A quand une femme à la tête d’une entreprise du SMI?
MANAGEMENT
Christel Heydemann est devenue vendredi en France la troisième femme à diriger une entreprise du CAC40. En Suisse, aucune des vingt principales sociétés cotées n’est entre des mains féminines, mais un rééquilibrage des forces au sein des comités exécutifs s'est amorcé
La proportion de femmes présentes au sein des comités exécutifs des plus grandes entreprises suisses cotées progresse, sous l'effet d'un tempo qui s’est accéléré. C’est le constat que livre un rapport annuel de Russell Reynolds, publié ce dimanche. Au premier janvier, les directions des 20 poids lourds de l’économie suisse comptaient 19% de femmes, contre 13% un an plus tôt. Depuis 2021, la législation suisse fixe pour objectif un taux de 20% dans ces fonctions pour les sociétés de plus de 250 employés, de 30% au sein des conseils d’administration.
Spécialisé dans le recrutement pour des fonctions dirigeantes, Russel Reynolds a passé au peigne fin les équipes de direction de 48 sociétés du pays: les 20 membres du SMI et 28 entreprises cotées au SMIM, l’antichambre de l’indice vedette de la bourse suisse. Verdict: 23 femmes ont étoffé l'an dernier les rangs de ces équipes (39% des recrutements pour le SMI et 35% pour le SMIM). Point positif à signaler, les nouvelles venues ne prennent plus uniquement la tête des ressources humaines ou du service juridique. Des exemples? Chez Lonza, Claude Dartiguelongue dirige depuis 2021 une division technique, tandis que l’entreprise Sika a confié la gestion de l’innovation et de la durabilité à Patricia Heidtman.
Si vendredi, Christel Heydemann, nommée à la tête de l’opérateur de télécommunications Orange, est devenue la troisième française à prendre les commandes d’une société du CAC40, la première dirigeante suisse d’une entreprise cotée au SMI se fait en revanche toujours attendre. Il faut descendre en «deuxième ligue» pour trouver Magdalena Martulo-Blocher à la tête d’EMS-Chemie.
Des Suissesses qui brillent par leur absence
Faut-il considérer les sociétés suisses comme des bastions d’un machisme que beaucoup jugeront dépassé? Loin de là, avertit Cornelia Tänzler, associée gérante chez Russel Reynolds à Genève: «Il est très clair que depuis quelques années, le thème de la diversité de genre est devenu une priorité élevée dans les grandes entreprises. Souvent, mes clients me disent: je veux une femme.» «A La Mobilière, nous avons un objectif, c’est d’avoir plus de femmes dans les hautes sphères. C’est vraiment une volonté du conseil d’administration!» renchérit Nicola Thibaudeau, directrice de la PME industrielle MPS, mais aussi membre du conseil d’administration de l’assurance suisse.
Ces aspirations sont notamment difficiles à satisfaire, faute de combattantes locales. «La Suisse est un petit pays avec un grand nombre d’entreprises qui opèrent au niveau mondial. Et le pool de talent est trop petit», observe Cornelia Tänzler. Le constat s’applique aux hommes, mais surtout aux femmes. Les données enfoncent le clou: en 2021, sur les 23 femmes recrutées au sein des comités de direction des 48 plus grandes entreprises suisses, toutes sont d’origine étrangère, à l’exception de Patricia Heidtman, qui dispose d’une double nationalité suisse et américaine.
Entre écueils physiques et clichés
Comment expliquer cette pénurie de talents féminins? «Dans le discours, on blâme trop les sociétés», estime Suzanne Thoma, directrice générale de BKW, l’un des leaders énergétiques suisses. Actrices et observatrices de l’économie suisse s’accordent en effet pour dire que la situation s’améliore. Mais que des barrières matérielles et intangibles subsistent dans un pays parfois désigné comme un champion du travail à temps partiel pour les femmes.
Car il y a notamment cette période cruciale de l’arrivée des enfants: «Souvent, si les deux parents travaillent à 100%, financièrement, ce n’est pas du tout intéressant, ils paient plus d’impôts et doivent assumer les frais de garde, relève Suzanne Thoma. Pour des jeunes parents, ce n’est pas encourageant. C’est pratiquement une volonté politique implicite de rendre non attractive une double carrière. Et cela a des répercussions quinze ans plus tard: on trouve beaucoup moins de femmes dans des fonctions de cadre supérieur, surtout des mères.»
«C’est beaucoup plus compliqué en Suisse d’élever ses enfants et d’avoir une carrière professionnelle que partout ailleurs en Occident, poursuit Nicola Thibaudeau, d’origine canadienne. Au Québec, une femme qui dit: «Je reste à la maison pour élever mes enfants», cela n’existe pas, c’est dénigrant pour elle. Jusqu’à il y a peu en Suisse, c’était le contraire. Il y a une évolution, mais le choix de travailler à plein temps reste considéré comme un peu négatif, quelque chose d’un peu égoïste.»
Les deux femmes affichent un profil technique, ce qui n’est pas non plus anodin. Dans l’industrie, mais aussi dans les entreprises technologiques davantage «tertiarisées», ce type de compétences est prisé pour des fonctions élevées dans la hiérarchie. Dans les filières techniques, il y a une légère augmentation des vocations féminines, mais toujours largement en dessous des appétits masculins. «Les femmes continuent souvent à opter pour des études avec une approche plutôt traditionnelle», souligne Suzanne Thoma.
Administratrice plutôt que directrice
Après avoir tenu pendant dix années les rênes de l’entreprise bernoise BKW, cette ingénieure EPFZ s’apprête à passer le relais. Elle devrait être nommée ce printemps à la présidence du groupe industriel Sulzer.
Depuis quelques années, les conseils d’administration suscitent d’ailleurs un intérêt croissant au sein de la gent féminine. Diplômée HEC, la Valaisanne Karin Perraudin a par exemple opté très tôt pour un tel parcours. A 28 ans, au début du siècle, cette amoureuse des chiffres entrait au conseil d’administration de la Banque Cantonale du Valais. Elle préside aujourd’hui le Groupe Mutuel, troisième assureur santé du pays. «Certaines femmes optent relativement tôt pour une approche portefeuille de leur carrière en siégeant dans divers conseils d’administration, analyse Cornelia Tänzler. C’est une manière de flexibiliser son organisation et cela permet aussi d’acquérir une expérience transversale en s’ouvrant à diverses thématiques.»
Celle-ci note d’ailleurs que de nombreuses PME familiales ont, elles, déjà confié leur direction à une femme. «C’est plus facile d’y maîtriser son organisation», signale Nicola Thibaudeau qui a élevé ses enfants tout en dirigeant une entreprise à Nyon avant de reprendre la tête de MPS.
Avec ses collègues du conseil d’administration de La Mobilière, elle travaille à préparer la carrière des jeunes femmes dès leur arrivée pour favoriser leur ascension au sein de l’entreprise. Car en Suisse, beaucoup de managers sont formés et recrutés à l’interne. Certaines multinationales sont devenues très attentives à cette problématique, chez d’autres, il faudra encore un peu de temps, note-t-elle.
Pour accélérer le mouvement général, la consultante esquisse notamment une piste: «Une solution serait peut-être de faire certaines concessions, c’est-à-dire valoriser un potentiel plutôt que ce qui a déjà été prouvé et mettre en place un plan de développement.» Selon les calculs de son cabinet, pour que chacune des 48 entreprises auscultées compte 20% de dirigeantes, il faudrait que 40 femmes remplacent des hommes sur le départ.
Ayesha Malik, première femme juge à la Cour suprême du Pakistan : "Elle a brisé toutes les barrières du système judiciaire"
Elle est la première femme juge à être nommée à la Cour suprême du Pakistan.
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S.G. (avec AFP)
Publié le 26-01-2022 à 09h50
Elle a prêté serment lundi à Islamabad. À 55 ans, elle siégera désormais aux côtés de 16 hommes au sein de la plus haute instance judiciaire du pays. "Je veux féliciter la juge Ayesha Malik, la première femme à la Cour suprême", a réagi sur Twitter le Premier ministre, Imran Khan. "Je lui souhaite le meilleur", a-t-il ajouté. "C'est une énorme avancée", a estimé l'avocate et militante des droits des femmes Nighat Dad. "C'est l'histoire en route pour le système judiciaire pakistanais." Mme Malik a fait ses études à l'université de Harvard aux États-Unis et a servi comme juge à la Haute cour de Lahore, dans l'est du Pakistan, ces 20 dernières années. Dans cette juridiction de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, on lui attribue d'avoir contribué à faire évoluer des mœurs judiciaires encore très patriarcales. L'an passé, elle y a interdit un test de virginité, appelé, sous sa forme la plus commune, test des "deux doigts", qui est censé permettre d'éclairer le passé sexuel des victimes de viol. Au Pakistan, les viols sont rarement déclarés et la parole des victimes n'a qu'une valeur très relative, une grande partie du pays vivant sous un code patriarcal qui systématise l'oppression des femmes.
Le test de virginité peut souvent faire basculer un dossier en défaveur des victimes, ainsi facilement discréditées. Il est particulièrement traumatisant pour celles-ci, aussi soumises à une forte stigmatisation sociale qui les empêche souvent ensuite de se marier. La nomination d’Ayesha Malik pourrait ouvrir la voie à d’autres femmes vers la Cour suprême, historiquement conservatrice.
"Elle a brisé toutes les barrières du système judiciaire et cela permettra à d'autres femmes d'avancer", a estimé une autre avocate et militante des droits des femmes, Khadija Siddiqi. "J'espère que cela mènera à des décisions de justice plus en faveur des femmes dans le futur", a-t-elle ajouté.
Sa nomination n’a toutefois pas été sans susciter la controverse ces quatre derniers mois, certains l’accusant d’être passée devant des hommes juges plus expérimentés et qualifiés.
Début janvier, l’Ordre pakistanais des avocats avait appelé à une grève pour protester contre sa nomination attendue.
En 1991, la question du droit des femmes se voulait avant tout universaliste. Aujourd’hui, le rôle de la religion, de la couleur de peau ou de l’orientation sexuelle est enfin pris en compte dans les inégalités
1991. Serena Dankwa n’a que 16 ans lorsqu’elle participe à la grève du 14 juin. Un constat va alors la marquer: la quasi-totalité des femmes qui l’entourent sont blanches. Elle prend conscience, pour la première fois, de sa double marginalisation au sein de la société. Serena est une femme, et elle est Noire. Vingt-huit ans plus tard, les questions du genre, de la religion ou encore de l’ethnie, jusqu’ici occultées du débat, ont peu à peu émergé jusqu’à devenir des points centraux de la réflexion féministe.
En témoigne le manifeste du mouvement du 14 juin dans lequel peut se lire: «Nous savons que des oppressions spécifiques basées sur l’appartenance de race, de classe ou sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre se combinent, si bien que certaines d’entre nous peuvent subir des discriminations multiples.» En quelques années, l’intersectionnalité est devenue un concept incontournable au sein des luttes sociales.
Ne plus penser la justice sociale qu’en termes de sexe
Théorisé dans les années 1980 aux Etats-Unis par la juriste afro-américaine Kimberlé Williams Crenshaw, le concept d’intersectionnalité désignait avant tout la situation de femmes subissant simultanément plusieurs formes de marginalisation au sein de la société. Si, à l’origine, le terme s’adressait aux femmes noires des Etats-Unis, il s’est rapidement élargi, intégrant les notions de nationalité, de religion ou encore d’orientation sexuelle. «L’intersectionnalité est un concept qui a une visée politique, un objectif de justice sociale qui passe par la visibilisation de groupes jusqu’ici invisibilisés», résume Eléonore Lépinard, professeure associée en études genre, sociologue et directrice de l’Institut des sciences sociales de l’Unil.
Les causes à défendre ont évolué au même rythme qu’a évolué la société suisse. Toutes les oppressions ont été intégrées dans notre manifeste
«Le concept d’intersectionnalité, et tout ce qu’il implique, ne s’impose pas sans difficultés. Jusqu’ici, pour plusieurs raisons, les identités marginalisées n’étaient pas représentées. Il s’agit donc de transformer des pratiques et tout un mouvement de l’intérieur», poursuit-elle.
Mais porter plus clairement la focale sur ces groupes discriminés par plusieurs rapports sociaux à la fois revient pour les partisanes d’un féminisme universaliste et laïque à créer un clivage «imaginaire» au sein du mouvement. Pour elles, la lutte pour le droit des femmes passe d’abord par la défense d’intérêts individuels et collectifs, avant les intérêts de classe ou de communauté.
Dans une tribune publiée par le quotidien français Libération à l’occasion de la Journée des droits des femmes le 8 mars dernier, une centaine de personnalités signaient un appel à revendiquer un féminisme «universaliste et laïque»: «Des médias accordent une place grandissante à ce qu’ils appellent les «nouveaux féminismes.» Qu’ont-ils donc de nouveau ou même de féministe? En réalité, ils renvoient les femmes à des assignations identitaires, culturelles et religieuses (ainsi en est-il du voile, du burkini…); essentialistes et différentialistes, ils compromettent l’émancipation des femmes, renforcent les inégalités entre elles, et retardent l’égalité femmes-hommes.»
Affaiblir l’unité du mouvement?
En Suisse, la question nourrit le débat. Geneviève de Rham, membre du collectif romand pour la grève avait déjà participé au rassemblement en 1991. Pour elle, ces questions de diversité font désormais partie intégrante des considérations féministes. «Les causes à défendre ont évolué au même rythme qu’a évolué la société suisse. Toutes les oppressions, en relation avec le racisme, par exemple, ont été intégrées dans notre manifeste», même si cette dernière le reconnaît, certains points ont fait l’objet d’échanges plus vifs.
Les principales pierres d’achoppement concernaient les questions liées à la religion, à l’identité de genre ou encore à l’orientation sexuelle. Les points de vue divergeaient. «Certaines femmes redoutaient qu’à trop mélanger les combats on perde de vue l’essentiel», continue Geneviève de Rham, pour qui la prise en compte de ces nouvelles dimensions n’affaiblit pas le mouvement, bien au contraire. «Les discriminations touchent désormais tous les domaines, commente-t-elle. Chaque femme doit pouvoir se sentir concernée. Même s’il faudra du temps, notre manifeste s’impose comme le propre d’un mouvement qui veut changer la société.»
Une position très largement partagée par Eve Marie Perrin, membre de l’Association des étudiant.e.s afro-descendant.e.s de l’Unil et de l’EPFL. «On retrouve souvent dans les mouvements de lutte ce raisonnement selon lequel il faut d’abord obtenir une volonté commune avant de mettre en avant d’autres revendications. Je ne suis pas d’accord, résume-t-elle. Ce manifeste est extrêmement large et à aucun moment il ne priorise un combat plutôt qu’un autre.»
«Les revendications des femmes migrantes n’existaient pas»
Certains membres du comité auraient souhaité que le manifeste – bien que jugé puissant en termes de diversité – aille encore plus loin et soit plus précis, par exemple en dénonçant plus explicitement l’islamophobie – en d’autres termes, qu’il soit plus inclusif en termes de langage.
Aysel Güneş a décidé de former un groupe de femmes migrantes en vue de la grève. Cette Kurde d’origine est arrivée sur le territoire suisse en 2010. Reconnue réfugiée politique, l’étudiante en sciences sociales de l’Unil souhaitait faire entendre la voix de ces femmes migrantes. Qu’elles soient Turques, Amérindiennes, Iraniennes ou encore originaires d’Amérique latine, toutes participeront à la mobilisation. «Jusqu’ici, les revendications nous concernant n’existaient pas.»
Lutte contre les discriminations liées au nom ou à l’apparence physique, droit à des cours de français gratuits pour toutes les personnes migrantes jusqu’au niveau B2, lutte contre la déqualification des femmes migrantes au travail, rémunération des femmes au foyer ou encore mesures pour favoriser la participation des migrants à la vie politique, la liste des revendications est encore longue, la volonté on ne peut plus claire.
Aysel organise depuis le mois d’avril des réunions avec la collaboration du collectif romand pour la grève. «Cela n’a pas été facile au début. Nous avions des points de vue politiques très différents. Certaines femmes n’étaient pas d’accord pour que l’on évoque ce type de sujet. Mais ensemble, nous avons su nous focaliser sur le fait de créer un mouvement commun en laissant nos mésententes de côté.»
Outre-Sarine, certains groupes se mobiliseront aussi afin de divulguer un message bien précis. C’est le cas du collectif zurichois Bla*Sh. Sous le trait de l’union «afro», plusieurs femmes ont lancé ce réseau il y a quelques années. Depuis, l’association multiplie les opérations afin de visibiliser les femmes noires de Suisse. Elles organisent dans ce but des manifestations culturelles, des lectures polyphoniques ou encore des tables rondes autour de la diversité.
«L’un de nos sujets de discussion principaux est celui du racisme, mais peu à peu, nous avons intégré des thématiques bien plus larges liées à l’identité de genre ou encore à l’orientation sexuelle», assure Serena Dankwa, membre du collectif.«Lors de la première manifestation, je n’avais que 16 ans, il n’y avait que des femmes blanches autour de moi, la situation a bien changé depuis.»
40% de différences de bonus entre hommes et femmes dans les banques
Les inégalités s’accroissent à nouveau entre les genres et dépassent largement la moyenne suisse, selon une enquête de l’Association suisse des employés de banque (ASEB), et l’écart est béant pour les bonus
Les disparités salariales entre hommes et femmes augmentent à nouveau dans la finance. L’enquête salariale 2019 auprès des banques met en avant «des tendances surprenantes et préoccupantes. Le changement culturel n’a pas encore eu lieu», déclare à la presse Denise Chervet, directrice de l’Association suisse des employés de banque (ASEB), mardi à Zurich.
L’écart atteint 23,6% et dépasse ainsi de presque 10 points de pour-cent la moyenne helvétique (14,6% dans le secteur privé), selon ce sondage auprès de 4725 participants, mené tous les deux ans depuis 2009, en collaboration avec l’institut onlineumfragen.com.
Appel à une politique salariale moderne
La discrimination n’est pas motivée par l’âge et les années de service puisqu’elles demeurent lorsque l’on compare les salaires par niveau hiérarchique. Pour Denise Chervet, les écarts de formation et de secteur de travail ne justifient pas les écarts. «Les femmes continuent à souffrir des effets des biais inconscients lors des évaluations salariales», conclut-elle. L’ASEB «exhorte les banques à adopter une politique salariale moderne» et salue la journée d’actions du 14 juin.
Le salaire fixe médian d’un collaborateur s’élève 87 000 francs en 2019, selon l’enquête. Cela signifie que 50% des personnes ont un salaire supérieur et 50% inférieur. Le salaire médian d’une collaboratrice atteint lui 78 000 francs. La différence est donc de 10% à ce niveau hiérarchique, contre 13% à celui des cadres et 6% à celui de la direction.
L'écart de bonus a triplé
Les écarts se creusent donc par rapport au précédent sondage parce que les augmentations profitent davantage aux hommes. Au niveau «collaborateur», le salaire annuel a augmenté de 7000 francs pour les hommes et de 1000 francs pour les femmes. «Les hommes ont bénéficié d’augmentations de salaires supérieures de plus de 50% par rapport aux femmes», indique le rapport. Pour chaque niveau hiérarchique, la différence a augmenté par rapport à 2017. En effet, il y a deux ans elle était respectivement de 4%, 12% et 4%.
L’ASEB «exhorte les banques à adopter une politique salariale moderne», selon sa directrice.
Les disparités sont encore plus flagrantes sur le bonus avec des différences de 24% pour les cadres (17% en 2017) et de 7,4% pour les collaborateurs (3%). Cette gratification atteint 12 500 francs pour les hommes (+9,9% en deux ans) et 8000 francs pour les femmes (+1,7%). «L’écart de bonus a plus que triplé en deux ans, si bien que celui des hommes dépasse de presque 40% celui des femmes», note Denise Chervet.
Disparités entre les villes et la périphérie
L'enquête souligne aussi un nette augmentation des salaires fixes en deux ans. Ils ont augmenté de 2,9% par rapport à 2017. L’enquête signale une autre disparité, entre les villes et les campagnes. Les salaires sont restés stables sur les deux principales places financières (Zurich et Genève) où les bonus ont diminué, alors les salaires fixes et les bonus augmentent dans les régions périphériques à tous les niveaux hiérarchiques.
L’ASB critique ici le fait que les bonus soient «imprévisibles et impossibles à planifier»: 60% des personnes sondées déclarent que leur bonus a changé, 30% qu’il a diminué et 40% avouent leur insatisfaction. «Les critères d’attribution sont incompréhensibles pour de nombreuses personnes», poursuit l’ASEB.
Au total, le degré de satisfaction au travail est très bas si l’on en juge par l’enquête. Ainsi 36,7% des participants indiquent se sentir «vides et épuisés après le travail». Il apparaît aussi que les grandes banques s’en sortent moins bien que les autres. Les résultats du sondage doivent être «considérés comme un signal d’alarme», selon le rapport.
A la suite de cette enquête, l’ASEB présente ses revendications. Elle «exige la possibilité de concilier vie professionnelle et vie privée, davantage de femmes aux postes de direction et un salaire égal pour un travail égal».
Emmanuel Garessus
Ces femmes au carrefour des inégalités
En 1991, la question du droit des femmes se voulait avant tout universaliste. Aujourd’hui, le rôle de la religion, de la couleur de peau ou de l’orientation sexuelle est enfin pris en compte dans les inégalités
1991. Serena Dankwa n’a que 16 ans lorsqu’elle participe à la grève du 14 juin. Un constat va alors la marquer: la quasi-totalité des femmes qui l’entourent sont blanches. Elle prend conscience, pour la première fois, de sa double marginalisation au sein de la société. Serena est une femme, et elle est Noire. Vingt-huit ans plus tard, les questions du genre, de la religion ou encore de l’ethnie, jusqu’ici occultées du débat, ont peu à peu émergé jusqu’à devenir des points centraux de la réflexion féministe.
En témoigne le manifeste du mouvement du 14 juin dans lequel peut se lire: «Nous savons que des oppressions spécifiques basées sur l’appartenance de race, de classe ou sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre se combinent, si bien que certaines d’entre nous peuvent subir des discriminations multiples.» En quelques années, l’intersectionnalité est devenue un concept incontournable au sein des luttes sociales.
Ne plus penser la justice sociale qu’en termes de sexe
Théorisé dans les années 1980 aux Etats-Unis par la juriste afro-américaine Kimberlé Williams Crenshaw, le concept d’intersectionnalité désignait avant tout la situation de femmes subissant simultanément plusieurs formes de marginalisation au sein de la société. Si, à l’origine, le terme s’adressait aux femmes noires des Etats-Unis, il s’est rapidement élargi, intégrant les notions de nationalité, de religion ou encore d’orientation sexuelle. «L’intersectionnalité est un concept qui a une visée politique, un objectif de justice sociale qui passe par la visibilisation de groupes jusqu’ici invisibilisés», résume Eléonore Lépinard, professeure associée en études genre, sociologue et directrice de l’Institut des sciences sociales de l’Unil.
Les causes à défendre ont évolué au même rythme qu’a évolué la société suisse. Toutes les oppressions ont été intégrées dans notre manifeste
«Le concept d’intersectionnalité, et tout ce qu’il implique, ne s’impose pas sans difficultés. Jusqu’ici, pour plusieurs raisons, les identités marginalisées n’étaient pas représentées. Il s’agit donc de transformer des pratiques et tout un mouvement de l’intérieur», poursuit-elle.
Mais porter plus clairement la focale sur ces groupes discriminés par plusieurs rapports sociaux à la fois revient pour les partisanes d’un féminisme universaliste et laïque à créer un clivage «imaginaire» au sein du mouvement. Pour elles, la lutte pour le droit des femmes passe d’abord par la défense d’intérêts individuels et collectifs, avant les intérêts de classe ou de communauté.
Dans une tribune publiée par le quotidien français Libération à l’occasion de la Journée des droits des femmes le 8 mars dernier, une centaine de personnalités signaient un appel à revendiquer un féminisme «universaliste et laïque»: «Des médias accordent une place grandissante à ce qu’ils appellent les «nouveaux féminismes.» Qu’ont-ils donc de nouveau ou même de féministe? En réalité, ils renvoient les femmes à des assignations identitaires, culturelles et religieuses (ainsi en est-il du voile, du burkini…); essentialistes et différentialistes, ils compromettent l’émancipation des femmes, renforcent les inégalités entre elles, et retardent l’égalité femmes-hommes.»
Affaiblir l’unité du mouvement?
En Suisse, la question nourrit le débat. Geneviève de Rham, membre du collectif romand pour la grève avait déjà participé au rassemblement en 1991. Pour elle, ces questions de diversité font désormais partie intégrante des considérations féministes. «Les causes à défendre ont évolué au même rythme qu’a évolué la société suisse. Toutes les oppressions, en relation avec le racisme, par exemple, ont été intégrées dans notre manifeste», même si cette dernière le reconnaît, certains points ont fait l’objet d’échanges plus vifs.
Les principales pierres d’achoppement concernaient les questions liées à la religion, à l’identité de genre ou encore à l’orientation sexuelle. Les points de vue divergeaient. «Certaines femmes redoutaient qu’à trop mélanger les combats on perde de vue l’essentiel», continue Geneviève de Rham, pour qui la prise en compte de ces nouvelles dimensions n’affaiblit pas le mouvement, bien au contraire. «Les discriminations touchent désormais tous les domaines, commente-t-elle. Chaque femme doit pouvoir se sentir concernée. Même s’il faudra du temps, notre manifeste s’impose comme le propre d’un mouvement qui veut changer la société.»
