SOCIÉTÉ
Ruminer ruine la santé? Comment sortir de la spirale infernale
A Cité Seniors, lieu de vie et d’information genevois destiné aux aînés, un atelier s’est penché sur les pensées négatives incessantes. Très instructif, à tout âge
Chaque début de semaine, «Le Temps» propose un article autour de la psychologie et du développement personnel.
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«Quand on me parle mal, je ne cesse d’y penser et c’est comme une pelote serrée dont je n’arrive pas à défaire les fils.» «Dans mon lit, je planifie tout. J’aimerais stopper ça, car ça me réveille la nuit.» «En général, je m’en fous, je ne suis pas regardant, mais ma famille m’a demandé d’arrêter de conduire et ça, je ne l’accepte pas.»
Mardi dernier, à Cité Seniors, lieu de vie, d’information et d’échange genevois dédié aux aînés(e)s, une trentaine de retraités ont évoqué la rumination mentale dans le cadre d’un atelier. Un moment poignant, formidable de confiance et de sincérité, durant lequel la thérapeute Sylvie Salignac a écouté ces témoignages avec attention et proposé des conseils pour que chacun apaise ses obsessions.
Quelques clés? Exprimer son avis, quand c’est possible. Prendre conscience que, souvent, la contrariété ressentie n’est pas intentionnelle. Et se relaxer à travers sa technique de prédilection, méditation, sophrologie, acupuncture, autohypnose, etc.
Lire aussi: Quatrième âge, se raconter pour exister
Mardi, tout commence d’ailleurs par un exercice de détente. Sylvie Salignac nous demande de rester assis dans notre position naturelle, de fermer les yeux et de ressentir chaque point d’appui du corps qu’elle énumère de haut en bas. Ensuite, chacun est invité à adopter une posture de relâchement, paumes tournées vers le haut, nuque dégagée, les yeux toujours fermés. La respiration se pose, les esprits aussi. De quoi entamer la discussion de manière libérée.
L’angoisse de la différence
Un habitué de l’atelier se lance. «Je me prends la tête avec un problème, je ne trouve pas d’issue. Ça fait comme un disque rayé. Je prends des tranquillisants, je téléphone à La Main tendue, mais c’est épuisant.» Plus tard, le même interlocuteur donne un visage à son problème. «Quand on doit se voir, mon frère et moi, il dit toujours: peut-être, on verra, éventuellement… Moi je suis un angoissé, j’aimerais avoir une réponse claire, être fixé.»
Sylvie Salignac intervient: «La rumination est un flot incessant de pensées négatives qui génèrent de la souffrance. Elle naît souvent de dysfonctionnements de communication. Ici, par exemple, quelqu’un a besoin d’un cadre défini, alors que son interlocuteur étouffe dans une relation trop programmée. Le mieux est de prendre du recul.»
«Je ne suis pas d’accord», conteste une participante. «J’ai une amie dans les nuages qui me qualifie de psychorigide et me déstabilise toujours avec son flottement. Je ne vais pas prendre du recul. J’ai décidé de voir les personnes qui sont bonnes pour moi et nos chemins vont se séparer.»
La thérapeute suggère doucement: «On peut tout à fait se séparer des relations conflictuelles. On peut aussi se demander ce que cette situation touche chez soi. Si ça fait mal, c’est que quelque chose n’a pas guéri.» Le monsieur du début acquiesce. «C’est clair, on manque de confiance en soi, on manque d’estime. Mais c’est parce qu’on n’existe vraiment que par les autres, non?» «Non, on existe aussi d’abord pour soi», assure Sylvie Salignac.
Egalement à Cité Seniors: Leur vie, le temps d’une mélodie
Intitulé «Parlons-en!», cet atelier au sommaire du très riche programme de Cité Seniors porte bien son nom, car c’est une conversation libre et parfaitement documentée qui roule entre les participants et l’animatrice. A ce stade, la psychothérapeute liste avec les aînés les raisons de cette rumination mentale. Parmi les fauteurs de troubles, il peut y avoir un sentiment de ne pas être à la hauteur, des propos blessants, une absence de cadre rassurant, ou, plus généralement, des problèmes sans solution.
Une participante en témoigne: «Quand un proche, un enfant souffre, ça me touche et je n’arrive pas à dormir.» «Là, on fait ce qu’on peut pour mieux vivre cette situation», suggère l’animatrice. «On travaille sur l’acceptation. Mais attention, accepter ne signifie pas être d’accord. Accepter, c’est ce qui est le mieux lorsqu’on ne peut pas changer ce qui arrive.» Plus loin, Sylvie Salignac, qui est aussi sophrologue, conseille de ne pas trop «s’approprier» les difficultés. «Parfois, en séance, on me dit, «c’est mon problème», «c’est mon enfant», «c’est ma maladie», etc. Or, nous ne sommes pas ce problème, ni cette maladie.»
Lire également: Demander pardon pour se libérer
Une femme apporte une autre vision. «On ne parle que de rumination négative. Moi, ruminer me permet de regarder la situation sur toutes ses facettes et de prendre la bonne décision.» «Alors, c’est plus de la réflexion que de la rumination», nuance la thérapeute. «Non, reprend l’intéressée. C’est une vraie rumination avec le sentiment d’être submergée par mes émotions. Mais, à force d’y penser, tout se décante et j’y vois très clair, j’arrive à une solution. Dès lors, j’aime bien ruminer!»
Un autre participant pense que l’action peut être une réponse à la rumination. «Je procrastine, je me sens comme dans une roue de hamster. Puis, enfin, j’agis – par exemple je me mets à rédiger mon courrier – et l’horizon se dégage.» Le même intervenant conseille aussi de marcher, bouger, pour chasser les idées noires. Une participante plus âgée sourit, un peu triste. «J’étais très active par le passé et, oui, j’ai toujours beaucoup bougé pour évacuer le spleen. Mais maintenant, mon corps me lâche et j’en suis réduite à bouger dans ma tête.» «Ce qui est aussi très bien, saisit Sylvie Salignac au bond. Souvenez-vous que le cerveau ne fait pas la différence entre une image réelle et une image inventée. Si vous imaginez que vous bougez, vous pourrez bénéficier de sensations identiques et agréables.»
Miracles et plasticité cérébrale
Dans cet esprit de visualisation, la thérapeute suggère une série de pratiques pour se «défocaliser». Elle rappelle que le cerveau ne peut pas faire deux choses à la fois. Ainsi, le temps passé à méditer, quel que soit le type de méditation, permet de réduire la ronde des pensées. De plus, des études ont montré que la plasticité cérébrale est telle qu’il suffit de quelques minutes d’émotions positives par jour pour reprogrammer son cerveau dans la bonne direction. «Après, poursuit l’animatrice, j’ai croisé beaucoup de personnes qui se sont construites sur une base de souffrance et qui craignent de laisser leurs vieilles croyances, car, pour elles, le bonheur, c’est l’inconnu.»
Sur le sujet: Pour en finir avec les traumas du passé
Les ruminations existent à travers l’importance qu’on leur donne, résume la sophrologue. Si la méditation n’est pas votre pratique préférée, vous pouvez aussi écrire ou pratiquer d’autres exercices qui visent l’instant présent. «Vous allez sur votre balcon, vous regardez le paysage et vous fermez les yeux en essayant de vous remémorer les éléments observés. La pleine présence, le ressenti permettent de sortir de la spirale obsessionnelle.» Et pas besoin d’être retraité(e) pour tirer parti de ces conseils avisés. https://www.letemps.ch/societe/ruminer-ruine-sante-sortir-spirale-infernale
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Santé
Les performances du cerveau évoluent avec l’âge, mais ne déclinent pas
Qui a
dit que les jeunes étaient plus performants sur un plan cérébral que les
aînés? Différentes études sont venues démontrer que chaque âge a ses
points forts. Analyse des récentes découvertes en la matière
L’heure est au cerveau augmenté. Elon Musk en a
encore fait la démonstration, il y a un mois, en annonçant la création
de sa société Neuralink. La énième entreprise du milliardaire a pour
objectif de développer des composants électroniques pouvant directement
être implantés dans le cerveau afin d’en augmenter la mémoire, piloter
des terminaux ou le connecter de manière plus efficace à l’intelligence
artificielle. Tout un programme… qui nous fait parfois oublier que cet
organe, dans ses capacités intrinsèques, possède encore de larges zones
grises à explorer.
C’est notamment le cas en ce qui concerne nos capacités cognitives. Longtemps, les scientifiques ont cru que celles-ci connaissaient un pic de performance vers la vingtaine, pour ensuite entamer un lent déclin. Des recherches menées par des neuroscientifiques du Département du cerveau et des sciences cognitives du Massachusetts Institute of Technology (MIT) viennent, au contraire, démontrer que la réalité est bien plus complexe. «Il y a une grande hétérogénéité concernant le moment où les performances cognitives culminent, atteignent un plateau ou commencent à baisser», confirme au Temps Joshua Hartshorne, l’un des deux auteurs.
Contre toutes attentes, certaines compétences comme la reconnaissance des émotions, la compréhension du vocabulaire, mais aussi la régulation du stress, semblent atteindre leur sommet entre 45 et 50 ans. «C’est ce que l’on appelle l’intelligence cristallisée, précise le professeur Matthias Kliegel, responsable du laboratoire du vieillissement cognitif de l’Université de Genève. A savoir la capacité à s’appuyer sur son expérience, ses compétences et ses connaissances. Dans un cerveau qui n’est pas malade, ce type d’intelligence augmente progressivement avec l’âge et reste stable pendant longtemps, pour ne décliner qu’à la fin de la vie.»
Ces résultats ont par ailleurs été corroborés par une expérience menée récemment sur plus de 600 adolescents âgés de 11 à 33 ans et soumis à un entraînement cognitif de dix minutes durant vingt jours. Selon les conclusions de cette étude, publiée en 2016 dans la revue «Psychological Science», les participants âgés entre 18 et 33 ans montraient de meilleurs résultats pour les tâches complexes, comme les mathématiques. «Cela contraste avec l’idée reçue que l’apprentissage précoce est forcément le plus efficace pour toutes les tâches cognitives», affirme Delia Fuhrmann, doctorante à l’Institut des neurosciences cognitives de l’University College de Londres et coauteure de la recherche.
Plus généralement, les évidences scientifiques ne cessent de se multiplier pour nous prouver que les cerveaux des enfants, adolescents et adultes diffèrent de manière complexe dans leur fonctionnement. Tour d’horizon des dernières découvertes en la matière:
S’il n’est pas encore totalement achevé à la naissance, –
seuls le cortex visuel et auditif étant quasiment matures – le cerveau
des bébés n’en est pas moins extrêmement performant. C’est ce qu’ont
révélé plusieurs expériences mises au point ces dernières années par des
neuroscientifiques. A six mois, il disposerait par exemple déjà de la
capacité motrice à détourner le regard d’un stimulus jugé désagréable,
alors qu’à huit mois, il serait capable de résister à des distractions
afin de rester concentré sur une stimulation plaisante. Dès neuf mois,
il posséderait en outre un système d’estimation des quantités, lui
offrant la possibilité de réaliser des opérations simples.
Par ailleurs, des études récentes, menées au BabyLab de l’Ecole Normale Supérieure à Paris, ont également montré que dès 18 mois, l’enfant avait déjà des notions de syntaxes, lui permettant de comprendre le sens des mots. «A cet âge, le bébé distingue la différence entre une phrase grammaticale et agrammaticale, explique Anne Christophe, directrice du BabyLab. Pour aboutir à cette conclusion, nous avons fait visionner aux bébés de petites animations avec des mots inventés employés comme un nom ou comme un verbe, jusqu’à ce qu’ils se lassent. Puis, nous avons rejoué les mêmes séquences mais en inversant les bandes-son. Nous avons constaté que les enfants fixaient plus longuement la vidéo lorsque le sens du mot ne correspondait plus à ce qu’il avait compris la première fois. Ce qui nous démontre qu’ils s’appuient bien sur la syntaxe des phrases pour déterminer la signification de nouveaux mots.»
