L’empire des caisses de pension ne cesse de s’étendre
Les caisses de pension gèrent 41 355 milliards de dollars, soit 67% du produit intérieur brut (PIB) mondial, après une hausse de 50% en dix ans. En Suisse, elles gèrent l’équivalent de 133% du PIB, ce qui place le pays au septième rang mondial, selon Willis Towers Watson
Les caisses de pension détiennent une part croissante du gâteau de la gestion des capitaux dans le monde. En 2017, leurs avoirs ont augmenté de 4800 milliards de dollars, soit de 13%, dans les 22 principaux pays analysés au sein de la «Global Pension Assets Study», un document publié mercredi par le consultant Towers Willis Watson. La progression, qui peut paraître exceptionnelle, doit être relativisée. En comparaison, un portefeuille composé à 60% d’actions internationales et à 40% d’obligations a en effet gagné 16,4% l’an dernier.
Avec 41 355 milliards de dollars en leur sein, les fonds de pension représentent 67% de l’économie des 22 principaux marchés et atteignent un montant supérieur de 50% à celui de 2007. Leur taille équivaut au total des fonds de placement et à plus de six fois l’argent géré par les fonds souverains du monde entier.
Une progression constante sur vingt ans
En Suisse, le septième plus grand marché avec une part de 2,2%, les instituts de prévoyance gèrent 906 milliards de francs (sans tenir compte des fonds gérés par les assurances). Ce total correspond à 133% du PIB (112% en 2007) et dépasse ainsi la moyenne mondiale, située à 67%, même s’il n’est pas le plus élevé du monde. Aux Pays-Bas, les fonds gérés par les caisses de pension atteignent 193,8% du PIB.
La progression des fonds de pension est impressionnante. Sur vingt ans, la hausse annuelle (en dollars) est de 5,8% en Suisse, contre 6,2% dans le monde. Le marché américain est leader mondial, avec 61,4% du total, devant le Royaume-Uni, avec 7,5%.
Des marchés florissants
Les chiffres sont «certes réjouissants, mais les marchés sont aussi exceptionnellement florissants», estime Stephan Wildner, responsable de la prévoyance au sein de Willis Towers Watson en Suisse.
Ce dernier se félicite de la hausse du rapport entre les actifs des fonds de pension et le PIB ainsi que de l’amélioration de la gouvernance. La professionnalisation de la gestion institutionnelle se traduit aussi par la diminution du «biais domestique» au cours des vingt dernières années. En effet, la pondération des actions locales a chuté de 68,7% en 1998 à 41,1% en 2017.
Toujours moins d’actions en portefeuille
La Suisse présente la pondération la plus uniforme des expositions, avec des proportions presque égales entre les actions (33%), les obligations (34%) et les autres actifs – surtout l’immobilier. Elle dépasse aussi les autres pays en termes d’allocation aux actifs étrangers, sans doute en raison de l’environnement de taux négatifs, selon l’étude.
Le consultant constate une baisse marquée de la part des actions dans les fonds de pension. Elle est passée de 57 à 46% au sein des sept principaux marchés.
La gestion des risques et la diversification restent des priorités dans la politique de placement, ainsi qu’en témoigne la forte hausse des actifs non cotés. Celle-ci est passée de 4% en 1997 à 20% actuellement. «Des stratégies de plus en plus sophistiquées ont été développées pour élargir les possibilités de diversification», constate Jérôme Franconville, responsable des services d’investissement de Willis Towers Watson en Suisse. https://www.letemps.ch/economie/lempire-caisses-pension-ne-cesse-setendre
Les caisses de pension ont dû puiser dans leurs réserves en 2018
Les caisses de pension ont puisé dans leurs réserves pour amortir le repli sur les marchés actions enregistré en 2018. «La part des actions a chuté à 27,9% du total du bilan. Ces titres se sont dès lors placés derrière les obligations (31,4%)», détaille ce lundi l'Office fédéral de la statistique (OFS)
«Les placements ont certes enregistré un résultat net négatif, mais celui-ci a pu être compensé en majeure partie par la dissolution de 40% des réserves de fluctuations de valeur», a indiqué l'Office fédéral de la statistique (OFS) dans ses résultats définitifs lundi.
L'année dernière, les placements ont enregistré un résultat net négatif, à -25,5 milliards de francs. Pour compenser, 34 milliards ont été prélevés sur les réserves de fluctuation de valeurs. Le montant de ces dernières a ainsi diminué, passant de 9,5% du total du bilan l'année précédente à 5,8% en 2018.
La correction intervenue sur les marchés financiers, en particulier fin 2018, a eu des conséquences sur les placements des caisses de pensions, relèvent les statisticiens fédéraux. La part des actions a chuté à 27,9% du total, contre 31,4% pour les obligations. Les biens immobiliers ont conservé leur troisième place avec une part de 20,3%, précise le communiqué.
Le découvert s'est monté à 38,6 milliards de francs, en hausse de 20%. Il a augmenté de 3,2 milliards pour les 72 institutions de prévoyance de droit public et de 3,1 milliards pour les 1490 institutions de prévoyance de droit privé. La somme du bilan des 1562 caisses de pensions s'est fixé à 875,8 milliards (-2,1%).
Rente moyenne de 28 947 francs
La statistique des caisses de pensions recensait 4,2 millions d'assurés actifs (+1,6%), dont 2,4 millions d'hommes et 1,8 million de femmes. Les bénéficiaires de rentes de vieillesse ont touché en moyenne 28'947 francs par an. Par ailleurs, 15 556 femmes et 26'568 hommes ont demandé au total 8 milliards de francs (+9,4%) sous forme d'un versement, partiel ou intégral, en capital à la retraite. La valeur moyenne du capital retiré se montait à 189 751 francs, en hausse de 0,5% sur un an.
En 2018, les institutions de prévoyance suisses ont été exposées à des risques comparables à ceux des années précédentes en raison du faible niveau des taux d'intérêt, selon l'enquête annuelle de la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle (CHS PP) publiée en mai dernier.
La mauvaise performance sur le marché des actions, surtout en fin d'année dernière, s'est soldée par un rendement net moyen de -2,8% (contre +7,7% en 2017), notait alors la commission, insistant sur la progression de la proportion de caisses en situation de découvert (13,6% en 2018, contre 1,2% en 2017).
Jean-Paul Duchâteau et Charles Van Dievort
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RipostesEntretiens croisés.
Un syndicat de médecins vient de rallumer le feu dans la guerre qui
l’oppose depuis plusieurs décennies aux mutuelles. Parmi de nombreux
reproches, il les accuse de penser surtout à leurs propres intérêts. La
réplique est cinglante.
Interviews croisées.
OUI
Jean Hermesse, Secrétaire général de la mutualité chrétienne.
Nous avons dénoncé les dépassements d’honoraires parce que nous
cherchons à défendre l’accès à des soins de santé de qualité pour tous,
et à un coût maîtrisé. Je peux bien comprendre que cela dérange. Nous
faisons simplement notre boulot et, oui, dans ce cadre, nous empêchons
la liberté complète dont souhaiteraient disposer certains syndicats de
médecins.
Il y a une semaine, le vice-président de l’Absym (un des syndicats
de médecins), M. Moens, a déclaré qu’il préférerait désormais négocier
avec les associations de patients plutôt qu’avec les mutuelles qui,
dit-il, se montrent trop "arrogantes". Pourquoi, selon vous, une telle
attaque à l’égard d’un partenaire des accords médico-mutuellistes ?
Lorsqu’on est dans un système de concertation, cela signifie qu’on est
obligé de négocier et qu’on doit donc essayer de faire des choix dans
des budgets limités. Dans un modèle où on serait tout seul à décider, ce
serait plus facile pour certains. Mais nous agissons dans un système
qui donne satisfaction à la population, puisqu’une récente étude a
montré que les Belges sont, en Europe, les plus satisfaits de leur
système de santé, parce qu’il est accessible pour les différentes
spécialités, et aussi financièrement. Je trouve donc que les termes
employés par M. Moens ne sont pas corrects.
Il y a quelques mois, l’Absym s’en est prise plus particulièrement à
la mutualité chrétienne qui, dit-elle, a perdu plusieurs dizaines de
milliers de membres et qui essaie de se refaire une santé sur le dos des
médecins. C’est vrai ?
Nous avons prôné la limitation des suppléments d’honoraires parce que,
justement, nous cherchons à défendre l’accès à des soins de santé de
qualité pour tous, et à un coût maîtrisé. Nous avons aussi défendu le
fait qu’il y ait une transparence dans la facture, parce qu’une enquête
auprès de nos affiliés a montré qu’il y avait trop peu d’informations.
Plus important encore, il est apparu qu’il y avait des suppléments
parfois importants d’honoraires chez certains médecins pourtant
conventionnés. Je peux bien comprendre que cela dérange, mais c’est
notre mission de co-gestionnaire de l’assurance-maladie obligatoire.
Nous faisons simplement notre boulot et, oui, dans ce cadre, nous
empêchons la liberté complète dont souhaiteraient disposer certains
syndicats de médecins.
A propos de cette enquête, le docteur Moens vous accuse de l’avoir
fait payer par ceux qui alimentent financièrement l’assurance-maladie,
et d’avoir fait pression sur les patients qui ont eu peur de ne pas être
remboursés s’ils ne répondaient pas au questionnaire.
Il s’agit d’une accusation gratuite et déplaisante, dans la mesure où
nous avons envoyé cette enquête après que les patients eurent été
remboursés. La réponse à cette enquête était entièrement volontaire.
Mais nous avons eu un énorme taux de réponse qui a permis de faire la
lumière sur certains phénomènes pour lesquels le brouillard était
entretenu. Nous réclamons seulement la transparence, qui est
d’application dans tous les services de la société. Les usagers nous en
savent gré car nous travaillons sans but lucratif et au seul service de
l’intérêt général. Maintenant, les choses sont claires et c’est sans
doute ce qui gêne certains.
L’Absym conteste cette vision des choses. Au contraire, elle dit que
les mutuelles servent leurs propres intérêts et qu’elles coûtent donc
trop cher pour les usagers et les contribuables.
Ce sont des critiques classiques et anciennes qu’on entend d’année en
année. J’invite toujours à faire des comparaisons internationales. Le
coût de l’assurance-maladie obligatoire en Belgique, y compris les frais
d’administration des mutualités, c’est moins de 4 %. Dans les pays qui
nous environnent, on tourne autour de 6-7 %. D’autre part, les frais
d’administration dans les assurances privées sont de 20 à 25 %. Si
l’Absym souhaite ne travailler, demain, qu’avec des assureurs privés,
les patients paieront un quart de leurs primes pour les frais de
fonctionnement, au détriment des soins.
Au-delà des médecins, des associations de consommateurs dénoncent
une très grande concurrence entre les différentes mutuelles, qui serait
malsaine.
Nous sommes sept unions à exécuter l’assurance obligatoire. Nous
recevons des frais d’administration forfaitaires en fonction du nombre
d’affiliés et nous remboursons tous, évidemment, les mêmes montants en
fonction des mêmes règles. Et donc, si nous n’offrons pas un service de
qualité et de proximité, des affiliés peuvent librement changer de
mutualité. Cette concurrence est donc un aiguillon très intéressant pour
nous amener à être le plus performant dans le service aux usagers de la
santé.
