Tumeur ! si tu ne vas pas au labo, le labo ira à toi !
Avec Bob Langer, le cancer a affaire à l’un de ses pires ennemis. Surnommé le Thomas Edison de la médecine, il a consacré sa vie d’ingénieur, de chercheur et d’entrepreneur à développer le meilleur de l’ingénierie chimique pour lutter contre le cancer. Il présentait la semaine dernière au MIT un résumé de sa carrière et ses dernières trouvailles devant un auditoire plein à craquer de professeurs illustres et d’étudiants très attentifs.
L’une des dernières inventions de Robert S. Langer est un très petit appareil – vraiment très petit : moins d’un millimètre de longueur – que l’on introduit dans la tumeur. L’appareil est chargé d’un certain nombre de molécules/médicaments qui vont se mettre à agir contre la tumeur. Cette méthode permet de tester l’efficacité des traitements de manière plus fiable que si l’on prélève une partie de la tumeur et qu’on la teste en laboratoire. Il est également l’inventeur de cet autre appareil équipé de processeurs et contrôlable à distance qui, introduit dans le corps du patient, délivre des doses adéquates de médicaments dans les zones à traiter.
La nanotechnologie au centre de la recherche
C’est le développement de la nanotechnologie qui rend ce genre d’exploit possible. C’est d’ailleurs dans le cadre du programme From Microtechnology to Nanotechnology: New Ways to Discover and Deliver Medicine to Treat Disease(De la microtechnique à la nanotechnologie : nouvelles façons de découvrir et d’administrer des médicaments pour traiter les maladies) que le Pr. Langer présentait ses travaux. Le MIT consacre une part très importante de ses recherches à ce domaine. Ses laboratoires et ses salles blanches sont impressionnantes, tout comme le nombre de patentes que l’institut de Boston possède dans ce domaine qui, avec l’intelligence artificielle, représente une part importante de ses travaux actuels.
Parlant de patentes, Bob Langer est le détenteur de plus de 1’300 brevets délivrés et en instance dans le monde entier. Ses brevets ont fait l’objet de licences ou de sous-licences à plus de 350 sociétés pharmaceutiques, chimiques, biotechnologiques et de dispositifs médicaux.
L’ingénieur le plus cité dans l’histoire
Côté publications, Le Pr Langer a écrit plus de 1’400 articles. Il est l’ingénieur le plus cité dans l’histoire. Son h-index est à 250 (source Google Scholar) au 5e rang de ce prestigieux classement créé par le physicien Jorge Hirsch en 2005. C’est un indicateur d’impact des publications d’un chercheur. Il prend en compte le nombre de publications d’un chercheur et le nombre de leurs citations. Le h-index d’un auteur est donc égal au nombre h le plus élevé de ses publications qui ont reçu au moins h citations chacune. Ce qui signifie qu’il ne suffit pas de publier beaucoup mais qu’il faut être cité par ses pairs dans leurs travaux. La créativité X la reconnaissance en quelque sorte, si on devait en faire une équation. Pour ce qui concerne les Prix, il en collectionne une série évidemment impressionnante parmi lesquels le Charles Stark Draper Prize, considéré comme le Nobel des ingénieurs et il recevra en septembre le Prix de la fondation Dreyfuss.
Humour et génie
Ponctuant son récit de clins d’œil à sa camarade Suzan Hockfield, très attentive au premier rang de l’auditoire (elle est l’ancienne patronne du MIT, la Patrick Aebischer locale), il a raconté avec humour et malice ses débuts parfois un peu difficiles. En évoquant notamment ses professeurs de l’époque qui n’appréciaient guère sa manière de penser out of the box et l’ont à plusieurs reprises encouragé à… changer de métier ! Des souvenirs qui semblent constituer chez lui une source intarissable de joie, comme lorsque des fonctionnaires de la redoutée FDA (agence qui autorise les médicaments aux Etats-Unis) lui ont demandé de leur fournir la confirmation signée des cinq auteurs qui avaient cité l’une de ses découvertes dans un de leurs articles. « Par chance, ils ont répondu et j’ai eu mon premier accès au marché… » se marre-t-il avant d’emporter définitivement l’auditoire en sortant de sa poche un minuscule objet que personne n’a vraiment vu, bien sûr. Il s’agissait de se dernière invention, une sorte de minuscule appareil de la taille d’un tout petit bouton que le patient avale et qui déploie, une fois dans l’estomac, une minuscule aiguille capable d’aller injecter des médicaments spécifiques dans des parties très précises de la cible.
Les étudiants (asiatiques en quasi majorité) et les autres lui ont réservé un triomphe.
Santé numérique : quels services intéressent les citoyens ?
On parle beaucoup de l’importance du numérique pour la santé. Ne devrait-on pas, avant de développer des services plus ou moins utiles, se demander quels sont les services numériques souhaités par les citoyens, par les patients ?
L’exemple canadien
Quels services numériques santé intéressent les citoyens ? Un rapport publié récemmentnous informe de l’intérêt des Canadiens pour les services de santé électroniques. Les informations contenues dans ce document proviennent de quatre sondages d’opinion publique auprès d’échantillons représentatifs de la population canadienne :
- « Les Canadiens estiment que les services de santé électronique ne sont pas assez accessibles ». Cette insatisfaction montre qu’il y a un intérêt des Canadiens pour ces services.
- « La proposition de Canadiens qui ont accédé à leurs dossiers médicaux dans la dernière année a doublé (de 7 à 15%) ». Un résultat beaucoup plus élevé que ce qui est observé en Suisse où seuls certains résidents genevois accèdent à leur dossier médical.
- Les 4 services de santé électroniques qui intéressent le plus les Canadiens : le renouvellement d’ordonnances, la visualisation de leurs dossiers de santé, la confirmation de l’envoi d’une demande de consultation avec le spécialiste et la prise de rendez-vous avec le spécialiste en question, la prise de rendez-vous électronique. Ce point est intéressant ; on est loin de l’intelligence artificielle et du big data, les Canadiens sont simplement intéressés par les services qui facilitent la prise en charge de leur santé : accès à leur dossier médical, ordonnance électronique et prise de rendez-vous en ligne.Pour ce qui est des ordonnances électroniques, les Canadiens souhaitent « pouvoir voir toutes les ordonnances en ligne, peu importe qui les a délivrées mais aussi recevoir des courriels ou des textos qui leur rappellent de passer prendre leur médicament à la pharmacie ».
- « De plus en plus de gens utilisent leur téléphone intelligent pour accéder à des services de santé électroniques ». Ce point prouve, si cela est encore nécessaire, que les services proposés doivent impérativement être adaptés aux « téléphones intelligents ».
Ce rapport est aussi intéressant pour connaître l’impact de ces services numériques sur la santé des Canadiens:
« Les Canadiens qui peuvent déjà en profiter estiment que les services de santé numériques sont commodes et les aident à s’occuper de leurs soins. Qui plus est, grâce à ces services, ils obtiennent des soins plus rapidement, communiquent mieux avec leurs professionnels traitants et ont le sentiment d’être des partenaires à part entière de leur équipe de soins ». Ce point me parait particulièrement important, le numérique, s’il est utilisé intelligemment, doit permettre de faire du patient un partenaire.
« Les visites virtuelles – la consultation de professionnels de la santé par vidéo – sont un autre service numérique qui intéresse les Canadiens : 41 % d’entre eux aimeraient pouvoir en profiter, mais seuls 6 % le peuvent actuellement ». Cette déclaration démontre l’intérêt des patients pour les consultations électroniques.
Et en Suisse ?
Les attentes des Suisses sont présentées sur le site d’e-healthforum où l’on peut télécharger le rapport « Sondage d’opinion auprès de la population ». On peut y lire : « l’étude « Opinion publique sur la cybersanté » est destinée à permettre une description correcte de l’opinion publique actuelle concernant la cybersanté et surtout concernant le dossier électronique du patient ».
Les partenaires de cette étude sont Curaviva.ch, ehealthsuisse, la FMH, Spitex, l’Office fédéral de la santé publique, la Caisse des médecins et le département de la santé du Canton de St-Gall.
Le sous-titre de ce rapport est déjà tout un programme : « Le potentiel du Dossier électronique du patient (DEP) augmente même en l’absence de discussions intenses sur le DEP ».
On peut lire dans ce document sous « L’essentiel en bref » :
« La popularité des applications de fitness et de mouvement a augmenté rapidement entre 2015 et 2017. Si l’on en croit l’enquête réalisée au début de 2018, cette tendance ne se poursuit pas, mais l’utilisation de ces applications continue cependant sa progression. Elles semblent faire leurs preuves dans la vie de tous les jours (…) ».
Le premier sujet présenté dans ce « baromètre cybersanté » est donc les applications de fitness, des applications dont l’utilité santé est plus que discutable. Mais quelles questions a-t-on posé aux citoyens suisses pour que le premier élément signalé soit aussi peu intéressant ?
Toujours sous « L’essentiel en bref » :
« Internet en général devient plus important en tant que source d’informations et dépasse maintenant les quotidiens et les revues en termes de portée. Les jeunes personnes interrogées utilisent aujourd’hui principalement Internet comme source d’informations de santé bien que, pour la population résidente dans l’ensemble, la radio reste légèrement plus importante que le Web, qui se situe désormais en seconde place parmi les sources consultées ».
Que voilà un sujet novateur
Pas un mot sur la qualité des informations santé sur Internet, pas un mot sur les moyens à mettre en œuvre pour dire aux citoyens – patients les sites à utiliser et ceux qu’ils doivent éviter.
Que tirer de ce rapport ? Que l’on ne sait rien des attentes des résidents suisses pour ce qui est de leur intérêt pour les services de santé numérique.
Suisse – Canada 0 – 1
La différence entre ces deux rapports est frappante. Il est possible que le fossé qui sépare ces deux documents proviennent de la faiblesse des services de santé numérique actuellement disponibles en Suisse. Il est aussi possible que la pauvreté de ce document soit simplement le reflet du peu d’intérêt pour l’avis de la population.
A quand une enquête digne de ce nom pour connaître les attentes des citoyens – patients suisses en matière de cybersanté ?
Articles liés déjà publiés sur ce blog:
https://blogs.letemps.ch/dr-jean-gabriel-jeannot/2018/08/24/sante-numerique-quels-services-interessent-les-citoyens/
L'e-santé, c’est l’affaire de tous
Nous
vivons plus vieux, c’est un fait. Et nous le devons aux formidables
avancées techniques et médicales. Le patient s’impose comme le premier
acteur de sa propre santé. Mieux informé, il devient plus autonome dans
le suivi de sa santé. En lien avec les soignants, il adapte son mode de
vie, son parcours de soins ou encore son traitement en fonction des
informations qu’il récolte.
On assiste à une démocratisation mais aussi à une inflation de l’information médicale. Auparavant réservée au médecin, elle est désormais produite à grande échelle par tous les maillons de la chaîne médicale, voire par le patient lui-même qui compte ses pas et ses calories, mesure son taux de sucre dans le sang ou sa tension. La donnée inonde la médecine et le marché mondial de l’e-santé pourrait atteindre 400 milliards de dollars en 2022[1]. En France, on compte déjà 100 000 applications de santé[2], 200 startups actives[3] et plus de 30 000 emplois dans le domaine[4].
Plus de 60 % des Français voient dans l’e-santé une source d’espoir[5] et 90 % des professionnels de santé la considèrent comme une opportunité, notamment pour améliorer la prévention des pathologies chroniques qui représentent 75 % des dépenses de l’Assurance Maladie.
La Poste est déjà le premier hébergeur de données de santé en France, via sa filiale Docapost qui abrite les 40 millions de dossiers de l’Ordre des pharmaciens et les informe en temps réel des alertes sanitaires, tout en faisant remonter l’état des stocks de médicaments aux laboratoires et aux autorités sanitaires. En agrégeant des services existants et en en créant d’autres, La Poste a donné naissance à la première plateforme de santé sécurisée permettant de stocker, consulter et partager ses données de santé : l’Espace Numérique Santé.
Pour les patients, l’application La Poste e-santé, est une forme de carnet de santé digital qui collecte en toute sécurité les données notamment celles provenant des objets connectés de santé. Pour les mutuelles et leurs assurés la plateforme peut devenir un véritable canal de communication au service de la prévention de la santé de tous. En effet, elle permet non seulement l’archivage intelligent de documents, mais elle propose également un fil d’actualité qui permet aux mutuelles par exemple de rappeler les échéances importantes pour la santé de toute la famille. C’est une solution pour le développement de la prévention qui peut également servir pour le développement de la télémédecine.
Une IRM disponible au bon moment, une alerte sur le suivi d’un traitement, ou le rappel d’un antécédent peuvent sauver une vie ! L’amélioration du suivi individuel bénéficie à la protection collective en permettant une meilleure allocation des ressources. C’est tout le parcours de santé qui s’en trouve amélioré : permettre à chacun de prendre en main sa santé c’est aussi protéger celle des autres. Avec son Espace Numérique Santé, La Poste apporte sa contribution à l’efficacité de notre système de santé en proposant une solution résolument tournée vers le patient mais également partenariale avec les différents acteurs de santé pour lesquels elle adapte sans cesse les parcours qu’elle propose à leurs besoins.
Véritable partenaire au service des acteurs de santé et des patients, La Poste met ses infrastructures et ses valeurs de neutralité, de pérennité, d’universalité et de confiance au service de la santé de tous.
Nathalie Collin
DGA du Groupe La Poste
En charge du Numérique et de la Communication
_______
[1] Etude Grand View Research
[2] Sanofi Juin 2017
[3] E-health Tech
[4] Pimape 2016
[5] Odoxa, février 2018
https://www.linkedin.com/pulse/la-e-sant%C3%A9-cest-laffaire-de-tous-nathalie-collin/?trk=eml-email_feed_ecosystem_digest_01-recommended_articles-11-Unknown&midToken=AQHZTuOSZub9Sg&fromEmail=fromEmail&ut=3VZJETQe9Ngok1
On assiste à une démocratisation mais aussi à une inflation de l’information médicale. Auparavant réservée au médecin, elle est désormais produite à grande échelle par tous les maillons de la chaîne médicale, voire par le patient lui-même qui compte ses pas et ses calories, mesure son taux de sucre dans le sang ou sa tension. La donnée inonde la médecine et le marché mondial de l’e-santé pourrait atteindre 400 milliards de dollars en 2022[1]. En France, on compte déjà 100 000 applications de santé[2], 200 startups actives[3] et plus de 30 000 emplois dans le domaine[4].
Plus de 60 % des Français voient dans l’e-santé une source d’espoir[5] et 90 % des professionnels de santé la considèrent comme une opportunité, notamment pour améliorer la prévention des pathologies chroniques qui représentent 75 % des dépenses de l’Assurance Maladie.
Quels acteurs peuvent légitimement gérer des données de santé ?
La gestion neutre et sécurisée des échanges est le cœur de métier de La Poste. Son rôle de tiers de confiance est entretenu depuis six siècles par l’engagement des Postiers qui prêtent serment de respecter le secret des correspondances et dorénavant des données. Transposer ce positionnement dans le domaine de la e-santé, c’est offrir aux patients l’assurance qu’ils resteront maîtres de leurs données de santé de façon pérenne et qu’ils pourront décider facilement avec qui les partager.La Poste est déjà le premier hébergeur de données de santé en France, via sa filiale Docapost qui abrite les 40 millions de dossiers de l’Ordre des pharmaciens et les informe en temps réel des alertes sanitaires, tout en faisant remonter l’état des stocks de médicaments aux laboratoires et aux autorités sanitaires. En agrégeant des services existants et en en créant d’autres, La Poste a donné naissance à la première plateforme de santé sécurisée permettant de stocker, consulter et partager ses données de santé : l’Espace Numérique Santé.
Une nécessaire coopération pour la santé de tous
Dans la santé plus qu’ailleurs, on n’innove pas seul. Aussi nous sommes très fiers de nos nombreux partenariats. La Poste a créé avec Elsan, l’un des plus grands groupes français d’hospitalisation privée, un véritable parcours de soins digitalisé. La solution permet, côté patient, de gérer toute la chaine administrative et côté soignant d’optimiser la prise en charge. Avec l’IHU de Strasbourg, La Poste expérimente un parcours de prise en charge de l’obésité. Avec le GIPTIS (Genetic Institute for Patients, Therapies, Innovation and Science) nous construisons un cloud santé universel dédié aux maladies rares associant soignants, patients et chercheurs. Avec l’AP-HP nous expérimentons un outil de suivi médical à distance des patients transplantés. L’ensemble de ces projets, ont en commun de reposer sur l’Espace Numérique Santé ce qui permet de coordonner l’ensemble des acteurs du domaine médical au service du patient et de sa famille.Un suivi individuel au service de la santé publique
Notre approche partenariale permet la maitrise de ses données de santé par le patient, c’est aussi l’opportunité d’améliorer la performance globale des offres de soin. La liaison entre les différents acteurs permet un suivi médical continu du domicile à l’hôpital, en passant par la médecine de ville.Pour les patients, l’application La Poste e-santé, est une forme de carnet de santé digital qui collecte en toute sécurité les données notamment celles provenant des objets connectés de santé. Pour les mutuelles et leurs assurés la plateforme peut devenir un véritable canal de communication au service de la prévention de la santé de tous. En effet, elle permet non seulement l’archivage intelligent de documents, mais elle propose également un fil d’actualité qui permet aux mutuelles par exemple de rappeler les échéances importantes pour la santé de toute la famille. C’est une solution pour le développement de la prévention qui peut également servir pour le développement de la télémédecine.
Une IRM disponible au bon moment, une alerte sur le suivi d’un traitement, ou le rappel d’un antécédent peuvent sauver une vie ! L’amélioration du suivi individuel bénéficie à la protection collective en permettant une meilleure allocation des ressources. C’est tout le parcours de santé qui s’en trouve amélioré : permettre à chacun de prendre en main sa santé c’est aussi protéger celle des autres. Avec son Espace Numérique Santé, La Poste apporte sa contribution à l’efficacité de notre système de santé en proposant une solution résolument tournée vers le patient mais également partenariale avec les différents acteurs de santé pour lesquels elle adapte sans cesse les parcours qu’elle propose à leurs besoins.
Véritable partenaire au service des acteurs de santé et des patients, La Poste met ses infrastructures et ses valeurs de neutralité, de pérennité, d’universalité et de confiance au service de la santé de tous.
Nathalie Collin
DGA du Groupe La Poste
En charge du Numérique et de la Communication
_______
[1] Etude Grand View Research
[2] Sanofi Juin 2017
[3] E-health Tech
[4] Pimape 2016
[5] Odoxa, février 2018
https://www.linkedin.com/pulse/la-e-sant%C3%A9-cest-laffaire-de-tous-nathalie-collin/?trk=eml-email_feed_ecosystem_digest_01-recommended_articles-11-Unknown&midToken=AQHZTuOSZub9Sg&fromEmail=fromEmail&ut=3VZJETQe9Ngok1
Le dépistage génétique comme prestation de l’employeur
DIGITALE ATTITUDE : Aux Etats-Unis, les tests de dépistage génétiques se démocratisent et commencent à figurer parmi les avantages sociaux proposés au sein des entreprises.
Parmi les prestations sociales les plus extravagantes des sociétés américaines pour attirer les talents — comme le remboursement de prêts universitaires, le congé parental illimité, l’expédition du lait maternel au domicile des mamans en voyage d’affaires —, voici que se rajoute à la liste, le dépistage génétique.
De nombreuses compagnies, surtout sur la côte Ouest, proposent aux employés de séquencer leur génome. Elles collaborent toutes avec la start-up Color Genomics, qui offre un test capable de détecter les 30 mutations de gènes héréditaires associées aux cancers les plus communs. Deux autres tests décèlent une prédisposition à contracter une maladie cardiovasculaire ou l’hypercholestérolémie.
La procédure à suivre est très simple.
Il suffit d’envoyer un échantillon de salive dans une éprouvette par courrier postal. Une fois analysé par Color Genomics, le résultat est contrôlé par un spécialiste avant d’être communiqué au patient. Puis, pour faciliter l’interprétation du bilan, une équipe de conseillers en génétique offre un accompagnement par téléphone.
Un kit de dépistage coûte entre 249 et 349 dollars, alors que les laboratoires médicaux en facturent 4000 pour des examens équivalents. Si l’entreprise a réussi à réduire ainsi les coûts, c’est grâce au machine learning, autrement dit à l’apprentissage automatique, le champ d’étude de l’intelligence artificielle qui permet d’extraire des statistiques d’un vaste volume de données.
Le taux de participation a surpris le PDG de Levi Strauss, Chip Bergh, qui propose les kits de dépistage depuis l’automne dernier. «Plus de la moitié des 1100 salariés y ont eu recours», a-t-il dit au New York Times.
Mais les entreprises ne jouent-elles pas avec le feu?