Le cerveau des adolescents subit en effet un remodelage
profond. Les zones sous-corticales, siège des émotions et des
sensations, du système de récompense et du plaisir, se développent en
premier; alors que les régions du cortex préfrontal, associées à des
fonctions cognitives dites supérieures – comme le raisonnement rationnel
et les fonctions exécutives – s’étoffent plus tardivement. Selon des recherches
menées par l’Université d’Harvard en 2016, cette zone atteindrait même
sa maturité à l’âge de 30 ans. Ce qui expliquerait que les adolescents
peinent parfois à contrôler leurs émotions.
Par ailleurs, des techniques d’imagerie cérébrale ont permis de constater, dans le cerveau des ados, une diminution de la matière grise et une augmentation de la matière blanche, appelée aussi myéline. Ce changement de la structure corticale est associé à un certain nombre de progrès au niveau des fonctions cognitives, comme l’amélioration du langage, de la lecture ou encore des capacités d’encodage mnésique. Ainsi, entre 20 et 25 ans, la mémoire de travail atteindrait un pic, en partie grâce à une connectivité accrue entre les régions éloignées du cerveau.
Autre phénomène cognitif propre à l’adolescence? La capacité à se rappeler davantage des événements vécus entre 10 et 30 ans. Ce phénomène serait directement lié à la maturation des systèmes en jeu dans la mémoire, comme l’hippocampe et le cortex préfrontal. Par ailleurs, la composante émotionnelle accrue existant à cet âge, aurait pour conséquence d’augmenter l’encodage de la mémoire biographique.
Longtemps, les scientifiques ont cru qu’à partir de 25 ans, le cerveau commençait à perdre ses neurones. On sait aujourd’hui que cette affirmation est fausse. En 2013, des chercheurs suédois ont en effet pu confirmer, grâce à la datation au carbone 14, que de nouveaux neurones continuaient à se former notamment dans l’hippocampe, une région jouant un rôle clé dans la mémoire et la régulation des émotions, mais aussi dans la zone située sous les ventricules latéraux. C’est ce que les scientifiques appellent le processus de neurogenèse qui permet de nouveaux apprentissages tout au long de la vie.
«Nos recherches sur des personnes entre 85 et 100 ans, nous
ont permis de constater que la plasticité cognitive, bien qu’un peu
réduite, reste intacte jusqu’à la fin de la vie, confirme Matthias
Kliegel, responsable du laboratoire du vieillissement cognitif de
l’Université de Genève. Même à cet âge, les performances cognitives
peuvent être améliorées assez rapidement grâce à un entraînement. On
peut donc encore apprendre une nouvelle langue, par exemple, même si cet
apprentissage est certainement plus fatigant que s’il avait été réalisé
plus jeune.»
In fine, il faut savoir que le cerveau sain est comme un muscle qui se nourrit du changement, mais s’atrophie si l’on ne s’en sert pas. L’entraînement va ainsi stimuler les jeunes neurones à s’intégrer dans les circuits cérébraux pour établir de nouvelles connexions. «Cela fonctionne un peu sur le principe du use it or lose it, ajoute Matthias Kliegel. Le vieillissement cognitif est très lié à une non-utilisation des ressources du cerveau.» Et que ceux qui n’aimeraient pas faire des sudokus ou autres exercices cognitifs spécialisés se rassurent… Les chercheurs l’affirment: l’activité physique est semble-t-il tout aussi efficace pour prévenir le vieillissement du cerveau.
https://www.letemps.ch/sciences/2017/04/25/performances-cerveau-evoluent-lage-ne-declinent
C’est notamment le cas en ce qui concerne nos capacités cognitives. Longtemps, les scientifiques ont cru que celles-ci connaissaient un pic de performance vers la vingtaine, pour ensuite entamer un lent déclin. Des recherches menées par des neuroscientifiques du Département du cerveau et des sciences cognitives du Massachusetts Institute of Technology (MIT) viennent, au contraire, démontrer que la réalité est bien plus complexe. «Il y a une grande hétérogénéité concernant le moment où les performances cognitives culminent, atteignent un plateau ou commencent à baisser», confirme au Temps Joshua Hartshorne, l’un des deux auteurs.
Contre toutes attentes, certaines compétences comme la reconnaissance des émotions, la compréhension du vocabulaire, mais aussi la régulation du stress, semblent atteindre leur sommet entre 45 et 50 ans. «C’est ce que l’on appelle l’intelligence cristallisée, précise le professeur Matthias Kliegel, responsable du laboratoire du vieillissement cognitif de l’Université de Genève. A savoir la capacité à s’appuyer sur son expérience, ses compétences et ses connaissances. Dans un cerveau qui n’est pas malade, ce type d’intelligence augmente progressivement avec l’âge et reste stable pendant longtemps, pour ne décliner qu’à la fin de la vie.»
Différents points culminants
On pensait également communément que l’intelligence dite fluide, à savoir l’habilité à penser logiquement et résoudre des problèmes dans des situations nouvelles, était à son apogée à l’adolescence pour chuter ensuite rapidement. Plus nuancés, les résultats de la recherche du MIT ont montré que les divers composants de cette intelligence trouvaient leur pic à des âges différents. La vitesse de traitement de l’information culminerait ainsi vers 18 ans, alors que la mémoire à court terme semblerait atteindre son climax à 25 ans, avant de commencer à décliner vers 35 ans.Ces résultats ont par ailleurs été corroborés par une expérience menée récemment sur plus de 600 adolescents âgés de 11 à 33 ans et soumis à un entraînement cognitif de dix minutes durant vingt jours. Selon les conclusions de cette étude, publiée en 2016 dans la revue «Psychological Science», les participants âgés entre 18 et 33 ans montraient de meilleurs résultats pour les tâches complexes, comme les mathématiques. «Cela contraste avec l’idée reçue que l’apprentissage précoce est forcément le plus efficace pour toutes les tâches cognitives», affirme Delia Fuhrmann, doctorante à l’Institut des neurosciences cognitives de l’University College de Londres et coauteure de la recherche.
Plus généralement, les évidences scientifiques ne cessent de se multiplier pour nous prouver que les cerveaux des enfants, adolescents et adultes diffèrent de manière complexe dans leur fonctionnement. Tour d’horizon des dernières découvertes en la matière:
Petite enfance: Déjà extrêmement performant
En 28 jours de grossesse, les premiers neurones se forment. A partir de là, ils seront plus de 3000 à se créer chaque seconde, pour en compter 90 milliards à six mois in utero. Les connexions entre les neurones vont ensuite s’établir, jusqu’à un million par seconde. Un vaste réseau qui continue à se développer bien après la naissance, jusqu’à la puberté. Durant cette période, les connexions sont d’une immense plasticité, facilitant considérablement certains apprentissages comme, par exemple, l’acquisition d’une nouvelle langue.Par ailleurs, des études récentes, menées au BabyLab de l’Ecole Normale Supérieure à Paris, ont également montré que dès 18 mois, l’enfant avait déjà des notions de syntaxes, lui permettant de comprendre le sens des mots. «A cet âge, le bébé distingue la différence entre une phrase grammaticale et agrammaticale, explique Anne Christophe, directrice du BabyLab. Pour aboutir à cette conclusion, nous avons fait visionner aux bébés de petites animations avec des mots inventés employés comme un nom ou comme un verbe, jusqu’à ce qu’ils se lassent. Puis, nous avons rejoué les mêmes séquences mais en inversant les bandes-son. Nous avons constaté que les enfants fixaient plus longuement la vidéo lorsque le sens du mot ne correspondait plus à ce qu’il avait compris la première fois. Ce qui nous démontre qu’ils s’appuient bien sur la syntaxe des phrases pour déterminer la signification de nouveaux mots.»
Adolescence: Remodelage en profondeur
Le développement de notre cerveau est marqué par deux grandes vagues d’intenses remaniements. La première s’opère très précocement, à la fin du développement fœtal et durant la petite enfance. La seconde se déploie à l’adolescence, heure des grands chamboulements hormonaux. «La plupart des recherches se sont penchées sur le développement moteur, sensoriel et du langage à un âge précoce, explique Delia Fuhrmann, chercheuse en neuroscience à l’University College de Londres. Ce n’est que tout récemment qu’il a été suggéré que l’adolescence pouvait représenter une seconde fenêtre d’opportunité dans le développement du cerveau.»Par ailleurs, des techniques d’imagerie cérébrale ont permis de constater, dans le cerveau des ados, une diminution de la matière grise et une augmentation de la matière blanche, appelée aussi myéline. Ce changement de la structure corticale est associé à un certain nombre de progrès au niveau des fonctions cognitives, comme l’amélioration du langage, de la lecture ou encore des capacités d’encodage mnésique. Ainsi, entre 20 et 25 ans, la mémoire de travail atteindrait un pic, en partie grâce à une connectivité accrue entre les régions éloignées du cerveau.
Autre phénomène cognitif propre à l’adolescence? La capacité à se rappeler davantage des événements vécus entre 10 et 30 ans. Ce phénomène serait directement lié à la maturation des systèmes en jeu dans la mémoire, comme l’hippocampe et le cortex préfrontal. Par ailleurs, la composante émotionnelle accrue existant à cet âge, aurait pour conséquence d’augmenter l’encodage de la mémoire biographique.
Age adulte: seconde jeunesse
A l’âge adulte, la spécialisation des lobes corticaux est définitivement achevée. Le cortex préfrontal, arrivé à maturité, nous permet de prendre des responsabilités, de planifier et de définir des priorités. Les zones allant du tronc cérébral aux circuits limbiques, sièges des émotions, sont non seulement très développées, mais aussi fortement connectées au cortex préfrontal, permettant un meilleur contrôle des émotions.Longtemps, les scientifiques ont cru qu’à partir de 25 ans, le cerveau commençait à perdre ses neurones. On sait aujourd’hui que cette affirmation est fausse. En 2013, des chercheurs suédois ont en effet pu confirmer, grâce à la datation au carbone 14, que de nouveaux neurones continuaient à se former notamment dans l’hippocampe, une région jouant un rôle clé dans la mémoire et la régulation des émotions, mais aussi dans la zone située sous les ventricules latéraux. C’est ce que les scientifiques appellent le processus de neurogenèse qui permet de nouveaux apprentissages tout au long de la vie.
In fine, il faut savoir que le cerveau sain est comme un muscle qui se nourrit du changement, mais s’atrophie si l’on ne s’en sert pas. L’entraînement va ainsi stimuler les jeunes neurones à s’intégrer dans les circuits cérébraux pour établir de nouvelles connexions. «Cela fonctionne un peu sur le principe du use it or lose it, ajoute Matthias Kliegel. Le vieillissement cognitif est très lié à une non-utilisation des ressources du cerveau.» Et que ceux qui n’aimeraient pas faire des sudokus ou autres exercices cognitifs spécialisés se rassurent… Les chercheurs l’affirment: l’activité physique est semble-t-il tout aussi efficace pour prévenir le vieillissement du cerveau.
