Avec la méditation, l’adolescence en pleine conscience
La
méditation pourrait diminuer la réactivité au stress, un facteur de
prédisposition, chez les adolescents, aux troubles anxieux ou
dépressifs. Un projet primé par la Fondation Leenaards va en étudier les
effets sur des jeunes entre 13 et 15 ans
Une plasticité cérébrale stupéfiante, mais
aussi une sensibilité exacerbée: l’adolescence, période de grande
vulnérabilité, peut se révéler le creuset de maladies psychiques,
notamment en raison d’une réactivité au stress accrue. Pour prévenir
l’apparition de troubles mentaux à l’âge adulte, de nombreuses
recherches prônent désormais la mise en place d’interventions précoces,
en cas de signaux d’alerte tels qu’angoisses récurrentes, hyperactivité,
troubles du sommeil ou encore labilité émotionnelle. Lire aussi: A l’école, méditer pour mieux apprendre
Tout
juste récompensé par le Prix scientifique 2018 de la Fondation
Leenaards, un projet regroupant trois médecins de Genève et Lausanne
vise à déterminer si la méditation de pleine conscience peut améliorer
la santé mentale des adolescents, mais également si elle est en mesure
d’influencer les circuits neuronaux impliqués dans la réactivité au
stress chez les jeunes très anxieux. Car si différentes études ont déjà
pointé du doigt les effets bénéfiques de la méditation, les mécanismes
d’action de cette méthode restent, eux, encore largement incompris.
Le
cerveau n’atteint sa pleine maturité que vers 20 ou 25 ans, et l’on
sait que les parties préfrontales, indispensables à la régulation des
émotions, sont les dernières à terminer leur maturation
«L’adolescence
est une période de développement critique, à la fois biologiquement et
socialement, décrit Camille Piguet, clinicienne et chercheuse au sein du
département de Psychiatrie de l’Université de Genève et responsable de
l’étude. Le cerveau n’atteint sa pleine maturité que vers 20 ou 25 ans,
et l’on sait que les parties préfrontales, indispensables à la
régulation des émotions, sont les dernières à terminer leur maturation,
alors que les zones limbiques sont, elles, hyperactives. Ces phases sont
propres à l’adolescence, mais certains jeunes sont plus vulnérables et
présentent davantage d’anxiété. Notre idée était de pouvoir leur offrir,
à travers un entraînement à la pleine conscience, un outil de
prévention qui soit bien accepté par cette tranche d’âge, car les
adolescents se montrent souvent réticents aux formes de traitement
conventionnelles, notamment médicamenteuses.»
Changements rapides
Développée dans les
années 1970 dans le centre médical de l’Université́ du Massachusetts
(Etats-Unis) par Jon Kabat-Zinn, docteur en biologie moléculaire, la
méditation de pleine conscience est une pratique laïque inspirée de la
tradition bouddhiste, qui vise à centrer son attention sur l’instant
présent. En agissant tout à la fois sur le système limbique, siège du
cerveau émotionnel, et le cortex préfrontal, centre de la raison, elle
permettrait une meilleure régulation des émotions, une réduction du
stress et de l’anxiété, la prévention des rechutes dépressives ou encore
la diminution des douleurs chroniques.
Arnaud Merglen,
clinicien-chercheur du service de pédiatrie des HUG impliqué dans cette
recherche, a déjà eu l’occasion de constater les effets bénéfiques de la
méditation de pleine conscience sur les adolescents, technique qu’il
enseigne depuis plusieurs années. «Les jeunes sont très preneurs de
cette méthode, de par son aspect ludique et son caractère non jugeant,
mais il reste difficile pour eux de pratiquer régulièrement. Cependant,
celles et ceux qui y arrivent observent, au bout de quelques semaines
seulement, un changement très net quant à l’impact des émotions et des
pensées. Ils subissent moins ces vagues qui les emportent, et ils se
rendent davantage compte que les schémas répétitifs dans lesquels ils se
font prendre ne sont qu’une vision partielle de la réalité.» La
méditation de pleine conscience serait efficace pour diminuer l’anxiété
en atténuant les pensées automatiques ou les ruminations mentales qui
bloquent la personne sur des événements passés ou les angoisses liées au
futur. Lire également:L’engouement pour la méditation néglige ses effets secondaires
Effets à long terme
Pour
tester ses hypothèses, l’équipe de recherche, qui comprend également le
docteur Paul Klauser du centre de neurosciences psychiatriques du CHUV,
va proposer à 60 jeunes, âgés entre 13 et 15 ans, de suivre 12 semaines
d’entraînement à la pleine conscience dès la rentrée scolaire d’août
2018. Face à eux, un autre groupe identique, à qui l’on proposera une
prise en charge plus classique, afin de réaliser ce que les chercheurs
appellent une étude randomisée.
«Avant de débuter notre
recherche, nous enregistrerons l’activité cérébrale des participants
lors d’une tâche spécifique, au moyen de l’imagerie par résonance
magnétique, explique Camille Piguet. Après la période de formation
initiale de pleine conscience, mais aussi après 18 mois, nous évaluerons
à nouveau leur réactivité cérébrale, ainsi que les éventuelles
modifications de la composition chimique, de la structure et de la
connectivité de leur cerveau.» Avec pour objectif non seulement de
mesurer les effets de la méditation sur le long terme, mais aussi de
déterminer si elle constitue une piste thérapeutique de choix afin de
diminuer l’apparition de troubles psychiatriques à l’âge adulte.
Cérémonie de remise des prix et bourses scientifiques Leenaards 2018, mercredi 21 mars au CHUV, à 17h, sur inscription. www.leenaards.ch
Des centaines d'appels à l'aide
De plus en plus d’ados dénoncent les agressions
Dominique Scali | Agence QMI
|
Publié le
- Mis à jour
Les adolescentes ont été plus nombreuses que jamais cette année à
demander de l’aide dans des centres de soutien aux victimes d’agression
sexuelle.
«Déjà, on commence à recevoir quelques références des écoles.
D’habitude, ça prend un peu plus de temps [après la rentrée]», remarque
Annie Blouin, du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à
caractère sexuel (CALACS) de Granby.
Quelque 300 jeunes de 12 à 18 ans sont allés chercher de l’aide
dans un des centres du Regroupement des CALACS en 2016-2017, un chiffre
inégalé depuis 2012, année des plus vieilles données accessibles.
Il ne s’agit pas d’un recensement de tous les adolescents qui se
sont confiés à un organisme, mais ce coup de sonde offre un bon portrait
de la réalité sur le terrain.
Bonne nouvelle
Comme il n’y a pas nécessairement eu d’augmentation des agressions, il s’agit d’une bonne nouvelle.
«Notre interprétation, c’est que les jeunes sont plus ouvertes à
dévoiler [qu’elles ont été agressées [...] Les intervenants sur le
terrain ont l’impression que les jeunes attendent moins longtemps avant
de demander de l’aide», dit Stéphanie Tremblay du Regroupement des
CALACS.
«Avant, on voyait surtout des victimes qui avaient été agressées
dans leur enfance et qui en prenaient conscience plus tard, observe
Patricia Gladu du centre L’Expression Libre de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Ces dernières années, on voit plus souvent des jeunes qui ont été
agressées pendant l’adolescence et qui viennent à ce moment-là.»
Cette hausse des demandes d’aide s’explique notamment par le fait
que le sujet a été très médiatisé dans la dernière année, avec les
agressions à l’Université Laval, l’affaire Gerry Sklavounos et toutes
les prises de parole et manifestations contre la culture du viol, notent
les intervenantes.
La prévention effectuée dans les écoles commence aussi à porter ses fruits.
«En général, la personne aura moins de séquelles à long terme si
elle reçoit de l’aide rapidement», remarque Julie Guibord du CALACS de
Châteauguay.
Demandes à l’aide d’ados
2012-2013 : 225
2013-2014 : 270
2014-2015 : Pas de données
2015-2016 : 285
2016-2017 : 300
56 % Ont attendu moins d’un an avant de demander de l’aide
46 % Ont attendu plus de 11 ans avant de demander de l’aide
27 % Ont amorcé des procédures légales au criminel
Source: RCALACS, 2016-2017
Les amies, premières confidentes
La première personne à qui se confie généralement une adolescente
au sujet d’une agression sexuelle n’est pas l’intervenant d’un organisme
d’aide, mais bien souvent une amie, observe Annie Blouin, du CALACS de
Granby.
«Il y a des jeunes qui sont très aidants. Par exemple, qui vont
amener leur amie de fille au bureau du travailleur social de l’école»,
illustre-t-elle.
Déterminant
Les intervenantes interrogées sont unanimes : la première personne
à qui se confie une victime aura un impact déterminant. Si ce premier
confident la croit et ne minimise pas ce qu’elle a vécu, tout le reste
sera facilité.
Or, les intervenants en violence sexuelle sont rarement les premiers confidents, selon Annie Blouin.
«Elle va avoir le réflexe de garder ça dans le fond d’elle-même.»
À l’école, elle aura peut-être de la difficulté à se concentrer,
ce qui se reflétera dans son bulletin. Peut-être aura-t-elle des
cauchemars ou des flash-back. Certaines vont s’automutiler.
La plupart des jeunes qu’elle reçoit ont d’ailleurs été adressés
par un professionnel de l’école qu’ils fréquentent. Toutefois, des cas
peuvent se révéler dans le cadre d’une animation de prévention en
classe.
«Il n’est pas rare qu’un jeune va quitter la classe pendant une
animation, ou qu’il va rester à la fin et poser des questions», abonde
Julie Guibord du CALACS de Châteauguay.
Plus de parents
Au CALACS de l’Ouest de l’Île, les intervenants ont observé une hausse des demandes de soutien des parents.
«Ils veulent savoir quelles sont les attitudes aidantes. Par
exemple, ne pas juger, ou ne pas mettre l’accent sur leurs émotions à
eux plus que sur celles de leur enfant», dit Dominique Raptis.
Dans tous les cas, l’important est de répondre aux besoins du jeune.
«Tu n’es pas obligée de dire ou de faire quelque chose que tu ne veux pas faire», dit d’abord Annie Blouin au jeune.
Et bien souvent, son besoin est de se vider le cœur et de sortir
de l’isolement, plus que de dénoncer son agresseur, indique Patricia
Gladu, de L’Expression Libre http://www.tvanouvelles.ca/2017/09/15/de-plus-en-plus-dados-denoncent-les-agressions-1
L'adolescence est un passage difficile aussi bien pour les
parents que pour leurs enfants. Crise, complexes, rebellion,
sexualité... enquête sur cette période de vie transitoire.
Le syndrome du nid vide, qui survient
lors du départ des enfants devenus grands, peut provoquer de véritables
dépressions chez les parents. Comment gérer au mieux ce retour à une
vie à deux ou en solo? Explications.
Plus l'échéance approche, plus le
stress monte. Pour les ados d'abord mais aussi pour les parents.
Découvrez nos conseils pour permettre à votr enfant d'envisager le bac
avec plus de sérénité.
Dans ses vidéos YouTube, Blaise
explique (avec humour) aux 11-15 ans comment fonctionne leur corps et ce
qu'est le consentement. Le but de "La ChroNique": pallier le manque
d'information des cours d'éducation sexuelle au collège.
A l'occasion de la Journée nationale
de l'audition (JNA), une enquête rappelle la nocivité de l'écoute de
musique sur smartphone pour la santé auditive. Fait inquiétant, les
adolescents sont particulièrement vulnérables face à ces risques de
dégâts irréversibles.
Se faire surprendre par ses enfants
en plein ébat: une situation gênante que connaissent de nombreux
parents. Comment réagir? Faut-il expliquer les choses au risque de
devoir répondre à des questions embarrassantes ou faire comme si de rien
n'était? Pédopsychiatre et sexologue nous délivrent leurs conseils.
Il est souvent difficile de parler
sexualité avec son ado et d'aborder le délicat sujet de la "première
fois" sans être intrusif. Comment faire pour que ces premiers ébats se
passent sans heurts? Comment les protéger tout en les laissant libres de
vivre leurs expériences?
En tant que parent, répondre à la
fameuse question "comment on fait les bébés?" n'est pas toujours facile.
A l'adolescence, ça se complique encore. Pour vous aider, ces livres
offrent des réponses éclairantes, adaptées à la tranche d'âge (de 3 ans à
15 ans et plus) et aux interrogations de vos enfants sur la sexualité.
Selon une récente étude de l'Ifop, de
plus en plus de 18-24 ans consommeraient des vidéos sur des plateformes
de webcam érotiques. Elles seraient même en passe de détrôner le porno
traditionnel. Pourquoi un tel attrait? Explications.
Alors que l'exposition du Zizi sexuel
à la Cité des sciences a fait polémique, les parents sont en droit de
se demander quelle est la bonne manière de parler sexualité à leurs
enfants.
Zac Efron est sorti d'une cure de
désintoxication, après avoir passé cinq mois à soigner ses problèmes de
drogue. Retour sur ces ex-enfants stars que la célébrité précoce a
plongé dans les excès.
Sexe, défonce, provoc: la série
britannique Skins donne des idées aux ados français. De plus en plus
d'entre eux se retrouvent pour des fêtes où "tout est permis".
Quand le lien familial devient trop
tendu, la pension n'est plus une sanction, mais un moyen de redonner de
l'espace à tous. Et de mieux s'aimer, de moins près.
Internet, SMS, jeux vidéo... Leur
monde est devenu une insondable galaxie. Maîtres du monde virtuel, ils
prétendent tout contrôler. Y compris le danger. Exclus du jeu, parfois à
bout de nerfs, les parents cherchent le mode d'emploi... Bonne
nouvelle: les adultes sont moins désarmés qu'ils ne le pensent.
Retrouvez les réponses d'Etienne
Liebig, éducateur et chercheur, auteur du livre "Les ados sont
insupportables mais ce sont nos enfants!" (Michalon), aux questions des
internautes sur le thème "Comment vivre avec les ados"".
Les adolescents ont adopté un langage
complexe, à l'image de leur identité. Constitué d'une base anglophone,
argotique, complétée par des termes sortis de leur contexte, leur
charabia reste souvent obscurs pour les parents. Et pour vous"
Accrochés à leur mobile, ils prennent
des photos, discutent des heures, surfent sur le Web... et rencontrent
de nouveau dangers, souvent méconnus des parents. Le point avec
Dominique Delorme, responsable à Net Ecoute Famille.
Et si c'était d'abord une affaire de
biologie" Les travaux scientifiques sur la puberté démontrent que
l'adolescence n'est pas propre à la société moderne.
Promotion Santé Vaud lance un site unique en Suisse, contenant une soixantaine de propositions pratiques pour promouvoir l’activité physique et une bonne hygiène de vie. Elles reposent notamment sur des aménagements des villes et des bâtiments
Comment modifier les environnements de vie des habitants pour promouvoir leur santé? Pour la première fois en Suisse, et même a priori dans le monde francophone, un portail web vient d’être lancé proposant un répertoire de plusieurs dizaines de mesures avec cet objectif. L’initiative, qui émane de Promotion Santé Vaud – anciennement Ligues de la santé – et de la Fondation vaudoise contre l’alcoolisme, pourrait faire des émules en Suisse. Avec un but à long terme: prévenir les maladies et faire baisser les coûts de la santé.
Les habitants ont accès depuis des années à un vaste catalogue de propositions qui les encouragent à pratiquer une activité physique: rien que dans le canton de Vaud, les initiatives «Pas de retraite pour ma santé» pour les seniors, «Ça marche à fond les formes» pour les enfants en excès de poids ou «Objectif 10 000 pas» pour les collaborateurs d’entreprises ont été lancées. «Ces mesures sont très efficaces, mais il faut en avoir connaissance et s’y inscrire. On constate qu’il est difficile de toucher les populations vulnérables, qui sont aussi celles qui ont le plus de risques de tomber malades», constate Florian Ruf, chargé de projet à Promotion Santé Vaud.
Inspiré de New York
D’où l’idée d’agir de manière globale et presque invisible pour l’ensemble de la population, via un catalogue de 60 mesures proposées sur le site environnements-sante.ch, mis en ligne cette semaine. Le contenu du site est ciblé sur quatre facteurs qui ont un effet prouvé sur les maladies non transmissibles: l’activité physique, l’alimentation, l’alcool et le tabac. Ce site s’inspire notamment, pour l’activité physique, d’un guide de 144 pages établi par la ville de New York en 2010, qui affirmait déjà que «le design environnemental sera un outil essentiel pour combattre le plus grave problème de santé publique de notre époque: l’obésité et les maladies chroniques qui en découlent».
Pour le canton de Vaud, le catalogue est vaste. «Prenez un exemple tout simple, les escaliers. Ils sont souvent placés au fond d’une entrée, dans un espace mal éclairé, alors que les ascenseurs sont immédiatement accessibles. Nous suggérons aux architectes, mais aussi aux urbanistes, de mieux mettre en évidence les escaliers», poursuit Florian Ruf, chargé du projet Environnements-sante.ch. Le portail évoque aussi l’aménagement de cheminements piétons attractifs et sécurisés, pour permettre aux enfants et aux seniors notamment de se déplacer en toute autonomie dans leur quartier.
Réduire les coûts de la santé
Ces
aménagements de l’environnement construit favorisent l’activité
physique des habitants, à leur insu, ou presque. «Ces mesures ne sont
pas toutes spectaculaires, reconnaît Florian Ruf. Elles n’offrent pas
non plus des résultats immédiats et facilement quantifiables. Mais leur
impact est réel. Et nous pouvons agir sur la santé des gens et sur
l’ensemble du système, sachant que les maladies non transmissibles
représentent plus de la moitié des décès en Suisse, mais aussi près de
la moitié des coûts de la santé.»
Ce
seront désormais aux urbanistes, aux architectes et aux pouvoirs
publics de s’intéresser à ce répertoire de mesures. La démarche suscite
déjà l’intérêt des milieux concernés: «La ville de Lausanne, qui
commence à nous consulter sur ces questions, manifeste une volonté
claire de favoriser la mobilité douce, qui est évidemment bénéfique du
point de vue de l’activité physique», poursuit Florian Ruf.
Jusqu’à
récemment, ces mesures étaient vues comme une entrave, mais les milieux
politiques commencent à prendre conscience de l’utilité du design
environnemental
Un
exemple concret: la mise en place d’un panneau qui indique si des
impasses peuvent être empruntées à pied ou à vélo. «C’est une excellente
initiative, car quand on est à pied, on est vite découragé par un
détour. Et le futur quartier des Plaines-du-Loup, du projet
Métamorphose, devrait intégrer les notions de design environnemental via
le projet Métasanté.»
Penser à long terme
La
partie n’est cependant pas gagnée, comme le reconnaît Florian Ruf. Il
faudra convaincre les urbanistes d’intégrer la dimension santé. Et aux
politiciens, centrés sur le très court terme, de penser dans une
temporalité totalement différente. Mais Raphaël Bize, médecin associé à
l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive à Lausanne,
est optimiste: «Jusqu’à récemment, ces mesures étaient vues comme une
entrave, mais les milieux politiques commencent à prendre conscience de
l’utilité du design environnemental. Même si les effets peuvent
prendre plusieurs années avant de se manifester.»
Selon
le médecin, le débat de plus en plus vif sur la hausse des coûts de la
santé va permettre à ce catalogue de mesures de trouver un écho positif.
«Je devine qu’en Suisse, pays libéral, ce genre de contraintes est
parfois vu d’un mauvais œil. Récemment, un projet de loi fédérale
qui impliquait de mesurer l’impact des décisions politiques sur la santé
a échoué, car il avait été perçu comme une entrave à la liberté
économique… Mais la situation évolue et le lancement de ce portail
contribuera à sensibiliser l’opinion publique à l’intérêt de promouvoir
des environnements favorables à la santé.»
Des pilules connectées aux ambulances 5G en passant par les robots chirurgiens… A Davos, les patrons de Microsoft, Pfizer ou encore Nokia ont dessiné la santé de demain
Crise cardiaque. Une personne s’effondre dans la rue. Avant même qu’elle n’atteigne le sol, une puce intégrée à son organisme prévient les services de secours les plus proches. L’ambulance dépêchée sur place scanne le patient et envoie toutes les données à l’hôpital via le réseau 5G. Le temps que le patient y arrive, les équipes soignantes connaissent déjà le détail de tous ses paramètres vitaux et gagnent un temps précieux pour procéder aux soins.
Mercredi matin au Forum économique mondial, le patron de Nokia a donné un second exemple de la manière dont les technologies allaient prochainement bouleverser notre rapport à la santé. «Le seul chirurgien capable de vous soigner est à Chicago et vous êtes à Taïwan? Dans quelques années, il pourra vous opérer quand même grâce à la chirurgie robotisée pilotée à distance», prédisait Rajeev Suri.
Autour de lui, Albert Bourla, Satya Nadella et Michael Neidorff hochent la tête. Les patrons respectifs du géant pharmaceutique Pfizer, du groupe technologique Microsoft et de l’assureur américain Centene étaient réunis à Davos pour discuter de la santé à l’heure de la quatrième révolution industrielle. Et si l’onsent au WEF une méfiance grandissante de la part du monde économique et financier pour les nouvelles technologies, l’industrie de la santé, elle, y voit un brillant avenir
Deux silos qui entrent en collision
Résumé simplement, la technologie et la santé sont deux domaines qui ont longtemps existé dans des silos différents et entrent aujourd’hui en collision, imageait Abert Bourla. Surtout, ajoutait le patron de Pfizer, dans ce secteur, tout coûte tellement cher qu’une petite mesure peut déjà avoir un impact massif. Exemple avec les biosenseurs. «Si les diabétiques américains avaient les moyens de mieux surveiller leur taux de glucose, nous pourrions éviter 700 000 visites aux urgences et 340 000 hospitalisations par année», a-t-il calculé. De quoi réaliser une économie de 47 milliards de dollars – soit un peu plus de la moitié des dépenses annuelles suisses dans le domaine de la santé.
Comme le soutenait le patron de Nokia, il s’agit en fait de passer d’une médecine réactive à une médecine proactive. «La plupart des maladies chroniques (ndlr: qui entraînent plus de 60% des décès dans le monde) pourraient être mieux traitées, mieux suivies. Nous travaillons sur des appareils non invasifs capables de mesurer de très nombreux signes vitaux, ce qui devrait réduire le nombre de consultations médicales et de tests sanguins.»
Aujourd’hui, ces «wearables» sont surtout des instruments de loisirs qui mesurent le pouls ou le nombre de pas. «Demain, ils concerneront le domaine de la santé et seront validés par la FDA [ndlr: Food and Drug Administration américaine].» C’est d’ailleurs déjà le cas. En novembre dernier, l’agence américaine a autorisé la mise sur le marché de la première pilule «connectée», un antipsychotique capable d’émettre un signal électronique grâce aux sucs gastriques.