Proposer aux salariés de lire l’avenir dans leurs gènes – afin qu’ils prennent des mesures préventives en matière de santé pour être plus productifs – pourrait produire l’effet inverse: les démotiver au travail et augmenter le taux d’absentéisme. «Révéler le risque, ou la probabilité de développer certaines pathologies avant même qu’elles ne se déclarent, fera-t-il de nous des «malades en puissance»?» Ou «des malades imaginaires» je me permets de rajouter. Une bonne question posée par le journaliste Olivier Dessibourg sur le site Santeperso.ch
A lire aussi: Le poids psychologique des dépistages génétiques
Parmi les prestations sociales les plus extravagantes des sociétés américaines pour attirer les talents — comme le remboursement de prêts universitaires, le congé parental illimité, l’expédition du lait maternel au domicile des mamans en voyage d’affaires —, voici que se rajoute à la liste, le dépistage génétique.
De nombreuses compagnies, surtout sur la côte Ouest, proposent aux employés de séquencer leur génome. Elles collaborent toutes avec la start-up Color Genomics, qui offre un test capable de détecter les 30 mutations de gènes héréditaires associées aux cancers les plus communs. Deux autres tests décèlent une prédisposition à contracter une maladie cardiovasculaire ou l’hypercholestérolémie.
La procédure à suivre est très simple.
Il suffit d’envoyer un échantillon de salive dans une éprouvette par courrier postal. Une fois analysé par Color Genomics, le résultat est contrôlé par un spécialiste avant d’être communiqué au patient. Puis, pour faciliter l’interprétation du bilan, une équipe de conseillers en génétique offre un accompagnement par téléphone.
Un kit de dépistage coûte entre 249 et 349 dollars, alors que les laboratoires médicaux en facturent 4000 pour des examens équivalents. Si l’entreprise a réussi à réduire ainsi les coûts, c’est grâce au machine learning, autrement dit à l’apprentissage automatique, le champ d’étude de l’intelligence artificielle qui permet d’extraire des statistiques d’un vaste volume de données.
Le taux de participation a surpris le PDG de Levi Strauss, Chip Bergh, qui propose les kits de dépistage depuis l’automne dernier. «Plus de la moitié des 1100 salariés y ont eu recours», a-t-il dit au New York Times.
Mais les entreprises ne jouent-elles pas avec le feu?
Proposer aux salariés de lire l’avenir dans leurs gènes – afin qu’ils prennent des mesures préventives en matière de santé pour être plus productifs – pourrait produire l’effet inverse: les démotiver au travail et augmenter le taux d’absentéisme. «Révéler le risque, ou la probabilité de développer certaines pathologies avant même qu’elles ne se déclarent, fera-t-il de nous des «malades en puissance»?» Ou «des malades imaginaires» je me permets de rajouter. Une bonne question posée par le journaliste Olivier Dessibourg sur le site Santeperso.ch
A lire aussi: Le poids psychologique des dépistages génétiques
Emily Turrettini
De nationalité américaine et suisse, Emily Turrettini publie une revue de presse sur l'actualité Internet depuis 1996 et se passionne pour les nouvelles tendanceshttps://blogs.letemps.ch/emily-turrettini/2018/04/22/le-depistage-genetique-comme-prestation-de-lemplo
Ces jeunes ont brisé les plafonds de verre de l’enseignement supérieur
Les
dispositifs d’égalité des chances permettent chaque année à des
milliers de jeunes de s’exfiltrer des statistiques de l’échec.
LE MONDE
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• Mis à jour le
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Par Eric Nunès
« Mes parents m’appellent “l’alien” », souffle Alice. Petite fée des technologies de l’information, diplômée de plusieurs masters, la jeune femme a officié au cœur des métropoles les plus dynamiques de France et d’Amérique du Nord dans des secteurs variés – l’industrie, le conseil, l’enseignement… Mais quand elle rejoint le bourg familial du sud-est de la France, son aura s’éteint sous le regard paternel. « Pour lui, ma carrière n’est pas compatible avec le fait d’être une femme. Ma place devrait être celle de ma mère : à la maison. » Jean-Michel, lui, se présente comme « fils de rien ou de si peu ». Destiné par l’éducation nationale à un CAP travaux forestiers et bûcheronnage, il décroche, de détours en chemins de traverse, une maîtrise de philosophie et un diplôme de troisième cycle en ressources humaines. Aujourd’hui, il est enseignant.
Signe indien
Comme eux, ils sont des dizaines à avoir témoigné sur Le Monde.fr de la bataille menée pour faire taire les voix qui leur répétaient que l’enseignement supérieur ne leur était pas destiné. Ce combat est aussi celui des Cordées de la réussite. Depuis 2008, 80 000 jeunes ont bénéficié de ce dispositif d’égalité des chances et fait mentir le signe indien d’une prétendue prédisposition sociale et psychologique qui leur interdirait les parcours d’excellence.
« Les principales explications de la sélectivité sociale restent l’autosélection sociale. » Vincent Tiberj, docteur en sciences politiques
Quels sont les freins qui, parfois, dissuadent un jeune, à l’aube de
sa vie adulte, d’envisager une grande école ou une université réputée ? « Les principales explications de la sélectivité sociale de ces concours restent l’autosélection sociale », avance Vincent Tiberj, docteur en sciences politiques, chercheur au Centre
d’études européennes de Sciences Po. Les origines sociales,
géographiques, le sexe ou une situation de handicap sont autant de
facteurs d’explication. Qui souvent s’additionnent : selon un rapport de
la Cour des comptes de 2010 sur « l’objectif de la réussite de tous les élèves », la France est l’un des pays de l’Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE) où les destins scolaires et universitaires sont le
plus fortement corrélés aux origines sociales et au statut culturel des
familles.« En France, le système scolaire triche avec les enfants en leur laissant croire qu’il suffit d’être un bon élève pour s’élever, analyse Chantal Dardelet, responsable du pôle égalité des chances de l’Essec, initiatrice il y a plus de dix ans du programme « Une grande école, pourquoi pas moi ? ». C’est inexact. Il est également nécessaire d’avoir acquis des compétences sociales, un bagage culturel, des codes, de maîtriser le “savoir être” en société ; il faut aussi avoir de la curiosité, être audacieux. » Autant de talents qui ne s’acquièrent pas sur les bancs de l’école, mais auprès de ses référents, de sa famille.
Codes sociaux
Les élèves issus de milieux populaires, de l’immigration ou de familles rurales peu diplômées peuvent ainsi être freinés par leur environnement. « Sans le vouloir, certaines familles rament à contre-courant des ambitions de leurs enfants », regrette Mme Dardelet. Elles ne transmettent pas les codes sociaux qu’elles ne soupçonnent pas et elles ignorent souvent les « différents types d’enseignements supérieurs, comment on y rentre, comment on se finance ». Hors du circuit par lequel leurs aînés ne sont jamais passés, « ces jeunes se disent : “Une grande école, ce n’est pas pour nous.” Une bonne raison pour ne pas se bouger… », souligne-t-elle.Benjamin Blavier est le délégué général de Passeport avenir, une association qui travaille sur l’accompagnement des élèves de milieux défavorisés dans l’enseignement supérieur. Pour lui, « cette reproduction sociale est identifiée et vieille comme Pierre Bourdieu », qui dénonçait dès 1970 les ravages de la reproduction sociale par l’école, dans La Reproduction, ouvrage cosigné avec Jean-Claude Passeron.
Mais les statistiques ne sont pas une fatalité. A condition d’un déclic, généralement une rencontre. Dans l’histoire de ces jeunes qui brisent leur plafond de verre, « il y a toujours une rencontre décisive », souligne M. Blavier. Karim, lycéen marseillais d’origine maghrébine, s’apprêtait à s’engager en IUT. Le jour de son inscription sur le système APB, un rendez-vous médical le contraint à se rendre chez son médecin de famille. Celui-ci boucle alors l’inscription de son propre fils sur le système informatique d’orientation. Plutôt que d’expédier son jeune patient, le médecin prend le temps de lui expliquer tout l’intérêt d’une classe préparatoire. Le lycéen découvre qu’il a le niveau. Cette consultation est un pied de nez au destin. Le jeune homme étudie aujourd’hui dans une grande école de commerce des Bouches-du-Rhône.
Ces rencontres, l’Institut Télémaque les provoque dès la classe de 5e. Les professeurs de 100 collèges sont invités à repérer les meilleursélèves boursiers et leur permettent d’établir un contact avec des tuteurs bénévoles, cadres supérieurs et cadres dirigeants. « Nous conduisons à se rencontrer des gens qui n’auraient jamais dû se croiser », expose Ericka Cogne, directrice générale de l’institut.
Fil d’Ariane
Sopharana, « boat people », a débarqué en France dans les bras de ses parents. Adolescent, il se voit devenir un soutien de famille. Il lui faut gagner de l’argent pour contribuer au quotidien et il vise « un emploi à la sortie du bac ». Mais des professeurs l’encouragent à poursuivre en mathématiques, lui expliquent les arcanes de l’enseignement supérieur français que ses parents ignorent : classes préparatoires, écoles d’ingénieurs, thèse… Ses enseignants lui glissent dans les mains le fil d’Ariane qui le conduira jusqu’au doctorat. Sa carrière est sur les rails.Depuis dix ans, 5 000 jeunes ont été accompagnés par 1 500 mentors de Passeport avenir et exfiltrés des statistiques de l’échec. Les établissements partenaires des Cordées de la réussite ont accompagné en moyenne 10 000 jeunes par an sur huit ans. Pour encourager cet enseignement parallèle du « savoir être », les associations vont pouvoir compter sur leurs anciens. Après dix ans d’existence, ses premiers « alumni » (élèves du réseau repérés dans les collèges) vont intégrer le marché du travail et « 70 % veulent devenir tuteurs à leur tour », se félicite Ericka Cogne. Une ébauche de cercle vertueux.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/12/08/ce-sjeunes-ont-brise-les-plafonds-de-verre-de-l-enseignement-superieur_5045341_4401467.html#53eEF3zmgitlQt6Q.99
Médecin manager : « Il ne s’agit pas de transformer le médecin en gestionnaire »
Chef
de pôle, chef de service, médecin coordonnateur… : bon nombre de
médecins se retrouvent, de fait, en position de manager. Comment faire
coïncider l’engagement des médecins et le leadership médical avec des
logiques managériales ?
Pour accompagner ce mouvement, de plus en plus de formations voient le jour. Exemple à l’École des Hautes Etudes en Santé (EHESP) où Laetitia Laude, Professeur à l’Institut du management à l’EHESP et chercheuse en organisations de santé a mis en place, en 2015, un Diplôme d’établissement (DE) de médecin manager.
Pour accompagner ce mouvement, de plus en plus de formations voient le jour. Exemple à l’École des Hautes Etudes en Santé (EHESP) où Laetitia Laude, Professeur à l’Institut du management à l’EHESP et chercheuse en organisations de santé a mis en place, en 2015, un Diplôme d’établissement (DE) de médecin manager.
Accès rapide
> « Médecin manager », une formation en cinq actes
> Des stagiaires, un ouvrage collectif
> Télécharger l’article en PDF
> « Médecin manager », une formation en cinq actes
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Quelle est la genèse du Diplôme d’établissement de médecin manager ?
Laetitia Laude :
L’idée est née après avoir mené un projet de recherche entre 2012 et
2014 sur l’émergence des médecins dans le pilotage managérial à
l’hôpital. Après avoir mené des enquêtes de terrain auprès de médecins
et observé ce qui se faisait à l’étranger, nous nous sommes vite rendu
compte que pour de nombreux médecins, notamment en France, le management
renvoie à des choses négatives. Il apparaît comme une contrainte
administrative, une fonction peu valorisée ou encore une
bureaucratisation des services cliniques. Les médecins sont encore peu
formés aux fonctions managériales comme si le leadership clinique était
une caution suffisante pour assumer l’encadrement d’une équipe. Le
management n’est pas associé à une compétence en tant que telle. Et
pourtant, les besoins en la matière sont importants !
D’où vient ce besoin d’apprendre précisément à manager ?
LL :
Les équipes sur le terrain rencontrent des difficultés, comme partout
ailleurs, dans l’organisation du travail, la santé au travail,
l’harmonisation entre la vie professionnelle et personnelle etc. Nos
recherches nous ont donc menés à nous interroger sur la manière de
répondre aux besoins de management sur le terrain tout en prenant en
considération le rejet dont il est l’objet. Nous sommes donc partis du
postulat qu’il fallait médicaliser le management au lieu de
bureaucratiser la clinique. Notre postulat est clair : les médecins ne
sont pas des gestionnaires. Nous ne souhaitons pas en faire des
spécialistes des ressources humaines.
De plus en plus de formations en management de la santé sont créées. Est-ce révélateur d’une évolution de la profession ?
LL : L’évolution
est plutôt à observer au regard des attentes des nouvelles générations
de médecins. Ils sont à la recherche d’un équilibre entre la vie
professionnelle et personnelle. La qualité et l’ambiance de travail
deviennent une condition voire un facteur d’attractivité pour les
hôpitaux. Tout cela signe probablement la fin du mandarinat
traditionnel, ce chef tout-puissant, humaniste bien sûr mais qui définit
seul ce qu’est l’humanisme et la manière dont il se traduit dans le
travail collectif. L’environnement médical peut être très conflictuel
sur le plan des valeurs et des représentations du travail entre les
générations. Sur les quatorze médecins stagiaires de notre première
promotion qui sont tous en situation de management, cinq ont choisi de
consacrer leur mémoire au conflit. Régler les conflits fait partie des
responsabilités managériales.
Où retrouve-t-on les médecins managers ? Un profil-type se dessine-t-il déjà ?
LL : Cela
concerne tous les médecins en responsabilité d’équipe ou de projet. La
personne peut être médecin coordonnateur, chef de service, président de
commission médicale d’établissement, directeur médical dans une clinique
etc. Il n’y a pas de profil-type. A mon sens, il faut surtout que ce
soit une personne qui choisisse d’être manager et ne le subisse pas. En
effet, beaucoup deviennent managers parce qu’on le leur demande.
Qui ces formations attirent-elles ?
LL : Nos
promotions accueillent des profils très divers. Nous avons des
représentants de deux générations – les trente-quarante ans et les
cinquante-soixante ans – qui sont souvent en conflit au sein des
services. Nous sommes face à l’émergence de jeunes quadragénaires qui
veulent faire quelque chose de cette fonction au regard de ce qu’ils ont
vécu avec leur chef de service. Mais nous avons également des chefs de
service qui essayent de comprendre les nouvelles générations.
En quoi ce type de formation peut-il avoir un impact sur les relations entre les professionnels de santé ?
LL : Ce
DE médecin manager a pour ambition de contribuer à réduire la fracture
entre le monde administratif et médical. Même si certains considèrent
que cette fracture a été réduite par la mise en place des pôles
d’activité, je suis plutôt circonspecte. Ils servent à faire le lien
entre le chef de pôle et la direction de l’hôpital mais je ne suis pas
sûre que ça ait changé la vie des équipes au sein des services. Le
médecin en situation de management doit aussi être le garant de la
qualité des soins et ce, dans un dialogue d’égal à égal avec les
directions d’hôpital. Enfin, la littérature l’atteste : quand il y a un
bon climat de travail, la collaboration dont les patients ont besoin
pour être bien pris en charge est meilleure.
« Médecin manager », une formation en cinq actes
- les fondamentaux de la gestion ;
- le management des équipes ;
- la gestion de projet ;
- la gestion des conflits et des tensions ;
- une comparaison internationale.
En savoir plus : site Internet de l’École des hautes études en santé public.
Des stagiaires, un ouvrage collectif
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http://www.profilmedecin.fr/contenu/medecin-manager-il-ne-sagit-pas-de-transformer-le-medecin-en-gestionnaire/?utm_medium=Email&utm_source=ExactTarget&utm_campaign=2016_nl_profil_medecin_decembre_desinscriptioncandidats
Et si à la place de faire grève ou de râler, nous mettions l’imagination au pouvoir?
Publié le - Mis à jour le
Opinions
Le changement passera par nous. Râler contre les 45 heures,c’est une
chose. Mais qui est prêt à partager son temps de travail ? Qui veut voir
que l’on peut vraiment vivre autrement ?
Vous les étudiants, vous râlez : vous dites être pris en otage, ne pas pouvoir vous rendre à un cours ou à un examen… Oui, mais vous ne pourriez pas vous organiser différemment, pour une fois ? Dormir chez un pote, faire du covoiturage, du stop, voire ressortir votre vieux vélo ou votre vieille mobylette… Quand c’est pour aller à une soirée qui finit tard et qu’il n’y a plus de train, ou parce que vous êtes trop bourré, vous en trouvez, des solutions !
Et vous les profs, vous ne pouvez pas, pour une fois, organiser une séance de cours par l’intermédiaire de la webcam de votre ordinateur ? Et si vous faites passer des examens, être un peu plus souples sur l’horaire ?
Et vous, les travailleurs "ordinaires" ? Penser au télétravail, ressortir, aussi, son vieux vélo, faire du covoiturage, missions impossibles ?
Enfin vous, les syndicats ? Vous manquez bien d’imagination aussi en prônant la grève comme unique moyen de pression ! Votre combat me paraît légitime, mais ne pourriez-vous pas mener d’autres actions ? Votre but, c’est bien d’obliger les patrons et les décideurs à changer leur point de vue ? Mais là, ce sont les citoyens ordinaires qui changent de point de vue, en viennent à râler sur vous, voire à remettre en question la légitimité du syndicalisme, alors que, au fond, vous défendez les droits de tous ! Ne pourriez-vous pas être moins corporatistes et plus rassembleurs ?
Et nous, là-dedans ? On râle, on y va de sa petite expérience personnelle, comme si on était le seul concerné, le seul qui a des raisons de se plaindre; mais notre égocentrisme ne fait pas bouger les choses. Au contraire. Or il faut être conscient que ce changement passera par nous : râler contre les 45 heures, c’est une chose, mais qui est prêt à travailler un peu moins, à partager son temps de travail ? Qui veut voir que l’on peut VRAIMENT vivre autrement ? Qu’il n’y a pas qu’un modèle unique, basé sur l’avoir, sur le toujours plus…
Bien sûr il faut s’indigner à propos des salaires indécents de certains patrons, à propos des fuites d’argent au Panama. Bien sûr, il faut être contre les 45 heures, contre les privatisations de services publics comme la SNCB, contre cette société où les inégalités sont de plus en plus flagrantes. Bien sûr, il faut que l’argent, ce sacro-saint nerf de la guerre, soit réparti plus équitablement, qu’il n’y a pas de raisons que ce soient toujours les mêmes qui casquent ! Et bien sûr, nous devrions exiger de nos gouvernements qu’ils ne soient pas qu’au service de la toute puissante économie de marché.
Mais il faut s’indigner ENSEMBLE, et pas chacun dans notre coin. ET il faut tenter de comprendre le point de vue de l’autre. Si l’on veut que les choses changent, il faut commencer par les faire changer dans notre tête, et dans notre vie. Le partage des savoirs, des richesses, la solidarité, ce ne devrait pas être que des rêves d’utopistes. Un autre monde est possible, nous qui avons vu le film "Demain" en sommes convaincus. Il ne nous reste plus qu’à nous mettre en route… Tout est à faire, alors, un peu d’imagination, s’il vous plaît !
Une opinion de Marie-Pierre Jadin, citoyenne.
S’il y a quelque chose qui ne caractérise pas
la Belgique, c’est notre devise : "L’union fait la force". Ce n’est pas
ces jours-ci que nous l’avons comprise en tout cas ! Au contraire, à
lire certains commentaires à propos des grèves, on se rend compte à quel
point elles nous divisent. Et c’est bien dommage, car il est une autre
devise, qui généralement arrange les dirigeants d’un pays, quels qu’ils
soient : diviser pour régner ! Et si nous regardions les choses un peu
autrement ?
Et si, syndicats, travailleurs, étudiants, sans-emploi, pensionnés,
indépendants, au lieu de râler chacun dans notre coin, nous décidions
d’être imaginatifs, créatifs, inventifs dans nos solutions, de trouver
des alternatives à notre routine ? A commencer par nos déplacements ! Et
si, le temps d’un jour ou deux (de grève), on tentait d’oublier cette
routine métro (ou train, ou voiture) - boulot - dodo…Vous les étudiants, vous râlez : vous dites être pris en otage, ne pas pouvoir vous rendre à un cours ou à un examen… Oui, mais vous ne pourriez pas vous organiser différemment, pour une fois ? Dormir chez un pote, faire du covoiturage, du stop, voire ressortir votre vieux vélo ou votre vieille mobylette… Quand c’est pour aller à une soirée qui finit tard et qu’il n’y a plus de train, ou parce que vous êtes trop bourré, vous en trouvez, des solutions !
Et vous les profs, vous ne pouvez pas, pour une fois, organiser une séance de cours par l’intermédiaire de la webcam de votre ordinateur ? Et si vous faites passer des examens, être un peu plus souples sur l’horaire ?
Et vous, les travailleurs "ordinaires" ? Penser au télétravail, ressortir, aussi, son vieux vélo, faire du covoiturage, missions impossibles ?