Tester ses capacités cognitives
Pour aboutir à leurs conclusions, les chercheurs du MIT se sont appuyés sur une expérience à très large échelle. Par le biais de deux sites internet proposant différents tests cognitifs – gamewithwords.org et testmybrain.org – ils ont recueilli les données de plus de trois millions de personnes. Ils ont ensuite affiné les résultats obtenus auprès de 50 000 individus.https://www.letemps.ch/sciences/2017/04/25/performances-cerveau-evoluent-lage-ne-declinent
CHAMBARDEMENTS EN SANTÉ : LES AÎNÉS IGNORÉS
Gaspé, le 26 octobre 2016 – L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) a poursuivi aujourd'hui, à Gaspé, sa tournée médiatique qui a pour thème : « Chambardements en santé : les aînés ignorés ». Elle est aujourd’hui accompagnée de la FADOQ Gaspésie Îles-de-la-Madeleine pour aborder plusieurs sujets importants touchant la santé.« Depuis deux ans, nous constatons que les chambardements imposés dans le domaine de la santé ont été faits sans tenir compte de près ou de loin des besoins des aînés », a déclaré Donald Tremblay, président de l'AQRP. « Qu'est-ce que le brassage de structures du ministre de la Santé a apporté aux aînés du Québec ? Est-ce que l'accès à un médecin est plus facile maintenant ? Absolument pas, et ce, malgré le fait qu'entre 2009 à 2016, la rémunération des médecins ait augmenté de 50 %. », a rappelé M. Tremblay.
Aujourd'hui, le gouvernement québécois, annonçant un surplus budgétaire de 2,2 milliards de dollars, promet un investissement de 100 millions de dollars supplémentaires en santé. Ce montant servira la mission que s'est donnée le gouvernement d'augmenter l'offre de services des soins à domicile, à améliorer les standards d'hébergement en CHSLD et en soins intermédiaires. « Soyons réalistes. Ce que la main droite donne aujourd’hui n’est qu’une infime partie de ce que la main gauche a enlevé dans les dernières années. » a constaté Donald Tremblay, président de l’AQRP.
Une centralisation excessive
« L'accès aux services de première ligne est de plus en plus difficile puisqu'un Québécois sur quatre n'a toujours pas de médecin de famille. Pire, le ministre refuse de reconnaître les compétences des autres professionnels de la santé qui pourraient pallier le manque de disponibilité des médecins de façon significative. Prenons l’exemple sur l’Ontario où vingt-cinq cliniques sont opérées par des infirmières praticiennes. De plus, le démantèlement des CLSC, au profit de la création des super-cliniques, n'augure rien de positif puisqu'il s'agit de bonifier les GMF, qui historiquement n'ont pas répondu souvent aux exigences contractuelles les liant au réseau en matière d'accessibilité. », a dénoncé M. Tremblay.
Optilab
Cette réforme du gouvernement libéral a pour objectif de centraliser les tests d’analyse en matière de santé pour les patients du Québec vers 11 centres se situant dans les plus grandes villes du Québec. « Pour notre région, les échantillons devront voyager parfois plus de 400 km vers Rimouski. C’est inacceptable. » a rappelé Renée Blouin, directrice de la FADOQ Gaspésie Îles-de-la-Madeleine. Cette volonté du gouvernement se bute à un lever de bouclier de la part des comités des usagers, des professionnels de la santé ainsi que des municipalités, de ces laboratoires. « Cette réforme n’est pas adaptée à la réalité de notre région et il y a nécessité d’y mettre fin immédiatement. L’ensemble de notre communauté y est opposée, c’est scandaleux. » s’est désolée Aline Smith, présidente de l’AQRP Gaspésie Îles-de-la-Madeleine.
Maintien à domicile : le Québec manque le bateau
Alors que tous les experts s'entendent pour dire qu'une société vieillissante comme celle du Québec devrait investir massivement dans le maintien à domicile des aînés en perte d'autonomie, le gouvernement se contente de dire qu'il n'a pas d'argent. « Maintenir plus longtemps les aînés à domicile, ce n'est pas une dépense, c'est un investissement. », a affirmé Donald Tremblay qui a ajouté que l’on attend toujours que le gouvernement actuel respecte son engagement électoral de réinvestir à la hauteur de ses promesses dans ce poste budgétaire. En août dernier, le gouvernement a investi 843 000$ pour les soins à domicile dans notre région de la Gaspésie Îles-de-la-Madeleine. « La promesse des libéraux était de 150 millions par année pour l’ensemble du Québec. En proportion, selon la population, c’est presque deux fois moins que ce qui avait été promis pour notre région, et ce, seulement pour une année. » a rappelé Donald Tremblay, président de l’AQRP.
AQRP
Fondée en 1968, l'AQRP représente les retraité(e)s des secteurs public et parapublic du Québec. Elle a pour mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts économiques, financiers, culturels, intellectuels et sociaux des retraités de l'État et des aînés du Québec. Elle compte plus de 31 000 membres.
FADOQ
Le réseau FADOQ rassemble et représente les personnes de 50 ans et plus dans le but de conserver et d’améliorer leur qualité de vie. Le Réseau défend et fait la promotion de leurs droits, valorise leur apport dans la société et les soutient par des programmes, services et activités. Le Réseau FADOQ compte à ce jour plus de 470 000 membres et est le plus grand organisme d’aînés au Canada.
http://www.aqrp.qc.ca/nouvelles/chambardements-en-sante-les-aines-ignores-577
Réinvestissement en santé et services sociaux : un rattrapage essentiel pour le bien-être de nos aînés
QUÉBEC, le 25 oct. 2016
/CNW Telbec/ - L'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs
public et parapublic (AQRP) est soulagée de l'annonce faite par le
gouvernement concernant les investissements en santé et services sociaux
dans les soins à domicile et les CHSLD. À de maintes reprises, nous
avons revendiqué la nécessité d'investir dans les services sociaux afin
d'améliorer l'accessibilité et la qualité des services offerts aux
aînés.
Aujourd'hui,
le gouvernement québécois, annonçant un surplus budgétaire de 2,2
milliards de dollars, promet un investissement de 100 millions de
dollars supplémentaires en santé ainsi que 300 millions de plus l'année
prochaine, somme de 300 millions qui sera récurrente. Ce montant servira
la mission que s'est donnée le gouvernement d'augmenter l'offre de
services des soins à domicile, à améliorer les standards d'hébergement
en CHSLD et en soins intermédiaires. De plus, le ministre Leitão a
annoncé l'abolition de la taxe santé en janvier 2017 plutôt qu'en
janvier 2018, comme que prévu initialement. Des détails plus précis
suivront dans les prochaines semaines.
Rappelons
que l'équilibre budgétaire n'a pas été obtenu par la création de
nouvelles sources de revenus de l'État, mais bien dans une coupe de
services à la population, notamment en ce qui a trait à la santé
publique. « Ce surplus de 1.6 milliard a été atteint en faisant des
choix coûteux pour le bien-être des citoyens les plus vulnérables, il ne
faut pas être dupes. Le défunt Commissaire à la santé et au bien-être
ainsi que la Protectrice du citoyen nous l'ont rappelé cet automne. Ces
montants additionnels sont dirigés vers des programmes et services où
les besoins, notamment en soins à domicile, sont très importants,
beaucoup plus que les montants investis aujourd'hui » rappelle Donald Tremblay, président de l'AQRP.
L'AQRP en tournée
Notre
association a lancé en mai dernier une tournée des régions du Québec
intitulée « Chambardements en santé : les aînés ignorés ». Elle vise à
rappeler que les changements de structures dans notre système n'ont pas
eu pour effet d'augmenter la qualité et l'accessibilité des services. «
Ce n'est pas avec gaieté de cœur que nous avons parcouru le Québec dans
les derniers mois pour dénoncer l'ampleur des listes d'attente pour les
soins à domicile, les conditions déplorables que certains aînés vivent
en CHSLD ainsi que la difficulté d'obtenir un médecin de famille. Nous
avons mené cette tournée avec un objectif commun : que le gouvernement
priorise l'investissement en santé et services sociaux, là où il en a
réellement besoin. Aujourd'hui, le gouvernement a répondu à notre appel »
rappelle Donald Tremblay, président de l'AQRP.
Et maintenant ?
Malgré
ces investissements, de nombreux défis demeurent dans le domaine de la
santé, notamment en ce qui a trait à l'accès à un médecin de famille.
Rappelons que la cible de 80 % de Québécois pour décembre 2017 sera hors
d'atteinte si les médecins ne recrutent pas davantage de patients en
utilisant le guichet unique. « Le défi pour le Ministère de la Santé est
de donner un outil efficace qui permet aux médecins québécois de
trouver facilement des patients. On doit également s'assurer que peu
importe la complexité du dossier du patient, qu'il soit pris en charge.
Les médecins doivent être équitables dans leur choix ou ce sera au
ministre à leur imposer. » souligne Donald Tremblay, président de l'AQRP.
AQRP
Fondée en 1968, l'AQRP représente les retraité(e)s des secteurs public et parapublic du Québec. Elle a pour mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts économiques, financiers, culturels, intellectuels et sociaux des retraités de l'État et des aînés du Québec. Elle compte plus de 31 000 membres.
Fondée en 1968, l'AQRP représente les retraité(e)s des secteurs public et parapublic du Québec. Elle a pour mission de promouvoir et de défendre les droits et les intérêts économiques, financiers, culturels, intellectuels et sociaux des retraités de l'État et des aînés du Québec. Elle compte plus de 31 000 membres.
Renseignements : Contact média, David Chamberland, conseiller aux relations publiques, Cell : 418 999-6787 / Courriel : david.chamberland@aqrp.qc.ca
LIENS CONNEXES
www.aqrp.qc.ca
Profil de l'entreprise
AQRP - Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic
FORFAITS PERSON
Des soins médicaux aigus à domicile pour les aînés
© Photo TC Media - Ghyslain Forcier
Un projet de soins à domicile voué aux aînés,
entre autres piloté par Dre Debora Andriuk, voit le jour sur le
territoire de la Pommeraie.Sur le territoire de la Pommeraie
SANTÉ. Une nouvelle avenue pour les soins à la maison
destinés aux personnes âgées se déploie sur le territoire de la
Pommeraie. Le SMA3D, pour soins médicaux aigus pour aînés à domicile, se
veut une façon de travailler à la source certains problèmes de santé,
notamment dans le but de diminuer l'achalandage à l'urgence et de
réduire le nombre d'hospitalisations.
Un suivi intensif sous forme de visites quotidiennes d'une infirmière et d'un médecin de garde se met alors en branle. La mesure peut durer entre une et trois semaines, soit la même qu'un séjour à l'hôpital.
«Ça ressemble à une hospitalisation traditionnelle, mais à la maison. C'est très différent d'un suivi pour une personne stable», indique la Dre Debora Andriuk, coordonnatrice de l'équipe SMA3D. Les proches aidants et la famille peuvent aussi être impliqués pour maintenir un cadre sécuritaire.
Des bénéfices
Sept médecins en gériatrie participent à la garde. Leur tâche a été réorganisée. «Nous n'avons pas eu à tordre de bras pour les convaincre. Ils y croient et voient les bienfaits», laisse entendre Dre Andriuk.
Malgré les restrictions budgétaires en place, les dirigeants du CIUSSS de l'Estrie-CHUS, sous lequel se retrouve l'ancien CSSS La Pommeraie, ont cru bon de poursuivre le programme. Cela s'explique selon elle par ses bienfaits autant d'un point de vue financier qu'au niveau des usagers. À ce propos, l'alitement prolongé peut avoir des conséquences néfastes sur l'autonomie d'une personne âgée, indique-t-on.
Entre dix et douze patients
La viabilité économique d'une telle initiative devrait par ailleurs être facilement atteinte. Le fait de détourner six séjours en milieu hospitalier sur une base annuelle permettrait de franchir le seuil de rentabilité. «Nous pensons être capables de desservir entre dix et douze patients par semaine, ce qui pourrait permettre de dégager deux hospitalisations pour la même période de temps», expose Dre Andriuk.
Quand on offre ce service à domicile, on se rend compte à quel point les aînés se portent mieux. Ils dorment bien, ils mangent bien et ils se mobilisent beaucoup plus. Dre Debora Andriuk, coordonnatrice de l'équipe SMA3D.Le projet-pilote s'échelonnant sur 13 mois a soigné 81 usagers à travers 538 visites. Il a écarté une quarantaine d'hospitalisations, laisse-t-on savoir du côté des responsables.