Une position très largement partagée par Eve Marie Perrin, membre de l’Association des étudiant.e.s afro-descendant.e.s de l’Unil et de l’EPFL. «On retrouve souvent dans les mouvements de lutte ce raisonnement selon lequel il faut d’abord obtenir une volonté commune avant de mettre en avant d’autres revendications. Je ne suis pas d’accord, résume-t-elle. Ce manifeste est extrêmement large et à aucun moment il ne priorise un combat plutôt qu’un autre.»
«Les revendications des femmes migrantes n’existaient pas»
Certains membres du comité auraient souhaité que le manifeste – bien que jugé puissant en termes de diversité – aille encore plus loin et soit plus précis, par exemple en dénonçant plus explicitement l’islamophobie – en d’autres termes, qu’il soit plus inclusif en termes de langage.
Aysel Güneş a décidé de former un groupe de femmes migrantes en vue de la grève. Cette Kurde d’origine est arrivée sur le territoire suisse en 2010. Reconnue réfugiée politique, l’étudiante en sciences sociales de l’Unil souhaitait faire entendre la voix de ces femmes migrantes. Qu’elles soient Turques, Amérindiennes, Iraniennes ou encore originaires d’Amérique latine, toutes participeront à la mobilisation. «Jusqu’ici, les revendications nous concernant n’existaient pas.»
Lutte contre les discriminations liées au nom ou à l’apparence physique, droit à des cours de français gratuits pour toutes les personnes migrantes jusqu’au niveau B2, lutte contre la déqualification des femmes migrantes au travail, rémunération des femmes au foyer ou encore mesures pour favoriser la participation des migrants à la vie politique, la liste des revendications est encore longue, la volonté on ne peut plus claire.
Aysel organise depuis le mois d’avril des réunions avec la collaboration du collectif romand pour la grève. «Cela n’a pas été facile au début. Nous avions des points de vue politiques très différents. Certaines femmes n’étaient pas d’accord pour que l’on évoque ce type de sujet. Mais ensemble, nous avons su nous focaliser sur le fait de créer un mouvement commun en laissant nos mésententes de côté.»
Outre-Sarine, certains groupes se mobiliseront aussi afin de divulguer un message bien précis. C’est le cas du collectif zurichois Bla*Sh. Sous le trait de l’union «afro», plusieurs femmes ont lancé ce réseau il y a quelques années. Depuis, l’association multiplie les opérations afin de visibiliser les femmes noires de Suisse. Elles organisent dans ce but des manifestations culturelles, des lectures polyphoniques ou encore des tables rondes autour de la diversité.
«L’un de nos sujets de discussion principaux est celui du racisme, mais peu à peu, nous avons intégré des thématiques bien plus larges liées à l’identité de genre ou encore à l’orientation sexuelle», assure Serena Dankwa, membre du collectif.«Lors de la première manifestation, je n’avais que 16 ans, il n’y avait que des femmes blanches autour de moi, la situation a bien changé depuis.»
VOS idées pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes
Il y a un mois, nous avons demandé à nos lectrices et lecteurs de partager leurs propositions pour l’égalité entre femmes et homme. Les réponses ont été nombreuses et concernent en premier lieu les problématiques liées au monde du travail et à l’éducation, mais aussi au rôle des médias. Tour d’horizon
Dans le cadre de la cause pour l’égalité hommes-femmes qu’il défend, Le Temps a voulu solliciter l’avis de ses lecteurs. Un appel à idées a ainsi été lancé sur notre site internet et sur les réseaux sociaux. Vous avez été près de 150 à apporter vos contributions, parfois très détaillées.
Pour promouvoir l’égalité, une thématique domine largement: le rapport entre travail et vie de famille. Près d’un quart des réponses recommandent l’instauration d’une forme de congé paternité ou parental. Les modèles existent à l’étranger. Une lectrice appelle ainsi à s’inspirer des pays nordiques, à «étendre le congé parental à 15 mois à répartir entre les parents, chacun étant tenu de prendre au minimum 3 mois». D’autres vont plus loin en exigeant la création d’un «congé paternité obligatoire pour les hommes et de la même durée que celui d’une femme», pour couper «l’élan professionnel des pères de la même manière».
Aux Etats-Unis il existe des labels pour les entreprises qui ont une véritable politique familiale
En effet, relève un lecteur, «le bien-fondé du congé maternité est indiscutable, mais il a entraîné, en contrepartie, une opportunité pour les employeurs de justifier une différence salariale». De plus, ce congé paternité obligatoire «permettrait aux hommes de pratiquer le métier de parent à 100% et de développer ainsi plus d’empathie. Ce qui changerait la dynamique entre hommes et femmes au travail», ajoute une internaute. Une lectrice imagine un modèle flexible, où le congé serait «majoré s’il est partagé entre père et mère».
Ci-dessous, notre vidéo sur les droits des femmes au travail:
«Aux Etats-Unis il existe des labels pour les entreprises qui ont une véritable politique familiale», explique Yasmina Bekhouche, qui a répondu au sondage. Elle propose la création d’un équivalent crédible en Suisse qui permettrait aux employeurs de se positionner et d’établir des standards. «Il ne faut pas que la gestion de la maternité reste à la discrétion des managers.» Elle pense notamment à «des entretiens en début de grossesse pour bien planifier la suite. Trop souvent, on observe une rupture de confiance. Il faudrait aussi pouvoir garder le contact durant le congé maternité, sans être intrusif.»
Ces interrogations animeront prochainement le débat public: une initiative prévoyant l’instauration d’un congé paternité de 20 jours, lancée par des syndicats et des associations, a abouti en été 2017. Jugée trop coûteuse par beaucoup, elle devrait être soumise au peuple l’an prochain ou en 2020 au plus tard.
La transparence, condition impérative de l’égalité salariale
Dans l’entreprise, les salaires sont un moyen immédiat de mesurer les inégalités. «A travail égal, salaire égal.» Ce principe évident arrive en deuxième position des problématiques les plus évoquées. Pour y parvenir, vous réclamez avant tout davantage de transparence. En s’inspirant du modèle anglais, Chiara Valsangiacomo demande «la publication obligatoire des écarts de salaires entre femmes et hommes [qui] rend plus vulnérables les entreprises qui abusent de leurs employées et employés». Cette lectrice cite aussi la loi islandaise sur l’égalité des salaires, qui permet «aux femmes de porter plainte et faire entendre leurs droits sans la crainte de se faire licencier».
Mais toutes les réponses ne doivent pas forcément venir de la loi. Nombreuses sont les propositions qui envisagent des dispositifs non contraignants, comme «un concours entre employeurs». Dans la même veine, Anne Tschanz Vakula imagine «une plateforme en ligne où les entreprises, sur une base volontaire, publieraient des informations qualitatives mais aussi quantitatives en termes d’égalité. Et auraient la possibilité de se donner des objectifs chiffrés.» Elles pourraient y faire figurer la proportion de femmes occupant des postes à responsabilités au sein du conseil d’administration, ou encore les salaires moyens et médians selon les sexes. Autant de critères qui, une fois analysés, permettraient de «créer une base de référence et de comparaison et donner envie à des directions très masculines d’atteindre la parité». Et si un journal comme Le Temps en rendait régulièrement compte, «cela leur conférerait une certaine validité». Les femmes seraient aussi «plus enclines à postuler et travailler pour des entreprises qui jouent le jeu de la transparence en figurant sur la plateforme».
On pourrait imaginer une plateforme en ligne où les entreprises, sur une base volontaire, publieraient des informations qualitatives mais aussi quantitatives en termes d’égalité
Plus provocante, Valérie Miéville veut «faire pression sur nos politiques en instaurant une grève des impôts. Chacun⋅e se sentant concerné⋅e retiendrait 7% (ou 15%, voire 20%, selon les chiffres qu’on retient de l’inégalité salariale) de ses impôts et les verserait sur un compte dédié [géré] par une association.»
«Une famille ça ne doit plus être un papa, une maman et des enfants mais une communauté où les rôles se réinventent en permanence en fonction des besoins de chacun, pas en fonction du genre», avance une participante au sondage. Outre le noyau familial, l’école est le premier lieu où se construit «la domination masculine». Pour Antoine Schalk, il faut que l’éducation publique soit «anti-sexiste» et remette cette domination en question. Il faudrait donc «organiser des ateliers pour que les enfants soient capables de repérer les propos et comportements sexistes et qu’ils en comprennent la portée», propose une lectrice, se faisant l’écho de plusieurs suggestions similaires. Des ateliers qui traiteraient «de toutes les inégalités (genre, provenance, spirituelle), conscientes et surtout inconscientes».
Vous fustigez aussi à plusieurs reprises le marketing «hyper-genré»: «les jouets ne devraient être ni pour fille ni pour garçon, mais juste des jouets pour enfants». «Dès la préscolarisation [il faudrait] permettre par le jeu à tous les sexes d’endosser tous les rôles sociaux et professionnels», ajoute un lecteur.
Labels, classements, concours, beaucoup de propositions évoquent une forme de mesure objective du respect du principe d’égalité. Lynn Mackenzie va dans le même sens: elle imagine «une certification obtenue en matière de prise de conscience des facteurs d’inégalité entre femmes et hommes (et par extension concernant les autres formes de discrimination)». Ce «permis de se conduire» serait délivré à l’école et obligatoire pour certaines professions. Son analogie avec la circulation routière n’est pas qu’un jeu de mots: «nous affectons les autres par notre manière de nous comporter, et les conséquences de certains biais peuvent être très graves – quand un policier rend une victime de viol responsable de son agression en raison de son habillement par exemple». Il s’agit de faire prendre conscience à chacune et chacun «d’un système biaisé dont nous sommes les héritiers» afin de nous permettre de contrer ses manquements. Cette certification permettrait aussi selon elle de «légitimer l’action positive de personnes courageuses qui se retrouvent souvent sans soutien».
«Le Temps a un rôle à jouer!» affirme Sarah Augsburger. «Vous devriez utiliser le langage épicène dans tous vos articles. Ce n’est pas si contraignant, car utilisé avec les bonnes règles, l’habitude vient vite.» Partant du constat que les médias sont «une chambre de résonance de représentations socialement construites», de multiples réponses plaident pour que les journaux fassent «l’effort conscient de mentionner féminin et masculin. Ce n’est pas anodin. Si le masculin générique disparaît du discours, cela aura une influence», ajoute Sarah Augsburger.
Souvent, au moment des votations, les médias annoncent la proportion de femmes ou d’hommes à avoir soutenu un objet qui n’a aucun rapport avec le sexe des votants, relève Grégoire Gonin. «Il faut cesser d’essentialiser ainsi le genre sans raison.»
Les quotas, un mal pour un bien
Moyen d’action supplémentaire, une lectrice appelle à «renommer certaines rues et places du nom de femmes, afin d’accroître leur visibilité», de les «réintroduire dans l’espace public». L’instauration de quotas revient souvent dans vos réponses et divise. Pour certaines «ils sont indispensables, et pas seulement en politique, dans tous les domaines».
Les quotas, dans une idée de rattrapage dans le cas de l’égalité entre femmes et hommes, peuvent être bénéfiques pour désinvisibiliser les femmes, ou les hommes selon les domaines.
«Compliqués à mettre en place», «risquent de devenir un alibi» pour d’autres. «Ou s’arrête-t-on? A quelle minorité? On peut étendre les quotas à l’infini», s’interroge Grégoire Gonin, «mais dans une idée de rattrapage dans le cas de l’égalité entre femmes et hommes, ils peuvent à mon sens être bénéfiques pour désinvisibiliser les femmes, ou les hommes selon les domaines».
Sport, service civil et contraception
Imposition, travail à temps partiel, droit de garde des enfants, CV anonymes, traitement médiatique des compétitions sportives: les sujets abordés par les personnes ayant participé au sondage sont vastes. Parmi eux, le service militaire est une source d’inégalité souvent évoquée; pour y remédier les propositions divergent. Il faut «supprimer l’armée», réclament certaines et certains. Selon Léonard Miffon, «les femmes comme les hommes devraient être astreintes à une obligation de servir, mais sous une forme différente de celle de l’armée». Un service civil qui permettrait aux femmes «d’accéder à des stages formateurs et bien rémunérés», approuve une lectrice.
Clara Schwander, elle, s’insurge contre le fait que la contraception masculine ne fasse pas plus l’objet de recherches et ne soit pas sérieusement envisagée. Pour elle, «dans un couple, le choix de la contraception devrait pouvoir être offert aux deux. Il n’y a pas de raison que les femmes soient les seules à prendre des hormones pour quelque chose que les deux veulent éviter.»
Quand la science s’intéresse aux stéréotypes de genre
Sujettes
à de nombreux préjugés, les femmes sont sous-représentées dans les
positions de pouvoir. Que savent les scientifiques du sexisme, et de la
manière de s’en prémunir?
Les femmes sont émotionnelles, empathiques,
chaleureuses et nulles en mathématiques. Les hommes sont forts,
confiants, dominants et indépendants… Consciemment ou non, ces
stéréotypes dictent nos premières impressions. Des études révèlent ainsi
qu’à la vision d’une photo sur un curriculum vitae, une femme au visage
neutre suscitera une impression de tristesse, signe d’un manque de
motivation. La neutralité d’un visage masculin suggérera quant à elle
l’intelligence, l’indépendance et le leadership. Que dit la science du
sexisme, et comment lutter contre ces clichés si tenaces?
Premier
constat: l’histoire de la construction des stéréotypes de genre est
loin d’être récente. Elle daterait du Néolithique, soit il y a environ
12 000 ans. «Avec la sédentarisation et l’expansion de l’agriculture,
les populations moins libres dans leurs déplacements ont développé des
rapports de force», retrace André Langaney, généticien à l’Université de
Genève. La domination masculine sur les femmes est alors en grande
partie basée sur une inégalité dans la force physique. Cet état aurait
entraîné l’apparition de stéréotypes de genre.
Education et modèle social
Dans
la société occidentale moderne, ces stéréotypes tendent à scinder les
femmes en deux groupes. «Celles au foyer sont perçues comme chaleureuses
et peu qualifiées, alors que les femmes ambitieuses sont jugées
compétentes et froides», décrit Franciska Krings, professeur à la
Faculté des HEC de l’Université de Lausanne. Les adjectifs qualifiant un
leader sont en effet encore traditionnellement associés à des
caractéristiques dites masculines, comme l’agressivité et la confiance
en soi.
Nous sommes tous
victimes de préjugés. Bien que nous ne partagions pas forcément certains
stéréotypes, ils peuvent ressortir en situation de stress, par exemple
Pour
atteindre des postes à responsabilités, les femmes doivent donc prouver
qu’elles les possèdent aussi. Une fois dans une position de leader,
elles perdent ce que la société leur attribue de féminin. «Il est avéré
que les femmes sont statistiquement plus douées dans la reconnaissance
des émotions d’autrui et qu’elles se sous-estiment plus que les hommes.
Néanmoins, une part importante de ces caractéristiques est due à
l’éducation et au modèle social», analyse Marianne Schmid Mast,
professeur en comportement organisationnel à la Faculté des HEC de
l’Université de Lausanne.
Pourquoi ces biais sont-ils si profondément ancrés en
nous? C’est qu’ils nous aident à comprendre le monde qui nous entoure.
«Si le cerveau devait constamment analyser en détail chaque nouvelle
personne rencontrée, il serait surchargé d’informations», explique
Franciska Krings. «Nous sommes tous victimes de préjugés. Bien que nous
ne partagions pas forcément certains stéréotypes, ils peuvent ressortir
en situation de stress, par exemple», ajoute Marianne Schmid Mast. Aux
Etats-Unis, des études ont ainsi révélé que des policiers, lorsqu’ils
poursuivaient un agresseur dont ils ne savaient pas s’il portait une
arme, tiraient plus facilement sur des hommes de couleur. Quelle que
soit la couleur de peau des policiers en question!
Biais implicites
Les
femmes peuvent être victimes de stéréotypes qu’elles accolent
elles-mêmes à leur genre. Comme celui d’être nulles en mathématiques!
Dans une expérience menée en 2016, la Française Isabelle Régner a
demandé à des écoliers de 12 ans de retenir une figure complexe, avant
de la reproduire de mémoire. Lorsque l’enseignant informait les élèves
qu’ils allaient être jugés sur la géométrie plutôt que sur la qualité du
dessin, les jeunes filles ont moins bien réussi l’exercice que leurs
acolytes masculins. A l’inverse, lorsqu’elles pensaient être jugées sur
des critères artistiques, les résultats entre les sexes étaient
similaires.
Sournois, les biais implicites peuvent se révéler très
difficiles à contrer. Une autre étude, datant de 2007, a analysé les
effets des comportements masculins lors d’entretiens d’embauche.
Certains recruteurs masculins devaient adopter une attitude
bienveillante envers les femmes, tandis que d’autres étaient plus
hostiles. Etonnamment, les performances des femmes étaient moins bonnes
face à un homme bienveillant. «L’attitude paternaliste d’un homme envers
une femme, dans ce cas, place cette dernière dans une position
d’infériorité», détaille Fabio Lorenzi-Cioldi, professeur en psychologie
à l’Université de Genève. A contrario, une attitude hostile met la
femme sur la défensive, elle protège alors plus fermement ses intérêts.
Alors
comment lutter contre ces clichés? Selon les experts, il est
indispensable d’augmenter la mixité et de privilégier l’égalité des
sexes, mais aussi de dispenser une meilleure éducation relative aux
biais sexistes et à leurs effets. «Lutter contre ces mécanismes naturels
demande de la motivation, mais aussi de disposer de suffisamment de
temps pour prendre des décisions de manière consciente et réfléchie»,
estime Marianne Sch
Marc Münster, l’égalité est aussi une affaire d’homme
Géologue,
spécialiste du développement durable, Marc Münster est devenu un
promoteur de l’égalité sur le tard, qu’il défend dans son blog, «Les
chroniques du #FerARepasser». Quitte à parler de sujets toujours plus
personnels
Pour ses 20 ans, Le Temps met
l’accent sur sept causes. Après le journalisme, notre thème du mois
porte sur l’égalité hommes-femmes. Ces prochaines semaines, nous allons
explorer les voies à emprunter, nous inspirer de modèles en vigueur à
l’étranger, déconstruire les mythes et chercher les éventuelles réponses
technologiques à cette question. Lire aussi
L’idée était presque irrésistible. Prendre une
poignée de chemises propres mais bien froissées et mettre notre
interlocuteur devant une planche et un fer. Parce que c’est très bien
d’intituler son blog «Les chroniques du #FerARepasser»,
mais seulement si on est vraiment bon dans le geste. Et à force de lire
son auteur, Marc Münster, on ne peut pas s’empêcher de se poser la
question.
L’intéressé rit à la proposition. «Faire une interview
en repassant, oui, ça aurait pu être drôle», sourit-il. En réalité, on
n’a pas osé. Il faudra donc croire ce jeune quadra sur parole. Ce qui
est d’autant plus facile vu son enthousiasme et son air terriblement
sincère: «Bien sûr que je fais vraiment du repassage. D’une part, parce
que cette activité manuelle méditative est plaisante. D’autre part,
parce que j’aime bien ce rôle dans le partage des tâches.» Retrouveznotre page spéciale sur les articles liés à nos «causes».
Banal, mais important
Assis
dans une petite salle de conférences de son bureau biennois, à côté
d’un puits de lumière qui réchauffe juste assez les lieux, il
l’admet volontiers: «Pour un homme, c’est gratifiant de dire qu’on
repasse, on passe pour un progressiste. Si ma femme disait cela, on la
traiterait d’arriérée.» C’est un constat permanent de ce blog qu’il
tient depuis près de deux ans: «Le fait que je dise des choses si
banales et qu’on me félicite montre à quel point on est loin de
l’égalité», poursuit-il. Cet écart provoque aussi un déclic: il faut
continuer, en faire davantage pour mettre fin au sexisme, au patriarcat. https://www.letemps.ch/suisse/marc-munster-legalite-une-affaire-dhomme
Scandale Weinstein: Des femmes, dont Catherine Deneuve, veulent laisser aux hommes "la liberté d'importuner"
AFP
Publié le
- Mis à jour le
International
Un collectif de femmes, dont l'actrice Catherine Deneuve, a publié
mardi une tribune en France pour "défendre" la "liberté d'importuner"
des hommes et s'opposer à la "campagne de délations" apparue après
l'affaire Weinstein, à rebours des réactions suscitées par ce scandale
mondial.
"Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n'est
pas un délit, ni la galanterie une agression machiste", écrivent dans le
journal Le Monde une centaine de comédiennes, écrivaines, chercheuses
ou journalistes, rejetant le "puritanisme" apparu depuis les premières
accusations de harcèlement et agression sexuelle visant le puissant
producteur américain.
Selon elles, si "une légitime prise de conscience des violences
sexuelles exercées sur les femmes, notamment dans le cadre
professionnel" a eu lieu après l'affaire, "cette libération de la parole
se retourne aujourd'hui en son contraire: on nous intime de parler
comme il faut, de taire ce qui fâche, et celles qui refusent de se plier
à de telles injonctions sont regardées comme des traîtresses, des
complices ! ".
"Campagne de délations", "justice expéditive": des hommes ont été
"sanctionnés dans l'exercice de leur métier, contraints à la démission,
alors qu'ils n'ont eu pour seul tort que d'avoir touché un genou, tenté
de voler un baiser, parlé de choses 'intimes' lors d'un dîner
professionnel ou d'avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à
une femme chez qui l'attirance n'était pas réciproque",
soutiennent-elles, évoquant une "vague purificatoire".
Pour ce collectif, "cette fièvre à envoyer les 'porcs' à l'abattoir,
loin d'aider les femmes à s'autonomiser, sert en réalité les intérêts
des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémistes religieux, des pires
réactionnaires et de ceux qui estiment (...) que les femmes sont des
êtres à part, des enfants à visage d'adulte, réclamant d'être
protégées".
"En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme
qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage
d'une haine des hommes et de la sexualité", poursuivent les signataires
de ce texte, disant défendre "une liberté d'importuner, indispensable à
la liberté sexuelle". http://www.lalibre.be/actu/international/scandale-weinstein-des-femmes-dont-catherine-deneuve-veulent-laisser-aux-hommes-la-liberte-d-importuner-5a54ab03cd70b09cef8bc6ec
Des
féministes accusent les signataires de la tribune en faveur de la
"liberté des hommes à importuner" de "mépriser" les victimes
AFP
Publié le
- Mis à jour le
International
Des militantes féministes répondent mercredi à la tribune défendant
la "liberté" des hommes "d'importuner", signée par Catherine Deneuve et
une centaine de femmes, les accusant de vouloir "refermer la chape de
plomb" soulevée par le scandale Weinstein et de "mépriser" les victimes
de violences sexuelles.
"Dès que l'égalité avance, même d'un demi-millimètre, de bonnes âmes
nous alertent immédiatement sur le fait qu'on risquerait de tomber dans
l'excès. L'excès, nous sommes en plein dedans (...) En France, chaque
jour, des centaines de milliers de femmes sont victimes de harcèlement.
Des dizaines de milliers d'agressions sexuelles. Et des centaines de
viols. Chaque jour", écrivent les signataires d'un texte publié sur le
site francetvinfo en "réponse" à la tribune publiée mardi dans Le Monde
par un collectif de femmes, s'inquiétant d'un retour du "puritanisme"
après l'affaire Weinstein.
Pour ces féministes, une trentaine, dont Caroline De Haas, les
journalistes Lauren Bastide et Giulia Foïs, la présidente des Chiennes
de garde Marie-Noëlle Bas, la psychiatre Muriel Salmona, ou de
nombreuses militantes associatives, "les signataires mélangent
délibérément un rapport de séduction, basé sur le respect et le plaisir,
avec une violence".
"Cette tribune, c'est un peu le collègue gênant ou l'oncle fatigant
qui ne comprend pas ce qui est en train de se passer",
poursuivent-elles.
Affirmant que la plupart des personnalités citées dans le quotidien
sont "récidivistes en matière de défense de pédocriminels ou d'apologie
du viol", elles regrettent qu'elles "utilisent une nouvelle fois leur
visibilité médiatique pour banaliser les violences sexuelles" et
"méprisent de fait les millions de femmes qui subissent ou ont subi ces
violences".
"Avec ce texte, elles essayent de refermer la chape de plomb que nous
avons commencé à soulever. Elles n'y arriveront pas", poursuivent les
signataires, concluant que "les porcs et leurs allié.e.s ont raison de
s'inquiéter. Leur vieux monde est en train de disparaître".
Depuis le 1er janvier 2018, l'égalité salariale entre les femmes et les hommes est devenue obligatoire en Islande, premier pays au monde à faire entrer en vigueur une loi entérinant la parité parfaite. Pourtant inscrit dans de nombreux textes législatifs à travers le monde, le principe de l'égalité salariale sans distinction est encore loin d'être respecté partout. Concrètement, les sociétés et les agences gouvernementales employant au minimum 25 travailleurs doivent dorénavant, sous peine d'amendes, disposer d'un document délivré par les autorités certifiant cet équilibre salarial.
Le projet de l'égalité salariale avait été annoncé, lors de la conférence HeforShe à New York, par le Premier ministre islandais, Bjarni Benediktsson, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars dernier. Soutenu par la majorité et l'opposition, il avait été présenté en avril au Althing, le parlement islandais, où une parité parfaite est d'ailleurs presque atteinte.
Depuis neuf ans, l'Islande figure en tête du classement "Global Gender Gap Index" établi annuellement par le Forum économique mondial (WEF) qui mesure l'égalité des genres en matière notamment de participation économique, d'influence politique, de santé et d'éducation. La Belgique occupe elle la 31e place sur un total de 144 États pris en considération. Si rien ne change dans le monde, il faudra attendre 2186, soit près de 170 ans, pour atteindre la parité économique entre les hommes et les femmes au travail, estime le WEF dans l'un de ses derniers rapports annuels.