Enfin vous, les syndicats ? Vous manquez bien d’imagination aussi en prônant la grève comme unique moyen de pression ! Votre combat me paraît légitime, mais ne pourriez-vous pas mener d’autres actions ? Votre but, c’est bien d’obliger les patrons et les décideurs à changer leur point de vue ? Mais là, ce sont les citoyens ordinaires qui changent de point de vue, en viennent à râler sur vous, voire à remettre en question la légitimité du syndicalisme, alors que, au fond, vous défendez les droits de tous ! Ne pourriez-vous pas être moins corporatistes et plus rassembleurs ?
Et nous, là-dedans ? On râle, on y va de sa petite expérience personnelle, comme si on était le seul concerné, le seul qui a des raisons de se plaindre; mais notre égocentrisme ne fait pas bouger les choses. Au contraire. Or il faut être conscient que ce changement passera par nous : râler contre les 45 heures, c’est une chose, mais qui est prêt à travailler un peu moins, à partager son temps de travail ? Qui veut voir que l’on peut VRAIMENT vivre autrement ? Qu’il n’y a pas qu’un modèle unique, basé sur l’avoir, sur le toujours plus…
Bien sûr il faut s’indigner à propos des salaires indécents de certains patrons, à propos des fuites d’argent au Panama. Bien sûr, il faut être contre les 45 heures, contre les privatisations de services publics comme la SNCB, contre cette société où les inégalités sont de plus en plus flagrantes. Bien sûr, il faut que l’argent, ce sacro-saint nerf de la guerre, soit réparti plus équitablement, qu’il n’y a pas de raisons que ce soient toujours les mêmes qui casquent ! Et bien sûr, nous devrions exiger de nos gouvernements qu’ils ne soient pas qu’au service de la toute puissante économie de marché.
Mais il faut s’indigner ENSEMBLE, et pas chacun dans notre coin. ET il faut tenter de comprendre le point de vue de l’autre. Si l’on veut que les choses changent, il faut commencer par les faire changer dans notre tête, et dans notre vie. Le partage des savoirs, des richesses, la solidarité, ce ne devrait pas être que des rêves d’utopistes. Un autre monde est possible, nous qui avons vu le film "Demain" en sommes convaincus. Il ne nous reste plus qu’à nous mettre en route… Tout est à faire, alors, un peu d’imagination, s’il vous plaît !
Mini-urgence, grands succès
«C'est une mentalité pour
les gens d'aller au Centre hospitalier pour enfants de l'est de
l'Ontario, c'est difficile à changer, mais les gens qui viennent ici une
première fois reviennent ensuite», souligne la Dre Karine Clément tout
en affirmant que l'achalandage de la mini-urgence est «au-delà» des
attentes initiales.
Patrick Woodbury, LeDroit
Un programme a été lancé en juin aux Etats-Unis pour faire
progresser les thérapies ciblées sur le profil génétique. Les grandes
pharmaceutiques, en particulier Roche et Novartis, sont à la pointe
Début juillet a commencé, dans 2400 hôpitaux américains, une vaste opération de dépistage de patients atteints d’une forme ou d’une autre de cancer.
Contrairement aux études cliniques traditionnelles, l’objectif n’est pas de recruter des malades souffrant d’un même type de cancer, du sein, des poumons, ou de la prostate par exemple, pour tester l’efficacité d’un seul nouveau médicament. Il s’agit, au contraire, de rassembler les patients selon le profil génétique de leur tumeur, toutes catégories confondues.
Les médecins administreront une vingtaine de médicaments, dont certains proviennent de groupes pharmaceutiques suisses, qui sont déjà sur le marché ou encore en développement. Une patiente souffrant d’un cancer du sein avancé recevra par exemple une thérapie normalement destinée à un patient souffrant d’un cancer du poumon.
Cette nouvelle approche des programmes d’essais cliniques via le profil génétique des tumeurs et des patients, désignée par le terme «essais en corbeille» est suivie d’un œil bienveillant par la Food and Drug Administration (FDA), chargée du contrôle des médicaments aux Etats-Unis. Cette vaste étude s’intègre dans la tendance scientifique générale suivie actuellement par tous les grands groupes pharmaceutiques, à savoir rendre chaque médicament plus efficace en le modulant selon le profil génétique de la maladie dont souffre exactement tel ou tel patient.
La méthode d’essais cliniques en «corbeille», menée aux Etats-Unis sous le contrôle de l’Institut national du cancer (NCI), vise à élargir et à affiner ce qu’on appelle la médecine personnalisée, ou la médecine de précision, selon le terme utilisé par Barack Obama. Le président des Etats-Unis est persuadé de pouvoir faire progresser rapidement la recherche scientifique de cette manière et tente d’obtenir un financement par le Congrès de ces nouvelles formes de thérapie.
Eviter le gaspillage
Joe Jimenez, patron de Novartis, deuxième entreprise au monde, derrière Roche, dans la mise à disposition de médicaments contre le cancer, estime qu’un quart des médicaments sont actuellement gaspillés de différentes manières. L’une des principales causes de ce gaspillage, qui coûte très cher aux systèmes de santé, provient du manque de connaissances scientifiques précises sur le profil génétique de telle ou telle maladie à mettre en corrélation avec l’ADN du patient. Le médecin est dès lors contraint de tester plusieurs médicaments sur un patient avant de trouver celui qui est le plus efficace.
Cette approche empirique se produit pour de très nombreuses maladies, de l’hypertension aux maladies infectieuses, en passant par des affections très graves. Pour les maladies où le pronostic vital est engagé, comme certaines formes de cancer, ce tâtonnement, synonyme de perte de temps, peut conduire à la mort.
Selon les spécialistes, la médecine de précision a aussi pour avantage de réduire les coûts de la santé. Les médicaments de ce type associés à un diagnostic (biomarqueur ou test spécifique d’ADN accompagnant le traitement) sont, certes, nettement plus chers que les produits thérapeutiques traditionnels, mais ils évitent le tâtonnement médical et la facturation aux caisses maladie de médicaments inefficaces.
Le programme du NCI, qui touche 2400 hôpitaux et 1000 patients sélectionnés au sein d’un groupe de 3000 malades du cancer, est doté d’un budget de 30 à 40 millions de dollars. Le critère de succès de la thérapie sera principalement basé sur une réduction rapide de la tumeur d’au moins un tiers.
Depuis le premier séquençage d’un génome humain, en 2003, l’analyse des maladies, en particulier le cancer, repose de manière de plus en plus précise sur la découverte de mutations génétiques et l’activation ou la désactivation de protéines, au sein même ou à la surface des cellules. Ces mécanismes provoquent la prolifération des cellules cancéreuses dans l’organe touché, puis sous forme de métastases.
«Il y a vraiment un changement de paradigme dans ce domaine scientifique»
Les cancers ne sont désormais plus considérés comme différentes formes d’une même maladie, mais comme une multitude de maladies ayant des caractéristiques et un profil génétique propre. Le cancer évolue différemment selon chaque patient, ce qui entraîne, si le mécanisme génétique qui dysfonctionne peut être ciblé et corrigé, la prescription d’un médicament spécifique et une approche thérapeutique personnalisée.
«Grâce la médecine personnalisée nous obtenons immédiatement des taux de réponse inédits aux traitements. Il y a vraiment un changement de paradigme dans ce domaine scientifique», s’enthousiasme Dietmar Berger, responsable du développement de Roche en oncologie. Il cite le cas du médicament Alectinib, contre le cancer du poumon au stade avancé, en phase d’homologation. Les métastases dans le cerveau se réduisent rapidement avec un taux de réponse jusqu’à 70% d’une durée jusqu’à onze mois.
Roche place aussi beaucoup d’espoir dans Atezolizumab, un médicament, associé à la présence de la protéine PD-L1, qui fait appel à la stimulation du système immunitaire pour détruire les cellules cancéreuses. Ce mécanisme, identique chez certains patients spécialement diagnostiqués, peut être appliqué dans la lutte contre les cancers du poumon, de la prostate, du sein et du rein. «70% de nos médicaments en phase clinique II et III en oncologie ont désormais un test diagnostic spécifique associé», constate Dietmar Berger.
«On assiste réellement à une révolution dans le traitement de ces maladies, confirme Severin Schwan, patron de Roche. Auparavant, un cancer métastasé menait le plus souvent à la mort. Aujourd’hui, dans de nombreux cas, grâce à la médecine personnalisée, on peut prolonger la vie durant des années, et peut-être guérir de ce type de cancer.»
Contrairement aux études cliniques traditionnelles, l’objectif n’est pas de recruter des malades souffrant d’un même type de cancer, du sein, des poumons, ou de la prostate par exemple, pour tester l’efficacité d’un seul nouveau médicament. Il s’agit, au contraire, de rassembler les patients selon le profil génétique de leur tumeur, toutes catégories confondues.
Les médecins administreront une vingtaine de médicaments, dont certains proviennent de groupes pharmaceutiques suisses, qui sont déjà sur le marché ou encore en développement. Une patiente souffrant d’un cancer du sein avancé recevra par exemple une thérapie normalement destinée à un patient souffrant d’un cancer du poumon.
Cette nouvelle approche des programmes d’essais cliniques via le profil génétique des tumeurs et des patients, désignée par le terme «essais en corbeille» est suivie d’un œil bienveillant par la Food and Drug Administration (FDA), chargée du contrôle des médicaments aux Etats-Unis. Cette vaste étude s’intègre dans la tendance scientifique générale suivie actuellement par tous les grands groupes pharmaceutiques, à savoir rendre chaque médicament plus efficace en le modulant selon le profil génétique de la maladie dont souffre exactement tel ou tel patient.
La méthode d’essais cliniques en «corbeille», menée aux Etats-Unis sous le contrôle de l’Institut national du cancer (NCI), vise à élargir et à affiner ce qu’on appelle la médecine personnalisée, ou la médecine de précision, selon le terme utilisé par Barack Obama. Le président des Etats-Unis est persuadé de pouvoir faire progresser rapidement la recherche scientifique de cette manière et tente d’obtenir un financement par le Congrès de ces nouvelles formes de thérapie.
Eviter le gaspillage
Joe Jimenez, patron de Novartis, deuxième entreprise au monde, derrière Roche, dans la mise à disposition de médicaments contre le cancer, estime qu’un quart des médicaments sont actuellement gaspillés de différentes manières. L’une des principales causes de ce gaspillage, qui coûte très cher aux systèmes de santé, provient du manque de connaissances scientifiques précises sur le profil génétique de telle ou telle maladie à mettre en corrélation avec l’ADN du patient. Le médecin est dès lors contraint de tester plusieurs médicaments sur un patient avant de trouver celui qui est le plus efficace.
Cette approche empirique se produit pour de très nombreuses maladies, de l’hypertension aux maladies infectieuses, en passant par des affections très graves. Pour les maladies où le pronostic vital est engagé, comme certaines formes de cancer, ce tâtonnement, synonyme de perte de temps, peut conduire à la mort.
Selon les spécialistes, la médecine de précision a aussi pour avantage de réduire les coûts de la santé. Les médicaments de ce type associés à un diagnostic (biomarqueur ou test spécifique d’ADN accompagnant le traitement) sont, certes, nettement plus chers que les produits thérapeutiques traditionnels, mais ils évitent le tâtonnement médical et la facturation aux caisses maladie de médicaments inefficaces.
Le programme du NCI, qui touche 2400 hôpitaux et 1000 patients sélectionnés au sein d’un groupe de 3000 malades du cancer, est doté d’un budget de 30 à 40 millions de dollars. Le critère de succès de la thérapie sera principalement basé sur une réduction rapide de la tumeur d’au moins un tiers.
Depuis le premier séquençage d’un génome humain, en 2003, l’analyse des maladies, en particulier le cancer, repose de manière de plus en plus précise sur la découverte de mutations génétiques et l’activation ou la désactivation de protéines, au sein même ou à la surface des cellules. Ces mécanismes provoquent la prolifération des cellules cancéreuses dans l’organe touché, puis sous forme de métastases.
«Il y a vraiment un changement de paradigme dans ce domaine scientifique»
Les cancers ne sont désormais plus considérés comme différentes formes d’une même maladie, mais comme une multitude de maladies ayant des caractéristiques et un profil génétique propre. Le cancer évolue différemment selon chaque patient, ce qui entraîne, si le mécanisme génétique qui dysfonctionne peut être ciblé et corrigé, la prescription d’un médicament spécifique et une approche thérapeutique personnalisée.
«Grâce la médecine personnalisée nous obtenons immédiatement des taux de réponse inédits aux traitements. Il y a vraiment un changement de paradigme dans ce domaine scientifique», s’enthousiasme Dietmar Berger, responsable du développement de Roche en oncologie. Il cite le cas du médicament Alectinib, contre le cancer du poumon au stade avancé, en phase d’homologation. Les métastases dans le cerveau se réduisent rapidement avec un taux de réponse jusqu’à 70% d’une durée jusqu’à onze mois.
Roche place aussi beaucoup d’espoir dans Atezolizumab, un médicament, associé à la présence de la protéine PD-L1, qui fait appel à la stimulation du système immunitaire pour détruire les cellules cancéreuses. Ce mécanisme, identique chez certains patients spécialement diagnostiqués, peut être appliqué dans la lutte contre les cancers du poumon, de la prostate, du sein et du rein. «70% de nos médicaments en phase clinique II et III en oncologie ont désormais un test diagnostic spécifique associé», constate Dietmar Berger.
«On assiste réellement à une révolution dans le traitement de ces maladies, confirme Severin Schwan, patron de Roche. Auparavant, un cancer métastasé menait le plus souvent à la mort. Aujourd’hui, dans de nombreux cas, grâce à la médecine personnalisée, on peut prolonger la vie durant des années, et peut-être guérir de ce type de cancer.»
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/bb21b2ee-608f-11e5-bcb8-823d68be581d/Bienvenue_dans_l%C3%A8re_de_la_m%C3%A9decine_personnalis%C3%A9e
Santé
mardi 22
septembre 2015
Garret Hampton: «Le risque du Big Data médical est faible»
Garret Hampton, responsable du développement des biomarqueurs chez Roche-Genentech, décrit les enjeux
Le Temps: Roche participe au vaste programme américain d’essais cliniques généralisés autour de la médecine personnalisée. De quelle manière?
Garret Hampton: Nous fournissons deux médicaments. Erivedge contre le carcinome de la cellule de base, une forme de cancer de la peau due à une mutation génétique d’un récepteur sur la surface de la cellule qui provoque une croissance cellulaire anormale, et Tarciva, un anticancéreux qui bloque une protéine impliquée dans la croissance des tumeurs solides (mutation EGFR).
– Ce projet de l’Institut américain du cancer (NCI) est-il très important pour faire avancer la recherche scientifique?
– Oui. Ces programmes, basés sur des essais cliniques dits en corbeille, sont une manière d’atteindre ce que tout le monde attend de l’industrie pharmaceutique, à savoir une plus grande efficacité des médicaments prescrits. On peut notamment croiser les applications thérapeutiques.
– Par exemple?
– Lorsqu’on choisit un traitement contre le cancer du poumon, on vérifie par un test spécifique si la personne présente une mutation du gène dit BRAF, qui touche 2% des patients. Ce qui veut dire que 98% des patients sont écartés. Or si, avec ce même médicament, on peut traiter tous les autres cancers liés à une mutation du gène BRAF, on améliore fortement le taux d’efficacité du traitement. On sait, par exemple, que certains cancers de la peau sont liés à la mutation de ce gène.
– Mais la génétique garde encore beaucoup de secrets. Pour le seul cancer du poumon dit non à petites cellules (NSCLC) par exemple, 50% des cas ne peuvent pas être diagnostiqués sur une base génétique…
– C’est vrai. Mais la science a tout de même fait de gros progrès puisqu’en 2004, seules deux mutations génétiques étaient associées à cette forme de cancer. Aujourd’hui on en a détecté onze. Et puis, on a découvert le mécanisme des inhibiteurs de la protéine PD-L1 qui bloque la réponse immunitaire à la formation d’une tumeur. Parmi les fumeurs, il y a beaucoup de mutations génétiques dues à la consommation de tabac. Nous ne les comprenons pas toutes, mais le mécanisme lié à la protéine PD-L1 peut peut-être contourner le problème de la lutte difficile contre certains cancers du poumon encore inexpliqués.
– Etes-vous en faveur de la constitution d’un vaste recueil de données médicales à caractère génétique (mégadonnées ou Big Data)?
– Oui, mais cela dépend comment on le met en place.
– N’y a-t-il pas un risque lié à la protection des données médicales personnelles?
– C’est une bonne question, mais je pense qu’en fin de compte, toute action comporte un risque. Et, en l’occurrence, celui de violer la sphère privée des patients par l’analyse de leur séquençage ADN me paraît très limité. Je suis conscient que cette opinion est peu répandue en Europe, comparé aux Etats-Unis, mais je suis persuadé que le risque de violation de la sphère privée est faible si on le met en relation avec l’énorme bénéfice qui peut être tiré du Big Data médical pour mieux comprendre des maladies mortelles aujourd’hui qu’on pourra sans doute guérir demain.
– Le groupe pharmaceutique Roche est-il engagé dans ce processus de récolte de données?
– Oui, dans la mesure où nous collaborons avec la société Human Longevity, fondée en mars 2014, propriété de Craig Venter, et aussi avec la société 23 and Me qui a recueilli un million de génotypes. Roche a aussi récemment acquis, pour un milliard de dollars, la majorité de la société Foundation Medicine qui fournit des tests génétiques.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/9c6f1ae4-6085-11e5-bcb8-823d68be581d/Garret_Hampton_Le_risque_du_Big_Data_m%C3%A9dical_est_faible
Garret Hampton: Nous fournissons deux médicaments. Erivedge contre le carcinome de la cellule de base, une forme de cancer de la peau due à une mutation génétique d’un récepteur sur la surface de la cellule qui provoque une croissance cellulaire anormale, et Tarciva, un anticancéreux qui bloque une protéine impliquée dans la croissance des tumeurs solides (mutation EGFR).
– Ce projet de l’Institut américain du cancer (NCI) est-il très important pour faire avancer la recherche scientifique?
– Oui. Ces programmes, basés sur des essais cliniques dits en corbeille, sont une manière d’atteindre ce que tout le monde attend de l’industrie pharmaceutique, à savoir une plus grande efficacité des médicaments prescrits. On peut notamment croiser les applications thérapeutiques.
– Par exemple?
– Lorsqu’on choisit un traitement contre le cancer du poumon, on vérifie par un test spécifique si la personne présente une mutation du gène dit BRAF, qui touche 2% des patients. Ce qui veut dire que 98% des patients sont écartés. Or si, avec ce même médicament, on peut traiter tous les autres cancers liés à une mutation du gène BRAF, on améliore fortement le taux d’efficacité du traitement. On sait, par exemple, que certains cancers de la peau sont liés à la mutation de ce gène.
– Mais la génétique garde encore beaucoup de secrets. Pour le seul cancer du poumon dit non à petites cellules (NSCLC) par exemple, 50% des cas ne peuvent pas être diagnostiqués sur une base génétique…
– C’est vrai. Mais la science a tout de même fait de gros progrès puisqu’en 2004, seules deux mutations génétiques étaient associées à cette forme de cancer. Aujourd’hui on en a détecté onze. Et puis, on a découvert le mécanisme des inhibiteurs de la protéine PD-L1 qui bloque la réponse immunitaire à la formation d’une tumeur. Parmi les fumeurs, il y a beaucoup de mutations génétiques dues à la consommation de tabac. Nous ne les comprenons pas toutes, mais le mécanisme lié à la protéine PD-L1 peut peut-être contourner le problème de la lutte difficile contre certains cancers du poumon encore inexpliqués.
– Etes-vous en faveur de la constitution d’un vaste recueil de données médicales à caractère génétique (mégadonnées ou Big Data)?
– Oui, mais cela dépend comment on le met en place.
– N’y a-t-il pas un risque lié à la protection des données médicales personnelles?
– C’est une bonne question, mais je pense qu’en fin de compte, toute action comporte un risque. Et, en l’occurrence, celui de violer la sphère privée des patients par l’analyse de leur séquençage ADN me paraît très limité. Je suis conscient que cette opinion est peu répandue en Europe, comparé aux Etats-Unis, mais je suis persuadé que le risque de violation de la sphère privée est faible si on le met en relation avec l’énorme bénéfice qui peut être tiré du Big Data médical pour mieux comprendre des maladies mortelles aujourd’hui qu’on pourra sans doute guérir demain.
– Le groupe pharmaceutique Roche est-il engagé dans ce processus de récolte de données?