Les nouvelles technologies auront certes un impact direct sur le patient mais également sur la recherche. Selon Satya Nadella de Microsoft, la plus grande difficulté rencontrée aujourd’hui dans la quête d’un remède au cancer est simplement d’intégrer les multiples avancées qui se font simultanément aux quatre coins de la planète. «Lorsqu’ils sortent de leurs études, les médecins ne sont parfois même plus à jour avec les recherches les plus récentes», regrettait-il. A l’image du logiciel Watson d’IBM, une intelligence artificielle sophistiquée peut en revanche agréger toutes ces données et simplifier le travail des scientifiques.
Albert Bourla, de Pfizer, concluait: «Dans ce secteur, le futur est lumineux mais je ne suis pas sûr que l’on mesure aujourd’hui l’étendue des possibilités.» Une seule certitude: «toutes ces transformations auront un impact colossal sur chacun des acteurs du monde de la santé…»
Nous possédons tous un smartphone et il existe des dizaines de
milliers d’applications médicales sur l’App store et sur Google Play.
Nous devrions donc pouvoir, pour chacun de nos problèmes, trouver une
application qui nous aide à mieux prendre en charge notre santé. La
réalité nous montre que non, explications.
Les applications « bien-être »
La majorité des applications que vous trouverez sur l’App store et
sur Google Play n’ont en réalité de médical que le nom. Une application
qui vous propose de vous détendre en écoutant une musique zen vous
permettra peut-être de passer un bon moment, elle ne méritera cependant
le qualificatif de « médical » que lorsque son efficacité aura été
prouvée scientifiquement. Formulé autrement, Apple et Google ont une
notion très large du terme « médical ».
Les applications médicales non validées
Deuxième catégorie, les Apps qui se prétendent médicales mais qui
n’ont pas été validées. La très sérieuse Société américaine de
cardiologie a analysé les applications liées aux facteurs de risque
cardiovasculaires (mauvaises habitudes alimentaires, sédentarité,
hypertension, hypercholestérolémie, etc.). Les auteurs concluent dans leur rapport de 57 pages
(!) qu’il existe pour chacun de ces problèmes de nombreuses
applications (plus de 1’000 applications consacrées à la perte de
poids…), mais que très peu ont été prouvées utiles. Ils rappellent aussi
que ces applications mobiles ont le potentiel d’améliorer la santé,
mais qu’elles peuvent être inefficaces, voire avoir un impact négatif.
Leurs deux principales conclusions ? 1) Le marché est envahi par un
nombre impressionnant d’applications 2) Sans preuve rigoureuse de leur
utilité, il est difficile de recommander l’utilisation de ces
applications.
Ces piètres résultats ne se limitent pas à la cardiologie. Une étude
portant sur les applications de dépistage du mélanome a montré que 3
Apps sur 4 classaient plus de 30% des lésions cancéreuses comme
bénignes. Inquiétant.
Il est plus surprenant encore de savoir qu’il est difficile de
trouver une application de qualité simplement pour vous rappeler de
prendre chaque jour vos médicaments. Comme déjà présenté dans un autre article de ce blog,
l’étudiante en Sciences Pharmaceutiques à l’Université de Genève qui a
consacré son travail de master à ce sujet n’a, parmi les 1883
applications étudiées, décidé de n’en conseiller aucune : les sources
sur lesquelles se basent les contenus n’étaient pas données, les sources
de financement non précisées, la protection des données pas assurée. Il
est donc, même pour un simple rappel de médicaments, difficile de
trouver une application fiable.
Les applications santé sont-elles plus utiles si l’on pense spécifiquement aux patients chroniques ? La réponse est non,
les patients chroniques ne les utilisent pas, soit parce qu’ils ne les
connaissent pas, soit parce qu’ils ne les jugent pas utiles.
Des applications utiles ?
Ce tableau doit cependant être nuancé, il existe des applications
utiles, même si elles sont peu nombreuses. Certaines proposent un
contenu très classique, d’autres sont plus innovantes.
Classiques car ce sont souvent de simples sources d’information, des
contenus que l’on retrouve souvent aussi sur Internet. L’avantage
d’avoir accès à ces contenus sous la forme d’une application est de les
retrouver facilement, rapidement.
Premier exemple, Mon enfant est malade.
Cette application détaille les maladies courantes de l’enfance mais
également les accidents du quotidien. Elles vous aident à reconnaître
les signes d’alerte, vous enseignent les gestes de premier secours et
comment administrer quelques médicaments courants. Autre exemple, Orphanet qui vous permet d’accéder à la liste des maladies rares, à leur description et aux ressources qui y sont associées.
Des applications « innovantes »
Pourquoi innovantes ? Car elles proposent de nouvelles
fonctionnalités, de nouvelles approches, des services médicaux
« améliorés ».
Premier exemple, une application qui permet aux patients cancéreux
traités par radiothérapie de communiquer chaque fois qu’ils le
souhaitent avec leur équipe médicale pour poser des questions ou
transmettre leurs symptômes. Celle solution ne fait en réalité que de
faciliter la communication entre soignants et soignés, l’étude qui a analysé son utilité montre qu’elle permet aux patients de mieux s’investir dans leur prise en charge.
Deuxième exemple, InfoKids,
une application développée par les Hôpitaux universitaires genevois et
destinée aux parents dont les enfants nécessitent une consultation
médicale aux urgences pédiatriques des HUG. Grâce à InfoKids, les
parents obtiennent des conseils sur l’attitude à adopter face aux
symptômes présentés par leur enfant, des informations en temps réel sur
l’affluence en salle d’attente, l’itinéraire pour rejoindre les urgences
pédiatriques. A la fin de la consultation, les parents reçoivent une
fiche descriptive des mesures thérapeutiques à suivre. Un bel exemple de
médecine augmentée, une application à juste titre primée par la
Fédération internationale des hôpitaux.
A l’heure où certains prédisent le remplacement des médecins par des
robots, il est intéressant de noter que les applications les plus
intéressantes ne font que rapprocher patients et professionnels de la
santé.
Prendre soin de sa santé grâce à son smartphone ?
Si vous ne trouvez pas d’application qui réponde à votre problème de
santé, souvenez-vous que votre smartphone vous permettra toujours de
prendre rendez-vous chez votre médecin (on aurait presque tendance à
oublier que ces appareils servent aussi à téléphoner).
Médecin, spécialiste en médecine interne, avec
un intérêt particulier pour l’utilisation des technologies de
l’information et de la communication en médecine.
LUXEMBOURG - Si les patients sont plutôt satisfaits de leur médecin,
la moitié d'entre eux dénoncent les difficultés à obtenir un
rendez-vous, selon un sondage.
Près de 87% des sondés indiquent avoir un médecin de famille. (photo: AFP)
Le Luxembourg dépense 5 900 euros par an et par habitant en soins de santé, selon les derniers chiffres de la Commission européenne
quand la moyenne de l’UE est de 2 800 euros. Efficace? Les médecins ont
commandé un sondage pour faire leur introspection: à la faveur d’un
questionnaire auprès de 600 personnes, l’Association des médecins et
médecins-dentistes (AMMD) sait ainsi désormais que même si le travail
des professionnels est reconnu, ils peuvent encore s’améliorer dans
plusieurs secteurs. Climat tendu entre l'AMMD et le gouvernement
Quand la ministre de la Santé indique que cette réforme vise «à
assurer une meilleure prise en charge des patients», l'AMMD, qui
s'estime exclue du débat, a qualifié le texte de «base de travail
immature et mal rédigée» qui présente des «dangers».
85% des personnes interrogées estiment que l’accueil des médecins est
bon voire très bon, que l’attention qu’ils leur accordent est également
satisfaisante (75%), tout comme leurs explications et leurs conseils
(79%). En revanche, près d’un tiers des sondés estime que le temps qui
leur est consacré n’est pas suffisant et quasiment la moitié dénonce la
difficulté pour obtenir un rendez-vous. «Voilà un problème auquel nous
allons devoir nous attaquer», a concédé Alain Schmit, président de
l’AMMD.
Se faire soigner à l'étranger
Si 90% des
personnes interrogées indiquent que le système de santé publique
luxembourgeois offre des soins de qualité et 85% estiment qu’ils sont
accessibles, les sujets de mécontentement sont nombreux. 56% des sondés
ne sont pas satisfaits des services d’urgence et 71% estiment que
l’accès à des examens complémentaires tels un IRM ou un scanner n’est
pas assez rapide.
Des points faibles qui en poussent beaucoup à
passer la frontière pour se faire soigner: 35% des sondés ont eu recours
à des prestations à l’étranger dont 9% pour une question de rapidité
d’accès et 10% parce que la prestation en question n‘était pas assurée
au Luxembourg. «Cela montre que certains services ne sont pas
disponibles au Luxembourg ou alors qu'il n'est pas possible de les
assurer convenablement», analyse Alain Schmit. «C'est un problème qu'il
faut gérer».
(MC/L'essentiel
Une mutation génétique chez des Amish prolonge leur vie de 10 ans
AFP
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International
Une mutation génétique très rare découverte chez des Amish aux
Etats-Unis explique leur longévité supérieure, ce qui ouvre la voie à la
conception de traitements contre la dégénérescence liée à l'âge, selon
des chercheurs. "C'est la première mutation génétique humaine qui se
révèle avoir un impact multiple sur les changements biologiques
résultant du vieillissement", explique à l'AFP le professeur Douglas
Vaughan, président de la faculté de médecine Feinberg de l'université
Northwestern à Chicago.
L'étude, dont les conclusions sont parues mercredi dans la revue
Science Advances, a été menée auprès de 177 Amish âgés de 18 à plus de
85 ans appartenant à la communauté de Berne, dans l'Indiana (nord des
Etats-Unis).
Elle a montré que les 43 hommes et femmes porteurs de la mutation du
gène Serpine1 --responsable d'une forte réduction de la production de la
protéine PAI-1-- étaient en meilleure santé et vivaient en moyenne dix
ans de plus (85 ans) que leurs congénères privés de cette variation
génétique. L'espérance de vie aux Etats-Unis est de 78,8 ans.
Leur profil métabolique était aussi plus sain et ils souffraient
nettement moins de diabète et de maladies cardiovasculaires, a relevé
l'équipe scientifique internationale. Les chercheurs ont également
constaté que les télomères de leurs cellules immunitaires étaient en
moyenne 10% plus longs. Le télomère est un morceau d'ADN situé à
l'extrémité de chaque chromosome pour le protéger et qui se réduit à
chaque division cellulaire, contribuant au vieillissement.
"Nous avons confirmé avec cette étude les résultats de précédentes
études suggérant que la longueur des télomères est liée à l'âge
chronologique et est en grande partie héréditaire", ont-ils relevé.
Le raccourcissement progressif des télomères entraîne le
vieillissement biologique qui se traduit dans les cellules et les tissus
de l'organisme par un accroissement de certaines protéines, dont la
PAI-1 qui est la signature de la sénescence et qui a déjà été liée aux
maladies cardiovasculaires.
"Le groupe d'Amish de Berne offre une occasion unique d'étudier les
effets biologiques de cette mutation génétique et de la réduction de la
protéine PAI-1 sur la longévité des humains", ont souligné les
chercheurs, relevant l'utilité d'examiner des mutations génétiques chez
des populations isolées géographiquement et génétiquement.
Leur étude s'est appuyée sur les résultats de précédents travaux,
menés en particulier sur des souris, qui ont montré le rôle important de
la PAI-1 dans le sénescence.
Ils ont notamment constaté une hausse du taux de cette protéine dans
le sang et les tissus de souris génétiquement modifiées pour présenter
un vieillissement accéléré.
Des observations chez les humains ont révélé que le niveau de cette
protéine était plus élevé chez les obèses et les diabétiques, mettant en
évidence le rôle fondamental du métabolisme dans la biologie du
vieillissement.
La lutte contre la sénescence se concentre de ce fait sur la
réduction des calories absorbées, pour ralentir le métabolisme, et sur
des molécules produisant les mêmes effets comme la Metformine --un
antidiabétique-- et le Resvératrol, un anti-oxydant abondant dans le
raisin. Tous ces traitements réduisent la protéine PAI-1.
La molécule expérimentale "TM5614", qui neutralise cette protéine, a
fait l'objet d'un essai clinique de phase I au Japon, a précisé M.
Vaughan. Les autorités nippones ont déjà autorisé un essai clinique de
phase II.
Des souris traitées avec cette molécule ont été épargnées de toutes
les pathologies liées à l'âge et ont vu leur durée de vie quadrupler.
Cette molécule anti-vieillissement représente donc un solide espoir
de traiter ou de prévenir des maladies humaines résultant de la
sénescence.
Et si le système de santé suisse était réformable?
A
l’heure où des milliers d’assurés se demandent s’ils doivent changer de
caisse, «Le Temps» a invité deux acteurs importants du système de santé
à confronter leurs idées pour freiner la hausse invariable des coûts:
La CEO de la plus grande assurance maladie suisse, Philomena Colatrella
et le conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé Pierre-Yves
Maillard. Débat
Avec 77,8 milliards de dépenses en 2015, le
système sanitaire suisse est l’un des plus onéreux au monde. Les coûts
de la santé ont plus que doublé en vingt ans, et cette hausse
vertigineuse a des impacts directs sur la population. En augmentant
invariablement tous les ans, les primes maladies grèvent en effet
toujours un peu plus le budget des ménages. A pouvoir d’achat égal, les
Suisses sont ceux qui paient le plus de leur poche pour des soins, juste
derrière les Etats-Unis. Lire aussi: Assurance maladie: plafonner les profits et la rémunération des prestataires
Face
à cette spirale infernale, il est urgent que tous les acteurs se
mettent autour de la table pour trouver des solutions. C’est pourquoi Le Temps a
convié deux protagonistes importants du système de santé
à exposer leurs perspectives de réforme. La CEO de CSS, Philomena
Colatrella souhaite notamment l’introduction d’un financement uniforme
des prestations dans le stationnaire et l’ambulatoire, et plaide pour le
remboursement des médicaments achetés à l’étranger. Pour sa part, le
conseiller d’Etat vaudois Pierre-Yves Maillard défend l’initiative en
faveur d’une caisse publique de compensation cantonale.
Un débat qui, au-delà de toute attente, pourrait bien avoir ouvert des pistes inédites de collaboration…
Lire également:Primes maladie: les politiques impuissants, les assurés résignés Le
Temps: Lorsqu’un système de santé est certes de qualité, mais qu’il est
devenu trop cher, peut-on encore parler d’un bon système? Pierre-Yves Maillard:
Il est difficile de porter un jugement global. Notre système comporte
des éléments de grande qualité: le catalogue de prestations remboursées
par l’assurance de base est par exemple très élevé par rapport à
beaucoup d’autres pays. Mais il y a des signes d’une évolution critique.
Nous avons un problème de financement qui devient insupportable et
appelle une action sur les coûts et la réduction des primes. A défaut,
nous irons droit dans le mur. Philomena Colatrella:
Notre système est très bon, mais il est effectivement trop cher.
Personnellement, j’aimerais franchir le mur en faisant des propositions
de réforme que l’on pourrait mettre en œuvre rapidement. Il est
indispensable que tous les acteurs se mettent autour de la table et
aient le courage de prendre des mesures qui ne conviennent pas à tout le
monde, à nous aussi les assureurs. Discutons par exemple de la gestion
du volume des prestations, même si ce n’est pas une mesure libérale. – Quelle part de responsabilité assumez-vous dans la situation actuelle? – P. C.: Je
suis à la tête de la CSS depuis un an et, pour être honnête, je ressens
l’envie profonde de faire bouger les choses. Ma vision est de pouvoir
offrir en automne une prime acceptable pour les assurés. Notre compagnie
a déjà réduit sensiblement ses frais administratifs, qui ne
représentent plus que 4,2% des coûts. Nous avons aussi mis en œuvre un
programme de contrôle des factures très strict, qui nous a permis
d’économiser 600 millions sur 6 milliards de prestations. –
Pierre-Yves Maillard, vous étiez le meilleur élève de la classe en
Suisse romande. En êtes-vous devenu le cancre avec
cette augmentation sensible des primes pour 2018? – P.-Y. M.:
Le canton de Vaud s’est distingué pendant près de dix ans par une
croissance des coûts systématiquement inférieure au reste de la Suisse.
Depuis les réformes fédérales de 2012, il y a un changement de tendance:
tous les cantons, y compris le nôtre, sont à environ 4% de croissance
des coûts par assuré et par an. En 2016, Vaud a même connu une hausse de
5%, à cause notamment d’une poussée subite et inexpliquée des coûts des
médicaments. Plusieurs cantons ont atténué le choc en augmentant leur
participation aux hospitalisations à une part de 55% devenue obligatoire
pour tous. – Selon vous, cela est notamment dû à la
hausse des primes du Groupe Mutuel, le plus grand assureur du canton. Y
a-t-il d’autres explications? – P.-Y. M.:
Le Groupe Mutuel a effectivement augmenté ses primes de 10% pour
renflouer ses réserves et le canton de Vaud est celui où il a sa plus
grande part de marché. Mais, sur le fond, c’est la libéralisation du
marché dans les années 2012 et 2013 qui a eu de lourdes conséquences
chez nous. Pendant dix-huit mois, tous les médecins diplômés de l’UE ont
pu s’établir dans le canton, ce qui a conduit à une augmentation de 15%
de la densité médicale, uniquement chez les spécialistes. De 2013 à
2016, la croissance de la facturation dans les cabinets médicaux a été
de 120 millions, alors qu’elle n’a été que de 13 millions dans le
stationnaire. Les caisses portent une responsabilité accablante dans
cette hausse de coûts: ce sont elles qui ont poussé le parlement à
supprimer le moratoire sur les médecins.
Il est temps de trouver des solutions ensemble, dénuées de toute idéologie.
Philomena Colatrella, CEO de CSS
– P. C.: La levée du moratoire sur les
médecins sans contre-mesures est en effet regrettable. En revanche les
raisons de l’envol des primes sont multiples: le vieillissement de la
population, le progrès technologique et l’augmentation de la
consommation des soins en sont responsables en grande partie, ainsi que
les mauvaises incitations du système. Cela dit, il est temps de trouver
des solutions ensemble, dénuées de toute idéologie. C’est pourquoi nous
proposons un financement uniforme des prestations ambulatoires et
stationnaires. – En quoi cela consisterait-il, concrètement? – P. C.:
Aujourd’hui, certaines interventions réalisées en ambulatoires sont
bien moins chères que si elles sont pratiquées à l’hôpital. Mais il
existe un mauvais incitatif. En effet, une opération en ambulatoire est
intégralement à la charge de l’assurance maladie, ce qui a une incidence
sur les primes, alors que le canton finance 55% des coûts si le patient
passe la nuit à l’hôpital. Le modèle que notre association Curafutura a
présenté est très simple. Nous proposons une clé de répartition des
coûts à charge de 75% pour les caisses et de 25% pour les cantons dans
l’ambulatoire comme dans le stationnaire. Cela n’augmenterait pas la
participation des cantons à la facture globale de l’assurance
obligatoire des soins mais préserverait le payeur de prime
d’augmentations encore plus fortes. Et il est évident que les cantons
seraient associés au pilotage de l’institution.
Les cantons ont toujours été les dindons de la farce.
Pierre-Yves Maillard, Conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé
– Pierre-Yves Maillard, entrez-vous en matière? – P.-Y. M.:
Conceptuellement, l’idée est intéressante pour autant qu’elle soit liée
à un vrai renforcement de la compétence des cantons. Quand j’étais
président de la Conférence des directeurs de la santé, j’étais favorable
à cette vision, mais j’ai eu une peine énorme à convaincre mes
collègues, qui ont fait de mauvaises expériences par le passé. Les
cantons ont toujours été les dindons de la farce. Ainsi, sur les soins
de longue durée et le stationnaire, ils paient plus qu’avant. Le
parlement a également obligé les cantons à financer les cliniques
privées lorsque celles-ci figurent sur une liste hospitalière cantonale,
ainsi que toutes les hospitalisations extra-cantonales. C’était une
réforme absurde, qui a coûté un milliard de francs aux cantons sans
aucun bénéfice pour l’assurance de base. L’autre problème, c’est que
cette réforme va prendre plusieurs années. Or nous avons besoin d’une
mesure rapide pour que l’on revienne à une croissance de coûts de
l’ordre de 1 à 2% par assuré, ce qui serait déjà significatif. – Que proposez-vous dans ce cas? – P.-Y. M.:
On pourrait envisager que dans chaque contrat tarifaire, on couple le
prix à un volume. Il n’y a que dans la santé que l’on ne fasse pas cela.
Dès que le volume serait dépassé, un tarif dégressif s’appliquerait. Si
l’on intègre cela dans les contrats, cela veut dire que, sous réserve
de vide conventionnel, ce n’est pas l’Etat qui fixerait les enveloppes,
mais d’abord les partenaires tarifaires. – P. C.: Je
crois au contraire que nous pourrions aller vite dans la mise en place
d’un financement uniforme. Le rapport d’experts présenté fin octobre au
Conseil fédéral a notamment introduit un «article d’expérimentation». En
suivant ce précepte, il serait par exemple possible de lancer un
essai pilote dans le canton de Vaud, où nous serions prêts à assumer
tout ce qui irait au-delà des 20% payés par le canton. Nous regarderions
ensuite comment les prestations dans l’ambulatoire se développent et
redéfinirions la clé de répartition des charges si nécessaire. Ce serait
un moyen de sortir des blocages actuels. En parallèle, je suis
également ouverte à discuter de l’idée des tarifs dégressifs proposée
par Monsieur Maillard.
Je suis persuadé que le modèle que l’on propose est le compromis historique pour sortir des difficultés structurelles.
Pierre-Yves Maillard, Conseiller d’Etat vaudois en charge de la santé
– Pierre-Yves Maillard, votre initiative lancée fin
septembre pour une caisse publique de compensation cantonale
permettrait-elle vraiment d’améliorer le fonctionnement de notre système
de santé? – P.-Y. M.: Je suis persuadé
que le modèle que l’on propose est le compromis historique que l’on
devrait faire pour sortir des difficultés structurelles. On nous a
annoncé, cette année, environ 4% de hausse de primes, mais la réalité
des assurés est toute autre. Ces derniers vont subir, en 2018, des
évolutions de primes allant de moins 10% à plus 30%. Comment expliquer
de telles différences alors que la croissance effective des coûts est
identique pour tous? Ce chaos, qui n’a toujours pas été réglé par les
caisses maladies, va finir par tuer la branche. – Quels seraient concrètement les avantages du système de caisses cantonales pour les assurés? – P.-Y. M:
Cela permettrait d’apporter enfin de la transparence et de la sécurité
quant à la question de l’étanchéité des financements entre assurance de
base et complémentaires et entre collectifs cantonaux. C’est un point
aveugle du système qu’il est impératif d’éclaircir. Par ailleurs, étant
donné que l’on éviterait ainsi d’avoir des fluctuations importantes au
niveau du collectif d’assurés, les caisses cantonales pourraient se
contenter d’une réserve d’environ 5%, contre 28% en moyenne pour les
caisses maladie actuellement. Ce besoin de réserve, imposé par l’Office
fédéral de la santé publique (OFSP) pour assurer la solvabilité, crée un
facteur de croissance des primes inutiles. Les primes de tous les
assurés du canton qui choisirait ce modèle augmenteraient chaque année
uniquement et exactement comme les coûts, ce qui serait déjà un grand
progrès.