Un service en voie d'être exporté?
Se distinguant du modèle de soins à domicile déjà en place, le service, alors en phase d'essai, a trouvé écho auprès d'intervenants de la santé au Québec. Des médecins de la région de Lanaudière ont entre autres prêté une oreille attentive à ce projet. «C'est un modèle calqué sur ce qui se fait déjà en Ontario et aux États-Unis. Il peut être reproduit dans plusieurs régions comme la nôtre», soutient Dre Andriuk.
Les services offerts par le SMA3D
Services médicaux à toute heure du jour et de la nuit.
Soins d'infirmières cliniciennes, de 8h à 16h, du lundi au vendredi.
Services infirmiers en tout temps, en dehors des heures d'ouverture régulière.
Les personnes intéressées peuvent le faire savoir à leur médecin de famille.
http://www.journalleguide.com/Actualites/2015-11-26/article-4356988/Des-soins-medicaux-aigus-a-domicile-pour-les-aines%26nbsp%3B/1
Vers une pénurie de gériatres?
Publié le - Mis à jour leDans un rapport récent, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) avertit : la Belgique manque de médecins et d’infirmiers spécialisés et bien formés en gériatrie. Il est “urgent d’augmenter l’attractivité des disciplines gériatriques” (RTBF. 4 juin 2015). La gériatrie est une spécialité reconnue depuis plusieurs années mais peu de jeunes médecins la choisissent. Comment expliquer ce paradoxe d’une population vieillissante qui a besoin de soins et ce désintérêt pour la médecine gériatrique ? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer.
Choix de prestige Le choix d’une spécialité est intimement lié au prestige social et l’autorité qu’elle confère (B. Lepièce, Ch. Reynaert&al. May 2015). La chirurgie, la médecine interne et l’anesthésie remportent les suffrages auprès des étudiants belges. Par contre, la pédiatrie, la médecine générale et la gériatrie se classent loin derrière. Le prestige est étroitement connecté à la technicité : plus une discipline est technique et se rapporte à l’organe, plus elle est prestigieuse. Plus elle se préoccupe de la personne dans son ensemble et offre une prise en charge globale, moins elle semble séduisante.
Le baromètre de la qualité de la vie Le patient gériatrique est fragile et requiert une compétence spécifique. Ce n’est plus uniquement la guérison qui est au centre de ses soins mais ses activités sociales et quotidiennes. C’est l’une des raisons pour lesquelles la médecine gériatrique n’adopte pas systématiquement les solutions techniques. Elle choisit un examen s’il est vraiment approprié. Elle renonce aux techniques et aux traitements efficaces s’ils sont pénibles à supporter ou à risque (insomnies, fatigue, etc.). En d’autres mots, l’expertise technique est et doit être précédée par la question du sens : si celle-là est objective, claire, sécurisante et sanctionnée par les professeurs, le sens d’un acte thérapeutique et son bien-fondé provoquent des questions, des interprétations divergentes. Ici, les soignants doivent s’engager ensemble avec toute la volonté et la part d’incertitude que cela implique.
En fin de vie en effet, l’objectif médical de sauver des vies perd une partie de son sens. Ce qui prime selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), c’est “la récupération maximale des performances fonctionnelles et la meilleure qualité de vie de la personne malade”. A un moment donné, l’objectif quantitatif et curatif fait place à l’objectif qualitatif d’une vie bonne, d’une vie digne, aimable, qui n’est pas prolongée à n’importe quel prix au risque de devenir une vie de piètre qualité.
Intégrer un regard subjectif La médecine fait du bien, “objectivement”, mais le patient ne se sent pas toujours bien ! La santé n’est donc pas uniquement la guérison ou l’absence de souffrance physique. La signification que le patient donne à son état de santé est décisive et intime. Certaines personnes en pleine forme se trouvent en mauvaise santé et des personnes “objectivement” malades sont fort satisfaites de leur qualité de vie ! Le bonheur a donc une dimension non objective, “métaphysique”. Comme le temps des vacances n’a pas la même saveur que le temps du travail – le temps n’est pas un objet extérieur à nous mais fait partie de nous – la qualité de vie a quelque chose de foncièrement indéterminé.
Afin de rester à l’écoute de ce qu’une personne demande, singulièrement, la médecine gériatrique propose un regard subjectif et pas uniquement scientifique et technique. Elle intègre le modèle biomédical dans une vision plus globale, qui interprète le récit du patient et propose un projet de soins.
Dans ce modèle, le médecin “savant” ne rencontre pas un patient incapable de comprendre, de décider. Il ne rencontre pas un “vieux” qu’il faut “stimuler” mais un individu vieillissant, avec ses joies, ses douleurs, ses rides et sa maladie.
Dogmes négatifs Le vieillissement demeure mal connu, il est perçu par certains médecins comme une perte (perte de l’autonomie globale, sujétion à l’autre). La gériatrie est ainsi nourrie d’idées et de dogmes négatifs. Par exemple, plusieurs études montrent que les professionnels peuvent développer des attitudes diagnostiques et thérapeutiques discriminantes parce qu’elles sont adoptées uniquement sur la base de l’âge. Ils “n’investissent” plus dans la personne âgée et “induisent des biais dans leur perception de la situation de santé des aînés et dans leurs attitudes de soin” (M. Masse, Ph. Meire. 2012). Cette attitude rencontrée à l’hôpital est injustifiée puisqu’un diagnostic et un traitement appropriés entraîneront des améliorations rapides et spectaculaires.
Dans le même ordre d’idées, la dépendance fonctionnelle ne peut pas être considérée systématiquement sous l’angle de la déchéance : une personne peut refuser de progresser dans la récupération de ses activités journalières, son opposition étant sa façon de revendiquer son autonomie (ou de contester une protection envahissante) alors que pour les autres, elle serait en train de la perdre.
Il est urgent de sensibiliser les jeunes médecins aux personnes âgées, de les amener dans leur cursus à les rencontrer sur le terrain, de l’intérieur, hors de l’amphithéâtre.
Au service de la personne
La médecine est un art, pas une science objective. Elle est en premier lieu au service de la personne, elle soutient et accompagne son autonomie au sens large, quel que soit son âge ou son état de santé (elle ne “force” pas son autonomie fonctionnelle). Elle n’est pas d’abord au service de la connaissance de la maladie mais de l’individu qui ressent sa maladie et la connaît intimement. L’exercice de l’art médical doit permettre de concilier, dans notre âge technique, cet idéal médical scientifique de haute qualité et ce qui lui donne sens, le facteur humain, l’émancipation et la protection des personnes fragiles.
-> Les textes publiés dans ces pages ont pour but d'alimenter le débat. Ils n'engagent que les auteurs qui n'appartiennent pas à la rédaction de "La Libre Belgique"
http://www.lalibre.be/debats/opinions/vers-une-penurie-de-geriatres-55e080f835708aa437cf9b5b
Hospitalisation à domicile : Une prestation de soins bientôt généralisée
le 07.06.15 | 10h00
Réagissez
L’hospitalisation des malades chroniques à domicile...
Consacrée par la nouvelle loi sanitaire, l’hospitalisation à domicile sera désormais inscrite dans la chaîne des soins de santé publique. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, l’a confirmé jeudi en marge des travaux d’évaluation des établissements de santé.
«La forme juridique de l’hospitalisation à domicile est en cours
d’élaboration», a-t-il déclaré à la presse. Et de signaler : «Ce système
est en vigueur dans plusieurs pays.» Un système dont bénéficieront tous
les patients atteints de maladies chroniques et graves comme les
pathologies cardio-vasculaires, le diabète ou le cancer. «Ce système
devra assurer les soins à tous les malades, notamment les personnes
âgées, ce qui allègera la charge sur les services des urgences et de
réanimation», a-t-il indiqué en rappelant que quelques établissements de
santé avaient déjà commencé à donner ce type de prestations ces
dernières années.
Il a, par ailleurs, annoncé une nouvelle organisation visant à classer chaque établissement hospitalier en fonction de la qualité des prestations offertes au malade et de sa prise en charge.
«A partir de ce jour, chaque établissement hospitalier sera classé en fonction de la qualité des soins prodigués au malade», a-t-il indiqué dans une allocution à l’ouverture de la rencontre d’évaluation nationale des directeurs de la santé et de ceux des centres hospitaliers. Il a précisé que pour garantir l’accès aux soins et une bonne prise en charge du malade, «le directeur de wilaya de la santé et les responsables des établissements hospitaliers feront, eux aussi, l’objet d’évaluation».
Tous ces gestionnaires sont habilités à veiller au fonctionnement des services et structures dans le cadre du respect du service public, notamment la lutte contre l’absentéisme dans le cadre des dispositions en vigueur, a-t-il tenu à ajouter. M. Boudiaf a souligné, à ce propos, que le gestionnaire devra prendre toutes les mesures nécessaires «sans craindre aucune pression ou intervention dès lors que le droit du malade reste au-dessus de toute autre considération».
Il a estimé qu’il est inadmissible et injustifiable que les établissements hospitaliers ne parviennent pas à assurer un bon accueil et une prise en charge effective du malade au moment où «nous avons pu prendre en charge des dossiers épineux et complexes comme celui du cancer et de la pénurie en médicaments».
Il a, par ailleurs, annoncé une nouvelle organisation visant à classer chaque établissement hospitalier en fonction de la qualité des prestations offertes au malade et de sa prise en charge.
«A partir de ce jour, chaque établissement hospitalier sera classé en fonction de la qualité des soins prodigués au malade», a-t-il indiqué dans une allocution à l’ouverture de la rencontre d’évaluation nationale des directeurs de la santé et de ceux des centres hospitaliers. Il a précisé que pour garantir l’accès aux soins et une bonne prise en charge du malade, «le directeur de wilaya de la santé et les responsables des établissements hospitaliers feront, eux aussi, l’objet d’évaluation».
Tous ces gestionnaires sont habilités à veiller au fonctionnement des services et structures dans le cadre du respect du service public, notamment la lutte contre l’absentéisme dans le cadre des dispositions en vigueur, a-t-il tenu à ajouter. M. Boudiaf a souligné, à ce propos, que le gestionnaire devra prendre toutes les mesures nécessaires «sans craindre aucune pression ou intervention dès lors que le droit du malade reste au-dessus de toute autre considération».
Il a estimé qu’il est inadmissible et injustifiable que les établissements hospitaliers ne parviennent pas à assurer un bon accueil et une prise en charge effective du malade au moment où «nous avons pu prendre en charge des dossiers épineux et complexes comme celui du cancer et de la pénurie en médicaments».
Djamila Kourta
http://www.elwatan.com/hebdo/sante/hospitalisation-a-domicile-une-prestation-de-soins-bientot-generalisee-07-06-2015-296680_156.php
Sexe et sexagénaires, c’est bien compatible !
Publié le - Mis à jour le
Love & Sex
Oui, il existe encore une vie amoureuse, sexuelle, désirante,
épanouissante pour les seniors. Marie de Hennezel, psychologue, le clame
dans son ouvrage "Sex & Sixty", un avenir pour l’intimité
amoureuse. Rencontre. Entretien Laurence Dardenne
"Les hommes et les femmes (NdlR : de 60 ans et plus) qui ont participé à mon enquête me l’ont affirmé : leur sexualité a changé , écrit Marie de Hennezel, auteur de "Sex & Sixty", un avenir pour l’intimité amoureuse (Ed. Robert Laffont/Versilio, 20,95 €) .
Elle est devenue plus sensuelle, plus tendre et plus lente. Elle est
devenue autre. Je ne suis pas en train de dire que les jeunes
n’explorent pas cette voie très à la mode du ‘slow sex’, je dis que les
seniors l’adoptent par la force des choses ."
Le sexe à partir d’un "certain âge", 60 ans en l’occurrence, est encore vraiment un sujet tabou ?