NON
Marc Moens. Vice-président de l'Absym (Association belge des syndicats médicaux.
Les mutuelles constituent aujourd’hui un groupe fort et politisé qui ne
regarde que ses intérêts. Elles ne défendent pas leurs affiliés. La
situation a déjà conduit à des catastrophes. Si nous pouvions conclure
un accord avec les associations de patients, nous voudrions négocier
avec elles et plus avec les mutuelles qui, à l’inverse, se comportent de
façon très arrogante.
Le week-end dernier, à l’occasion de la réunion annuelle du Groupement
belge des spécialistes (GBS), vous avez indiqué que si elle le pouvait,
l’Absym souhaiterait pouvoir négocier avec les associations de patients
plutôt qu’avec les mutuelles. Que reprochez-vous aux mutuelles ?
Elles ne défendent pas leurs affiliés. C’est devenu un club qui se
soigne soi-même, un grand groupe de pouvoir, très politisé, représenté
dans tous les cabinets utiles, et qui se sert lui-même d’abord. Elles
affirment être les représentants des patients, mais je n’y crois plus.
Je donne un exemple dans le rapport 2012 du Groupement belge des
spécialistes. Le gouvernement avait demandé aux mutuelles de réaliser 20
millions d’euros d’économies sur leurs frais administratifs. Elles ont
refusé et dit que ces économies pouvaient être faites sur les
médicaments. Au final, ce sont 30 millions qui ont été économisés sur le
dos des patients - et donc de leurs affiliés - au lieu des 20 millions
demandés. J’ai reçu des centaines de lettres de patients ou de leurs
proches cette année-là indiquant que les mutuelles refusaient de les
rembourser. S’agissant de médicaments chers, les gens n’ont pas été en
mesure de les payer eux-mêmes. Ils sont donc restés sans pendant des
mois. Dans neuf cas sur dix, ces courriers concernaient les Mutualités
chrétiennes.
Doit-on comprendre que les mutuelles constituent un pouvoir dans le pouvoir ?
Absolument ! Il y a un an, lors d’un débat ouvert avec Marc Justaert,
le président des Mutualités chrétiennes, devant 150 personnes du
secteur, celui-ci m’a dit : "Il paraît que vous ne voulez plus de nous
et que vous voulez discuter avec les politiques ?" J’ai répondu que
discuter avec les politiques c’est comme discuter avec les mutuelles
parce qu’elles sont partout. Je ne veux plus discuter avec Monsieur
Justaert, c’est terminé.
La situation est-elle susceptible de conduire à des catastrophes ?
Ça a déjà été le cas en 2012 lorsque les mutuelles ont refusé
d’économiser elles-mêmes les 20 millions d’euros et qu’elles l’ont fait
sur le dos de leurs affiliés qui sont nos patients. La ministre de la
Santé a dû intervenir parce qu’elle estimait qu’elles exagéraient. Ce
sont les faits ! Les mutuelles refusaient de rembourser des médicaments
parce qu’il manquait une virgule ou un point sur la prescription, parce
que celle-ci faisait un centimètre de trop en longueur ou en largeur,
etc. C’était invraisemblable !
D’où votre souhait de désormais négocier avec les associations de patients plutôt qu’avec les mutuelles ?
Les patients sont directement concernés. On a déjà rencontré ces
associations, mais on n’a pas encore discuté du remplacement de la
Commission nationale médico-mutualiste. C’est cependant ma réflexion.
Cela fait vingt-six ans que je suis dans ces discussions et je connais
la chanson. Ça ne va plus. Ça suffit !
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de vouloir négocier avec
ces associations parce qu’elles sont plus faibles que les mutuelles ?
Je ne suis pas d’accord. Discuter avec les associations de patients,
ça signifie discuter avec toutes celles qui existent et il y en a des
centaines. Chacune a son mot à dire. Ça ne sera donc pas plus facile.
Quant à la faiblesse, je n’y crois pas. C’est vrai qu’en une centaine
d’années d’existence, les mutuelles ont acquis un pouvoir gigantesque,
mais les associations de patients ont commencé à s’organiser. Du côté
francophone, il y a la Ligue des usagers des services de santé (Luss) et
du côté flamand, la Vlaams Patiëntenplatform (VPP). Demandez-leur, mais
je ne suis pas convaincu que ces associations se sentent encore
représentées par les mutuelles.
Que faut-il faire pour améliorer la situation ?
Il y a sept mutuelles qui utilisent au moins quatre systèmes
d’assurance, de facturation et de remboursement différents. Sur le plan
informatique, aucun ne communique avec les autres. Ça représente des
centaines de millions d’euros de coût. Pour moi, les mutuelles peuvent
rester un grand groupe avec des membres, mais tout ce qui concerne la
mutualisation des soins de santé, les remboursements et la facturation
doit être confié à quelqu’un d’autre. L’Inami, par exemple.
Le Fonds public d'indemnisation des victimes du Mediator démarre en trombe
LEMONDE.FR avec AFP | 04.09.11 | 13h04 • Mis à jour le 04.09.11 | 19h11
Le Fonds public d'indemnisation, lancé le 1er septembre, promet de dédommager toutes les victimes du Mediator. AFP/FRED TANNEAU
Le Fonds public d'indemnisation des victimes du Mediator, lancé jeudi, a déjà reçu plus de 500 appels et 130 dossiers, a indiqué dimanche le ministre de la santé Xavier Bertrand. "Ce qui montre bien qu'il était indispensable d'aller vite, on doit cela aux victimes du Mediator. Maintenant le fonds va travailler vite et bien pour proposer la bonne indemnisation aux victimes", a déclaré le ministre lors du Grand rendez-vous Europe 1-i-Télé-Aujourd'hui en France.
Le ministre a par ailleurs adressé un "message au laboratoire Servier": "Depuis des mois et des mois, vous nous dites que vous allez participer. Faites-le pour les victimes du Mediator ! J'attends qu'il joue le jeu à fond, mais j'attends depuis bien longtemps, et je ne suis pas le seul à attendre."
Ce Fonds public d'indemnisation pour les victimes ou leurs ayants droit est géré par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam). Des experts doivent recevoir les demandes des victimes présumées et déterminer"les dommages et les responsabilités", en principe dans un délai de plusieurs mois.
A partir de cet avis, l'Oniam demandera au laboratoire Servier de faire une proposition d'indemnisation, dans un délai de trois mois. Le Mediator, médicament essentiellement destiné aux diabétiques en surpoids, a été largement utilisé comme coupe-faim. Retiré du marché en novembre 2009, il serait responsable de 500 à 2 000 décès. Cinq millions de personnes en ont consommé. http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/09/04/le-fonds-public-d-indemnisation-des-victimes-du-mediator-demarre-en-trombe_1567589_3224.html#ens_id=1562158
Ruminer ruine la santé? Comment sortir de la spirale infernale
A Cité Seniors, lieu de vie et d’information genevois destiné aux aînés, un atelier s’est penché sur les pensées négatives incessantes. Très instructif, à tout âge
«Quand on me parle mal, je ne cesse d’y penser et c’est comme une pelote serrée dont je n’arrive pas à défaire les fils.» «Dans mon lit, je planifie tout. J’aimerais stopper ça, car ça me réveille la nuit.» «En général, je m’en fous, je ne suis pas regardant, mais ma famille m’a demandé d’arrêter de conduire et ça, je ne l’accepte pas.»
Mardi dernier, à Cité Seniors, lieu de vie, d’information et d’échange genevois dédié aux aînés(e)s, une trentaine de retraités ont évoqué la rumination mentale dans le cadre d’un atelier. Un moment poignant, formidable de confiance et de sincérité, durant lequel la thérapeute Sylvie Salignac a écouté ces témoignages avec attention et proposé des conseils pour que chacun apaise ses obsessions.
Quelques clés? Exprimer son avis, quand c’est possible. Prendre conscience que, souvent, la contrariété ressentie n’est pas intentionnelle. Et se relaxer à travers sa technique de prédilection, méditation, sophrologie, acupuncture, autohypnose, etc.
Mardi, tout commence d’ailleurs par un exercice de détente. Sylvie Salignac nous demande de rester assis dans notre position naturelle, de fermer les yeux et de ressentir chaque point d’appui du corps qu’elle énumère de haut en bas. Ensuite, chacun est invité à adopter une posture de relâchement, paumes tournées vers le haut, nuque dégagée, les yeux toujours fermés. La respiration se pose, les esprits aussi. De quoi entamer la discussion de manière libérée.
L’angoisse de la différence
Un habitué de l’atelier se lance. «Je me prends la tête avec un problème, je ne trouve pas d’issue. Ça fait comme un disque rayé. Je prends des tranquillisants, je téléphone à La Main tendue, mais c’est épuisant.» Plus tard, le même interlocuteur donne un visage à son problème. «Quand on doit se voir, mon frère et moi, il dit toujours: peut-être, on verra, éventuellement… Moi je suis un angoissé, j’aimerais avoir une réponse claire, être fixé.»
Sylvie Salignac intervient: «La rumination est un flot incessant de pensées négatives qui génèrent de la souffrance. Elle naît souvent de dysfonctionnements de communication. Ici, par exemple, quelqu’un a besoin d’un cadre défini, alors que son interlocuteur étouffe dans une relation trop programmée. Le mieux est de prendre du recul.»
«Je ne suis pas d’accord», conteste une participante. «J’ai une amie dans les nuages qui me qualifie de psychorigide et me déstabilise toujours avec son flottement. Je ne vais pas prendre du recul. J’ai décidé de voir les personnes qui sont bonnes pour moi et nos chemins vont se séparer.»
La thérapeute suggère doucement: «On peut tout à fait se séparer des relations conflictuelles. On peut aussi se demander ce que cette situation touche chez soi. Si ça fait mal, c’est que quelque chose n’a pas guéri.» Le monsieur du début acquiesce. «C’est clair, on manque de confiance en soi, on manque d’estime. Mais c’est parce qu’on n’existe vraiment que par les autres, non?» «Non, on existe aussi d’abord pour soi», assure Sylvie Salignac.
Intitulé «Parlons-en!», cet atelier au sommaire du très riche programme de Cité Seniors porte bien son nom, car c’est une conversation libre et parfaitement documentée qui roule entre les participants et l’animatrice. A ce stade, la psychothérapeute liste avec les aînés les raisons de cette rumination mentale. Parmi les fauteurs de troubles, il peut y avoir un sentiment de ne pas être à la hauteur, des propos blessants, une absence de cadre rassurant, ou, plus généralement, des problèmes sans solution.
Une participante en témoigne: «Quand un proche, un enfant souffre, ça me touche et je n’arrive pas à dormir.» «Là, on fait ce qu’on peut pour mieux vivre cette situation», suggère l’animatrice. «On travaille sur l’acceptation. Mais attention, accepter ne signifie pas être d’accord. Accepter, c’est ce qui est le mieux lorsqu’on ne peut pas changer ce qui arrive.» Plus loin, Sylvie Salignac, qui est aussi sophrologue, conseille de ne pas trop «s’approprier» les difficultés. «Parfois, en séance, on me dit, «c’est mon problème», «c’est mon enfant», «c’est ma maladie», etc. Or, nous ne sommes pas ce problème, ni cette maladie.»