Toujours concernant la Belgique, le salaire mensuel moyen d'une femme occupée à temps plein était en 2015 inférieur de 6% au montant perçu par les hommes, selon les derniers chiffres disponibles, publiés en septembre par le SPF Économie. Si l'on étend cette analyse aux personnes occupées à temps partiel, l'écart salarial entre les femmes et les hommes grimpe à 20%.
Belga
......
Pas d'égalité homme-femme avant 100 ans
Pour
la première fois depuis que le WEF publie son rapport sur l’égalité des
genres, la tendance est à la régression dans tous les domaines, comme
l’explique Saadia Zahidi, responsable du rapport, dans une interview
Si on est une femme, il vaut mieux vivre en Islande,
aux Philippines ou au Nicaragua qu’en Suisse. Mais c’est pire encore
aux Etats-Unis. Les trois premiers figurent dans le top 10 des pays les
mieux classés en termes d’égalité des genres, qu’il s’agisse de
politique, d’éducation, de santé ou d’économie, selon l’étude annuelle
sur la question du Forum économique mondial (WEF) publiée ce mercredi.
La Suisse est retombée au 21e rang, tandis que les Etats-Unis ont
glissé à la 49e place. Lire aussi notre éditorial: Egalité: et si on n'attendait pas un siècle?
Retour en arrière de deux ans
Plus
inquiétant, depuis dix ans que l’organisation effectue cette étude,
c’est la première fois qu’un recul global est enregistré. L’écart des
genres – mesuré en fonction de l’accès à l’éducation, de la santé, de la
représentation politique et des opportunités économiques – se situe à
68% (100% étant l’égalité absolue), selon son calcul. Il était l’an
dernier à 68,3% et l’année précédente à 68,1%. Il ne s’agit que de
quelques dixièmes de pour cent, mais, symboliquement, cela revient à un
retour en arrière de deux ans. Surtout, cela remet à encore plus tard le
moment où l’égalité sera atteinte: dans 100 ans, alors qu’elle se
profilait dans 83 ans lors de l’édition précédente. Les disparités entre
régions sont importantes: si cet écart pourrait être comblé en 61 ans
en Europe occidentale, il en faudrait 102 en Afrique subsaharienne et
168 en Amérique du Nord.
C’est au travail que l’écart est le plus marqué: il
faudra 217 ans pour atteindre l’égalité des salaires, selon les
estimations du WEF. Dans ce domaine, c’est le pire score depuis 2008. En
tête, l’Islande a comblé 88% de l’écart des sexes. Le pays se trouve au
premier rang depuis neuf ans et continue de progresser. Il a même pris
encore un peu d’avance sur le deuxième, la Norvège, qui a vu son
pourcentage reculer.
La politique, pire segment
L’égalité
des sexes existe dans 27 pays en ce qui concerne l’accès à l’éducation
et dans 34 pays pour l’accès à la santé. Seuls six pays ont comblé tout
écart dans les deux domaines. Aucun pays n’atteint l’égalité dans la
participation et les opportunités dans l’économie, ni dans la politique,
cette dernière étant le domaine où les inégalités sont les plus
criantes. Mieux classée sur ce point, l’Islande affiche un écart comblé
d’un peu plus de 70%.
Un résultat général qui étonne le WEF
lui-même: «Il y a une telle logique économique à inclure les femmes dans
l’économie que cela devrait suffire à améliorer la situation. Des
études le montrent désormais de façon évidente», explique Saadia Zahidi,
membre du comité exécutif responsable des secteurs éducation, genres et
travail au WEF. Si on ne croit pas à l’égalité pour des raisons
éthiques, on peut au moins être motivé par des raisons économiques.»
L'égalité synonyme de gains
Les
études citées par l’experte parlent d’un gain de 250 milliards de
dollars pour le PIB de la Grande-Bretagne si l’égalité était atteinte.
Ce montant est de 1750 milliards pour les Etats-Unis, de 550 milliards
pour le Japon, de 320 milliards pour la France et de 310 milliards pour
l’Allemagne. C’est vrai aussi pour les pays émergents: la Chine pourrait
voir son PIB croître de 2500 milliards en cas d’égalité parfaite. La
valeur de l’économie mondiale pourrait elle aussi grimper de façon
significative, assure le WEF: «Si l’écart se comble de 25% d’ici à 2025,
le PIB mondial pourrait augmenter de 5300 milliards.» Une hausse qui se
traduirait aussi par une amélioration des recettes fiscales dans le
monde.
Saadia Zahidi: «Si elle ne fait rien, la Suisse se fera encore distancer»
Responsable du rapport et membre du comité exécutif du
WEF, Saadia Zahidi explique le recul de l’égalité et donne quelques
pistes d’amélioration, notamment pour la Suisse, qu’elle ne trouve pas
assez active. Le Temps: Le rapport fait état d’un recul global. Y a-t-il quand même des progrès? Saadia Zahidi: Oui. La moyenne régresse,
mais plus de la moitié des 144 pays étudiés ont fait des progrès. Le
Canada et la France, par exemple, se sont hissés parmi les 20 pays les
plus égalitaires. La Bulgarie également, parce que son parlement compte
la plus grande représentation féminine du monde. De même, la
Grande-Bretagne a fait son retour dans les 20 premiers. Le recul général
s’explique parce que de grands pays, la Chine, l’Inde, les Etats-Unis,
qui ont un fort impact sur la moyenne, ont régressé, notamment en raison
de changements ministériels. – Pourtant, on parle de plus en plus des questions
d’égalité en général, sans parler du mouvement #MeToo contre le
harcèlement. La prise de conscience n’est-elle pas si large?
– Il existe une différence entre la prise de conscience,
le momentum et l’action. Nous parlons davantage d’égalité dans tous ses
aspects, c’est un changement sain de pouvoir le faire. Il est finalement
possible de parler de harcèlement, de femmes à des postes de direction,
de politique d’égalité, etc. On peut aussi mettre en avant des «role
models» de femmes qui atteignent ces postes à responsabilité car elles
sont plus nombreuses. Mais tout cela doit être soutenu par des actions.
Il ne suffit pas de compter des femmes aux postes visibles de
directrices générales, il faut aussi un département des ressources
humaines (RH) qui dispose d’une politique claire d’égalité, qui
réfléchisse à comment réintégrer les femmes après un congé maternité,
soutenir les carrières prometteuses, entre autres. Cela prend du temps.
Et cela se passe en arrière-plan. – Que fait le WEF dans sa propre organisation pour s’assurer de l’égalité?
– Le Forum a fait des changements dans sa structure RH,
amélioré la transparence des salaires – il a obtenu une certification
prouvant que les salaires sont égaux – et les chefs d’équipe doivent
rendre des comptes sur le développement des talents des deux sexes. Le
leadership s’est aussi diversifié ces dernières années. – La Suisse est retombée au 21e rang, pourquoi?
– Le pays s’était amélioré, mais il recule cette année,
notamment parce qu’il n’y a plus que deux conseillères fédérales, contre
trois il y a deux ans. Autre problème, les femmes sont trop peu
représentées dans les professions techniques. On les trouve dans
l’éducation, mais elles ne se déploient ensuite pas dans la
main-d’œuvre. La Suisse est l’une des rares économies où un tel écart
est visible. En revanche, nous avons observé une légère amélioration
vers l’égalité des salaires. – Avez-vous des recommandations pour la Suisse?
– La Suisse recule en partie parce que les autres
continuent à progresser alors qu’elle ne change pas. Prenons l’économie:
nous n’avons pas vu grand-chose émerger des discussions pour mieux
intégrer les femmes, contrairement aux autres Etats. Les pays nordiques
restent aux premiers rangs parce qu’ils continuent de travailler à une
plus grande égalité. Ils s’améliorent chaque année. En Suisse, c’est le
moment d’agir, qu’on parle de congé paternité, de formation des femmes,
de moyens de les garder dans les entreprises ou autre. Sinon, le pays va
continuer de se faire distancer.
Transgenre", "fluide", "intersexe": les mots nouveaux du lexique des genres
Par
AFP
,
publié le
, mis à jour à
"Transgenre", "fluide", "intersexe": un nouveau
lexique des genres voit le jour pour décrire la fin du modèle binaire
hommes/femmes et accompagner l'émergence de nouvelles identités
sexuelles.
afp.com/SARA D. DAVIS
Paris - "Transgenre", "fluide", "intersexe": un nouveau
lexique des genres voit le jour pour décrire la fin du modèle binaire
hommes/femmes et accompagner l'émergence de nouvelles identités
sexuelles.
Fait révélateur, le réseau
social mondial Facebook laisse désormais à ses utilisateurs le libre
choix de se décrire, dans leur profil, en "homme", "femme" ou en une foule d'autres cases correspondant à autant de nuances dans l'identité sexuelle.
Revue des nouveaux termes en usage:
- Genre et sexe -
Le
sexe est assigné par la nature tandis que le genre est le produit de la
société. En simplifiant, on peut résumer ainsi la différence entre ces
deux notions centrales qui, dans le langage courant, sont souvent
utilisés l'un pour l'autre.
Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), "le mot +sexe+ se réfère aux caractéristiques biologiques et physiologiques qui différencient les hommes des femmes" tandis que "le
mot +genre+ sert à évoquer les rôles déterminés socialement, les
comportements, activités et attributs qu'une société considère comme
appropriés pour les hommes et femmes".
"Genre" découle directement de l'anglais "gender" qui "renvoie à une dimension culturelle (...) à laquelle correspondent les termes français de masculin et féminin", note la sociologue française Anne-Marie Daune-Richard.
- Transgenre et cisgenre -
Homme dans la peau d'une femme/femme dans la peau d'un homme: le terme "transgenre" désigne une personne qui ne s'identifie pas à son "genre d'assignation à la naissance", à son état civil.
Cette personne peut engager, ou non, un traitement (hormonal, chirurgical) pour faire correspondre son "sentiment interne, personnel d'être un homme ou une femme" avec son identité sexuelle.
La "transition"
désigne la période pendant laquelle la personne engage cette
transformation. Transsexuel(le) désigne une personne ayant achevé la "transition".
Entre
une personne sur 10.000 et une sur 50.000 serait transsexuelle en
France, selon un rapport de la Haute autorité de santé (HAS).
"Cisgenre" désigne une personne qui s'identifie au sexe qui lui a été attribué à la naissance. C'est l'immense majorité des cas.
A noter que "transgenre" et "cisgenre" sont des notions indépendantes de l'orientation sexuelle.
- Fluide et queer -
"Fluide" (ou "genre fluide") désigne une personne dont l'identité sexuelle est changeante, qui passe du masculin au féminin, voire au genre neutre.
"Queer" (à l'origine une insulte en anglais signifiant "bizarre"
que la communauté LGBT s'est appropriée) désigne une personne qui
n'adhère pas à la division binaire traditionnelle des genres.
- Intersexe et sexe neutre -
"Intersexe"
désigne une personne qui n'est ni homme ni femme, qui présente des
caractéristiques anatomiques, chromosomiques ou hormonales ne relevant
pas strictement de l'un ou l'autre sexe.
Les associations
rejettent le terme hermaphrodite qui ne correspond pas à la réalité. Cet
être mythique est doté d'organes mâles et femelles fonctionnels, ce qui
n'est pas le cas dans la nature.
Le nombre de personnes
intersexuées est difficile à évaluer: tout dépend des critères retenus.
La question entre experts fait débat: des estimations américaines vont
de 0,018% à 1,7% des naissances.
La traduction d'intersexe dans l'état civil serait "sexe neutre". Accepté dans des pays comme le Canada et l'Australie, ce "troisième sexe" a finalement été refusé en France par la justice malgré un premier jugement favorable en octobre 2015.
- Asexuel(le) et LGBT+ -
"Asexuel(le)"
désigne une personne qui n'a pas d'attirance sexuelle pour autrui. Cela
n'interdit pas les relations amoureuses, sans sexe, baptisées "romantiques". 1% de la population entrerait dans cette catégorie, selon une étude canadienne basée sur des statistiques britanniques.
L'appellation "communauté gay" a cédé la place à "LGBT" pour englober "lesbienne, gay, bisexuel(le) et trans". Mais aujourd'hui on préfère l'acronyme "LGBT+" afin d'inclure "plus"
de sensibilités: queer, intersexe, asexuel(le), agenre (qui ne
s'identifie à aucun genre) ou encore pansexuel(le) (qui est attiré par
tous les genres). http://www.lexpress.fr/actualites/1/styles/transgenre-fluide-intersexe-les-mots-nouveaux-du-lexique-des-genres_1950056.html
"Machisme", "sexisme", "misogynie": En cette journée pour les droits des femmes, un glossaire pour s'y retrouver
Rédaction lifestyle
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Magazine Pourquoi qualifie-t-on certaines publicité de "sexistes" ?
Donald Trump est-il machiste ou misogyne (ou les deux) ? C'est quoi au
juste le féminisme ? En ce 8 mars, journée internationale pour les
droits des femmes, on vous propose un petit glossaire, histoire de
savoir de quoi on parle. Et comment répondre aux attaques.
Journée internationale des droits des femmes
D'abord un aveu, par la voix de Fanny Benedetti, directrice du comité
ONU Femmes France : l'ONU avoue avoir commis une erreur de traduction
en parlant en français de la "Journée internationale de la femme" (qui
mettrait alors à l'honneur une sorte "d'idéal féminin"). Il s'agit donc
bien de la Journée internationale des droits des femmes. Une journée qui
trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du
début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le
droit de vote. Officialisée en 1977 par les Nations unies, cette journée
est l'occasion de manifestations et témoignages, et l'heure des bilans
et non une fête. Tant que l'égalité entre les hommes et les femmes ne
sera pas atteinte, elle existera. Les hashtags du jour : #IWD2017 #JDF
ou #JournéeDesFemmes ou #8mars
Sexisme
A l'instar du racisme, le sexisme est une
attitude discriminatoire fondée sur le sexe et les stéréotypes qui y
sont associés. En d'autres mots, le sexisme se traduit par des mots, des
gestes, des comportements ou des actes qui marginalisent,
infériorisent, discriminent ou excluent les femmes. Le sexisme ne se
cantonne pas à l'espace public et au harcèlement de rue, régulièrement
dénoncé. Il est partout et dans tous les milieux : le monde sportif, les
médias, le milieu professionnel, les syndicats, l’école, la famille…
Quand une femme s'entend dire "Encore une qui a eu sa promotion en
couchant avec le chef … ", on parle de sexisme pour ne citer qu'un
exemple.
Depuis août 2014, une nouvelle loi contre le sexisme est entrée en vigueur en Belgique.
Elle pénalise "tout geste ou comportement qui, dans les circonstances
visées à l’article 444 du Code pénal, a manifestement pour objet
d’exprimer un mépris à l’égard d’une personne, en raison de son
appartenance sexuelle, ou de la considérer, pour la même raison, comme
inférieure ou comme réduite essentiellement à sa dimension sexuelle et
qui entraîne une atteinte grave à sa dignité."
Ce terme, qui signifie littéralement
"haine des femmes", désigne un sentiment de mépris ou d'hostilité
envers les femmes. On se souvient particulièrement de Donald Trump
faisant preuve de misogynie quand il avait tweeté à propos d'Hillary
Clinton : "Peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son
mari ?"
Machisme
Idéologie fondée sur l'idée que l'homme
domine socialement la femme et que, à ce titre, il a droit à des
privilèges, selon le Larousse. L’expression la plus extrême du machisme ?
Le viol, le harcèlement sexuel et toutes les violences faites aux femmes.
Patriarcat
Forme d'organisation sociale millénaire
dans laquelle l'homme, le patriarche, exerce le pouvoir dans le domaine
politique, économique, religieux, sociétal ou détient le rôle dominant
au sein de la famille, par rapport à la femme. Le monde entier (à part
quelques petites zones épargnées, dont les Moso, en Chine, société sans
père et sans mariage), le monde entier est régi selon le patriarcat.
Masculinisme
Le masculinisme décrit l’ensemble des
idées qui défendent la position dominante des hommes dans la société et
les privilèges qui y sont associés, selon la définition qui nous est
donnée dans le documentaire "La domination masculine" consacré à ce
mouvement. Il réaffirme les différences culturelles les plus archaïques
entre hommes et femmes qu’il justifie par des arguments biologiques. Le
masculinisme n'est pas le pendant "masculin" du féminisme, il s'agit
plutôt d'un mouvement réactionnaire anti-féministe.
Au pluriel, parce qu'il n'y pas un seul féminisme. Le
féminisme a pour but de garantir l'égalité politique, économique,
culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les
hommes. Il vise à lutter contre toutes les discriminations dont sont
victimes les femmes. Attention, le féminisme n'est pas de même nature
que le machisme. Le féminisme ne consacre pas la suprématie des femmes,
il demande leur émancipation, l’amélioration et l’extension du rôle et
des droits des femmes dans la société.
Plafond de verre
Particulièrement sous la loupe cette année puisque le thème 2017 de cette journée est
Les femmes dans un monde du travail en évolution : une planète 50 - 50 d’ici 2030.
De l'anglais "glass ceiling", c' est une expression née dans les années
70, qui désigne l'impossibilité pour certaines personnes d'atteindre
les niveaux supérieurs dans une structure hiérarchique. On utilise
souvent l'expression pour désigner les difficultés d'accès des femmes à
des postes supérieurs égaux aux hommes dans les entreprises.
Gender mainstreaming
Selon le Groupe de spécialistes
pour une approche intégrée de l’égalité (EG-S-MS) du Conseil de
l’Europe, le gender mainstreaming est : "la (ré)organisation,
l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des processus de prise de
décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les
femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par
les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des
politiques". Le gender mainstreaming a donc pour ambition de renforcer
l’égalité des femmes et des hommes dans la société, en intégrant la
dimension de genre dans le contenu des politiques publiques. Ce qui est
encore loin d'être le cas aujourd'hui en Belgique et dans le reste du
monde. En effet, si les femmes bénéficient sur papier des mêmes droits
que les hommes, les politiques, ne tenant pas compte de la réalité des
femmes, ne leur garantissent pas leurs droits sans condition.
Genre
Pour comprendre le genre, on peut partir
de cette citation de Simone de Beauvoir "On ne naît pas femme, on le
devient". L'idée est de dire que nos comportements ou nos rôles ne
doivent pas être naturellement définis par notre sexe. Cela signifie que
la féminité comme la masculinité ne sont pas des données de "nature"
mais des constructions sociales. Le concept de genre permet donc
d'analyser la domination masculine et de dénoncer l'infériorisation des
femmes.
>> Source : Larousse, Blog Les Martiennes, Vie féminine, La domination masculine, wikipedia
Publié mercredi 4 octobre 2017 à 11:52,
modifié mercredi 4 octobre 2017 à 12:09.
Opinion
Transgenres, transsexuels et transphobie: confronter l’idéologie aux faits
La
question fondamentale que posent les transgenres est celle de savoir
s’il faut les aider à transformer leur corps pour qu’ils puissent se
conformer à la perception qu’ils ont de leur identité ou s’il faut au
contraire les aider à acquérir une perception de leur identité qui soit
en harmonie avec leur corps, écrit Christian Bibollet
La nouvelle eut un retentissement international. Le
1er juillet 2015, Bruce a demandé qu’on l’appelle désormais Caitlyn,
Caitlyn Jenner. Et là, en première page d’un prestigieux magazine, on
pouvait admirer son exploit. Champion du décathlon aux JO de 1976, il
apparaissait, quarante ans plus tard, physiquement métamorphosé,
exhalant la grâce et la sensualité d’une actrice de cinéma. Face à une
aussi prodigieuse transformation, certains ont pu penser qu’une
gigantesque barrière à leur épanouissement personnel venait de tomber.
Depuis
son enfance, l’homme court après les oiseaux pour les attraper. Et en
les voyant s’envoler, il s’est pris à rêver de les imiter. De la
«machine à voler» de Vinci, aux prototypes des Frères Wright, aux engins
supersoniques actuels, les progrès technologiques ont complètement
dépassé les rêves les plus extravagants de ces pionniers. Mais
parachutistes, parapentistes, vélideltistes et wingsuiters essaient de
se rapprocher encore un peu plus de ce rêve. Et, l’espace d’une
descente, ils partagent l’esprit de leur animal totem. Ils sont «aigle»
ou «gypaète».
Une fois revenus sur terre, ils sont néanmoins les
premiers à reconnaître que tout cela n’est qu’un jeu, qu’une forme de
sport extrême où il arrive à certains de laisser leur vie.
Idéologie «transhumaniste»
Mais,
depuis peu, d’autres ne parlent plus de jeu. Il semble en effet qu’un
nombre croissant de gens soit absolument résolu à effacer définitivement
la frontière entre rêve et réalité. Devenir «oiseau», expliquent-ils,
n’a rien de ludique. C’est une aspiration existentielle, un besoin de se
libérer des stéréotypes sociaux qui monte du plus profond de leur être
et les pousse à transformer leur corps afin de devenir ce qu’ils sont
persuadés d’être réellement. Pour cela, médecins et laboratoires doivent
œuvrer à l’avènement de leur identité authentique afin que leur
poussent bec, plumes, ailes et griffes.
Pascal a mis en garde contre la tentation de vouloir s’élever au-dessus de la condition humaine en se prenant pour un «ange»
Un
«projet» aussi radical ne laisse jamais indifférent. Parents et proches
sont souvent tourmentés par de multiples questions et par un vrai souci
de l’avenir de ces personnes. Malheureusement, leur choix n’est pas
toujours ouvert au débat. Questionner la perception qu’ils ont
d’eux-mêmes et leur projet de vie – points tellement sensibles – ne fait
pas nécessairement de vous leur ami. Et affirmer que malgré la
transformation de leur apparence physique, ils ne pourront jamais voler
de leurs propres ailes peut très vite être interprété comme un discours
outrageusement «conservateur» ou «haineux».
Le plus intrigant,
c’est que ce «rêve de toute puissance» a déjà très largement gagné la
sympathie d’un public qui va de l’université à la presse populaire. Ce
rêve est devenu, par infusion progressive, un des fondements d’une
idéologie «transhumaniste» qui clame qu’il n’y a pas de limite à ce que
l’être humain peut devenir. Le rêve, aidé de la technologie appropriée,
doit donc permettre de voyager à l’intérieur de la galaxie du «genre»
pour y visiter les différentes planètes qu’on espère y trouver.
Le «principe de réalité»
L’imagination
et l’audace sont de précieuses qualités. Mais il faut à un moment
reconnaître que nous n’échappons pas au fait que le «principe de
réalité» reste le juge ultime de nos créations. De respectables ancêtres
nous ont déjà prévenus que la réalité finit toujours par nous rappeler
les lois qui la fondent. Les Grecs, représentants par excellence du
pouvoir de la pensée et de l’imagination, ont néanmoins admis quelques
limites. Icare, l’homme-oiseau, s’est perdu en s’approchant trop du
soleil. Et plus récemment, Pascal a mis en garde contre la tentation de
vouloir s’élever au-dessus de la condition humaine en se prenant pour un
«ange».
Est-ce que le taux de suicide élevé chez les «aventuriers
du genre» n’est pas un tragique rappel du fait que les «rêves de toute
puissance» sont ce qu’ils ont toujours été, des rêves, mais des rêves
mortifères. On connaît l’objection. Non, c’est l’intolérance et le rejet
de la société qui provoquent le désespoir de ces personnes! Par
conséquent, ce que la société a de mieux à faire est de les accepter et
de s’ouvrir à leur «rêve».
Démontrer la réalité du rêve
Mais
est-ce si simple? La question fondamentale que posent les transgenres
est celle de savoir s’il faut les aider à transformer leur corps – par
des traitements hormonaux ou chirurgicaux – pour qu’ils puissent se
conformer à la perception qu’ils ont de leur identité ou s’il faut au
contraire les aider – par un suivi psychothérapeutique et spirituel – à
acquérir une perception de leur identité qui soit en harmonie avec leur
corps?
La réponse à cette question dépend étroitement de ce que
nous croyons à propos de l’être humain. Est-il doté d’un genre «fixe» ou
«fluide»? L’observation scientifique soutient la première affirmation.
S’il est donc ici question d’idéologie, pourquoi vouloir l’imposer à
tous, dès la maternelle, comme si c’était une loi naturelle? Plutôt que
d’exiger que chacun se convertisse à ce nouveau credo, ses adeptes
devraient s’atteler à la tâche de démontrer que leur rêve a plus de
réalité que la réalité même https://www.letemps.ch/opinions/2017/10/04/transgenres-transsexuels-transphobie-confronter-lideologie-aux-faits
Harcelé parce qu'elle a un peu grossi, Miss Canada donne une leçon de vie
Rédaction lifestyle
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Photos
MagazineBien dans sa peau, la jeune femme représentera son pays à Miss
Univers ce week-end. Pourtant, elle essuie des tas de commentaires
désagréables sur son poids.
Après Miss Islande, c'est au tour de Miss Canada de se retrouver au
coeur des critiques liées au poids. Siera Bearchell subit en effet la
foudre des internautes car elle a pris du poids depuis son élection.
Bien dans ses baskets et fière de ses jolies formes, elle explique, sur
son compte Instagram, sa manière de voir la vie : "Entrer dans une
école de droit demande aussi de la discipline. Courir un marathon
demande de la discipline. Être honnête avec soi-même dans un monde qui
veut constamment nous mettre dans un rôle qui n'est pas le nôtre demande
de la discipline."
Effectivement, Miss Canada a pris un peu de poids après son élection.
La jeune femme de 23 ans a tout simplement décidé d'arrêter de se faire
du mal et surtout de s'assumer : "Les gens me demandent si j'ai pris
du poids pour prouver quelque chose. Nos vies sont fluides, dynamiques
et constamment en changement. Nos corps le sont tout autant. Pour être
honnête, j'ai réduit considérablement mon régime alimentaire lors des
concours précédents et je me sentais misérable. Je ne me sentais jamais
assez bien. Peu importe les petites quantités que je mangeais et le
poids que je perdais, je me comparais constamment aux autres et je
sentais que je pouvais perdre plus encore."