Je dirais plutôt que c’est un sujet qui met mal à l’aise, qui crée un malaise parce que la sexualité est associée, en Occident, à la jeunesse. Donc, imaginer que des personnes vieillissantes puissent continuer à éprouver du désir, à avoir une activité sexuelle, c’est quelque chose que les jeunes d’abord ont du mal à imaginer, et même que la société dans son ensemble a du mal à admettre. Ce qui est intéressant, c’est que la génération à laquelle j’appartiens, celle des "boomers" est une génération qui a fait la "révolution sexuelle" des années 70 et qui, certainement, entend encore faire bouger les choses maintenant.
Pourquoi ?
Parce que c’est une génération qui n’a pas du tout envie de subir le regard étriqué de la société sur elle. C’est une génération qui a décidé de vieillir le mieux possible. Une génération qui prend soin d’elle, de sa santé, de sa qualité de vie et de ses plaisirs. Une génération tonique, disponible, solidaire de ses enfants et de ses parents, généreuse et égoïste à la fois, animée par l’envie de voyager, d’apprendre, d’explorer des domaines nouveaux. Bref, une génération "désirante". C’est à elle et à tous ceux qui approchent la soixantaine que je m’adresse dans ce livre.
Pour vous, c’est un sujet qui ne devrait pas mettre mal à l’aise ?
Je pense que les personnes qui avancent en âge et qui restent désirantes et vivent de belles histoires d’amour sont tout à fait à l’aise avec ce qu’elles vivent. Néanmoins, elles sont conscientes du regard de la société et donc elles vivent cela de façon assez réservée et n’en font pas étalage. C’est vécu de manière discrète, voire secrète avec parfois le sentiment que ce n’est pas politiquement correct.
L’écart entre l’image véhiculée et la réalité vécue est-elle en cause ?
Oui, nous sommes certainement dans une société qui privilégie l’image. Une des conditions auxquelles les personnes qui avancent en âge s’autorisent à vivre leur désir et leur vie amoureuse, c’est justement qu’elles ont dans la perception d’elles-mêmes quelque chose qui a changé. On ne cherche plus à se rassurer dans le miroir ou dans le miroir des yeux d’autrui parce que l’on est passé à autre chose : de l’image à la perception. Cela montre que l’on se décolle de ce qui a été le primat de l’image. Il y a malheureusement une partie des personnes qui avancent en âge et qui ont le sentiment que, parce qu’elles ne correspondent plus vraiment aux critères de la beauté ou de ce que c’est d’être désirable, perdent l’estime d’elles-mêmes, la confiance en elles, et se freinent elles-mêmes. Alors que celles qui dépassent cela et cessent de se regarder, qui sont désirantes, demeurent désirables.
Vers 60 ans, on passe à une sexualité différente, plus lente… Pas "moins bien", peut-elle être "mieux" ?
J’ai en effet rencontré beaucoup de femmes et même d’hommes qui m’ont dit que c’était mieux. Il est vrai que cela suppose une certaine mutation car il faut se décoller du passé, ne pas chercher à reproduire ce que l’on a vécu plus jeune car, là, on est perdu. Si l’on reste dans la sexualité performante, c’est sûr, on est foutu ! Il faut renoncer à prendre comme référence le passé, s’abandonner à la relation, telle qu’elle est et faire confiance à ce que l’on sent.
Pourquoi certains disent-ils que c’est mieux ?
Parce que c’est global. La jeunesse arrive à dissocier le désir et la tendresse. Quand on avance en âge, on ne peut plus vraiment les dissocier. Si on vit quelque chose de l’ordre de l’intimité amoureuse avec quelqu’un, la tendresse fait partie du tout et on arrive à concilier des choses qui étaient difficilement conciliables plus tôt. S’il y a vraiment une relation intime amoureuse, il y a plus de communication, plus de dialogue, d’acceptation de soi, de l’autre… Le plaisir est global. Il ne peut pas y avoir vraiment de sexualité en avançant en âge s’il n’y a pas une bonne qualité relationnelle. Le lien doit être de qualité; il doit y avoir de l’émotion, de l’amour, de la tendresse… C’est un tout. Encore faut-il avoir cette disponibilité amoureuse, ce qui n’est pas toujours le cas pour tout le monde.
Le désir de faire l’amour est-il toujours forcément présent chez les seniors ?
Une récente étude de l’Institut du Bien Vieillir Korian, sur les rapports entre l’âge et le plaisir, montre que si 12 % seulement des plus de 65 ans disent que faire l’amour est pour eux une source de plaisir, 36 % aimeraient que ce le soit. Il y a donc un assez grand décalage entre ceux qui aimeraient garder une activité sexuelle à cet âge et ceux qui continuent à en avoir une, et à y trouver du plaisir. C’est à ceux-là que s’adresse mon livre. Ceux qui aimeraient mais qui ne peuvent pas : je me suis adressée à cette frange-là.
Quels sont les principaux freins à l’épanouissement sexuel au-delà d’un certain âge ?
Ils sont d’abord physiques, il est vrai. Il y a le vieillissement sexuel, qui est une réalité. Il y a aussi bien sûr des freins liés à l’environnement, à la solitude, au regard que notre société jeuniste porte sur cette question; le fait d’être trop sous l’emprise des normes occidentales : sexualité égale jeunesse et donc le sentiment que ce n’est plus de son âge. En Occident, on a en effet le sentiment que la sexualité appartient à la jeunesse et l’on a complètement gommé l’aspect de la sexualité consciente. En Orient, on considère que le rapprochement d’un homme et d’une femme dans une union des corps est une union qui est aussi sacrée, c’est-à-dire que l’on se rapproche du divin. On entre dans une communion spirituelle, dimension pratiquement absente en Occident, où l’on vise quelque chose et où l’on est en quelque sorte prisonnier des normes sexuelles. Je n’hésite pas à parler de véritable terrorisme. En Orient, on dit : "Il faut laisser faire les corps et les cœurs." C’est extrêmement libérant. Comme autre frein à l’épanouissement sexuel, il y a aussi la façon dont on s’estime soi-même : s’estime-t-on désirable à ses propres yeux et aux yeux de l’autre ? Il y a donc beaucoup de freins possibles, le plus important étant sans doute la solitude qui augmente avec l’âge.
Sont-ils nombreux à renoncer à une vie amoureuse et sexuelle ?
On estime que 70 % des Français de plus de 65 ans ont renoncé à consacrer de l’énergie à leur vie amoureuse ou sexuelle. Elle appartient à leur jeunesse ou à leur jeune maturité. Parmi eux, il faut distinguer ceux chez qui une lassitude s’est installée avec le temps de ceux qui sont tout simplement des "rassasiés" du sexe.
Vous avez aussi découvert ce que l’on mettait derrière l’expression "faire l’amour"…
En effet, si, pour les jeunes, cela recouvre des choses bien précises, lorsque l’on interroge les couples plus âgés, on s’aperçoit que c’est beaucoup plus large. Et l’expression "faire la tendresse" utilisée par les couples plus âgés traduit bien que ce sont des couples qui ont certainement fait beaucoup l’amour et qui, à un moment donné, arrivent à un stade où, pour eux, faire l’amour, c’est se prendre dans les bras, être dans une proximité charnelle et une connivence douce. On voit bien que l’expression s’élargit, en vieillissant.
À Marie de Hennezel, nous avons demandé de répondre spontanément, en quelques mots, à cette question : "La sexualité, c’est…
…à 20 ans : "fougueux, passionné…"
…à 30 ans : "elle peut-être déjà un peu plus posée, mais elle est souvent très liée à un projet d’enfant, de famille et souffre parfois aussi du fait que c’est difficile de concilier une intimité au quotidien quand on est submergé par le travail, les enfants… Elle devient compliquée parfois."
… à 40 ans : "elle peut devenir source d’inquiétude pour une femme : reste-t-on féminine ? Mais elle peut aussi commencer à être plus posée."
…à 50 ans : "elle est plus mûre."
…à 60 ans : "il y a comme une seconde adolescence, dans la mesure où il y a cette liberté qui arrive avec la retraite, cette disponibilité. Il y a un regain, mais c’est aussi un moment où les couples se remettent en question avec la mise à la retraite; il peut y avoir une crise. Mais il peut aussi y avoir un second souffle lié à ce changement de vie."
… à 70 ans : "pour ceux qui sont encore dans la trajectoire de la relation amoureuse, désirante, cela peut vraiment être l’embellie de l’âge parce que si, à 70 ans, il peut y avoir une relation amoureuse avec l’autre, c’est complètement lié à l’amour, à la qualité de la relation, sinon, on a renoncé. Ce sont à ce moment-là de très belles relations parce qu’il y a vraiment une écoute de l’autre, une très grande tolérance, une capacité d’accueillir l’autre comme il est, une ouverture sur le monde… Ce ne sont pas des couples fusionnels, refermés sur eux-mêmes, mais plutôt ouverts sur les autres et désireux de partager leur bonheur. C’est assez beau, ce que j’ai rencontré dans ces âges-là…"
...à partir de 80 ans : "je pense que la relation intime se poursuit sur un mode de complicité, de tendresse… On n’est bien sûr plus dans la fougue de la jeunesse. Beaucoup des personnes que j’ai vues m’ont dit qu’il y avait une dimension spirituelle; c’est quelque chose qui se découvre en avançant en âge. Il y a une communion des corps, mais aussi de l’âme et de l’esprit."
http://www.lalibre.be/lifestyle/love-sex/sexe-et-sexagenaires-c-est-bien-compatible-554b5e123570fde9b31ba199
Le sexe à partir d’un "certain âge", 60 ans en l’occurrence, est encore vraiment un sujet tabou ?
Je dirais plutôt que c’est un sujet qui met mal à l’aise, qui crée un malaise parce que la sexualité est associée, en Occident, à la jeunesse. Donc, imaginer que des personnes vieillissantes puissent continuer à éprouver du désir, à avoir une activité sexuelle, c’est quelque chose que les jeunes d’abord ont du mal à imaginer, et même que la société dans son ensemble a du mal à admettre. Ce qui est intéressant, c’est que la génération à laquelle j’appartiens, celle des "boomers" est une génération qui a fait la "révolution sexuelle" des années 70 et qui, certainement, entend encore faire bouger les choses maintenant.
Pourquoi ?
Parce que c’est une génération qui n’a pas du tout envie de subir le regard étriqué de la société sur elle. C’est une génération qui a décidé de vieillir le mieux possible. Une génération qui prend soin d’elle, de sa santé, de sa qualité de vie et de ses plaisirs. Une génération tonique, disponible, solidaire de ses enfants et de ses parents, généreuse et égoïste à la fois, animée par l’envie de voyager, d’apprendre, d’explorer des domaines nouveaux. Bref, une génération "désirante". C’est à elle et à tous ceux qui approchent la soixantaine que je m’adresse dans ce livre.
Pour vous, c’est un sujet qui ne devrait pas mettre mal à l’aise ?
Je pense que les personnes qui avancent en âge et qui restent désirantes et vivent de belles histoires d’amour sont tout à fait à l’aise avec ce qu’elles vivent. Néanmoins, elles sont conscientes du regard de la société et donc elles vivent cela de façon assez réservée et n’en font pas étalage. C’est vécu de manière discrète, voire secrète avec parfois le sentiment que ce n’est pas politiquement correct.
L’écart entre l’image véhiculée et la réalité vécue est-elle en cause ?
Oui, nous sommes certainement dans une société qui privilégie l’image. Une des conditions auxquelles les personnes qui avancent en âge s’autorisent à vivre leur désir et leur vie amoureuse, c’est justement qu’elles ont dans la perception d’elles-mêmes quelque chose qui a changé. On ne cherche plus à se rassurer dans le miroir ou dans le miroir des yeux d’autrui parce que l’on est passé à autre chose : de l’image à la perception. Cela montre que l’on se décolle de ce qui a été le primat de l’image. Il y a malheureusement une partie des personnes qui avancent en âge et qui ont le sentiment que, parce qu’elles ne correspondent plus vraiment aux critères de la beauté ou de ce que c’est d’être désirable, perdent l’estime d’elles-mêmes, la confiance en elles, et se freinent elles-mêmes. Alors que celles qui dépassent cela et cessent de se regarder, qui sont désirantes, demeurent désirables.