Une femme apporte une autre vision. «On ne parle que de rumination négative. Moi, ruminer me permet de regarder la situation sur toutes ses facettes et de prendre la bonne décision.» «Alors, c’est plus de la réflexion que de la rumination», nuance la thérapeute. «Non, reprend l’intéressée. C’est une vraie rumination avec le sentiment d’être submergée par mes émotions. Mais, à force d’y penser, tout se décante et j’y vois très clair, j’arrive à une solution. Dès lors, j’aime bien ruminer!»
Un autre participant pense que l’action peut être une réponse à la rumination. «Je procrastine, je me sens comme dans une roue de hamster. Puis, enfin, j’agis – par exemple je me mets à rédiger mon courrier – et l’horizon se dégage.» Le même intervenant conseille aussi de marcher, bouger, pour chasser les idées noires. Une participante plus âgée sourit, un peu triste. «J’étais très active par le passé et, oui, j’ai toujours beaucoup bougé pour évacuer le spleen. Mais maintenant, mon corps me lâche et j’en suis réduite à bouger dans ma tête.» «Ce qui est aussi très bien, saisit Sylvie Salignac au bond. Souvenez-vous que le cerveau ne fait pas la différence entre une image réelle et une image inventée. Si vous imaginez que vous bougez, vous pourrez bénéficier de sensations identiques et agréables.»
Miracles et plasticité cérébrale
Dans cet esprit de visualisation, la thérapeute suggère une série de pratiques pour se «défocaliser». Elle rappelle que le cerveau ne peut pas faire deux choses à la fois. Ainsi, le temps passé à méditer, quel que soit le type de méditation, permet de réduire la ronde des pensées. De plus, des études ont montré que la plasticité cérébrale est telle qu’il suffit de quelques minutes d’émotions positives par jour pour reprogrammer son cerveau dans la bonne direction. «Après, poursuit l’animatrice, j’ai croisé beaucoup de personnes qui se sont construites sur une base de souffrance et qui craignent de laisser leurs vieilles croyances, car, pour elles, le bonheur, c’est l’inconnu.»
Les ruminations existent à travers l’importance qu’on leur donne, résume la sophrologue. Si la méditation n’est pas votre pratique préférée, vous pouvez aussi écrire ou pratiquer d’autres exercices qui visent l’instant présent. «Vous allez sur votre balcon, vous regardez le paysage et vous fermez les yeux en essayant de vous remémorer les éléments observés. La pleine présence, le ressenti permettent de sortir de la spirale obsessionnelle.» Et pas besoin d’être retraité(e) pour tirer parti de ces conseils avisés. https://www.letemps.ch/societe/ruminer-ruine-sante-sortir-spirale-infernale
Les performances du cerveau évoluent avec l’âge, mais ne déclinent pas
Qui a
dit que les jeunes étaient plus performants sur un plan cérébral que les
aînés? Différentes études sont venues démontrer que chaque âge a ses
points forts. Analyse des récentes découvertes en la matière
L’heure est au cerveau augmenté. Elon Musk en a
encore fait la démonstration, il y a un mois, en annonçant la création
de sa société Neuralink. La énième entreprise du milliardaire a pour
objectif de développer des composants électroniques pouvant directement
être implantés dans le cerveau afin d’en augmenter la mémoire, piloter
des terminaux ou le connecter de manière plus efficace à l’intelligence
artificielle. Tout un programme… qui nous fait parfois oublier que cet
organe, dans ses capacités intrinsèques, possède encore de larges zones
grises à explorer.
C’est notamment le cas en ce qui concerne nos
capacités cognitives. Longtemps, les scientifiques ont cru que celles-ci
connaissaient un pic de performance vers la vingtaine, pour ensuite
entamer un lent déclin. Des recherches menées par des neuroscientifiques
du Département du cerveau et des sciences cognitives du Massachusetts Institute of Technology (MIT)
viennent, au contraire, démontrer que la réalité est bien plus
complexe. «Il y a une grande hétérogénéité concernant le moment où les
performances cognitives culminent, atteignent un plateau ou commencent à
baisser», confirme au Temps Joshua Hartshorne, l’un des deux auteurs.
Contre
toutes attentes, certaines compétences comme la reconnaissance des
émotions, la compréhension du vocabulaire, mais aussi la régulation du
stress, semblent atteindre leur sommet entre 45 et 50 ans. «C’est ce que
l’on appelle l’intelligence cristallisée, précise le professeur
Matthias Kliegel, responsable du laboratoire du vieillissement cognitif de l’Université de Genève.
A savoir la capacité à s’appuyer sur son expérience, ses compétences et
ses connaissances. Dans un cerveau qui n’est pas malade, ce type
d’intelligence augmente progressivement avec l’âge et reste stable
pendant longtemps, pour ne décliner qu’à la fin de la vie.»
Différents points culminants
On
pensait également communément que l’intelligence dite fluide, à savoir
l’habilité à penser logiquement et résoudre des problèmes dans des
situations nouvelles, était à son apogée à l’adolescence pour chuter
ensuite rapidement. Plus nuancés, les résultats de la recherche du MIT ont
montré que les divers composants de cette intelligence trouvaient leur
pic à des âges différents. La vitesse de traitement de l’information
culminerait ainsi vers 18 ans, alors que la mémoire à court terme
semblerait atteindre son climax à 25 ans, avant de commencer à décliner vers 35 ans.
Ces
résultats ont par ailleurs été corroborés par une expérience menée
récemment sur plus de 600 adolescents âgés de 11 à 33 ans et soumis à un
entraînement cognitif de dix minutes durant vingt jours. Selon les
conclusions de cette étude,
publiée en 2016 dans la revue «Psychological Science», les participants
âgés entre 18 et 33 ans montraient de meilleurs résultats pour les
tâches complexes, comme les mathématiques. «Cela contraste avec l’idée
reçue que l’apprentissage précoce est forcément le plus efficace pour
toutes les tâches cognitives», affirme Delia Fuhrmann, doctorante à
l’Institut des neurosciences cognitives de l’University College de
Londres et coauteure de la recherche.
Plus généralement, les
évidences scientifiques ne cessent de se multiplier pour nous prouver
que les cerveaux des enfants, adolescents et adultes diffèrent de
manière complexe dans leur fonctionnement. Tour d’horizon des
dernières découvertes en la matière:
Petite enfance: Déjà extrêmement performant
En
28 jours de grossesse, les premiers neurones se forment. A partir de
là, ils seront plus de 3000 à se créer chaque seconde, pour en compter
90 milliards à six mois in utero. Les connexions entre les neurones vont
ensuite s’établir, jusqu’à un million par seconde. Un vaste réseau qui
continue à se développer bien après la naissance, jusqu’à la puberté.
Durant cette période, les connexions sont d’une immense plasticité,
facilitant considérablement certains apprentissages comme, par exemple,
l’acquisition d’une nouvelle langue.
S’il n’est pas encore totalement achevé à la naissance, –
seuls le cortex visuel et auditif étant quasiment matures – le cerveau
des bébés n’en est pas moins extrêmement performant. C’est ce qu’ont
révélé plusieurs expériences mises au point ces dernières années par des
neuroscientifiques. A six mois, il disposerait par exemple déjà de la
capacité motrice à détourner le regard d’un stimulus jugé désagréable,
alors qu’à huit mois, il serait capable de résister à des distractions
afin de rester concentré sur une stimulation plaisante. Dès neuf mois,
il posséderait en outre un système d’estimation des quantités, lui
offrant la possibilité de réaliser des opérations simples.
Par ailleurs, des études récentes, menées au BabyLab de l’Ecole Normale Supérieure à Paris,
ont également montré que dès 18 mois, l’enfant avait déjà des notions
de syntaxes, lui permettant de comprendre le sens des mots. «A cet âge,
le bébé distingue la différence entre une phrase grammaticale et
agrammaticale, explique Anne Christophe, directrice du BabyLab. Pour
aboutir à cette conclusion, nous avons fait visionner aux bébés de
petites animations avec des mots inventés employés comme un nom ou comme
un verbe, jusqu’à ce qu’ils se lassent. Puis, nous avons rejoué les
mêmes séquences mais en inversant les bandes-son. Nous avons constaté
que les enfants fixaient plus longuement la vidéo lorsque le sens du mot
ne correspondait plus à ce qu’il avait compris la première fois. Ce qui
nous démontre qu’ils s’appuient bien sur la syntaxe des phrases pour
déterminer la signification de nouveaux mots.»
Adolescence: Remodelage en profondeur
Le
développement de notre cerveau est marqué par deux grandes vagues
d’intenses remaniements. La première s’opère très précocement, à la fin
du développement fœtal et durant la petite enfance. La seconde se
déploie à l’adolescence, heure des grands chamboulements hormonaux. «La
plupart des recherches se sont penchées sur le développement moteur,
sensoriel et du langage à un âge précoce, explique Delia Fuhrmann,
chercheuse en neuroscience à l’University College de Londres. Ce n’est
que tout récemment qu’il a été suggéré que l’adolescence pouvait
représenter une seconde fenêtre d’opportunité dans le développement du
cerveau.»
Le cerveau des adolescents subit en effet un remodelage
profond. Les zones sous-corticales, siège des émotions et des
sensations, du système de récompense et du plaisir, se développent en
premier; alors que les régions du cortex préfrontal, associées à des
fonctions cognitives dites supérieures – comme le raisonnement rationnel
et les fonctions exécutives – s’étoffent plus tardivement. Selon des recherches
menées par l’Université d’Harvard en 2016, cette zone atteindrait même
sa maturité à l’âge de 30 ans. Ce qui expliquerait que les adolescents
peinent parfois à contrôler leurs émotions.
Par ailleurs, des
techniques d’imagerie cérébrale ont permis de constater, dans le cerveau
des ados, une diminution de la matière grise et une augmentation de la
matière blanche, appelée aussi myéline. Ce changement de la structure
corticale est associé à un certain nombre de progrès au niveau des
fonctions cognitives, comme l’amélioration du langage, de la lecture ou
encore des capacités d’encodage mnésique. Ainsi, entre 20 et 25 ans, la
mémoire de travail atteindrait un pic, en partie grâce à une
connectivité accrue entre les régions éloignées du cerveau.
Autre
phénomène cognitif propre à l’adolescence? La capacité à se rappeler
davantage des événements vécus entre 10 et 30 ans. Ce phénomène serait
directement lié à la maturation des systèmes en jeu dans la mémoire,
comme l’hippocampe et le cortex préfrontal. Par ailleurs, la composante
émotionnelle accrue existant à cet âge, aurait pour conséquence
d’augmenter l’encodage de la mémoire biographique.
Age adulte: seconde jeunesse
A
l’âge adulte, la spécialisation des lobes corticaux est définitivement
achevée. Le cortex préfrontal, arrivé à maturité, nous permet de prendre
des responsabilités, de planifier et de définir des priorités. Les
zones allant du tronc cérébral aux circuits limbiques, sièges des
émotions, sont non seulement très développées, mais aussi fortement
connectées au cortex préfrontal, permettant un meilleur contrôle des
émotions.
Longtemps, les scientifiques ont cru qu’à
partir de 25 ans, le cerveau commençait à perdre ses neurones. On sait
aujourd’hui que cette affirmation est fausse. En 2013, des chercheurs
suédois ont en effet pu confirmer, grâce à la datation au carbone 14,
que de nouveaux neurones continuaient à se former notamment dans
l’hippocampe, une région jouant un rôle clé dans la mémoire et la
régulation des émotions, mais aussi dans la zone située sous les
ventricules latéraux. C’est ce que les scientifiques appellent le
processus de neurogenèse qui permet de nouveaux apprentissages tout au
long de la vie.