– Oui, dans la mesure où nous collaborons avec la société Human Longevity, fondée en mars 2014, propriété de Craig Venter, et aussi avec la société 23 and Me qui a recueilli un million de génotypes. Roche a aussi récemment acquis, pour un milliard de dollars, la majorité de la société Foundation Medicine qui fournit des tests génétiques.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/9c6f1ae4-6085-11e5-bcb8-823d68be581d/Garret_Hampton_Le_risque_du_Big_Data_m%C3%A9dical_est_faible
http://www.letemps.ch/rw/Le_Temps/Quotidien/2015/09/22/Une/ImagesWeb/P03_TF_Medecine_personalisee.jpg
L’inexorable déclin de l’Eglise protestante
Les Eglises cantonales sont pauvres et les temples vides. Le
protestantisme souffre d’un problème d’identité et de ligne théologique
directrice .C’était l’an dernier, juste avant l’hiver. La paroisse
de Châtelaine rendait les clés du temple. Elle ne parvenait plus à payerprotestantisme souffre d’un problème d’identité et de ligne théologique
directrice .C’était l’an dernier, juste avant l’hiver. La paroisse
le chauffage de l’édifice, 20 000 francs par année. L’Eglise
protestante de Genève (EPG) espérait remplacer cet édifice désaffecté
par une tour de 22 étages, dans l’espoir de sortir des problèmes
financiers. Mais le Département de l’urbanisme n’a pas exaucé sa prière:
la tour était trop haute et le temple présente une valeur patrimoniale
empêchant sa destruction.
Petites misères ecclésiastiques qui ne désespèrent pourtant pas le responsable des finances et de
l’immobilier de l’EPG, Eric Vulliez, à qui incombe la tâche de réaliser
un plan de redressement: «Celui-ci devrait nous ramener à l’équilibre en
2018. Notre objectif est de ne pas licencier, mais nous ne pouvons plus
assumer un pasteur par temple. Nous avons donc mis en place des équipes
paroissiales régionales et ne remplaçons pas les départs à la
retraite.» Avec une baisse des charges de 4,4% l’an dernier et des dons
de 9 millions de francs, le déficit opérationnel se monte à
700 000 francs en 2014, en nette régression. Embellie sur le front
glacial qui menace l’Eglise protestante d’un inexorable déclin.
Déclin, désaffection, désintérêt, on l’appellera comme on veut, mais les
chiffres sont là. Si les caisses sont vides, c’est que les temples
aussi. 50% des protestants suisses ont plus de 50 ans. «Les réformés ont
les mêmes caractéristiques que la population suisse: des gens âgés,
qualifiés, avec peu d’enfants», atteste Christophe Monnot, sociologue
des religions à l’Université de Lausanne. Et le ratio
baptêmes-enterrements est éloquent: si, en 1950, l’Eglise protestante
baptisait 42 000 bébés en Suisse et enterrait 28 000 fidèles, en 2010
cette proportion tombe à 15 000 enfants pour 28 000 inhumations. En
1984, 6000 personnes par an quittaient l’Eglise, alors qu’elles étaient
12 000 en 2010, pour un taux d’affiliation qui reste stable à 2000.
Question finances, les Eglises cantonales romandes sont les plus
pauvres, Genève et Neuchâtel en tête, car financées uniquement par les
dons privés. Il y a trente ans, 100 pasteurs officiaient à Genève, ils
sont 40 aujourd’hui. «On court derrière les restructurations et les
redéploiements qui, lorsqu’ils sont à bout touchant, sont déjà
dépassés», note le pasteur de la cathédrale Saint-Pierre à Genève,
Vincent Schmid. Vaud se porte mieux, car l’institution reçoit une
trentaine de millions de subventions étatiques, notoire exception
suisse. Berne connaît un impôt ecclésiastique, comme d’autres cantons
alémaniques. Mais à marche forcée ou au petit pas, «on accompagne
quelque chose qui s’en va», résume tristement le pasteur vaudois Virgile
Rochat. En silence, car le protestantisme, par essence, ne s’expose ni
ne gémit. Stoïques, ses ministres tentent de réveiller une ferveur à la
seule force du message des Ecritures.
Pourquoi le protestantisme historique ne mobilise-t-il plus les jeunes générations? Auteur de Religion et spiritualité à l’ère de l’ego, le sociologue des religions à l’Université de Lausanne et spécialiste
du protestantisme Jörg Stolz propose une réponse: «Les religions sont
aujourd’hui en concurrence avec le milieu associatif et les loisirs.
L’Eglise doit créer une offre, à laquelle les gens souscriront ou non,
parmi d’autres choix. Les normes religieuses et la notion du devoir sont
mortes dans les années 60.» Le pasteur Vincent Schmid en sait quelque
chose: «Les conférences ou débats que nous organisons rencontrent un vif
intérêt. Mais nous ne gagnons pas de fidèles pour autant. Les gens sont
intéressés par le message, mais pas par l’institution que je
représente.»
Dans la même logique, Jörg Stolz avance que
«le protestantisme est très individualiste, ce qui est en principe
compatible avec la société actuelle. Mais du même coup, il a un problème
d’identité, de ligne théologique directrice. Or, pour qu’une offre
spirituelle marche, il faut a priori un produit, une ligne, des têtes
bien connues et du marketing.»
C’est là que le protestantisme diffère radicalement du catholicisme. Plus rassembleur,
plus dogmatique aussi, ce dernier affiche une ligne, des règles et un
patron, rebutant ou charismatique selon les temps. Le pape François est
incontestablement champion de cette dernière catégorie, «alors que les
protestants n’ont pas de figure forte, d’où une faible visibilité dans
l’espace public», complète Christophe Monnot. Grâce à une offre
globalisée, le catholicisme parvient aussi à fédérer la jeunesse, qui se
donne rendez-vous chaque année à Taizé par exemple. «Beaucoup de jeunes
protestants y vont avec les catholiques, affirme Christophe Monnot,
cette grand-messe fraternisante n’ayant pas d’équivalent chez les
réformés.» Mais si le catholicisme tire mieux son épingle du jeu que le
protestantisme, c’est aussi grâce aux immigrés en provenance du sud de
l’Europe, de l’Afrique ou de l’Amérique latine, qui viennent occuper des
rangs que les autochtones ont abandonnés.
Même phénomène pour les évangéliques, ces mouvements pluriels issus du protestantisme,
méthodistes, pentecôtistes, baptistes, piétistes, charismatiques…
Nourris des migrations, flattant l’émotion collective, assumant le
culte-spectacle et la mystique de groupe, ils donnent l’impression de
croître rapidement. Mais on aurait tort de croire qu’ils siphonnent le
réservoir des protestants traditionnels: «Là où les réformés sont à la
peine, les évangéliques aussi, et inversement», affirme Christophe
Monnot. Il semble même que la frontière ne soit pas si étanche: «On
observe un va-et-vient entre protestants et évangéliques, qui va dans
les deux sens. Il n’est pas rare que des protestants influents
proviennent de courants évangéliques ou aient eu une «phase évangélique»
dans leur vie», assure Jörg Stolz.
Mais c’est peut-être
dans l’essence même du protestantisme qu’il faut trouver une autre
réponse au déclin: «La précarité protestante vient du fait que cette
religion fait la part belle à la conscience individuelle, explique
Christophe Monnot. Ce qui a pour conséquence d’amoindrir le collectif,
donc l’institution. On peut même dire que celle-ci est une organisation
en échec permanent, qui ne parvient à renouveler ni ses usagers, ni ses
structures.» Le voudrait-elle qu’elle n’en aurait pas les moyens,
n’étant pas construite sur un modèle hiérarchique et une offre unitaire
mondialisée.
Ce constat, le pasteur Vincent Schmid l’a fait lui aussi. Sans renoncer aux fondamentaux, il évoque une piste de
réflexion: «Peut-être devrions-nous mieux préciser qui on est et ce
qu’on veut. Proposer une ligne claire, des repères clairs. Constituer
une famille sympathique ne suffit pas.» Orienter sans contraindre,
rester en retrait sans devenir inaudible, la tâche est ardue. Si
l’Eglise protestante de France, par exemple, a accepté dernièrement la
bénédiction de couples homosexuels, c’était assorti d’une clause de
conscience: les pasteurs qui ne partageraient pas cette opinion
pourraient s’en abstenir. On est loin des décrets du Vatican.
Que l’Eglise règne avec fermeté ou promette la liberté, l’époque est à la
sécularisation et au profane. «Mais gardons-nous de pronostiquer la mort
du protestantisme, avertit Jörg Stolz. Car le christianisme, et
notamment le protestantisme, a toujours su innover.» En attendant, ne
pas égarer les clés du temple
En Côte d’Ivoire, l’embellie économique ne freine pas la pauvreté - LeTemps.ch
Développement
lundi 01 décembre 2014
En Côte d’Ivoire, l’embellie économique ne freine pas la pauvreté
Malgré une croissance de 10%, un
habitant sur deux est considéré comme pauvre. En cause principalement:
les effets de la crise post-électorale de 2010, et la destruction des
PME, au nom d’une politique d’assainissement lancée par le gouvernement
Depuis trois ans qu’Alassane Ouattara est au pouvoir, Abidjan vit
au rythme de gigantesques travaux: construction d’un échangeur au sud pour désengorger la ville des bouchons, réalisation d’un troisième pont qui doit être terminé en décembre 2014… La capitale économique ivoirienne est à l’image du pays, en chantier permanent.
Un bon indice pour jauger la confiance retrouvée des investisseurs étrangers,
après la décennie de crise entre 2002 et 2011. Et ce n’est peut-être que le début. En janvier dernier, ces mêmes bailleurs de fonds, dont la
France, la Banque mondiale et l’Union européenne, ont promis d’investir 443 milliards de FCFA (environ 810 millions de francs suisses) dans divers secteurs d’activités générant des emplois.
Une manière de stimuler encore le rapide redressement économique du pays: le PIB, qui
était en repli de 4,7% en 2011 au lendemain de la crise post-électorale, a connu une croissance de 9,8% en 2012, puis de 10% en 2013, selon le Ministère de l’économie ivoirien. L’ambition du gouvernement Ouattara est de maintenir ce taux en 2014.
Pour ce faire, l’Etat a engagé une ambitieuse série de réformes économiques, dans le cadre d’Emergence 2020. Lancé en 2013, ce plan très pragmatique vient soutenir plusieurs
secteurs porteurs de l’économie ivoirienne, notamment le cacao, dont le
pays est le premier producteur mondial. Et cette embellie économique, le gouvernement ne cesse de la rappeler aux populations à coups de publicité dans la presse et sur d’immenses affiches sur la voie
publique.
Mais, au bord de la lagune Ebrié, tous ces chantiers
étatiques peinent à cacher la galère vécue par une large partie de la population, dont la moitié vit avec moins de 1 dollar par jour et doit faire face à la hausse croissante du coût de la vie. «Le prix du kilo de riz ou de viande ne cesse d’augmenter, se lamente le chauffeur de bus
Moussa Bakayoko, la tête entre les mains. Les factures d’eau et d’électricité grimpent. On ne peut pas subvenir à nos besoins et nous ne mangeons qu’une fois par jour… Voilà la réalité.»
En consultation au centre de santé communautaire de Port-Bouët Adjouffou (sud
d’Abidjan), Bakayoko tient une ordonnance de 3000 FCFA (5,50 francs
suisses) pour sa fille, souffrant d’un accès palustre. «Comment vais-je
soigner mon enfant, je n’ai pas les moyens d’acheter les médicaments?»
demande-t-il, impuissant face à une situation presque généralisée dans le pays.
Selon une étude réalisée en 2013 par l’Institut national
de statistique (INS), près de 70% des familles ivoiriennes éprouvent des
difficultés pour se nourrir et se soigner. Plus grave, une famille sur
trois n’a pas accès à l’eau potable, surtout à Abidjan.
A Koumassi-Mossikro, sous-quartier précaire situé au pied du troisième
pont en construction, une dizaine de personnes se bousculent autour
d’une fontaine. «Il faut se réveiller tôt le matin pour chercher de
l’eau, remarque Edith Touré, une commerçante. Les robinets sont régulièrement à sec et on doit parcourir une longue distance pour s’approvisionner.»
Problème récurrent depuis trois ans, la pénurie
d’eau a souvent exposé la population au choléra, dont deux nouveaux cas
ont été détectés mi-novembre à Yopougon (ouest d’Abidjan). «Nous
passons souvent une semaine sans eau. C’est éprouvant», soupire Alice
Aka, 28 ans, vendeuse à Yopougon.
Avec elle, ils sont nombreux les
Ivoiriens à vivre cette souffrance au quotidien, comme l’a souligné
début novembre, le directeur des opérations de la Banque mondiale en
Côte d’Ivoire, Ousmane Diagana. «Le niveau de pauvreté est très élevé en
Côte d’Ivoire. Dans six ou sept régions du pays, il est facile
d’identifier ces populations qui ne jouissent pas des retombées de la
croissance.»
Pour l’enseignant-chercheur à l’Université de Bouaké
Séraphin Yao Prao, cela s’explique par la vague de licenciements
constatée après la crise post-électorale et les récentes destructions
des moyens de production de milliers de petits opérateurs économiques
Cette opération, dite d’assainissement, a largement marqué la classe
populaire ivoirienne: tous les petits commerces qui obstruaient les
voies publiques ont été détruits… et leurs sites ont été cédés à de
grands opérateurs économiques pour construire des supermarchés ou
d’autres grandes industries.
Résultat: de nombreux actifs se sont retrouvés sans emploi – près de 986 220 chômeurs enregistrés en 2013, soit un taux de chômage de 10%. La solution, estime Séraphin Yao Prao,
ne peut que venir de l’Etat. «Tant que le gouvernement n’agira pas sur
les leviers essentiels de lutte contre la pauvreté, la croissance
économique sera virtuelle pour les populations. Parce qu’avec la cherté
actuelle de la vie, ce sont de milliers de familles que l’on conduit
droit à l’abattoir.»
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/86c14ae6-78c8-11e4-af18-ffe6f30f043d/En_C%C3%B4te_dIvoire_lembellie_%C3%A9conomique_ne_freine_pas_la_pauvret%C3%A9
au rythme de gigantesques travaux: construction d’un échangeur au sud pour désengorger la ville des bouchons, réalisation d’un troisième pont qui doit être terminé en décembre 2014… La capitale économique ivoirienne est à l’image du pays, en chantier permanent.
Un bon indice pour jauger la confiance retrouvée des investisseurs étrangers,
après la décennie de crise entre 2002 et 2011. Et ce n’est peut-être que le début. En janvier dernier, ces mêmes bailleurs de fonds, dont la
France, la Banque mondiale et l’Union européenne, ont promis d’investir 443 milliards de FCFA (environ 810 millions de francs suisses) dans divers secteurs d’activités générant des emplois.
Une manière de stimuler encore le rapide redressement économique du pays: le PIB, qui
était en repli de 4,7% en 2011 au lendemain de la crise post-électorale, a connu une croissance de 9,8% en 2012, puis de 10% en 2013, selon le Ministère de l’économie ivoirien. L’ambition du gouvernement Ouattara est de maintenir ce taux en 2014.
Pour ce faire, l’Etat a engagé une ambitieuse série de réformes économiques, dans le cadre d’Emergence 2020. Lancé en 2013, ce plan très pragmatique vient soutenir plusieurs
secteurs porteurs de l’économie ivoirienne, notamment le cacao, dont le
pays est le premier producteur mondial. Et cette embellie économique, le gouvernement ne cesse de la rappeler aux populations à coups de publicité dans la presse et sur d’immenses affiches sur la voie
publique.
Mais, au bord de la lagune Ebrié, tous ces chantiers
étatiques peinent à cacher la galère vécue par une large partie de la population, dont la moitié vit avec moins de 1 dollar par jour et doit faire face à la hausse croissante du coût de la vie. «Le prix du kilo de riz ou de viande ne cesse d’augmenter, se lamente le chauffeur de bus
Moussa Bakayoko, la tête entre les mains. Les factures d’eau et d’électricité grimpent. On ne peut pas subvenir à nos besoins et nous ne mangeons qu’une fois par jour… Voilà la réalité.»
En consultation au centre de santé communautaire de Port-Bouët Adjouffou (sud
d’Abidjan), Bakayoko tient une ordonnance de 3000 FCFA (5,50 francs
suisses) pour sa fille, souffrant d’un accès palustre. «Comment vais-je
soigner mon enfant, je n’ai pas les moyens d’acheter les médicaments?»
demande-t-il, impuissant face à une situation presque généralisée dans le pays.
Selon une étude réalisée en 2013 par l’Institut national
de statistique (INS), près de 70% des familles ivoiriennes éprouvent des
difficultés pour se nourrir et se soigner. Plus grave, une famille sur
trois n’a pas accès à l’eau potable, surtout à Abidjan.
A Koumassi-Mossikro, sous-quartier précaire situé au pied du troisième
pont en construction, une dizaine de personnes se bousculent autour
d’une fontaine. «Il faut se réveiller tôt le matin pour chercher de
l’eau, remarque Edith Touré, une commerçante. Les robinets sont régulièrement à sec et on doit parcourir une longue distance pour s’approvisionner.»
Problème récurrent depuis trois ans, la pénurie
d’eau a souvent exposé la population au choléra, dont deux nouveaux cas
ont été détectés mi-novembre à Yopougon (ouest d’Abidjan). «Nous
passons souvent une semaine sans eau. C’est éprouvant», soupire Alice
Aka, 28 ans, vendeuse à Yopougon.
Avec elle, ils sont nombreux les
Ivoiriens à vivre cette souffrance au quotidien, comme l’a souligné
début novembre, le directeur des opérations de la Banque mondiale en
Côte d’Ivoire, Ousmane Diagana. «Le niveau de pauvreté est très élevé en
Côte d’Ivoire. Dans six ou sept régions du pays, il est facile
d’identifier ces populations qui ne jouissent pas des retombées de la
croissance.»
Pour l’enseignant-chercheur à l’Université de Bouaké
Séraphin Yao Prao, cela s’explique par la vague de licenciements
constatée après la crise post-électorale et les récentes destructions
des moyens de production de milliers de petits opérateurs économiques
Cette opération, dite d’assainissement, a largement marqué la classe
populaire ivoirienne: tous les petits commerces qui obstruaient les
voies publiques ont été détruits… et leurs sites ont été cédés à de
grands opérateurs économiques pour construire des supermarchés ou
d’autres grandes industries.
Résultat: de nombreux actifs se sont retrouvés sans emploi – près de 986 220 chômeurs enregistrés en 2013, soit un taux de chômage de 10%. La solution, estime Séraphin Yao Prao,
ne peut que venir de l’Etat. «Tant que le gouvernement n’agira pas sur
les leviers essentiels de lutte contre la pauvreté, la croissance
économique sera virtuelle pour les populations. Parce qu’avec la cherté
actuelle de la vie, ce sont de milliers de familles que l’on conduit
droit à l’abattoir.»
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/86c14ae6-78c8-11e4-af18-ffe6f30f043d/En_C%C3%B4te_dIvoire_lembellie_%C3%A9conomique_ne_freine_pas_la_pauvret%C3%A9
Viens chez moi, j'habite dans un conteneur
Publié le - Mis à jour le
Photos
Magazine
Séduisantes, étanches, et moins coûteuses, les habitations construite à base de conteneurs font un tabac...
Ils effectuent en quelque sorte leur dernier voyage. Après plusieurs années de bons et loyaux services, des conteneurs échouent dans les entrepôts, sur les chantiers, les ports, ou dans les décharges. Une fin de vie pas vraiment écologique, sauf s'ils se transforment. En habitation par exemple...
Savannah, en Georgie (USA)
Un concept séduisant
Depuis 2000, ce concept explose. C'est à Londres, près des Docks à Trinity Buoy Warf, que l'expérience a interpellé le monde: des conteneurs en fin de vie pour déployer des bureaux et des logements confortables. Et Container City (conçue par Eric Reynolds) attire, surtout les jeunes « bobos » et les artistes pour son principe alternatif, ses loyers plus démocratiques dans une capitale impayable. Étanches, résistants, peu coûteux à l'achat, modulaires à souhait, solides, rapides à aménager, ces cases métalliques envahissent désormais d'autres contrées, comme les Pays-Bas et la France qui les exploitent notamment pour remédier à la pénurie de logements étudiants.
Container City (Londres)
Cité universitaire de Hague (Pays-Bas)
L'intérieur d'une maison en conteneurs (Jiashan, Chine)
Le filon a donc rapidement été repéré par des entreprises, qui aujourd'hui, se consacrent entièrement à ce type de construction. D'autant, que ces blocs de type « Lego » superposables entrent dans un concept d'architecture minimale. Un type d'habitat tout à fait accessible à ceux que le bricolage passionne et aux amateurs d'auto-construction. D'ailleurs au Canada, une famille a réussi à construire sa maison modulaire à l'aide uniquement d'un guide déniché sur internet. Et parfois, les maisons fabriquées avec des conteneurs révèlent de splendides prouesses architecturales.
Graceville (Australie)
El Tiemblo (Espagne)
El Tiemblo, à l'intérieur
Une solution à la crise du logement?