Siera Bearchell s'apprête à représenter son pays au concours de Miss
Univers 2017 à Manille aux Philippines. Le show a lieu ce dimanche. Mais
peu importe, l'étudiante sportive n'a plus l'intention de se priver de
manger : "Ma perception de moi-même dans le miroir n'était pas en
accord avec la réalité. Certains jours, je ne mangeais qu'une barre de
protéine, je faisais du sport pendant des heures et j'avais du mal à
m'endormir parce que j'avais trop faim. Mon corps n'est pas
naturellement élancé et ce n'est pas grave. Je suis en bonne santé. Je
suis musclée. J'ai confiance en moi. C'est ce que je suis maintenant et
je suis bien dans ma peau donc vous aussi vous devriez être d'accord
avec cela. Mes camarades femmes, rappelez vous que la vraie beauté et la
validation de soi commence à l'intérieur".
Rédaction lifestyle
Pour contrer le harcèlement de rue, cette étudiante hollandaise a trouvé une méthode originale
Th. L.
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MagazineNoa Jansma en avait assez de se faire harceler en pleine rue.
Etre une jeune étudiante de 20 ans à Amsterdam, ce n'est pas évident
tous les jours. Noa Jansma vit dans la capitale néerlandaise et voulait
faire quelque chose pour faire face au harcèlement de rue au quotidien.
Des phrases du style : "Jeune fille où vas-tu ? Tu ne pense pas que
nous pouvons passer du bon temps ensemble ?"; 'Tu veux un baiser ?" Sexy
girl, tu veux venir dans ma voiture ?", Noa en avait plus que marre de
les entendre régulièrement en plus des sifflements et des sous-entendus
graveleux.
La jeune femme a donc trouvé une méthode pour le moins originale
pour dénoncer le harcèlement de rue. Elle a décidé de prendre un seflie
avec tous ses harceleurs. Elle a créé pour le coup un compte Instagram
appelé "dearcatcallers" (comprenez chers harceleurs) et durant un mois,
elle a publié régulièrement des seflies avec toutes les personnes qui
l'ont harcelée en rue.
"Souvent, les femmes ne savent pas répondre à un commentaire sexiste", a-t-elle expliqué au site redpers. "Poursuivre
sa route semble être la seule solution, mais cela n'a aucune
conséquence pour les harceleurs. Parfois je leur faisais un doigt
d'honneur, mais je me sentais bête après. Je voulais faire quelque chose
qui me donne du pouvoir sur eux."
C'est lorsque deux jeunes hommes l'ont filmée dans un train
accompagné par de nombreuses remarques grivoises et déplacées qu'elle a
pris son courage à deux mains et qu'elle s'est décidée à demander aux
hommes de prendre une photo avec eux.
En tout, 24 clichés ont été publiés durant le mois de septembre. Et
ce n'est que la partie émergée de l'iceberg car Noa en avait encore bien
d'autres en stock."La frontière est mince entre remarque sexiste et compliment",détaille-t-elle. "Il
est difficile d'estimer quand est-ce que je dois faire une photo, et
quand est-ce que ça n'en vaut pas la peine. Parfois, je prends la photo
puis je la supprime plus tard, parce que ce n'était peut-être pas
vraiment sexiste."
"Mon mois de selfies avec mes harceleurs est terminé mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus de harceleurs", souligne sur son compte Instagram la jeune femme. "Pour montrer que c'est un phénomène global, je vais transmettre ce compte à d'autres filles dans le monde entier." Voici une partie des selfies de la jeune femme:
Chine : une femme enceinte se suicide car on lui refuse une césarienne
afp
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Société
Un intense débat agite actuellement la Chine après le suicide d'une
femme enceinte sur le point d'accoucher: après s'être vu refuser une
césarienne malgré d'intenses douleurs, elle s'est jetée par une fenêtre
de l'hôpital.
Ma Rongrong, 26 ans, n'aurait pas supporté les souffrances engendrées
par les contractions et se serait défenestrée le 31 août depuis le
cinquième étage d'un établissement situé à Yulin, dans la province du
Shaanxi (nord).
Depuis, la famille de la victime et l'hôpital se rejettent la responsabilité du refus de la césarienne.
Les internautes et les médias, eux, s'interrogent: comment cette
intervention chirurgicale, extrêmement banale en Chine, a-t-elle pu être
refusée à la principale concernée, la femme enceinte?
L'hôpital assure avoir conseillé la césarienne à Ma Rongrong. Mais
selon l'établissement, le mari de la victime, à qui elle avait donné
procuration, n'a pas donné son accord et les médecins n'ont pas pu aller
contre la décision de l'époux.
Ce dernier a fermement démenti dans la presse. Il affirme avoir accepté l'intervention, mais que le médecin l'a jugée inutile.
La controverse a connu un rebondissement cette semaine avec la fuite
sur internet d'une vidéo de surveillance montrant Ma Rongrong à genoux
dans un couloir de l'hôpital.
Pour l'établissement, les images prouvent que la jeune femme
implorait ses proches d'accepter la césarienne. Pour sa famille, elle
n'a adopté cette position que pour soulager sa douleur.
Sur internet, beaucoup pensent que la famille n'avait peut-être pas
les moyens de payer -- un problème récurrent en Chine, où les frais
médicaux peuvent être hors de portée des plus modestes.
Certains pointent également la responsabilité du gouvernement, qui
encourage les hôpitaux à réduire le taux de césariennes, la Chine étant
déjà l'un des pays au monde où le recours à cette pratique est le plus
élevé.
"Les hôpitaux veulent limiter les césariennes et les familles ne
veulent pas dépenser d'argent", déplore un internaute sur le site de
microblog Weibo, relayant une impression largement partagée sur les
réseaux sociaux.
"Ce type de système et ce type de famille engendrent de telles tragédies."
Certains dénoncent également les valeurs traditionnelles de la
famille en Chine, en vertu desquelles une femme enceinte subit souvent
l'influence toute puissante de son mari et de sa belle-mère.
"Pourquoi un hôpital ne pourrait pas réaliser une césarienne?", s'emporte un internaute.
"Simplement parce que sa famille n'est pas d'accord? C'est quoi ces règles?"
Le Temps: Vous avez gardé le silence durant six semaines. Qu'est-ce qui vous a fait tant hésiter? Isabelle Moret: Je n'ai pas hésité à me lancer dans
la course au Conseil fédéral, un défi passionnant. J'ai simplement pris
le temps de m'assurer que j'aurai suffisamment de soutien dans mon
parti. Quels sont vos trois principaux atouts?
Mon dynamisme, la combativité avec laquelle je défends mes idées et
ensuite ma capacité à dialoguer avec tous les partis de manière à
trouver des compromis. J'ai travaillé avec le PS pour mettre en œuvre
l'initiative «contre l'immigration de masse». Avec l'UDC, je me suis
engagée sur le dossier de l'asile, tout en respectant la tradition
humanitaire de la Suisse.
Vous vous refusez à jouer l'atout femme. Pourquoi?
Parce que ce qui prime, ce sont d'abord les qualités et les
compétences. Etre une femme apporte une expérience de vie différente,
mais ce n'est pas un argument politique. Lire aussi:Isabelle Moret, ou l'atout femme qu'elle renie Pouvez-vous vous imaginer un Conseil fédéral réduit à une femme sur sept à la suite de la démission de Doris Leuthard?
C'est une possibilité, mais je trouverais dommage qu'on en arrive là,
car toute la population doit se sentir représentée au Conseil fédéral.
Une seule femme, ce serait trop peu. Qu'est-ce qui est le plus urgent pour le pays: que le Conseil
fédéral compte un Tessinois ou qu'il conserve un équilibre entre les
genres?
Qu'il soit composé de personnes compétentes et capables d'aboutir à
des compromis. Je suis la non-italophone s'étant le plus engagée pour un
Conseil fédéral à 9 membres pour y intégrer la minorité italophone.
Bien sûr que le Tessin doit y être représenté équitablement. Mais depuis
l'introduction du droit de vote des femmes en 1971, il a été
surreprésenté proportionnellement à sa population, tandis que le canton
de Vaud y a été sous-représenté. Ada Marra vient de déclencher une polémique en déclarant que «LA Suisse n'existe pas». De quelle Suisse rêvez-vous?
Je suis fière d'être Suisse et j'aspire à une Suisse dynamique qui
s'adapte au monde qui change, en particulier dans le domaine numérique.
Si nous n'investissons pas dans ce domaine, nous prendrons du retard.
Par exemple, les enfants devraient apprendre la programmation à l'école
comme ils apprennent à écrire. Lire aussi:Olivier Meuwly: «On peut être patriote sans être ultranationaliste» Vous vous définissez comme une libérale progressiste, de
gauche sur le social et de droite sur les finances. Est-ce vraiment
compatible?
Je suis effectivement libérale en matière économique et financière.
Mais s’investir sur les thèmes de l'environnement ou de la conciliation
de la vie familiale et professionnelle ce n’est pas être de gauche mais
être progressiste, car ce sont des thèmes qui concernent le quotidien de
tout un chacun. Concrètement, êtes-vous pour ou contre une fiscalité écologique?
Jusqu'à présent, les projets proposés me laissent sceptiques. Je
préfère un système incitatif basé sur l'innovation à un système punitif. Vous n'avez aucune expérience d'exécutif, contrairement à Pierre Maudet par exemple. Aimez-vous prendre des décisions?
Oui. Comme vice-présidente du PLR, j'ai dû en prendre beaucoup, de
même qu'à la tête de différentes organisations comme celle des hôpitaux
(H+), qui regroupe notamment tous les hôpitaux publics. Vous aimez le pouvoir?
Ce n'est pas ce qui m'attire le plus dans la fonction de Conseiller
fédéral. J'aimerais plutôt y concrétiser les idées pour lesquelles je me
bats. Si le département des Affaires étrangères était libre, je me
réjouirais d'empoigner le dossier européen et d'y apporter un souffle
nouveau. Justement, la Suisse a-t-elle besoin d'un accord institutionnel avec l'UE?
Cela ne doit pas être un but en soi. L'essentiel est de faire vivre
la voie bilatérale avec notre principal partenaire économique. Je
constate qu'il y a eu un dégel dans nos relations à la suite de
l'adaptation de l'accord sur les entraves au commerce. L'accord
institutionnel, qui pose la question des juges étrangers, crée pour
l'instant surtout des blocages, notamment dans la population suisse, qui
ne le soutiendrait aujourd'hui pas. Allez-vous vous abstenir de faire campagne sur la réforme des retraites et céder ainsi à la pression du PS?
J'ai toujours défendu mes idées. Je trouve que le projet que j'ai
défendu au Conseil national était plus favorable aux seniors de plus de
50 ans, aux femmes et à la jeune génération. Concrètement, la campagne
pour le Conseil fédéral se déroule en même temps que celle de la
votation du 24 septembre. Du point de vue de la disponibilité, je ne
pourrai pas faire les deux choses en même temps. Mais je serai très bien
remplacée par Olivier Feller, Benoît Genecand et Philippe Nantermod. Vous êtes une femme séparée qui élève seule deux enfants de
11 et 6 ans. Comment allez-vous vous organiser si vous deviez être élue?
Nous avons envisagé une organisation compatible avec un mandat de
conseillère fédérale et tenant compte du bien-être des enfants. Depuis
toujours, nous sommes très organisés à cet égard. Et le papa s’occupe
aussi des enfants. Au 21e siècle, cela ne pose plus un problème
insurmontable. Ma génération a appris à concilier politique et vie de
famille. La présidente du gouvernement vaudois Nuria Gorrite est pour
moi un très bel exemple à cet égard.
Une opinion de Tüllay Umay et Jean-Claude Paye, sociologues.
Avec la PMA et la GPA, on consacre l’externalisation de la
reproduction. Mais, au regard des récits mythiques, un tel choix
politique ne s’oppose-t-il pas à tout ce qui, jusqu’à présent, a
constitué notre humanité ?
En Belgique, la prise en charge du projet
parental des couples de lesbiennes est effective depuis les années
quatre-vingt, bien avant que la procréation médicalement assistée (PMA)
soit encadrée légalement. Quant à la grossesse pour autrui (GPA), aucune
législation ne l’interdit, ce qui l’autorise dans les faits. Comme dans
nombre de pays, ces questions ne suscitent chez nous que peu de
réactions, comme si elles relevaient d’un ordre naturel pouvant même se
passer de tout cadre juridique. Si l’on veut comprendre les enjeux de
ces questions, il est utile de se tourner vers les contrées où elles
font débat en suscitant des oppositions.
Une nouvelle forme de famille
En France, le projet du président Macron de faire voter une loi qui
ouvrira la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes
et aux femmes célibataires, vient de recevoir l’appui du Comité
consultatif national d’éthique sur les "demandes sociétales" de recours
d’aide médicale à la procréation. Dans un avis datant du 27 juin, ce
comité a majoritairement estimé que "cette demande… d’insémination
artificielle avec donneur, pour procréer sans partenaire masculin, en
dehors de toute infécondité pathologique, s’inscrit dans une
revendication de liberté et d’égalité"…
La loi française de 2013 ouvrant l’adoption aux couples homosexuels
ainsi que le projet présidentiel d’ouvrir la PMA aux couples de femmes
promotionnent une nouvelle forme de la famille composée de parents de
même sexe. Ce faisant, le père et la mère deviennent interchangeables.
Ce dernier projet s’inscrit dans une tendance sociétale, installée dans
la plupart des pays occidentaux et promue par les organisations
internationales, conduisant à une dénégation de la différence sexuelle.
Si l’indifférenciation des sexes semble maintenant aller de soi, il
s’agit là d’une véritable rupture dans l’histoire de l’humanité.
Une question originaire
L’existence d’une division sexuelle a toujours fait l’objet d’un
questionnement. Pourquoi deux sexes et non un seul ? La différenciation à
laquelle les textes anciens font référence ne relève pas de l’ordre
naturel. Si le sexe fait partie du Réel, il est organisé par le
Symbolique. Ce nouage le sépare de la nature et forme ce qui est
spécifiquement humain. Les récits mythiques, les textes grecs ou ceux de
l’Ancien Testament, sont éclairants. La division sexuelle n’est pas un
donné, mais une condition pour qu’une société humaine puisse commencer.
Dès qu’il est sexué, l’humain n’est plus un tout. La division sexuelle
installe un manque, elle révèle une incomplétude. Elle inscrit le désir
de l’autre et devient alors constitutive d’un rapport social, la
possibilité de l’existence d’une société.
La question fait déjà partie de la mythologie grecque. Au VIIe siècle
avant Jésus-Christ, Hésiode pose le problème à travers le récit de
Pandora, la première femme créée, sur l’ordre de Zeus, pour distinguer
les hommes des dieux. Jusque-là, les hommes, seul sexe existant,
vivaient parmi les dieux et se reproduisaient en recevant du temple des
enfants mâles. Ils ne devaient ni assurer leur subsistance, ni leur
descendance.
La création de la femme est rupture d’une vie sans dimension
temporelle. Par sa venue, l’homme devient mortel et naît d’un giron
féminin. Une histoire humaine peut alors commencer en se séparant du
monde des dieux.
Présence de l’autre
L’objet du récit de Pandora se retrouve dans le texte biblique
relatif à la création d’Eve. Dans le jardin d’Eden vivait l’Adam, un
humain indifférencié, mâle et femelle, ni homme, ni femme. Cet être est
privé de relations. Afin de tirer l’Adam de son isolement, Dieu va lui
créer un vis-à-vis en séparant les deux sexes. Cependant, l’entrée en
relation n’est possible que si chacun accepte un manque. La
reconnaissance du vis-à-vis implique une perte. Chaque sexe n’est qu’un
côté du rapport, personne ne peut être le tout. Ainsi, la seule présence
de l’autre sexe indique que l’autre manque radicalement.
A l’opposé, les réformes actuelles instituant une nouvelle forme de
famille composée, a priori, de parents de même sexe effacent la présence
de l’autre, celle de l’homme donneur ou de la femme porteuse. En
supprimant le vis-à-vis, elles annulent le manque, faisant de l’homme ou
de la femme un "Un", un être complet semblable à l’Adam ou aux hommes
vivant parmi les dieux.
Déni de la différence des sexes
L’analyse du Comité d’éthique invoque "une reconnaissance de l’autonomie des femmes".
En fait, dans ce texte voulant étendre la PMA aux couples de lesbiennes
et aux femmes seules, n’apparaît qu’un sexe, celui de la femme. Dans le
cas de la PMA, la femme se montre comme toute et peut engendrer sans
l’autre sexe. Le masculin disparaît derrière son don de sperme. La
procréation est séparée de la relation sexuelle. La femme n’a plus
affaire qu’avec la machine médicale qui lui garantit son "autonomie",
c’est-à-dire l’absence de l’autre.
La fusion avec la machinerie médicale supprime sa castration. Il en
est de même pour le couple homosexuel dans le cadre de la GPA. Il s’agit
de la même opération de déni de l’autre, ce dernier n’existant que
comme support d’une opération technique, comme un rouage de la machine
médicale. Cependant, si l’externalisation de la procréation fait
disparaître le masculin dans le cadre de la PMA et féminin dans la GPA,
elle annule également le donneur d’ordre féminin ou masculin. Son image
de toute-puissance, d’absence apparente de manque, masque en effet sa
totale subordination à la machine médicale et étatique. La femme ou
l’homme demandeur occupe une place semblable à celle occupées par les
hommes dans le mythe grec où ils recevaient les enfants du temple
religieux, le service étant aujourd’hui assuré par le temple médical.
Comme les Grecs mythiques, ils n’ont pas de manque, ils n’ont pas
d’autre et ils sont totalement dépendants en ce qui concerne leur
procréation.
L’externalisation de la reproduction est un choix politique d’une
société composée de monades n’ayant pas de relations entre elles. Aussi,
"Dieu seul (ici la machine médicale) fait la liaison et la communication de ces substances". Comme l’exprime Leibniz : "L’état d’individualité les fait être comme de petits dieux."
Il s’agit donc d’un projet sociétal qui s’oppose à tout ce qui, jusqu’à
présent, a constitué notre humanité, d’un renversement du choix dont
rendent compte les textes mythiques, celui du dépassement de la seule
relation à Dieu par l’ouverture de l’humain à l’autre grâce à la
création d’un vis-à-vis. http://www.lalibre.be/debats/opinions/pourquoi-deux-sexes-opinion-5978b7c7cd70d65d25006a43
COMMUNIQUÉS DE PRESSE
08 juillet 2017
Un nouveau dispositif de financement du Groupe de la Banque
mondiale pour mobiliser plus de 1 milliard de dollars en faveur des
femmes entrepreneurs
HAMBOURG (Allemagne), 8 juillet 2017—Le Groupe de la Banque
mondiale annonce ce jour, à l’occasion du sommet des dirigeants du G20,
la création d’un nouveau dispositif de financement visant à mobiliser
plus d’un milliard de dollars pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin
et aider à accroître l’accès des femmes des pays en développement aux
financements, marchés et réseaux dont elles ont besoin pour assurer le
démarrage et la prospérité de leurs entreprises.
Pays initiateur de l’idée de ce dispositif, les États-Unis en seront un membre fondateur aux côtés d’autres pays donateurs.
« Cet incroyable dispositif aura un impact énorme sur le développement économique des femmes dans le monde », déclare le Président des États-Unis Donald Trump.
« Il contribuera à créer davantage de possibilités et à stimuler la
croissance économique, notamment en aidant à lever les obstacles uniques
auxquels sont confrontées les femmes entrepreneurs. Je suis fier de la
contribution des États-Unis à conduire les efforts qui sous-tendent
cette initiative sans précédent ».
« La démarginalisation
économique des femmes est un facteur déterminant pour parvenir à la
croissance inclusive nécessaire pour mettre fin à l'extrême pauvreté. C’est bien la raison pour laquelle cela continue d'être une priorité pour nous », affirme le Président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim.« Ce
nouveau dispositif présente une occasion unique de mettre les secteurs
public et privé à contribution pour ouvrir de nouveaux horizons aux
entrepreneuses et aux entreprises appartenant à des femmes dans les pays
en développement du monde entier ». « Chacun y gagne
lorsque les femmes disposent des ressources dont elles ont besoin pour
participer pleinement à nos économies et sociétés », souligne le Premier ministre canadien Justin Trudeau. « Notre gouvernement est déterminé à aider les femmes à obtenir les outils qu’il
leur faut pour assurer leur succès d'entrepreneuses et de dirigeantes.
Cet important investissement aidera les femmes des pays en développement
à créer des emplois, bâtir des économies qui fonctionnent pour tous et
qui aient une chance réelle et juste de réussir ». « Je
constate avec satisfaction que cette initiative en faveur des femmes
apporte une réelle valeur ajoutée. Je remercie sincèrement tous ceux qui
y ont œuvré, parmi lesquels le Président de la Banque mondiale Jim Yong
Kim et Ivanka Trump. L’exemple de cette initiative de financement en faveur des femmes entrepreneurs est la preuve que le G20 n’est pas simplement un sommet de deux jours, mais un véritable processus », indique la Chancelière allemande Angela Merkel. « Enfin, il ne fait pas l’ombre d’un
doute dans mon esprit que sous la direction de Jim Kim, les
investissements consentis seront réellement productifs et source de
valeur ajoutée ».
Selon le Premier ministre japonais Shinzo Abe,« La participation active des femmes au sein d’une société est l’un des axes de l’abenomics.La
démarginalisation des femmes et leur rôle directeur contribueront à la
diversification et à la redynamisation des organisations et des
sociétés.« Ce dispositif incarne cette conviction au sein des pays en développement ; il est porteur de l'avènement d’une société dans laquelle la femme est promise au succès ».
Premier
dispositif de promotion de l'entrepreneuriat féminin administré par la
Banque mondiale à une telle échelle, l’initiative de financement en
faveur des femmes entrepreneurs (We-Fi) s’emploiera à mobiliser plus
d’un milliard de dollars de financements pour améliorer l’accès au
capital, apporter une assistance technique et investir dans des projets
et programmes de soutien aux femmes et aux PME féminines dans les pays
clients du Groupe de la Banque mondiale. Le dispositif vise à faire
jouer l’effet de levier des financements des donateurs – d’un montant
actuel de plus de 325 millions de dollars – pour débloquer plus d’un
milliard de dollars auprès des institutions financières internationales
et des banques commerciales, en faisant appel à des intermédiaires
financiers, des fonds et d’autres acteurs du marché.
Les
États-Unis et l’Allemagne ont invité le Groupe de la Banque mondiale à
mettre ce dispositif sur pied en raison de sa longue expérience, de ses
réalisations et de son important programme dans les domaines de
l’apprentissage et de l’innovation. L’initiative bénéficiant d’un
soutien solide des donateurs, notamment l’Allemagne, l’Arabie saoudite,
l’Australie, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, le Danemark, les
Émirats arabes unis, les États-Unis, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas
et le Royaume-Uni, le Groupe de la Banque mondiale a pu le concevoir et
le soumettre à l’approbation de son Conseil d’administration au cours de
l’actuelle présidence allemande du G20.
« La rapidité avec laquelle la communauté internationale s’est
mobilisée en faveur de cette nouvelle initiative est tout à fait
remarquable ; le résultat obtenu a dépassé nos objectifs de près de 100
millions de dollars », se félicite M. Kim. « C’est non seulement la preuve qu’il est important d’accroître
la démarginalisation économique des femmes mais aussi le signe que nous
disposons de plus de ressources pour aider les femmes à démarrer des
entreprises et les faire prospérer. Nous remercions le Président Donald
Trump, la Chancelière Angela Merkel et Ivanka Trump d’être d’ardents défenseurs de ce dispositif de financement et de la cause des femmes entrepreneurs en général ».
Le
dispositif de financement We-Fi s’appuie sur les succès passés et
actuels des programmes du Groupe de la Banque mondiale et s’efforce
d’élargir les perspectives, en soutenant les entreprises féminines très
en amont pour favoriser leur croissance et en débloquant l’accès aux
capitaux et aux services d’assurance. Dans le même temps, le dispositif
de financement entend étayer des interventions complémentaires du
secteur public qui confortent l’environnement des affaires et
élargissent les débouchés commerciaux pour les femmes chefs
d’entreprise.
Le présent dispositif se distingue des initiatives
actuelles en ce qu’il représente une plateforme permettant de mettre en
cohérence des réformes nationales et des investissements privés, de
s’appuyer sur ce qui marche pour appliquer les leçons de l'expérience en
matière de démarrage et de promotion d’entreprises détenues ou dirigées
par des femmes, de rassembler des données clés auprès des secteurs
public et privé sur les femmes entrepreneurs et leurs entreprises et de
soutenir l’innovation et l’apprentissage pour obtenir des résultats sur
une grande échelle.
Les femmes entrepreneurs se heurtent à de
nombreux obstacles pour financer, acquérir et faire prospérer une
activité : accès limité au capital et à la technologie, absence de
réseaux et manque d’accès à l’information, freins juridiques et
politiques à la détention et à la création d’entreprises.
Le
dispositif We-Fi s’emploiera à démanteler les obstacles à l’accès au
crédit et à offrir des services complémentaires, comme des activités de
renforcement des capacités, un accompagnement en matière de réseautage
et de mentorat ou encore des opportunités pour évoluer sur les marchés
intérieurs et internationaux, tout en s’attachant à améliorer
l’environnement des affaires pour les PME détenues ou dirigées par des
femmes dans les chaînes d’approvisionnement des pays en développement.