Nous devons trouver des solutions pour simplifier le système et non pas le complexifier.
Philomena Colatrella, CEO de CSS
– Philomena Colatrella, pourquoi le fait d’instaurer des caisses publiques cantonales ne serait-il pas une bonne idée? – P. C.:
Le système actuel fonctionne globalement très bien. Pourquoi
faudrait-il passer à un modèle comprenant 26 caisses cantonales, en
générant par là même des coûts de transfert énormes sans apporter une
seule réponse au problème majeur, le développement des coûts des
prestations? En outre, selon cette initiative, les caisses maladie
continueraient d’exercer le contrôle des factures, mais auront-elles
vraiment un intérêt à le faire si l’Etat paie de toute façon pour tous
les actes effectués? Je ne vois pas en quoi ce système permettrait une
réduction des dépenses. De plus, avec seulement 5% de réserves, ce
seront les assurés qui payeront le prix en cas de déséquilibre de la
caisse cantonale et ils feront face à une volatilité des primes encore
plus importante. Nous devons trouver des solutions pour simplifier le
système et non pas le complexifier. – Selon vous, quelles seraient les mesures efficaces pour freiner la hausse des dépenses de santé? – P. C.:
Une mesure importante, parmi d’autres, est de parvenir à faire baisser
les prix des médicaments, qui sont beaucoup trop chers en Suisse. L’OFSP
devrait contrôler le prix des médicaments tous les ans, afin de tenir
compte des évolutions du cours du franc et du marché. Cette inactivité
nous fait passer à côté d’une économie de 100 millions de francs par
année. Nous devrions également ouvrir nos frontières à l’achat de
médicaments à l’étranger. Actuellement, la loi ne nous permet pas de
rembourser les médicaments achetés hors du pays, même si une boîte de
Voltaren coûte quatre fois moins cher en France qu’en Suisse. C’est
inacceptable. En règle générale, nous devons éliminer les mauvaises
incitations pour permettre à notre système de fonctionner correctement.
Pour ce faire, tous les acteurs du système doivent faire un pas en avant
et en finir avec la politique du blocage. C’est possible, mais nous
devons bouger, maintenant. https://www.letemps.ch/suisse/2017/11/08/systeme-sante-suisse-etait-reformable
«Certaines personnes ont perdu la capacité à réprimer la douleur»
Très
handicapantes, les douleurs chroniques sont de mieux en mieux
comprises par les scientifiques. De passage à Lausanne, l’expert
canadien Yves De Koninck propose de nouvelles pistes pour leur prise en
charge
Trop longtemps, on a considéré la douleur chronique,
ce mal persistant et souvent réfractaire aux traitements antalgiques,
comme étant subjective, voire imaginaire. Touchant environ 20% de la
population européenne à des degrés divers, cette affection extrêmement
handicapante est pourtant bien réelle, comme le démontrent les récentes
avancées de la médecine.
Le Canadien Yves De Koninck, professeur
de psychiatrie et de neurosciences à l’Université Laval à Québec, a fait
de la douleur chronique son sujet principal de recherche depuis plus de
vingt ans. Le développement d’outils novateurs à base de fibre optique
lui a notamment permis de mieux cerner les mécanismes derrière cette
pathologie, mais aussi d’envisager la conception de nouveaux
traitements. Il sera en conférence au CHUV à Lausanne le 7 juin. Le Temps: En quoi vos recherches ont-elles contribué à une meilleure compréhension de la douleur chronique?
Yves
De Koninck: La douleur est une réaction normale de l’organisme. Le
problème survient lorsqu’une hypersensibilité, générée à la suite d’un
accident, de certaines maladies ou encore d’un acte chirurgical, ne se
résorbe pas. Les stimulations sont alors perçues de façon anormale et,
dans certains cas, un simple effleurement peut générer des douleurs
atroces, ce qui est extrêmement handicapant. Grâce à de nouvelles
technologies permettant de sonder le cerveau plus en profondeur, nous
avons pu observer que la douleur chronique était due à un
dysfonctionnement du système nerveux. Le cerveau n’a alors plus la
possibilité de contrôler et d’inhiber un signal douloureux. Ce phénomène
est également observable dans les cas de fibromyalgie, un syndrome
caractérisé par des douleurs diffuses dans tout le corps. Ces patients
ne sont pas plus sensibles que d’autres, ils ont tout simplement perdu
la capacité à réprimer la douleur.
- Ce dysfonctionnement serait dû à la perte d’une
protéine bien particulière, la KCC2, fondamentale dans notre capacité à
inhiber la douleur…
- Absolument. Les cellules
nerveuses, qui interprètent les signaux sensoriels et transmettent
l’information au cerveau, sont un peu comme un seau que l’on vide et que
l’on remplit. Afin de pouvoir réprimer la douleur, ces cellules doivent
impérativement se charger d’ions chlorure. Les protéines que nous avons
identifiées agissent comme des robinets permettant d’équilibrer le
niveau d’ions dans la cellule. Si elles font défaut, comme dans les
situations de douleurs chroniques, le seau ne pourra plus se vider, les
ions ne pourront plus rentrer et la douleur ne sera plus inhibée. - Cette découverte pourrait-elle ouvrir la porte à de nouveaux traitements?
-
C’est ce que nous essayons de faire. Nous travaillons depuis une
dizaine d’années sur le développement de composés permettant de
faciliter la production de cette protéine et ainsi rétablir l’équilibre
au sein des cellules nerveuses. Nous avons déjà trouvé un certain nombre
de molécules fonctionnant bien sur des souris, toutefois le passage
éventuel à l’homme fait face à plusieurs obstacles et prendra encore du
temps. - Cela serait d’autant plus fondamental que peu de traitements existent contre la douleur chronique.
-
L’arsenal thérapeutique est effectivement très limité. Aujourd’hui
encore, on s’attaque à la douleur de façon indirecte, par le biais de
médicaments conçus pour soigner d’autres pathologies, comme le Lyrica
contre l’épilepsie. Malheureusement cette molécule, la prégabaline,
n’est efficace que chez 40% des patients atteints de douleurs
chroniques. - Reste la morphine, mais celle-ci présente des effets secondaires importants, dont l’un est pour le moins paradoxal…
-
Outre l’effet de tolérance, qui nécessite d’augmenter progressivement
les doses de médicaments pour atteindre la même analgésie, la morphine
peut entraîner une hypersensibilité à la douleur. Nous avons découvert
que ce phénomène était dû à une réaction inflammatoire du système
nerveux à cette substance, entraînant une perte de la protéine KCC2, la
même qui est en cause dans l’apparition des douleurs chroniques. - Vous mettez aussi au point des techniques innovantes pour le traitement de la douleur. Comment fonctionnent-elles?
-
Elles se basent sur l’idée de générer une analgésie en inhibant les
cellules nerveuses à l’aide de la lumière. C’est ce que l’on appelle
l’optogénétique. Cette technique, qui a déjà fait ses preuves sur la
souris, consiste à modifier génétiquement certaines cellules
responsables de la transmission du signal douloureux, afin qu’elles
deviennent réceptives à la lumière. Une petite fibre optique serait
ensuite implantée à la surface de la moelle épinière ou dans le cerveau
du patient, lui permettant au besoin de générer lui-même un signal
lumineux venant réprimer la douleur. Lire aussi:La douleur chronique déchire la vie
Selon un document publié par la Commission nationale de la santé et de
la planification familiale le 16 mai, la Chine prévoit de former plus de
150 000 médecins généralistes d'ici 2020 pour mieux faire face à une
pénurie d'ampleur nationale.
Cet objectif fait partie du 13e Plan quinquennal national de développement du personnel de santé (2016-20).
Les mesures de la Chine en matière de formation des médecins
généralistes ont commencé en 2011, lorsque le Conseil des affaires de
l’État, le gouvernement chinois, a publié un document sur
l'établissement d'un système de formation des médecins généralistes à
l'échelle nationale.
Les efforts menés ces dernières années dans la formation de médecins
généralistes sont conformes aux plans gouvernementaux visant à
développer des consortiums médicaux reliant les hôpitaux bien équipés et
les petites cliniques, afin d'assurer une répartition plus équilibrée
et adéquate des ressources médicales.
Comme l'a déclaré le Premier ministre Li Keqiang dans son rapport de
travail du gouvernement pour 2017 diffusé en mars, la Chine doit étendre
les essais pour les modèles de diagnostic et de traitement échelonné,
de même qu'un système de médecins de famille basé sur contrat pour
couvrir plus de 85% des villes de niveau préfecture au niveau national.
« Le terme de médecin généraliste est encore très peu familier pour la
plupart des gens en Chine », a souligné Qi Xuejin, secrétaire adjoint de
la l'Association chinoise des docteurs en médecine, qui se consacre au
développement des médecins généralistes depuis un certain temps déjà. «
Pour la plupart des Chinois, un médecin de famille est une chose
beaucoup plus facile à comprendre ».
Le nouveau plan de la Commission a souligné que davantage d'efforts
seront axés sur la formation de médecins généralistes pour les régions
moins développées du centre et de l'Ouest du pays, ainsi que pour les
zones rurales et de base.
Pour les résidents urbains, les médecins généralistes sont comme des
médecins de famille basés sur contrat qui travaillent dans des cliniques
communautaires, permettant aux résidents proches d'obtenir des services
médicaux au lieu de se tourner vers les grands hôpitaux.
Les chiffres de la Commission nationale de la santé et de la
planification familiale montrent qu'en 2015, il y avait 189 000 médecins
généralistes en Chine, ne représentant que 6,2% du nombre total de
médecins. Cela signifie un praticien pour 10 000 citoyens.
« Dans certains pays développés, comme le Royaume-Uni, le nombre de
médecins généralistes représente 50% des médecins inscrits du pays, et
un ratio comme celui-ci répond de manière adéquate à la demande médicale
du public », a souligné M. Qi, ajoutant que la Chine a encore un long
chemin à parcourir.
Par ailleurs, a-t-il déclaré, les salaires comparativement bas font
aussi que les étudiants en médecine hésitent à travailler comme médecins
généralistes, plutôt que comme spécialiste hospitalier.
Beaucoup d'écoles de médecine en Chine offrent maintenant trois années
supplémentaires de formation complète après l'obtention du diplôme, ce
qui constitue une option pour les étudiants diplômés dans une spécialité
spécifique souhaitant devenir médecin généraliste.
Avec les efforts de la Chine dans le développement de modèles de
diagnostic et de traitement échelonnés, ils travailleront dans les
hôpitaux comme première entrée de diagnostic pour les cabinets médicaux
communs, a conclu M. Qi.
Santé
Stéphane Bussard
Publié lundi 22 mai 2017 à 20:52,
modifié lundi 22 mai 2017 à 20:52.
ONU
A l'OMS, le testament politique de Margaret Chan
Alors
qu’aujourd’hui l’Assemblée mondiale de la santé choisira l’un des trois
candidats à sa succession, la directrice générale de l’OMS reconnaît sa
responsabilité dans la crise d’Ebola. Mais elle a aussi contribué à
rendre l’agence onusienne plus visible
A l’aube de ses 70 ans, elle a livré son testament
politique. Pour elle, mais surtout pour l’Organisation mondiale de la
santé (OMS) qu’elle dirige depuis 2006. Lundi, à l’ouverture de la 70e
Assemblée mondiale de la santé au Palais des Nations à Genève, Margaret
Chan n’a laissé transparaître aucune fatigue malgré les énormes défis et
crises qui ont jalonné son règne à la tête de l’agence onusienne. D’un
ton énergique, cette Chinoise née dans la Hongkong de l’Empire
britannique a refusé la critique récurrente selon laquelle l’OMS aurait
perdu de sa pertinence. Elle en veut pour preuve les énormes progrès
accomplis grâce à des partenariats globaux pour éradiquer des maladies
tropicales négligées. «En 2016, a-t-elle martelé, près d’un milliard de
personnes ont reçu gratuitement des traitements qui les protègent de
maladies qui rendent aveugles, mutilent ou déforment.»
Une décennie tourmentée
A
l’heure où l’administration américaine de Donald Trump semble vouloir
saborder les efforts entrepris par Barack Obama pour réduire le nombre
de citoyens sans assurance maladie, Margaret Chan se dit fière d’avoir
fait publier sous son mandat un rapport particulièrement influent, le
2010 World Health Report, qui prône l’universalité de la couverture
médicale. Docteur spécialiste de nutrition, la directrice générale de
l’OMS souhaite que soient mises en œuvre au plus vite les
recommandations de la Commission de l’OMS sur les moyens de mettre fin à
l’obésité de l’enfant. «L’obésité des enfants, souligne-t-elle, est
l’expression la plus visible et sans doute la plus tragique des forces
qui expliquent l’augmentation des maladies non transmissibles.»
Tirer
le bilan de Margaret Chan, c’est bien sûr tirer le bilan d’une
directrice générale. Mais c’est aussi brosser le portrait d’une décennie
tourmentée. La patronne de l’OMS ne s’est pas privée de le rappeler. A
peine un an et demi après qu’elle a été portée à la tête de
l’Organisation mondiale de la santé, la crise économique et financière
de 2008 mettait les finances des Etats et les budgets de santé en grande
difficulté. Les effets sont perceptibles aujourd’hui encore. Le
terrorisme et l’extrémisme violent ont provoqué des désastres
humanitaires d’une ampleur jamais vue depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ayant
jusqu’ici évité de commenter les horreurs du conflit syrien, Margaret
Chan est sortie de sa réserve lundi devant 4000 délégués: «Les
fréquentes attaques contre des centres de soins et des convois
humanitaires sont un véritable mépris pour le droit international
humanitaire. Selon des rapports confirmés par l’OMS, plus de 300 centres
de soins ont été attaqués en 2016 dans vingt pays dont une majorité en
Syrie.»
Lenteur face au virus Ebola
Sur le plan des
épidémies et pandémies, Margaret Chan a esquivé la surréaction de l’OMS à
la pandémie de grippe H1N1 en 2009 en précisant que le monde avait eu
de la chance que le virus n’eût pas été plus virulent. Il a aussi eu de
la chance avec les nouveaux virus MERS en 2012 et de la grippe aviaire
H7N9 en 2013 qui ont été contenus. Il a eu en revanche moins de chance,
a-t-elle ajouté, avec le virus Zika et surtout Ebola en 2014, qui a
coûté la vie à plus de 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest. Fidèle au
proverbe chinois «shi huà shi shuò» qui signifie «je pense ce que je
dis et je dis ce que je pense», la directrice de l’OMS a relevé que son
organisation a été trop lente à reconnaître que le virus évoluait de
façon différente que lors d’épidémies précédentes. «L’OMS a entrepris
des corrections rapides.» Mais elle n’élude pas sa responsabilité: «Tout
cela a eu lieu sous ma direction et je suis personnellement
responsable.»
Un observateur averti de l’OMS le relève: «La crise
Ebola est malheureusement un événement qui sera étroitement associé à la
direction de Margaret Chan. Mais à son crédit, au cours de ses deux
mandats, elle a accru la visibilité de l’OMS et réaffirmé son rôle
central dans le monde.» Les structures de gouvernance, trop
bureaucratiques, expliquent en partie la mauvaise gestion du début de la
crise d’Ebola. Certains y voient cependant aussi la conséquence du
leadership feutré de Margaret Chan.
«Déférence excessive»
«Elle
a montré une déférence excessive envers les Etats membres, envers
l’industrie et les donateurs», déplore une autre experte de la question
qui ajoute: «Mais je ne crois pas que Margaret Chan n’ait fait
qu’appliquer les directives de Pékin. C’était plus son ADN personnel,
marqué par ses origines asiatiques, qui explique son
non-interventionnisme, sa volonté de respecter à la lettre la
souveraineté des Etats.» Il reste qu’aujourd’hui l’OMS est mieux armée
pour faire face à une nouvelle épidémie.
Avant d’être saluée par une
standing ovation, Margaret Chan a conclu en soulignant l’honneur qu’elle
a eu de servir l’OMS: «Je l’ai fait avec humilité, mais aussi avec une
grande fierté.»
Le premier G20 de la santé à Berlin a pour but de renforcer l’OMS
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Santé Stéphane Bussard
Publié jeudi 4 mai 2017 à 19:23,
modifié jeudi 4 mai 2017 à 20:47.
Santé globale
Le premier G20 de la santé à Berlin a pour but de renforcer l’OMS
Rompue
au multilatéralisme, la chancelière allemande Angela Merkel a insisté
pour inscrire au programme du G20 un sommet des Ministères de la santé.
L’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, qui a participé à
un panel d’experts de l’ONU sur la crise d’Ebola, salue cette initiative
Forum des 100: La santé dans tous ses états
Comment
faire baisser les coûts de la santé? Sommes-nous prêts pour la
révolution de la médecine personnalisée? Quel est le poids économique de
la Health Valley romande? Une série d’articles traite de ces questions
en amont du Forum des 100, organisé par le Temps, le 11 mai, à l’Université de Lausanne.
C’est une première. Les 19 et 20 mai prochains,
Berlin accueille le premier G20 de la santé, un peu moins de deux mois
avant le G20 des chefs d’Etat et de gouvernement à Hambourg. L’événement
n’est pas anecdotique. A l’heure où le monde tremble devant le risque
d’une pandémie globale non maîtrisée, c’est un saut qualitatif majeur
pour ceux qui estiment qu’il est temps de faire de la santé globale une
priorité non seulement sanitaire, mais aussi politique. La dernière
épidémie d’Ebola, qui a infecté près de 28 000 personnes et tué plus de
11 000 autres, a servi de signal d’alarme. L’ONU a établi un panel
d’experts et l’OMS s’est vu contrainte de mener des réformes.
Le
G20 de la santé a beau avoir lieu à Berlin, il implique très étroitement
la Genève internationale. Directrice du Global Health Centrer installé à
l’Institut de hautes études internationales à Genève, Ilona Kickbusch
conseille le ministre allemand de la Santé, Hermann Gröhe, pour ce
sommet et a rencontré la chancelière allemande. «C’est Angela Merkel
elle-même qui a souhaité mettre la santé globale en tête de l’agenda
politique du G20. Dans un monde aussi connecté et interdépendant, elle
estime que les menaces sanitaires ne peuvent être abordées par les Etats
individuellement. Elles doivent l’être de façon globale.»
Prise de conscience
Dans
un discours retentissant tenu le 18 mai 2015 devant l’Assemblée
mondiale de la santé à Genève, la chancelière allemande l’avait martelé:
«La santé d’une personne est la santé des autres. L’efficacité du
système sanitaire d’un pays a un impact sur celui d’autres pays ainsi
que sur la sécurité et la stabilité» du monde. A la prestigieuse
Conférence sur la sécurité de Munich, en février dernier, le sujet a
pour la deuxième année consécutive attiré l’attention de nombre de
participants. La prise de conscience est manifeste: les menaces à
l’encontre de la sécurité internationale n’ont de loin pas qu’une
dimension militaire. Un article récent de la Harvard Business Review
le soulignait: sans une amélioration sensible de la capacité de
répondre à une pandémie globale, la propagation non maîtrisée d’un
mauvais virus à l’échelle planétaire pourrait faire jusqu’à 30 millions
de morts. Elle pourrait avoir des conséquences économiques dramatiques
susceptibles de mettre en danger la paix internationale. Les pertes
économiques globales annualisées découlant d’une possible pandémie à
venir sont estimées à 550 milliards de dollars.
Le G20 de la santé
traitera en priorité de trois questions: le renforcement des systèmes
sanitaires nationaux, dont certains sont très faibles, l’amélioration du
degré de préparation pour gérer une épidémie et de la lutte contre un
problème sanitaire de plus en plus inquiétant, la résistance aux
antibiotiques. Membre d’un panel d’experts constitué par l’ancien
secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour tirer les leçons de
l’épidémie d’Ebola dans trois pays d’Afrique de l’Ouest,
l’ex-conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey salue la tenue d’un G20 de
la santé. Ancienne patronne de la diplomatie suisse, elle avait
elle-même témoigné au G7 des ministres de la Santé en octobre 2015 à
Berlin au nom du panel de haut niveau. «Dans notre rapport de mars 2016,
nous avons relevé la faiblesse des systèmes de santé dans certains
pays. Un exemple: au Liberia, où nous nous sommes rendus, il y avait, au
moment de la crise d’Ebola, 242 médecins, soit deux pour 100 000
habitants, et 0,8 lit pour 1000 habitants. Nous avons souligné la
lenteur et la mauvaise allocation de l’aide au développement et rappelé
que la vulnérabilité des pays africains touchés par Ebola affecte le
monde entier.»
La santé inscrite au sommaire du G20
La
crise d’Ebola a affecté la réputation de l’OMS. Mais à Berlin, on
insiste: le premier G20 de la santé a pour vocation de renforcer
l’agence onusienne. «Je vous rappelle que l’Allemagne, très axée sur le
multilatéralisme, a poussé voici peu pour que le budget régulier de
l’OMS soit augmenté de 10%, insiste Ilona Kickbusch. Elle n’agirait
jamais contre l’OMS.» Conseiller principal de la directrice générale de
l’OMS, Margaret Chan, pour la résistance aux antimicrobiens, Hajime
Inoue avait déjà tenté, en 2016, de convaincre Pékin d’inscrire la santé
au sommaire du G20. En vain. Il se réjouit de l’initiative allemande.
Pour lui, le G20 est un saut qualitatif manifeste: «Il ne s’agit plus
que des pays riches. Le G20 est une institution informelle qui couvre
deux tiers de la population et de l’économie mondiales.» Afin de se
focaliser sur des aspects concrets, Ilona Kickbusch et l’OMS animeront
pendant quatre heures une simulation de crise sanitaire. Ayant participé
aux réunions préparatoires avec les sherpas des Etats membres du G20,
Hajime Inoue ne cache pas son enthousiasme: «Le projet de déclaration
finale du G20 comprend 33 paragraphes. L’OMS y est très abondamment
citée. C’est un vrai encouragement de voir un tel soutien politique.»
Antoine Flahault: «En termes d’innovation, il faudra tirer profit de la révolution numérique»
Le Temps: Que faut-il comprendre par santé globale? Antoine Flahault:
Pour nous, à l’institut, la notion de santé globale induit que les
problèmes de santé transcendent les frontières et les disciplines. Pour
résoudre un problème de santé publique, les acteurs ne sont pas que des
universitaires. Ce sont aussi des experts ou des
professionnels venus d’organisations internationales, d’ONG, de missions
permanentes, du secteur privé. De plus, vu la complexité des problèmes,
une approche holistique ou systémique s’impose. En termes d’innovation,
la santé globale doit bénéficier de la révolution digitale. Développer
la santé globale doit être un effort durable. Enfin, la santé globale
est un droit humain auquel toute l’humanité peut prétendre. Les valeurs
qui promeuvent l’accès équitable à la santé sont constitutives de la
santé globale. - A Genève, votre institut et l’IHEID
proposent des formations en santé globale. Au G20, l’expression est au
cœur des discussions. Pourquoi cette notion s’impose-t-elle maintenant?