Vers 60 ans, on passe à une sexualité différente, plus lente… Pas "moins bien", peut-elle être "mieux" ?
J’ai en effet rencontré beaucoup de femmes et même d’hommes qui m’ont dit que c’était mieux. Il est vrai que cela suppose une certaine mutation car il faut se décoller du passé, ne pas chercher à reproduire ce que l’on a vécu plus jeune car, là, on est perdu. Si l’on reste dans la sexualité performante, c’est sûr, on est foutu ! Il faut renoncer à prendre comme référence le passé, s’abandonner à la relation, telle qu’elle est et faire confiance à ce que l’on sent.
Pourquoi certains disent-ils que c’est mieux ?
Parce que c’est global. La jeunesse arrive à dissocier le désir et la tendresse. Quand on avance en âge, on ne peut plus vraiment les dissocier. Si on vit quelque chose de l’ordre de l’intimité amoureuse avec quelqu’un, la tendresse fait partie du tout et on arrive à concilier des choses qui étaient difficilement conciliables plus tôt. S’il y a vraiment une relation intime amoureuse, il y a plus de communication, plus de dialogue, d’acceptation de soi, de l’autre… Le plaisir est global. Il ne peut pas y avoir vraiment de sexualité en avançant en âge s’il n’y a pas une bonne qualité relationnelle. Le lien doit être de qualité; il doit y avoir de l’émotion, de l’amour, de la tendresse… C’est un tout. Encore faut-il avoir cette disponibilité amoureuse, ce qui n’est pas toujours le cas pour tout le monde.
Le désir de faire l’amour est-il toujours forcément présent chez les seniors ?
Une récente étude de l’Institut du Bien Vieillir Korian, sur les rapports entre l’âge et le plaisir, montre que si 12 % seulement des plus de 65 ans disent que faire l’amour est pour eux une source de plaisir, 36 % aimeraient que ce le soit. Il y a donc un assez grand décalage entre ceux qui aimeraient garder une activité sexuelle à cet âge et ceux qui continuent à en avoir une, et à y trouver du plaisir. C’est à ceux-là que s’adresse mon livre. Ceux qui aimeraient mais qui ne peuvent pas : je me suis adressée à cette frange-là.
Quels sont les principaux freins à l’épanouissement sexuel au-delà d’un certain âge ?
Ils sont d’abord physiques, il est vrai. Il y a le vieillissement sexuel, qui est une réalité. Il y a aussi bien sûr des freins liés à l’environnement, à la solitude, au regard que notre société jeuniste porte sur cette question; le fait d’être trop sous l’emprise des normes occidentales : sexualité égale jeunesse et donc le sentiment que ce n’est plus de son âge. En Occident, on a en effet le sentiment que la sexualité appartient à la jeunesse et l’on a complètement gommé l’aspect de la sexualité consciente. En Orient, on considère que le rapprochement d’un homme et d’une femme dans une union des corps est une union qui est aussi sacrée, c’est-à-dire que l’on se rapproche du divin. On entre dans une communion spirituelle, dimension pratiquement absente en Occident, où l’on vise quelque chose et où l’on est en quelque sorte prisonnier des normes sexuelles. Je n’hésite pas à parler de véritable terrorisme. En Orient, on dit : "Il faut laisser faire les corps et les cœurs." C’est extrêmement libérant. Comme autre frein à l’épanouissement sexuel, il y a aussi la façon dont on s’estime soi-même : s’estime-t-on désirable à ses propres yeux et aux yeux de l’autre ? Il y a donc beaucoup de freins possibles, le plus important étant sans doute la solitude qui augmente avec l’âge.
Sont-ils nombreux à renoncer à une vie amoureuse et sexuelle ?
On estime que 70 % des Français de plus de 65 ans ont renoncé à consacrer de l’énergie à leur vie amoureuse ou sexuelle. Elle appartient à leur jeunesse ou à leur jeune maturité. Parmi eux, il faut distinguer ceux chez qui une lassitude s’est installée avec le temps de ceux qui sont tout simplement des "rassasiés" du sexe.
Vous avez aussi découvert ce que l’on mettait derrière l’expression "faire l’amour"…
En effet, si, pour les jeunes, cela recouvre des choses bien précises, lorsque l’on interroge les couples plus âgés, on s’aperçoit que c’est beaucoup plus large. Et l’expression "faire la tendresse" utilisée par les couples plus âgés traduit bien que ce sont des couples qui ont certainement fait beaucoup l’amour et qui, à un moment donné, arrivent à un stade où, pour eux, faire l’amour, c’est se prendre dans les bras, être dans une proximité charnelle et une connivence douce. On voit bien que l’expression s’élargit, en vieillissant.
La sexualité, selon les tranches d’âge
À Marie de Hennezel, nous avons demandé de répondre spontanément, en quelques mots, à cette question : "La sexualité, c’est…
…à 20 ans : "fougueux, passionné…"
…à 30 ans : "elle peut-être déjà un peu plus posée, mais elle est souvent très liée à un projet d’enfant, de famille et souffre parfois aussi du fait que c’est difficile de concilier une intimité au quotidien quand on est submergé par le travail, les enfants… Elle devient compliquée parfois."
… à 40 ans : "elle peut devenir source d’inquiétude pour une femme : reste-t-on féminine ? Mais elle peut aussi commencer à être plus posée."
…à 50 ans : "elle est plus mûre."
…à 60 ans : "il y a comme une seconde adolescence, dans la mesure où il y a cette liberté qui arrive avec la retraite, cette disponibilité. Il y a un regain, mais c’est aussi un moment où les couples se remettent en question avec la mise à la retraite; il peut y avoir une crise. Mais il peut aussi y avoir un second souffle lié à ce changement de vie."
… à 70 ans : "pour ceux qui sont encore dans la trajectoire de la relation amoureuse, désirante, cela peut vraiment être l’embellie de l’âge parce que si, à 70 ans, il peut y avoir une relation amoureuse avec l’autre, c’est complètement lié à l’amour, à la qualité de la relation, sinon, on a renoncé. Ce sont à ce moment-là de très belles relations parce qu’il y a vraiment une écoute de l’autre, une très grande tolérance, une capacité d’accueillir l’autre comme il est, une ouverture sur le monde… Ce ne sont pas des couples fusionnels, refermés sur eux-mêmes, mais plutôt ouverts sur les autres et désireux de partager leur bonheur. C’est assez beau, ce que j’ai rencontré dans ces âges-là…"
...à partir de 80 ans : "je pense que la relation intime se poursuit sur un mode de complicité, de tendresse… On n’est bien sûr plus dans la fougue de la jeunesse. Beaucoup des personnes que j’ai vues m’ont dit qu’il y avait une dimension spirituelle; c’est quelque chose qui se découvre en avançant en âge. Il y a une communion des corps, mais aussi de l’âme et de l’esprit."
http://www.lalibre.be/lifestyle/love-sex/sexe-et-sexagenaires-c-est-bien-compatible-554b5e123570fde9b31ba199
Le CHM lance une fiche pour mieux assurer les traitements chronique
Une fiche permettra aux acteurs de la santé (pharmaciens, médecins, hôpitaux) de savoir quel traitement prend le patient.
En 2013, le centre hospitalier de Mouscron
lançait un comité de pilotage «qualité et sécurité». De la première
année de travail, douze points étaient ressortis dont le souci des soins
transmuraux. Autrement dit, le suivi entre les passages à l’hôpital,
chez le médecin de famille ou chez le pharmacien. «Vu le vieillissement de la population, le nombre de patients qui ont besoin d’un traitement chronique va croître, précise Evelyne Careels, directrice des soins au CHM. Il était donc important d’améliorer la qualité des soins transmuraux. Cela permettra au patient d’être mieux suivi.»
Clarifier la situation
Les bénéfices de cette fiche se verraient surtout au moment de l’hospitalisation: «Quand le malade arrivait à l’hôpital, le personnel n’avait pas toujours les renseignements nécessaires sur son suivi médicamenteux à domicile. On perdait donc du temps car il fallait vérifier tout ce que la personne prenait comme médicaments, avec le risque qu’elle se trompe de nom de pilules ou qu’elle en oublie».
Une base de données a été créée informatiquement pour pouvoir justement remplir la fameuse fiche: «Sur l’ordinateur, nous avons une liste où tous les médicaments sont repris, ainsi que le nom de leur générique. À chaque fois qu’un médicament devra être pris par le patient, on pourra y rajouter une ligne. Cela a pour objectif qu’à chaque visite chez un acteur de la santé, le patient puisse se présenter avec une fiche bien mise à jour. À terme, on espère que tout pourra se faire de manière informatique. Ce serait plus facile».
Si la création d’une fiche commune entre centre hospitalier, médecins et pharmaciens est unique, le processus est entamé depuis de nombreuses années, comme l’explique le Dr Fontaine, active en cité hurlue: «Nous encouragions déjà nos visiteurs à tenir une liste mais tout le monde ne le faisait pas. La nouvelle fiche permettra d’avoir une harmonisation pour tout le monde grâce à la diffusion d’un même produit. Cela peut clarifier la situation dans l’esprit de certaines personnes».
Du côté des pharmaciens, la nouveauté est également accueillie avec beaucoup de bonheur. «Nous la demandions depuis de nombreuses années, ajoute Luc Morel, pharmacien à Mouscron et président de l’union pharmaceutique du Hainaut occidental. Le rôle du pharmacien est de donner le médicament et la dose avec exactitude. Il était donc indispensable de recevoir un outil pour pouvoir gérer les changements de traitement. On constate que notre idée a plu. Nous sommes notamment suivis par une pharmacienne-clinicienne de la clinique universitaire de Mont-Godinne».
Éviter les risques d’une mauvaise prise
La «fiche médicament» permet aussi d’éviter plusieurs risques pour les patients: «De par mon expérience, j’ai constaté que plusieurs patients prenaient pas mal de doublons, continue Luc Morel. Avec la multiplication des produits sur le marché, les gens prennent parfois de l’aspirine plusieurs fois sans s’en rendre compte. Si ce n’est pas toujours dangereux, cela peut aussi avoir des effets néfastes. Les médicaments peuvent être la meilleure mais aussi la pire des choses s’ils ne sont pas pris à bon escient ».
Clarifier la situation
Les bénéfices de cette fiche se verraient surtout au moment de l’hospitalisation: «Quand le malade arrivait à l’hôpital, le personnel n’avait pas toujours les renseignements nécessaires sur son suivi médicamenteux à domicile. On perdait donc du temps car il fallait vérifier tout ce que la personne prenait comme médicaments, avec le risque qu’elle se trompe de nom de pilules ou qu’elle en oublie».
Une base de données a été créée informatiquement pour pouvoir justement remplir la fameuse fiche: «Sur l’ordinateur, nous avons une liste où tous les médicaments sont repris, ainsi que le nom de leur générique. À chaque fois qu’un médicament devra être pris par le patient, on pourra y rajouter une ligne. Cela a pour objectif qu’à chaque visite chez un acteur de la santé, le patient puisse se présenter avec une fiche bien mise à jour. À terme, on espère que tout pourra se faire de manière informatique. Ce serait plus facile».
Si la création d’une fiche commune entre centre hospitalier, médecins et pharmaciens est unique, le processus est entamé depuis de nombreuses années, comme l’explique le Dr Fontaine, active en cité hurlue: «Nous encouragions déjà nos visiteurs à tenir une liste mais tout le monde ne le faisait pas. La nouvelle fiche permettra d’avoir une harmonisation pour tout le monde grâce à la diffusion d’un même produit. Cela peut clarifier la situation dans l’esprit de certaines personnes».