L'accès
aux services financiers constitue l’un des principaux obstacles à
l'entrepreneuriat féminin. Près de 70 % des PME détenues par des femmes
dans les pays en développement sont exclues par les établissements
financiers ou ne sont pas en mesure de recevoir des services financiers
assortis de conditions adéquates pour satisfaire leurs besoins. De nombreux obstacles freinent les femmes entrepreneurs
À
l’échelle mondiale, l’on estime à 30 % la proportion d’entreprises
formelles dûment enregistrées qui appartiennent à des femmes.
Pourtant,
70 % des PME détenues par des femmes dans les pays en développement
sont exclues par les établissements financiers ou ne sont pas en mesure
de recevoir des services financiers assortis de conditions adéquates
pour satisfaire leurs besoins. Il s’en suit un déficit de financement
annuel d’environ 300 milliards de dollars pour les PME formelles
détenues par des femmes.
L’absence de réseaux et le manque
d’accès à l’information et aux marchés lucratifs contribuent à freiner
davantage l'évolution des entreprises féminines.
De plus, la
morosité de l’environnement économique et l’application de
réglementations défavorables constituent autant d’obstacles qui
continuent d'empêcher les femmes entrepreneurs d'accéder à des
financements.
Le fait que de nombreux établissements financiers
des marchés émergents tardent à formuler une stratégie viable pour faire
face à cet important déficit de financement constitue une occasion
manquée et un frein au développement du secteur privé.
À l'attention des rédacteurs en chef :
Tirant
parti de la longue expérience accumulée par la Banque mondiale dans
l’accueil de ce type de fonds, le dispositif de financement y sera
établi en tant que fonds d’intermédiation financière.
À l’instar
d’autres banques multilatérales de développement qui proposeront au
dispositif des activités du secteur public et du secteur privé en vue de
leur financement, la Banque et IFC agiront en qualité de partenaires de
mise en œuvre du dispositif We-Fi.
Conseillère du président des
États-Unis, Ivanka Trump, qui a aidé à lancer l’idée de ce dispositif
et reste un solide défenseur de l’entrepreneuriat féminin, n’y jouera
aucun rôle au plan opérationnel ni dans la mobilisation de fonds.
Un client chez qui Vanessa travaillait comme nettoyeuse lui a "sauté dessus"
L’incident – mettez des guillemets – remonte à 2011. Mais Vanessa,
33 ans, s’en souvient comme si c’était hier. Un client chez qui elle
travaillait comme aide ménagère lui a “littéralement sauté dessus”
. Il l’a embrassée dans le cou, lui a palpé les seins… La jeune femme
est restée tétanisée pendant une minute avant de revenir à elle. “Je l’ai repoussé et je me suis échappée” .
Comme elle, près d’une aide ménagère sur trois (32 %) a un jour été
victime de violences sexuelles au travail, si on en croit les résultats
d’une enquête menée par la CSC Alimentation et Services rendue publique
mardi (lire ci-contre). Une maison très très chic
Les faits dont Vanessa a été victime se sont déroulés dans une commune cossue sur les hauteurs de Liège. “Un quartier plutôt chic et une maison très très chic”
, décrit-elle. Quand madame était là, l’aide-ménagère n’avait pas un
bonjour de monsieur. Ce jour-là, elle s’est retrouvée seule avec lui. “Je dois chaque fois terminer par laver la douche qui se trouve dans la cave” . Le client lui a emboîté le pas dans l’escalier, s’approchant délibérément d’elle. “Je sentais sa salive dans mon cou et sur ma poitrine” .
La jeune femme rentre chez elle sous le choc. Elle accuse le coup mais hésite à déposer plainte. Son compagnon l’en convainc : “Il n’y avait pas eu d’actes sexuels mais il m’avait touchée et je ne voulais pas” . Elle décide donc de s’adresser à la justice, “pour que ça n’arrive pas à quelqu’un d’autre” . Suivi psychologique
Vanessa n’était pas au bout de ses peines. Au commissariat où elle
se rend deux jours plus tard, les policiers ne se cachent pas pour
rigoler, “l’air de dire que j’étais prude” . Elle entend des remarques égrillardes qui volent dans le bureau : “Qu’est-ce qu’elle a celle-là ? Elle a peur qu’on lui touche les fesses ?”
. On lui dit qu’elle aurait dû venir le jour même : on aurait pu faire
des prélèvements. Comme elle était seule en présence du client au
moment des faits, c’est sa parole contre la sienne… “En plus, sa femme a dit que j’étais une salope” .
Vanessa a demandé son C4 à l’entreprise de titres-services qui l’employait à cette époque. “J’ai déprimé pendant 6 mois et j’ai pris vingt kilos” , ajoute-t-elle. Elle a aussi dû avoir un suivi psychologique pendant un an et demi. “Je n’ai toujours pas reperdu mes kilos : ma psy m’a expliqué que je voulais me rendre indésirable aux yeux des hommes”.
Cet événement a provoqué une profonde remise en question chez la jeune femme.
“La première fois, quand ça m’est arrivé, je n’ai pas compris. Je
sortais de ma campagne. J’ai été élevée dans l’amour et le respect des
autres. Nous, les aides ménagères, on ramasse les crasses des gens mais
on nous prend pour de la merde.”
Si elle parle d’une “première fois” , c’est qu’il y en a eu
d’autres. Vanessa nettoie chez les particuliers depuis qu’elle a 19
ans. L’an dernier. Elle a dû faire un remplacement de quatre semaines
chez un homme seul. “Je le sentais très oppressant, très physique”.
Il la frôlait, la touchait. “J’ai mis mes distances à trois ou quatre reprises”.
Pendant qu’elle faisait le ménage, le client regardait des films pornos
sur son ordinateur, dans le salon. Et orientait les caméras de
surveillance de la maison opportunément sur le séant de l’aide
ménagère... “Alors que j’étais abaissée pour nettoyer, il s’est levé, a attrapé mes fesses et a donné un coup de reins” , mimant un acte sexuel. “Je n’allais pas faire ça toute ma vie...”
La jeune femme ne s’est pas laissé faire. “Je me suis énervée sur lui. J’ai téléphoné à mon patron et je l’ai dénoncé”
. Un employeur qui a pris d’emblée la mesure de l’incident. Vanessa a
pris contact avec sa collègue qui travaillait depuis cinq ans chez cet
homme. “Je me disais qu’elle n’osait peut-être rien dire. Mais il ne lui avait jamais rien fait” .
Ces expériences ont déclenché une prise de conscience. “Je n’allais pas faire ça toute ma vie”.
La nettoyeuse a repris des études en cours du soir, après ses ménages. “Je suis en deuxième année, en éducation spécialisée” .
Une aide ménagère sur trois est victime d’agression sexuelle
Selon l’enquête de la CSC menée auprès de 51 000 nettoyeuses et
aides familiales, un tiers des aides ménagères ont un jour été victimes
de violences sexuelles au travail. Il s’agit le plus souvent (dans 60 %
des cas) de violences verbales : on fait des remarques sur
l’apparence; on insiste pour aller boire un verre; on fait des avances;
on demande de travailler en bikini… Mais dans 37 % des cas, cela va
jusqu’à des attouchements non désirés.
Plus de 200 000 travailleuses et travailleurs gagnent leur vie en
nettoyant, selon le syndicat chrétien. Il s’agit d’un métier isolé car
le lieu de travail est souvent la propriété privée du client et les
nettoyeuses y travaillent généralement seules. Ces caractéristiques du
métier rendent les nettoyeuses plus vulnérables à la violence sexuelle. “Il s’agit d’un problème largement méconnu” , commente Pia Stalpaert, présidente de la CSC Alimentation et Services.
“En tant que syndicat, nous avons récolté des récits de nettoyeuses qui
n’osaient plus aller chez un client pour cause de harcèlement. Mais le
tabou est encore énorme et les problèmes ne sont souvent pas signalés.
Les nettoyeuses ne savent bien souvent pas à qui s’adresser pour
communiquer un comportement problématique.”
Le syndicat envisage différentes mesures, parmi lesquelles le
développement de formations pour aider les nettoyeuses à réagir face à
ces violences, la promotion des personnes de contact habilitées à leur
offrir un accompagnement et la sollicitation du Comité pour la
prévention et la protection au travail afin qu’il se penche sur la
problématique.
Bisous sur la bouche, attouchements, propositions... “C’est vraiment choquant”
Voici quelques témoignages recueillis par la CSC auprès d’aides
ménagères qui ont été victimes de violences sexuelles au domicile de
leurs clients. 1 “Je me suis trouvée à plusieurs reprises devant
différents clients entièrement nus qui me faisaient des propositions
sexuelles. Heureusement je n’ai jamais subi de violence, bien que
certains aient été très insistants !!” 2 “Le jour où ça s’est passé (bisous sur la bouche +
attouchements), je lui ai mis un mot pour lui dire que j’étais là pour
le ménage et pas pour me faire draguer ; je lui ai rendu ses clés et je
lui ait dit que je ne viendrai plus. Le client a essayé de téléphoner
mais moi je n’ai pas répondu; alors le lendemain, quand j’ai ouvert les
volets, il était dans la voiture et il est venu me demander pardon. Je
vais retravailler chez lui mais la condition est qu’il ne soit pas là
quand moi je viens chez lui, et ça marche.” 3 “Il me demande de nettoyer chez lui en maillot de
bain. Les deux premières heures je travaille normalement. Le restes des
heures, je dois m’occuper de lui. D’abord commencer par lui donner un
bon bain ; ensuite ce que vous pouvez imaginer en me proposant de
l’argent. C’est vraiment désolant, choquant, traumatisant.” 4 “Les faits (attouchements indésirés) m’ont chamboulée
et perturbée. J’ai demandé à avoir un autre client. Surtout, je n’ai
rien osé dire à mon compagnon de peur d’une dispute entre nous ou qu’il
aille s’énerver chez le client” . 5 “Certains clients, souvent la crise de la qurantaine
ou cinquantaine, se prennent le loisir d’essayer une remarque. Si on ne
les recadre pas tout de suite, ils se croient tout permis et ce sous
prétexte qu’ils sont chez eux !” .
Licenciée à 4 mois de grossesse: les plaintes pour discriminations liées au genre sont en hausse
Annick Hovine
Publié le
- Mis à jour le
Belgique 38 % des discriminations sont liées à la maternité. Dans le contexte
du travail, 70 % des plaintes ont été introduites par des femmes.
Sur le marché du travail, il faut se battre. Pour y entrer. Et pour y
rester. Mais la lutte est inégale pour les femmes : leur position face
à l’emploi reste plus vulnérable que celle des hommes. Les derniers
chiffres des signalements relatifs aux discriminations fondées sur le
sexe, publiés mardi par l’Institut pour l’égalité des femmes et des
hommes (IEFH), en sont une nouvelle preuve. En un an, l’IEFH a
enregistré 50 % de plaintes en plus (318 en 2016, contre 214 en 2015).
Un gros tiers des signalements concernent la situation
professionnelle, avant les biens et les services, la sécurité sociale,
les médias… Dans le contexte du travail, 70 % des plaintes liées à la
discrimination en raison de sexe ou du genre ont été introduites par des
femmes, précise Michel Pasteel, directeur de l’Institut. “Nous
remarquons que les hommes sont davantage victimes de discrimination lors
du recrutement alors que les femmes courent ce risque dans toutes les
phases de la carrière” . Dans plus d’un cas sur trois (38 %), la discrimination au travail a un lien avec la grossesse ou la maternité. Un C4 sous le sapin
C’est le cas de cette maman qui avait repris le travail en mars 2015
après la naissance de son premier enfant. Au cours de l’été, elle a
voulu prendre trois mois de crédit-temps avec pour motif de “s’occuper
d’un enfant de moins de 8 ans”. Son supérieur lui a concédé un mois.
Après l’été, la travailleuse est tombée enceinte de son second. Une
grossesse compliquée; elle a dû s’absenter à plusieurs reprises pour
raisons médicales. En octobre, la femme a reçu une évaluation négative.
Son supérieur devait établir un plan d’amélioration formel jusqu’à fin
2015 mais ce plan n’a jamais vu le jour. En décembre, l’évaluation
finale tombait : “ne répond pas aux attentes” . Après le congé de Noël, elle recevait son C4.
L’analyse des faits a clairement permis de conclure que cette dame
avait été licenciée en raison de sa grossesse, indique l’IEFH qui a mis
l’employeur en demeure et exigé une indemnisation : la travailleuse qui a
été licenciée au cours de la période de protection de la maternité et
cet écartement constitue une forme de discrimination. Une transaction a
pu être conclue : la femme recevra, entre autres, une indemnité
substantielle. 18 dossiers devant les tribunaux
A côté de cet exemple – malheureusement – “classique”, il arrive
qu’une femme se voit refuser un poste parce qu’elle a un ou des enfants
et que son employeur estime qu’elle ne sera pas assez flexible. Ou
qu’une jeune maman qui reprend le travail après son congé de maternité
découvre que son remplaçant s’est définitivement installé à son bureau
– et qu’elle est gentiment dirigée vers une fonction subalterne. Ou
qu’elle n’est plus traitée comme un membre à part entière de l’équipe
suite à sa demande de temps partiel. Sans compter les différences de
salaire qui persistent entre hommes et femmes pour les mêmes tâches.
En 2016, différents tribunaux ont été saisis de 18 dossiers dans lesquels l’Institut intervenait comme partie.
Quand les femmes se heurtent à leur représentation tronquée
Aurélie Moreau
Publié le
- Mis à jour le
Médias/TéléOn sait que la représentation des femmes à l’écran est un problème
mondial. Belge compris. Mais saviez-vous que la Tunisie mène une
campagne volontariste dans un contexte particulier,
post-révolutionnaire? Entretien.
Président du comité d’avis chargé d’examiner les questions relatives à
l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, Patrick Prévot
(député PS à la FWB), avait introduit une proposition de modification de
décret en vue de renforcer l’égalité homme/femme dans les médias
audiovisuels, sur toutes les plateformes.
La proposition – adoptée – introduit la notion de stéréotype et
prévoit la pérennisation d’un “baromètre diversité” mis en place entre
2011 et 2013 par l’ancienne ministre PS de l’Audiovisuel, Fadila Laanan.
Avec cette modification, le principe de l’égalité homme/femme apparaît
comme une obligation. Si elle n’est pas respectée, le CSA pourra prendre
des mesures coercitives.
Demeurait une interrogation : les budgets dévolus au CSA pour assumer
ces nouvelles missions. Le Conseil obtiendrait 70 000 euros pour mettre
en place le baromètre. “Et une enveloppe additionnelle”, indique Dominique Vosters, président de l’organe de régulation. “C’est
un petit peu en dessous de ce que nous avions évalué en termes de
besoins. On donnera donc au gouvernement et au parlement ce pour quoi on
est financé. On est déjà à la limite du sous-financement à l’heure
actuelle. C’est un autre débat, mais ça entre en compte dans ce nouveau
projet.”
Ces préoccupations s’inscrivent également dans le cadre d’un projet
international impliquant la Belgique et la Tunisie. Ces trois derniers
jours, à Bruxelles, les organes de régulation des deux pays ont partagé
leur expérience. Objectif ? Publier les résultats d’une recherche
commune sur l’égalité homme/femme dans les médias en 2017.
A cette occasion "La Libre Belgique" a rencontré les membres de la
délégation tunisienne. Nouri Lajmi préside la Haute autorité
indépendante de la communication audiovisuelle (Haica). Soit
l’équivalent du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) belge. Il
évoque une représentation médiatique des femmes "peu encourageante". Quels sont les résultats des études menées en Tunisie ?
Quand on analyse la présence des femmes à l’écran, dans le cadre des
émissions d’information, par exemple, elles représentent 10 % des
intervenants. Et ce, dans le meilleur des cas. Dans le pire des cas,
elles représentent à peine 1 % des intervenants. Outre leur nombre, de quelle manière les femmes sont-elles représentées ?
L’étude porte surtout sur leur présence et le temps de parole. On
n’analyse pas vraiment leur discours mais les thèmes sur lesquels elles
interviennent. La participation de femmes expertes par exemple est quasi
nulle. Elles n’ont malheureusement pas voix au chapitre. Elles
s’expriment davantage sur l’éducation, la cuisine, par exemple. Ou
encore sur la justice. Mais c’est un cas assez particulier à la Tunisie
parce que nous avons une association de femmes magistrates très actives
et où la femme est très bien représentée. Notre but est vraiment
d’accompagner les médias, les journalistes, etc. Récemment, on a
commencé à travailler avec les responsables éditoriaux sur la rédaction
d’une charte, d’un code de conduite. Vous avez aussi pris une décision importante par rapport à un
reality show populaire. Ce dernier avait présenté une jeune fille
mineure (tombée enceinte suite à un viol) comme responsable des faits
dont elle avait été victime.
C’est la décision la plus importante que nous avons prise depuis la
création de l’Haica. Nous avons suspendu le programme pendant trois
mois. Or ,il est très suivi en Tunisie. C’est un programme phare de la
chaîne El Hiwar Ettounsi ("le dialogue tunisien"). Une grande partie de
l’opinion publique demandait la fin pure et simple de ce programme. Ça
montre le fossé qui existe chez nous, entre l’opinion publique et les
médias. C’est-à-dire?
Le Parlement tunisien compte 31,3 % de femmes parmis ses
représentants politiques. C’est plus qu’en France. Les femmes
tunisiennes ont obtenu le droit de vote avant les canadiennes. La
population est demandeuse de changement, ces changements s’opèrent dans
la société mais les médias ne suivent pas. Les élites sont favorables à
défendre l’égalité entre les hommes et les femmes. A l’image de la
société civile, également très farouche par rapport à ces questions. Pourquoi ce fossé?
Avec la révolution, le marché s’est ouvert, diversifié (lire ci-contre). Sont apparus des reality shows,
et de plus en plus de divertissement, de sensationnalisme parfois. Les
médias recherchent désormais le buzz. Or si vous regardez la société, il
y a eu de nombreux changements. Si vous comparez la Tunisie à d’autres
pays arabes, c’est l’un des seuls pays où la polygamie a été
officiellement interdite depuis l’indépendance. Le droit des femmes en
Tunisie, c’est en partie l’oeuvre de Habib Bourguiba, et cette
progression doit se poursuivre. D’autant que la femme tunisienne a joué
un très grand rôle pendant la révolution. En tant que mère, militante,
femme politique, révolutionnaire. Ce n’est donc que justice de
revendiquer une place plus importante pour elle, avec des rôles plus
importants au niveau des postes à responsabilités. Au niveau médiatique,
les femmes apportent également un regard, une démarche plus
représentatifs de la diversité. C’est ce que nous devons faire
comprendre aux médias à travers une approche pédagogique et
d’accompagnement.
Liberté d’expression, droit des femmes et climat post-révolutionnaire
Crée en 2013 (à l’occasion de la journée internationale de la liberté
d’expression), la Haute autorité indépendante de l’audiovisuel
(l’Haica) naît d’un contexte particulier, post-révolutionnaire. "Après le printemps arabe, il y a eu un véritable climat de liberté, indique Nouri Lajmi, président de l’Haica. Ce
fut un changement radical. Les lois qui régissaient la liberté
d’expression, de presse, ont été abrogées. Il n’y avait plus rien. Les
gens s’installaient n’importe où, levaient des antennes pour émettre.
Certains étaient entrés en Tunisie clandestinement. C’était devenu
l’anarchie. On a finalement organisé ce marché en lançant des
candidatures, en octroyant des licences, en rédigeant des cahiers des
charges pour la première fois, etc. On a essayé d’accompagner ces
médias, en organisant des ateliers internationaux avec l’Unesco et
d’autres partenaires, dont le CSA belge, sur les enjeux de la
régulation, de la déontologie, etc."
L’enjeu principal ? "Fixer des limites à la liberté d’expression pour faire respecter d’autres droits fondamentaux comme celui des femmes.De
nombreux médias percevaient en effet la liberté d’expression comme un
instrument sans limites au point de diffuser des propos haineux. Or,
être libre, c’est aussi être responsable."
Aujourd’hui encore, les incitations à la haine (contre les femmes,
les homosexuels ou les personnes originaires de régions stigmatisées)
constituent de nombreuses infractions. Dans 30 % des cas, elles sont
prononcées par des journalistes. "Arrivent ensuite les hommes politiques, et en troisième position, les prédicateurs", explique Samira, Hammami, responsable de l’Unité monitoring de l’Haica.
D’abord perçue comme un nouvel instrument de censure ("attention, nous sommes écoutés, soyons prudents", déclarent à l’antenne plusieurs journalistes), l’Haica est finalement "parvenue à créer la confiance", assure Nouri Lajmi.
Depuis, l’instance de régulation a organisé le paysage audiovisuel
(59 médias), émis de nombreuses recommandations - notamment sur le
traitement médiatique des attentats - et monitorent des centaines
d’heures de débats politiques. La situation n’est pas parfaite,
reconnaît le président, mais "on avance". http://www.lalibre.be/culture/medias-tele/quand-les-femmes-se-heurtent-a-leur-representation-tronquee-58370ffccd7035613076303d
Etats-Unis
«L'effet femme» n'aura pas suffi à Hillary Clinton
A New-York, une femme agrippe à son drapeau américain durant l'annonce des résultats.
La défaite de la candidate
démocrate traduit également celle du féminisme, désavoué au même titre
que les élites, par une majorité du peuple américain. Les réseaux
sociaux s'émeuvent
Stupeur et consternation. La victoire de Donald
Trump, plébiscité par 42% des électrices, brise l’espoir de voir une
femme accéder pour la première fois à la présidence des Etats-Unis. Sur
les réseaux sociaux, le choix d’un candidat ouvertement misogyne et
friand de propos graveleux est vécu comme un camouflet. Il révèle aussi
la déroute du féminisme blanc dans une Amérique qui demeure profondément
sexiste. «L’effet femme» sur lequel Hillary Clinton comptait n’a
définitivement pas eu lieu. Ou plutôt, il n’a pas suffi.
Sur Twitter, les déclarations oscillent entre colère et désillusion
face à ce que les déçus qualifient de «cauchemar national». Leur refus
s’exprime à travers le hashtag #NotMyPresident (pas mon président) et
parmi toutes les minorités qui déplorent l’arrivée de Donald Trump à la
Maison blanche, les femmes sont bien représentées. «Aujourd’hui, je me
sens vaincue. Je n’ai jamais été aussi triste d’être une femme», lâche
l’animatrice Sarah Spain. Beaucoup ne se reconnaissent pas dans un
candidat qui a fait preuve d’intolérance à de nombreuses reprises durant
la campagne. «Je ne respecterai jamais un président qui ne respecte pas
ma race, les droits des femmes, la communauté LGBT, les noirs, les
latinos et tant d’autres», souligne @makeupmamiii.
Au-delà du rejet des élites, Hillary Clinton paye le prix de son
sexe, estiment certains internautes qui continuent à la soutenir à
travers le hashtag #stillwithher (toujours avec elle). «L’Amérique a eu
peur de laisser gouverner une femme et a préféré choisir la haine à la
place. Triste que ce ne soit même plus surprenant #ElectionNight», juge
@DuncanLindsay. Interrogée par la RTS, l’ancienne présidente de la
Confédération, Micheline Calmy-Rey, insiste sur la difficulté d’exister
en politique lorsqu’on est une femme. Durant la campagne, «Hillary
Clinton a eu un parcours très dur. Comme femme, elle ne peut pas montrer
sa force, elle ne peut pas taper du poing sur la table, sinon elle est
qualifiée d’hystérique.»
Michelle en 2020?
Contrairement à
Trump, à qui l’électorat américain a visiblement pardonné ses multiples
excès de langage et autres dérapages vulgaires, la démocrate a été
sanctionnée pour sa politique rationnelle et «trop cérébrale». Si
Clinton n’était pas «la» bonne candidate, Michelle Obama, avec sa
popularité et son charisme, n’aurait certainement pas connu le même
sort. Des internautes l’imaginent déjà en lice pour les élections de
2020: «Ce matin je garde espoir pour la suite, avec une fin
heureuse #michelleforpresident», tweete @CRoseveare.
En attendant, @AliceSnedden en rajoute une couche: «La femme la plus
qualifiée au monde pour le poste de président s’oppose au pire homme qui
soit et voici ce qui se passe…» Un «jour noir pour les femmes», note
l’écrivaine Silvia Ricci Lempen sur son blog
hébergé par Le Temps. «Il faudrait plutôt dire: un jour noir pour les
féministes, tant il est vrai qu’une bonne partie des femmes, aux
Etats-Unis comme ailleurs, ont intériorisé le système patriarcal au
point de voter pour un individu qui les méprise.» Lire aussi: #NotOkay, le mouvement qui s’attaque aux propos scabreux de Donald Trump
A tel point que le triomphe de Trump est associée à un
danger pour l’égalité des sexes et le statut des femmes. Les Etats-Unis,
«pays de la liberté? La plus grosse blague au monde, dénonce
@RoseEllenDix. Vous avez élu un homme raciste qui juge les agressions
envers les femmes acceptables». Aux yeux de @lauranotclaire, «passer
d’Obama à Trump est comme faire un bond en arrière de cent ans en ce qui
concerne le racisme, les droits des femmes et des LBGT».
Il y a quelques semaines, Kelly Oxford avait déclenché le mouvement
de protestation #NotOkay après la révélation d’une vidéo choc où l’on
voit Donald Trump rire du pouvoir que donne l’argent sur les femmes.
Elle ne cache pas sa déception: «Que vais-je dire à ma fille de huit ans
lorsqu’elle découvrira que l’homme qui attrape des entrejambes a
gagné?»
Et celles qui ont donné leur voix au républicain sont pointées du
doigt. «Je suis tellement énervée contre toutes ces femmes qui ont voté
pour Trump. Cela donne aux hommes la permission de nous manquer de
respect à différents niveaux», déplore @itscathoso. La victoire de
Trump? Un «white-lash», autrement dit un «retour de bâton blanc»,
analysent certains qui y voient le triomphe de l’Amérique à la peau
claire. «La majorité des femmes blanches qui ont voté pour Trump montre
que la suprématie blanche est plus forte que le féminisme», estime
encore @Adesuwa_G. «Les Blancs, hommes et femmes, ont offert la
présidence à Trump. Même le féminisme blanc n’a pas pu aider Clinton»,
déclare encore l’activiste Simamkele Dlakavu.