-
La multiplication des crises sanitaires (Ebola, Zika, etc.) favorise
une prise de conscience globale. La sécurité sanitaire de la planète ne
peut plus être seulement comprise comme une volonté du Nord de se
barricader contre des menaces venant du Sud. Elle concerne l’ensemble
du monde. Devant le besoin urgent d’agir ensemble, de grandes
institutions philanthropiques et un financement multilatéral ont
permis des interventions plus efficaces et plus rapides. - Dans votre institut, la formation est en plein essor. Elle est aussi «mondiale»…
-
L’Institut de santé globale a été créé en 2014 sur les fondations de
l’Institut de médecine sociale et préventive. Il propose déjà des
doctorats, des masters et bientôt des bachelors. Nous avons constaté
qu’en matière de santé publique, la Genève internationale produit sur le
plan scientifique de nombreux articles de haut vol. Nous avons pensé
qu’il serait judicieux d’attirer vers un doctorat ces experts issus de
l’OMS ou d’ONG. En juin prochain, nous aurons 49 doctorants inscrits
dans notre jeune programme. En 2017, nous avons enregistré 220 demandes
pour la voie doctorale. La plupart sont des employés des organisations
internationales. Ils travaillent à Genève, ou parfois dans les bureaux
régionaux de l’OMS, sur le terrain pour le CICR ou MSF. Nous proposons
aussi un master prégrade de deux ans. La première année du master se
déroule à Genève et la seconde à choix à l’IHEID, à l’EPFL ou aux
Universités de Bâle et de Neuchâtel. Là aussi, le succès est au
rendez-vous. Cette année, nous avons reçu 270 candidatures pour quelque
40 admissions. Nous recensons 74 nationalités différentes - Et le bachelor?
-
Il est en passe d’être mis en place. Ce sera un bachelor en santé
publique de précision. Il sera organisé à partir des MOOC [cours
gratuits en ligne accessibles aux étudiants du monde entier, en
français] que nous réalisons avec nos partenaires. Les examens seront
organisés dans des ambassades et des
agences universitaires francophones. La formation a pour ambition de
construire des profils de compétences mixtes associant les techniques
digitales à la santé publique. Notre objectif? Former des techniciens,
ingénieurs, futurs chercheurs ou médecins pour développer, grâce à
l’intelligence artificielle, des instruments performants
pour mieux détecter les épidémies ou alerter des risques médicamenteux,
pour utiliser la téléphonie mobile et des drones, par exemple, pour
livrer des vaccins sans rompre la chaîne du froid dans des régions
isolées et reculées https://www.letemps.ch/monde/2017/05/04/premier-g20-sante-berlin-but-renforcer-loms
Superclinique trop populaire
MAclinique Lebourgneuf est submergée par les demandes de patients orphelins
Photo Stevens LeBlancDepuis son inauguration
officielle, il y a une semaine, cela ne dérougit pas à MAclinique
Lebourgneuf, tant au GMF qu’au sans rendez-vous.
Victime de son succès, MAclinique Lebourgneuf est
submergée de demandes de citoyens à la recherche d’un médecin de
famille, à un point tel qu’on oriente maintenant les gens vers le
guichet d’accès régional.
En une semaine seulement, MAclinique a recueilli jusqu’à 4000
noms, signe que de nombreux patients orphelins attendent toujours de
trouver un médecin dans la région de Québec.
Cela ne dérougit pas également du côté des consultations sans rendez-vous, à la mini-urgence accessible à toute la population.
«Dès 8 h, il y a une file de 20, 25 personnes à l’extérieur pour
l’ouverture. En soirée, c’est arrivé qu’on ait dû terminer les
inscriptions à 20 h ou 20 h 30, au lieu de 22 h, compte tenu du nombre
élevé de personnes qui attendaient déjà de voir un médecin. On n’a pas
une capacité infinie», signale la Dre Chantal Guimont, instigatrice et
coassociée de MAclinique Lebourgneuf. Lignes saturées
Depuis l’inauguration officielle de cette première superclinique à
Québec, les 23 lignes téléphoniques du GMF (Groupe de médecine
familiale) sont complètement saturées, tant le volume d’appels est
important.
«On avait prévu recevoir beaucoup d’appels, mais de toute
évidence, nos lignes ne suffisent pas. On regarde avec notre fournisseur
pour optimiser notre système», remarque la Dre Guimont.
Ces derniers jours, les patients qui tentaient de prendre
rendez-vous avec leur médecin se sont butés à un répondeur. N’ayant pu
joindre une réceptionniste au téléphone, une dizaine de personnes
faisaient la file à la réception du GMF, en début d’après-midi,
mercredi, afin de se voir fixer un rendez-vous. Demandes trop fortes
«Nous sommes victimes de notre succès. À partir de maintenant,
tous les futurs patients du GMF de MAclinique seront recrutés par le
truchement du guichet d’accès à un médecin de famille. C’est la solution
la plus raisonnable. La liste actuelle de patients qui ont fait une
demande via l’adresse courriel info@reseaumaclinique.com sera conservée,
mais aucun autre patient n’y sera ajouté», stipule la Dre Guimont.
MAclinique Lebourgneuf compte 20 médecins de famille. «Aucun n’a
réduit ses heures ailleurs (urgence ou autres) pour exercer ici»,
précise-t-elle par ailleurs.
Ce qu'ils ont dit
« Nos médecins sont dévoués et prennent de nouveaux patients, mais
on ne peut pas régler à nous seuls les problèmes d’accès de toute la
région.» — Dre Chantal Guimont, coassociée de MAclinique Lebourgneuf.
« Je me suis blessé au travail. J’ai le poignet cassé. Je ne
serais pas allé attendre des heures dans une urgence. Ici, je serai vu
par un médecin en une heure ou deux tout au plus. Cela en prendrait
davantage des cliniques comme celle-là.» — Denis Langlois, patient au sans rendez-vous à MAclinique.
« J’ai des douleurs au pied. J’ai essayé d’avoir un rendez-vous à
mon GMF, à Charlesbourg, puis dans une autre clinique à Beauport. Il n’y
avait pas de place. Cette superclinique répond à un besoin. C’est mieux
que d’attendre trois ou quatre heures à l’urgence.» — Une patiente inscrite au sans rendez-vous http://www.journaldequebec.com/2017/05/10/superclinique-trop-populaire
Le système de santé souffre d’inefficacité, disent les patients
Une enquête du Commissaire à la santé et au bien-être pointe les difficultés d’accès
Moins d’un Québécois sur quatre croit que le système de santé est «assez efficace»,
selon une étude dévoilée par le Commissaire à la santé et au bien-être
(CSBE) jeudi, alors que 35 % des Canadiens entretiennent la même
croyance.
Ce taux, qui est plus exactement de 22 %, «a manifestement un lien avec les difficultés d’accès», analyse la commissaire par intérim, Anne Robitaille. Car «globalement, la performance est stable, et c’est la problématique de l’accès qui demeure la plus importante».
En Norvège, 61 % des gens croient que leur système de santé
fonctionne bien, contre 54 % en France, mais seulement 21 % aux
États-Unis.
Les problèmes d’accès aux soins s’incarnent dans plusieurs des
réponses au sondage. Par exemple, 75 % des répondants ont déclaré avoir
un médecin de famille. Seulement 41 % ont indiqué que, lorsqu’ils ont un
problème de santé, ils ont accès le jour même ou le lendemain à un
médecin ou à une infirmière. Recul
Du côté des médecins spécialistes, les réponses indiquent un recul
depuis 2013. En effet, de 42 %, ce sont maintenant 36 % des répondants
seulement qui disent avoir eu un rendez-vous en moins de quatre
semaines. Aussi, l’attente de moins d’un mois pour une chirurgie non
urgente était une réalité pour 53 % des répondants en 2013, mais plus
que pour 35 % en 2016.
De plus, 44 % des gens ont rapporté avoir attendu plus de cinq heures à l’urgence.
Anne Robitaille constate par ailleurs que le Québec se classe plus
avantageusement en comparaison d’autres pays en ce qui concerne la
qualité des soins. Par exemple, 69 % des répondants ont indiqué que la
qualité des soins reçus était excellente ou bonne.
La pertinence des soins est toutefois parfois remise en question par les Québécois.
En effet, 15 % des répondants ont indiqué que leur médecin recommande
fréquemment ou occasionnellement des tests ou des traitements non
nécessaires. «C’est un des résultats les plus défavorables parmi les pays participants», mentionne le CSBE.
Cette enquête est menée auprès de 27 000 personnes dans 11 pays
différents en collaboration avec le Communwealth Fund, chaque année. Ce
sont 1002 Québécois de plus de 18 ans qui ont répondu au sondage, entre
mars et juin 2016. Et l’an prochain
Le CSBE vit chaque semaine dans l’angoisse de son abolition
prochaine. Cette dernière, annoncée il y a près d’un an lors du dernier
budget, ne s’est pas encore concrétisée. Plus que quatre personnes y
travaillent.
En attendant l’abolition effective, Anne Robitaille a commencé à
travailler sur la cueillette de données du sondage 2017 du Communwealth
Fund. Elle ignore si elle sera encore là pour en analyser les résultats.
Elle demande au gouvernement de trouver quelqu’un pour prendre le
flambeau au passage. «Espérons qu’un organisme indépendant prendra le relais et qu’on ne va pas garder ces données dans une base de données obscure», souhaite-t-elle.
Au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), on indique
qu’il est toujours prévu que l’Institut national d’excellence en santé
et en services sociaux, l’INESSS, intègre les fonctions du CSBE. «Nous nous sommes engagés auprès du Communwealth Fund pour poursuivre notre collaboration», indique la responsable des communications Noémie Vanheuwerzwijn. http://www.ledevoir.com/societe/sante/491948/le-systeme-de-sante-souffre-d-inefficacite-disent-les-patients
Des intérêts financiers entraînent sous- et surconsommation médicales
Les autorités et acteurs du secteur de la santé doivent
prendre d'urgence des mesures pour éviter la surconsommation médicale
autant que la sous-consommation, affirme un groupe de scientifiques dans
une série de cinq articles publiée lundi dans la revue médicale
britannique The Lancet. Pas moins de 27 experts internationaux au total
ont collaboré à ces articles intitulés "The Right Care Series".
L'enquête a été dirigée par le Lown Institute, un think tank médical
basé à Boston.
Les scientifiques ont étudié tant la surconsommation que la
sous-consommation des soins de santé dans le monde. La surconsommation
entraîne des complications qui auraient pu être évitées et gaspille les
ressources. La sous-consommation rend les patients vulnérables à des
maladies et des souffrances dont ils auraient pu se protéger.
Ainsi, chaque année, 6,6 millions de césariennes inutiles
sont effectuées, dont la moitié en Chine et au Brésil. En Espagne, 26%
des prothèses de genou sont inappropriées et, aux Etats-Unis, ce
pourcentage grimpe même à 34%. Autre exemple mis en avant dans l'étude:
pas moins de 20% des ablations d'utérus ne sont pas justifiées à Taïwan,
et 13% en Suisse.
Les auteurs constatent que tant la surconsommation que la
sous-consommation sont monnaie courante. Ces deux situations peuvent se
produire dans le même pays et pour les mêmes patients. Dans des pays
pauvres comme riches, on recourt trop souvent à des technologies bien
connues mais qui n'en sont pas moins onéreuses et pas forcément
efficaces, alors que des alternatives moins chères et plus efficaces
sont négligées. "Les prestations médicales non efficaces ou non
justifiées scientifiquement représentent un quart des soins de santé de
par le monde", estiment-ils.
Lutter contre la surconsommation permet de dégager des
moyens pour contrecarrer la sous-consommation. Quand des soins
nécessaires ne sont pas prestés, c'est en effet souvent pour des raisons
financières. La surconsommation, quant à elle, se produit généralement
quand elle est source de revenus pour certains acteurs.
"La cupidité, les intérêts concurrents et des informations
déficientes sont des moteurs universels qui peuvent former un écosystème
où de mauvais soins de santé sont délivrés", affirme dans un communiqué
Vikas Saini, le président du Lown Institute et principal auteur de la
série d'articles. "Les citoyens du monde entier doivent comprendre ces
forces en présence s'ils veulent défendre et promouvoir leur sécurité
financière, leur intégrité, leur santé et leur bien-être", conclut-il.
Les co-auteurs proviennent d'institutions telles que la
Banque mondiale, Harvard, Stanford, Dartmouth et l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE). http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/des-interets-financiers-entrainent-sous-et-surconsommation-medicales-587320aacd70717f88edf60b
La Belgique, bon élève en matière de soins de cardiologie
Sciences - SantéBonne nouvelle, s'il faut en croire l'indice "Euro Heart Index" (EHI)
2016, publié ce mercredi, qui compare les soins de cardiologie dans 30
Etats européens.
Dans ce classement où la France trône sur la première marche
du podium, devant la Norvège et la Suède, la Belgique occupe quand même
une honorable 7e place.
Si les soins de cardiologie se sont améliorés dans
pratiquement tous les pays concernés, remarquent les auteurs de ce
rapport, des écarts considérables entre les Etats européens quant à
l'utilisation de médicaments de base pour le cœur, menacent néanmoins
l'équité des soins.
A ce niveau, la Belgique n'est pas visée. Contrairement à
certains pays européens, en ce qui concerne les soins de cardiologie,
notre pays "a recours à des médicaments pour la tension artérielle et
le taux de cholestérol génériques et peu coûteux, comme le suggèrent
les normes paneuropéennes", souligne le docteur Beatriz Cebolla, directrice du projet d'établissement de l'indice EHI.
Mais ce n'est pas tout, si nous occupons cette place plutôt enviable, ce serait aussi que "le mode de vie des Belges est en général plutôt sain, d'après le Dr Cebolla. En
outre, les Belges disposent d'un système de santé qui garantit un accès
très facile aux services de soins, bien qu'une amélioration au niveau
de la coordination des procédures permettrait d'obtenir de meilleurs
résultats".
Comment ce classement est-il établi?
L’indice "Euro Heart Index" classe les systèmes de soins de
santé cardiovasculaires de 30 Etats européens selon 31 indicateurs
répartis dans quatre domaines essentiels : la prévention, les
procédures, l’accès aux soins et les résultats de ces soins. Compilé à
partir de statistiques publiques et de recherches indépendantes, cet
indice est fourni par le Health Consumer Powerhouse (HCP), le centre qui
analyse la performance des systèmes de santé nationaux européens depuis
2004 et qui a déjà publié environ 50 rapports relatifs aux indices.
Pour établir tous ses indices, le HCP se base sur une approche orientée
vers le consommateur.
Pour le Président du HCP, le Pr Arne Bjornberg, "il
existe, en soins de cardiologie, un écart important entre les directives
européennes relatives au traitement des patients et la manière dont est
pratiquée la médecine cardiaque. Le déploiement des médicaments pour le
cœur semble arbitraire et ne correspond pas aux besoins des Européens.
Il est évident qu'il existe un lien entre les sommes dépensées et la
qualité des résultats obtenus. Les pays riches peuvent se permettre
d'hospitaliser des patients selon des critères plus larges, ce qui peut
empêcher l'aggravation des pathologies. Mais, à condition d'avoir bien
défini ses priorités, il est possible d'accomplir également beaucoup de
choses avec des budgets réduits".
Comment Maggie De Block s’est mis à dos le secteur de la santé
L. G.
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BelgiqueDepuis le conclave budgétaire d’octobre, la plupart des acteurs des soins de santé s’en prennent à leur ministre de tutelle.
La ministre de la Santé publique, Maggie De Block (Open
VLD), star des sondages dans les trois Régions du pays, a vu son étoile
pâlir depuis l’annonce, en octobre, de nouvelles coupes budgétaires dans
la santé, à hauteur de 902 millions d’euros en 2017. Et ce malgré ses
promesses répétées de ne plus "toucher à la Sécu".
Même si beaucoup saluent sa méthode de travail et sa volonté
de s’attaquer à des dossiers difficiles tels que le financement des
hôpitaux, Mme De Block fait l’objet de vives critiques de la part de
l’ensemble du secteur, qui n’accepte pas de porter, à lui seul, près
d’un tiers des économies budgétaires.
Finalement, seules les entreprises pharmaceutiques, pourtant
pas épargnées par les mesures d’économie du gouvernement Michel, ne
pestent pas sur la ministre.
Pas dit cependant que cette fronde des acteurs des soins de santé se traduira dans les sondages d’opinion.
Tour d’horizon des griefs qui sont faits à la ministre libérale.
Les gestionnaires d’hôpitaux
Pression sur le personnel et les investissements
Un tiers de la centaine d’hôpitaux généraux que compte le
pays sont déjà dans le rouge. Cela ne risque pas de s’améliorer avec les
coupes budgétaires "suédoises" qui vont les priver, chacun, de
plusieurs millions d’euros. Conséquence : réduction ou report des
investissements voire diminution du personnel dans certains cas. Les
gestionnaires d’hôpitaux sont inquiets. Certains jugent la situation si
grave qu’ils n’ont pas hésité - fait rare - à manifester jeudi à
Bruxelles.
Les pharmaciens
"Votre santé en péril"
Ils n’ont pas été les derniers à dénoncer les économies dans
la santé, les pharmaciens. Ils contestent particulièrement la
suppression de près de 5 % de leur rémunération globale sur les
médicaments, "qui hypothèque gravement les initiatives prises dans le secteur pour développer le rôle de prestataire de soins du pharmacien".
Au bout du compte, c’est le patient qui sera touché, disent les
pharmaciens, qui ont même lancé une campagne d’affichage dans les
officines sur le thème : "Votre santé en péril ! Merci Maggie".
Les mutuelles
"Recul social"
Dans le grand stratégo du système de santé belge, les
organismes assureurs que sont les mutuelles représentent (notamment) les
intérêts des patients. Face aux coupes budgétaires (902 millions en
2017) décidées par la "suédoise", les mutualités n’ont pas manqué
d’épingler le gouvernement et leur ministre de tutelle, qui avait
pourtant promis qu’on ne toucherait plus à la sécurité sociale. Elles
ont dénoncé ces économies et la limitation de la croissance du budget
des soins de santé à 0,5 % (au lieu du 1,5 % promis). Une croissance qui
sera insuffisante pour faire face à la hausse des besoins liée au
vieillissement de la population. Les mutualités craignent que, quoi
qu’en dise Maggie De Block, de telles économies soient reportées sur le
dos des patients, soit par des suppléments ou des hausses de tarifs,
soit par une réduction de la qualité des soins. Pour le front commun
mutuelliste, ce gouvernement, incarné par Maggie De Block, accélère la
dérive vers une médecine à deux vitesses. "C’est un recul social jamais vu depuis 10 ans", dit-il.
Les étudiants
Une vision très flamande
Du côté francophone du pays, les associations étudiantes
sont également furieuses contre Maggie De Block. Elles dénoncent la
pression exercée par la ministre pour limiter le nombre d’étudiants en
médecine et instaurer un examen d’entrée alors qu’on constate une
pénurie (partielle) de médecins et qu’on en importe de l’étranger. Elles
contestent également la vision très flamande de la ministre, qui a
refusé de reconnaître la formation de psychomotricien, peu connue en
Flandre mais qu’ont suivie plus de mille étudiants au sud du pays.
Les médecins
"Limite dépassée"
Dans les rangs des médecins, nombreux sont ceux qui avaient
vu d’un bon œil l’arrivée de Maggie De Block au ministère de la Santé.
Une libérale, qui plus est elle-même médecin, cela allait changer après
plus de dix ans de ministres socialistes (Demotte et Onkelinx), dont le
corps médical, et surtout la très libérale Absym, ne supportait plus la
proximité avec les mutuelles. Mais depuis le conclave budgétaire
d’octobre, ils ont déchanté. L’indexation des honoraires médicaux a été
sérieusement rabotée et les médecins ont été invités par leurs syndicats
à se déconventionner et à ne plus respecter les tarifs convenus. Pour
les syndicats médicaux, avec ces nouvelles économies dans les soins de
santé, "la limite a été dépassée". Quant aux maisons médicales, elles dénoncent le moratoire qui les touche.
Le personnel des hôpitaux
Un cocktail indigeste
Les infirmières et les autres membres du personnel des
hôpitaux sont parmi les plus fâchés contre Maggie De Block. Ils l’ont
d’ailleurs fait savoir jeudi, lors de la manifestation du non-marchand
(lire ci-contre). Outre les économies faites sur le dos des hôpitaux,
qui risquent d’alourdir in fine leur charge de travail et de limiter
encore le temps qu’ils pourront passer auprès des patients, les
syndicats reprochent à leur ministre de durcir l’accès aux mesures
d’aménagement des fins de carrière, qui permettent, à partir de 45 ans,
d’augmenter le nombre de jours de congés annuels. Moins de personnel,
davantage de travail et moins de possibilités de souffler : les
syndicats ne veulent pas de ce cocktail. http://www.lalibre.be/actu/belgique/comment-maggie-de-block-s-est-mis-a-dos-le-secteur-de-la-sante-58373845cd70356130763d55
Technologie
Un outil de diagnostic médical nommé Watson
Après avoir battu les champions de Jeopardy, le logiciel d’IBM pourrait se reconvertir dans le domaine de la santé
Dans ses locaux lausannois, le groupe pharmaceutique Debiopharm accueillait jeudi un représentant d’IBM,
la multinationale américaine en logiciel et matériel informatique.
L’objet de la visite: une présentation de la plateforme technologique Watson et ses applications notamment dans la santé.
Depuis
son développement en 2006, l’intelligence augmentée a déjà acquis une
belle notoriété grâce à sa victoire au jeu télévisé américain Jeopardy
face à des candidats humains en 2011. Dernièrement Watson a même été
présenté comme candidat à l’élection présidentielle américaine. Lire aussi: Une intelligence artificielle pour président
Plus sérieusement, Watson est un programme informatique
conçu pour comprendre le langage naturel, autrement dit le langage
utilisé par les humains, les mots et les phrases. «Plus que le mot en
lui-même, Watson comprend desconcepts, des entités et
peut faire le lien entre eux», explique Jérôme de Nomazy, de l’équipe
«Cognitive Solutions» d’IBM. Le programme explore et comprend des
informations contenues dans une base de données non structurée qu’on lui
a mises à disposition, comme un corpus de publications scientifiques ou
l’historique des rapports médicaux d’un patient.
Du Jeopardy à la médecine
Selon
le représentant, «Watson fait bien plus qu’une simple recherche par
mots-clés». Exemple, lorsqu’on lui indique un nom de médicament, il va
trouver lui-même des informations sur ce produit mais également tous les
concepts qui lui sont liés: sa composition chimique, les études
cliniques qui lui ont été consacrées, sa cible thérapeutique ou
encore les autres molécules ayant un effet sur cette cible.