Du côté des pharmaciens, la nouveauté est également accueillie avec beaucoup de bonheur. «Nous la demandions depuis de nombreuses années, ajoute Luc Morel, pharmacien à Mouscron et président de l’union pharmaceutique du Hainaut occidental. Le rôle du pharmacien est de donner le médicament et la dose avec exactitude. Il était donc indispensable de recevoir un outil pour pouvoir gérer les changements de traitement. On constate que notre idée a plu. Nous sommes notamment suivis par une pharmacienne-clinicienne de la clinique universitaire de Mont-Godinne».
Éviter les risques d’une mauvaise prise
La «fiche médicament» permet aussi d’éviter plusieurs risques pour les patients: «De par mon expérience, j’ai constaté que plusieurs patients prenaient pas mal de doublons, continue Luc Morel. Avec la multiplication des produits sur le marché, les gens prennent parfois de l’aspirine plusieurs fois sans s’en rendre compte. Si ce n’est pas toujours dangereux, cela peut aussi avoir des effets néfastes. Les médicaments peuvent être la meilleure mais aussi la pire des choses s’ils ne sont pas pris à bon escient ».
Santé samedi 01 février 2014
Seule, la Suisse ne peut soigner ses aînés
Les travailleurs étrangers sont surreprésentés dans les EMS. Les
besoins en personnel sont amenés à s’accroître avec le vieillissement de
la population
Pierre Blondel se décrit comme un «enfant de Saint-Gervais». Il a
grandi dans le vieux quartier de Genève et y a passé son enfance. Puis
il est devenu gendarme aux Pâquis. A 85 ans, il «attend la fin» à l’EMS
des Mouilles, au Petit-Lancy. Et rédige des tribunes dans la presse
locale, pleines de ressentiment contre l’accroissement de la population à
Genève, à qui il impute la hausse de l’insécurité et des incivilités.
Si bien que, le 9 février, il compte voter oui à l’initiative de l’UDC
«Contre l’immigration de masse». Ses aides-soignants sont Algériens ou
Espagnols et ses infirmières Françaises. «Le personnel soignant est
formidable.» Mais, dit-il, «trop, c’est trop».Toutes les personnes contactées dans le secteur sont formelles: sans travailleurs immigrés, la Suisse n’est pas en mesure de s’occuper de ses aînés. L’EMS des Mouilles, par exemple, compte 62% d’employés étrangers dans son personnel, dont une moitié de frontaliers. Merowane Bezoui, 38 ans, Algérien, détenteur d’un permis C, est l’un d’entre eux. Jeudi, l’établissement de 78 lits est encore plongé dans la brume lorsque l’aide-soignant entame la toilette matinale de Susanne Rivière, 88 ans, hémiplégique.
– «Et vous, Madame Rivière, pourquoi pensez-vous qu’il y a si peu de Suisses qui veulent faire mon travail?» demande-t-il.
– «Oh. C’est trop dur, c’est déprimant. Et pas tout le monde n’a le cœur à cela.»
Arrivé en Suisse il y a quinze ans, Merowane Bezoui a travaillé dans la construction avant de tenter sa chance dans la santé. Après cinquante-trois offres spontanées, il était engagé dans un EMS. Treize ans plus tard, il s’apprête à achever un CFC d’assistant en soin et santé communautaire réalisé en cours d’emploi. Le secteur représente une porte d’entrée pour les demandeurs d’emploi sans qualification. Au moment de l’embauche, les qualités personnelles priment sur la formation: «Nous cherchons d’abord des personnes capables d’empathie, de patience et d’une grande motivation. Le travail est difficile, les horaires irréguliers et le salaire bas», explique Pascale Covin, infirmière en cheffe. A l’EMS des Mouilles, un aide-soignant non-qualifié démarre à 4400 francs brut pour un poste à 100%. Pour un(e) infirmier (ère), le salaire de départ est de 6600 francs. «La durée de vie des infirmières suisses est plus courte, observe Pascale Covin. Contrairement aux Françaises, elles ont tendance à arrêter de travailler lorsqu’elles ont leur premier enfant.»
Lundi dernier, le conseiller d’Etat MCG Mauro Poggia envoyait une lettre destinée à tous les directeurs et directrices d’EMS genevois pour les inciter à privilégier les dossiers des «personnes sans formation ainsi que des jeunes». «C’est évident!» s’exclame Laurent Beausoleil, directeur de l’EMS des Mouilles. «A compétences égales, nous engageons d’abord un chômeur. Et je suis le premier à vouloir privilégier les jeunes formés en Suisse, ce serait un juste retour sur investissement. Mais nous ne recevons pas de demandes qui correspondent à ce profil. Les personnes disponibles sur le marché de l’emploi sont immigrées et tant mieux, car on a du travail pour elles.» Récemment, Laurent Beausoleil était invité à la Haute Ecole de santé de Genève pour présenter le métier aux étudiants. «Sur 90 inscrits, il y avait deux personnes dans la salle. Le secteur de la vieillesse intéresse d’autant moins les infirmières et infirmiers qu’ils n’ont pas l’angoisse de manquer de travail dans d’autres domaines plus sexy.»
En 2012 déjà, au plus fort de la campagne anti-frontaliers, le sujet avait donné lieu à de vifs échanges entre les directeurs d’EMS genevois et les autorités cantonales, lorsque le Conseil d’Etat avait tenté de sonder les établissements pour connaître le nombre de frontaliers y travaillant. Alors que circulaient des tracts appelant à brûler les maisons et les voitures des frontaliers, la requête avait mal passé. «Ce secteur ne peut s’organiser qu’avec les travailleurs immigrés, d’autant plus qu’il est amené à s’étendre. Le nombre de personnes âgées dans le canton de Genève devrait doubler d’ici à 2020», relève Laurent Beausoleil.
Genève et ses 52 EMS ne sont de loin pas les seuls concernés. Un petit sondage aléatoire réalisé dans six établissements de tailles différentes entre Aigle et Lausanne montre que les EMS comptent en moyenne 40% d’étrangers dans le personnel soignant. «Mes employés étrangers ne me coûtent pas moins cher, puisque je les paye autant que les Suisses, affirme Corinne Botteron, directrice de la Résidence Arc-en-ciel, à Vilars, dans le canton de Neuchâtel. Ils sont bien formés et ne rechignent pas à la tâche, poursuit-elle. J’ai fait passer une annonce pour un poste d’infirmière, il y a trois mois. J’ai reçu dix offres de Suissesses, et vingt de Françaises. J’ai opté pour une candidate suisse. Mais elle a démissionné après trois semaines, affirmant que la charge de travail était trop lourde.» Surreprésentés aux postes les moins qualifiés, les employés étrangers prennent en charge les soins tels que douche ou toilette quotidienne. «Ils interviennent dans la sphère intime des résidents, ce qui peut rebuter des candidats potentiels à ce type d’emplois», souligne Olivier Robert, directeur de L’Oriel, à Renens, qui compte 45% de travailleurs issus de l’immigration. A côté des Françaises et des Québécoises, on observe de plus en plus de demandes d’infirmières portugaises. Catarina, à L’Oriel, est l’une d’entre elles. Arrivée en juillet 2012, elle était engagée un mois plus tard. Elle perçoit le salaire minimum de la branche, 5052 francs. «Comme j’ai un permis B, je suis imposée à la source. Après déduction, il me reste 3800 francs.»
http://letemps.ch/Page/Uuid/fa7105ce-8ab9-11e3-ac64-8d55965b68f4/Seule_la_Suisse_ne_peut_soigner_ses_a%C3%AEn%C3%A9s
Rester chez soi malgré le poids des ans
Une étude sur les centenaires chasse quelques idées reçues
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International
A part l’Italie, l’Allemagne est le pays européen comptant le plus de
seniors. En 2011, l’Office statistique fédéral dénombrait 13 400
centenaires, dont 11 800 femmes et 1 600 hommes. Depuis 1990, le nombre
des "Mathusalem" a quadruplé.
Les habitants de la campagne ne deviennent pas forcément plus vieux que les citadins. Ainsi, Lübeck, ville idyllique de 210 000 habitants, compte 546 personnes âgées de cent ans et plus, ce qui est beaucoup. En revanche, la circonscription agricole voisine de Dithmarschen compte seulement 27 centenaires pour 134 000 habitants.
Berlin, qui a subi les bombardements alliés, la conquête par l’Armée rouge et la construction du Mur, compte plus de mille centenaires pour une population de 3,3 millions d’habitants. La Bavière, dans laquelle les Allemands voient une région de vacances et de bien-être, n’en compte que 1 700 pour 12,4 millions d’habitants : la proportion des centenaires y est inférieure de moitié par rapport à Berlin.
Plus dans la Ruhr qu’à Bonn
Essen, ville de la Ruhr où des générations de mineurs et d’ouvriers de la sidérurgie ont courbé l’échine et respiré un air vicié, la proportion de centenaires est un peu plus élevée qu´à Bonn, pourtant ville résidentielle et administrative.
Jusqu’en 1994, chaque centenaire recevait chaque année du président fédéral une carte de félicitations avec l’aigle fédéral; par la suite, comme ils étaient trop nombreux, le rythme de félicitations est devenu quinquennal : on les obtenait à 100 ans, à 105 ans, etc.
Rembrandt Scholz, de l’institut Max Planck de recherches démographiques de Rostock, qui a dépouillé ces données, a confié au "Spiegel" que le nord-ouest de l’Allemagne comprend le plus de centenaires : la région de Hanovre, le Schleswig-Holstein, Hambourg et accessoirement Berlin. Cela étonne, puisque les étés pluvieux des plaines du nord et les hivers peu cléments semblent favoriser la mortalité.
La majorité des centenaires sont des sédentaires. "Pour la plupart d’entre eux, il n’y avait que 25 kilomètres entre le lieu de naissance et le lieu de décès. Cette fidélité au lieu d’habitation explique probablement l´extrême longévité. Ces gens font partie d’un réseau social stable, ils sont bien nourris et on prend soin d’eux", avance l’expert.
La concentration des centenaires dans les grands centres urbains ne l’étonne pas non plus : la bonne infrastructure hospitalière est propice à ceux souffrant de troubles du système cardio-vasculaire. Par contre, dans des régions semi-désertes comme le Mecklembourg (ex-RDA) l’infrastructure médicale est déficiente.
La multiplication des personnes très âgées va crescendo : la moitié des jeunes filles nées en 2000 fêteront vraisemblablement leur centième anniversaire, assurent les démographes. Est-ce vraiment un progrès ? s’interroge la "Süddeutsche Zeitung".
Mais ils sont souvent malades
Une étude de l’été dernier, effectuée par des gérontologues de l’université de Heidelberg auprès de 112 centenaires de la région, a révélé qu’aucun d’entre eux n’était vraiment bien portant. Chacun avait en moyenne quatre maladies et 80 % nécessitaient des soins. Et pourtant, huit sur dix disaient qu’ils étaient satisfaits de leur vie.
Pour Daniela Jopp, qui avait géré l’enquête, "il y a sûrement un effet de sélection", les optimistes l’emportant sur les pessimistes. Les personnes vivant seules sont moins contentes que celles partageant leur vie avec d’autres.
Le gérontologue Christian Rott de Heidelberg croit avoir décelé ce qui conserve la jeunesse : "Les centenaires ont, le plus souvent, fait des choses qui ont donné un sens à leur vie."
En Belgique, la Flandre abrite le plus de centenaires
Belgique. Sur onze millions de Belges et selon des chiffres livrés au début 2013 par l’Office des statistiques du SPF Economie (be. Stat), 1 832 étaient centenaires, dont une majorité de femmes (1 615). Grâce à l’allongement de l’espérance de vie, la Belgique comptait 678 centenaires de plus par rapport à l’année 2003.