Loin des villas conceptuelles ou résidences de vacances à base de conteneurs, c'est une piste envisagée. Surtout lorsqu'on part du principe que le coût de ces maisons ou appartements modulaires est parfois inférieur de 20 à 50% à celui d'une construction traditionnelle (tout dépend de l'usage, du terrain et des matériaux). En Suisse, un hameau de studios mobiles pour personnes sans domicile vient d'ailleurs de voir le jour à Chêne-Bougeries. Sous le nom d' « Eureka », ce village propose treize studios disposés en cercle. Le loyer est modéré et les locataires doivent participer à la vie communautaire. L'objectif: que les gens s'y sentent bien, le temps de se reconstruire. Chez nous à Jambes, un tel projet devraient se réaliser sur des toits de garages, grâce au soutient du CPAS et de l'asbl Une main tendue. S'il aboutit, des conteneurs seront transformés en logements durables et modulaires pour sans-abris.
Une petite chambre d’hôtes de 35 m2 (San Antonio, Texas)
On les superpose et puis c'est fini?
C'est certain, les habitations en conteneurs sont très séduisantes. Seulement, si l'usage de ces blocs entre dans le concept de recyclage, on ne doit pas oublier pour autant que des aménagements sont nécessaires pour la rendre durable. Les prix peuvent donc vite grimper...
Le métal est un conducteur thermique. Même si le conteneur est reconnu pour sa grande étanchéité, l'isolation reste plus que nécessaire. On peut également l'orienter de manière à ce que la lumière entre un maximum à l'intérieur et augmenter la taille des parties vitrées. Pour une habitation plus écologique, le choix des matériaux est aussi essentiel. Et pourquoi ne pas pousser la « récup » jusqu'au bout? Quant au toit, il peut être remplacé par une toiture végétale plus esthétique, isolante, etc.
En Californie
Et l'intérieur
Attention! Les conteneurs ont parfois transporté des produits toxiques. Difficile d'en connaître la provenance. Mais, ils peuvent tout à fait s'acheter neufs. Seul bémol: le prix presque trois fois supérieur et la perte du concept «habitation recyclée ».
Mais l'énorme avantage, c'est que ce type de maison modulaire peut évoluer en même temps que la famille ou que les ses propres besoins. Il est également possible de la construire petit à petit, en fonction de son budget. Et de déménager avec elle, pourquoi pas...
Construite par Ectotech Design dans le désert de Mojave (Californie)
Par Studio H (Californie)
San José (Costa Rica)
Construite par ECOSA Design Studio à Flagstaff (Arizona)
Ils effectuent en quelque sorte leur dernier voyage. Après plusieurs années de bons et loyaux services, des conteneurs échouent dans les entrepôts, sur les chantiers, les ports, ou dans les décharges. Une fin de vie pas vraiment écologique, sauf s'ils se transforment. En habitation par exemple...
Savannah, en Georgie (USA)
Un concept séduisant
Depuis 2000, ce concept explose. C'est à Londres, près des Docks à Trinity Buoy Warf, que l'expérience a interpellé le monde: des conteneurs en fin de vie pour déployer des bureaux et des logements confortables. Et Container City (conçue par Eric Reynolds) attire, surtout les jeunes « bobos » et les artistes pour son principe alternatif, ses loyers plus démocratiques dans une capitale impayable. Étanches, résistants, peu coûteux à l'achat, modulaires à souhait, solides, rapides à aménager, ces cases métalliques envahissent désormais d'autres contrées, comme les Pays-Bas et la France qui les exploitent notamment pour remédier à la pénurie de logements étudiants.
Container City (Londres)
Cité universitaire de Hague (Pays-Bas)
L'intérieur d'une maison en conteneurs (Jiashan, Chine)
Le filon a donc rapidement été repéré par des entreprises, qui aujourd'hui, se consacrent entièrement à ce type de construction. D'autant, que ces blocs de type « Lego » superposables entrent dans un concept d'architecture minimale. Un type d'habitat tout à fait accessible à ceux que le bricolage passionne et aux amateurs d'auto-construction. D'ailleurs au Canada, une famille a réussi à construire sa maison modulaire à l'aide uniquement d'un guide déniché sur internet. Et parfois, les maisons fabriquées avec des conteneurs révèlent de splendides prouesses architecturales.
Graceville (Australie)
El Tiemblo (Espagne)
El Tiemblo, à l'intérieur
Une solution à la crise du logement?
Loin des villas conceptuelles ou résidences de vacances à base de conteneurs, c'est une piste envisagée. Surtout lorsqu'on part du principe que le coût de ces maisons ou appartements modulaires est parfois inférieur de 20 à 50% à celui d'une construction traditionnelle (tout dépend de l'usage, du terrain et des matériaux). En Suisse, un hameau de studios mobiles pour personnes sans domicile vient d'ailleurs de voir le jour à Chêne-Bougeries. Sous le nom d' « Eureka », ce village propose treize studios disposés en cercle. Le loyer est modéré et les locataires doivent participer à la vie communautaire. L'objectif: que les gens s'y sentent bien, le temps de se reconstruire. Chez nous à Jambes, un tel projet devraient se réaliser sur des toits de garages, grâce au soutient du CPAS et de l'asbl Une main tendue. S'il aboutit, des conteneurs seront transformés en logements durables et modulaires pour sans-abris.
Une petite chambre d’hôtes de 35 m2 (San Antonio, Texas)
On les superpose et puis c'est fini?
C'est certain, les habitations en conteneurs sont très séduisantes. Seulement, si l'usage de ces blocs entre dans le concept de recyclage, on ne doit pas oublier pour autant que des aménagements sont nécessaires pour la rendre durable. Les prix peuvent donc vite grimper...
Le métal est un conducteur thermique. Même si le conteneur est reconnu pour sa grande étanchéité, l'isolation reste plus que nécessaire. On peut également l'orienter de manière à ce que la lumière entre un maximum à l'intérieur et augmenter la taille des parties vitrées. Pour une habitation plus écologique, le choix des matériaux est aussi essentiel. Et pourquoi ne pas pousser la « récup » jusqu'au bout? Quant au toit, il peut être remplacé par une toiture végétale plus esthétique, isolante, etc.
En Californie
Et l'intérieur
Attention! Les conteneurs ont parfois transporté des produits toxiques. Difficile d'en connaître la provenance. Mais, ils peuvent tout à fait s'acheter neufs. Seul bémol: le prix presque trois fois supérieur et la perte du concept «habitation recyclée ».
Mais l'énorme avantage, c'est que ce type de maison modulaire peut évoluer en même temps que la famille ou que les ses propres besoins. Il est également possible de la construire petit à petit, en fonction de son budget. Et de déménager avec elle, pourquoi pas...
Construite par Ectotech Design dans le désert de Mojave (Californie)
Par Studio H (Californie)
San José (Costa Rica)
Construite par ECOSA Design Studio à Flagstaff (Arizona)
Commerce
samedi 11 octobre 2014
L’OMC est sur le point de voler en éclats
L’entité basée à Genève traverse une crise sans précédent.
Entonnerait-elle son chant du cygne? Le représentant de l’Union
européenne a dressé un état de la situation devant son Parlement
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est en crise.
Une de plus. «Celle-là est historique, de par son timing», prévient
Angelos Pangratis. L’ambassadeur et représentant permanent de l’Union
européenne (UE) auprès de l’OMC s’est exprimé fin septembre devant le
Parlement des Vingt-Huit. Son message: on ne lâchera rien, mais
préserver le système commercial multilatéral tel qu’on l’a connu
jusqu’ici s’annonce rude. Selon lui, l’épilogue de cette crise est une
affaire de semaines. Le prochain Conseil général, organe suprême de
l’OMC, a lieu le 21 octobre.L’heure est en effet grave: l’institution basée à Genève traverse une passe qui pourrait conduire à son éclatement. Sinon, à un profond changement de paradigme. Alors que l’OMC a entamé en 2011 une transition délicate. La rupture des négociations, lors de la 8e Conférence ministérielle à Genève, avait choqué par son intensité. Pour sortir de l’ornière, il lui a fallu adopter une approche «ascendante». A savoir, injecter de la flexibilité dans le système, en intégrant davantage les points de vue individuels des membres, tout en «saucissonnant» le processus pour se concentrer en priorité sur des dossiers ayant le plus de chance d’aboutir.
Résultat: les Etats membres ont, pour la première fois depuis la création de l’OMC en 1995, conclu une série de dix accords multilatéraux. Ce résultat – a minima – a permis à l’entité de regagner une certaine crédibilité. Toutefois, l’Inde – notamment – a stoppé net l’élan insufflé en Indonésie, ne respectant pas ses engagements signés fin décembre dernier. New Delhi avait initialement accepté l’échéancier prévoyant de d’abord mettre en œuvre l’accord sur la facilitation des échanges (simplification des procédures douanières), avant de chercher une solution permanente à son besoin de constituer des réserves céréalières (sécurité alimentaire) pour nourrir sa population la plus démunie. Elle exige à présent des garanties immédiates – pour ne pas dire un règlement définitif de la question – concernant son programme de subventions agricoles dépassant les normes admises par l’OM
Que faire? «L’écueil est politique ou tactique, estime
Angelos Pangratis. C’est le fait de lier deux ingrédients de Bali, plus
qu’un problème sur la substance de ces mêmes éléments.» Et le diplomate
d’utiliser la métaphore suivante pour illustrer le problème: «Si vous
brûlez une forêt, elle peut se régénérer d’elle-même. Une centaine de
fois. Mais si vous reboutez le feu alors que de jeunes arbres sont en
train de repousser, il faut tout replanter pour espérer retrouver une
végétation.»
L’homme fort de l’UE à l’OMC entrevoit trois issues possibles à cette crise. Premier scénario: l’Inde se ravise, qu’elle obtienne ou pas une solution permanente anticipée, gardant à l’esprit que ses revendications sur sa sécurité alimentaire sont légitimes. L’OMC retrouverait alors le chemin du multilatéralisme, dans le canevas prévu à Bali. Mais les chances de parvenir à ce résultat paraissent faibles. La probabilité? «Le pourcentage est supérieur à zéro», résume-t-il.
Deuxième hypothèse: le blocage se poursuit et la situation finit par pourrir. «Ce serait la pire des configurations possibles», craint Angelos Pangratis. L’institution serait alors paralysée jusqu’à nouvel ordre. Car sans la mise en œuvre de Bali, il ne peut y avoir d’après-Bali, encore moins une issue à Doha, ronde de négociations lancée en 2001.
Dernière possibilité: la voie plurilatérale. «Si les décisions de décembre ne se concrétisent pas, cette option sera irrésistible pour les Etats attachés à certains acquis. Cette sortie plurilatérale entraînerait une mutation profonde de l’OMC, passant par un débat fondamental sur le cœur de sa mission à venir», imagine l’homme du sérail.
Pourquoi ne pas rouvrir les accords de Bali, afin d’accommoder l’Inde? Inimaginable, selon Angelos Pangratis. «Ce serait dévastateur en termes de crédibilité. De plus, cela impliquerait de devoir renégocier, point par point, un lot d’accords extrêmement complexes», conclut-il.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ebebebf0-509c-11e4-a701-a0e5a8a72efd/LOMC_est_sur_le_point_de_voler_en_%C3%A9clats
L’homme fort de l’UE à l’OMC entrevoit trois issues possibles à cette crise. Premier scénario: l’Inde se ravise, qu’elle obtienne ou pas une solution permanente anticipée, gardant à l’esprit que ses revendications sur sa sécurité alimentaire sont légitimes. L’OMC retrouverait alors le chemin du multilatéralisme, dans le canevas prévu à Bali. Mais les chances de parvenir à ce résultat paraissent faibles. La probabilité? «Le pourcentage est supérieur à zéro», résume-t-il.
Deuxième hypothèse: le blocage se poursuit et la situation finit par pourrir. «Ce serait la pire des configurations possibles», craint Angelos Pangratis. L’institution serait alors paralysée jusqu’à nouvel ordre. Car sans la mise en œuvre de Bali, il ne peut y avoir d’après-Bali, encore moins une issue à Doha, ronde de négociations lancée en 2001.
Dernière possibilité: la voie plurilatérale. «Si les décisions de décembre ne se concrétisent pas, cette option sera irrésistible pour les Etats attachés à certains acquis. Cette sortie plurilatérale entraînerait une mutation profonde de l’OMC, passant par un débat fondamental sur le cœur de sa mission à venir», imagine l’homme du sérail.
Pourquoi ne pas rouvrir les accords de Bali, afin d’accommoder l’Inde? Inimaginable, selon Angelos Pangratis. «Ce serait dévastateur en termes de crédibilité. De plus, cela impliquerait de devoir renégocier, point par point, un lot d’accords extrêmement complexes», conclut-il.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ebebebf0-509c-11e4-a701-a0e5a8a72efd/LOMC_est_sur_le_point_de_voler_en_%C3%A9clats
La crise de trop ou une chance de plus à saisir?
L’OMC est souffrante. Depuis fort longtemps. D’un espoir de rémission fin décembre à Bali, l’affection a récidivé
L’OMC est souffrante. Depuis fort longtemps. D’un espoir
de rémission fin décembre à Bali, l’affection a récidivé. Avec une
intensité si inédite qu’aujourd’hui l’entité présente toutes les
caractéristiques du malade en phase terminale. Faut-il pour autant la
condamner et, déjà, l’enterrer?
Pas encore, estiment certains diplomates – partisans du «too big to fail» –, alors que les capitales, elles, paraissent convaincues du contraire. L’un des scénarios à éviter, selon le représentant de l’Union européenne, serait d’avoir à replanter, une à une, les graines du multilatéralisme à la genevoise.
Au fond, pourquoi pas? Les chevilles ouvrières du bout du lac n’envisagent pas de lâcher prise. S’autoriser à faire table rase du passé semble leur faire craindre une sortie – plus ou moins durable – des radars de leurs gouvernements et parlements, désormais occupés à jardiner leurs accords bilatéraux.
Réinséminer le commerce mondial, quand ce dernier implique 160 partenaires, constitue certes un travail de longue haleine. Mais cette entreprise offrirait l’espoir de repeupler la forêt multilatérale avec des essences moins inflammables. Soit sans doute des arbres plus chétifs, mais davantages résistants aux atteintes de pyromanes.
Quasi plus personne, à l’heure actuelle, ne croit en la possibilité de boucler Doha, soit un agenda vieux de plus d’une décennie. Redéfinir les contours du mandat de l’OMC, tenant compte du nouvel équilibre mondial, sans réintroduire–- telles quelles–- des sources systématiques de blocages, constituerait une planche de salut. Le multilatéralisme, dont l’OMC se revendique le fer de lance, est aussi en crise partout ailleurs. A l’entité basée à Genève de saisir sa chance, faisant de ses tensions internes un exemple à suivre pour l’ensemble de la communauté internationale.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ec06051c-509c-11e4-a701-a0e5a8a72efd/La_crise_de_trop_ou_une_chance_de_plus_%C3%A0_saisir
énergie solaire
vendredi 26
septembre 2014
Pas encore, estiment certains diplomates – partisans du «too big to fail» –, alors que les capitales, elles, paraissent convaincues du contraire. L’un des scénarios à éviter, selon le représentant de l’Union européenne, serait d’avoir à replanter, une à une, les graines du multilatéralisme à la genevoise.
Au fond, pourquoi pas? Les chevilles ouvrières du bout du lac n’envisagent pas de lâcher prise. S’autoriser à faire table rase du passé semble leur faire craindre une sortie – plus ou moins durable – des radars de leurs gouvernements et parlements, désormais occupés à jardiner leurs accords bilatéraux.
Réinséminer le commerce mondial, quand ce dernier implique 160 partenaires, constitue certes un travail de longue haleine. Mais cette entreprise offrirait l’espoir de repeupler la forêt multilatérale avec des essences moins inflammables. Soit sans doute des arbres plus chétifs, mais davantages résistants aux atteintes de pyromanes.
Quasi plus personne, à l’heure actuelle, ne croit en la possibilité de boucler Doha, soit un agenda vieux de plus d’une décennie. Redéfinir les contours du mandat de l’OMC, tenant compte du nouvel équilibre mondial, sans réintroduire–- telles quelles–- des sources systématiques de blocages, constituerait une planche de salut. Le multilatéralisme, dont l’OMC se revendique le fer de lance, est aussi en crise partout ailleurs. A l’entité basée à Genève de saisir sa chance, faisant de ses tensions internes un exemple à suivre pour l’ensemble de la communauté internationale.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ec06051c-509c-11e4-a701-a0e5a8a72efd/La_crise_de_trop_ou_une_chance_de_plus_%C3%A0_saisir
Réponse à Jan Jambon: "J’ai le devoir absolu de m’insurger"
Publié le - Mis à jour le
Belgique
Lily de Gerlache, déportée à Ravensbrück, réplique à Jan Jambon et aux révisionnistes. Entretien Christian Laporte
L
es gens qui ont collaboré avec les Allemands avaient leurs raisons
." Les propos de Jan Jambon (N-VA) à "La Libre" font aussi réagir ceux qui avaient, au contraire, les meilleures raisons de monde de combattre le nazisme…
Lily de Gerlache - van Oost, rescapée de Ravensbrück après avoir été une jeune résistante audacieuse dans l’Armée secrète, le rappelle haut et fort à "La Libre", le jour de ses 91 ans… Figure de proue du travail de mémoire pour les femmes déportées de la Seconde Guerre qui ont fini par avoir leur mémorial à Woluwe-St-Lambert, elle ne peut laisser passer la réponse un tantinet désinvolte du ministre N-VA de l’Intérieur…
Vous qualifiez ses propos de scandaleux…
Oui, au nom de tous ceux et de toutes celles qui ont sacrifié leur jeunesse et souvent leur vie pour notre pays ! J’ai rencontré beaucoup de jeunes Flamands qui me demandaient toujours pourquoi je m’étais engagée au péril de ma vie. Je leur expliquais que le 10 mai 1940, je n’étais pas prête à être militaire mais bien résistante. Car nous n’avions pas d’autre choix. Ma mère, infirmière en 14-18, nous avait mis en garde contre la montée des périls en nous faisant lire "Mein Kampf". Trop d’yeux se sont dessillés trop tard car Hitler y expliquait tout ce qu’il allait entreprendre. Il y a annoncé qu’il voulait créer une race aryenne pour dominer le monde. Il fallait éliminer les juifs, les tsiganes, toutes les bouches inutiles et non rentables pour son projet. Et bien entendu tous ceux qui s’opposeraient à ses projets. Tous ses ennemis étaient dès lors condamnés à mort avec la complicité de nombre de firmes allemandes. Pire, il y expliquait que le jour où il aurait déclaré la guerre au monde, il pourrait en même temps mettre en place une solution finale pour les races considérées impures car on ne viendrait pas l’ennuyer dans son Reich… Ceux qui se sont fourvoyés dans la collaboration ne pouvaient ignorer tout cela. Ils se sont en tout cas lourdement trompés en imaginant que les nazis allaient les intégrer dans leur vision du monde… Sans parler de tous ceux qui se sont engagés par intérêt…
Mais encore…
En même temps qu’était installée une administration soumise à l’occupant alors que le Roi était prisonnier à Laeken, on a fait démissionner les bougmestres pour les remplacer par des hommes à la solde de l’occupant. Beaucoup d’entre eux n’y ont vu que leurs bas intérêts matériels. Au point de faire de la délation, de dénoncer les résistants. Si j’ai été prise par les nazis, c’est suite à une dénonciation du bourgmestre de Gavere de l’époque. "De vogels zijn in de nest" , les oiseaux sont dans le nid, fit-il savoir aux occupants. Avec d’autres résistants, nous avons été pris et certains des nôtres ont été drogués et torturés. Je suis arrivée le 3 septembre 1944 à Ravensbrück…
Bruxelles allait être libérée alors que votre destin a failli basculer loin des vôtres…
Oui, les conditions d’inhumanité vécues là-bas auraient aussi pu m’emporter. Il y avait les réveils et les appels en pleine nuit puis le travail forcé jusqu’à l’épuisement et parfois la mort. Sans oublier les épidémies. Tout cela fit tourner en permanence les fours crématoires. Lorsque nous allions faire notre toilette avec les moyens du bord dans une salle d’eau de fortune, nous nous cognions aux corps entassés. Tout ça doit être dit et redit. Il est absurde d’avancer qu’on ne peut pas juger l’Histoire parce qu’on ne l’a pas vécue. On a vendu des millions d’exemplaires de "Mein Kampf" qui l’annonçaient. Alors quand Le Pen éructe que les chambres à gaz ne furent qu’un détail de l’Histoire, je ne puis qu’exprimer mon effroi.
Que dire de ceux qui prétendent avoir collaboré par idéalisme ou qui disent avoir été abusés par la propagande ?
Nous, nous avons d’emblée choisi de résister face à un régime inacceptable. Mon jeune frère s’est engagé à 15 ans dans la Légion belge qui deviendrait l’Armée secrète. Mes parents ont caché des personnes recherchées par l’occupant tout en distribuant des fausses cartes d’identité pour échapper à ses griffes. Lorsque mes parents ont été emprisonnés, je me suis engagée comme ambulancière à la Croix-Rouge à Gand mais Louis Camu m’a invitée à rejoindre comme "courrier" la résistance et l’AS…
L’enfer des camps vous rattrapa ?
