée sans pression a une fonction de débroussaillage et permet de débloquer la procrastination.
Ensuite, la neurologue conseille de relire le cours lentement, mais toujours sans tension, de sorte que la compréhension se déroule par immersion, comme lorsqu’on regarde plusieurs fois le même film et qu’on en distingue de mieux en mieux les enjeux.
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Dans un troisième temps, «le cours est attaqué par tous les angles». La spécialiste préconise de travailler sur des supports papier, car il s’agit de «comparer, fractionner, analyser, décomposer». «Mettez en évidence des éléments essentiels, façonnez le polycopié à votre image, coloriez-le, plantez des panneaux de signalisation!» Une phase qui peut s’accompagner d’une mise en réseau. Ouvrir plusieurs ouvrages sur la table et tisser des liens avec des éléments d’autres matières permet aussi de fixer les contenus. Dans cette phase, Michèle Temam invite encore à faire des QCM, livre ouvert, pour se familiariser avec ce procédé d’évaluation.
Tickets de bus…
La quatrième phase de mémorisation est consacrée aux outils de synthétisation. Et là, l’auteure sort le grand jeu! Il y a, bien sûr, les classiques fiches de résumé qui favorisent l’assimilation des connaissances au fil de leur rédaction. Mais, attention, prévient la neurologue, une fiche rédigée au dernier moment amène de la confusion, car son contenu se superpose au polycopié déjà enregistré, il faut donc anticiper.
En complément aux fiches, Michèle Temam propose et préfère la technique du «ticket de bus». Soit un schéma bref restituant le chemin personnel qu’a pris l’étudiant pour comprendre le cours. Il peut inclure des sigles, des couleurs, des formules et, souligne la spécialiste, «plus il a été difficile à élaborer, mieux on le retient». C’est cet outil qu’utilisent les étudiants qui résument leur thèse en 180 secondes, car il est «ludique et créatif».
… et pyramide inversée
D’autres techniques? L’arbre à chunks, basé sur la loi cognitive selon laquelle «l’esprit humain ne peut retenir que quatre informations en même temps». Il s’agit de classer une masse d’éléments par groupes de quatre au maximum et de leur assigner à chacun un chef de file ou chunk. La classification doit être logique et peut se ramifier à volonté.
Parmi les outils de cet ouvrage figure aussi la pyramide inversée. Qui consiste à repérer les éléments les plus simples du cours pour construire un socle solide sur lequel l’étudiant ajoute des éléments de plus en plus complexes par couches progressives. Une dernière technique de synthétisation? Enseigner à ses collègues ou à ses parents le contenu de sa révision permet de vérifier la bonne compréhension et la mémorisation de ses éléments clés.
Non au multitâche
De manière générale, Michèle Temam s’oppose au multitâche. Plus le téléphone portable est loin de l’étudiant, mieux le cours rentrera dans sa tête. Logique. Mais aussi, et moins attendu, étudier un seul cours à la fois est plus efficace que réviser plusieurs branches en parallèle. C’est qu’en menant une tâche de manière continue, l’esprit entre dans une sorte d’état hypnotique – ou prise de pouvoir de l’hémisphère droit, celui de l’attention – qui permet une mémorisation en profondeur.
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Enfin, l’étudiant n’a rien à craindre du stress de l’examen, dit la médecin. L’élève peut facilement composer avec une insomnie à la veille de l’épreuve grâce aux décharges naturelles d’amphétamines pendant l’évaluation et, surtout, prendre des calmants est une très mauvaise idée, car «le stress participe au phénomène de récupération» des notions apprises. Par contre, le sommeil doit être bichonné en période de révision. A l’instar d’une bonne hygiène de vie (nourriture équilibrée, pas d’alcool), il joue un rôle prépondérant dans la consolidation des acquis.
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