La défaite d’Hillary Clinton réjouit au contraire la chanteuse Azealia Banks
qui l’associe à la faillite des «féministes blanches». «Vous avez fait
ça aux femmes noires au moment du combat pour le droit de vote, c’est le
karma», lâche-t-elle dans un post Facebook supprimé dans la foulée. De
quoi faire dire à Lady Gaga que la native d’Harlem «est l’une des pires
choses qui soit jamais arrivée à l’industrie de la musique.» Malgré ses
dérapages, Donald Trump inspire confiance à certaines. «En tant que
femme de la classe moyenne et citoyenne américaine, j’ai la certitude
d’être sous la protection d’un Trump président», assure @ClassySnobbb.
L’Amérique «donneuse de leçons»
Vu
de l’extérieur, la défaite de Clinton illustre l’hypocrisie qui règne
aux Etats-Unis. «Les USA prêchent et donnent des leçons de féminisme au
monde entier, mais ne sont toujours pas capables d’élire une femme comme
leader. L’Inde, le Bangladesh, le Sri Lanka et même le Pakistan sont
au-dessus!», pointe @umais_siraj. Heureusement, Twitter, ne perd pas son
sens de l’humour. A l’instar de la blogueuse Caroline Flanc: «Bon,
remettons-en nous aux dieux de la prostate et de l’AVC…»
EntrepriseL’accès des femmes à l’entrepreneuriat est possible. Témoignages.
L’hôtel Métropole, à Bruxelles, s’est paré d’une petite
touche féminine durant deux jours. C’est là qu’a commencé, hier, la 9e
édition de la conférence annuelle de l’Iwec (International Women’s
Entrepreneurial Challenge). Des femmes du monde entier, toutes
entrepreneures, s’y retrouvent pour deux jours afin d’échanger leurs
expériences, leurs bonnes pratiques, leurs cartes de visite,… Et pour la
première fois, trois entrepreneures belges sont conviées à faire partie
de ce réseau international, qui compte plus de 200 membres.
Corinne Dumont (propriétaire et directrice des magasins bio
Sequoia), Ingrid Ceusters (présidente du Group Hugo Ceusters, actif dans
l’immobilier professionnel) et Anne-Marie Baeyaert (propriétaire de la
société spécialisée dans le gazon synthétique Resigrass) sont en effet
les trois lauréates bruxelloises retenues par le Beci, la chambre de
commerce de Bruxelles, nouveau membre de l’Iwec. Créée en 2007 par les
chambres de commerce de Barcelone et de Manhattan (New York), cette
initiative a pour but de soutenir les femmes qui se sont lancées ou
souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat. Chaque année, un nouveau
membre est accueilli. Cette année, c’est au tour du Beci.
Il faut dire que Bruxelles accuse un certain retard par
rapport aux autres régions, avec 27,6 % de femmes parmi les
entrepreneures, contre 31 % en Wallonie et 31,5 % en Flandre, toutes
deux dans la moyenne européenne. Une raison démographique ? "Le nombre
d’indépendants de nationalité étrangère a plus que doublé ces dix
dernières années. Mais les femmes sont moins bien représentées parmi ces
nouveaux arrivants, note Olivier Willocx, CEO du Beci. Mais ce n’est
pas une excuse, bien sûr… Les modèles étrangers sont d’ailleurs très
intéressants. Chez nous, il y a très peu de femmes dans l’informatique.
En Inde, elles représentent 80 % des travailleurs." Obstacles
"Toutes les femmes peuvent avoir accès à l’entreprenariat ,
estime Ingrid Ceusters qui avoue qu’elle a eu du mal au début. J’ai fait
une carrière dans le médical. Mais quand mon mari est décédé, j’ai
repris les commandes de l’entreprise qu’il avait créée. Il a fallu du
temps pour que je sois acceptée. Pour gérer une entreprise, il faut
surtout de l’empathie, de la passion pour les gens. Toutes les femmes
qu’on rencontre ici sont d’ailleurs des passionnées." "Les femmes ont
souvent peur de se lancer car elles manquent de confiance en elles.
C’est une constante que je remarque dans toutes les cultures , note
Cécile Jodogne, secrétaire d’Etat à la Région de Bruxelles-Capitale,
chargée du commerce extérieur. C’est sans doute au niveau de l’éducation
qu’il faut déjà agir. Car je pense qu’une femme a toutes les
compétences pour créer sa propre entreprise."
" Il faut montrer des exemples de femmes qui ont réussi , note Ruth Davis, présidente de l’Iwec, qui encourage le mentoring. Il
est important d’avoir un réseau international qui permette aux femmes
de travailler ensemble." "Les femmes ont peur de se lancer. Elles ont
besoin de se soutenir, de convaincre d’autres femmes de faire le pas, de
partager ce même rêve" , estime Anne-Marie Baeyaert . "Ce réseau international est intéressant pour son côté multiculturel , note encore Corinne Dumont. Les contacts que l’on a ici, je les vois comme une petite graine qu’on a plantée et qui va se développer. "
"Il faut oser réaliser son rêve"
Anne-Marie Baeyaert a racheté Resigrass, une PME qu’elle entend bien développer.
C’est à l’âge où la plupart des gens commencent à penser à
leur retraite qu’Anne-Marie Baeyaert, une des trois lauréates belges de
l’Iwec, a décidé de devenir son propre patron. "Pendant plus de
trente ans, j’ai travaillé dans une grande société, Katoen Natie, pour
arriver au niveau du top management. Mais j’ai toujours rêvé d’avoir ma
propre entreprise. J’ai réalisé ce rêve à 53 ans", explique celle
qui, il y a un peu plus de trois ans, a racheté Resigrass, une PME
spécialisée dans le développement et le placement de gazon artificiel
(terrain de sport, jardin, école, …). "Obtenir des capitaux ne fut
pas facile. Mais c’est vrai que je tombais à un mauvais moment. La crise
se faisait encore sentir. Mais j’espère bien que ce n’est pas parce que
je suis une femme que j’ai obtenu un prêt plus difficilement !"
Depuis, Anne-Marie Baeyaert a créé une seconde entreprise : Cosy Lounge, centrée sur le jardin. "Nous
proposons des meubles, articles déco,… qui nécessitent le minimum
d’entretien. Nous avons même ajouté à notre gamme un parfum de jardin…
Avec les deux entreprises, nous proposons un concept total : profiter de
son jardin qui ne doit pas nécessairement être un lieu qui demande
beaucoup de travail."
Resigrass s’est aussi développé à l’étranger. "Ce
potentiel de croissance et d’activité à l’étranger faisait partie de mes
critères quand j’ai décidé de reprendre l’entreprise. J’étais
intéressée par le Moyen-Orient, notamment. Mais plusieurs personnes
m’ont dit que ce n’était pas une région où une femme pouvait faire des
affaires... Il ne faut pas écouter les gens qui vous disent qu’une chose
est impossible! La preuve : nous avons signé des contrats là-bas", raconte Anne-Marie Baeyaert. "Je
ne pense pas qu’il soit question d’homme ou de femme. Nous sommes tous
des êtres humains. Ce qui compte c’est respecter l’autre, la personne
qu’on a en face de soi, tenir compte de sa culture."
L’entrepreneuse ne compte pas s’arrêter là. "Nous avons
encore des opportunités, entre autres du côté des pays scandinaves et de
l’Amérique du Sud. Je connais bien le Brésil. J’y ai travaillé pour
Katoen Natie. Ce marché est assez difficile, mais j’aime bien avoir des
challenges." http://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/femme-et-entrepreneur-bien-sur-5820bfcdcd70958a9d5e4123
En Afrique du Sud, des femmes rangers pour lutter contre les braconniers
Quatre jeunes femmes en tenue de camouflage
verte et rangers noires marchent parmi les épaisses broussailles de la
réserve de Balule, en bordure du célèbre parc national Kruger. Elles
balayent le sol du regard, à la recherche de pièges et de traces de
braconniers. « Beaucoup de gens pensent que c’est un travail d’homme, mais nous pouvons le faire tout aussi bien »,
souligne Cute Mhlongo. Agée de 27 ans, cette grande femme mince aux
cheveux courts s’arrête devant deux arbres étroits et pointe du doigt
une boucle en métal qui les relie. « Un piège », explique-t-elle en le retirant avec l’aide d’une collègue.
La Black Mamba Anti-Poaching Unit (unité anti-braconnage des Black
Mambas) a été créée par Craig Spencer en 2013. Le chef des rangers de la
réserve nationale de Balule est convaincu qu’une approche militaire
seule ne suffira pas pour résoudre le problème du braconnage. « Actuellement,
chaque année, plusieurs centaines de braconniers sont tuées dans le
parc Kruger. La première conséquence est un nombre cruellement élevé
d’orphelins. Et puis, quand un braconnier est tué, deux autres le
remplacent. Ensuite, beaucoup de rangers habitent les mêmes villages que
les braconniers qu’ils ont tués. Comment ces gars pourront-ils rentrer
chez eux sans danger ? Cette situation crée une guerre entre les gens
qui se trouvent à l’intérieur de la réserve et ceux qui sont à
l’extérieur. Une guerre que nous pourrons ne pas gagner », soupire-t-il.
Il faut que la population locale soit mise à contribution pour trouver une solution plus durable, estime le défenseur de l’environnement.
Pour lui, les femmes font partie de cette solution. Il loue leur
patience et les trouve plus concernées par la protection des animaux que
les hommes, davantage enclins « à jouer au soldat. Ils ont la gâchette trop facile et sympathisent avec les braconniers ».
image:
http://s1.lemde.fr/image/2016/07/08/768x0/4966176_6_c824_2016-07-07-1ae2474-9618-1rg7nsh_60edd262d40d85ab5c1ea92538a64e20.jpg
Les 26 Black Mambas logent dans des camps rudimentaires et sortent quotidiennement en petits groupes pour couvrir
la réserve de 50 000 hectares qui communique avec le parc national
Kruger (2,8 millions d’hectares). Lorsqu’elles trouvent des traces de
braconniers, elles préviennent une équipe armée qui vient les assister.
En deux ans, elles ont arrêté six braconniers, fermé 19 campements de
braconnage et retiré plus d’un millier de pièges. Le braconnage de
l’ensemble de la faune du bush a diminué de 78 % et celui des rhinocéros
de 67 %. Une évolution à contre-courant de la très forte augmentation
du nombre de rhinocéros tués en Afrique du Sud ces dernières années (de 13 en 2007 à 1 175 en 2015), liée à une demande croissante, principalement venue du Vietnam et de la Chine, où l’on croit aux vertus curatives de la poudre de cornes de rhinocéros.
Mais les Black Mambas ne sont pas satisfaites de patrouiller sans arme. « Nous tombons fréquemment sur des braconniers portant des kalachnikovs qui pensent que nous sommes armées car nous portons des uniformes militaires », note Cute Mhlongo. Une situation d’autant plus difficile qu’il leur arrive aussi de croiser des éléphants agressifs. « Ils s’introduisent jusque dans notre camp et détruisent des affaires sur leur passage », raconte Nkateko Mzimba, 24 ans, en montrant leur réservoir d’eau endommagé. « Toutes les Black Mambas ont été formées à l’usage des armes à feu, mais il n’y a pas assez d’argent pour les équiper », déplore Johan Grobler, chef des rangers de la partie nord de Balule.
Le responsable de 65 ans vient d’apprendre par radio que le cadavre d’un rhinocéros a été découvert dans l’est de la réserve. « Le quatrième ce mois-ci, soupire-t-il. Quelqu’un divulgue sûrement des informations de l’intérieur.Un jour, nous devrons peut-être aller jusqu’à obliger les employés, y compris nous-mêmes, à se soumettre au détecteur de mensonges pour trouver d’où vient la fuite. » « Nous avons aussi des problèmes avec nos drones, qui sont loin d’être infaillibles », poursuit-il. La végétation dense du parc Kruger les empêche de détecter les mouvements suspects et leur autonomie, limitée à trois kilomètres, est un vrai handicap. Pour pouvoir repérer des braconniers, il faudrait pouvoir les suivre sur des dizaines de kilomètres. « Il nous faudrait des drones militaires comme ceux utilisés en Afghanistan par exemple. Mais ils coûtent plusieurs millions de dollars. Nous n’avons pas cet argent. »
Parvenir à faire juger les braconniers est un autre combat. « Récemment,
nous en avons pris un sur le fait. Nous avions largement assez de
preuves, mais en l’espace de deux heures il était relâché, regrette Johan Grobler, qui considère que la justice sud-africaine est extrêmement corrompue. Et puis, ces braconniers ont énormément d’argent, ce qui leur permet d’engager les meilleurs avocats du pays. »
« Nouvelle génération réceptive »
Etant donné la difficulté d’appréhender et de traduire en justice les braconniers, les Black Mambas sont chargées d’une autre mission : faire changer
les mentalités. Elles effectuent donc un travail de sensibilisation à
la protection de la nature et à la lutte contre le braconnage auprès des
enfants.
image:
http://s1.lemde.fr/image/2016/07/08/768x0/4966174_6_d6b5_la-black-mamba-nkatelo-mzimba-fait-de-la_6bc76233bfc031939d91b94dc48f6c04.jpg
A l’école St. Patrick, dans le village de Namakgale, des dizaines
d’élèves écoutent attentivement Lewyn Maefala, qui leur parle de la
pollution de l’eau et de ses conséquences sur les animaux. « La protection de la nature semble encore préoccuper principalement les Sud-Africains blancs, alors que nous, les Sud-Africains noirs, devrions nous sentir tout aussi concernés », insiste-t-elle. Lorsque deux Black Mambas en uniforme apparaissent devant la classe, les regards s’illuminent. « Que faire quand on rencontre un lion ? », demande un élève, ce à quoi l’une des femmes répond qu’il faut continuer à regarder l’animal dans les yeux tout en reculant lentement. Elles expliquent ce qu’elles font pour lutter contre le braconnage des rhinocéros. « Presque tous les élèves de cette école ont un père ou un oncle braconnier, remarque Lewyn Maefala. Nous espérons que la recommandation de se tenir à l’écart de Balule parviendra jusqu’à ces hommes par leur biais. » Les Black Mambas s’efforcent aussi d’apprendre aux enfants combien il est important de préserver la nature. « Cette nouvelle génération est réceptive. Les enfants nous admirent et aimeraient avoir un métier comme le nôtre. Cela peut les inciter à faire attention à la nature et, surtout, à ne pas devenir braconniers », espère Nkateko Mzimba à l’issue du cours.
De nombreuses Black Mambas expliquent la difficulté de faire de la prévention et de la sensibilisation auprès des adultes. « Les braconniers nous feraient du mal, s’alarme Nkateko Mzimba, qui évite de se rendre
dans les villages voisins en uniforme. Dernièrement, lorsque je suis
allée faire des courses non loin d’ici, un homme s’est approché de moi
en hurlant que je l’avais arrêté quelque temps auparavant. J’étais
terrifiée. »
Craig Spencer admet qu’il faudra probablement encore une décennie pour changer les mentalités. « Il est facile pour les Européens de dire que les Africains ne doivent plus braconner mais les gens d’ici souffrent du chômage massif et sont dans la survie : trouver à manger, gagner un peu d’argent pour acheter des médicaments pour un enfant malade, s’occuper des anciens dont la retraite fait vivre toute la famille. Beaucoup d’hommes boivent et se droguent pour oublier leurs soucis alors, quand un puissant réseau de braconnage leur propose de tuer un rhinocéros pour quelques milliers de dollars, le choix est vite fait. »
image:
http://s1.lemde.fr/image/2016/07/08/768x0/4966177_6_f22c_la-black-mamba-belinda-mzimba-les-femmes_16c3e17a485972aad1d51939f6bfcd7a.jpg
Par ailleurs, précise-t-il, le braconnage est un problème mondial nécessitant des solutions mondiales. « Notre
initiative est un bon début, car, sans nos Black Mambas, plus aucun
animal sauvage ne vivrait dans la réserve de Balule. Mais ce n’est qu’un
palliatif. » Selon lui, le seul moyen de sauver les rhinocéros est de faire baisser
la demande en Asie en informant les populations sur les conséquences
désastreuses du braconnage et sur le fait qu’aucune étude scientifique
n’a apporté la moindre preuve que la poudre de corne de rhinocéros est
bénéfique pour la santé.
Les Black Mambas travaillent trois semaines d’affilée, avant de
rentrer chez elles pour dix jours. Ce sont souvent leurs mères qui
s’occupent souvent de leurs enfants pendant leur absence. « Bien sûr que nos enfants nous manquent, confie Belinda Mzimba, 27 ans. Mais si nous n’agissons pas, le rhinocéros deviendra un animal que nous ne connaîtrons plus que par les livres, comme les dinosaures. J’espère que, grâce à mon travail, ma fille de 5 ans pourra encore les voir longtemps dans la nature. »
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/07/08/en-afrique-du-sud-des-femmes-rangers-pour-lutter-contre-les-braconniers_4966178_3212.html#y4haj7IcWVFdOL7y.99
SociétéLes femmes Magistrats se mobilisent pour la promotion du genre et une justice forte
L’Association des femmes Magistrats de Côte d’Ivoire ( AFEMCI) ont tenu
leur première réunion d’information le samedi dernier au Palais de
justice d’Abidjan-Plateau.
Créée le 07 mai 2016 à Bouaké, l’Association des femmes Magistrats de
Côte d’Ivoire, se veut cadre de renforcement de la cohésion entre les
femmes exerçant la profession, en vue d’atteindre la parité et d’œuvrer
au bien-être des populations.
Tout en reconnaissant les avancées en matière de promotion du genre au
niveau national, madame N’guessan-Zekre, Procureur Général au Parquet
Général près de la Cour Suprême, par ailleurs présidente du conseil
d’administration de l’AFEMCI, ambitionne avec l’ensemble des femmes
magistrats de mener des actions en faveur de l’évolution positive de
leur carrière.
En effet, l’AFEMCI est une association apolitique, professionnelle, à but non lucratif dont les objectifs sont multiformes.
Pour l’essentiel, elle vise à promouvoir le leadership de la femme
magistrat et l’accroissement du respect des droits humains dans
l’accomplissement quotidien de leur profession.http://news.abidjan.net/h/593754.html
Les Japonaises, alibi démographique
Le gouvernement de Shinzo Abe a
lancé un programme pour promouvoir les femmes sur le marché du travail.
Les résultats, après deux ans, sont médiocres
Parmi les membres de
l’OCDE, le Japon fait figure de cancre. La situation des femmes sur le
marché de l’emploi y est précaire. Selon l’indice global des écarts
entre hommes et femmes en 2014, le pays dirigé par Shinzo Abe occupe la
104e place sur un total de 142 pays, entre l’Arménie et les Maldives.
C’est dans ce contexte que le premier ministre a lancé il y a deux ans
«Womenomics», un programme de promotion des femmes. Il est destiné à
pallier une démographie déclinante et un manque de main-d’œuvre. Quel
bilan tirer de la politique du gouvernement nippon?
Le
taux de participation des femmes dans le marché du travail a augmenté à
66% l’an dernier, contre 63,1% il y a cinq ans. Selon Mari Miura,
spécialiste des problèmes d’égalité des genres à l’Université Sophia de
Tokyo, «Womenomics» est positif. Mais «l’écart salarial avec les hommes
s’est accru. Cela signifie que les femmes ont obtenu plus d’emplois
précaires les deux dernières années», souligne-t-elle. Elle ajoute: «Les
heures supplémentaires, notamment dans les postes à responsabilité,
constituent un obstacle majeur pour les femmes et le gouvernement n’en a
pas tenu compte. En fait, c’est la répartition des rôles qui doit être
changée au Japon. Les hommes sont exempts des tâches domestiques et de
l’éducation. Du coup, pour les Japonaises, il est très difficile de
trouver un équilibre entre famille et travail.» Deux tiers d’entre elles
quittent leur job après la naissance du premier enfant. «Le marché du
travail au Japon est organisé pour et par les hommes. C’est cela le
véritable problème auquel le gouvernement doit s’attaquer», lance Mari
Miura.
Yoko Ishikura, professeure à l’Université de Keio et membre du
Conseil sur l’éducation et les compétences du Forum économique mondial,
estime que l’emploi des femmes en soi est une notion dépassée. Pour
elle, le Japon est en retard par rapport à d’autres pays et doit
introduire d’autres styles de travail. «C’est un problème structurel.
Les Japonais ont les plus longues heures de travail dans le monde. Ceci
est non seulement mauvais pour les femmes, mais pour les hommes aussi»,
estime-t-elle. Selon la professeure, la manière dont les entreprises
gèrent les ressources humaines doit donc être revue de fond en comble.
Elle est trop rigide, notamment dans le recrutement et la formation
continue. Les horaires doivent être plus flexibles, le management des
femmes qui veulent faire carrière doit être repensé.
Noriko Hama,
professeure d’économie à l’Université Doshisha à Tokyo et Kyoto, balaie
d’un revers de main le concept «Womenomics». «Dans la politique du
gouvernement actuel, aucun document ne mentionne le bien-être des
femmes. Elles sont simplement utilisées par le gouvernement comme un
instrument de croissance économique. Il dit aux femmes de travailler
plus et de faire plus de bébés, ce qui ne constitue pas un progrès pour
elles. Elles sont uniquement utilisées par le gouvernement comme un
moyen de combler le vide laissé par le déclin démographique»,
déplore-t-elle.
Le gouvernement, lui, a vécu récemment un véritable
fiasco. Il a lancé un programme pour soutenir des entreprises de moins
de 300 employés qui s’engagent à promouvoir des femmes à des postes de
direction. Or, en un peu plus d’un an, une seule a demandé à y
participer. Au Japon, la réticence des patrons d’entreprise à promouvoir
les femmes dans le management est bien ancrée. Seul un poste sur dix
est occupé par une Japonaise. «A peine quelques managers ont une claire
vision de cette problématique. Akira Matsumoto, directeur de Calbee,
entreprise leader dans la production de chips au Japon, en fait partie.
Il a engagé beaucoup de femmes à des postes élevés et les encourage à
rentrer tôt à la maison après le travail. C’est toutefois un
entrepreneur très atypique au Japon», insiste Mari Miura. http://www.letemps.ch/culture/2015/11/29/japonaises-alibi-demographique
L'accident cardiovasculaire, surtout une affaire de femmes
L. D.
Publié le
- Mis à jour le
Non, l’infarctus du myocarde n’est
pas une affaire exclusivement ou même principalement masculine. Voilà
bien une idée fausse, parmi d’autres, à combattre. En effet,
contrairement à ce que l’on a tendance à penser, les accidents d’origine
cardiovasculaire tuent chaque année en Belgique davantage de femmes (17
000) que d’hommes (14 000). Si, tous sexes confondus, les maladies
cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité dans notre
pays, elles arrivent en première position chez nos contemporaines
devant les cancers, qui occupent quant à eux la première place chez les
messieurs, devant les pathologies cardiovasculaires.
Non, les femmes ne sont pas forcément, indéfectiblement et
indéfiniment protégées par leurs hormones naturelles, les fameux
œstrogènes. Si en moyenne, un infarctus se produit bien une dizaine
d’années plus tard chez la femme par rapport au moment où il survient
généralement chez l’homme, chez une jeune femme présentant plusieurs
facteurs de risque - et elles sont de plus en plus nombreuses dans ce
cas - l’effet protecteur des œstrogènes risque de s’atténuer, ce qui
peut provoquer un infarctus. On sait aussi que les femmes ayant une
ménopause précoce ont davantage de risques d’être victime d’un accident
cardiovasculaire que celles ayant une ménopause naturelle et tardive.
Les différences anatomiques les fragilisent
Et non, encore, les femmes n’ont pas un meilleur pronostic
en matière de maladies cardiovasculaires. Par rapport aux hommes,
certaines différences anatomiques les fragilisent. Les artères
coronaires qui alimentent le cœur en oxygène sont effectivement plus
étroites chez les femmes et ont donc tendance à se boucher plus
facilement. Ce rétrécissement des artères peut donc provoquer des
symptômes plus vite.
Non, toujours, les femmes ne sont pas moins sensibles aux
facteurs de risque cardiovasculaires. Quel que soit le sexe, ceux-ci
s’avèrent identiques : hypertension, diabète, surpoids, manque
d’activité physique, tabagisme, stress chronique, antécédents familiaux…
Et non, enfin, les symptômes précurseurs d’un infarctus
ressentis par les femmes ne sont pas toujours tout à fait identiques à
ceux qui sont le plus souvent observés chez les hommes. En effet, lors
d’accidents cardiovasculaires, contrairement à ces derniers, les
premières ne ressentent pas nécessairement cette violente douleur
thoracique constrictive, caractéristique d’un infarctus du myocarde,
mais bien des symptômes atypiques (voir notre infographie), qui peuvent
induire en erreur pour le diagnostic.
Une semaine de sensibilisation
Victimes de ces signes trompeurs et de toutes ces idées
fausses, les femmes risquent d’être moins rapidement prises en charge
avec toutes les conséquences que l’on imagine. C’est précisément pour
informer et sensibiliser le public mais aussi les médecins à la grande
vulnérabilité du public féminin aux accidents cardiovasculaires, que la
Ligue cardiologique belge a voulu axer la 36e édition de la Semaine du
cœur (du 21 au 27 septembre) sur la prévention cardiovasculaire chez la
femme.