Oui, mais alors que je suis à la fin de ma vie, j’ai envie de dire et de redire merci à toutes celles avec qui j’ai vécu cet enfer car j’ai appris à y vivre courageusement et fraternellement. Ayant contracté le paratyphus, j’ai failli passer de l’autre côté mais j’ai pu recouvrer la santé en Suède. Lorsque je suis rentrée en Belgique, j’ai dû passer un contrôle où on m’a demandé si je n’avais rien à déclarer. Mais l’enthousiasme de l’accueil reçu ensuite, y compris ici en Flandre, m’a vite fait oublier cet épisode très surréaliste… Quoi qu’en disent M. Jambon et consorts, la collaboration, c’était aussi un crime parce qu’on trahissait son pays. La Belgique traverse un moment délicat. Les descendants de ces gens poursuivent leur travail de sape : Bart De Wever veut toujours, c’est clair, la fin de la Belgique et la fin de la monarchie… Et en même temps, il a mis ses fidèles pions en place.
Que faire alors pour que tous les Belges ouvrent leurs yeux sur ce passé ?
Il faut absolument que les jeunes connaissent mieux leur histoire. Moi j’ai le devoir absolu de m’insurger jusqu’à mon ultime souffle car j’ai vécu la Seconde Guerre dans ma chair. Beaucoup de militants et surtout d’électeurs de la N-VA ignorent tout cela; il faut absolument les mettre en garde contre les racistes intégrés dans ce parti et contre ceux qui veulent dépecer notre pays. Il faut rappeler ce passé et refuser toute forme d’oubli, d’amnésie et d’amnistie générale. Et il faut aussi être plus patriote que jamais. Et enfin oser aller à contre-courant au nom des valeurs humanistes. Je pense à la doctoresse alsacienne Heidi Hautval que j’ai rencontrée à Ravensbrück. Elle avait été déportée à Auschwitz parce qu’elle avait aidé une famille juive… Par la suite, elle sauva nombre de prisonnières… Elle aussi avait bien de bonnes raisons de ne pas collaborer avec l’ennemi…
Lily de Gerlache - van Oost, rescapée de Ravensbrück après avoir été une jeune résistante audacieuse dans l’Armée secrète, le rappelle haut et fort à "La Libre", le jour de ses 91 ans… Figure de proue du travail de mémoire pour les femmes déportées de la Seconde Guerre qui ont fini par avoir leur mémorial à Woluwe-St-Lambert, elle ne peut laisser passer la réponse un tantinet désinvolte du ministre N-VA de l’Intérieur…
Vous qualifiez ses propos de scandaleux…
Oui, au nom de tous ceux et de toutes celles qui ont sacrifié leur jeunesse et souvent leur vie pour notre pays ! J’ai rencontré beaucoup de jeunes Flamands qui me demandaient toujours pourquoi je m’étais engagée au péril de ma vie. Je leur expliquais que le 10 mai 1940, je n’étais pas prête à être militaire mais bien résistante. Car nous n’avions pas d’autre choix. Ma mère, infirmière en 14-18, nous avait mis en garde contre la montée des périls en nous faisant lire "Mein Kampf". Trop d’yeux se sont dessillés trop tard car Hitler y expliquait tout ce qu’il allait entreprendre. Il y a annoncé qu’il voulait créer une race aryenne pour dominer le monde. Il fallait éliminer les juifs, les tsiganes, toutes les bouches inutiles et non rentables pour son projet. Et bien entendu tous ceux qui s’opposeraient à ses projets. Tous ses ennemis étaient dès lors condamnés à mort avec la complicité de nombre de firmes allemandes. Pire, il y expliquait que le jour où il aurait déclaré la guerre au monde, il pourrait en même temps mettre en place une solution finale pour les races considérées impures car on ne viendrait pas l’ennuyer dans son Reich… Ceux qui se sont fourvoyés dans la collaboration ne pouvaient ignorer tout cela. Ils se sont en tout cas lourdement trompés en imaginant que les nazis allaient les intégrer dans leur vision du monde… Sans parler de tous ceux qui se sont engagés par intérêt…
Mais encore…
En même temps qu’était installée une administration soumise à l’occupant alors que le Roi était prisonnier à Laeken, on a fait démissionner les bougmestres pour les remplacer par des hommes à la solde de l’occupant. Beaucoup d’entre eux n’y ont vu que leurs bas intérêts matériels. Au point de faire de la délation, de dénoncer les résistants. Si j’ai été prise par les nazis, c’est suite à une dénonciation du bourgmestre de Gavere de l’époque. "De vogels zijn in de nest" , les oiseaux sont dans le nid, fit-il savoir aux occupants. Avec d’autres résistants, nous avons été pris et certains des nôtres ont été drogués et torturés. Je suis arrivée le 3 septembre 1944 à Ravensbrück…
Bruxelles allait être libérée alors que votre destin a failli basculer loin des vôtres…
Oui, les conditions d’inhumanité vécues là-bas auraient aussi pu m’emporter. Il y avait les réveils et les appels en pleine nuit puis le travail forcé jusqu’à l’épuisement et parfois la mort. Sans oublier les épidémies. Tout cela fit tourner en permanence les fours crématoires. Lorsque nous allions faire notre toilette avec les moyens du bord dans une salle d’eau de fortune, nous nous cognions aux corps entassés. Tout ça doit être dit et redit. Il est absurde d’avancer qu’on ne peut pas juger l’Histoire parce qu’on ne l’a pas vécue. On a vendu des millions d’exemplaires de "Mein Kampf" qui l’annonçaient. Alors quand Le Pen éructe que les chambres à gaz ne furent qu’un détail de l’Histoire, je ne puis qu’exprimer mon effroi.
Que dire de ceux qui prétendent avoir collaboré par idéalisme ou qui disent avoir été abusés par la propagande ?
Nous, nous avons d’emblée choisi de résister face à un régime inacceptable. Mon jeune frère s’est engagé à 15 ans dans la Légion belge qui deviendrait l’Armée secrète. Mes parents ont caché des personnes recherchées par l’occupant tout en distribuant des fausses cartes d’identité pour échapper à ses griffes. Lorsque mes parents ont été emprisonnés, je me suis engagée comme ambulancière à la Croix-Rouge à Gand mais Louis Camu m’a invitée à rejoindre comme "courrier" la résistance et l’AS…
L’enfer des camps vous rattrapa ?
Oui, mais alors que je suis à la fin de ma vie, j’ai envie de dire et de redire merci à toutes celles avec qui j’ai vécu cet enfer car j’ai appris à y vivre courageusement et fraternellement. Ayant contracté le paratyphus, j’ai failli passer de l’autre côté mais j’ai pu recouvrer la santé en Suède. Lorsque je suis rentrée en Belgique, j’ai dû passer un contrôle où on m’a demandé si je n’avais rien à déclarer. Mais l’enthousiasme de l’accueil reçu ensuite, y compris ici en Flandre, m’a vite fait oublier cet épisode très surréaliste… Quoi qu’en disent M. Jambon et consorts, la collaboration, c’était aussi un crime parce qu’on trahissait son pays. La Belgique traverse un moment délicat. Les descendants de ces gens poursuivent leur travail de sape : Bart De Wever veut toujours, c’est clair, la fin de la Belgique et la fin de la monarchie… Et en même temps, il a mis ses fidèles pions en place.
Que faire alors pour que tous les Belges ouvrent leurs yeux sur ce passé ?
Il faut absolument que les jeunes connaissent mieux leur histoire. Moi j’ai le devoir absolu de m’insurger jusqu’à mon ultime souffle car j’ai vécu la Seconde Guerre dans ma chair. Beaucoup de militants et surtout d’électeurs de la N-VA ignorent tout cela; il faut absolument les mettre en garde contre les racistes intégrés dans ce parti et contre ceux qui veulent dépecer notre pays. Il faut rappeler ce passé et refuser toute forme d’oubli, d’amnésie et d’amnistie générale. Et il faut aussi être plus patriote que jamais. Et enfin oser aller à contre-courant au nom des valeurs humanistes. Je pense à la doctoresse alsacienne Heidi Hautval que j’ai rencontrée à Ravensbrück. Elle avait été déportée à Auschwitz parce qu’elle avait aidé une famille juive… Par la suite, elle sauva nombre de prisonnières… Elle aussi avait bien de bonnes raisons de ne pas collaborer avec l’ennemi…
Une grande résistante
Jeunesse.
La baronne Lily (Anne-Marie) de Gerlache-van Oost est née le 20
octobre 1923 à Gand dans une famille aisée qui cultivait un grand esprit
patriotique. Pas étonnant que dès mai 1940, la jeune fille ait, elle
aussi, voulu servir son pays comme les siens en 14-18.
Résistance.
Ambulancière, Lily van Oost se chargea de l’aide aux blessés et
encadra les enfants des prisonniers de guerre à Gand. A partir de 1943,
son domicile et la maison de campagne à Mullem se muèrent en boîtes aux
lettres pour l’Armée secrète. En mai 44, le chef de la zone 3 de l’AS
lui demanda d’entrer dans le maquis en vue du D-Day. Lily van Oost, qui
n’avait pas froid aux yeux, eut des missions de messagère et de
transport d’armes dans la région de Bruges. Elle fut arrêtée à
Bruxelles, le 28 juillet 44 et déportée en Allemagne.
Famille.
Après la guerre elle épousa Gaston de Gerlache de Gomery qui avait
servi dans la RAF et explorateur de l’Antarctique tout comme son père
Adrien qui lui donna 5 enfants, 18 petits-enfants et de nombreux
arrière-petits-enfants.
Bourgmestre honoraire.
Lily de Gerlache a aussi pris une belle revanche sur ceux qui
l’avaient dénoncée en devenant bourgmestre de Mullem juste avant les
fusions comme le fit pendant 18 ans avant elle son époux. Très impliquée
dans la vie locale, elle a aussi cultivé toute sa vie la passion des
roses comme son père. Elle créa les Amis de la rose/De Vrienden van de
Roos qui a essaimé dans tout le pays… Une rose porte aussi son nom…
Sur les campus, un gisement – inexploité – d’incroyables talents
Quiconque a pu côtoyer, ne serait-ce que quelques heures, l'une de ces nombreuses structures qui, dans les universités et les grandes écoles, se consacrent à l'innovation ou à la création d'entreprise - incubateurs, formations à l'entrepreneuriat, compétitions de projets innovants, laboratoires de recherche, structures de valorisation, etc. - en revient en général à la fois ébranlé et partagé.D'un côté, l'observateur (ou le journaliste) ressort de l'expérience ragaillardi, dynamisé, plein d'enthousiasme et d'optimisme pour l'avenir de la société française et son inéluctable rebond. Car ces étudiants, ces doctorants, ces chercheurs et ces jeunes profs constituent un immense, un incroyable gisement de talents et d'énergie créatrice. Ils sont animés par une véritable fringale d'entreprendre et d'innover. Ils regorgent d'idées neuves (parfois carrément géniales, n'ayons pas peur des mots), de projets originaux, d'ambition et d'envie. De quoi générer des dizaines, des centaines de milliers d'emplois. Peu de pays disposent d'un tel atout. C'est le premier, sans aucun doute, sur lequel la France peut compter pour sortir de l'ornière dans laquelle elle se débat depuis des années.
De nombreuses start-up rachetées par des investisseurs étrangers
Mais l'observateur revient aussi de cette immersion profondément désabusé. Comment notre société, nos pouvoirs publics, nos décideurs peuvent-ils ne pas faire usage d'un tel potentiel et le laisser perdre ? Car d'autres pays - Etats-Unis, Canada, Allemagne, Royaume-Uni - ont compris : ils déploient tout leur arsenal de séduction pour attirer et recruter nos diplômés, ils rachètent à tour de bras nos start-up les plus prometteuses, en mal de financement. Lors d'une soirée récente organisée par les Arts & Métiers et dédiée à "l'envie d'entreprendre", Jean Therme, patron du CEA Tech (une bonne centaine de start-up à son actif), citait ainsi le cas de trois jeunes pousses pleines d'avenir, opérant sur des domaines porteurs et qui, faute de soutien dans l'Hexagone, ont émigré aux Etats-Unis, en Allemagne et même... en Russie. Les exemples de ce type abondent.
"Nous avons un réservoir d'emplois considérable, soulignait Jacques Paccard, le président de la Société des ingénieurs Arts & Métiers, lors de la même soirée. Un laboratoire de 1.500 personnes donne lieu en moyenne à la création de 3.000 emplois. A nous de mobiliser cette ressource."
Comment, aussi, notre société peut-elle passer autant de temps à des débats stériles ou à commenter la dernière saillie de tel "people", engloutir autant d'argent dans des projets dénués d'intérêt (268 millions d'euros pour la seule rénovation du stade Vélodrome à Marseille) - et dans le même temps, laisser les universités et même les grandes écoles dans la disette - sans parler des laboratoires de recherche ? Pourquoi aussi peu de réflexion sur les vrais enjeux, aussi peu d'intérêt pour l'avenir ? Quand viendra la prise de conscience ? Les politiques, de droite comme de gauche, ont leur part de responsabilité dans ce gaspillage de talents, tout comme les chefs d'entreprise, et les "décideurs" en général. Mais en réalité, c'est toute la société qui en est responsable. Et même coupable.
http://focuscampus.blog.lemonde.fr/2014/10/18/sur-les-campus-un-gisement-inexploite-dincroyables-talents/
La pérovskite révolutionne le solaire
A Lausanne, un laboratoire a développé une nouvelle catégorie de
cellules photovoltaïques à base de pérovskite, un matériau à bas coût.
Les chercheurs les ont associé à un système d’électrolyse de l’eau
permettant de convertir efficacement l’énergie solaire en hydrogène
Pérovskite. Retenez bien ce mot. Il résume l’une des
plus incroyables compétitions du moment dans le monde scientifique, une
véritable quête du Graal: la production, grâce à ce matériau abondant,
d’une électricité solaire si peu chère qu’elle pourrait rivaliser,
enfin, avec les autres sources d’énergie. Un groupe conduit par Michael Grätzel, à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne,
associé à l’Université Nanyang de Singapour et l’Université coréenne de
Sungkyunkwan, confirme aujourd’hui son avance dans le domaine, avec de nouveaux travaux publiés dans Science
. Ils décrivent un système à haute performance qui produit
de l’hydrogène à partir d’eau et d’énergie solaire. Autrement dit, un
outil qui permettrait de mettre le soleil en bouteille pour les jours de
grisaille!
La pérovskite, c’est un cristal d’aspect métallique, de couleur noire ou brun-rouge. Il a été ainsi baptisé pour rendre hommage au minéralogiste russe Lev Perovski. Sur le plan chimique, le premier composé montrant la structure d’une pérovskite associait du calcium, du titane, et de l’oxygène. Pendant longtemps, la pérovskite était surtout utilisée pour fabriquer certains composants électroniques, et plus récemment pour produire des matériaux sans résistance électrique (supraconducteurs). Il y a cinq ans, ce matériau est soudainement apparu comme candidat crédible au remplacement des très coûteuses cellules solaires en silicium, grâce aux travaux de l’équipe du Japonais Tsutomu Miyasaka, à l’Université de Tokyo. Celui-ci a présenté en 2009 les premières cellules solaires utilisant un composé hybride à base de pérovskite. Une évolution de la cellule à colorant, inventée en 1991 par Michael Grätzel. Mais ces premières cellules de Tsutomu Miyasaka ne transformaient que 3,8% de la lumière en électricité, contre 20% pour les cellules en silicium polycristallin, et 25% pour celles en silicium monocristallin.
Depuis, les progrès ont été très impressionnants, «en grande partie grâce aux travaux de Michael Grätzel publiés en 2012 et 2013», souligne le Français Jacky Even, physicien théoricien à l’Institut national des sciences appliquées de Rennes, qui se penche sur les propriétés de la pérovskite hybride depuis 2010. Début septembre, dans un article de prospective écrit pour Nature Materials , Michael Grätzel rappelait que le record, pour des cellules solaires en pérovskite était de 17,9%, par une équipe coréenne. Moins de deux semaines plus tard, un groupe américain a annoncé, lors d’un colloque, avoir franchi la barre des 19%. «Ce qui se passe dans ce domaine est incroyable, commente Jacky Even. Après cinq ans seulement, ce matériau à très bas coût peut déjà rivaliser, en laboratoire, avec le silicium polycristallin.»
La pérovskite, c’est un cristal d’aspect métallique, de couleur noire ou brun-rouge. Il a été ainsi baptisé pour rendre hommage au minéralogiste russe Lev Perovski. Sur le plan chimique, le premier composé montrant la structure d’une pérovskite associait du calcium, du titane, et de l’oxygène. Pendant longtemps, la pérovskite était surtout utilisée pour fabriquer certains composants électroniques, et plus récemment pour produire des matériaux sans résistance électrique (supraconducteurs). Il y a cinq ans, ce matériau est soudainement apparu comme candidat crédible au remplacement des très coûteuses cellules solaires en silicium, grâce aux travaux de l’équipe du Japonais Tsutomu Miyasaka, à l’Université de Tokyo. Celui-ci a présenté en 2009 les premières cellules solaires utilisant un composé hybride à base de pérovskite. Une évolution de la cellule à colorant, inventée en 1991 par Michael Grätzel. Mais ces premières cellules de Tsutomu Miyasaka ne transformaient que 3,8% de la lumière en électricité, contre 20% pour les cellules en silicium polycristallin, et 25% pour celles en silicium monocristallin.
Depuis, les progrès ont été très impressionnants, «en grande partie grâce aux travaux de Michael Grätzel publiés en 2012 et 2013», souligne le Français Jacky Even, physicien théoricien à l’Institut national des sciences appliquées de Rennes, qui se penche sur les propriétés de la pérovskite hybride depuis 2010. Début septembre, dans un article de prospective écrit pour Nature Materials , Michael Grätzel rappelait que le record, pour des cellules solaires en pérovskite était de 17,9%, par une équipe coréenne. Moins de deux semaines plus tard, un groupe américain a annoncé, lors d’un colloque, avoir franchi la barre des 19%. «Ce qui se passe dans ce domaine est incroyable, commente Jacky Even. Après cinq ans seulement, ce matériau à très bas coût peut déjà rivaliser, en laboratoire, avec le silicium polycristallin.»
Favoriser la co-construction pour des politiques de développement plus efficaces
28 août 2014
Photo Copyright Trevor Samson World Bank
Depuis une quinzaine d’années, le paysage du développement est beaucoup plus complexe et multiforme que lorsque les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été officiellement adoptés en 2000. L’Aide publique au développement est loin d’être la seule ressource pour le développement. Une diversité d’acteurs et différentes formes de financement sont en train d’émerger dans l’écosystème de l’aide au développement. Les investissements privés, les transferts d’argent des migrants et la philanthropie individuelle ont contribué à largement augmenter le flux de ressources. La mise en place d’un partenariat entre tous les acteurs doit être un élément essentiel du nouveau programme de développement.
Renforcer l’effet de levier de l’aide
Globalement, les flux financiers vers les pays en développement ont représenté près 680 milliards de dollars US en 2011 : 138 milliards de dollars US pour l’APD, 59 milliards de dollars US pour les dons philanthropiques (qui ont augmenté de 128% depuis 2000) et 410 milliards de dollars US pour les investissements privés (investissements directs étrangers, crédits d’export,…) qui restent la source la plus importante de financement pour les pays en développement [1] .Les envois de fonds des populations migrantes jouent également un rôle de plus en plus important dans les économies de nombreux pays, contribuant à la croissance économique et à la subsistance des populations les moins prospères, sans toutefois véritablement toucher les plus pauvres. Selon les estimations de la Banque mondiale, les flux financiers des migrants, bien que sensibles aux conditions économiques des pays développés, représentent en général 3 fois le volume d’APD. En 2014, 436 milliards de dollar US sont attendus.
Aujourd’hui les interactions entre aide au développement, investissements privés, échanges et nouveaux acteurs du développement offrent de nouvelles possibilités pour faire jouer l’effet de levier de l’aide sur les flux de ressources privées. L’enjeu est évident : une réelle coopération entre les acteurs du développement permettrait que les ressources supplémentaires de toutes origines soient utilisées dans un souci d’efficacité maximum. C’est précisément ce que préconisait le Consensus de Monterrey de 2002, dont les principes ont été réaffirmés lors de la conférence de Doha de 2008 et par le panel de haut niveau pour l’agenda post-2015.
Mettre en place un partenariat entre tous les acteurs
Les conclusions de ces instances convergent vers l’idée que la lutte contre la pauvreté et les inégalités ne peut plus reposer exclusivement sur les gouvernements et que la mise en place d’un partenariat entre tous les acteurs doit être un élément essentiel du nouveau programme de développement [2] .Le rôle des OMD dans les remarquables progrès sociaux enregistrés depuis 2000 est reconnu : en 13 ans le nombre de personnes vivant au dessous du seuil de pauvreté mondial s’est réduit de 500 millions. Mais, même si de nombreux pays en développement ont connu une croissance économique significative, les OMD seront loin d’être tous atteints en 2015. De plus, certaines grandes évolutions mondiales sont inquiétantes : les inégalités s’accroissent entre et à l’intérieur de la plupart des pays du monde et même les sociétés des pays à haut revenus s’en trouvent fragilisées. La croissance démographique risque d’amplifier ces tensions : la population de la planète va passer de 7 milliards aujourd’hui à 8 milliards en 2030 dont 5 milliards d’urbains.