La
technologie développée par IBM a d’ores et déjà des applications dans le
domaine du diagnostic médical. Sa puissance de calcul permet de
proposer des traitements à un patient et d’en évaluer le bien-fondé en
analysant l’historique médical du patient. Chaque proposition de
traitement s’accompagne d’un degré de pertinence, déterminé par
Watson. Les médecins disposent d’un outil pour réaliser un diagnostic le
plus précis possible, en un minimum de temps, d’après IBM. «C’est une
forme d’expertise, une seconde opinion que les médecins peuvent utiliser
en complément de leur savoir personnel», indique Jérôme de Nomazy.
Lors d’un test effectué en 2012 au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center
de New York, Watson a pu diagnostiquer un cancer du poumon avec un taux
de succès de 90%, contre 50% pour un médecin. L’intelligence augmentée
avait intégré 600 000 données médicales, 2 millions de pages issues de
revues spécialisées et les dossiers de 1,5 million de patients. Selon
Jérôme de Nomazy: «Certains clients utilisent déjà Watson en oncologie
aux Etats-Unis, en Chine, en Thaïlande et en Inde, et bientôt en
Hollande et en Finlande. Watson existe maintenant en de nombreuses
langues, dont le français [mais pas encore l’allemand ndlr]». Lire aussi: Des logiciels qui veulent remplacer les médecins
«Outre l’oncologie, tous les domaines médicaux peuvent
potentiellement être intéressés par notre technologie, explique le
représentant d’IBM. Tout un chacun peut se la procurer sur le Cloud. A
partir d’un Watson de base, on peut l’éduquer à devenir spécialisé dans
tel ou tel domaine. Après s’être procuré Watson, on y injecte ses
données, son champ d’expertise propre. Bien sûr, les données ne sont pas
transmises entre hôpitaux par exemple, elles restent dans la sphère
privée.»
Meilleur que les humains
Au-delà de la
compréhension du langage naturel, Watson peut également analyser des
images. En 2014, il a notamment été utilisé en radiologie. L’ordinateur
avait détecté sur des IRM des anomalies imperceptibles à l’œil humain,
ceci dans le cadre d’une recherche avec le New York Genome Center portant sur le glioblastome, un cancer du cerveau.
Le
représentant d’IBM présente également Watson comme outil de recherche,
notamment en pharmacologie: «Le programme ne peut pas faire de
découverte à proprement parler, il n’inventera rien, mais il pourrait
mettre en évidence des liens qui ne sont pas évidents, ou trouver de
nouvelles applications à un médicament qui était fait à la base pour
traiter une maladie donnée.»
De son côté, Nicolas Py, le
responsable de l’unité «Business Intelligence» de Debiopharm explique
son intérêt pour cette nouvelle technologie. «Nous voudrions favoriser
le lien entre la recherche académique ou privée et la clinique». La
masse de données accumulée par les établissements de santé pourrait
ainsi être plus facilement utilisée par les chercheurs et inversement.
Nicolas Py confie pourtant au «Temps» que même si le groupe
pharmaceutique est sensible aux nouvelles technologies, il n’a pour
l’heure pas prévu d’acquérir la technologie d’IBM, essentiellement pour
une question de prix… https://www.letemps.ch/sciences/2016/09/22/un-outil-diagnostic-medical-nomme-watson
Le parcours de soins: qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que le parcours de soins et pourquoi faut-il le respecter ? digiSchool media répond pour vous à ces questions.
Il impose à chaque assuré de plus de 16 ans de désigner un médecin traitant de son choix.
C'est lui qui va gérer votre dossier médical et vous orienter ensuite
vers tel ou tel spécialiste selon les cas. Notez également que depuis
peu, les médecins généralistes peuvent pratiquer le tiers payant, c'est-à-dire dispenser leurs patients de régler le montant de la consultation. Cette pratique reste néanmoins soumise à des conditions. Si votre médecin a connaissance de vos difficultés financières, il est en mesure d'appliquer le tiers payant, d'où l'importance de passer par votre médecin de famille.
Certains médecins spécialistes en revanche sont accessibles sans passer par le médecin traitant,
comme les ophtalmologues, les gynécologues, les odontologues et les
psychiatres. Vous pouvez aussi passer par la case médecin traitant si
vous avez une dispense permanente d'autorisation en cas d'affection longue durée.
Si vous souhaitez changer de médecin, à cause d'un déménagement ou autre, il vous suffit d'imprimer un formulaire sur ameli.fr, de le faire remplir par le médecin de votre choix et de l'envoyer à votre Caisse d'Assurance.
Les conventions règlementent les tarifs pratiqués par les médecins. Secteur 1 : c'est un médecin qui adhère à une convention médicale,
passée au niveau national, entre la Caisse nationale d'assurance
maladie et des représentants syndicaux. Il s'engage ainsi à pratiquer
des tarifs peu élevés. En contrepartie, la Caisse nationale d'assurance
maladie lui offre des avantages comme :
la prise en charge partielle de sa formation professionnelle
la prise en charge partielle de sa retraite
Secteur 2 : ce médecin peut choisir ses honoraires
et pratiquer des "dépassements d'honoraires". Il doit cependant établir
sa note avec "tact et mesure". Dans tous les cas les dépassements
d'honoraires ne sont pas pris en charge par la sécu même s'ils peuvent être remboursés par une complémentaire santé.
Afin que les patients ne soient pas surpris au moment de payer, le médecin est tenu d'afficher le montant de ses honoraires et le secteur de convention auquel il appartient.
Pourquoi passer par le parcours de soins?
Vous n'allez pas finir en prison parce que vous n'êtes pas passé par le parcours de soins. C'est cependant vivement recommandé si vous voulez être mieux remboursé. En effet, si vous n'avez pas de médecin traitant ou que vous consultez des spécialistes sans être passé par lui, vous ne serez pas aussi bien remboursé. En dehors du parcours de soins, le montant de vos remboursements par le régime obligatoire sera de 30% du
Tarif de Convention (au lieu de 70%). Cela signifie que la sécu vous
rembourse 30% du montant d'une consultation au lieu de 70%. Par exemple, si vous allez chez votre médecin traitant et que celui-ci est conventionné, vous payez 23 euros*. Sur ces 23 euros, la sécu vous rembourse 16 euros et votre mutuelle (ou complémentaire) vous rembouse 7 euros (il
reste 1 euro de participation forfaitaire non remboursable). En
revanche, si le médecin chez qui vous avez pris rendez-vous n'est pas
votre médecin traitant, sur les 23 euros de consultation, la mutuelle
vous remboursera toujours 7 euros, mais la sécu ne vous remboursera plus que 6.90 euros. *Les tarifs de consultation chez les médecins généralistes devraient passer prochainement à 25 euros, suite à une revalorisation proposée par l'Assurance Maladie.
C’est une vieille bataille, dans laquelle
certaines organisations de sages-femmes hésitent à s’engager.
Mardi 28 juin, six organisations de gynécologues se sont inquiétées,
dans un communiqué,
de récentes mesures gouvernementales en faveur de la prise en charge
des patientes directement par des sages-femmes qui, selon ces médecins, « nuisent à la surveillance médicale des femmes ».
Mieux connues pour leur rôle lors des accouchements, les sages-femmes pourront bientôt, à la faveur d’un décret paru le 5 juin, procéder à des interruptions volontaires de grossesse
(IVG) médicamenteuses (possibles jusqu’à sept semaines d’aménorrhée).
En parallèle, le ministère de la santé a lancé le 22 juin une campagne de communication pour mieux faireconnaître l’éventail de leur domaine d’action. Depuis 2009, elles peuvent assurer le suivi gynécologique de femmes en bonne santé (contraception,
frottis…). Une campagne qui rappelle par ailleurs que la plupart des
sages-femmes ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires.
Concurrence
Dans leur communiqué, les organisations de gynécologues fustigent toutefois une campagne qui « suggère que consulter une sage-femme est identique en termes d’accès aux soins à consulter un médecin, alors que les niveaux de formation et de compétence sont loin d’être les mêmes ». Selon elles, il en résulte « une perte de chances pour les femmes », liée àdes risques de « retard au diagnostic et à la mise en place d’un traitement adéquat ». Des déclarations « proches de la diffamation », déplore Marie-Josée Keller, présidente du conseil national de l’ordre des sages-femmes, qui, cette fois, a décidé de répliquer. Le conseil s’est dit, mardi, « profondément attristé » par ces déclarations.
Au cœur du différend, un mot que l’on prononce, de part et d’autre,
du bout des lèvres : la concurrence. De plus en plus, les sages-femmes
ont des compétences qui recoupent celles des gynécologues, à condition
que la patiente soit en bonne santé. Dès lors qu’il y a pathologie, seul
le médecin peut prendre celle-ci en charge. « On ne retire rien au métier de sage-femme », assure Michèle Scheffler, présidente d’honneur de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale. « Mais elles ne peuvent pas remplacer toute la qualité d’un médecin qui a fait douze à quatorze ans d’études », contre cinq pour leurs collègues.
Cette crainte s’est exprimée à travers un récent imbroglio. Avec le recours aux IVG médicamenteuses (57 % des IVG en France métropolitaine), les sages-femmes ont été autorisées à prescrire quatre jours renouvelables d’arrêt de travail à leurs patientes.
Une décision que le Collège national des gynécologues et
obstétriciens français désapprouve. C’est également le cas du Syndicat
national des gynécologues et obstétriciens français (Syngof) : « Tout arrêt de travail relève d’une situation pathologique [qui] relève d’une prise en charge médicale par un médecin »,estime le syndicat représentatif de la profession. Sur le compte Facebook du syndicat, sa secrétaire générale, Elisabeth Paganelli, s’est, elle, fendue d’un texte polémique. Si « tout se passe bien », écrit-elle, la patiente se voit proposer« de choisir le jour de l’expulsion [de l’embryon] un jour férié (…) ou de poser un jour de congé (cela lui évite de donner un arrêt de travail à son employeur et de craindre de devoir s’expliquer avec ses collègues) ». Privilégier un jour de congé plutôt qu’un jour d’arrêt pour pouvoiravorter, la sortie a fait grincer des dents.
Aujourd’hui, la médecin invoque un « malentendu », assurant avoir témoigné du vécu de ses patientes auxquelles elle dit « s’adapter ». « La plupart préfèrent le faire le week-end, car cela leur permet d’être accompagnée de quelqu’un, comme cela est recommandé, en raison des risques d’hémorragie », explique-t-elle. « On ne programme pas une IVG ! » rétorque
Marie-Josée Keller. Plusieurs médecins contactés affirment ainsi faire
en fonction de ce qui est le mieux pour la patiente, selon l’urgence de
la situation, sa profession et sa situation personnelle, quitte à
prescrire un ou plusieurs jours d’arrêt de travail. « Jamais dans ma carrière je n’ai eu à prescrire jusqu’à huit jours pour une IVG médicamenteuse. Si on doit aller jusque-là, c’est qu’il y a un problème », estime toutefois Elisabeth Paganelli, évoquant les risques d’abus. Le syndicat y a même vu « les prémices d’une médecine pleinement exercée par une profession qui ne l’a jamais apprise, avec les risques que cela comporte pour les patientes ».
Débat sur l’accès aux soins
Ces propos ont indigné les organisations de sages-femmes. « On sait où sont nos limites et on sait aussi adresser au médecin quand un cas devient pathologique », s’agace Elisabeth Tarraga, secrétaire générale de l’Organisation nationale syndicale de sages-femmes (ONSSF). « On n’a jamais dit qu’on allait prescrire systématiquement quatre jours d’arrêt de travail », ajoute Mme Keller. La présidente du conseil national de l’ordre rappelle que les sages-femmes ont déjà l’habitude de juger
l’opportunité d’une telle décision, puisqu’elles prescrivent jusqu’à
quinze jours d’arrêt de travail préventif pour les femmes enceintes.
Les organisations de sages-femmes insistent sur le fait que la
plupart du temps, sur le terrain, les relations avec les médecins se
passent bien. Mais elles dénoncent le « corporatisme primaire » de leurs instances représentatives. « Le vrai débat, c’est l’intérêt des patientes et l’accès aux soins », insiste Mme Tarraga.
Dans cette bataille, les sages-femmes savent qu’elles ont les faveurs du gouvernement. Celui-ci voit en elles une piste pour lutter
contre la désertification médicale et l’encombrement des cabinets. Et
ce d’autant plus que, selon les chiffres publiés mercredi 29 juin par la
Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des
statistiques (Drees), le mois d’août est celui où le nombre d’IVG est le
plus bas. Or c’est aussi celui où les structures et les praticiens
réalisant cet acte sont les moins disponibles.
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/sante/article/2016/06/30/la-bataille-entre-les-gynecologues-et-les-sages-femmes-est-rouverte_4960847_1651302.html#dVcPYjBBRKeuywv6.99
Les mesures-chocs de l’Australie contre la cigarette
M le magazine du Monde
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• Mis à jour le
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Par Caroline Taïx (Sydney, correspondance)
Après le paquet neutre et les prix prohibitifs,
le gouvernement australien veut interdire la vente de tabac aux
personnes nées après 2001.
L’Australie, l’un des pays les plus antitabac au monde, sait se montrer innovant dans sa lutte contre la cigarette. Le paquet neutre, qui arrive tout juste en France,
y est apparu fin 2012. Dans les magasins, les cigarettes sont cachées
derrière le comptoir du vendeur, enfermées dans un placard où figure le
message : « Fumer tue » ou « Arrêtez de fumer ». Le prix : 26,50 dollars
australiens (16,76 euros) pour l’une des marques les plus achetées dans
le monde. Et le paquet, couleur kaki, est couvert d’images chocs de personnes gravement malades à cause du tabac.
Mais l’Australie ne va pas s’arrêter en si bon chemin. En mai, les
mauvaises nouvelles se sont accumulées pour les fumeurs invétérés. Cela a
démarré avec la présentation du budget 2016-2017, dont l’une des
mesures fortes vise la consommation de tabac. A partir
de septembre 2017, chaque année, pendant quatre ans, le prix des
paquets de cigarettes augmentera de 12,5 %. Il s’élèvera à près de
27 euros en 2020. Autre mesure restrictive : les fumeurs devront renoncer
aux cartouches détaxées des aéroports ou rapportées de l’étranger :
seulement 25 cigarettes par voyageur, contre 50 jusqu’ici, sont
désormais autorisées par voyageur. Et le gouvernement va augmenter les moyens consacrés à la lutte contre le trafic. Ces mesures devraient rapporter 4,7 milliards de dollars australiens (3 milliards d’euros) à l’Etat.
Le Queensland, dans le nord-est du pays, où environ 3 700 personnes meurent chaque année à cause du tabac, enfonce le clou. « Peut-être qu’un jour, il n’y aura plus de fumée dans notre Etat », s’est récemment pris à rêver Mark McArdle, chargé des questions de santé dans l’opposition libérale. Le 16 mai, le président de l’influente ONG Cancer Council Queensland, Jeff Dunn, a proposé d’interdire la vente de cigarettes aux personnes nées après 2001. « Cela voudrait dire que les jeunes de 15 ans n’auront jamais le droit de fumer », a-t-il expliqué.
Le ministre de la santé de l’Etat, le travailliste Cameron Dick, réfléchirait à cette proposition. Il a fait déjà voter en février une loi renforçant considérablement la lutte contre le tabac. Ainsi est-il désormais interdit de vendre des cigarettes dans les festivals, de fumer
aux arrêts de bus, de taxi, à proximité des zones réservées aux
enfants, dans des rues piétonnières, dans les zones de restauration,
etc. Il a même été question d’inclure les balcons privatifs, mais la
mesure a été abandonnée, certains dénonçant une atteinte aux libertés
individuelles. Cameron Dick s’est félicité mi-mai : « Fumer est clairement devenu socialement inacceptable dans le Queensland. » Lire aussi :Le paquet de tabac neutre est-il efficace ? Le cas de l’Australie
Les autres Etats ne sont pas en reste. Le Victoria, où est situé
Melbourne, allonge régulièrement la liste des lieux sans tabac. La
Tasmanie vient de proposer l’interdiction de fumer jusqu’à l’âge de 21, voire 25 ans. En Nouvelle-Galles du Sud, allumer une cigarette sur une plage de Sydney, c’est s’exposer à une amende de 110 dollars (71 euros).
Toutes ces mesures seraient efficaces à en croire
les chiffres du gouvernement : en 1993, 25 % des personnes de plus de
14 ans fumaient, et elles n’étaient plus que 12,8 % en 2013. Et si un
tiers des Aborigènes continuent de fumer, la tendance est là aussi à la
baisse. Pour la renforcer, l’actuelle campagne antitabac diffusée à la télévision et à la radio s’adresse spécialement à cette communauté.
Caroline Taïx (Sydney, correspondance)
Journaliste au Monde
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2016/05/30/cigarette-non-grata-en-australie_4928706_4497271.html#x7CKXDh7SLYkSDIy.99
Une commission de l'ONU chargée de proposer des solutions à la pénurie de professionnels de la santé dans les pays pauvres
Des
professionnels de santé discutent de l’état d’un patient atteint de la
fièvre de Lassa au Sierra Leone. Photo: UNICEF/Tanya Bindra
2 mars 2016 – Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a
annoncé mercredi la création d'une Commission sur l'emploi dans la santé
et la croissance économique, qui sera chargée de proposer des solutions
pour remédier aux inégalités entre pays riches et pauvres en matière de
professionnels de la santé.
« L'économie mondiale devrait créer environ 40 millions de nouveaux
emplois dans le secteur de la santé d'ici 2030, principalement dans les
pays à revenu intermédiaire et élevé », a déclaré M. Ban dans un
communiqué de presse rendu public par un porte-parole de l'ONU. « Malgré
cette croissance, nous anticipons une pénurie de 18 millions de
professionnels de la santé dans les pays à faible revenu ou à revenu
intermédiaire de la tranche inférieure », a-t-il ajouté.
La nouvelle Commission aura précisément pour tâche de proposer des
actions afin de remédier à ces inégalités et de stimuler la création
d'emplois dans la santé et le secteur social, en faveur d'une croissance
économique inclusive.
« Avoir un nombre suffisant de professionnels de la santé, capables de
répondre aux besoins de la population et bien réparties dans le monde
entier, sera essentiel à la réalisation des objectifs de développement
durable », a déclaré le Secrétaire général. « Je pense que cette
Commission apportera une contribution importante à la réalisation de la
couverture maladie universelle, la création d'emplois décents et une
croissance économique inclusive et transformative ».
La Commission a été créée suite à l'adoption par l'Assemblée générale de
l'ONU d'une résolution reconnaissant le rôle de « l'investissement dans
de nouvelles opportunités d'emploi du personnel de santé » dans la mise
en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et
priant le Secrétaire général d'envisager « des mesures pour répondre à
la pénurie mondiale des professionnels de la santé ».
La Commission sera co-présidée par le Président français François
Hollande et le Président sud-africain Jacob Zuma, a indiqué le chef de
l'ONU, précisant qu'environ 25 commissaires issus d'horizons
professionnels divers seront nommés prochainement.
La Commission tiendra sa première réunion le 23 mars 2016 et rendra son
rapport final en marge de la 71ème session de l'Assemblée générale, en
septembre 2016, a indiqué M. Ban.
Accessibilité, informatisation, qualité des soins... le
Québec se retrouve le plus souvent parmi les derniers de classe, montre
une enquête internationale sur les politiques de santé du Commonwealth
Fund de 2015.
Ce sondage a été effectué entre mars et juin 2015 auprès de plus
de 11 000 médecins de famille dans 10 pays, dont 455 au Québec, afin de
recueillir des données sur leurs perceptions et leurs expériences de
soin. Il s’agit de la troisième enquête du genre, après celles de 2009
et de 2012
«Il est préoccupant de constater que, dans tous les domaines
mesurés, les résultats du Québec se situent pour la plupart en deçà de
ceux du Canada et de l’Ontario», soulève le Commissaire à la santé et au
bien-être, Robert Salois, qui a financé un suréchantillonnage afin de
pouvoir comparer le Québec avec les autres provinces et les pays
participants.
De manière générale, l’accès aux soins reste difficile au Québec,
et l’on observe peu d’amélioration depuis 2009. Ainsi, à peine 13 % des
médecins de famille affirment que leurs patients peuvent obtenir un
rendez-vous le jour même ou le suivant. En Ontario, ce pourcentage
atteint 37 % et il est en moyenne de 47 % dans les pays sondés.
Malgré ce manque d’accessibilité, seulement un médecin sur trois
indique que son cabinet a mis en place des mesures d’accès pour les
patients en dehors des heures d’ouverture de la clinique. La proportion
est de 67 % en Ontario et est supérieure à 80 % dans plusieurs pays
participants.
L’accès à un médecin spécialiste n’est guère mieux, puisque la majorité
des médecins de famille québécois considère que ses patients doivent
souvent attendre longtemps avant d’obtenir une consultation médicale
spécialisée. Retard important
En dépit de ce constat, à peine 13 % des médecins de famille
québécois affirment que leur performance clinique est comparée à des
cibles de performance au moins une fois par an. Le Québec accuse un
retard important à ce chapitre. Dans cette enquête, c’est le résultat le
plus faible. En comparaison, les deux tiers des médecins ontariens
mesurent leur performance clinique.
Les médecins de famille du Québec travaillent en moyenne 35,3
heures par semaine en clinique, alors que ce nombre est de 43,1 heures
chez leurs collègues ontariens. Les médecins québécois passent toutefois
davantage de temps avec leurs patients (24,6 minutes en moyenne). Opinion négative
À l’instar des patients, seulement le quart des médecins de
famille québécois pense que le système de santé fonctionne assez bien.
Ce pourcentage dépasse 50 % dans plusieurs pays.
L’enquête fait en outre ressortir une amélioration notable au
Québec du recours aux technologies de l’information. Au cours des six
dernières années, la proportion de médecins de famille qui utilise des
dossiers médicaux électroniques a triplé, passant de 20 % à 61 %.
Le Québec a du retard à rattraper, car les médecins de famille de nombreux pays sont déjà informatisés.
Le Commonwealth Fund est une organisation américaine à but non
lucratif dont le mandat vise à soutenir la prise de décision dans le
domaine de la santé.