Sous le slogan "N’est pas toujours à risque celui que l’on
croit… Les maladies cardiovasculaires ne sont pas qu’une affaire
d’hommes ", la campagne de sensibilisation sera notamment l’occasion de
rappeler que les maladies cardiovasculaires sont la principale cause de
mortalité chez la femme dans le monde occidental. Et d’inviter au
dépistage précoce et régulier des facteurs de risque cardiovasculaires
et ce, au moins aux périodes clés de la vie de la femme, à savoir lors
de la première contraception, la grossesse et la ménopause.
En Suisse, les inégalités salariales entre les sexes reculent
ATS
(Keystone)
Dans le secteur privé, les différences de salaires entre hommes et
femmes ont poursuivi leur baisse entre 2008 et 2012. Plus de 40% de ces
inégalités salariales restent cependant inexpliquées
En 2012, les salariées du secteur privé ont gagné en moyenne
21,3% de moins que leurs collègues masculins. En 2008, la différence se
chiffrait à 25%. Les employées de la Confédération, des cantons et des
communes ont perçu 16,5% de moins que les hommes.
Au niveau des
emplois publics, 38,8% de ces différences de traitement n’ont pas trouvé
de justification. Dans le privé, 40,9% des disparités salariales
demeurent un mystère.
De manière générale, la part inexpliquée du
salaire s’élève à 573 francs par mois pour le secteur public, a indiqué
vendredi l’Office fédéral de la statistique (OFS) dans un communiqué.
Dans le privé, celle-ci se chiffre à 678 francs par mois. Bas salaires réservés aux femmes
Ces disparités s’expliquent en partie par un niveau de formation
différent, une fonction moins élevée dans la hiérarchie ou encore un
nombre inégal d’années de service. L’âge du salarié entre naturellement
aussi en ligne de compte.
Les postes tout en haut de l’échelle hiérarchique sont ceux qui présentent le plus d’inégalités salariales, souligne l’OFS.
Les
écarts varient fortement en fonction du domaine d’activité. Dans le
secteur des banques et des assurances, ils atteignent 34%, contre 11%
dans l’hôtellerie-restauration. Dans l’industrie chimique, la santé et
le social, les inégalités s’élèvent à un peu moins de 20%.
Les bas
salaires concernent plus la population féminine que les hommes. En
2012, près de deux postes sur trois avec un salaire brut mensuel
inférieur à 4000 francs étaient occupés par des femmes. A l’inverse, les
rémunérations supérieures à 8000 francs brut par mois sont
majoritairement l’apanage des hommes (73,5%).
La part des femmes
gagnant plus de 16’000 francs par mois a par contre augmenté ces
dernières années. Elles étaient 12,8% en 2008 contre 17,9% en 2012. Entreprises appelées à réagir
Pour le Parti socialiste, il est temps que l’économie suisse
prenne ses responsabilités face à ce phénomène. «De nombreuses sociétés
ne respectent pas la loi. L’égalité salariale est inscrite dans la
Constitution depuis 1981. Il est temps de l’appliquer», a réagi Cesla
Amarelle, vice-présidente des Femmes socialistes suisses.
L’Union
syndicale suisse (USS) réclame, elle, davantage de contrôles pour lutter
contre ces disparités. Les actions volontaires ne suffisent pas, selon
le syndicat. Travail.Suisse partage cet avis. «L’adoption de mesures
étatiques contraignantes pour les entreprises s’avère absolument
nécessaire», précise l’organisation syndicale.
Quant à la ligue
suisse des femmes catholiques (SKF) et l’organisation des femmes
protestantes en Suisse (FPS), elles estiment que sans véritable égalité
salariale, une hausse de l’âge de la retraite des femmes ne se justifie
pas. En gagnant moins, le sexe féminin se trouve pénalisé au moment de
quitter la vie active, arguent-elles.
Pour l’Union patronale
suisse (UPS), il convient de faire preuve de prudence quant à
l’interprétation de ces chiffres. Les comparaisons s’avèrent aussi
difficiles en raison d’un changement de méthode statistique. Une
intervention des autorités en matière de différences salariales ne fait
pas sens à ses yeux. L’organisation s’oppose de ce fait aux contrôles de
salaires généralisés. http://www.letemps.ch/Page/Uuid/9ace8500-47e2-11e5-85d0-41b5fd577541/En_Suisse_les_in%C3%A9galit%C3%A9s_salariales_entre_les_sexes_reculent
Quel est le corps féminin idéal ? Tour du monde en photos
Rédaction lifestyle
Publié le
- Mis à jour le
Mode et beauté
Les canons de beauté varient d'un pays à un autre. Superdrug Online Doctor,
un site médical anglais a demandé à 18 graphistes du monde entier de
modifier la photo d'une femme en fonction des critères de beauté
nationaux.
Les résultats sont saisissants. Certains ne changent presque
pas le physique de la jeune femme, d'autres lui rajoutent des rondeurs
ou la rendent plus mince. En Italie et en Chine, son corps devient
filiforme. En Colombie, au Pérou, ou encore en Roumanie, le modèle garde
quelques formes.
En savoir plus : https://onlinedoctor.superdrug.com
En Afrique, la féminisation de la politique est en marche
LE MONDE
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• Mis à jour le
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Par Amandine Réaux
L’Afrique, continent
misogyne où les femmes n’ont pas accès aux postes politiques ? Les
femmes sont de mieux en mieux représentées dans les instances politiques
en Afrique, d’après l’indice de l’égalité du genre en Afrique 2015, publié par la Banque africaine de développement (BAD).
Une tendance confirmée par un document de l’Union interparlementaire, « Women in parliaments, 20 years in review », qui répertorie la présence de femmes au Parlement (Chambre basse ou unique) en 1995 et en 2015.
L’Afrique dans la moyenne mondiale
Sur
les 42 pays d’Afrique pour lesquels les données étaient disponibles,
les femmes constituent en moyenne 22 % des parlements en 2015, contre
8 % en 1995. Au total, 19 pays africains dépassent désormais la moyenne
mondiale (22,4 %). À titre de comparaison, la France compte 26 % de
députées, l’Allemagne 36 % et les États-Unis, 19 %.
Evolution de la représentation des femmes au Parlement entre 1995 et 2015
Pour la
moitié de ces pays, la hausse de la représentation des femmes s’explique
par l’instauration de quotas, allant de 10 % de femmes (Niger et
Djibouti) à 30 % (Tanzanie, Rwanda, Burundi, Swaziland, Burkina Faso),
ou prenant la forme de sièges réservés (Kenya, Maroc, Zimbabwe et
Mauritanie). D’autres encore prévoient le respect de la parité sur les
listes électorales (République démocratique du Congo, Angola).
C’est
dans ces pays que l’on a observé la plus forte hausse : près de 19
points en moyenne, allant de trois points de plus pour le Swaziland (où
les quotas de 30 % ne sont pas respectés, avec seulement 6,2 % de
femmes), à 59 points supplémentaires pour le Rwanda. Ce dernier se
classe d’ailleurs depuis 2013 au premier rang mondial en termes de
parité au Parlement, avec 64 % de femmes.
Une croissance plus faible dans les pays sans quota
Les
assemblées des 22 autres pays dans lesquels il n’y a pas de quota se
sont également féminisées, mais l’augmentation est moindre : + 10 points
en moyenne. Pour les 12 pays dans lesquels d’autres formes de quotas
existent (aux élections locales ou au sein des partis politiques), on
observe une hausse de 12 points, contre six points dans les pays où
aucune forme de quota n’a été mise en place.
Cette première carte montre le pourcentage de femmes au Parlement en 1995.
Cette deuxième carte montre la situation en 2015, précisant si des quotas ont été mis en place ou non. Comme le rapporte
Gretchen Bauer, l’instauration de quotas permet une meilleure
reconnaissance des femmes au sein des sociétés africaines. Au Rwanda et
en Tanzanie, la présence de femmes au Parlement a favorisé la défense et
l’adoption de nouvelles lois sur les violences faites aux femmes, sur
la famille ou sur les droits fonciers. Même si, comme partout où les
quotas existent, les femmes risquent d’être reléguées au rang de
parlementaires de seconde classe.
On peut être biologiquement «homme» ou «femme». Ou entre les deux.
Mais les définitions sociales des sexes, appelées alors «genres»,
passent souvent par les stéréotypes dont font l’objet les hommes et les
femmes. C’est le problème et la raison de la paranoïa qui sévit en
France sur ce sujet
Plus un seul jour ne passe sans qu’on ne parle de «genre». A
toutes les sauces. Et de manière de moins en moins dichotomique. La
preuve? Il en existe désormais 52 nuances chez Facebook, d’après un communiqué publié sur le réseau social jeudi dernier. Cinquante-deux! «Etes-vous «Cis Male» ou «Cis Female», «Trans» ou «Trans*», «Gender Fluid»…»? On s’y noie.
Même le très pointu site Slate.fr
en perd son latin, c’est dire: «La liste est longue, elle reste
ouverte, mais elle ne vient pas de nulle part. Elle se laisse
réorganiser en fonction de grands blocs qui se recoupent: celui des
identités pathologisées et réprimées par la médecine que sont les trans
et les intersexes, celui des nouvelles identités de genres y compris
trans’qui ont fait irruption dans les années 1990 pour contrer le
système sexe/genre binaire et normatif que nous connaissons.» «Se définir autrement»
Au point que pour le site de Dialogai,
«il y a de quoi hérisser le poil de tous les polémistes de la théorie
du genre». Le réseau social, «connu pour être à la pointe de la défense
des droits de la communauté homosexuelle, vient de faire […] un grand
pas en direction de ceux qui jugent qu’on peut se définir autrement que
comme un homme ou une femme. […] Une troisième option que Facebook a
incluse afin que [ses utilisateurs] se sentent en adéquation avec leur vraie et authentique personnalité.»
Mais ces options «sont-elles vraiment un progrès?» demande le site Numerama.
«Alors que le débat sur une prétendue «théorie du genre» enseignée à
l’école fait rage en France, l’initiative […] de laisser les membres
indiquer librement leur genre […] (pour le moment uniquement sur la
version anglophone) est vue comme une victoire selon les LGBT et par
tous ceux qui estiment que l’individu doit pouvoir déterminer librement
son «sexe social» plutôt que son «sexe biologique».» Un gros oubli
Bon. C’est un point de vue. Un progrès, sans doute. Peut-être
pour l’acceptation de la différence. Mais il en est un autre,
intéressant, «qui n’est pas non plus celui des pourfendeurs du genre»,
et que défend le Guardian
britannique. En fait, Facebook aurait aussi «pu choisir de ne plus
proposer du tout le paramètre «genre» dans le profil des membres.
Actuellement dans la version française, les utilisateurs doivent choisir
entre «homme» ou «femme», et peuvent uniquement choisir de cacher cette
information à la vue des autres utilisateurs.» Mais pourquoi se
focaliser «sur la reconnaissance des transsexuels, qui ne concerne
qu’une frange très marginale de la population»? C’est ainsi qu’on tombe
dans un autre travers: l’oubli du «vrai problème du «genre» dénoncé par
les féministes: la discrimination et le déterminisme».
Et pendant ce temps, la parano continue. Voyez plutôt. «Effrayé par
les rumeurs sur le genre, un collège annule une pièce contre le
sexisme», annonce Le Monde: «Sur le site internet de la compagnie théâtrale Interligne», on apprend que «la représentation scolaire du spectacle Quand même!, programmée […] à Tours, a été annulée». Et pourquoi donc? A cause de ceci:
L’affiche du spectacle, donc. Une reproduction de L’Origine du monde, le fameux tableau de Gustave Courbet,
avec ce bandeau noir […]. «Que le collège se soit trouvé associé à
l’affiche m’a semblé dommageable», explique le principal du collège
tourangeau. «J’ai pris seul cette décision et je l’assume en mon nom,
mon unique souci étant de rassurer les familles, ajoute-t-il, un peu
ébranlé par les accusations de censure qui ont circulé sur les réseaux
sociaux. Dans un climat de folles rumeurs concernant l’école, il n’était
pas question que des projets menés dans mon établissement puissent être
récupérés.»«Mais qu’est-ce que la théorie du genre, en vrai?» interroge la RTBF,
qui fait dans la pédagogie pragmatique: il ne faut pas, selon elle,
«s’avancer sur la réalité de l’enseignement de la théorie du genre dans
les établissements scolaires français». Alors regardons plutôt le
travail d’une blogueuse qui se dit «végétalienne extrémiste» et qui
s’est lancée «dans une explication dessinée, où elle aborde les
différences entre «sexe» et «genre». En quelques croquis bien sentis,
elle passe de l’explication de ce que c’est qu’être biologiquement
«homme» ou «femme», aux définitions sociales des sexes, appelées alors
«genre», en passant par les stéréotypes dont font souvent l’objet hommes
et femmes. De parti pris, mais didactique et drôle, l’œuvre informative
et artistique est à consulter ici.» «Tous à poil!»
Et puis, comme si cela ne suffisait pas, il y a encore cet album pour enfants, Tous à poil!, de Claire Franek et Marc Daniau, en rupture de stock aux Editions du Rouergue selon Les Echos, qui met la littérature jeunesse au centre des débats. Jean-François Copé, président de l’UMP, milite contre l’ouvrage. Le mouvement conservateur Printemps français – un groupe d’opposants radicaux au mariage homosexuel – demande le retrait de ceux qui se trouvent en bibliothèques.
Olivier Kaestlé Blogueur sur la condition masculine et le multiculturalisme
Vous vivez exclusivement pour votre partenaire? Vous souffrez probablement de dépendance affective
Jessica Flament
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- Mis à jour le
Love & Sex
Beaucoup de personnes se trouvent actuellement dans une
relation où elles cherchent à tout prix à se faire aimer de l'autre,
quitte à mettre leurs propres besoins au second plan. Pour se faire
aimer, elles sont mêmes prêtes à devenir quelqu'un d'autre. Si vous
pensez que vous ne serez jamais heureuse seule, il est certain que vous
souffrez de dépendance affective. Afin de mettre en lumière ce trouble,
nous avons interrogé Cristina Marques, thérapeute et consultante
spécialisée en dépendance affective. Elle est également l'auteure du
livre « Confidences d'une ancienne dépendante affective » (1).
Comment définissez-vous la dépendance affective?
Être dépendant affectif c'est être nécessiteux vis-à-vis
d'une ou plusieurs personnes qui nous procurent la sensation illusoire
de bien-être, de bonheur et d'accomplissement. La personne dépendante
affective a la croyance que c'est l'autre qui peut remplir son besoin
d'amour, la rendre heureuse, lui permettre de se sentir comblée,
accomplie, valorisée et reconnue. Elle remet son bonheur entre les mains
de l'autre et lui donne tout pouvoir sur elle-même parce qu'elle ignore
qu'elle seule peut créer son propre bonheur.
Quels sont les comportements typiques d'une dépendante affective ?
Dès le début de la relation, une dépendante affective va
perdre une partie de sa véritable identité en devenant ce qu'elle croit
qu'elle doit être pour plaire à l'autre. -Elle s'emballe très vite, dès le début de la relation, en s'imaginant des projets à deux
sans laisser le temps à la relation d'évoluer pour vérifier si l'autre
lui convient. Et elle est souvent déçue lorsqu'elle réalise que ses
projets imaginaires n'aboutiront pas. -Elle vit exclusivement pour et à travers son partenaire.
Elle est persuadée que son bonheur dépend totalement de son
investissement dans la relation et de son dévouement envers son
partenaire. En échange elle attend qu'il la rende heureuse, qu'il comble
son besoin d'amour et de tendresse, qu'il la choisisse exclusivement,
qu'il lui appartienne et qu'il reconnaisse sa valeur. -Elle a sans cesse besoin d'être rassurée sur les sentiments de son partenaire envers elle.
Par exemple, elle l'envahit de sms toute la journée et angoisse s'il ne
lui répond pas dans les minutes qui suivent, de peur qu'il l'ait déjà
remplacée par une autre. -Elle est jalouse et possessive . Elle
ressent le danger de le perdre quand il sort sans elle et peut devenir
agressive lorsqu'elle ne parvient pas à l'en dissuader. Selon le degré
de dépendance, cela peut devenir une obsession et être la source de
conflits au sein du couple. -Elle a une peur affreuse que son partenaire la quitte.
Si elle sent que la relation est en danger, elle s'accroche à son
partenaire et plus elle s'accroche plus ce dernier a envie de prendre de
la distance car il se sent étouffé. Plus son partenaire prend de la
distance, plus elle a peur qu'il l'abandonne et plus elle s'accroche.
C'est un cercle vicieux qui ne prend fin qu'à la rupture, souvent mal
vécue. Lorsqu'il y a rupture elle s'effondre et ne trouve plus de goût à la vie. Si le degré de dépendance est très élevé, elle peut aller jusqu'à la dépression.
Les personnes qui ressentent le besoin d’être aimées,
de plaire au plus grand nombre sont donc systématiquement des
dépendantes affectives.
Selon mes observations, oui !
"Pour forcer mon compagnon à s'engager, j'ai cessé de prendre la pilule sans l'en informer" (Sylvie)
Les causes de cette dépendance sont-elles à rechercher dans la petite enfance?
Lors de l'enfance, la personne développe la peur d'être
abandonnée par le parent du sexe opposé. Chaque personne a sa propre
histoire et il convient de l'analyser pour vérifier comment elle a pu
créer cette peur d'abandon. Mais il arrive également que l'enfant ne se sente pas aimé aussi fort qu'il l'aurait souhaité...
L'enfant apprend dès son plus jeune âge que l'amour vient
de l'extérieur, c'est-à-dire des autres. Il renie donc sa véritable
identité en devenant ce que les autres veulent qu'il soit, ceci afin
d'obtenir leur amour. Mais l'amour que ses parents et les autres lui
donnent ne le comble pas. Cela ne signifie pas que les parents ne
l'aiment pas, les parents l'aiment du mieux qu'ils peuvent. L'enfant a
une perception et un senti qui lui est propre, il ne se sent pas aimé
comme il l'aurait souhaité. Pour aller mieux, cette personne en
grandissant doit rétablir la connexion avec l'amour naturel qu'il a en
lui au lieu de continuer à le chercher à l'extérieur.
Chez les hommes, la dépendance affective se manifeste autrement.
D'après ce que j'ai pu voir, ils sont plutôt dépendants de
la dépendance affective des femmes. C'est-à-dire qu'ils ont besoin que
les femmes soient dépendantes d'eux. C'est ce que j'appelle des
relations de co-dépendance. Est-ce que la dépendance affective est un comportement systématiquement malsain dans une relation ?
La dépendance affective contribue en effet à créer des
relations dysfonctionnelles et toxiques. Le degré de souffrance est
proportionnel au degré d'amour et d'estime qu'une personne a pour
elle-même. Moins une personne s'aime et s'estime, plus son degré de
dépendance est élevé et plus elle va vivre des relations
émotionnellement douloureuses et inconfortables. Du coup, comment peut-on construire une relation saine ?
Selon moi, une relation saine c'est une relation où : -On s'occupe d'abord de construire une relation saine avec soi-même
pour ensuite pouvoir en construire une avec les autres, ce qui veut
dire qu'on tient compte de nos besoins en premier. Ce n'est pas de
l'égoïsme mais de l'amour pour Soi car nous ne pouvons aimer
véritablement les autres si nous ne nous aimons pas d'abord nous-mêmes. -On est authentique avec soi-même et avec l'autre. On n'a pas besoin de faire semblant d'être qui l'on n'est pas. -On respecte la liberté et l'espace de l'autre ainsi que les nôtres. -On donne pour le plaisir de donner sans
rien attendre en retour, autant que possible. Si l'on donne avec des
attentes on a le courage de les exprimer et on s'accorde sur une entente
réciproque. -On utilise la relation pour évoluer d'abord individuellement, puis ensemble.
On prend plaisir à partager notre complétude au lieu de croire que
l'autre est notre moitié car nous sommes tous des êtres complets. -On vit la relation dans le moment présent sans se soucier du futur, ce qui ne signifie pas ne pas avoir de projets futurs.
"Mes relations ne durent pas plus de deux ans et demi car mon père est parti quand j'avais cet âge" (Géraldine)
Comment se soigner ?
La base de la guérison c'est toujours la prise de
conscience. Pour y arriver, il est nécessaire d'apprendre à s'observer
et lorsque l'on devient conscient de nos mécanismes et de nos schémas
répétitifs, il est alors vital d'aimer et accepter tous les aspects que
nous découvrons en nous-mêmes, y compris nos aspects sombres. Nous avons
besoin de réapprendre à nous aimer. Une personne dépendante affective a
été programmée mentalement pour souffrir dans ses relations, elle a
besoin d'apprendre à se reprogrammer. C'est ce que vous enseignez dans votre méthode Magnetic'O Bonheur.
Je l'ai appelée ainsi parce qu'à la fin de ce processus
j'ai découvert le vrai sens du mot « bonheur ». J'ai réalisé qu'une fois
qu'on goûte au bonheur on n'a plus envie de s'en passer et on l'attire à
Soi naturellement. On devient « magnétique au bonheur ». Je décris dans
mon livre toutes les étapes de ce processus que j'ai appliquées
personnellement durant environ un an. Ces étapes sont devenues partie
intégrante de ma vie car elles font partie des grands changements que
j'ai opérés en moi.
Crédit : Y-Lan
« J'ai enfin pu accepter une rupture dans la dignité »
Si vous pouvez en parler avec autant de lucidité aujourd'hui, c'est parce que vous êtes une ancienne dépendante affective.
Oui, je l'ai été jusqu'à mes 42 ans. J'ai mis neuf ans à m'en sortir. Comment avez-vous réalisé que vous l'étiez ?
Je l'ai compris grâce à la lecture d'un livre de Lise
Bourbeau qui s'intitule « les cinq blessures qui empêchent d'être
soi-même ». Cette lecture m'a permis d'analyser toute ma vie et de
réaliser que j'avais quasiment calqué ma vie de couple sur celle de mes
parents. J'ai longtemps été attirée par des partenaires habitant à de
longues distances comme l'avait été ma relation avec mon père. J'avais
beaucoup d'attitudes envers mes partenaires semblables à celles que ma
mère avait envers mon père. L'absence de votre père a donc eu un grand impact dans l'éveil de votre blessure.
Il a été absent physiquement quasiment durant toute mon
enfance et il est décédé lorsque j'avais onze ans. J'ai vécu son absence
dans ma vie comme un traumatisme émotionnel et cela a énormément nourri
ma blessure, mais ce n'est pas lui qui m'a rendu dépendante affective.
Personne n'est responsable de nos blessures, nous arrivons déjà dans la
vie avec nos blessures émotionnelles respectives, et nous arrivons dans
un contexte familial et social propice à les éveiller de manière à en
devenir conscients et à les guérir par nous-mêmes. Quel a été le déclic qui vous a donné envie de changer de vie?
Ce déclic s'est produit lors de ma dernière rupture
sentimentale en juin 2012. Je savais depuis neuf ans que je souffrais de
dépendance affective et j'avais déjà fais un long travail sur moi mais
ma dépendance affective était d'un degré vraiment très élevé. Je suis
enfin parvenue à prendre la décision ferme et délibérée d'accepter enfin
une rupture dans la dignité et de commencer le processus de guérison
que j'avais toujours reporté. Après avoir retrouvé le bonheur, vous avez donc choisi d'écrire un livre.
Mon intuition m'a dit que je devais partager mon
expérience, mes découvertes et mes connaissances acquises sur le sujet
avec le plus grand nombre afin d'inspirer à mon tour toutes les
personnes qui étaient en quête de guérison. (1) Confidences d'une ancienne dépendante affective, Editions Lanore, 208p. Env 16 euros (2) www.magneticobonheur.com
Sandrine Moesching-Hubert,
directrice du bureau d’architectes 3 carrés, et Sandra Guscio,
ingénieure civile, qui a fondé en 2009 le Studio Guscio à Lausanne.
(Eddy Mottaz et Bertrand Cottet)
De jeunes mères trouvent dans l’entreprenariat un moyen d’échapper
aux carcans du marché du travail. La Suisse compte un nombre record
d’indépendantes
Jolanda Thomas s’est lancée peu après la naissance de
son fils, en 2003. Son entreprise de fiduciaire, menée d’abord à temps
partiel, à côté de sa maternité, s’est peu à peu étendue et l’occupe
aujourd’hui, onze ans et un deuxième enfant plus tard, à 100%. «Mon
entreprise a grandi en même temps que mon fils», dit-elle aujourd’hui.
Elle ne s’est pas toujours imaginée diriger une boîte. Son poste de
comptable dans une grande entreprise suisse lui convenait plutôt bien.
Jusqu’à ce qu’elle tombe enceinte. A ce moment, elle n’a pas l’intention
de renoncer à son activité professionnelle et réclame un temps partiel à
son employeur, qui refuse. Son congé maternité sera alors l’occasion de
franchir le cap. D’une simple pièce dans son appartement où elle a
commencé à recevoir ses clients, elle a depuis déménagé dans un bureau,
au centre de Lausanne.
Dans sa stratégie pour mieux
intégrer la main-d’œuvre indigène suite à la votation du 9 février 2014,
le gouvernement explore des pistes pour favoriser l’emploi des femmes.
L’une d’entre elles consiste à améliorer «la conciliation entre vie
professionnelle et vie familiale», un refrain qui ne date pas d’hier. La
Suisse a encore du chemin à parcourir: 61% des mères travaillent à
temps partiel (contre 8% de pères), renonçant souvent à des
responsabilités pour s’occuper de leur famille. Dans une étude publiée
fin 2013, l’Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) suggérait à la Confédération d’augmenter l’aide à la création de
structures d’accueil de la petite enfance et parascolaires pour
valoriser le «capital humain» représenté par les femmes. La grossesse peut être un déclencheur
En attendant, beaucoup de professionnelles ont décidé de
s’en remettre à elles-mêmes pour contourner les rigidités du marché du
travail. En Suisse, une société sur deux est créée par une femme. C’est
davantage que dans la plupart des pays de l’OCDE (Norvège, Suède,
Finlande, Singapour, Etats-Unis, France, Allemagne et Italie), relève
l’étude Global Entrepreneurship Monitor (GEM) réalisée en 2013 par la
Haute Ecole de gestion de Fribourg (HEG) sur la base de 2000 interviews.