«Nos recherches sur des personnes entre 85 et 100 ans, nous
ont permis de constater que la plasticité cognitive, bien qu’un peu
réduite, reste intacte jusqu’à la fin de la vie, confirme Matthias
Kliegel, responsable du laboratoire du vieillissement cognitif de
l’Université de Genève. Même à cet âge, les performances cognitives
peuvent être améliorées assez rapidement grâce à un entraînement. On
peut donc encore apprendre une nouvelle langue, par exemple, même si cet
apprentissage est certainement plus fatigant que s’il avait été réalisé
plus jeune.» In fine, il faut savoir que le cerveau sain
est comme un muscle qui se nourrit du changement, mais s’atrophie si
l’on ne s’en sert pas. L’entraînement va ainsi stimuler les jeunes
neurones à s’intégrer dans les circuits cérébraux pour établir de
nouvelles connexions. «Cela fonctionne un peu sur le principe du use it or lose it,
ajoute Matthias Kliegel. Le vieillissement cognitif est très lié à une
non-utilisation des ressources du cerveau.» Et que ceux qui n’aimeraient
pas faire des sudokus ou autres exercices cognitifs spécialisés se
rassurent… Les chercheurs l’affirment: l’activité physique est
semble-t-il tout aussi efficace pour prévenir le vieillissement du
cerveau.
Gaspé, le 26 octobre 2016 – L'Association
québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) a
poursuivi aujourd'hui, à Gaspé, sa tournée médiatique qui a pour thème :
« Chambardements en santé : les aînés ignorés ». Elle est aujourd’hui
accompagnée de la FADOQ Gaspésie Îles-de-la-Madeleine pour aborder
plusieurs sujets importants touchant la santé.
« Depuis deux ans, nous constatons que les chambardements imposés
dans le domaine de la santé ont été faits sans tenir compte de près ou
de loin des besoins des aînés », a déclaré Donald Tremblay, président de
l'AQRP. « Qu'est-ce que le brassage de structures du ministre de la
Santé a apporté aux aînés du Québec ? Est-ce que l'accès à un médecin
est plus facile maintenant ? Absolument pas, et ce, malgré le fait
qu'entre 2009 à 2016, la rémunération des médecins ait augmenté de 50 %.
», a rappelé M. Tremblay.
Aujourd'hui, le gouvernement québécois, annonçant un surplus
budgétaire de 2,2 milliards de dollars, promet un investissement de 100
millions de dollars supplémentaires en santé. Ce montant servira la
mission que s'est donnée le gouvernement d'augmenter l'offre de services
des soins à domicile, à améliorer les standards d'hébergement en CHSLD
et en soins intermédiaires. « Soyons réalistes. Ce que la main droite
donne aujourd’hui n’est qu’une infime partie de ce que la main gauche a
enlevé dans les dernières années. » a constaté Donald Tremblay,
président de l’AQRP. Une centralisation excessive
« L'accès aux services de première ligne est de plus en plus
difficile puisqu'un Québécois sur quatre n'a toujours pas de médecin de
famille. Pire, le ministre refuse de reconnaître les compétences des
autres professionnels de la santé qui pourraient pallier le manque de
disponibilité des médecins de façon significative. Prenons l’exemple sur
l’Ontario où vingt-cinq cliniques sont opérées par des infirmières
praticiennes. De plus, le démantèlement des CLSC, au profit de la
création des super-cliniques, n'augure rien de positif puisqu'il s'agit
de bonifier les GMF, qui historiquement n'ont pas répondu souvent aux
exigences contractuelles les liant au réseau en matière d'accessibilité.
», a dénoncé M. Tremblay. Optilab
Cette réforme du gouvernement libéral a pour objectif de centraliser
les tests d’analyse en matière de santé pour les patients du Québec vers
11 centres se situant dans les plus grandes villes du Québec. « Pour
notre région, les échantillons devront voyager parfois plus de 400 km
vers Rimouski. C’est inacceptable. » a rappelé Renée Blouin, directrice
de la FADOQ Gaspésie Îles-de-la-Madeleine. Cette volonté du gouvernement
se bute à un lever de bouclier de la part des comités des usagers, des
professionnels de la santé ainsi que des municipalités, de ces
laboratoires. « Cette réforme n’est pas adaptée à la réalité de notre
région et il y a nécessité d’y mettre fin immédiatement. L’ensemble de
notre communauté y est opposée, c’est scandaleux. » s’est désolée Aline
Smith, présidente de l’AQRP Gaspésie Îles-de-la-Madeleine. Maintien à domicile : le Québec manque le bateau
Alors que tous les experts s'entendent pour dire qu'une société
vieillissante comme celle du Québec devrait investir massivement dans le
maintien à domicile des aînés en perte d'autonomie, le gouvernement se
contente de dire qu'il n'a pas d'argent. « Maintenir plus longtemps les
aînés à domicile, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement. », a
affirmé Donald Tremblay qui a ajouté que l’on attend toujours que le
gouvernement actuel respecte son engagement électoral de réinvestir à la
hauteur de ses promesses dans ce poste budgétaire. En août dernier, le
gouvernement a investi 843 000$ pour les soins à domicile dans notre
région de la Gaspésie Îles-de-la-Madeleine. « La promesse des libéraux
était de 150 millions par année pour l’ensemble du Québec. En
proportion, selon la population, c’est presque deux fois moins que ce
qui avait été promis pour notre région, et ce, seulement pour une année.
» a rappelé Donald Tremblay, président de l’AQRP. AQRP
Fondée en 1968, l'AQRP représente les
retraité(e)s des secteurs public et parapublic du Québec. Elle a pour
mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts
économiques, financiers, culturels, intellectuels et sociaux des
retraités de l'État et des aînés du Québec. Elle compte plus de 31 000
membres. FADOQ
Le réseau FADOQ rassemble et représente
les personnes de 50 ans et plus dans le but de conserver et d’améliorer
leur qualité de vie. Le Réseau défend et fait la promotion de leurs
droits, valorise leur apport dans la société et les soutient par des
programmes, services et activités. Le Réseau FADOQ compte à ce jour plus
de 470 000 membres et est le plus grand organisme d’aînés au Canada. http://www.aqrp.qc.ca/nouvelles/chambardements-en-sante-les-aines-ignores-577
Réinvestissement en santé et services sociaux : un rattrapage essentiel pour le bien-être de nos aînés
QUÉBEC, le 25 oct. 2016
/CNW Telbec/ - L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs
public et parapublic (AQRP) est soulagée de l'annonce faite par le
gouvernement concernant les investissements en santé et services sociaux
dans les soins à domicile et les CHSLD. À de maintes reprises, nous
avons revendiqué la nécessité d'investir dans les services sociaux afin
d'améliorer l'accessibilité et la qualité des services offerts aux
aînés.
Aujourd'hui,
le gouvernement québécois, annonçant un surplus budgétaire de 2,2
milliards de dollars, promet un investissement de 100 millions de
dollars supplémentaires en santé ainsi que 300 millions de plus l'année
prochaine, somme de 300 millions qui sera récurrente. Ce montant servira
la mission que s'est donnée le gouvernement d'augmenter l'offre de
services des soins à domicile, à améliorer les standards d'hébergement
en CHSLD et en soins intermédiaires. De plus, le ministre Leitão a
annoncé l'abolition de la taxe santé en janvier 2017 plutôt qu'en
janvier 2018, comme que prévu initialement. Des détails plus précis
suivront dans les prochaines semaines.
Rappelons
que l'équilibre budgétaire n'a pas été obtenu par la création de
nouvelles sources de revenus de l'État, mais bien dans une coupe de
services à la population, notamment en ce qui a trait à la santé
publique. « Ce surplus de 1.6 milliard a été atteint en faisant des
choix coûteux pour le bien-être des citoyens les plus vulnérables, il ne
faut pas être dupes. Le défunt Commissaire à la santé et au bien-être
ainsi que la Protectrice du citoyen nous l'ont rappelé cet automne. Ces
montants additionnels sont dirigés vers des programmes et services où
les besoins, notamment en soins à domicile, sont très importants,
beaucoup plus que les montants investis aujourd'hui » rappelle Donald Tremblay, président de l'AQRP.
L'AQRP en tournée
Notre
association a lancé en mai dernier une tournée des régions du Québec
intitulée « Chambardements en santé : les aînés ignorés ». Elle vise à
rappeler que les changements de structures dans notre système n'ont pas
eu pour effet d'augmenter la qualité et l'accessibilité des services. «
Ce n'est pas avec gaieté de cœur que nous avons parcouru le Québec dans
les derniers mois pour dénoncer l'ampleur des listes d'attente pour les
soins à domicile, les conditions déplorables que certains aînés vivent
en CHSLD ainsi que la difficulté d'obtenir un médecin de famille. Nous
avons mené cette tournée avec un objectif commun : que le gouvernement
priorise l'investissement en santé et services sociaux, là où il en a
réellement besoin. Aujourd'hui, le gouvernement a répondu à notre appel »
rappelle Donald Tremblay, président de l'AQRP.
Et maintenant ?
Malgré
ces investissements, de nombreux défis demeurent dans le domaine de la
santé, notamment en ce qui a trait à l'accès à un médecin de famille.
Rappelons que la cible de 80 % de Québécois pour décembre 2017 sera hors
d'atteinte si les médecins ne recrutent pas davantage de patients en
utilisant le guichet unique. « Le défi pour le Ministère de la Santé est
de donner un outil efficace qui permet aux médecins québécois de
trouver facilement des patients. On doit également s'assurer que peu
importe la complexité du dossier du patient, qu'il soit pris en charge.
Les médecins doivent être équitables dans leur choix ou ce sera au
ministre à leur imposer. » souligne Donald Tremblay, président de l'AQRP.
AQRP
Fondée
en 1968, l'AQRP représente les retraité(e)s des secteurs public et
parapublic du Québec. Elle a pour mission de promouvoir et de défendre
les droits et les intérêts économiques, financiers, culturels,
intellectuels et sociaux des retraités de l'État et des aînés du Québec.
Elle compte plus de 31 000 membres.
SOURCE AQRP - Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic
Renseignements
: Contact média, David Chamberland, conseiller aux relations publiques,
Cell : 418 999-6787 / Courriel : david.chamberland@aqrp.qc.ca
LIENS CONNEXES www.aqrp.qc.ca
Profil de l'entreprise
AQRP - Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic
Un projet de soins à domicile voué aux aînés,
entre autres piloté par Dre Debora Andriuk, voit le jour sur le
territoire de la Pommeraie.
Sur le territoire de la Pommeraie
SANTÉ. Une nouvelle avenue pour les soins à la maison
destinés aux personnes âgées se déploie sur le territoire de la
Pommeraie. Le SMA3D, pour soins médicaux aigus pour aînés à domicile, se
veut une façon de travailler à la source certains problèmes de santé,
notamment dans le but de diminuer l'achalandage à l'urgence et de
réduire le nombre d'hospitalisations.
Le service se consacre aux
personnes avec un profil gériatrique en perte d'autonomie chronique qui
nécessitent une évaluation pour des soins aigus, et qui ne pas en mesure
de voir leur médecin de famille dans un délai de 24 heures.