Région flamande. C’est en Flandre que l’on retrouve le plus grand nombre de centenaires. Hommes et femmes confondus, ils étaient 1 063 à la date du 1er janvier 2013, soit 434 de plus que dix ans auparavant.
Région de Bruxelles-Capitale. La région bruxelloise est celle où l’on trouve le moins de personnes âgées de plus de cent ans. Elles étaient 258 début 2013.
Région wallonne. 511, c’est le total de centenaires vivant sur le sol wallon. Cela ne représente quand même que la moitié du nombre de Flamands dépassant les cent ans. M.H. (st.)
http://www.lalibre.be/actu/international/une-etude-sur-les-centenaires-chasse-quelques-idees-recues-5346bb8a3570d35ee3eb06c7
Les habitants de la campagne ne deviennent pas forcément plus vieux que les citadins. Ainsi, Lübeck, ville idyllique de 210 000 habitants, compte 546 personnes âgées de cent ans et plus, ce qui est beaucoup. En revanche, la circonscription agricole voisine de Dithmarschen compte seulement 27 centenaires pour 134 000 habitants.
Berlin, qui a subi les bombardements alliés, la conquête par l’Armée rouge et la construction du Mur, compte plus de mille centenaires pour une population de 3,3 millions d’habitants. La Bavière, dans laquelle les Allemands voient une région de vacances et de bien-être, n’en compte que 1 700 pour 12,4 millions d’habitants : la proportion des centenaires y est inférieure de moitié par rapport à Berlin.
Plus dans la Ruhr qu’à Bonn
Essen, ville de la Ruhr où des générations de mineurs et d’ouvriers de la sidérurgie ont courbé l’échine et respiré un air vicié, la proportion de centenaires est un peu plus élevée qu´à Bonn, pourtant ville résidentielle et administrative.
Jusqu’en 1994, chaque centenaire recevait chaque année du président fédéral une carte de félicitations avec l’aigle fédéral; par la suite, comme ils étaient trop nombreux, le rythme de félicitations est devenu quinquennal : on les obtenait à 100 ans, à 105 ans, etc.
Rembrandt Scholz, de l’institut Max Planck de recherches démographiques de Rostock, qui a dépouillé ces données, a confié au "Spiegel" que le nord-ouest de l’Allemagne comprend le plus de centenaires : la région de Hanovre, le Schleswig-Holstein, Hambourg et accessoirement Berlin. Cela étonne, puisque les étés pluvieux des plaines du nord et les hivers peu cléments semblent favoriser la mortalité.
La majorité des centenaires sont des sédentaires. "Pour la plupart d’entre eux, il n’y avait que 25 kilomètres entre le lieu de naissance et le lieu de décès. Cette fidélité au lieu d’habitation explique probablement l´extrême longévité. Ces gens font partie d’un réseau social stable, ils sont bien nourris et on prend soin d’eux", avance l’expert.
La concentration des centenaires dans les grands centres urbains ne l’étonne pas non plus : la bonne infrastructure hospitalière est propice à ceux souffrant de troubles du système cardio-vasculaire. Par contre, dans des régions semi-désertes comme le Mecklembourg (ex-RDA) l’infrastructure médicale est déficiente.
La multiplication des personnes très âgées va crescendo : la moitié des jeunes filles nées en 2000 fêteront vraisemblablement leur centième anniversaire, assurent les démographes. Est-ce vraiment un progrès ? s’interroge la "Süddeutsche Zeitung".
Mais ils sont souvent malades
Une étude de l’été dernier, effectuée par des gérontologues de l’université de Heidelberg auprès de 112 centenaires de la région, a révélé qu’aucun d’entre eux n’était vraiment bien portant. Chacun avait en moyenne quatre maladies et 80 % nécessitaient des soins. Et pourtant, huit sur dix disaient qu’ils étaient satisfaits de leur vie.
Pour Daniela Jopp, qui avait géré l’enquête, "il y a sûrement un effet de sélection", les optimistes l’emportant sur les pessimistes. Les personnes vivant seules sont moins contentes que celles partageant leur vie avec d’autres.
Le gérontologue Christian Rott de Heidelberg croit avoir décelé ce qui conserve la jeunesse : "Les centenaires ont, le plus souvent, fait des choses qui ont donné un sens à leur vie."
En Belgique, la Flandre abrite le plus de centenaires
Belgique. Sur onze millions de Belges et selon des chiffres livrés au début 2013 par l’Office des statistiques du SPF Economie (be. Stat), 1 832 étaient centenaires, dont une majorité de femmes (1 615). Grâce à l’allongement de l’espérance de vie, la Belgique comptait 678 centenaires de plus par rapport à l’année 2003.
Région flamande. C’est en Flandre que l’on retrouve le plus grand nombre de centenaires. Hommes et femmes confondus, ils étaient 1 063 à la date du 1er janvier 2013, soit 434 de plus que dix ans auparavant.
Région de Bruxelles-Capitale. La région bruxelloise est celle où l’on trouve le moins de personnes âgées de plus de cent ans. Elles étaient 258 début 2013.
Région wallonne. 511, c’est le total de centenaires vivant sur le sol wallon. Cela ne représente quand même que la moitié du nombre de Flamands dépassant les cent ans. M.H. (st.)
http://www.lalibre.be/actu/international/une-etude-sur-les-centenaires-chasse-quelques-idees-recues-5346bb8a3570d35ee3eb06c7
« Gériatre, un métier d’avenir ! »
Il a la voix douce, presque chuchotante, des gestes calmes et une drôle de manière de retrousser son nez en appuyant son index dessus lorsqu'il réfléchit. Alfred Nabalma, 58 ans, est le gériatre de l'hôpital d'Avallon. Il est arrivé en France à la fin des années 90, après des études de médecine au Niger et quelques années d'activité professionnelle dans son pays natal, le Burkina.Au début, il exerçait en radiologie. L'hôpital d'Avallon avait alors une maternité, un bloc de chirurgie, un service de réanimation et même un département pédiatrie. Un à un, ces services ont fermé. Pas assez rentables, mal adaptés, désertés. Comme le confiait l'ancien préfet de ville, Mourad Chenaf, "les gens d'ici disent tous qu'il faut absolument préserver un hôpital à Avallon mais 65 % de ceux qui vivent sur le bassin vont se faire soigner ailleurs".
Restent les 35 % d'autres. Et parmi eux, les plus âgés et les plus socialement défavorisés. C'est en 2002 qu'Alfred Nabalma a décidé de se spécialiser en gériatrie, en suivant une formation à Dijon. "Gériatre, c'est un métier d'avenir !", dit-il en souriant. A l'unité de soins de suite et de réadaptation (USSR) de l'hôpital d'Avallon, 75 % des patients ont plus de 80 ans et leur âge moyen, en médecine polyvalente, s'établit à 73 ans. La fermeture de la chirurgie a permis la création de dix lits supplémentaires, dont cinq estampillés gériatrie et cinq réservés aux soins palliatifs.
Il faut parcourir les couloirs proprets peints en jaune pâle, bleu layette ou vert tilleul aux côtés du docteur Nabalma pour comprendre ce que vieillissement de la population veut dire. Lors de la visite, une patiente lance des regards perdus parce qu'elle vient de casser son appareil auditif. Une infirmière raccompagne jusqu'au lit voisin, une dame toute menue qui s'accroche à son cou comme une enfant, la borde et lui glisse doucement une peluche dans la main. "Je suis où ?" demande-t-elle. - A l'hôpital. - Je vais à l'hôpital ? - Non, Madame, vous y êtes. - Mais pourquoi voulez-vous m'emmener à l'hôpital ?". A Paris, elle était chauffeur de taxi, elle ne reconnaît plus ses enfants mais elle a gardé presque intacte la mémoire des noms des rues de la capitale, raconte le docteur Nabalma.
"Ici, on cumule tout. Vieillissement, isolement, et parfois misère sociale", observe Isabelle Mariani, cadre infirmière qui a fait toute sa carrière à l'hôpital d'Avallon. Au vieillissement de la population dans ce bassin rural du sud de l'Yonne, voisin de la Nièvre et de la Côte d'Or, s'ajoute le retour, à l'âge de la retraite, de tous ceux - notamment dans le Morvan - qui étaient partis travailler dans la région parisienne. Les maisons sont isolées, anciennes, les enfants sont loin et l'offre de soins de base - médecin, pharmacie, infirmiers - dans les villages et les gros bourgs insuffisante. "Au départ, on accueille les patients pour un problème médical qui devient un problème social".
Une convalescence chez soi qui serait aisée en milieu urbain est un vrai casse-tête en campagne, parce que le domicile est à étages ou qu'il faut une voiture pour rejoindre l'épicerie ou la boulangerie la plus proche. "50 % de notre temps est consacré à l'accompagnement social de nos patients. C'est à nous qu'il revient de leur faire accepter l'idée qu'ils ne pourront sans doute pas rentrer chez eux", souligne Isabelle Mariani. Mais les places manquent partout. Et les durées de séjour dans le service du docteur Nabalma n'en finissent pas de s'allonger. "Ici, c'est un cul de sac, dit Thierry Veyssiere le kinésithérapeuthe, on récupère tous ceux qui ne sont plus reçus ailleurs".
En médecine, le séjour est au maximum de dix jours. Il s'établit en moyenne à cinq ou six semaines dans l'unité de soins de suite et de réadaptation. "Mais il m'arrive de garder des patients pendant six mois, un an parfois, parce qu'il n'y a pas de solution dehors pour eux", explique Alfred Nabalma. Les centres de rééducation qui permettraient à ses malades de se remettre d'une fracture du col du fémur ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC), prennent en priorité les plus jeunes. La mise en place de soins à domicile ou d'un système de garde bute sur le manque de personnel et les trop faibles ressources des patients. A l'établissement public pour personnes âgées dépendantes (EPAD), un vaste bâtiment tout neuf construit sur les hauteurs d'Avallon, il faut attendre qu'un résident meure pour trouver une place. Encore doit-on disposer de revenus suffisants pour payer entre 1 800 et 2 000 euros de frais par mois si l'on ne veut pas faire reposer cette charge financière sur les enfants ou les petits-enfants. "La phrase que l'on entend le plus souvent ici, c'est : 'Je suis de trop'",confie une infirmière.
Du même ton tranquille, le docteur Nabalma évoque ce patient schizophrène, hurlant tous les jours, qui est resté six mois dans son service parce qu'aucune autre structure ne pouvait l'accueillir. Sans compter tous ceux qui entrent à l'hôpital dans un état de détresse sociale absolue, souvent liée à l'alcoolisme. Pour l'état-civil, ils ont une cinquantaine d'années. Leur corps en a 80. Dans les chambres que l'on traverse en compagnie d'Alfred Nabalma, seuls leurs cheveux un peu moins blancs que ceux des autres patients les distinguent encore. "Ils n'ont pas l'âge de patients de gériatrie mais ils présentent tous les critères de fragilité des personnes âgées et les mêmes pathologies", constate le médecin. L'hiver froid du Morvan voit aussi arriver à l'hôpital les sans domicile fixe auxquels le personnel donne une couverture et une banquette pour dormir dans le hall.
"Au fond, ici, on poursuit la mission originelle de l'hôpital...", dit simplement Alfred Nabalma.
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Sur le même sujet, lire également:
- sur le blog La route des dunes à Dunkerque: L'humanité d'un bénévole
- sur le blog La récolte d'après à Mézères: Rester chez soi malgré le poids des ans
- sur le blog de Sceaux, Au pied du château: La folle journée de l'infirmièrehttp://avallon.blog.lemonde.fr/2012/06/19/geriatre-un-metier-davenir/
ublié le 19 août 2014 à 19h00 | Mis à jour le 19 août 2014 à 19h00
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