Il est désormais indispensable que les agendas de l’aide au développement, de la croissance et de la protection de l’environnement se rejoignent pour atteindre un développement plus équitable, stable, soutenable et sans pauvreté. Tel est le principal défi auquel répond le rapport du Panel de haut niveau pour le post-2015 en appelant la promotion d’un développement durable et la mise en place d’un partenariat mondial entre les acteurs publics, privés et la société civile.
L’APD reste évidemment une source de financement vitale pour des pays les moins avancés, notamment les pays les plus pauvres d’Afrique subsaharienne qui subissent une baisse des flux d’aide et n’attirent pas les IDE. Mais à l’approche de l’échéance des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015 et à la veille de l’adoption d’Objectifs pour le développement durable (ODD), l’APD doit revoir son rôle pour être un véritable catalyseur de la construction d’un environnement institutionnel, social et politique favorable à l’arrivée d’autres types de capitaux.
L’enjeu consiste à adopter des politiques économiques qui permettent aux pauvres et aux groupes vulnérables, notamment les femmes, de bénéficier de la croissance économique et du développement. Cette démarche d’économie « inclusive » est précisément cette qui est proposée par Emmanuel Faber et Jai Naidoo dans leur rapport de 2014 : « 10 propositions pour une nouvelle approche de l’aide au développement »[3] . Ils préconisent de « repenser l’aide au développement pour mieux l’articuler avec la richesse et la complexité des nouvelles démarches de l’économie inclusive, mettre en place des coalitions d’acteurs sur des projets concrets où, entreprises, ONG, pouvoirs publics, travaillent ensemble dans une logique de co-création ».
Les entreprises interviennent d’ores et déjà en mettant en place des stratégies marketing pour attendre de nouveaux marchés à la Base de la Pyramide, ciblant les 4 milliards de personnes vivant avec moins de 2 dollars par jour. Grâce à des initiatives de social business, activités rentables économiquement mais à finalité sociale, elles démontrent également leur capacité à démultiplier les innovations sociales portées initialement par les ONG et associations.
Poursuivre les efforts pour une finance toujours plus robuste et inclusive
La mise en place d’un secteur financier solide et solidaire est essentielle à la mobilisation des ressources nationales et devrait être un élément important des stratégies nationales de développement. En effet, pour parvenir à un développement équitable et promouvoir une économie dynamique, il est indispensable de disposer de systèmes financiers diversifiés, bien réglementés et inclusifs qui favorisent l’épargne et la dirigent vers des projets viables générateurs de croissance. L’infrastructure financière doit pouvoir un accès particulier pour les femmes, les populations rurales et les pauvres mais aussi offrir un choix de produits et de services viables aux très petites, petites et moyennes entreprises, dont l’impact en termes d’emploi et de lutte contre la pauvreté et la précarité est décisif.La microfinance, y compris le microcrédit, s’est révélée efficace pour créer des emplois indépendants productifs qui sont susceptibles de contribuer à la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international. Il est aujourd’hui nécessaire de soutenir de façon appropriée et coordonnée les efforts déployés par les pays en développement, en particulier pour renforcer les capacités de leurs institutions de microfinance, y compris celles de microcrédit.
Le Forum Mondial Convergences, invitant les acteurs privés, publics et solidaires à construire tous ensemble l’agenda post-2015, représente le type même d’événement fédérateur qui peut faire tomber les barrières entre l’aide au développement des Etats, l’action de solidarité internationale des ONG et les investissements à fort impacts sociaux des entreprises, des banques et des philanthropes individuels. Cette initiative citoyenne favorise l’émergence de coalitions d’acteurs pour mieux contribuer à remporter le combat contre la pauvreté, la maladie et l’ignorance, et co-construire une économie réellement inclusive. C’est ensemble également qu’ils trouveront les solutions pour changer nos modèles de croissance, n’assurant pas le renouvellement des ressources naturelles, énergivores, et générant d’importantes inégalités.
[1] Hudson Institute, Center for Global Prosperity : The Index of Global Philanthropy and Remittances 2013.
[2] ONU (2013) « Pour un nouveau partenariat mondial : Vers l’éradication de la pauvreté et la transformation des économies par le biais du développement durable », Rapport du Groupe de personnalités de haut niveau chargé du programme de développement pour l’après 2015.
[3] Ministère des Affaires Etrangères et du développement international, Direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats, « Innover par la mobilisation des acteurs : 10 propositions pour une nouvelle approche de l’aide au développement », Rapport d’orientation, 2014.
/http://ideas4development.org/favoriser-co-construction-politiques-developpement-efficaces/
Les MOOC ou la réinvention de l’enseignement
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Opinions
J’ai d’abord fait la connaissance de Coursera, une start-up née à Stanford qui a levé des dizaines de millions de dollars pour devenir le leader des MOOC. Des centaines de professeurs sont déjà présents. Coursera m’invitait à en être un supplémentaire et à participer à leur congrès en août !
J’ai aussi réalisé que Coursera n’était pas seul. EDX, par exemple, avec qui l’UCL a maintenant des accords, se pose en concurrent même s’il ne s’agit pas là d’une entreprise privée, mais d’une initiative de Harvard et du MIT (2). EDX est officiellement "sans but lucratif", ce qui fait un peu sourire quand on connaît le luxe des deux universités de la banlieue chic de Boston.
Tout à coup, j’ai compris que je devrais enregistrer quarante-deux vidéos par groupe de sept, en anglais, pour un total de cinq heures ! Chaque session devait en plus être accompagnée d’exercices. La préparation fut un très gros travail, elle nécessita de repenser et redécouper tout mon cours, d’inventer de nouvelles illustrations pour être libre de droits, etc. Et puis j’ai passé trois jours entiers en studio avec une équipe de professionnels, face à une caméra qui n’avait sans doute jamais entendu parler en même temps de Platon et de vision stratégique.
Coursera semble penser à tout. Des algorithmes sont petit à petit mis au point pour corriger les examens. Soit les élèves s’évaluent aléatoirement les uns les autres, soit des professeurs corrigent quelques centaines d’examens et initialisent ainsi un logiciel qui corrige automatiquement la suite. Coursera vend déjà aujourd’hui des certificats, demain délivrera des diplômes… et se constitue un gigantesque réservoir de CV !
On se dirige vers le "flipped classroom". Un jour les élèves feront à la maison ce que nous faisions à l’école, c’est-à-dire écouter un professeur, et feront à l’école ce que nous faisions à la maison, c’est-à-dire les devoirs et les leçons. Les professeurs devront se réinventer, car aujourd’hui ce sont les élèves qui les choisissent.
Ce lundi 14 avril, mon MOOC (3) sera ouvert. J’ai plus de 50 000 inscrits venus du monde entier pour m’accompagner six lundis consécutifs, par groupe de sept vidéos. A Centrale, une personne est chargée de lire ce qui se passe sur le forum. Advienne que Coursera !
La suite de l’aventure risque de me demander plus de travail encore. A la rentrée prochaine, par exemple, je donnerai cours à des élèves qui seront supposés avoir vu mon cours… Je ne vois pas comment je vais faire. Cela qui semble bien être dans l’esprit des MOOC, car on ne sait pas où on va, mais tout le monde y va !
Quand, en juin 2013, la direction de l’école
Centrale Paris m’a demandé de faire un MOOC basé sur mon cours de
philosophie appliquée aux entreprises, j’ai dit oui. Je n’avais jamais
entendu parler de MOOC et je ne savais pas que cela voulait dire
"Massive Online Open Course" (1). Mais j’ai dit oui, parce que cela
participait du futur de l’enseignement, et que ma passion pour la
pédagogie y trouverait certainement de nouveaux horizons.
La
surprise fut grande, et je n’en suis pas encore arrivé au bout. Ce ne
sont pas quelques concepts inédits que j’ai commencé à découvrir, mais
bien un tout nouvel univers qui va à terme bouleverser complètement la
vie des écoles et des universités, un "tsunami numérique", comme le dit un livre récemment paru en France.J’ai d’abord fait la connaissance de Coursera, une start-up née à Stanford qui a levé des dizaines de millions de dollars pour devenir le leader des MOOC. Des centaines de professeurs sont déjà présents. Coursera m’invitait à en être un supplémentaire et à participer à leur congrès en août !
J’ai aussi réalisé que Coursera n’était pas seul. EDX, par exemple, avec qui l’UCL a maintenant des accords, se pose en concurrent même s’il ne s’agit pas là d’une entreprise privée, mais d’une initiative de Harvard et du MIT (2). EDX est officiellement "sans but lucratif", ce qui fait un peu sourire quand on connaît le luxe des deux universités de la banlieue chic de Boston.
Tout à coup, j’ai compris que je devrais enregistrer quarante-deux vidéos par groupe de sept, en anglais, pour un total de cinq heures ! Chaque session devait en plus être accompagnée d’exercices. La préparation fut un très gros travail, elle nécessita de repenser et redécouper tout mon cours, d’inventer de nouvelles illustrations pour être libre de droits, etc. Et puis j’ai passé trois jours entiers en studio avec une équipe de professionnels, face à une caméra qui n’avait sans doute jamais entendu parler en même temps de Platon et de vision stratégique.
Coursera semble penser à tout. Des algorithmes sont petit à petit mis au point pour corriger les examens. Soit les élèves s’évaluent aléatoirement les uns les autres, soit des professeurs corrigent quelques centaines d’examens et initialisent ainsi un logiciel qui corrige automatiquement la suite. Coursera vend déjà aujourd’hui des certificats, demain délivrera des diplômes… et se constitue un gigantesque réservoir de CV !
On se dirige vers le "flipped classroom". Un jour les élèves feront à la maison ce que nous faisions à l’école, c’est-à-dire écouter un professeur, et feront à l’école ce que nous faisions à la maison, c’est-à-dire les devoirs et les leçons. Les professeurs devront se réinventer, car aujourd’hui ce sont les élèves qui les choisissent.
Ce lundi 14 avril, mon MOOC (3) sera ouvert. J’ai plus de 50 000 inscrits venus du monde entier pour m’accompagner six lundis consécutifs, par groupe de sept vidéos. A Centrale, une personne est chargée de lire ce qui se passe sur le forum. Advienne que Coursera !
La suite de l’aventure risque de me demander plus de travail encore. A la rentrée prochaine, par exemple, je donnerai cours à des élèves qui seront supposés avoir vu mon cours… Je ne vois pas comment je vais faire. Cela qui semble bien être dans l’esprit des MOOC, car on ne sait pas où on va, mais tout le monde y va !
(1) CLOM selon la terminologie française officielle : Cours en ligne ouvert aux masses (NdlR)
(2) Massachusetts Institute of Technology.
(3) Il est intitulé "La stratégie : ce que les managers peuvent apprendre des grands philosophes" (NdlR).
Luc de Brabandere
Mathématicien et philosophe. Professeur à Centrale Paris et à Louvain School of Management.
portrait
vendredi21 septembre 2012
http://www.lalibre.be/debats/opinions/les-mooc-ou-la-reinvention-de-l-enseignement-5346b7123570d35ee3eb0685
http://www.lalibre.be/debats/opinions/les-mooc-ou-la-reinvention-de-l-enseignement-5346b7123570d35ee3eb0685
L’enseignement online entre dans les universités belges
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Belgique
Vincent Wertz, prorecteur à l’enseignement de l’UCL, explique pourquoi : " L’idée était de se lancer dans les MOOC’s et de donner de la qualité au contenu. Une trentaine d’universités font partie du consortium edX et l’UCL est la seule université en Belgique à y proposer des cours en ligne et la première, au niveau mondial, à y proposer des cours en français. Le cours le plus populaire (de programmation informatique) comptabilise déjà 21 746 participants."
Si l’UCL fait figure de pionnier en Belgique, les autres universités de notre pays ont également pris conscience de l’importance de ce mouvement. Dominique Verpoorten, responsable de la cellule eCampus (IFRES) de l’Université de Liège, suit de près le phénomène : "L’ULG ne dispose pas encore d’une initiative comparable à celle de l’UCL. De façon générale, nous ne nions pas l’intérêt des MOOC’s mais nous restons assez prudents quant à l’effet d’annonce qu’ils génèrent et par rapport à l’évolution de la gratuité du service. Nous préférons baser notre travail en la matière sur l’e-learning (l’apprentissage sur Internet) en général et pas seulement sur les MOOC’s."
Un avis partagé par Philippe Emplit, vice-recteur de l’Université libre de Bruxelles : "Nous sommes encore en train de chercher la plateforme la plus adéquate mais l’ULB est dans les starting-blocks au niveau du lancement de contenu de cours en ligne." Pour lui, cette émergence de l’e-learning est révélatrice d’une tendance dans l’enseignement supérieur : "Mon avis est que l’université peut et doit transformer une partie de son enseignement pour l’ouvrir vers l’extérieur. Nous avons une mission de diffusion des connaissances et ce système de plateforme va permettre de la remplir au mieux."
Le cabinet du ministre de l’enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt (PS) tient pourtant à mettre en avant son implication dans les projets du genre : "Il ne s’agit pas d’une première et la Fédération Wallonie-Bruxelles a été à la manœuvre ou partenaire direct dans des projets prototypes en la matière. Toutes nos universités sont actives dans ce milieu et le ministre a suscité explicitement cette démarche à travers le ‘décret gratuité’ (mise à disposition gratuite de tous les supports de cours de manière virtuelle). Dernièrement, dans le cadre du pôle européen de développement, l’ULG a par exemple développé un cursus en partenariat avec l’Université de Luxembourg et celle de Nancy. La plateforme de l’UCL passe aujourd’hui à la vitesse supérieure en intégrant une dimension d’enseignement à distance, exclusivement ou partiellement, et nous nous en félicitons."
Du 10 au 12 février se déroulait également à Lausanne la conférence EMOOCS dans le but de développer un échange européen. Un événement qui l’an prochain sera organisé… par l’UCL sur son site de Mons.
http://www.lalibre.be/actu/belgique/l-enseignement-online-entre-dans-les-universites-belges-52fbbb793570c16bb1cbb3ef
L’Université catholique de Louvain a présenté
ce mercredi son projet de MOOC (Massive Online Open Courses). Un MOOC,
c’est un projet de mise à disposition de cours en ligne ouverts à tous à
travers le monde.
Le phénomène a pris de l’ampleur à partir de
2011 avec la création de plateformes de contenus comme Udacity, Coursera
ou edX. Pour la mise en œuvre de son projet, l’UCL a rejoint le
consortium edX qui compte quelques-unes des plus prestigieuses
universités du monde (Harvard, le MIT, etc.).Vincent Wertz, prorecteur à l’enseignement de l’UCL, explique pourquoi : " L’idée était de se lancer dans les MOOC’s et de donner de la qualité au contenu. Une trentaine d’universités font partie du consortium edX et l’UCL est la seule université en Belgique à y proposer des cours en ligne et la première, au niveau mondial, à y proposer des cours en français. Le cours le plus populaire (de programmation informatique) comptabilise déjà 21 746 participants."
Si l’UCL fait figure de pionnier en Belgique, les autres universités de notre pays ont également pris conscience de l’importance de ce mouvement. Dominique Verpoorten, responsable de la cellule eCampus (IFRES) de l’Université de Liège, suit de près le phénomène : "L’ULG ne dispose pas encore d’une initiative comparable à celle de l’UCL. De façon générale, nous ne nions pas l’intérêt des MOOC’s mais nous restons assez prudents quant à l’effet d’annonce qu’ils génèrent et par rapport à l’évolution de la gratuité du service. Nous préférons baser notre travail en la matière sur l’e-learning (l’apprentissage sur Internet) en général et pas seulement sur les MOOC’s."
Un avis partagé par Philippe Emplit, vice-recteur de l’Université libre de Bruxelles : "Nous sommes encore en train de chercher la plateforme la plus adéquate mais l’ULB est dans les starting-blocks au niveau du lancement de contenu de cours en ligne." Pour lui, cette émergence de l’e-learning est révélatrice d’une tendance dans l’enseignement supérieur : "Mon avis est que l’université peut et doit transformer une partie de son enseignement pour l’ouvrir vers l’extérieur. Nous avons une mission de diffusion des connaissances et ce système de plateforme va permettre de la remplir au mieux."
L’implication du politique contestée
Cette initiative s’est cependant organisée sans l’appui du monde politique, ce qu’a regretté l’UCL.Le cabinet du ministre de l’enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt (PS) tient pourtant à mettre en avant son implication dans les projets du genre : "Il ne s’agit pas d’une première et la Fédération Wallonie-Bruxelles a été à la manœuvre ou partenaire direct dans des projets prototypes en la matière. Toutes nos universités sont actives dans ce milieu et le ministre a suscité explicitement cette démarche à travers le ‘décret gratuité’ (mise à disposition gratuite de tous les supports de cours de manière virtuelle). Dernièrement, dans le cadre du pôle européen de développement, l’ULG a par exemple développé un cursus en partenariat avec l’Université de Luxembourg et celle de Nancy. La plateforme de l’UCL passe aujourd’hui à la vitesse supérieure en intégrant une dimension d’enseignement à distance, exclusivement ou partiellement, et nous nous en félicitons."
Du 10 au 12 février se déroulait également à Lausanne la conférence EMOOCS dans le but de développer un échange européen. Un événement qui l’an prochain sera organisé… par l’UCL sur son site de Mons.
http://www.lalibre.be/actu/belgique/l-enseignement-online-entre-dans-les-universites-belges-52fbbb793570c16bb1cbb3ef
«Rendre le monde meilleur, c’est un métier»
Le Prix 2012 de la Fondation pour Genève distingue en Ruth Dreifuss
une «femme d’exception». Dépénalisation de la drogue, régularisation
des sans-papiers, abolition de la peine de mort: après le Conseil
fédéral, elle est restée cette militante exemplaire, tournée vers
l’action, l’optimisme raisonné en bandoulière
Ruth Dreifuss est d’une rare constance. La modestie chevillée au
corps, elle dit spontanément que cette distinction lui est «tombée
dessus», comme tant de choses inattendues dans sa vie… La cérémonie,
lundi 24 septembre au Victoria Hall, sera un grand moment de la vie
publique genevoise. On fait confiance à la lauréate du Prix 2012 de la
Fondation pour Genève pour délivrer un message d’espoir, inspiré de ses
combats politiques tous tendus vers le même objectif: rendre le monde un
peu plus juste, un peu moins brutal. Tout simplement meilleur.Quand Ruth Dreifuss, 72 ans, raconte ses engagements, passés et présents, elle est intarissable. Ses récits, précis et riches d’anecdotes, respirent la sincérité et disent une espérance droite et forte, associée à un réflexe d’entraide. Sa disponibilité naturelle pour le plus faible, la victime de discrimination ou d’exclusion, au nom d’un humanisme porté fièrement en bandoulière, impressionne. En l’écoutant, comment ne pas songer à ce passage de la Torah (livre des Psaumes), qui invite à «ne pas abandonner le monde aux méchants»?
Ruth Dreifuss est ontologiquement militante. Sa trajectoire est tout entière tissée d’engagements vécus comme des services à la communauté: la coopération au développement, le syndicalisme, la grande politique au Conseil fédéral, et depuis dix ans l’engagement citoyen. Quand d’autres courent les salons ou les conseils d’administration, elle a cette liberté de prêter sa renommée d’ancienne présidente de la Confédération pour faire ce qu’elle a toujours fait: s’efforcer que les choses nécessaires soient rendues «aussi possibles que possible».
Les choses nécessaires? Ruth Dreifuss ne décide jamais de s’engager dans un domaine parce qu’il est porteur – populaire, médiatique, à la mode. C’est toujours un geste moral. L’acte réfléchi d’une femme de conviction, qui cherche d’abord à faire avancer la perception de ce qu’elle croit juste. C’est pourquoi elle ne conçoit le pouvoir que comme un levier pour faire progresser ses projets. A cet égard, elle est l’envers de l’autre grande politicienne genevoise, Micheline Calmy-Rey, qui met le pouvoir avant les convictions. Autre tempérament, autre culture politique.
INDIGNER
DR K KOUAKOU
Je suis indigné,
En occident, des gens sont indignés et pour causes, d’autres s’enrichissent à leur détriments, en effet on ne voit plus les « coolies chinois », ni les intouchables « Dalí »indiens et mêmes des noirs africains travaillants comme des forçats. Non, ces peuples s’enrichissent acquièrent du pouvoir d’achat. Et bien cela se fait aux détriments d’autres peuples et le discours change il faut DEMONDIALISER, UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE.
Mais diantre depuis quant la pauvreté et la misère seraient, la marque de fabrique de certains ?
Je suis indigné, et pour causes, alors que certains choisissent de travailler moins et de partager peu, d’autres travaillent plus et partagent beaucoup.