Un suivi intensif sous forme de visites quotidiennes d'une infirmière
et d'un médecin de garde se met alors en branle. La mesure peut durer
entre une et trois semaines, soit la même qu'un séjour à l'hôpital.
«Ça ressemble à une hospitalisation traditionnelle, mais à la maison.
C'est très différent d'un suivi pour une personne stable», indique la
Dre Debora Andriuk, coordonnatrice de l'équipe SMA3D. Les proches
aidants et la famille peuvent aussi être impliqués pour maintenir un
cadre sécuritaire. Des bénéfices
Sept médecins en gériatrie participent à la garde. Leur tâche a été
réorganisée. «Nous n'avons pas eu à tordre de bras pour les convaincre.
Ils y croient et voient les bienfaits», laisse entendre Dre Andriuk.
Malgré les restrictions budgétaires en place, les dirigeants du
CIUSSS de l'Estrie-CHUS, sous lequel se retrouve l'ancien CSSS La
Pommeraie, ont cru bon de poursuivre le programme. Cela s'explique selon
elle par ses bienfaits autant d'un point de vue financier qu'au niveau
des usagers. À ce propos, l'alitement prolongé peut avoir des
conséquences néfastes sur l'autonomie d'une personne âgée,
indique-t-on. Entre dix et douze patients
La viabilité économique d'une telle initiative devrait par ailleurs
être facilement atteinte. Le fait de détourner six séjours en milieu
hospitalier sur une base annuelle permettrait de franchir le seuil de
rentabilité. «Nous pensons être capables de desservir entre dix et douze
patients par semaine, ce qui pourrait permettre de dégager deux
hospitalisations pour la même période de temps», expose Dre Andriuk.
Quand on offre ce service à domicile, on se rend compte à
quel point les aînés se portent mieux. Ils dorment bien, ils mangent
bien et ils se mobilisent beaucoup plus.
Dre Debora Andriuk, coordonnatrice de l'équipe SMA3D.
Le projet-pilote s'échelonnant sur 13 mois a soigné 81 usagers à
travers 538 visites. Il a écarté une quarantaine d'hospitalisations,
laisse-t-on savoir du côté des responsables. Un service en voie d'être exporté?
Se distinguant du modèle de soins à domicile déjà en place, le
service, alors en phase d'essai, a trouvé écho auprès d'intervenants de
la santé au Québec. Des médecins de la région de Lanaudière ont entre
autres prêté une oreille attentive à ce projet. «C'est un modèle calqué
sur ce qui se fait déjà en Ontario et aux États-Unis. Il peut être
reproduit dans plusieurs régions comme la nôtre», soutient Dre Andriuk. Les services offerts par le SMA3D
Services médicaux à toute heure du jour et de la nuit.
Soins d'infirmières cliniciennes, de 8h à 16h, du lundi au vendredi.
Services infirmiers en tout temps, en dehors des heures d'ouverture régulière.
Les personnes intéressées peuvent le faire savoir à leur médecin de famille. http://www.journalleguide.com/Actualites/2015-11-26/article-4356988/Des-soins-medicaux-aigus-a-domicile-pour-les-aines%26nbsp%3B/1
Vers une pénurie de gériatres?
Contribution externe
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Opinions
Malgré une population vieillissante, les jeunes
médecins se détournent de la gériatrie. Cette spécialité nécessite de
concilier la vision objective du bien-être et le facteur humain. Tout un
art. Une opinion de Sophie Jassogne, de l'Institut de Recherche Santé et Société (UCL).
Dans un rapport récent, le Centre fédéral d’expertise des
soins de santé (KCE) avertit : la Belgique manque de médecins et
d’infirmiers spécialisés et bien formés en gériatrie. Il est “urgent
d’augmenter l’attractivité des disciplines gériatriques” (RTBF. 4 juin
2015). La gériatrie est une spécialité reconnue depuis plusieurs années
mais peu de jeunes médecins la choisissent. Comment expliquer ce
paradoxe d’une population vieillissante qui a besoin de soins et ce
désintérêt pour la médecine gériatrique ? Plusieurs facteurs peuvent
l’expliquer. Choix de prestige
Le choix d’une spécialité est intimement lié au prestige
social et l’autorité qu’elle confère (B. Lepièce, Ch. Reynaert&al.
May 2015). La chirurgie, la médecine interne et l’anesthésie remportent
les suffrages auprès des étudiants belges. Par contre, la pédiatrie, la
médecine générale et la gériatrie se classent loin derrière. Le prestige
est étroitement connecté à la technicité : plus une discipline est
technique et se rapporte à l’organe, plus elle est prestigieuse. Plus
elle se préoccupe de la personne dans son ensemble et offre une prise en
charge globale, moins elle semble séduisante. Le baromètre de la qualité de la vie
Le patient gériatrique est fragile et requiert une
compétence spécifique. Ce n’est plus uniquement la guérison qui est au
centre de ses soins mais ses activités sociales et quotidiennes. C’est
l’une des raisons pour lesquelles la médecine gériatrique n’adopte pas
systématiquement les solutions techniques. Elle choisit un examen s’il
est vraiment approprié. Elle renonce aux techniques et aux traitements
efficaces s’ils sont pénibles à supporter ou à risque (insomnies,
fatigue, etc.). En d’autres mots, l’expertise technique est et doit être
précédée par la question du sens : si celle-là est objective, claire,
sécurisante et sanctionnée par les professeurs, le sens d’un acte
thérapeutique et son bien-fondé provoquent des questions, des
interprétations divergentes. Ici, les soignants doivent s’engager
ensemble avec toute la volonté et la part d’incertitude que cela
implique.
En fin de vie en effet, l’objectif médical de sauver des
vies perd une partie de son sens. Ce qui prime selon l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS), c’est “la récupération maximale des
performances fonctionnelles et la meilleure qualité de vie de la
personne malade”. A un moment donné, l’objectif quantitatif et curatif
fait place à l’objectif qualitatif d’une vie bonne, d’une vie digne,
aimable, qui n’est pas prolongée à n’importe quel prix au risque de
devenir une vie de piètre qualité. Intégrer un regard subjectif
La médecine fait du bien, “objectivement”, mais le patient
ne se sent pas toujours bien ! La santé n’est donc pas uniquement la
guérison ou l’absence de souffrance physique. La signification que le
patient donne à son état de santé est décisive et intime. Certaines
personnes en pleine forme se trouvent en mauvaise santé et des personnes
“objectivement” malades sont fort satisfaites de leur qualité de vie !
Le bonheur a donc une dimension non objective, “métaphysique”. Comme le
temps des vacances n’a pas la même saveur que le temps du travail – le
temps n’est pas un objet extérieur à nous mais fait partie de nous – la
qualité de vie a quelque chose de foncièrement indéterminé.
Afin de rester à l’écoute de ce qu’une personne demande,
singulièrement, la médecine gériatrique propose un regard subjectif et
pas uniquement scientifique et technique. Elle intègre le modèle
biomédical dans une vision plus globale, qui interprète le récit du
patient et propose un projet de soins.
Dans ce modèle, le médecin “savant” ne rencontre pas un
patient incapable de comprendre, de décider. Il ne rencontre pas un
“vieux” qu’il faut “stimuler” mais un individu vieillissant, avec ses
joies, ses douleurs, ses rides et sa maladie. Dogmes négatifs
Le vieillissement demeure mal connu, il est perçu par
certains médecins comme une perte (perte de l’autonomie globale,
sujétion à l’autre). La gériatrie est ainsi nourrie d’idées et de dogmes
négatifs. Par exemple, plusieurs études montrent que les professionnels
peuvent développer des attitudes diagnostiques et thérapeutiques
discriminantes parce qu’elles sont adoptées uniquement sur la base de
l’âge. Ils “n’investissent” plus dans la personne âgée et “induisent des
biais dans leur perception de la situation de santé des aînés et dans
leurs attitudes de soin” (M. Masse, Ph. Meire. 2012). Cette attitude
rencontrée à l’hôpital est injustifiée puisqu’un diagnostic et un
traitement appropriés entraîneront des améliorations rapides et
spectaculaires.
Dans le même ordre d’idées, la dépendance fonctionnelle ne
peut pas être considérée systématiquement sous l’angle de la déchéance :
une personne peut refuser de progresser dans la récupération de ses
activités journalières, son opposition étant sa façon de revendiquer son
autonomie (ou de contester une protection envahissante) alors que pour
les autres, elle serait en train de la perdre.
Il est urgent de sensibiliser les jeunes médecins aux
personnes âgées, de les amener dans leur cursus à les rencontrer sur le
terrain, de l’intérieur, hors de l’amphithéâtre. Au service de la personne
La médecine est un art, pas une science objective. Elle est
en premier lieu au service de la personne, elle soutient et accompagne
son autonomie au sens large, quel que soit son âge ou son état de santé
(elle ne “force” pas son autonomie fonctionnelle). Elle n’est pas
d’abord au service de la connaissance de la maladie mais de l’individu
qui ressent sa maladie et la connaît intimement. L’exercice de l’art
médical doit permettre de concilier, dans notre âge technique, cet idéal
médical scientifique de haute qualité et ce qui lui donne sens, le
facteur humain, l’émancipation et la protection des personnes fragiles.
Consacrée par la nouvelle loi sanitaire, l’hospitalisation à domicile
sera désormais inscrite dans la chaîne des soins de santé publique. Le
ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière,
Abdelmalek Boudiaf, l’a confirmé jeudi en marge des travaux d’évaluation
des établissements de santé.
«La forme juridique de l’hospitalisation à domicile est en cours
d’élaboration», a-t-il déclaré à la presse. Et de signaler : «Ce système
est en vigueur dans plusieurs pays.» Un système dont bénéficieront tous
les patients atteints de maladies chroniques et graves comme les
pathologies cardio-vasculaires, le diabète ou le cancer. «Ce système
devra assurer les soins à tous les malades, notamment les personnes
âgées, ce qui allègera la charge sur les services des urgences et de
réanimation», a-t-il indiqué en rappelant que quelques établissements de
santé avaient déjà commencé à donner ce type de prestations ces
dernières années.
Il a, par ailleurs, annoncé une nouvelle organisation visant à classer
chaque établissement hospitalier en fonction de la qualité des
prestations offertes au malade et de sa prise en charge.
«A partir de ce jour, chaque établissement hospitalier sera classé en
fonction de la qualité des soins prodigués au malade», a-t-il indiqué
dans une allocution à l’ouverture de la rencontre d’évaluation nationale
des directeurs de la santé et de ceux des centres hospitaliers. Il a
précisé que pour garantir l’accès aux soins et une bonne prise en charge
du malade, «le directeur de wilaya de la santé et les responsables des
établissements hospitaliers feront, eux aussi, l’objet d’évaluation».
Tous ces gestionnaires sont habilités à veiller au fonctionnement des
services et structures dans le cadre du respect du service public,
notamment la lutte contre l’absentéisme dans le cadre des dispositions
en vigueur, a-t-il tenu à ajouter. M. Boudiaf a souligné, à ce propos,
que le gestionnaire devra prendre toutes les mesures nécessaires «sans
craindre aucune pression ou intervention dès lors que le droit du malade
reste au-dessus de toute autre considération».