Enquête internationale sur les systèmes de soins : le Québec parmi les derniers de classe 347 Autres Johanne Roy Johanne Roy Jeudi, 28 janvier 2016 10:00 MISE à JOUR Jeudi, 28 janvier 2016 10:00 Accessibilité, informatisation, qualité des soins... le Québec se retrouve le plus souvent parmi les derniers de classe, montre une enquête internationale sur les politiques de santé du Commonwealth Fund de 2015. Ce sondage a été effectué entre mars et juin 2015 auprès de plus de 11 000 médecins de famille dans 10 pays, dont 455 au Québec, afin de recueillir des données sur leurs perceptions et leurs expériences de soin. Il s’agit de la troisième enquête du genre, après celles de 2009 et de 2012 «Il est préoccupant de constater que, dans tous les domaines mesurés, les résultats du Québec se situent pour la plupart en deçà de ceux du Canada et de l’Ontario», soulève le Commissaire à la santé et au bien-être, Robert Salois, qui a financé un suréchantillonnage afin de pouvoir comparer le Québec avec les autres provinces et les pays participants. De manière générale, l’accès aux soins reste difficile au Québec, et l’on observe peu d’amélioration depuis 2009. Ainsi, à peine 13 % des médecins de famille affirment que leurs patients peuvent obtenir un rendez-vous le jour même ou le suivant. En Ontario, ce pourcentage atteint 37 % et il est en moyenne de 47 % dans les pays sondés. Malgré ce manque d’accessibilité, seulement un médecin sur trois indique que son cabinet a mis en place des mesures d’accès pour les patients en dehors des heures d’ouverture de la clinique. La proportion est de 67 % en Ontario et est supérieure à 80 % dans plusieurs pays participants. L’accès à un médecin spécialiste n’est guère mieux, puisque la majorité des médecins de famille québécois considère que ses patients doivent souvent attendre longtemps avant d’obtenir une consultation médicale spécialisée. Retard important En dépit de ce constat, à peine 13 % des médecins de famille québécois affirment que leur performance clinique est comparée à des cibles de performance au moins une fois par an. Le Québec accuse un retard important à ce chapitre. Dans cette enquête, c’est le résultat le plus faible. En comparaison, les deux tiers des médecins ontariens mesurent leur performance clinique. Les médecins de famille du Québec travaillent en moyenne 35,3 heures par semaine en clinique, alors que ce nombre est de 43,1 heures chez leurs collègues ontariens. Les médecins québécois passent toutefois davantage de temps avec leurs patients (24,6 minutes en moyenne). Opinion négative À l’instar des patients, seulement le quart des médecins de famille québécois pense que le système de santé fonctionne assez bien. Ce pourcentage dépasse 50 % dans plusieurs pays. L’enquête fait en outre ressortir une amélioration notable au Québec du recours aux technologies de l’information. Au cours des six dernières années, la proportion de médecins de famille qui utilise des dossiers médicaux électroniques a triplé, passant de 20 % à 61 %. Le Québec a du retard à rattraper, car les médecins de famille de nombreux pays sont déjà informatisés. Le Commonwealth Fund est une organisation américaine à but non lucratif dont le mandat vise à soutenir la prise de décision dans le domaine de la santé.
Accès aux soins de santé : le Canada à la traîne
Mise à jour le jeudi 28 janvier 2016 à 12 h 56 HNE
SANTÉ. Le Complexe santé Lévis-Les Rivières a
officiellement été inauguré ce matin, à Saint Nicolas. Le nouveau
bâtiment érigé au coût 16 M $ propose une pluralité de services santé.
La clinique regroupe 24 médecins de famille, 21
sont basés à Saint-Nicolas, tandis que trois autres pratiquent au Centre
médical de Saint-Agapit.
Également, plusieurs spécialistes du secteur de la santé seront
accessibles pour la clientèle, des chirurgiens, des gynécologues, des
infirmières, des orthopédistes, des psychiatres, des pneumologues et des
nutritionnistes pour ne nommer que ceux-là. L'établissement propose un
service sans rendez-vous 7 jours sur 7.
«Notre objectif est de donner accès à un médecin de famille à la
clientèle inscrite. Notre mandat additionnel est d'offrir un service aux
patients orphelins qui n'ont pas de médecin», a expliqué le docteur au
Complexe santé Lévis-Les Rivières, Normand Thériault.
Pour sa part, le président-directeur général du Centre intégré de
santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches, Daniel Paré, était
très heureux d'assister à l'ouverture officielle de cette réalisation
d'envergure.
«Le Complexe santé Lévis-Les Rivières bonifie notre offre de
services en santé en Chaudière-Appalaches. C'est une grande fierté pour
moi d'être ici», a-t-il mentionné. Solution
Quant à lui, le radiologiste Yan Boudreau a prévenu que cette
clinique n'est pas la solution à tous les problèmes, mais que «c'est un
pas dans la bonne direction.» Pour lui, le mot d'ordre est simple, une
personne malade doit être soignée le plus rapidement possible.
L’économie des seniors se transforme en économie connectée
Le vieillissement de la population ouvre de nouveaux marchés liés à l’informatique et à la télécommunication
La pyramide des âges n'est
plus une pyramide. Elle ressemble à un ballon de football, aujourd'hui
déformé, qui s'arrondira ces prochaines décennies, comme l'ont constaté,
jeudi à Fribourg, la centaine de participants à un forum franco-suisse
sur la "silver economy".
Cette expression, désormais
consacrée dans les milieux qui se penchent sur les conséquences du
vieillissement de la population, n'a aucun rapport avec les matières
premières et le commerce de l'argent. Il est certes aussi question de
commerce, mais de celui qui doit mieux convenir à la génération des
"baby boomers" aux cheveux devenus courts et argentés, et dont la
démarche se fait hésitante.
Les nouveaux services aux seniors,
évoqués durant le forum organisé par la Haute Ecole spécialisée de
Suisse occidentale (HES-SO), le service de coopération et d’action
culturelle de l’Ambassade de France en Suisse et Business France en
Suisse, seront fortement axés sur les appareils connectés. "La silver
economy représente un énorme marché encore mal développé car il est tenu
par de grandes entreprises historiquement proches des institutions de
santé", constate Serge Grisard, patron de Vigisense, petite société
genevoise à caractère international spécialisée dans la mise en réseau
de systèmes d'alarmes santé.
"La personne dite âgée s'étend
aujourd'hui sur deux générations, ce qui signifie que les seniors
peuvent booster l'économie", relève Pia Coppex-Gasche, de l'Ecole de
santé lausannoise La Source. "Les seniors ne doivent pas être considérés
comme un poids pour la société, mais comme une chance", ajoute Luciana
Vaccaro, recteur de la HES-SO. En 2020 en Suisse, les plus de 64 ans
seront plus nombreux que les moins de 20 ans, et dès 2045, le nombre de
personnes de plus de 80 ans pourrait dépasser le million.
L'augmentation
de l'espérance de vie entraînée par des soins médicaux de plus en plus
performants induit de profonds changements de société et une nette
réorientation vers les besoins des seniors qui ne seront plus d'accord,
comme la génération précédente, d'être "parqués" dans des homes à
attendre la mort dès qu'ils ont perdu une partie de leur autonomie.
"Neuf personnes âgées sur dix désirent rester à la maison, même si elles
sont fragilisées", constate Henk Verloo, professeur à l'Ecole de santé
La Source, qui dirige une étude sur les besoins réels des seniors. "Trop
d'études ont été réalisées de haut en bas, sans se soucier des demandes
concrètes des seniors", souligne-t-il.
Les objectifs du projet,
étalé deux ans, sont de trouver des solutions pour préserver l'autonomie
des seniors, lutter contre la solitude de beaucoup d'entre eux, et
améliorer leur alimentation. Swisscom et Migros participent au
financement de l'étude. Le grand distributeur cherche notamment à mieux
comprendre les besoins des personnes âgées afin de pouvoir faciliter
leurs achats.
Les progrès de l'informatique et des technologies
des objets connectés ouvrent d'énormes possibilités de mise au point de
systèmes de prévention et de contrôle de la santé des seniors. Andres
Perez-Uribe, professeur d'informatique à l'Ecole d'ingénieurs
d'Yverdon-les-Bains (HEIG-VD), travaille sur un système de
reconnaissance, par un logiciel, des activités quotidiennes d'un senior.
Toute anomalie de comportement (chute, perte d'orientation, confusion),
détectée par un smart phone ou une montre connectée, serait ainsi
signalée. Mais les progrès technologiques ont obligé les chercheurs à
réorienter leur étude. "Au début, nous avons travaillé avec un système
de reconnaissance vidéo pour enregistrer les données de comportement.
Aujourd'hui, nous utilisons les téléphones portables et les montres
connectées, ce qui facilite grandement la récolte des informations",
constate-t-il.
Les aides géolocalisées commencent à être mises au
point. "Un déambulateur qui permet à un senior de retrouver son chemin
et qui freine automatiquement en cas de danger va bientôt être lancé sur
le marché", constate Viviane Pasqui, professeur associé à l'Université
parisienne Pierre et Marie Curie, qui cite aussi une canne japonaise
munie d'un système GPS.
En Suisse aussi des sociétés émergent.
"Vigisense décolle financièrement après 5 ans. On profite du boom des
objets connectés", constate Serge Grisard, qui emploie 25 personnes dans
la commercialisation d'un système de liaison, via une antenne bluetooth
locale, des appareils de contrôle de santé dans un établissement de
soins. http://www.letemps.ch/economie/2015/10/29/economie-seniors-se-transforme-economie-connecte
Projet lémanique pour former davantage de médecins
Les universités de Genève et Lausanne, ainsi que l'EPFL, proposent de
former une quarantaine d'étudiants, possédant des bachelors scientifiques ou
d'ingénieurs
Les universités de Genève et Lausanne, ainsi que l’EPFL, préparent leur
riposte. Suite à la
publication d’un rapport commandé par le Secrétariat d’Etat à la
formation, qui préconise la création d’écoles de médecine à l’américaine
pour lutter contre la pénurie de médecins en Suisse, les hautes écoles
lémaniques peaufinent une contre-proposition commune: au lieu du modèle
des «Medical Schools», elles entendent développer à plus large échelle
l’année passerelle actuellement réservée à un petit nombre d’étudiants.
L’idée? Permettre à une quarantaine de détenteurs d’un bachelor
scientifique d’entrer en médecine après une année de raccordement,
explique Jean-Daniel Tissot, le doyen de la Faculté de biologie et de
médecine de l’Université de Lausanne. «L’EPFL mène en effet des
discussions avec ses partenaires, l’Université de Lausanne et
l’Université de Genève sur le futur de la formation en médecine»,
confirme Madeleine von Holzen, la porte-parole de l’EPFL, sans entrer
dans le détail du projet pour l’instant.
Cette année
passerelle existe depuis trois ans pour donner à certains étudiants la
possibilité de se réorienter vers les études médicales, en rattrapant
des matières comme la physiologie ou l’anatomie par exemple. Elle permet
ainsi à des bacheliers ou à des titulaires de masters venant de l’EPFL,
de facultés des sciences et de biologie d’accéder au master en
médecine. Ceci sur dossier et sur la base d’un entretien. «Peut-on
élargir cette possibilité? La réponse est clairement positive», affirme
Jean-Daniel Tissot. Aujourd’hui, entre 5 et 10 personnes en bénéficient
chaque année, le projet est de passer à une quarantaine; 20 places en
master seraient garanties à Lausanne, dix à Genève, des discussions sont
en cours pour les 10 places restantes.
«Ces 40 médecins
supplémentaires seraient surtout des médecins ingénieurs orientés vers
la médecine de pointe, la recherche, l’ingénierie, par exemple en
radiologie ou en médecine nucléaire. Un autre domaine que nous pourrions
développer conjointement avec l’EPFL concerne le développement d’outils
de simulation pour les étudiants, par exemple en réanimation ou en
dissection», poursuit Jean-Daniel Tissot.
«Notre projet est basé
sur 7 ans d’études. Nous n’entrons pas en matière sur un modèle de
formation en six ans (trois en bachelor et trois en master)», souligne
le doyen. Une formation au cours de laquelle les étudiants commencent
leurs études dans un domaine scientifique, puis suivent une école
médicale plus professionnalisante: cela ressemble davantage à la
formation anglo-saxonne. Ce système a notamment séduit l’ancien recteur
de l’Université de Bâle Antonio Loprieno, mandaté par la Confédération
pour rédiger un rapport sur la formation médicale. Depuis que ce texte a
été publié, il déclenche de nombreuses réactions hostiles. «Cela ne
correspond pas à notre culture. En Europe, la pédagogie médicale s’est
mise en place différemment avec le développement de connaissances
intellectuelles et de compétences médicales pratiques en parallèle dès
le début du cursus», commente Laurent Bernheim, vice-doyen en charge de
l’enseignement à la Faculté de médecine de l’Université de Genève.
Grandes manoeuvres
Le
projet lémanique, comme le rapport Loprieno, s’inscrit dans un contexte
de grandes manœuvres pour aménager, réformer et développer les études
de médecine. Dans sa «stratégie pour lutter contre la pénurie de
médecins et encourager la médecine de premier recours», le Conseil
fédéral était parvenu à une estimation des besoins en formation: il
fallait, selon lui, entre 1200 et 1300 médecins supplémentaires par an,
soit une hausse d’environ 40% des 700 à 800 diplômes délivrés chaque
année en Suisse. Pour soutenir l’augmentation du nombre d’étudiants,
quelques 100 millions sur quatre ans ont été promis par la Confédération
en juin dernier; ce crédit fera partie du Message sur la formation, la
recherche et l’innovation 2017-2020, qui devrait être présenté au début
2016.
La promesse de cette manne fédérale a excité les ambitions.
Plusieurs cantons et hautes écoles ont développé des projets d’études de
médecine. C’est le cas du Tessin (pour un master), de Saint-Gall, de
l’EPFZ (avec un projet de bachelor) ou de Fribourg. Le Conseil d’Etat a
confirmé mardi que le canton bilingue souhaite mettre en place un master
«avec un programme orienté vers la médecine de famille», après le
bachelor déjà proposé à l’Université de Fribourg. Le «nombre de médecins
formés en Suisse ne couvre pas les besoins (du) système sanitaire qui
fait massivement appel aux diplômés venant de l’étranger», constate le
gouvernement.
Le projet lémanique, lui, ne vise pas spécifiquement
la médecine de premier recours; il s’agit plutôt, en formant des
ingénieurs-médecins de «répondre aux enjeux technologiques du futur et
aux besoins d’une médecine hautement spécialisée», souligne Laurent
Bernheim. «Nous réfléchissons à la meilleure manière de réinventer et de
développer la formation médicale», complète Jean-Daniel Tissot.
S’agissant de la lutte contre la pénurie, les deux facultés de médecine
ne partent pas de zéro. Elles ont déjà augmenté leurs capacités: à
Lausanne, le nombre de diplômés passera de 110 en 2009 à 220 en 2019; à
Genève 150 médecins seront formés chaque année dès l’année prochaine,
soit un total de 370 par an. «La Suisse romande représentant 25% de la
population, on peut ainsi considérer, estime Laurent Bernheim, qu’elle
forme suffisamment de médecins, contrairement à la Suisse alémanique.»
C’est sans doute ce qui explique que le dossier soit bien plus brûlant
et polémique outre-Sarine.
Pourquoi lutter contre la surmédicalisation est si difficile
Traiter moins pour soigner mieux: 400 médecins ont présenté lors d’un récent
congrès à Lugano des initiatives pour réduire les thérapies inutiles. Mais les
résistances sont encore nombreuses, souvent pour des raisons financières
Le principe est ancré dans l'inconscient collectif: bénéficier de plus
de soins médicaux permettrait d'être en meilleure santé. Pourtant, cette idée
préconçue d'une médecine triomphante est aujourd'hui mise à mal par une réalité
économique implacable, celle de l'explosion des coûts des systèmes de santé,
responsable en Suisse de la douloureuse et constante augmentation des primes
d'assurances maladie.
Les preuves scientifiques tendent également à s'accumuler contre la multiplication
de certains gestes médicaux coûteux et inutiles, voire délétères pour le
patient dans certaines circonstances.On pense notamment au dosage systématique
de l'antigène prostatique spécifique (PSA) pour dépister le cancer de la
prostate, à la poursuite à long terme d'un traitement d'inhibiteurs de la pompe
à proton (contre l'acidité gastrique), à la prescription d'antibiotiques en cas
d'infections des voies aériennes supérieures sans signe de gravité ou encore au
fait d'effectuer des radios pour des douleurs lombaires récentes et peu
inquiétantes. Autant d'actes qui sont de potentielles sources d’effets
secondaires importants, ou encore de faux positifs, lorsque des
cancers ou d’autres maladies sont diagnostiqués à tort.
22% d'actes inutiles en Suisse
Ce constat a fait émerger une tendance de fond, celle du less is more.
Lancée en 2012 par l'American Board of Internal Medicine aux Etats-Unis, la
campagne Choosing Wisely a
rapidement fait des petits. Elle a depuis été adoptée par 17 pays, dont la
Suisse en 2014. Le mouvement, qui vise notamment la publication de listes
d'interventions n'apportant pas de bénéfices pour les patients mais aussi à
sensibiliser le public à la problématique de la surmédicalisation, cherche à
atteindre une rationalisation des soins sans pour autant les rationner.
Aux Etats-Unis, où 30% des actes médicaux sont jugés inutiles, près de 70
sociétés de spécialistes ont adhéré au mouvement en créant leurs propres
directives.
Mais l’enthousiasme est loin d'être partagé dans notre pays. Jusqu'à
présent, seule la société suisse de
médecine interne, véritable pionnière, s'est lancée dans l'aventure en
publiant sa propre liste en 2014, qui sera suivie de directives visant la
médecine interne en milieu hospitalier au printemps 2016. Elle sera peut-être
imitée prochainement par la société suisse d'Oto-Rhino-Laryngologie.
En attendant, nous sommes loin de faire figure de modèle. Dans une enquête
menée par comparis.ch en 2012, 22 % de la population estimait avoir été
traitée inutilement par un médecin. Encore plus inquiétant, 34 % des poses
de stents cardiaques y seraient inadaptés, les taux d'arthroscopies y augmentent
de 20 % par an et l'on pratique deux fois plus de pose de prothèses de
hanche et de genoux que chez nos voisins français.
Primes des médecins
Cette multiplication d’actes médicaux aux bénéfices douteux interroge de
nombreux spécialistes. «Pourquoi les praticiens ne prennent-ils pas toujours
des décisions dans l'intérêt des patients?, s'interroge Jürg Schlup, président
de la Fédération des médecins suisses (FMH). Cela s'explique principalement par
des questions de conflits d'intérêts économiques». Ainsi, les primes perçues
par près de 20 % des médecins-adjoints et des médecins-chefs pour des
actes lucratifs, ruinerait en premier lieu tout effort de rationalisation des
soins.
«Aussi longtemps que vous êtes payé à l'acte, il n'y a pas beaucoup
d'incitations à réduire le nombre de vos prestations, précise le conseiller
national Ignazio Cassis (PLR/TI), vice-président de la commission de la
sécurité sociale et de la santé. C'est pourquoi les résistances sont bien plus
nombreuses dans le secteur ambulatoire qu’hospitalier.»
L'intention de se protéger d'éventuels conflits juridiques pousse également
à la multiplication des tests. «Beaucoup pratiquent aujourd'hui une médecine
défensive, s'inquiète Jürg Schlup. 41% des généralistes et 43% des internistes
ont ainsi reporté avoir fait un dépistage du PSA pour se protéger des litiges.»
Le problème est que personne ne se sent vraiment responsable, il n'y a ni
institut ni argent pour mener ce genre d'étude en Suisse
Un frein majeur réside également dans le manque de monitorage systématique
de la campagne en Suisse, une procédure indispensable si l'on souhaite mesurer
les impacts réels de ce mouvement et influencer en profondeur les pratiques. A
San Francisco par exemple, une étude par départements et par praticiens a permis
de réduire considérablement le taux de transfusions sanguines sans effets
néfastes sur les patients. «Ce genre de données peuvent clairement modifier les
comportements des médecins», confirme Wendy Levinson, professeure de médecine à
Toronto et responsable de la campagne canadienne de Choosing Wisely.
«Le problème est que personne ne se sent vraiment responsable, il n'y a ni
institut ni argent pour mener ce genre d'étude en Suisse, déplore le professeur
Nicolas Rodondi, médecin-chef à l'Inselspital de Berne et coordinateur d'un
projet à l'échelle européenne sur la surprescription de médicaments aux
personnes âgées. Autant dire que l'industrie n'y trouverait aucun intérêt et
les assurances argumentent qu’elles ne peuvent pas soutenir financièrement un tel
monitorage car les dispositions de la Lamal ne le permettent pas.»
Initiatives isolées
Ce manque de coordination entre les professionnels de la santé a des
conséquences:«En Suisse, contrairement au Canada où les acteurs concernés se
sont mis autour de la table, aucun objectif concret n'a encore été fixé,
explique Oliver Peters, vice-directeur de l'Office Fédéral de la Santé
Publique. Il est dès lors très difficile de mettre en place un monitorage. De
plus, de nombreux prestataires ne se trouvent pas sous le contrôle public. Le
secteur ambulatoire est largement privé et donc peu structuré, contrairement au
milieu hospitalier où les résultats sont davantage mesurables.»Des initiatives
ont toutefois vu le jour afin de contrer cette inertie.
Le canton du Tessin a ainsi décidé de comparer les pratiques des différents
services de quatre de ses hôpitaux dans l'utilisation des benzodiazépines, la
prescription d'antibiotiques et d'inhibiteurs de la pompe à proton. Des
résultats communiqués de façon transparente à tous les acteurs concernés.
Une démarche similaire a également vu le jour au niveau national par
l'équipe des professeurs Rodondi et Aujesky à Berne. Après une année, les
négociations sont toujours en cours afin d’obtenir l’accès aux données
collectées par l'Office Fédéral de la statistique. Elles permettront de
comparer la surutilisation, au sein des hôpitaux suisses, d'une dizaine de
procédures telles que les hystérectomies, l’utilisation de stents cardiaques,
les vertébroplasties ou encore la pose de prothèses orthopédiques. «Nous
espérons les premiers résultats au cours des six premiers mois de l'année
prochaine», précise Nicolas Rodondi.
Si l'on se fiche de qui paie la facture, le système court à sa perte
Au final, l'autre versant de ce changement de paradigme concerne les
patients eux-mêmes. Car les progrès médicaux ont eu pour corollaire de susciter
des attentes énormes, alimentées par l'explosion des primes. «C'est la raison
pour laquelle cette situation doit être soutenue par les organisations de consommateurs,
argumente Ignazio Cassis. Il y a une certaine divergence entre le fait que l'on
se plaigne chaque automne des primes qui augmentent et le fait que celles-ci
doivent objectivement couvrir les coûts. Si l'on se fiche de qui paie la
facture, le système court à sa perte. Il faut donc une action citoyenne plus
forte.»
Une démarche de sensibilisation qu’a entrepris la Fédération Romande des
Consommateurs (FRC): «Nous allons établir, sur la base de tables rondes entre
soignants et assurés, une check-list permettant aux patients de mieux se
préparer à un entretien chez le médecin», explique Mathieu Fleury, secrétaire
général de la FRC. Cette initiative prendra la forme de fiches devant paraître
en 2016 et aura notamment pour but d'initier une communication plus
constructive entre le patient et son médecin.
Cinq questions à poser à son médecin pour limiter les risques de
surdiagnostic 1. Ces tests, j’en ai vraiment besoin? Un examen sur trois
serait inutile, selon les estimations. 2. Quels sont les risques? Il faut connaître les effets secondaires
ou la probabilité de faux positifs. 3. Y a -t-il des options plus simples ou plus sûres? Parfois, changer
son mode de vie peut conduire aux mêmes résultas qu’un traitement
médicamenteux. 4. Qu’est-ce qui se passera si l’on ne fait rien? Certaines
opérations, comme celles du dos, n’induisent pas de bénéfices particuliers. 5. Combien cela va coûter? Il n’est pas inutile de demander si les
procédures seront couvertes par l’assurance maladie ou si il existe des génériques. http://www.letemps.ch/sciences/2015/10/09/lutter-contre-surmedicalisation-difficile
Un remède réussit à freiner la pénurie de généralistes
SantéLe cursus ForOm pour
les médecins de famille, lancé en 2010, a débouché sur l’installation de onze
d’entre eux dans le Nord vaudois.