Imaginer une minute la mise en place de politique de protectionnisme comme semblent le suggérer certains en France. Qui acceptera alors d’ouvrir son marché, les pays faibles ou pauvres ?
Ne rêvons plus éveiller, un autre monde émerge et il se ferra au détriment de certains qui se sont spécialisés dans les manifestations en sachant que d’autres manipulent l’économie à leur guise.
En faite, le jour où j’ai découvert que l’économie n’était pas une science exacte, mon indignation avait commencé parce que je ne peux concevoir que des spécialistes d’une science sociale aient la main mise sur l’avenir du monde entier.
Demain, le monde sera multipolaire et multiculturelle avec d’autres dimensions que je ne saurais décrire, mais croyez moi ni les vetos ni les différentes barrières n’auront raison de ce monde.
Ni l’INDIGNATION AUSSI.
et POUR M'ACCOMPAGNER
Analyse mercredi19 octobre 2011
L’oraison funèbre du libéralisme ou des partis conservateurs?
Le déclin du libéralisme nous est promis par les médias lors des élections de ce dimanche. Depuis plus d’un siècle, la tendance baissière semble être la nature habituelle des partis d’inspiration libérale
Le déclin du libéralisme nous est promis par les médias lors des élections de ce dimanche. Depuis plus d’un siècle, la tendance baissière semble être la nature habituelle des partis d’inspiration libérale. En 1901, lors des journées de son parti, le libéral allemand Friedrich Naumann consacrait son exposé sur l’affaiblissement du libéralisme, selon un éditorial de la Frankfurter Allgemeine sur l’«oraison funèbre du libéralisme»1. Aujourd’hui, ni le PLR suisse, ni le FDP allemand, ni le minuscule Parti Libéral Démocrate français ne dépassent le statut de partis largement minoritaires.Pourtant les idées libérales sont une alternative au «centralisme démocratique» imposé avec force de Washington à Bruxelles et qui ne mène qu’à une succession de crises. N’est-on pas en train, avec la crise de la dette européenne, de traverser la plus grande expérience de déresponsabilisation de l’histoire économique? Au moment où les socialistes chantent le soi-disant échec du capitalisme, les dirigeants européens reprennent leur politique centralisatrice et jouent la carte de l’économie administrée. «L’Europe a besoin des vertus slovaques», titrait en couverture la NZZ de samedi. La Slovaquie, qui a d’abord refusé le «plan de sauvetage grec», a fait preuve de responsabilité morale, elle qui, comme l’Estonie et la Finlande, a entrepris les réformes exigeantes que l’Europe latine se refuse. La NZZ rappelle que la mentalité d’endetté mène à une impasse. Et pour sortir d’une impasse, rien ne sert d’un G20 ou d’un sommet des chefs d’Etat européens. La seule solution, c’est la marche arrière.
Les partis issus du libéralisme sont trop courtois avec l’UE. Craignent-ils de présenter les mérites de l’économie de marché? Chacun vante les mérites de Steve Jobs et du groupe Apple. Mais n’est-ce pas un symbole du capitalisme triomphant, orienté corps et âme sur la productivité et le profit pour les bienfaits de la communauté? Les «indignés», iPhone à la main, le comprennent-ils? Certains partis «libéraux auraient pu le rappeler et, parallèlement, se distancier des managers de banques dont les risques sont transférés à la communauté. Qu’est devenue la responsabilité individuelle dans l’économie actuelle? Les partis d’«inspiration libérale» auraient pu montrer que nous ne traversons «pas une crise de la spéculation, mais bien la menace d’un défaut possible d’obligations souveraines présentées comme les plus sûres, d’une réglementation qui a forcé leur détention par les institutions financières, et d’un dépassement dangereux des déficits», ainsi que l’explique Alain Madelin2.
La garantie dont jouissent les grandes banques est une gigantesque subvention qu’il convient de dénoncer. Quand décidera-t-on de mettre en œuvre les règles du capitalisme?
La campagne électorale n’a traité l’Europe que sur le thème «du franc fort». Quelle tristesse! Les raisons culturelles et morales de la crise auraient mérité davantage de place. Car la crise européenne montre aussi que l’Etat social n’est pas seulement trop cher. Il conduit à la ruine des assurances sociales, provoque la rupture du tissu politique et social et empêche toute incitation à la coopération sociale spontanée. Le résultat se lit d’Athènes à Paris. L’excès d’Etat social mène à une diminution du niveau de vie de tout un pays.
La morale est du côté de l’économie de marché, ainsi que le montre Viktor Vanberg dans une étude sur l’économie et la mo-
rale3. L’étude des règles permettant d’accroître le bien commun est inséparable de l’économie de marché. Depuis 1776 et Adam Smith, avec la «Richesse des nations», l’économie s’est préoccupée des mérites de l’échange, de ce qui «devrait être «et non pas uniquement de ce «qui est». La «théorie de la justice» de John Rawls, parue en 1971, indiquait pour sa part comment l’économie de marché facilitait la coopération sociale et la réciprocité. L’économie de marché ne comporte pas de déficiences éthiques et n’a nul besoin d’un ajout «social». Ses résultats sont convaincants. Il suffit de considérer le sens des flux migratoires, des pays socialistes vers les économies capitalistes. Le capitalisme souffre pourtant d’un défaut politiquement coûteux. Il est remis en cause par les demandes d’interventions des employés menacés par des concurrents plus innovants ou moins coûteux. Car le capitalisme comporte deux faces, l’une agréable et l’autre exigeante. Les deux sont indissociables. Pourtant la concurrence est aussi un formidable mécanisme d’incitation (à l’innovation et à la prise de risque), un processus de découverte (essais et erreurs) et un instrument de dépossession du pouvoir (car personne n’a le monopole du savoir).
La concurrence accroît le bien commun en transformant les motivations d’une action égoïste (la recherche du profit) en une action solidaire. Un individu augmente ses chances de revenu par une offre attractive aux consommateurs (iPhone par exemple). Cette quête du meilleur produit ou du meilleur service accroît la productivité et la liberté de choix. C’est un gain pour toute l’économie. Mais les fruits du capitalisme ne sont pas gratuits. Les employés et les actionnaires sont sous pression et incités à prendre des risques.
Les partis de droite ont été «conservateurs» durant cette campagne, se limitant à la défense du statu quo et de leurs groupes d’intérêt, comme les partis de gauche et leur défense des fonctionnaires. Certes la tâche des partis d’inspiration libérale n’était pas aisée. La liberté se définit par la négative, par l’absence de contrainte d’un individu sur un autre. Le libéral refuse le paternalisme étatique et prône une politique d’abstinence de l’Etat forcément impopulaire, voire élitaire, et minoritaire.
Mais au moment où le monstre liberticide européen continue à s’enfoncer et menace les récalcitrants, suisses, slovaques et estoniens, les vertus de responsabilité individuelle devraient être davantage défendues. C’est une question de morale.
1. Grabrede auf den Liberalismus, Rainer Hank, FAZ, 1.1.2011
2. Lettre ouverte à Arnaud de Montebourg, Alain Madelin, Institut Turgot, 14.10
3. Moral und Wirtschaftsordnung, Viktor Vanberg, Walter Eucken Institut, Ordo, 2011
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f26ed726-f9b0-11e0-b542-f1d7af78bf0f/Loraison_fun%C3%A8bre_du_lib%C3%A9ralisme_ou_des_partis_conservateurs
A la recherche du développement. Un fonctionnaire au service d’une passion,
Gérard Winter,
Karthala, 2011, 285 pages
Que l’on soit professionnel du développement ou non, on trouvera, dans cet ouvrage, des résonances à ses propres préoccupations ; simple citoyen, on comprendra enfin ce que recouvrent des notions telles que « le développement », « la coopération au développement », « la recherche dans le domaine du développement » ; expatrié, on partagera les difficultés mais aussi les joies et l’enrichissement humain et immatériel que ce mode de vie engendre tant sur le plan personnel, familial que professionnel ; étudiant souhaitant se tourner vers la coopération, on y apprendra qu’une grande diversité de profils, y compris les polytechniciens, ont leur
place dans ce domaine, à condition d’être ouvert d’esprit, motivé par la soif d’apprendre et de
comprendre, curieux et tenace.Cet ouvrage passe en revue près de 60 années d’expériences en passant par l’île de Gorée au Sénégal en 1951, la guerre d’Algérie, le Cameroun pendant près de 10 ans, puis, en France,
par l’Insee (de 1974 à 1983), la création du groupe Amira pour l’amélioration des méthodes d’investigation en milieu rural africain, l’IIAP (Institut international d’administration publique), la direction de l’Orstom (de 1989 à 1995), la création du Groupement Dial, la présidence de l’Inter-Réseaux développement rural, la fondation du Réseau Impact, le Conseil d’administration du Gret.
Gérard Winter tisse le fil conducteur de ce parcours hors du commun de chercheur, expert, coopérant et directeur, guidé par un questionnement permanent sur les rapports entre sciences sociales et économie quantitative et, plus généralement encore, entre science et politique de développement. Il porte un regard rétrospectif qui reste frais sur les événements qui ont marqué sa vie et qu’il décrit avec une grande netteté, empli de l’émulation et de l’ardeur du moment puis posé, plus distancié, partageant en toute simplicité avec le lecteur, comme s’il écrivait une lettre, les enseignements ou les messages qu’il en tire aujourd’hui. A titre personnel, par exemple, on peut lire : « personnellement, le terrain m’a appris énormément et d’abord à me méfier des idées préconçues et des techniques d’observations trop systématiques » (p. 69) ou encore « « j’ai la conviction, et des preuves, que tout engagement fait de désintéressement, de volonté de travail en partenariat et de recherche d’innovation finit souvent, par des voies parfois longues et imprévues, par porter des fruits » (p. 145) et sans oublier « je reste convaincu que les diagnostics rigoureux et les idées justes finissent par modifier les manières de voir, les pratiques, les choix politiques, les contenus des formations »
(p. 269). Sur le développement, « si vraiment, on a appris quelque chose sur le développement en 40
ans, c’est plus par l’examen attentif de l’expérience d’un certain nombre de pays, les succès comme les échecs, que par les théories économiques. L’application systématique et bornée de ces théories – de la théorie de la dépendance à celle du néolibéralisme – s’est toujours révélée désastreuse » (p. 89) et, un peu plus loin, « … le développement n’est pas seulement affaire de mécanismes purement économiques et de marché ajustant offre et demande mais aussi affaire de rapports de forces politiques et de rapports sociaux nationaux et internationaux » (p. 114) Sur les liens entre recherches et développement, « non seulement les politiques, programmes et projets de développement doivent tenir étroitement compte des travaux des chercheurs qui se consacrent à l’étude en profondeur des structures et évolutions singulières des sociétés
concernées, mais […], réciproquement, ces chercheurs doivent analyser ces politiques, programmes
et projets qui transforment la réalité sociale » ( p. 155). Au sujet du Réseau Impact, « il m’apparaît que, bien souvent, les think tanks anglo-saxons que les Français boudent depuis toujours sont quelque peu conventionnels. Bridés par les accords qui les lient aux bailleurs de fonds, ils tempèrent leurs critiques pour qu’elles soient entendues des pouvoirs politiques. Ces critiques modérées renforcent, de fait, ces pouvoirs
politiques et les institutions internationales en leur donnant l’occasion de paraître en tenir compte. Nous étions plus libres, plus radicalement critiques quant au fond et donc plus novateurs» (p. 263).
Sur le Gret, « dans cette institution originale, j’ai touché du doigt tout ce pour quoi je n’ai cessé de travaillé : les passages réciproques entre le local et le global, entre les exigences de l’action immédiate et les vues à long terme, entre les diverses disciplines scientifiques et techniques.[…]
C’est pourquoi, aujourd’hui, si j’avais à nouveau vingt ans, ou un peu plus, je frapperai à la porte du Gret pour les mêmes raisons que j’ai frappé à la porte de l’Ortsom il a juste cinquante ans » ( p. 278).
Il conclut son ouvrage par trois propositions ouvertes sur le futur : « la première est que la lutte contre les inégalités de toute nature – nationales et internationales ; de savoir, de pouvoir et d’avoir – est la condition sine qua non du développement, une condition que les puissants de ce monde se refusent encore à prendre en considération. La seconde proposition est qu’en conséquence, cette lutte contre les inégalités se mène d’abord par les pauvres et les exclus eux-même et il revient à tous ceux qui oeuvrent pour le développement de les y aider. La troisième proposition est que l’investissement en matière grise conditionne tous les autres
investissements en faveur du développement. » (p. 280).
Ces nombreux passages que Gérard Winter nous livre en toute simplicité ont le mérite de nous encourager, de nous orienter et de nous revigorer.
A lire absolument et sans modération.
Patricia Huyghebaert
(http://www.gret.org/newsletter/enlien4_zoom_winter.pdf)J'ai été séduit par ce livre et je ne l'avais pas lu ,lorsque je créais ce blog .
DR K KOUAKOU
Se faire élire à l’aide des réseaux sociaux
Facebook, Twitter: les politiques cherchent à élargir leur audience. Entre jubilation et désarroi, les expériences des techniques interactives varient considérablement. Les réseaux enflent, mais leur impact reste limité. La logique 2.0 n’est pas près de remplacer le bon vieux stand et le contact direct avec l’électeur
Il fait chaud, ce soir de semaine, dans les bureaux du Parti libéral vaudois. Ces locaux au cœur de Lausanne hébergent des cours de formation sur l’utilisation de Facebook en campagne électorale. L’enseignant est le secrétaire général, Nicolas Tripet. Face à lui, sept élèves, de la mi-trentaine à la fin de la cinquantaine, dont certains sont déjà venus la veille, pour un atelier sur les blogs. Conseils pratiques pour candidats au National, et facebookiens: «Ne vous mettez pas seulement en costard cravate, et bardé de votre programme. Soyez vous-même, et soyez positif. Facebook est fun.» Sur la tonalité: «Parlez de politique, mais pas trop. On parle surtout de la manière dont on voit les choses.» A propos des commentaires parfois sévères des internautes: «Si c’est une argumentation qui vous gêne, descendez dans l’arène politique qu’est Facebook! Noyez l’avis négatif avec des commentaires…» Les questions fusent: «A quoi bon avoir des centaines d’amis si ce sont toujours les mêmes qui commentent? Le but, c’est d’en toucher d’autres, non?»; «A-t-on une estimation du temps qu’il faut consacrer pour être actif sur Facebook? Ça dépend évidemment du nombre d’avis, mais au bout d’un moment, il faut fixer des priorités…». Dans la torpeur de juin, un apprentissage du versant électronique de la démocratie.Bien plus que les précédentes, les élections fédérales d’octobre 2011 seront marquées par ces outils de communication. Comment les partis comptent-ils y recourir? Les scénarios divergent, et les stratégies sont souvent laissées à l’appréciation des candidats eux-mêmes.
Les espoirs
Le Valaisan Philippe Nantermod pourra au moins se prévaloir d’une première nationale. A ce jour, il est le seul candidat suisse à avoir lancé son application iPhone et Android («bientôt, BlackBerry»). «C’est un bon moyen pour toucher les gens, avec un outil que chacun a dans sa poche.» Le vice-président des Jeunes libéraux-radicaux suisses s’affiche sur son blog, sur Facebook, Twitter et à présent sur téléphones intelligents. Basée sur un logiciel générique américain – ce que certains lui ont reproché: pourquoi pas un produit suisse? –, l’application lui a coûté 1200 francs. Elle a été téléchargée 700 fois: «L’objectif, c’est 1000.» Le candidat omniprésent est convaincu de la validité de l’effort: «Si on considère qu’aller discuter dans un bistrot peut rapporter une voix, débattre sur deux pages d’écran le permet tout autant. C’est la même personne, le même engagement.»A propos d’application iPhone, Rebecca Ruiz, la présidente du PS lausannois, aura aussi participé à une première: le lancement d’une application pour les récentes élections communales. Prisée par 350 amateurs («mais nous n’avions quasiment pas fait de publicité»), elle sera adaptée pour les fédérales. La candidate PS reconnaît que le geste technologique a rencontré «un succès dans des cercles proches seulement»; néanmoins, à ses yeux, «ces canaux permettent de toucher une population qui ne lit pas forcément la presse. Et les gens prennent de plus en plus connaissance de thématiques, de débats, par ce biais».
A Genève, le PDC Guillaume Barrazone prépare son offensive: site personnel, blog et arrivée sur Twitter. Il veut même convaincre son parti de se mettre à la publicité sur Internet. Il a ruminé sa tactique: «Facebook doit amener des gens sur mon site. Et puis, vous y indiquez ce que vous faites, vous débattez: cela donne une humanité au candidat, lorsqu’il ne peut pas être sur le terrain», juge-t-il.
Depuis Pully, l’ancien journaliste Fathi Derder, candidat libéral, a commencé comme un dératé. En mars, il inondait Facebook de ses avis sur la quintessence du libéralisme: «C’était un test!» Après une accalmie, il reprendra en juillet, avec une cadence d’un à deux billets par jour: «Commenter l’actualité, c’est quand même le rôle du politicien… Et les réseaux sociaux constituent un bon outil pour prendre le pouls de l’opinion.» Philippe Nantermod évoque aussi ce point: «Facebook permet de lancer un débat – je l’ai utilisé à propos de la question de l’héliski, par exemple – et de voir vite apparaître les arguments des opposants.»
Les limites
Ces réseaux se révèlent terriblement chronophages. C’est ce qui rebute bien des candidats, ou qui suscite les craintes des partis; que leurs poulains gâtent leur réputation en ne tenant pas à jour leurs profils. Chez les Verts suisses, la responsable de la communication Miriam Behrens raconte: «Nous préparons une liste de recommandations aux candidats en vue de la campagne. Pour les inciter à recourir à ces outils, mais aussi pour dire quand il vaut mieux ne rien faire… Parfois, les candidats ne sont pas assez réactifs. S’ils n’interviennent pas une fois par jour, il est préférable de renoncer, ou de se limiter à un site internet.»Rebecca Ruiz essaie de s’astreindre au rituel électronique chaque jour un moment, «plutôt le soir», en précisant que son existence sur Facebook a précédé sa vie politique. Philippe Nantermod sacrifie une heure par jour au réseautage en ligne. Il en cite un avantage, sur la durée: «Je peux retrouver mes prises de position et mes arguments d’il y a quelques années.» Un pense-bête, en somme. Pour Fathi Derder, la question du temps ne se pose pas: «C’est un travail de préparation des dossiers. Ecrire un billet oblige à formuler les arguments, à clarifier une position, cela fait de toute manière partie de la préparation du candidat.»
Pour les partis, l’animation des sites et des réseaux sociaux pose en outre un problème de moyens, s’ils veulent entrer dans le rythme fébrile de ces vecteurs. Au PLR suisse, le porte-parole Philippe Miauton juge que «nous avons rattrapé notre retard, ne serait-ce que pour imposer une charte graphique pour tous les sites des partis cantonaux… Mais réaliser une opération vraiment bien menée occasionne une grosse dépense.» Au PLR à Berne, la gestion du site, ainsi que de la présence sur les réseaux, dépend d’un professionnel à plein temps, et deux stagiaires à mi-temps.
Les doutes
Les réseaux enflent, et cependant, partis et candidats ne croulent pas sous les sollicitations. Par son site ou via Fabebook, Philippe Nantermod dit recevoir une vingtaine de mails par jour. Ses notes sur iPhone ne suscitent en revanche aucun commentaire. Fathi Derder et Rebecca Ruiz annoncent une dizaine de mails par semaine. Plus surprenant, le PLR suisse, à son adresse générale (info@…), ne reçoit qu’une dizaine de mails par semaine en allemand, la moitié en français. Sur Facebook, le parti a fait un flop avec une page «par amour de la Suisse», qui compte 18 amis. Cela fonctionne mieux dans les cantons: «Par amour du canton de Vaud» a 2239 amateurs. Mais il s’agit d’un concours de photo dont le lien avec le radical-libéralisme ne saute pas aux yeux…Pourtant championne de la communication agressive, l’UDC n’encombre pas les artères électroniques. «Pas de logique Web 2.0», tranche le président de la section vaudoise, Fabrice Moscheni. Même s’il a fondé une société de high tech, le jeune candidat ne croit guère à l’intérêt de ces outils, «sinon comme complément. Nous préférons tenir un stand de plus que gérer une page Facebook». Par rapport à une certaine euphorie des années 2000, les avis sont d’ailleurs convergents. Guillaume Barrazone précise qu’il fera «des lettres en écrivant les adresses à la main. Et des stands, des affiches. Une campagne ne se gagne pas grâce aux réseaux sociaux.» Depuis les locaux caniculaires des libéraux vaudois, Nicolas Tripet acquiesce: «Les campagnes électroniques ne remplacent pas le terrain.» Si c’est l’instructeur qui le dit
.http://www.letemps.ch/Page/Uuid/c882e2e2-a0fd-11e0-84fe-e7e2a5fd18ee/Se_faire_%C3%A9lire_%C3%A0_laide_des_r%C3%A9seaux_sociaux
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