Il a estimé qu’il est inadmissible et injustifiable que les
établissements hospitaliers ne parviennent pas à assurer un bon accueil
et une prise en charge effective du malade au moment où «nous avons pu
prendre en charge des dossiers épineux et complexes comme celui du
cancer et de la pénurie en médicaments».
Love & Sex
Oui, il existe encore une vie amoureuse, sexuelle, désirante,
épanouissante pour les seniors. Marie de Hennezel, psychologue, le clame
dans son ouvrage "Sex & Sixty", un avenir pour l’intimité
amoureuse. Rencontre. Entretien Laurence Dardenne
"Les hommes et les femmes (NdlR : de 60 ans et plus) qui ont participé à mon enquête me l’ont affirmé : leur sexualité a changé , écrit Marie de Hennezel, auteur de "Sex & Sixty", un avenir pour l’intimité amoureuse (Ed. Robert Laffont/Versilio, 20,95 €) .
Elle est devenue plus sensuelle, plus tendre et plus lente. Elle est
devenue autre. Je ne suis pas en train de dire que les jeunes
n’explorent pas cette voie très à la mode du ‘slow sex’, je dis que les
seniors l’adoptent par la force des choses ." Le sexe à partir d’un "certain âge", 60 ans en l’occurrence, est encore vraiment un sujet tabou ?
Je dirais plutôt que c’est un sujet qui met mal à l’aise,
qui crée un malaise parce que la sexualité est associée, en Occident, à
la jeunesse. Donc, imaginer que des personnes vieillissantes puissent
continuer à éprouver du désir, à avoir une activité sexuelle, c’est
quelque chose que les jeunes d’abord ont du mal à imaginer, et même que
la société dans son ensemble a du mal à admettre. Ce qui est
intéressant, c’est que la génération à laquelle j’appartiens, celle des
"boomers" est une génération qui a fait la "révolution sexuelle" des
années 70 et qui, certainement, entend encore faire bouger les choses
maintenant. Pourquoi ?
Parce que c’est une génération qui n’a pas du tout envie de
subir le regard étriqué de la société sur elle. C’est une génération
qui a décidé de vieillir le mieux possible. Une génération qui prend
soin d’elle, de sa santé, de sa qualité de vie et de ses plaisirs. Une
génération tonique, disponible, solidaire de ses enfants et de ses
parents, généreuse et égoïste à la fois, animée par l’envie de voyager,
d’apprendre, d’explorer des domaines nouveaux. Bref, une génération
"désirante". C’est à elle et à tous ceux qui approchent la soixantaine
que je m’adresse dans ce livre. Pour vous, c’est un sujet qui ne devrait pas mettre mal à l’aise ?
Je pense que les personnes qui avancent en âge et qui
restent désirantes et vivent de belles histoires d’amour sont tout à
fait à l’aise avec ce qu’elles vivent. Néanmoins, elles sont conscientes
du regard de la société et donc elles vivent cela de façon assez
réservée et n’en font pas étalage. C’est vécu de manière discrète, voire
secrète avec parfois le sentiment que ce n’est pas politiquement
correct. L’écart entre l’image véhiculée et la réalité vécue est-elle en cause ?
Oui, nous sommes certainement dans une société qui
privilégie l’image. Une des conditions auxquelles les personnes qui
avancent en âge s’autorisent à vivre leur désir et leur vie amoureuse,
c’est justement qu’elles ont dans la perception d’elles-mêmes quelque
chose qui a changé. On ne cherche plus à se rassurer dans le miroir ou
dans le miroir des yeux d’autrui parce que l’on est passé à autre chose :
de l’image à la perception. Cela montre que l’on se décolle de ce qui a
été le primat de l’image. Il y a malheureusement une partie des
personnes qui avancent en âge et qui ont le sentiment que, parce
qu’elles ne correspondent plus vraiment aux critères de la beauté ou de
ce que c’est d’être désirable, perdent l’estime d’elles-mêmes, la
confiance en elles, et se freinent elles-mêmes. Alors que celles qui
dépassent cela et cessent de se regarder, qui sont désirantes, demeurent
désirables. Vers 60 ans, on passe à une sexualité différente, plus lente… Pas "moins bien", peut-elle être "mieux" ?
J’ai en effet rencontré beaucoup de femmes et même d’hommes
qui m’ont dit que c’était mieux. Il est vrai que cela suppose une
certaine mutation car il faut se décoller du passé, ne pas chercher à
reproduire ce que l’on a vécu plus jeune car, là, on est perdu. Si l’on
reste dans la sexualité performante, c’est sûr, on est foutu ! Il faut
renoncer à prendre comme référence le passé, s’abandonner à la relation,
telle qu’elle est et faire confiance à ce que l’on sent. Pourquoi certains disent-ils que c’est mieux ?
Parce que c’est global. La jeunesse arrive à dissocier le
désir et la tendresse. Quand on avance en âge, on ne peut plus vraiment
les dissocier. Si on vit quelque chose de l’ordre de l’intimité
amoureuse avec quelqu’un, la tendresse fait partie du tout et on arrive à
concilier des choses qui étaient difficilement conciliables plus tôt.
S’il y a vraiment une relation intime amoureuse, il y a plus de
communication, plus de dialogue, d’acceptation de soi, de l’autre… Le
plaisir est global. Il ne peut pas y avoir vraiment de sexualité en
avançant en âge s’il n’y a pas une bonne qualité relationnelle. Le lien
doit être de qualité; il doit y avoir de l’émotion, de l’amour, de la
tendresse… C’est un tout. Encore faut-il avoir cette disponibilité
amoureuse, ce qui n’est pas toujours le cas pour tout le monde. Le désir de faire l’amour est-il toujours forcément présent chez les seniors ?
Une récente étude de l’Institut du Bien Vieillir Korian,
sur les rapports entre l’âge et le plaisir, montre que si 12 % seulement
des plus de 65 ans disent que faire l’amour est pour eux une source de
plaisir, 36 % aimeraient que ce le soit. Il y a donc un assez grand
décalage entre ceux qui aimeraient garder une activité sexuelle à cet
âge et ceux qui continuent à en avoir une, et à y trouver du plaisir.
C’est à ceux-là que s’adresse mon livre. Ceux qui aimeraient mais qui ne
peuvent pas : je me suis adressée à cette frange-là. Quels sont les principaux freins à l’épanouissement sexuel au-delà d’un certain âge ?
Ils sont d’abord physiques, il est vrai. Il y a le
vieillissement sexuel, qui est une réalité. Il y a aussi bien sûr des
freins liés à l’environnement, à la solitude, au regard que notre
société jeuniste porte sur cette question; le fait d’être trop sous
l’emprise des normes occidentales : sexualité égale jeunesse et donc le
sentiment que ce n’est plus de son âge. En Occident, on a en effet le
sentiment que la sexualité appartient à la jeunesse et l’on a
complètement gommé l’aspect de la sexualité consciente. En Orient, on
considère que le rapprochement d’un homme et d’une femme dans une union
des corps est une union qui est aussi sacrée, c’est-à-dire que l’on se
rapproche du divin. On entre dans une communion spirituelle, dimension
pratiquement absente en Occident, où l’on vise quelque chose et où l’on
est en quelque sorte prisonnier des normes sexuelles. Je n’hésite pas à
parler de véritable terrorisme. En Orient, on dit : "Il faut laisser
faire les corps et les cœurs." C’est extrêmement libérant. Comme autre
frein à l’épanouissement sexuel, il y a aussi la façon dont on s’estime
soi-même : s’estime-t-on désirable à ses propres yeux et aux yeux de
l’autre ? Il y a donc beaucoup de freins possibles, le plus important
étant sans doute la solitude qui augmente avec l’âge. Sont-ils nombreux à renoncer à une vie amoureuse et sexuelle ?
On estime que 70 % des Français de plus de 65 ans ont
renoncé à consacrer de l’énergie à leur vie amoureuse ou sexuelle. Elle
appartient à leur jeunesse ou à leur jeune maturité. Parmi eux, il faut
distinguer ceux chez qui une lassitude s’est installée avec le temps de
ceux qui sont tout simplement des "rassasiés" du sexe. Vous avez aussi découvert ce que l’on mettait derrière l’expression "faire l’amour"…
En effet, si, pour les jeunes, cela recouvre des choses
bien précises, lorsque l’on interroge les couples plus âgés, on
s’aperçoit que c’est beaucoup plus large. Et l’expression "faire la
tendresse" utilisée par les couples plus âgés traduit bien que ce sont
des couples qui ont certainement fait beaucoup l’amour et qui, à un
moment donné, arrivent à un stade où, pour eux, faire l’amour, c’est se
prendre dans les bras, être dans une proximité charnelle et une
connivence douce. On voit bien que l’expression s’élargit, en
vieillissant.
La sexualité, selon les tranches d’âge
À Marie de Hennezel, nous avons demandé de répondre spontanément, en quelques mots, à cette question : "La sexualité, c’est… …à 20 ans : "fougueux, passionné…" …à 30 ans : "elle peut-être déjà un peu plus
posée, mais elle est souvent très liée à un projet d’enfant, de famille
et souffre parfois aussi du fait que c’est difficile de concilier une
intimité au quotidien quand on est submergé par le travail, les enfants…
Elle devient compliquée parfois."
… à 40 ans : "elle peut devenir source
d’inquiétude pour une femme : reste-t-on féminine ? Mais elle peut aussi
commencer à être plus posée." …à 50 ans : "elle est plus mûre." …à 60 ans : "il y a comme une seconde adolescence,
dans la mesure où il y a cette liberté qui arrive avec la retraite,
cette disponibilité. Il y a un regain, mais c’est aussi un moment où les
couples se remettent en question avec la mise à la retraite; il peut y
avoir une crise. Mais il peut aussi y avoir un second souffle lié à ce
changement de vie."
… à 70 ans : "pour ceux qui sont encore dans la
trajectoire de la relation amoureuse, désirante, cela peut vraiment être
l’embellie de l’âge parce que si, à 70 ans, il peut y avoir une
relation amoureuse avec l’autre, c’est complètement lié à l’amour, à la
qualité de la relation, sinon, on a renoncé. Ce sont à ce moment-là de
très belles relations parce qu’il y a vraiment une écoute de l’autre,
une très grande tolérance, une capacité d’accueillir l’autre comme il
est, une ouverture sur le monde… Ce ne sont pas des couples fusionnels,
refermés sur eux-mêmes, mais plutôt ouverts sur les autres et désireux
de partager leur bonheur. C’est assez beau, ce que j’ai rencontré dans
ces âges-là…" ...à partir de 80 ans : "je pense que la relation
intime se poursuit sur un mode de complicité, de tendresse… On n’est
bien sûr plus dans la fougue de la jeunesse. Beaucoup des personnes que
j’ai vues m’ont dit qu’il y avait une dimension spirituelle; c’est
quelque chose qui se découvre en avançant en âge. Il y a une communion
des corps, mais aussi de l’âme et de l’esprit."
Une fiche permettra aux acteurs de la santé (pharmaciens, médecins, hôpitaux) de savoir quel traitement prend le patient.