Hanga Monigel (à gauche) et Laure Sewer-Burdet ont choisi de se mettre à
leur compte, dans une permanence médicale à la policlinique d’Orbe. Elles y
travaillent avec leur collègue Fabien Saillen, rencontré lors de la formation
ForOm NV. Image: CHRISTIAN BRUN
Faire collaborer les cabinets de médecins privés, les hôpitaux, les membres
d’interprofessions et les docteurs encore en formation: c’est le défi que s’est
fixé un groupe de professionnels de la santé il y a cinq ans dans le Nord
vaudois en proposant aux jeunes praticiens une formation postgraduée en
médecine interne, ForOm NV. La sonnette d’alarme a été tirée il y a une dizaine
d’années, lorsque les directeurs sanitaires cantonaux se sont rendu compte
qu’il y aurait bientôt une pénurie de généralistes.
Le signal a été particulièrement bien reçu dans le Nord vaudois, qui a lancé
ForOm en 2010, profitant de la très forte impulsion de la santé publique. En
cinq ans, ce système a débouché sur l’installation de onze généralistes
indépendants, âgés de 34 à 43 ans, dans le Nord vaudois et le Gros-de-Vaud.
«Notre objectif de base est atteint, se réjouit le coordinateur de cette
formation, le Dr Olivier Pasche, à l’heure du premier bilan. Ces installations
sont un beau salaire.» Un réseau solide
Mardi dernier, ce sont Laure Sewer-Burdet et Hanga Monigel qui ont ouvert
leur permanence médicale à la policlinique d’Orbe, cabinet qu’elles partagent
avec Fabien Saillen. Tous souhaitaient devenir médecin de famille, pour la
diversité du métier et pour pouvoir créer des liens à long terme avec leurs
patients. Une vocation qu’ils ont pu réaliser après un passage dans le cursus
ForOm. C’est aussi par ce biais qu’ils ont appris que des médecins étaient
recherchés à Orbe, à la suite du départ à la retraite du docteur Claude Cachin.
«Cette formation nous a permis de travailler à l’hôpital et en cabinet avec
des médecins qui ont de la bouteille, ce qui est très enrichissant, raconte
Laure Sewer-Burdet. Au final, on se connaît tous, on peut s’appeler au besoin,
cela va au-delà de la simple collaboration professionnelle.» Le fait qu’une
structure fédère des personnes suivant le même but permettrait aussi de
valoriser le métier de généraliste. «On est plus reconnu aujourd’hui», estime
la doctoresse Sewer-Burdet.
Depuis cinq ans, une cinquantaine de médecins ont suivi ce cursus. Une
trentaine de personnes s’y intéressent chaque année. «On sent qu’il y a une
émulation, que certains ont envie d’être médecin de famille et ne veulent pas
rater le coche, ajoute Olivier Pasche. Ils sentent qu’ils ne sont pas seuls
dans ce cas.» Ancrage régional
En leur proposant une formation allant de six mois à cinq ans dans une même
région géographique, ForOm a aussi misé sur le fait que ces jeunes praticiens
s’installeront pour de bon dans la région, en y fondant peut-être une famille.
Ce qui a l’air de fonctionner. «Je suis venue travailler dans le Nord vaudois
pour prendre part à ForOm, confirme Hanga Monigel. Et ça me plaît bien, ce
cursus est aussi une belle publicité pour la région.»
Pour Jean-François Cardis, directeur général des Etablissements hospitaliers
du Nord vaudois (EHNV), l’un des principaux partenaires du projet, cet ancrage
régional est une réussite. «Je suis très content que cette idée ait émergé il y
a cinq ans et surtout qu’elle se soit concrétisée sur le terrain, note-t-il. Il
y a eu un vrai investissement pour garder les médecins ici après leur
formation.»
Ces nouvelles installations tombent à pic, les départs de médecins de
campagne atteignant l’âge de la retraite se succédant. «A cause de la clause du
besoin notamment, qui a interdit la création de cabinets indépendants pendant
des années, il y a eu un trou, constate Olivier Pasche. Il y a par exemple peu
de médecins de famille quinquagénaires alors que nombre d’entre eux arrivent à
la retraite. ForOm a été lancé au bon moment pour compenser un peu les
départs.» Paysage en mutation
Ce cursus a aussi redynamisé les liens entre les médecins installés et les
hôpitaux. Un fossé s’était creusé entre ces deux milieux dans les années 2000,
constate Olivier Pasche. «Dans les années 1950-1960, les médecins de famille
suivaient leurs patients jusque dans les hôpitaux. Puis le lien s’est détendu
au fil des ans. Grâce à ForOm, les contacts ont pu être recréés et,
aujourd’hui, le réseau est plus vivant.»
Si cette formule a réussi à partiellement enrayer la disparition de
généralistes dans certaines régions, notamment celles d’Yverdon ou de Cossonay,
d’autres se vident peu à peu, comme la Broye. «Il faut trouver un équilibre
entre pénurie et pléthore de médecins, conclut Olivier Pasche. Le paysage
médical romand change très vite. Il y a aujourd’hui l’émergence d’un mélange de
structures gérées par des hôpitaux et de grands cabinets de groupe. De notre
côté, on croit en l’indépendance d es médecins.» (24 heures)
(Créé: 03.09.2015, 18h03)
Les patients veulent «leur» médecin
Une étude, nommée «PERSO», a été réalisée par ForOm Nord vaudois depuis 2012
dans les établissements de la région. Elle doit servir à donner un éclairage
sur les motivations de la population à se rendre plutôt chez un médecin
généraliste ou directement à l’hôpital en cas de besoin.
Les chercheurs souhaitaient savoir ce qui motive les patients dans leur
choix. «Il nous manquait des données sur le vécu des gens, explique le Dr
Olivier Pasche. Qu’est-ce qui les pousse à faire leur choix? C’est une vraie
question de santé publique.»
Plusieurs interviews ont été menées dans le cadre de cette étude
qualitative. Les résultats montrent que ce qui compte, pour le patient, c’est
avant tout d’avoir un lien personnalisé avec «leur» docteur. «Les gens
aimeraient avoir leur propre médecin, ce qui ne peut pas toujours être le cas.
L’important est la confiance qui s’instaure avec lui. Mais s’il n’est pas là,
les malades disent préférer se rendre dans leur hôpital régional, avec lequel
ils ont aussi un vrai lien, plutôt que dans une autre structure», poursuit
Olivier Pasche.
Voici venu le robot-pharmacien, qui prépare les chimiothérapies
Aux Hôpitaux universitaires de Genève, une partie des substances utilisée en
oncologie est désormais préparée par un automate. Une première en Suisse
Deux paires de gants, deux pantalons, deux camisoles, les mains lavées sous
toutes les coutures deux fois, sans oublier d’enfiler une cagoule et un masque
de protection… Pour assister à une démonstration de PharmaHelp, deux
précautions valent mieux qu’une. Installé dans la pharmacie des Hôpitaux
universitaires de Genève (HUG), cet automate prépare tout seul – ou presque –
les poches contenant les chimiothérapies prescrites aux patients atteints de
cancer, substances injectables élaborées dans la stérilité la plus stricte.
L’établissement genevois achève ces jours-ci une phase de test de l’appareil
qui aura duré plusieurs mois. A partir de fin octobre, de «vrais» patients
commenceront à recevoir leurs traitements de chimiothérapie préparés par cet
automate. Une prouesse technologique proposée par l’Allemand Fresenius et dont
peuvent se targuer trois à quatre hôpitaux dans le monde, et aucun autre en
Suisse, explique Pascal Bonnabry, le pharmacien-chef des HUG.
Robot à seringue
Une fois sa combinaison enfilée, le profane ne remarque guère l’automate. Le
petit laboratoire est garni de hottes de sécurité, ces espèces de paillasses
étanches fermées par une paroi de plexiglas dans laquelle deux trous sertis de
gants permettent de passer les bras. Le robot PharmaHelp est installé dans
l’une d’entre elles, au fond de la salle.
Oubliez le robot façon Z-6PO à la Star Wars: cet automate est bien plus
discret, et heureusement moins bavard. Imaginez un robot uniquement constitué…
de deux bras! Le premier est une sorte de rack métallique de quelques dizaines
de centimètres de long sur lequel sont suspendues, la tête à l’envers, jusqu’à
dix poches en plastique remplies de liquide physiologique, ainsi que les
flacons contenant les produits chimiothérapiques proprement dits. Le second est
un petit carrousel accueillant différentes seringues. Voilà pour sa
morphologie. Sa tâche, à présent: prélever les médicaments contenus dans les
flacons à l’aide des seringues et les injecter dans les différentes poches afin
de les y diluer.
En vidéo. Le robot-pharmacien aux HUG
Expliqué ainsi, tout cela a l’air facile. En réalité, ça l’est
moins. Chaque poche finale est unique et personnalisée, elle représente un
patient à qui un oncologue a prescrit une chimiothérapie. Il faut donc
s’assurer que ces derniers reçoivent bien le bon médicament, au bon dosage.
Pour préparer ces médicaments qui s’attaquent aux cellules, les pharmaciens
naviguent à la frontière entre remède et poison. Leur marge d’erreur est pour
ainsi dire inexistante: administrer 6 millilitres de produit au lieu de 4 peut
s’avérer néfaste. «En chimiothérapie, la dose thérapeutique est très proche de
la dose toxique», rappelle le pharmacien Laurent Carrez.
Avec l’automate, les erreurs de dosage – heureusement déjà rares – devraient
encore se réduire. Là où un être humain peut confondre deux poches, le robot
les identifie grâce à des puces de radio-identification (RFID), du type de
celles qu’on trouve dans les passeports ou les cartes sans contact. Là où
prélever dix millilitres de liquide avec une précision chirurgicale demande
habileté et concentration extrêmes, le PharmaHelp le fait sans broncher. Sans
jamais se tromper? Le risque zéro n’existant pas, tout est de toute façon
vérifié lors de plusieurs étapes. Une fois les poches préparées, des balances
ultra sensibles s’assurent par exemple que la nouvelle masse des poches
correspond bien à leur poids initial majoré de la masse des liquides ajoutés,
compte tenu de leur densité.
Lorsqu’il travaille, l’automate PharmaHelp ne va pas se servir dans les
armoires: l’intervention humaine demeure évidemment indispensable, explique
Laurent Carrez en préparant les poches qui vont servir à la démonstration.
«Mais une fois flacons et seringues en place, on peut se consacrer à d’autres
tâches moins pénibles».
Dans ces environnements ultra-sécurisés, le travail est vite traumatisant
pour l’organisme. Pour le comprendre, il faut adopter ne serait-ce qu’une seule
fois la posture exigée pour préparer les poches manuellement. Assis sur un
tabouret, les bras tendus et plongés dans des gants remontant jusqu’aux
épaules, la tête en avant pour tenter de voir ses mains de l’autre côté de la
paroi… au bout de quelques secondes, la position est déjà difficilement
tenable. «Ceux qui travaillent longtemps dans ces positions peuvent finir par
avoir des problèmes de dos», assure Laurent Carrez. Et c’est justement après
plusieurs heures de concentration dans ces conditions que les erreurs peuvent
survenir.
Pour Pascal Bonnabry, l’automate répond parfaitement aux besoins de son
équipe. Le nombre de cancers augmente, tout comme la pharmacopée disponible.
«De 10 000 poches par an en 2000, nous sommes passés à 20 000 poches en 2015,
avec des moyens humains identiques. Ce robot nous permet donc d’être plus
productifs et, en tant qu’établissement universitaire, nous sommes heureux de
pouvoir faire ce travail de recherche, en étant les premiers en Suisse à tester
cette nouvelle technologie.»
En Suisse, 2,2 millions de personnes
souffrent de maladies chroniques santé vendredi 21 août 2015 Pascaline Minet
Si l’espérance de vie en Suisse reste parmi des
plus élevées au monde, les maladies chroniques touchent un habitant sur cinq.
(Keystone)
Les Suisses paient un lourd tribut aux pathologies chroniques comme la
dépression, les maladies cardiovasculaires et le diabète. Un nouveau rapport
suggère des pistes pour mieux les prendre en charge
Diabètes, rhumatismes, maladies cardiovasculaires, dépressions… En Suisse,
près de 2,2 millions de personnes souffrent de maladies chroniques d’origine
non infectieuse. Au-delà de 50 ans, un Suisse sur cinq est même atteint de
plusieurs de ces pathologies en même temps: on parle alors de multimorbidité.
Ces chiffres, révélés dans le Rapport national sur la santé 2015 de
l’Observatoire suisse de la santé, donnent une idée du défi posé par ces
pathologies en pleine progression dans la population helvétique. Des adaptations
s’imposent à la fois dans l’organisation des soins et dans la prévention,
préviennent les experts de la santé publique.
L’espérance de vie en Suisse étant d’ores et déjà une des plus élevées au
monde, il s’agit désormais non pas de continuer à promouvoir une baisse de la
mortalité, mais plutôt d’essayer d’augmenter le nombre d’années vécues en bonne
santé. Tel est le constat dressé par le nouveau rapport sur la santé publié
aujourd’hui. De nombreuses personnes font l’expérience d’une fin de vie entachée
par la maladie. Et il s’agit bien souvent d’une – ou plusieurs – maladie
chronique. Ce type de pathologies serait responsable de 88% des pertes d’années
de vie en bonne santé en Suisse, d’après le rapport.
Les principaux maux concernées (du fait de leur prévalence) sont le cancer,
le diabète, les maladies cardiovasculaires et respiratoires, la dépression, la
démence et les pathologies de l’appareil locomoteur, douleurs dorsales et
arthrose notamment. Des pathologies qui touchent surtout les classes les plus
âgées de la population mais pas seulement: certains troubles psychiques,
notamment, ont tendance à apparaître précocement. «La progression des maladies
chroniques en Suisse s’explique par le vieillissement de la population et par
l’évolution des modes de vie», explique Monika Diebold, la directrice de
l’Observatoire suisse de la santé. De plus en plus de personnes résident en
ville et ont des métiers sédentaires. La disponibilité et la qualité des
aliments ont aussi changé. La proportion de personnes en surpoids ou obèses
dans la population totale est passée de 30% en 1992 à plus de 40% en 2012.
Autant de facteurs qui ont un impact sur la santé.
Malheureusement, le système de santé helvétique est mal armé face aux
maladies chroniques. «Il a typiquement été conçu pour soigner les maladies
aiguës, pas celles qui s’installent sur le long terme», estime Monika Diebold.
Une des conséquences serait un manque de coordination entre les professions
médicales, les différents spécialistes s’attachant chacun à un aspect d’une
pathologie sans forcément communiquer avec les autres. «Or les soins aux
malades chroniques doivent être intégrés, surtout en cas de multimorbidité. Si,
par exemple, une personne souffre de diabète, de rhumatismes et de dépression,
il est important que les spécialistes qui la soignent aient des échanges»,
mentionne Monika Diebold. Par ailleurs, le rapport de l’Observatoire suisse de
la santé fait état de critiques formulées par les patients chroniques: ils sont
nombreux à penser que les médecins leur accordent trop peu de temps et prennent
insuffisamment en compte leur situation personnelle.
Un autre aspect problématique lié aux maladies chroniques est celui des
coûts. Leurs coûts directs ont totalisé 51 milliards de francs en 2011, révèle
le rapport. Soit environ 80% des dépenses de santé en Suisse! Les coûts
indirects liés aux interruptions de travail, départ à la retraite anticipés et
soins informels s’élèveraient selon les estimations à 30 à 40 milliards de
francs par an.
Face à ce constat, quelles solutions? L’Observatoire suisse de la santé
promeut de nouveaux modèles de prise en charge inspirés du Chronic care model
(CCM), reconnu par l’Organisation mondiale de la Santé pour les soins médicaux
aux malades chroniques. «Il ne s’agit pas d’une recette précise mais plutôt
d’éléments-clé à mettre en œuvre, comme le fait d’accorder une grande autonomie
aux patients, d’impliquer une équipe pluridisciplinaire et de partager les
informations entre les différents acteurs», indique Nicolas Senn, responsable
du groupe de recherche de médecine de premier recours de la Policlinique
Médicale Universitaire de Lausanne.
Dans une étude à paraître, le médecin et son équipe ont recensé les
structures correspondant à ces caractéristiques en Suisse. Ils en ont identifié
seulement 44! Même si le nombre de ces programmes a fortement augmenté depuis
2007, l’offre existante est encore loin de couvrir l’ensemble des besoins du
pays, d’après le rapport. «Il existe tout de même des programmes intéressants,
notamment pour les personnes souffrant de multimorbidité. Des projets menés à
l’initiative de compagnies d’assurances proposent aux patients l’appui d’une
personne de référence capable de les aiguiller vers les différents spécialistes
et de gérer un plan de soins, ce qui est précieux», relève Nicolas Senn.
Le rapport insiste aussi sur l’importance de revoir la prévention. De
nombreuses pathologies chroniques sont liées à des facteurs de risques tels
l’obésité, le tabagisme, l’alcoolisme ou encore le manque d’exercice physique.
«En plus des campagnes de prévention traditionnelles, basées sur des messages
de santé à destination du public, il serait important de renforcer la
prévention structurelle. C’est-à-dire d’adapter l’environnement dans lequel la
population évolue afin qu’elle soit à même de mettre en œuvre ces messages»,
souligne Monika Diebold.
Un des aspects de cette prévention structurelle concerne la mobilité douce.
Se déplacer régulièrement à pied ou à vélo est bénéfique pour la prévention des
maladies cardiovasculaires et du diabète, notamment. Les études montrent
cependant que les personnes adoptent plus volontiers ces modes de déplacement
s’ils peuvent le faire de manière sûre et confortable. Or les villes suisses
sont encore insuffisamment aménagées en ce sens; elles devraient mieux prendre
en compte la mobilité douce dans leur planification, estime le rapport. «La
prévention des maladies chroniques ne concerne pas seulement le domaine
médical, elle devrait être prise en compte dans tous les aspects de la
société», considère Monika Diebold.
Ecrire à l'auteur http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b2a9d174-4734-11e5-85d0-41b5fd577541/En_Suisse_22_millions_de_personnes_souffrent_de_maladies_chroniques
Les Français en bonne santé mais des inégalités
subsistent
Le Monde.fr | 12.02.2015 à 11h43 • Mis à jour le
12.02.2015 à 18h47 | Par Elisa Bellanger, Paul Benkimoun et
François Beguin
syndrome de la stupidité du modèle statistique
courant : les français en bonne santé. Ah bon ? On ne meurt plus dans ce pays ?
Galéjade, c'est juste une ambition de nos élites de nous prouver à quel point
ils nous rendent heureux... La bonne santé, c'est pas de drogues, pas d'alcool,
mais des tranquillisants, des somnifères ! Alzheimer ? Ok, bonne santé si c'est
5 années à vivre en plus. Les chiffres c'est vulgaire, parfois. Je vous
souhaite à tous une vie pleine.
"Comment doit on l'interpréter:"verre à
moitié vide ou verre à moitié plein"?Analyse globale de la DRESS:Quelles
données: Rég Soc branche maladie",les anamnèses sont archivées,non
exploitées pour traiter les dossiers des adhérents,l' NSERM: nb de dossiers
traités par pathologie impactant les cptes des Assurances sociales/Constat à
postériori du nombre de patients soignés?.Et ceux qui n'ont pas ou plus accès
aux soins par manque de moyens et/ou de services inexistants,supprimés,trop
éloignés..?
Une décision historique a été prise par la
Commission de la sécurité sociale et de la santé publique: l’initiative
parlementaire du conseiller national Rudolf Joder, qui prône la reconnaissance de
la responsabilité de la profession pour ses propres prestations, a été adoptée
à une large majorité
«Le personnel infirmier devrait, dans le futur,
pouvoir facturer aux assurances ses prestations sans prescription médicale»,
s’est félicité dans un communiqué Pierre Théraulaz, président de l’Association
suisse des infirmières et infirmiers (ASI). La profession fait un pas de plus
vers la reconnaissance de ses responsabilités pour ses propres prestations. La
Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national
(CSSS) a en effet accepté l’initiative parlementaire du conseiller national
Rudolf Joder qui va dans ce sens par 19 votes contre 3.
L’association cherche à atteindre cet objectif
depuis plus d’une décennie. Dans leur profession, les infirmières et infirmiers
fournissent de nombreuses prestations sous leur propre responsabilité: soutien
des patients dans leurs activités de la vie quotidienne, dans les soins
corporels et l’alimentation, prévention des complications comme les escarres ou
les thromboses, conseils aux patients et à leurs proches visant à promouvoir
leur autonomie, etc. Mais, pour que ces prestations soient remboursées par
les caisses maladie, la signature du médecin est indispensable, ce qui cause
des frais administratifs absolument inutiles, indique l’association.
«Il s’agit d’un pas historique pour la profession
infirmière. Enfin il est reconnu que les soins infirmiers ne sont pas une
profession «d’assistance médicale» et que ces professionnels sont capables
d’assumer la responsabilité pour leurs propres prestations, également vis-à-vis
des caisses maladie à qui elles pourront facturer directement les prestations
concernées», poursuit Pierre Théraulaz.
Profession plus attrayante
Les infirmières veulent être reconnues comme
«compétentes et responsables». Pierre Théraulaz ajoute: «Nous pourrons
participer de manière efficiente aux enjeux en termes de vieillissement de la
population, de chronicité et même de pénurie de personnel.»
Dans le contexte des difficultés majeures de la
profession à lutter contre une pénurie importante de personnel infirmier, la
décision de la CSSS devrait assurément rendre la profession plus attrayante.
Par contre, dans le modèle médico-délégué utilisé
dans les domaines diagnostique et thérapeutique, rien ne changera. Les médecins
continueront de prescrire les mesures de traitement, comme l’administration des
médicaments, la pose de cathéters ou une thérapie respiratoire.
La modification de la loi doit être mise en
consultation avant de passer au Conseil national et au Conseil des Etats.
Et si un petit carré de silicone à peine plus
grand qu’un cachou pouvait changer la face du monde ?
Inventé par un chercheur australien, Mark Kendall, le nanopatch pourrait
bientôt reléguer aux oubliettes de l’histoire
les seringues utilisées depuis plus d’un siècle pour administrer les vaccins. Hérissé
de 20 000 nano-aiguilles enrobées d’antigènes (le principe actif du
vaccin), il déclenche une réponse du système immunitaire en sollicitant les
cellules de la peau qui sont très sensibles.
