Mœurs vendredi23 novembre 2012
«Le droit à l’enfant, ça n’existe pas»
Boîtes à bébé, adoption homosexuelle, fécondation in vitro: et si on posait, vraiment, la question du bien de l’enfant? Jean Zermatten le souhaite. L’ex-juge des mineurs valaisan et directeur de l’Institut international des droits de l’enfant en appelle à une révolution des mentalités
encadré). Vous avez été juge des mineurs, vous dirigez aujourd’hui l’Institut international des droits de l’enfant à Sion. Qu’en pensez-vous?
Jean Zermatten: Je suis contre la «boîte à bébé». Comme l’accouchement sous X, elle permet d’abandonner un enfant anonymement. Elle va à l’encontre du droit de l’enfant à connaître ses origines, à ne pas être séparé de ses parents, et contre une série d’autres principes fondamentaux énoncés par la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant (CDE), qui a fêté ses 23 ans cette semaine et que la Suisse a ratifiée en 1997.
– Certains arguent qu’il vaut mieux être vivant sans connaître ses parents que d’être mort…
– A ma connaissance, aucune étude ne permet d’affirmer que, grâce aux boîtes à bébé, les cas d’infanticide ont diminué. On peut d’ailleurs se demander si ce sont vraiment les mères qui abandonnent les bébés volontairement: une recherche européenne désigne plutôt les pères ou d’autres membres de la famille (lire encadré). Ces guichets sont une fausse réponse à un vrai problème, qui est: comment aider les parents en difficulté? La solution réside, par exemple, dans des centres de planning familial, dans l’accueil d’enfants qu’une mère ne peut pas garder, temporairement.
– L’insémination artificielle avec donneur anonyme va éga le ment à l’encontre du droit de l’enfant à connaître ses origines. Elle connaît pourtant un boom spectaculaire.
– Le problème du parent inconnu n’est pas nouveau en soi. Au moment où la Convention est née, dans les années 1970-1980, les Etats étaient surtout préoccupés par les dérapages de l’adoption internationale, qui faisait l’objet d’une véritable mode. Aujourd’hui, la problématique s’est déplacée sur l’IAD, qui s’est, en effet, développée sans que l’on se pose la question de l’intérêt de l’enfant.
– En Suisse, l’anonymat du donneur a été levé dans la loi sur la procréation assistée de 2001. Vous seriez partisan d’une interdiction généralisée?
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