En 2013, le centre hospitalier de Mouscron
lançait un comité de pilotage «qualité et sécurité». De la première
année de travail, douze points étaient ressortis dont le souci des soins
transmuraux. Autrement dit, le suivi entre les passages à l’hôpital,
chez le médecin de famille ou chez le pharmacien. «Vu le vieillissement de la population, le nombre de patients qui ont besoin d’un traitement chronique va croître, précise Evelyne Careels, directrice des soins au CHM. Il était donc important d’améliorer la qualité des soins transmuraux. Cela permettra au patient d’être mieux suivi.» Clarifier la situation
Les bénéfices de cette fiche se verraient surtout au moment de l’hospitalisation: «Quand
le malade arrivait à l’hôpital, le personnel n’avait pas toujours les
renseignements nécessaires sur son suivi médicamenteux à domicile. On
perdait donc du temps car il fallait vérifier tout ce que la personne
prenait comme médicaments, avec le risque qu’elle se trompe de nom de
pilules ou qu’elle en oublie».
Une base de données a été créée informatiquement pour pouvoir justement remplir la fameuse fiche: «Sur
l’ordinateur, nous avons une liste où tous les médicaments sont repris,
ainsi que le nom de leur générique. À chaque fois qu’un médicament
devra être pris par le patient, on pourra y rajouter une ligne. Cela
a pour objectif qu’à chaque visite chez un acteur de la santé, le
patient puisse se présenter avec une fiche bien mise à jour. À terme, on
espère que tout pourra se faire de manière informatique. Ce serait plus
facile».
Si la création d’une fiche commune entre centre hospitalier, médecins
et pharmaciens est unique, le processus est entamé depuis de nombreuses
années, comme l’explique le Dr Fontaine, active en cité hurlue: «Nous
encouragions déjà nos visiteurs à tenir une liste mais tout le monde ne
le faisait pas. La nouvelle fiche permettra d’avoir une harmonisation
pour tout le monde grâce à la diffusion d’un même produit. Cela peut
clarifier la situation dans l’esprit de certaines personnes».
Du côté des pharmaciens, la nouveauté est également accueillie avec beaucoup de bonheur. «Nous la demandions depuis de nombreuses années, ajoute Luc Morel, pharmacien à Mouscron et président de l’union pharmaceutique du Hainaut occidental. Le
rôle du pharmacien est de donner le médicament et la dose avec
exactitude. Il était donc indispensable de recevoir un outil pour
pouvoir gérer les changements de traitement. On constate que notre idée a
plu. Nous sommes notamment suivis par une pharmacienne-clinicienne de
la clinique universitaire de Mont-Godinne». Éviter les risques d’une mauvaise prise
La «fiche médicament» permet aussi d’éviter plusieurs risques pour les patients: «De
par mon expérience, j’ai constaté que plusieurs patients prenaient pas
mal de doublons, continue Luc Morel. Avec la multiplication des produits
sur le marché, les gens prennent parfois de l’aspirine plusieurs fois
sans s’en rendre compte. Si ce n’est pas toujours dangereux, cela peut
aussi avoir des effets néfastes. Les médicaments peuvent être la
meilleure mais aussi la pire des choses s’ils ne sont pas pris à bon
escient ».
Les travailleurs étrangers sont surreprésentés dans les EMS. Les
besoins en personnel sont amenés à s’accroître avec le vieillissement de
la population
Pierre Blondel se décrit comme un «enfant de Saint-Gervais». Il a
grandi dans le vieux quartier de Genève et y a passé son enfance. Puis
il est devenu gendarme aux Pâquis. A 85 ans, il «attend la fin» à l’EMS
des Mouilles, au Petit-Lancy. Et rédige des tribunes dans la presse
locale, pleines de ressentiment contre l’accroissement de la population à
Genève, à qui il impute la hausse de l’insécurité et des incivilités.
Si bien que, le 9 février, il compte voter oui à l’initiative de l’UDC
«Contre l’immigration de masse». Ses aides-soignants sont Algériens ou
Espagnols et ses infirmières Françaises. «Le personnel soignant est
formidable.» Mais, dit-il, «trop, c’est trop».
Toutes les
personnes contactées dans le secteur sont formelles: sans travailleurs
immigrés, la Suisse n’est pas en mesure de s’occuper de ses aînés. L’EMS
des Mouilles, par exemple, compte 62% d’employés étrangers dans son
personnel, dont une moitié de frontaliers. Merowane Bezoui, 38 ans,
Algérien, détenteur d’un permis C, est l’un d’entre eux. Jeudi,
l’établissement de 78 lits est encore plongé dans la brume lorsque
l’aide-soignant entame la toilette matinale de Susanne Rivière, 88 ans,
hémiplégique.
– «Et vous, Madame Rivière, pourquoi pensez-vous qu’il y a si peu de Suisses qui veulent faire mon travail?» demande-t-il.
– «Oh. C’est trop dur, c’est déprimant. Et pas tout le monde n’a le cœur à cela.»
Arrivé
en Suisse il y a quinze ans, Merowane Bezoui a travaillé dans la
construction avant de tenter sa chance dans la santé. Après
cinquante-trois offres spontanées, il était engagé dans un EMS. Treize
ans plus tard, il s’apprête à achever un CFC d’assistant en soin et
santé communautaire réalisé en cours d’emploi. Le secteur représente une
porte d’entrée pour les demandeurs d’emploi sans qualification. Au
moment de l’embauche, les qualités personnelles priment sur la
formation: «Nous cherchons d’abord des personnes capables d’empathie, de
patience et d’une grande motivation. Le travail est difficile, les
horaires irréguliers et le salaire bas», explique Pascale Covin,
infirmière en cheffe. A l’EMS des Mouilles, un aide-soignant
non-qualifié démarre à 4400 francs brut pour un poste à 100%. Pour un(e)
infirmier (ère), le salaire de départ est de 6600 francs. «La durée de
vie des infirmières suisses est plus courte, observe Pascale Covin.
Contrairement aux Françaises, elles ont tendance à arrêter de travailler
lorsqu’elles ont leur premier enfant.»
Lundi dernier, le conseiller d’Etat MCG Mauro Poggia envoyait une
lettre destinée à tous les directeurs et directrices d’EMS genevois pour
les inciter à privilégier les dossiers des «personnes sans formation
ainsi que des jeunes». «C’est évident!» s’exclame Laurent Beausoleil,
directeur de l’EMS des Mouilles. «A compétences égales, nous engageons
d’abord un chômeur. Et je suis le premier à vouloir privilégier les
jeunes formés en Suisse, ce serait un juste retour sur investissement.
Mais nous ne recevons pas de demandes qui correspondent à ce profil. Les
personnes disponibles sur le marché de l’emploi sont immigrées et tant
mieux, car on a du travail pour elles.» Récemment, Laurent Beausoleil
était invité à la Haute Ecole de santé de Genève pour présenter le
métier aux étudiants. «Sur 90 inscrits, il y avait deux personnes dans
la salle. Le secteur de la vieillesse intéresse d’autant moins les
infirmières et infirmiers qu’ils n’ont pas l’angoisse de manquer de
travail dans d’autres domaines plus sexy.»
En 2012 déjà, au plus
fort de la campagne anti-frontaliers, le sujet avait donné lieu à de
vifs échanges entre les directeurs d’EMS genevois et les autorités
cantonales, lorsque le Conseil d’Etat avait tenté de sonder les
établissements pour connaître le nombre de frontaliers y travaillant.
Alors que circulaient des tracts appelant à brûler les maisons et les
voitures des frontaliers, la requête avait mal passé. «Ce secteur ne
peut s’organiser qu’avec les travailleurs immigrés, d’autant plus qu’il
est amené à s’étendre. Le nombre de personnes âgées dans le canton de
Genève devrait doubler d’ici à 2020», relève Laurent Beausoleil.
Genève
et ses 52 EMS ne sont de loin pas les seuls concernés. Un petit sondage
aléatoire réalisé dans six établissements de tailles différentes entre
Aigle et Lausanne montre que les EMS comptent en moyenne 40% d’étrangers
dans le personnel soignant. «Mes employés étrangers ne me coûtent pas
moins cher, puisque je les paye autant que les Suisses, affirme Corinne
Botteron, directrice de la Résidence Arc-en-ciel, à Vilars, dans le
canton de Neuchâtel. Ils sont bien formés et ne rechignent pas à la
tâche, poursuit-elle. J’ai fait passer une annonce pour un poste
d’infirmière, il y a trois mois. J’ai reçu dix offres de Suissesses, et
vingt de Françaises. J’ai opté pour une candidate suisse. Mais elle a
démissionné après trois semaines, affirmant que la charge de travail
était trop lourde.» Surreprésentés aux postes les moins qualifiés, les
employés étrangers prennent en charge les soins tels que douche ou
toilette quotidienne. «Ils interviennent dans la sphère intime des
résidents, ce qui peut rebuter des candidats potentiels à ce type
d’emplois», souligne Olivier Robert, directeur de L’Oriel, à Renens, qui
compte 45% de travailleurs issus de l’immigration. A côté des
Françaises et des Québécoises, on observe de plus en plus de demandes
d’infirmières portugaises. Catarina, à L’Oriel, est l’une d’entre elles.
Arrivée en juillet 2012, elle était engagée un mois plus tard. Elle
perçoit le salaire minimum de la branche, 5052 francs. «Comme j’ai un
permis B, je suis imposée à la source. Après déduction, il me reste
3800 francs.» http://letemps.ch/Page/Uuid/fa7105ce-8ab9-11e3-ac64-8d55965b68f4/Seule_la_Suisse_ne_peut_soigner_ses_a%C3%AEn%C3%A9s Rester chez soi malgré le poids des ans
Une étude sur les centenaires chasse quelques idées reçues
Marcel Linden
Publié le
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International
A part l’Italie, l’Allemagne est le pays européen comptant le plus de
seniors. En 2011, l’Office statistique fédéral dénombrait 13 400
centenaires, dont 11 800 femmes et 1 600 hommes. Depuis 1990, le nombre
des "Mathusalem" a quadruplé.
Les habitants de la campagne ne deviennent pas forcément plus vieux
que les citadins. Ainsi, Lübeck, ville idyllique de 210 000 habitants,
compte 546 personnes âgées de cent ans et plus, ce qui est beaucoup. En
revanche, la circonscription agricole voisine de Dithmarschen compte
seulement 27 centenaires pour 134 000 habitants.
Berlin, qui a subi les bombardements alliés, la conquête par
l’Armée rouge et la construction du Mur, compte plus de mille
centenaires pour une population de 3,3 millions d’habitants. La Bavière,
dans laquelle les Allemands voient une région de vacances et de
bien-être, n’en compte que 1 700 pour 12,4 millions d’habitants : la
proportion des centenaires y est inférieure de moitié par rapport à
Berlin. Plus dans la Ruhr qu’à Bonn
Essen, ville de la Ruhr où des générations de mineurs et d’ouvriers
de la sidérurgie ont courbé l’échine et respiré un air vicié, la
proportion de centenaires est un peu plus élevée qu´à Bonn, pourtant
ville résidentielle et administrative.
Jusqu’en 1994, chaque centenaire recevait chaque année du président
fédéral une carte de félicitations avec l’aigle fédéral; par la suite,
comme ils étaient trop nombreux, le rythme de félicitations est devenu
quinquennal : on les obtenait à 100 ans, à 105 ans, etc.
Rembrandt Scholz, de l’institut Max Planck de recherches
démographiques de Rostock, qui a dépouillé ces données, a confié au
"Spiegel" que le nord-ouest de l’Allemagne comprend le plus de
centenaires : la région de Hanovre, le Schleswig-Holstein, Hambourg et
accessoirement Berlin. Cela étonne, puisque les étés pluvieux des
plaines du nord et les hivers peu cléments semblent favoriser la
mortalité.