A titre de comparaison, en France, un tiers des entrepreneurs sont des
femmes.
Un certain nombre de ces sociétés sont l’œuvre de
jeunes mères qui ne souhaitent pas abandonner leur vocation, mais ne
trouvent pas de poste adapté à leur nouvelle vie. Au début de l’année,
la plateforme d’accompagnement des entreprises Startups.ch soulignait
que 26% des quelque 2000 sociétés annoncées auprès d’elle en 2014
étaient fondées par des femmes, dont 50% de mères souhaitant retrouver
une activité professionnelle après un accouchement.
La
grossesse peut se révéler propice à certaines femmes qui songent à se
lancer sans avoir osé jusque-là renoncer à la sécurité de l’emploi.
Surtout si elles font face à un employeur implacable. «J’ai annoncé à
mon employeur que j’étais enceinte un jeudi. Le samedi, je recevais une
lettre de licenciement. Mon patron pensait me rendre service», raconte
Katell Bosser, 40 ans, ancienne rédactrice en cheffe d’un magazine
d’architecture. Un déficit de crédibilité
Plutôt que de chercher un nouveau poste, Katell Bosser
décide de se mettre à son compte après la naissance de son premier
enfant. Elle crée sa propre agence de rédaction de contenu, K etc., qui
compte aujourd’hui, six ans plus tard, 12 employés. Depuis qu’elle
dirige son entreprise, Katell Bosser ne travaille pas moins, au
contraire, mais elle a gagné en flexibilité, explique-t-elle: «Si je
veux réaliser un mandat entre 5 et 8 heures du matin pour passer du
temps avec ma fille l’après-midi, libre à moi.»
Entre les
couches et les biberons, les difficultés ne sont pas toujours là où on
les attend: «Les jeunes mères entrepreneuses se heurtent à un déficit de
crédibilité: on a de la peine à penser qu’on peut mener de front
maternité et ambitions professionnelles élevées. Certaines font en sorte
que leurs clients ne sachent pas qu’elles ont un enfant», souligne
Katell Bosser. La Lausannoise a pris le parti inverse: «Etre aussi mère
que patronne», avec fierté. Elle a fondé en 2011 l’association
Mampreneurs, qui compte aujourd’hui une centaine de membres en Suisse
romande. Le terme en fait tiquer plus d’une: après tout, a-t-on déjà
parlé de «Dadpreneurs»? Le phénomène désigne à l’origine des femmes qui,
après la naissance de leur premier enfant, se lancent dans une
entreprise liée à leur expérience de la maternité. Elles ne connaissent
pas toutes le destin de l’actrice américaine Jessica Alba, devenue
milliardaire avec son entreprise, The Honest Company, une gamme de
produits écologiques pour enfants.
L’association
Mampreneurs suisse s’est émancipée de cette image d’Epinal et compte
parmi ses membres des avocates, des médecins, ou une sellière. «La
plupart de ces entreprises n’affichent pas une croissance à deux
chiffres, mais elles sont viables et participent au tissu économique.
Elles créent des emplois, affichent une rentabilité saine et offrent un
environnement de travail à taille humaine», souligne Katell Bosser. Compétences égales mais de ressources financières
Lorsqu’on se penche sur les entreprises féminines
analysées par l’étude Global Entrepreneurship Monitor (GEM) précitée,
les stéréotypes ont la vie dure: les femmes sont davantage actives dans
les services aux personnes (soins, santé, éducation) quand les hommes
s’occupent d’industrie ou de technologie. Les entrepreneuses
privilégient l’indépendance à la croissance. Les hommes, eux, ont plus
souvent tendance à viser le profit et l’internationalisation. «Les
femmes avec qui nous avons mené des entretiens ont des compétences
égales aux hommes, mais se fixent souvent des objectifs moins élevés,
détaille Mathias Rossi, directeur de l’Institut entrepreneuriat et PME à
la HEG. Elles ont en général un réseau moins développé et besoin de
moins de ressources financières, au moment de créer une entreprise.» Le
capital investi au départ par les femmes équivaut à 40% de celui des
hommes. Leurs entreprises ne sont pas moins viables pour autant, au
contraire, relève encore Mathias Rossi. «Elles sont plus prudentes et
s’inscrivent dans la durée.»
«Les jeunes femmes se
montrent plus confiantes que leurs aînées», observe de son côté
Françoise Piron, directrice de l’association Pacte, qui accompagne des
particuliers et fait la promotion de la mixité dans les entreprises. Son
licenciement à son retour de congé maternité, après la naissance de son
premier enfant, en 1992, déclenche chez cette ingénieure civile une
nouvelle vocation: elle devient en 1994 déléguée du bureau de l’égalité à
l’EPFL. Lorsqu’elle quitte ce poste dix ans plus tard, elle décide de
fonder son propre bureau de consulting. «A 40 ans, je devais m’occuper
seule de mes trois enfants, je ne trouvais pas d’emploi adapté à mes
contraintes quotidiennes», dit-elle.
Dans ses locaux du
quartier de Grancy à Lausanne, elle voit défiler des personnes en
transition professionnelle ou en faillite. Parmi elles, des
quinquagénaires très qualifiées, mais qui peinent à trouver un emploi,
souvent après un parcours interrompu par la maternité. «Je leur
conseille de développer des mandats en tant qu’indépendantes. Elles
pourront ainsi conserver une activité plus longtemps.»
déjà entendu parler? Si vous viviez en France, vous ne pourriez
échapper au débat qui fait rage présentement entre l'école française,
qui a intégré ces études à son programme actuel, et les opposants à
cette nouveauté féministe. Mais en quoi consistent donc ces fameuses
études de genre? Sommairement résumées, elles s'inscrivent en faux
contre le postulat scientifique voulant que les différences entre hommes
et femmes soient surtout biologiques, avant d'être conditionnées par le milieu.
Les défenseurs de ce domaine de recherche étonnant soutiennent que la
biologie compte pour peu dans les différences entre les hommes et les
femmes, différences désormais considérées comme des stéréotypes sexistes
brimant l'égalité homme-femme avec pour conséquence, on s'en doute, que
la gent féminine s'en trouve fatalement opprimée. Même l'hétérosexualité, dans cette perspective, serait un avatar d'une influence pernicieuse, culturelle et patriarcale, comme le soutenait
jadis Andrea Dworkin, féministe radicale et auteure d'essais peu connus qui ne sont guère lus
ailleurs que dans le cadre d'études féministes universitaires.
Les opposants aux études de genre sont souvent stigmatisés et présentés comme des activistes d'extrême droite ou des fanatiques
religieux, opposés à la reconnaissance de l'égalité homme-femme. Or
n'est-il pas légitime de se demander au moins quel impact pourrait avoir
sur des enfants fragiles, puisqu'en mode de construction identitaire, la négation de toute différence sexuée au prétexte qu'elle ne serait en aucun cas innée, mais imposée? Quelle alternative leur offre-t-on pour se développer? Des enfants peuvent-ils évoluer harmonieusement en
dehors de tout cadre, de tout modèle d'identification? On peine à trouver des réponses tangibles chez les défenseurs des études de genre.
Pour se dédouaner d'accusations de dogmatisme, certains parmi eux
jouent sur les mots, affirmant qu'il n'existe aucune «théorie des
genres», mais bien un champ de recherches portant le nom générique
d'études de genre. Fort bien, mais reste que les promoteurs de cette
discipline affichent une telle conviction qu'ils sont dans le vrai et
que quiconque les contredit devient un béotien ignare opposé à tout
progrès qu'il semble que la confusion entre théorie et études existe
d'abord chez ces chercheurs mêmes. Tout comme il règne chez eux une
confusion manifeste entre démarche scientifique empirique et spéculation
sociologique, philosophique ou artistique.
Certains d'entre eux, dont Anne-Joëlle Philippart, chercheuse à HEC-ULg, tentent vainement de calmer le jeu en jouant sur la différence entre études et théorie, ce qui ne les
empêche pas de trahir un parti-pris pour le moins dogmatique présentant leur point de vue comme définitif. Ainsi s'exprime Mme Philippart:
«On ne naît pas femme, on le devient. C'est cequ'écrivait Simone de Beauvoir en 1949. Elle voulait signifier par là que les différences entre hommes et femmes sont plus liées à des facteurs sociaux, culturels et économiques qu'à des différences biologiques.C'était aussi pour elle une façon de démontrer les origines des inégalités et des injustices faites aux femmes.»
À l'appui de cette thèse, les recherches récentes en neurobiologie
mettent en avant la plasticité du cerveau de l'être humain qui nous
permet, à tous les âges, de changer nos habitudes, réorienter nos
trajectoires de vie et développer de nouveaux talents. Seulement 10% du
cerveau est "câblé" à la naissance et aucun instinct ne s'exprime, chez
l'humain, sans l'influence de l'environnement culturel.»
Nous allons voir comment ces prétentions ne seront contredites que par les faits.
Quand un humoriste pose des questions sérieuses
Un humoriste norvégien a récemment mis en échec des chercheurs de son
pays adeptes des études de genre, comme les universitaires partageant
leurs vues, ainsi que les journalistes qui n'ont jamais pris la peine de
questionner sérieusement et objectivement la pertinence d'une telle
nouveauté. L'homme en question, Harald Eia, s'est livré dans un
documentaire à une démarche journalistique rigoureuse sur le sujet,
contrairement à ses compatriotes des médias, exposant aussi bien les
points de vue des défenseurs des études de genre que celui de ses
détracteurs, pour en arriver à la conclusion, devant la pauvreté des
explications des premiers, à la pertinence des conclusions des
seconds. Résultat: après la diffusion du film, la Norvège a purement et
simplement fermé le robinet aux subventions de thèses sans fondement
scientifique. Doit-on parler de censure?...
Plantant dès le début le décor de son questionnement, en précisant
que la Norvège a été déclarée le pays où l'égalité homme-femme était la plus aboutie, le documentariste amateur, paradoxalement davantage connu dans son pays pour son talent de fantaisiste, constate, statistiques à l'appui, que les hommes et les femmes persistent à choisir de métiers
traditionnellement en rapport avec leur sexe.
Ainsi, malgré toutes les tentatives étatiques pour «corriger le tir»,
la Norvège ne recrute que 10 % de femmes parmi les ingénieurs tandis que ces dernières représentent 90 % des infirmières. L'apocalypse patriarcale est proche...
Quand la grenouille sociologique...
D'entrée de jeu, le documentariste amateur donne la parole à deux
prétendus chercheurs, défenseurs des études de genre. Le premier,Joergen Lorentzen, du Centre de recherche interdisciplinaire sur legenre à l'université d'Oslo, affiche une morgue et une arrogance
assommantes lorsque questionné sur le fait que des différences biologiques, inhérentes aux cerveaux respectifs des hommes et des femmes, pourraient expliquer des choix professionnels à majorités
masculine et féminine.
Il déclare: «Toutes ces recherches (affirmant des différences
biologiques entre le cerveau masculin et sa contrepartie féminine) ont été réfutées par des études récentes. La plupart des gens disent de nos
jours qu'il n'y a pas de différences.» Quelles sont ces études récentes, qui sont ces gens qui disent qu'il n'y a pas de différences? Mystère et bœuf en daube.Tout aussi énigmatique, Catherine Egeland, chercheuse sur le genre àl'Institut de recherche sur le travail, lève les yeux au ciel
d'exaspération lorsque questionnée sur les différences fondamentales entre les hommes et les femmes qui n'ont, selon elle, aucun fondement biologique, mais ne peuvent qu'être le résultat de l'environnement
social.
Elle finira par trahir les prétentions de sa discipline
d'appartenance, la sociologie, et de ses dogmes, par l'affirmation
suivante: «J'ai ce que vous appelleriez des bases théoriques. Il n'y a pas de place pour la biologie là-dedans pour moi. Je pense que les sciences sociales doivent "challenger" l'idée selon laquelle
tout cela est basé sur des différences biologiques.» À quoi ressemble
ces bases théoriques? Pourquoi cette obstination puérile à vouloir «challenger» les sciences pures?
Cette attitude suffisante trahit en réalité chez les pro-gender une
frustration, un sentiment d'infériorité intolérable devant les
véritables chercheurs qui testent et vérifient leurs hypothèses de façon empirique, et arrivent à prouver leurs dires. Ces scientifiques ne décident pas à l'avance des conclusions de leurs thèses pour ensuite
tenter d'y faire coller leurs expériences. Ils gardent l'esprit ouvert à la découverte.
Des «pro-gender» comme Mme Egeland décident à l'avance de
leurs constats, s'en persuadent à l'aide de «bases théoriques»
nébuleuses connues d'eux seuls, mais qu'il faudrait prendre pour argent comptant sans discuter; des «pro-gender» qui se gardent bien de toute expérimentation scientifique (une démarche aussi dépassée que leurs résultats, semble-t-il) qui pourrait invalider leur point de vue.
.... veut se faire aussi grosse que le bœuf scientifique...
Les choses sérieuses commencent vraiment à partir du moment où le
documentariste se déplace afin de recueillir les points de vue de
véritables scientifiques. Il commence avec Richard Lippa, professeur de
psychologie à l'université Fullerton, en Californie, qui a mené une
vaste recherche au sein de 53 pays sur les choix professionnels comparés
des hommes et des femmes. Il a constaté que, peu importe la culture,
que l'on compare un pays islamiste à une société plus égalitaire, hommes
et femmes ont tendance à faire des choix en lien avec leur sexe.
Il n'écarte pas pour autant tout à fait l'impact culturel, mais le
juge non déterminant, tout comme Trond Diseth, professeur à l'Université
d'Oslo, spécialiste en psychiatrie enfantine, qui n'hésite pas à
réfuter, posément, mais fermement, les prétentions de Lorentzen, à
l'effet que les études démontrant les différences biologiques entre les
hommes et les femmes soient déphasées. Il parle même d'études récentes, à
la fine pointe du progrès, qui confirment au contraire ces thèses.
Expérimentation à l'appui, Diseth affirme qu'à partir de l'âge de
neuf mois, garçons et filles démontrent un intérêt marqué pour des
jouets en lien avec leur sexe. Ses propos sont consolidés par Simon
Baron Cohen, le frère de l'humoriste Sacha Baron Cohen, professeur de
psychiatrie à Cambridge et directeur du Centre de recherche sur
l'autisme, qui affirme que «même au premier jour de la vie», garçons et
filles ne sont pas attirés par les mêmes centres d'intérêt, les
premiers, étant fascinés par les objets mécaniques, les secondes,
attirées par les visages.
Les différences dans les taux de testostérone, deux fois plus élevés
chez les garçons que chez les filles, expliquent cette réalité, déjà
prévisible alors que l'enfant habite l'utérus. La psychologue
évolutionniste Anne Campbell, de l'université Durham, au Royaume-Uni,
affirme quant à elle que l'humanité est influencée par des gênes vieux
de plusieurs centaines d'années et que le milieu n'a qu'une importance
restreinte.
Quand l'humoriste-documentariste lui fait écouter les propos
étonnants de Lorentzen réfutant l'apport fondamental de la biologie dans
les différences entre les sexes, la scientifique en reste pantoise:
«Absolument incroyable! Cela me laisse sans voix que quelqu'un puisse
dire cela!» Elle n'est pas la seule...
Cul-de-sac !
De retour en Norvège, Harald Eia confronte les pseudos scientifiques,
qu'il avait interrogés avant son départ, à ses découvertes. Très
embarrassés, Joergen Lorentzen et son acolyte, Catherine Egeland,
pataugent maladroitement et perdent passablement de leur superbe,
s'affichant davantage comme des Laurel et Hardy idéologiques qu'en tant
que chercheurs crédibles.
Dépitée, Egeland ira jusqu'à accuser Diseth d'avoir faussé ses
expériences pour les faire coïncider avec ses conclusions. Un cas
flagrant de projection, même si on ne connaît aucune expérimentation à
la pseudo-chercheuse. C'est à ce moment qu'elle nous sortira l'argument
des énigmatiques «bases théoriques» pour justifier sa foi indéfectible
envers les études de genre. De son côté, telle une baudruche dégonflée, Lorentzen affirme que les
études des scientifiques, médiocres, selon lui, ne l'ont pas convaincu
que les hommes et les femmes étaient biologiquement différents, hormis
sur le plan génital, ni que leur cerveau n'était pas similaire. Tant
qu'il ne sera pas persuadé par une base scientifique crédible, il s'en
tiendra à ses convictions, sans pour autant expliquer sur quelle base
scientifique il s'appuie, lui, pour affirmer l'absence de différences en
laquelle il dit croire.
Et nous, dans tout ça ?
Peu de temps après la diffusion de ce documentaire-choc et du KO
final infligé au dynamique duo idéologique norvégien, le gouvernement de
leur pays décidait de couper tout financement aux études de genre. En
Suède, toujours sous l'emprise de cette lubie idéologique, des camps
d'été où garçons défilent en robe et filles jouent au camion sont
organisés. Comme nous l'avons vu plus haut, en France, le débat sur
cette question, déjà enclenché par celui du mariage pour tous, qui
présente insidieusement l'hétérosexualité comme un phénomène culturel
sans assise biologique, fait toujours rage.
Pouvoir du féminisme d'État québécois «aidant», cette question
pourrait venir contaminer le paysage scolaire québécois, et par
conséquent social, malgré l'incontestable défaite norvégienne. Quand on
connaît le pouvoir d'influence du féminisme d'État auprès du milieu de
l'Éducation, il est de première importance de faire connaître le
documentaire de Harald Eia au grand public. Vous pouvez le visionner grâce à ce lien.
Un coup d'œil au délire suédois sur l'éducation asexuée des enfants
dès leur entrée dans le système scolaire, au nom d'une conception
désincarnée de l'égalité homme femme, a de quoi faire frémir. La
perspective de voir les hommes et les femmes de demain en perpétuel
conflit entre leur identité spontanée et des attentes sociales
déconnectées du réel n'annonce rien de bon pour notre devenir
collectif. Bien sûr, il existe encore de la discrimination selon le
sexe, mais quand arrêterons-nous de prendre des différences innées pour
Opinions
Une chronique d'Armand Lequeux.
Cette année, le 8 mars, journée internationale pour les
droits des femmes, tombe un dimanche. Chouette, elles vont pouvoir
éplucher, cuisiner, nettoyer, servir et soigner à temps plein toute la
journée puisqu’elles font cela si bien. C’est dans leur nature. Les
hommes pourront, comme tous les dimanches, prolonger quelque peu leur
grasse matinée afin d’être en forme pour le foot à la télé l’après-midi.
C’est dans leur nature, ils savent pourquoi. Le bac de Jupiler est au
frais. Les copains peuvent débarquer. D’accord, les luttes pour les
droits des femmes sont des choses sérieuses, mais puisque nous sommes
tous Charlie nous avons le droit d’en rire, n’est-il pas ?
Cette journée fut instaurée par Lénine en 1921 : on ne peut
pas dire que rien n’a changé depuis, mais d’immenses progrès sont encore
nécessaires pour que cessent les injustices qui pèsent lourdement sur
le dos de celles qui représentent pourtant la moitié de l’humanité.
Alors, si vous voulez que ça bouge, je vous propose de
rejoindre avec moi le comité qui prépare pour le 8 mars 2016 la journée
internationale de l’échange des genres. Il s’agira d’une révolution
planétaire transitoire : pendant vingt-quatre heures, les hommes
viendront de Vénus et les femmes de Mars. Puisqu’il s’agira d’un jour de
semaine, nous aurons là une magnifique occasion d’échanger dans la vie
professionnelle les rôles traditionnellement dédiés à un genre
spécifique. Selon sa compétence initiale, Monsieur sera puéricultrice,
institutrice, sage-femme, technicienne de surface ou péripatéticienne.
A travail égal, sachez cependant Monsieur, qu’il y a peu de
chances pour que votre salaire soit identique à celui dont vous
bénéficiez en temps normal. Madame sera grutier, chef d’entreprise,
maçon, premier ministre, éboueur, terroriste, imam, rabbin, évêque, pape
ou recteur de la Grande Mosquée. Après votre journée de travail,
Monsieur, vous pourrez (avec le sourire) éplucher, cuisiner, nettoyer,
servir et soigner pendant que Madame recevra ses copines au salon pour
visionner à la télé la finale de la coupe de rugby féminin programmée ce
jour-là. N’oubliez pas de mettre au frais le bac de Jupiler. Pendant ce
temps, donnez les bains, soignez les bobos, faites tourner le
lave-linge et préparez les cartables pour le lendemain. N’hésitez pas,
Monsieur, à prendre préventivement un comprimé de Viagra. Après son
match, il est possible, si elle ne s’endort pas immédiatement, que
Madame soit demandeuse. Comme vous le savez les plaintes pour viol
conjugal sont rarement recevables et les "accidents domestiques"
nocturnes sont étonnamment fréquents après les grands événements
sportifs.
Si Madame souhaite tranquillement raconter son match,
laissez-lui toute la place et ne l’importunez pas avec vos états d’âme
dont elle n’a que faire. Vos besoins affectifs et sentimentaux n’ont pas
réellement de place pour être exprimés dans votre couple, vous devez le
comprendre. En ville, l’ambiance, pourrait également surprendre ce
jour-là. Si votre religion vous y invite, il est évident, Monsieur, que
vous porterez le voile. Attendez-vous à être sifflé, voire harcelé si
vous n’êtes pas sous la surveillance de votre grande sœur. Ne rentrez
pas seul le soir, faites-vous accompagner. N’oubliez pas le
démaquillage, la crème de nuit et un peu de lecture. Les magazines le
plus machistes seront, ce jour-là, remplis de conseils pour vous aider à
ressembler aux mannequins les moins réalistes de la planète Vénus.
Bonne chance. http://www.lalibre.be/debats/opinions/et-si-nous-echangions-les-genres-54f8771d35707e3e93b6ed83
Un animateur affirme qu'une femme ne peut pas battre un homme : elle lui brise quatre côtes
Rédaction en ligne
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Vidéo
Insolite
Aaron Tru, animateur pour la chaîne MMA Prime TV, interviewait
tranquillement une ancienne judoka et actuelle championne d'Ultimate
Fighting lorsque, tout à coup, il décide de faire une plaisanterie. Il
affirme donc à la championne, Ronda Rousey, qu'une femme est incapable
de battre un homme. Ni une ni deux, la jeune femme, bien décidée à lui
prouver le contraire, le projette au sol, explique Le Figaro.
Mais ce qui n'aurait dû être qu'une mise en scène amusante et bon
enfant pour permettre à la sportive de faire une démonstration de son
art a viré au drame.
Après avoir violemment percuté le sol, l'homme a en effet été
incapable de se relever. Sa "paralysie" a engendré de nombreux rires
jusqu'à ce que l'équipe de tournage ne réalise qu'il y avait vraiment un
problème. Et pas des moindres puisqu'un médecin lui a diagnostiqué 4
côtes cassées. Les risques du métier... http://www.lalibre.be/light/insolite/un-animateur-affirme-qu-une-femme-ne-peut-pas-battre-un-homme-elle-lui-brise-quatre-cotes-54f9ba6535707e3e93bad743
Des sous-vêtements féministes pour lutter contre le style "American Apparel" Rédaction lifestyle
Publié le
- Mis à jour le
Mode et beauté
Alors qu'une enseigne comme American Apparel continue de choquer, une
styliste souhaite inverser la tendance en lançant sa marque de lingerie
féministe.
Une fois de plus, la marque très controversée American Apparel
choque. L'enseigne a reçu un énième avertissement de la part de
l'Autorité des Standards dans la Publicité (ASA). Ce qui pose problème ?
L'apparence juvénile d'une jeune fille posant de dos avec une
expression sexualisante et vêtue d'un body string imprimé de bouches. Et
c'est sans compter les nouvelles affiches sur lesquelles les tétons des
mannequins sont effacés pour contourner la censure. A côté de ces
campagnes limites, le monde de la lingerie expose régulièrement des
mannequins dans des postures explicites. C'est ce que dénonce la
Britannique Hayat Rachi, créatrice de Neon Lune.
"En prenant le temps de soutenir la campagne de Neon Lune
vous faites une déclaration au monde que vous voulez changer, et votre
voix sera entendue!", peut-on lire le site de financement
participatif Kickstarter.com. L'objectif de la créatrice : mettre en
valeur le véritable corps de la femme à travers une gamme de
sous-vêtements féministes ultra confortables.
Ici, Hayat prône "la confiance en soi et la non-objectivation des femmes face à leur corps". Pour elle, la lingerie féminine est un droit et non un privilège. Elle joue sur le côté anticonformiste et tente de "créer des sous-vêtements qui émancipent dans toutes les phases de la féminité". C'est ainsi qu'elle espère transformer l'industrie de la lingerie et faire correspondre sa marque aux personnes "de
toutes les tailles, ethnies et types de corps, y compris celles qui ne
s'épilent pas les poils pubiens, des jambes et des aisselles".
Pour sa collection « Mon Dieu », Hayat Rachi s'est servie de
tissus en bambou réputé pour s'adapter à la morphologie du corps. Exit
les baleines, le push-up et le rembourrage ! Les soutiens-gorge et
culottes sont colorés, confortables, et portent des noms comme « coucou
», « Bof », et « non ! ». Aussi, les modèles des publicités ressemblent à
la majorité des femmes et ne sont pas retouchées. "Je voulais montrer à quoi ressemble une vraie femme",
explique-t-elle. La créatrice espère pouvoir développer ses modèles et
enfin élargir la gamme à d'autres tailles que le S, M et L.