La majorité des centenaires sont des sédentaires. "Pour la
plupart d’entre eux, il n’y avait que 25 kilomètres entre le lieu de
naissance et le lieu de décès. Cette fidélité au lieu d’habitation
explique probablement l´extrême longévité. Ces gens font partie d’un
réseau social stable, ils sont bien nourris et on prend soin d’eux", avance l’expert.
La concentration des centenaires dans les grands centres urbains ne
l’étonne pas non plus : la bonne infrastructure hospitalière est
propice à ceux souffrant de troubles du système cardio-vasculaire. Par
contre, dans des régions semi-désertes comme le Mecklembourg (ex-RDA)
l’infrastructure médicale est déficiente.
La multiplication des personnes très âgées va crescendo : la moitié
des jeunes filles nées en 2000 fêteront vraisemblablement leur centième
anniversaire, assurent les démographes. Est-ce vraiment un progrès ?
s’interroge la "Süddeutsche Zeitung". Mais ils sont souvent malades
Une étude de l’été dernier, effectuée par des gérontologues de
l’université de Heidelberg auprès de 112 centenaires de la région, a
révélé qu’aucun d’entre eux n’était vraiment bien portant. Chacun avait
en moyenne quatre maladies et 80 % nécessitaient des soins. Et pourtant,
huit sur dix disaient qu’ils étaient satisfaits de leur vie.
Pour Daniela Jopp, qui avait géré l’enquête, "il y a sûrement un effet de sélection",
les optimistes l’emportant sur les pessimistes. Les personnes vivant
seules sont moins contentes que celles partageant leur vie avec
d’autres.
Le gérontologue Christian Rott de Heidelberg croit avoir décelé ce qui conserve la jeunesse : "Les centenaires ont, le plus souvent, fait des choses qui ont donné un sens à leur vie." En Belgique, la Flandre abrite le plus de centenaires
Belgique. Sur onze millions de Belges et selon des chiffres livrés
au début 2013 par l’Office des statistiques du SPF Economie (be. Stat), 1
832 étaient centenaires, dont une majorité de femmes (1 615). Grâce à
l’allongement de l’espérance de vie, la Belgique comptait 678
centenaires de plus par rapport à l’année 2003.
Région flamande. C’est en Flandre que l’on retrouve le plus grand
nombre de centenaires. Hommes et femmes confondus, ils étaient 1 063 à
la date du 1er janvier 2013, soit 434 de plus que dix ans auparavant.
Région de Bruxelles-Capitale. La région bruxelloise est celle où
l’on trouve le moins de personnes âgées de plus de cent ans. Elles
étaient 258 début 2013.
Région wallonne. 511, c’est le total de centenaires vivant sur le
sol wallon. Cela ne représente quand même que la moitié du nombre de
Flamands dépassant les cent ans. M.H.(st.) http://www.lalibre.be/actu/international/une-etude-sur-les-centenaires-chasse-quelques-idees-recues-5346bb8a3570d35ee3eb06c7
« Gériatre, un métier d’avenir ! »
Il a la voix douce, presque chuchotante, des gestes calmes et une drôle de manière de retrousser son nez en appuyant son index dessus lorsqu'il réfléchit. Alfred Nabalma, 58 ans, est le gériatre de l'hôpital d'Avallon. Il est arrivé en France à la fin des années 90, après des études de médecine au Niger et quelques années d'activité professionnelle dans son pays natal, le Burkina.
Au début, il exerçait en radiologie. L'hôpital d'Avallon avait alors une maternité, un bloc de chirurgie, un service de réanimation et même un département pédiatrie. Un à un, ces services ont fermé. Pas assez rentables, mal adaptés, désertés. Comme le confiait l'ancien préfet de ville, Mourad Chenaf, "les gens d'ici disent tous qu'il faut absolument préserver un hôpital à Avallon mais 65 % de ceux qui vivent sur le bassin vont se faire soigner ailleurs".
Restent les 35 % d'autres. Et parmi eux, les plus âgés et les plus socialement défavorisés. C'est en 2002 qu'Alfred Nabalma a décidé de se spécialiser en gériatrie, en suivant une formation à Dijon. "Gériatre, c'est un métier d'avenir !", dit-il en souriant. A l'unité de soins de suite et de réadaptation (USSR) de l'hôpital d'Avallon, 75 % des patients ont plus de 80 ans et leur âge moyen, en médecine polyvalente, s'établit à 73 ans. La fermeture de la chirurgie a permis la création de dix lits supplémentaires, dont cinq estampillés gériatrie et cinq réservés aux soins palliatifs.
Il faut parcourir les couloirs proprets peints en jaune pâle, bleu layette ou vert tilleul aux côtés du docteur Nabalma pour comprendre ce que vieillissement de la population veut dire. Lors de la visite, une patiente lance des regards perdus parce qu'elle vient de casser son appareil auditif. Une infirmière raccompagne jusqu'au lit voisin, une dame toute menue qui s'accroche à son cou comme une enfant, la borde et lui glisse doucement une peluche dans la main. "Je suis où ?" demande-t-elle. - A l'hôpital. - Je vais à l'hôpital ? - Non, Madame, vous y êtes. - Mais pourquoi voulez-vous m'emmener à l'hôpital ?". A Paris, elle était chauffeur de taxi, elle ne reconnaît plus ses enfants mais elle a gardé presque intacte la mémoire des noms des rues de la capitale, raconte le docteur Nabalma.
"Ici, on cumule tout. Vieillissement, isolement, et parfois misère sociale", observe Isabelle Mariani, cadre infirmière qui a fait toute sa carrière à l'hôpital d'Avallon. Au vieillissement de la population dans ce bassin rural du sud de l'Yonne, voisin de la Nièvre et de la Côte d'Or, s'ajoute le retour, à l'âge de la retraite, de tous ceux - notamment dans le Morvan - qui étaient partis travailler dans la région parisienne. Les maisons sont isolées, anciennes, les enfants sont loin et l'offre de soins de base - médecin, pharmacie, infirmiers - dans les villages et les gros bourgs insuffisante. "Au départ, on accueille les patients pour un problème médical qui devient un problème social".
Une convalescence chez soi qui serait aisée en milieu urbain est un vrai casse-tête en campagne, parce que le domicile est à étages ou qu'il faut une voiture pour rejoindre l'épicerie ou la boulangerie la plus proche. "50 % de notre temps est consacré à l'accompagnement social de nos patients. C'est à nous qu'il revient de leur faire accepter l'idée qu'ils ne pourront sans doute pas rentrer chez eux", souligne Isabelle Mariani. Mais les places manquent partout. Et les durées de séjour dans le service du docteur Nabalma n'en finissent pas de s'allonger. "Ici, c'est un cul de sac, dit Thierry Veyssiere le kinésithérapeuthe, on récupère tous ceux qui ne sont plus reçus ailleurs".
En médecine, le séjour est au maximum de dix jours. Il s'établit en moyenne à cinq ou six semaines dans l'unité de soins de suite et de réadaptation. "Mais il m'arrive de garder des patients pendant six mois, un an parfois, parce qu'il n'y a pas de solution dehors pour eux", explique Alfred Nabalma. Les centres de rééducation qui permettraient à ses malades de se remettre d'une fracture du col du fémur ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC), prennent en priorité les plus jeunes. La mise en place de soins à domicile ou d'un système de garde bute sur le manque de personnel et les trop faibles ressources des patients. A l'établissement public pour personnes âgées dépendantes (EPAD), un vaste bâtiment tout neuf construit sur les hauteurs d'Avallon, il faut attendre qu'un résident meure pour trouver une place. Encore doit-on disposer de revenus suffisants pour payer entre 1 800 et 2 000 euros de frais par mois si l'on ne veut pas faire reposer cette charge financière sur les enfants ou les petits-enfants. "La phrase que l'on entend le plus souvent ici, c'est : 'Je suis de trop'",confie une infirmière.
Du même ton tranquille, le docteur Nabalma évoque ce patient schizophrène, hurlant tous les jours, qui est resté six mois dans son service parce qu'aucune autre structure ne pouvait l'accueillir. Sans compter tous ceux qui entrent à l'hôpital dans un état de détresse sociale absolue, souvent liée à l'alcoolisme. Pour l'état-civil, ils ont une cinquantaine d'années. Leur corps en a 80. Dans les chambres que l'on traverse en compagnie d'Alfred Nabalma, seuls leurs cheveux un peu moins blancs que ceux des autres patients les distinguent encore. "Ils n'ont pas l'âge de patients de gériatrie mais ils présentent tous les critères de fragilité des personnes âgées et les mêmes pathologies", constate le médecin. L'hiver froid du Morvan voit aussi arriver à l'hôpital les sans domicile fixe auxquels le personnel donne une couverture et une banquette pour dormir dans le hall. "Au fond, ici, on poursuit la mission originelle de l'hôpital...", dit simplement Alfred Nabalma.
Les expériences de première
main de médecins d'un océan à l'autre ont brossé un portrait d'une
insuffisance des soins palliatifs disponibles, une crise qui couve alors
que la génération des baby-boomers entre dans le troisième âge.
Des médecins canadiens ont voté
largement - à 90% - en faveur d'une résolution consultative qui
soutient «le droit de tous les médecins, dans les limites des lois
existantes, de suivre leur conscience lorsque vient le temps de décider
d'offrir une aide médicale à mourir».
Le vote s'est tenu au cours de l'Assemblée annuelle de
l'Association médicale canadienne, à Ottawa, alors que les membres ont
discuté mardi de la pertinence de réviser la politique actuelle de
l'organisme sur l'euthanasie et le suicide assisté.
Les médecins ont fait la file pour partager leurs opinions sur les
conditions de fin de vie alors que la population canadienne vieillit.
Les échanges ont suivi la présentation vidéo d'une série d'assemblées
publiques menées à travers le pays plus tôt cette année, qui montraient
des aînés et des malades plaidant pour de meilleurs soins palliatifs -
ou pour le droit de mourir au moment choisi.
Certains médecins ont laissé entendre que les Canadiens ne réclameraient
pas autant les pratiques d'euthanasie et de suicide assisté si la
qualité et la disponibilité des soins palliatifs étaient grandement
améliorées au Canada.
Les expériences de première main de médecins d'un océan à l'autre ont
brossé un portrait d'une insuffisance des soins palliatifs disponibles,
une crise qui couve alors que la génération des baby-boomers entre dans
le troisième âge.
«À l'avant-plan des discussions est le manque désespérant de services de
soins palliatifs», a exprimé John Haggie, un médecin de
Terre-Neuve-et-Labrador, lors de la conférence.
Une autre a exhorté les médecins de famille à commencer à s'investir
dans les soins de fin de vie, disant que le fardeau ne devrait pas
incomber aux spécialistes alors que leurs patients de longue date
vieillissent et font face à des maladies mettant leur vie en danger.
«Les soins palliatifs sont devenus un service spécialisé dans la plupart
des secteurs du pays, et nous devons, en tant que médecins de famille,
reprendre les soins de fin de vie dans nos pratiques», a dit Suzanne
Strasberg, médecin de Toronto, sous les applaudissements. http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201408/19/01-4793007-aide-a-mourir-a-chaque-medecin-de-suivre-sa-conscience.php