Indolore, le nanopatch a aussi le mérite d’être bon
marché. Il peut être fabriqué pour moins de 50 centimes
de dollars à partir de silicone ou de bicarbonate,
et il requiert une dose d’antigène minime (moins de 1 % de la dose
utilisée dans les vaccins classiques). Autre atout : il est stable à
température ambiante. « S’affranchir de la coûteuse et fragile chaîne
du froid changerait tout », s’enthousiasme Seth Berkley, de Gavi
Alliance, qui finance des campagnes de vaccinations dans le monde.
Les essais cliniques commencent tout juste, mais
cette technologie a déjà conquis l’Organisation mondiale de la santé (OMS),
ainsi que le laboratoire américain Merck. M. Kendall est aussi cette
semaine l’un des invités d’honneur du Forum de Davos qui a décerné à sa
start-up Vaxxas le label très convoité de « Technology Pioneers ».
« J’ai toujours voulu faire quelque chose de
grand », plaisante le scientifique de 42 ans. « Je rêvais
d’être pilote dans l’armée de l’air australienne, mais
comme je porte des lentilles de contact, j’ai été recalé »,
raconte-t-il. Devenu ingénieur, il débute sa brillante carrière à Oxford. C’est
là qu’il découvre l’univers des maladies infectieuses. Avec d’autres
chercheurs, il développe une première technologie consistant à projeter des microparticules de vaccin
à la surface de la peau à une vitesse de 2 000 km/heure. Trop
compliqué, trop cher, estime-t-il.
Une aubaine pour certains pays
De retour en Australie,
à l’université du Queensland, il développe une idée née d’une rêverie. « Je
m’ennuyais à une conférence et j’ai profité de cette parenthèse en dehors de
mon laboratoire pour imaginer ce patch »,
se souvient le chercheur. « De retour à ma paillasse, j’ai transformé
cette idée en réalité. »
Il fonde Vaxxas en 2011 et en 2012, il
remporte le Rolex Award. Ce prix créé par l’horloger suisse
en 1976 lui permet de financer un voyage
de terrain, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. L’objectif du chercheur est encore
modeste : il s’agit de voir comment se comporte le patch dans
des conditions réelles d’utilisation, par une température de 40 degrés et avec
une humidité proche de 100 %. « Il est resté parfaitement stable,
mais nous nous sommes aperçus que notre packaging était trop difficile à ouvrir avec des doigts
humides de transpiration », s’amuse le chercheur.
Surtout, il mesure l’attente créée par son projet
dans des régions reculées et démunies, où une bonne partie des fonds alloués à
la vaccination est engloutie par la logistique. « La
Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont la surface correspond à peu près aux deux tiers
de la France, ne compte que 400
réfrigérateurs adaptés », insiste Mark Kendall. « Et faute
d’infrastructures, le moindre trajet prend des airs d’expédition, ce qui
explique que de nombreux patients renoncent à aller se faire vacciner. »
Alors que l’OMS a lancé une offensive pour éradiquer la polio, son patch
pourrait bien être l’arme qui manquait encore à l’arsenal des médecins. « Dans
des pays comme le Pakistan ou le Nigeria,
imaginez la difficulté d’acheminer et d’administrer des vaccins
classiques ! Le patch permet d’aplanir bon nombre des obstacles auxquels
l’OMS se heurte », se réjouit Mark Kendall. Les premiers tests sur
l’homme seront réalisés sur quelques volontaires à Brisbane en Australie cette
année et, dès 2016, un essai clinique démarrera à Cuba. « En
cas de succès, nous pourrions le lancer en 2020 »,
estime M. Kendall. D’ici là, il lui faudra être en mesure de produire 100 millions de patchs.
« Un vrai défi », reconnaît-t-il. « Nous avons ouvert
une filiale aux Etats-Unis pour travailler avec des
fabricants. »
Le potentiel du patch de Vaxxas n’a pas échappé aux
géants de la pharmacie, dont l’américain Merck. Le laboratoire, numéro deux
mondial du vaccin juste derrière Sanofi,
a signé en 2012 un accord secret avec la start-up pour tester son patch avec trois vaccins
« maison ». « D’autres partenariats sont en discussion »,
indique avec un grand sourire Mark Kendall qui a déjà réuni
plus de 75 millions de dollars (66 millions d’euros) pour financer ses
travaux et s’apprête à lever d’autres fonds.
Les 2500 nouveaux ID par an ne suffisent pas à
combler les départs naturels en Suisse. (Reuters)
A l’échelle planétaire, le manque de personnel soignant se chiffre à
4,2 millions. En Suisse, on parle de 25 à 30% de ressources
supplémentaires nécessaires d’ici à 2020 (hors retraite). Prolonger les
carrières d’un an diminuerait de 15% la pénurie
Le lancement de l’enquête nationale «nurses@work» le
16 septembre dernier a ramené sur le devant de la scène la question de la
pénurie des infirmières. Connues d’ici à un an, les leçons de cette étude
devraient permettre de lever le voile sur les effets de ce phénomène et de
faire de nouvelles propositions concrètes pour compléter les mesures déjà
prises pour résoudre un problème de santé publique identifié depuis une
quinzaine d’années en Suisse.
Depuis, la pénurie des infirmiers/ères diplômé(e)s (ID) a pris une nouvelle
ampleur, internationale. D’ici à 2020, le déficit se chiffrerait au niveau
mondial à 4,2 millions de personnels soignants. En Suisse – où les
statistiques sont approximatives en l’absence de registre professionnel central
–, on parle de 25 à 30% de ressources supplémentaires nécessaires d’ici à 2020
(hors retraite).
Les 2500 nouveaux ID par an ne suffisent pas à combler les départs naturels,
le vieillissement de la population et l’augmentation des besoins qui en
découle, ou la diminution des candidatures pour ce métier. Des disparités
existent entre pays et entre cantons. Le déficit est moins important en Suisse
alémanique, en EMS qu’en milieu hospitalier, en zone éloignée qu’en plaine.
Mais partout le constat est le même: les pays peinent à faire face au
déficit avec les seules ressources nationales. Ils recourent par conséquent à
l’importation de main-d’œuvre des pays voisins et, de plus en plus, de
l’hémisphère Sud. Ce qui n’est pas sans poser «d’importants problèmes éthiques»
selon Véronique Addor, chercheuse de la Haute Ecole de santé de Genève et
responsable du projet «nurses@work».
En Suisse comme ailleurs en Europe, la pénurie touche également toutes les
professions de la santé. L’interchangeabilité des compétences n’a plus sa place
dans un tel contexte. Le temps où les ID avaient l’habitude d’assumer des
tâches pour alléger les programmes des médecins – et vice versa – est révolu.
Les causes de la pénurie concernent d’abord la formation initiale. Dans un
monde hautement concurrentiel, les filières souffrent d’un manque
d’harmonisation fédérale comme internationale. Les femmes (entre 78 et 92% des
effectifs) se tournent de plus en plus vers d’autres carrières, mieux
valorisées et reconnues.
A ce problème s’ajoute une faible durée moyenne de vie professionnelle:
entre 13 et 15 ans en Suisse, selon des estimations empiriques. Pourtant,
les calculs réalisés montrent qu’un an d’activité supplémentaire diminuerait de
10 à 15% la pénurie. En aval aussi, la question est complexe: comment organiser
le retour à la vie professionnelle après un congé maternité? Comment favoriser
la réinsertion, la mobilité et la rétention?
Les solutions envisagées convergent, qui passent par des mesures fortes sur
la formation initiale, la formation continue, la réinsertion professionnelle,
la gestion du personnel et la motivation. Sans oublier la promotion des métiers
de personnels soignants auprès des jeunes via des campagnes de sensibilisation.
En Suisse, les résultats des premières initiatives locales (mesures sur la
formation, motivation du personnel pour le maintenir plus longtemps en emploi,
sensibilisation des jeunes à ces métiers) paraissent encourageants. Ils
pourraient faire école au plan national. Car, au-delà des chiffres, la pénurie
semble être avant tout un problème qualitatif.
La Suisse romande a ainsi décidé de passer la formation d’infirmière au
niveau bachelor, offrant plus de possibilités d’équivalence, de réorientation
et d’évolution vers d’autres carrières. Résultat: une augmentation de 60% de
candidat(e)s, alors que le niveau a stagné en Suisse alémanique. Dans le canton
de Vaud, des mesures concrètes d’aménagement du temps de travail ont été mises
en place pour aider les ID à revenir à la vie professionnelle. A Genève, la
réflexion a porté sur une révision des grilles salariales pour mieux tenir
compte de la pénibilité du travail.
Bien qu’insuffisantes pour résoudre à court terme la pénurie, ces pistes ont
pour mérite de privilégier une approche pragmatique. D’abord parce que la
Suisse a une longueur d’avance en matière de couverture de personnel soignant
et de médecins par habitant (68,4 professionnels pour 1000 habitants contre une
moyenne de 48,6% dans les pays de l’OCDE). Mais aussi parce que ses
conditions-cadres sont parmi les plus favorables en Europe, selon l’étude
internationale RN4CAST. http://www.letemps.ch/Page/Uuid/dd494a94-86b5-11e4-9cd5-59e213f8caa2/Lenjeu_mondial_du_d%C3%A9ficit_dinfirmi%C3%A8res
Les médecines alternatives à l’assaut des hôpitaux
L’acupuncture est désormais une des quatre
médecines complémentaires reconnues par Alain Berset. (Keystone)
Le CHUV joue un rôle pionnier pour la reconnaissance et la promotion des
médecines douces en Suisse romande. La volonté de les intégrer dans les
services suscite des résistances
C’est un débat qui a parfois des accents de guerre de religion. Malgré leur
entrée dans la Constitution fédérale grâce à un large soutien populaire, en mai
2009, les médecines complémentaires (MC) continuent à diviser. Leur intégration
au CHUV, à Lausanne, suscite des résistances. Pour certains médecins, «les
croyances ésotériques» et autres «poudres de perlimpinpin» n’ont rien à faire à
l’hôpital tant que leur efficacité n’a pas été démontrée scientifiquement. Le
débat est particulièrement vif en France. Une mission interministérielle a mis
en garde cette année contre les risques «de dérive sectaire», notamment dans le
traitement des cancers.
En Suisse, la question a connu une avancée qui est passée quasiment
inaperçue. Le 2 mai dernier, le conseiller fédéral Alain Berset a indiqué
par communiqué qu’il plaçait quatre médecines complémentaires «au même niveau
que les autres disciplines médicales»: la médecine anthroposophique, la
médecine traditionnelle chinoise/acupuncture, l’homéopathie et la
phytothérapie. Cette décision inverse le fardeau de la preuve: les MC n’ont
plus à démonter leur efficience scientifique. Avec l’introduction du «principe
de confiance», c’est désormais à un éventuel plaignant – par exemple une
assurance maladie – de démontrer leur inefficacité.
L’épisode marque la fin d’un long feuilleton. Intégrées dans l’assurance de
base en 1999 puis retirées en 2005 par Pascal Couchepin, les médecines
alternatives ont été réintégrées début 2012 pour une période transitoire de
6 ans – un délai désormais levé. Reste une étape importante: le
Département fédéral de l’intérieur présentera le printemps prochain un rapport
qui détaillera la mise en œuvre du vote constitutionnel de 2009.
Le CHUV n’a pas attendu la partition fédérale pour mettre la volonté
populaire en musique. Un groupe de recherche et d’enseignement sur les
médecines complémentaires a été mis en place en 2010. Il a été renommé cette
année Centre de médecine intégrative et complémentaire, avec des prérogatives
élargies. Spécialiste en médecine interne générale FMH et homéopathe, le Dr
Pierre-Yves Rodondi y consacre 40% de son temps: «L’objectif est de développer
l’information sur les médecines complémentaires et de réfléchir dans quelle
mesure certaines disciplines pourraient être intégrées dans le système
conventionnel dans l’intérêt du patient, comme cela se fait aux Etats-Unis.»
Dans le cadre de son mandat, Pierre-Yves Rodondi s’est rendu à l’Université
d’Arizona pour suivre une formation de «médecine intégrative» dispensée
notamment par le Dr Andrew Weil. Un voyage qui n’a pas plu à certains médecins
du CHUV. Sous couvert d’anonymat, ils craignent que les méthodes du médecin
américain, parfois décrit comme un gourou, n’essaiment au bord du Léman. Un
dessein qui serait favorisé «par l’engagement pour la cause» de plusieurs
personnalités politiques de premier plan, dont le conseiller aux Etats Luc
Recordon.
La critique fait sourire Pierre-Yves Rodondi. «Ces peurs n’ont pas de raison
d’être. Le Dr Weil donne 2 heures d’enseignement sur les 1000 heures du cursus.
Et il n’enseigne aucune méthode à part de manger sainement et de bien respirer.
Il ne s’agit pas d’ouvrir la boîte de Pandore au CHUV. Toute demande
d’introduction d’une médecine complémentaire fera l’objet d’une analyse
détaillée des besoins de l’institution sur la base de données scientifiques.
Nous avons fait une étude qui montre que 50% des hôpitaux romands offrent déjà
au moins une médecine complémentaire, souvent par la bande. Il faut coordonner
l’offre.»
Des disciplines répandues comme l’ostéopathie ne sont pas remboursées par
l’assurance de base. Un constat qui appelle toute une série de questions.
Pourquoi se limiter à quatre disciplines, et sur quels critères? Pourquoi
sont-elles les seules à faire l’objet de formations officielles reconnues par
la FMH, alors qu’elles ne sont ni les plus répandues, ni les plus efficaces au
sens scientifique du terme? La réponse est avant tout politique. «La question
du remboursement de l’ostéopathie par l’assurance de base devrait être
sérieusement discutée», estime le Dr Rodondi.
Ce choix arbitraire amplifie les critiques contre le remboursement de
l’homéopathie, une des médecines non conventionnelles les plus controversées.
Pierre-Yves Rodondi assure qu’il n’a pas de parti pris en faveur de sa
discipline. «Il n’est pas à l’ordre du jour de l’introduire au CHUV, d’autres
disciplines offrent de meilleures perspectives dans l’immédiat.»
Le médecin défend le remboursement de certaines MC par l’assurance de base.
«Il faut bien sûr que des études cliniques démontrent une efficacité supérieure
à celle d’un placébo. Il existe de nombreuses études qui montrent un effet
positif, comme par exemple l’hypnose et l’acupuncture, pour lutter contre les
douleurs chroniques. L’homéopathie montre des résultats intéressants pour des
patients souffrant de fibromyalgie. La recherche doit mener à offrir les
meilleurs soins aux patients, même si, parfois, le mécanisme d’action n’est pas
connu, comme c’est le cas également en médecine conventionnelle.»
Pour dépasser la méfiance à l’encontre des MC, Pierre-Yves Rodondi insiste
sur la nécessité de mettre à la disposition des professionnels de la santé les
données cliniques existantes. Il estime que du chemin a été parcouru en dix
ans. «Les jeunes médecins sont plus ouverts que leurs aînés. Au CHUV, nous
avons mené une étude auprès du personnel médical. 97% des infirmiers et 93% des
médecins se sont dits ouverts aux médecines complémentaires.» Avec un bémol: seuls
25% des personnes sollicitées ont répondu à l’enquête.
L’intégration se fera en fonction de la demande des services du CHUV. Une
doctoresse anesthésiste spécialisée en acupuncture travaille au centre de la
douleur. Un projet pilote appelé à faire des émules même si la direction
générale précise qu’elle fera «très attention à ne rien imposer» aux services.
La situation est très différente à Genève: aucune structure ad hoc n’existe sur
les MC aux HUG. Mais elles sont bien présentes dans l’institution, comme le
montre l’essor de la méditation de «pleine conscience» dans le département de
psychiatrie. Ecrire à l'auteur http://www.letemps.ch/Page/Uuid/c102ab7c-8161-11e4-9a92-1e037d8e04b7/Les_m%C3%A9decines_alternatives_%C3%A0_lassaut_des_h%C3%B4pitaux
Médecines complémentaires 19:16
Bientôt des diplômés non-médecins
Pierre-Emmanuel Buss
Deux diplômes fédéraux sont en préparation. Aujourd’hui, 20 000 thérapeutes
non-médecins sont actifs dans plus de 250 méthodes différentes
En 2012, la Suisse recensait 3000 médecins FMH formés dans des médecines
alternatives – les seuls à pouvoir être remboursés par l’assurance de base. Il
y avait aussi environ 20 000 thérapeutes non-médecins actifs dans plus de
250 méthodes alternatives. Pour mieux cadrer cette offre très large, la
Confédération s’apprête à offrir des diplômes fédéraux de thérapeute
complémentaire et de praticien de naturothérapie. Les deux projets sont en
phase de consultation.
Une vingtaine de disciplines ont postulé pour pouvoir délivrer le diplôme de
thérapeute complémentaire. Cinq d’entre elles devraient être accréditées: le
shiatsu, la thérapie craniosacrale, la thérapie ayurvédique, l’eutonie et le
yoga thérapeutique. Le diplôme de praticien de naturothérapie regroupera la
naturopathie européenne traditionnelle (NET), l’homéopathie, la médecine
ayurvédique et la médecine traditionnelle chinoise.
Développés sous l’égide du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche
et à l’innovation, ces deux cursus seront sanctionnés par un examen
professionnel supérieur (EPS). Les diplômes fédéraux sont appelés à remplacer
les formations actuelles dispensées dans des écoles et instituts privés, avec
des coûts d’écolage parfois élevés et des niveaux de formation très
hétérogènes.
L’obtention d’un diplôme constituera un pas important vers une
reconnaissance professionnelle, avec un remboursement facilité par les
assurances complémentaires. Le dernier mot reviendra aux cantons: c’est eux qui
décideront des modalités d’installation de thérapeutes sur leur sol, comme ils
le font déjà aujourd’hui.
Ecrire à l'auteur http://www.letemps.ch/Page/Uuid/df31ef68-8161-11e4-9a92-1e037d8e04b7/Bient%C3%B4t_des_dipl%C3%B4m%C3%A9s_non-m%C3%A9decins
Médecines complémentaires 22:05
Luc Recordon: «Les charlatans ne sont pas ceux qu’on croit»
Pierre-Emmanuel Buss
Le conseiller aux Etats Luc Recordon préside l’Association romande pour le
développement et l’intégration des médecines complémentaires (RoMédCo)
Le Temps: Etes-vous satisfait des progrès réalisés au CHUV depuis le vote
constitutionnel de 2009? Luc Recordon: Le Conseil d’Etat, la direction du CHUV et la Faculté
de médecine de l’Uni de Lausanne ont pris les choses au sérieux. Le Groupe de
recherche et d’enseignement sur les médecines complémentaires a fait un travail
formidable. L’instauration d’un cours de base en médecine complémentaire pour
tous les étudiants en médecine, il y a trois ans, constitue un progrès
important. Malgré cela, on garde dix ans de retard sur Berne et Zurich. Le
bilan est globalement positif. – RoMédCo demande la mise en place d’une unité affectée et d’une chaire
universitaire. Les choses vont-elles dans la bonne direction?
– Le dossier avance gentiment.
Un tel projet se construit, il ne
se décrète pas. Aujourd’hui,
on rencontre une difficulté
classique: il faut trouver un
budget. Mais comme président
de RoMédCo, ce n’est pas Lausanne qui m’inquiète. Il faudrait que toutes les
Facultés de médecines en fassent autant. – Le projet d’intégration inquiète. Certains médecins ne sont pas à
l’aise avec l’entrée à l’hôpital de médecines «non scientifiques»…
– Parmi les médecins, il y a aussi de vieux grognons qui ont peur du
changement. Ce sont eux les charlatans, pas les défenseurs de médecines
alternatives. On ne peut pas refuser a priori l’ouverture d’un nouveau champ de
connaissances scientifiques. Encore moins quand un article constitutionnel
demande expressément d’aller dans cette direction. – Des médecins considèrent qu’il est difficile de maintenir le cap de la
rationalité médicale quand il faut intégrer des méthodes dont on n’a pas élucidé
l’action. Vous les comprenez?
– Oui, c’est un défi. Pour les médecins, mais aussi pour tous les domaines
où les choses évoluent très vite, comme l’ingénierie. Il y a de nouvelles
pratiques à intégrer. Pour un médecin, c’est crucial: il doit avoir des
réponses pour savoir s’il applique ou non un traitement. D’où l’importance
d’avoir des centres de compétences qui définissent les bonnes pratiques sur la
base d’études cliniques. – Seules quatre médecines complémentaires sont remboursées par
l’assurance de base. N’est-ce pas une inégalité de traitement avec les
disciplines qui ne le sont pas?
– On peut se poser la question. Mais il y a une forme de logique d’intégrer
dans la LAMal les disciplines les plus utilisées par la population. – Pourtant, une discipline populaire, l’ostéopathie, n’est pas dans la
liste…
– C’est vrai. C’est un défaut logique. Il faudra se reposer la question de
son intégration assez rapidement. L’idée est de rembourser les méthodes qui
suscitent le plus d’adhésions parmi les patients. Si on avait intégré toutes
les disciplines d’emblée, on aurait pris le risque de noyer le poisson et de ne
rien faire du tout .
Ecrire à l'auteur http://www.letemps.ch/Page/Uuid/ffbc3432-8161-11e4-9a92-1e037d8e04b7/Luc_Recordon_Les_charlatans_ne_sont_pas_ceux_quon_croit
13.10.14 | Lundi,
13 octobre 2014 SUISSE • Au-delà de la question du financement des soins, c’est
l’organisation du système de santé qui nécessite d’être repensée. Parmi les
pistes à creuser: la gratuité de la médecine de base et des formations à
l’autogestion de la santé, propose un collectif libertaire.
Le résultat est tombé: le 28 septembre dernier, le peuple suisse a refusé
l’instauration d’une caisse publique. Au-delà du résultat, attendu, la
déception provient également du débat qui l’a précédé. Car force est de
constater que la campagne s’est tenue sur des arguments presque exclusivement
économiques, occultant la question de fond: la santé.
Pourtant, plus que le financement des soins, c’est bien le fonctionnement
actuel de l’assurance-maladie qu’il s’agirait de remettre en question. A ce
titre, des voix critiques dénoncent depuis longtemps les tares du système de
santé tel qu’il est organisé aujourd’hui. Elles émanent notamment des milieux
féministes et libertaires, ainsi que des anticapitalistes. DOUBLE CRITIQUE La critique féministe et libertaire pointe la confiscation du savoir
médical par les spécialistes. Au travers de l’exemple (très parlant) de la
grossesse et de l’accouchement, les féministes ont montré comment, au cours de
l’histoire, le corps de la femme s’est progressivement vu confisqué par des
médecins – principalement des hommes, même si cela tend, suivant où, à
changer – qui ont médicalisé à outrance le processus de naissance. La science a
remplacé le savoir-faire, et les spécialistes de la chimie et de la biologie
ont retiré aux femmes un domaine qui jusque-là leur était réservé.
Consultations, tests et contrôles réguliers obligatoires (pas toujours, mais on
ne vous le dira pas forcément), médicaments, césariennes, péridurales:
l’ensemble du processus s’est complexifié, non sans apports réels, mais avec
comme résultat une prise en charge complète du début à la fin du traitement. Et
toutes les peines du monde à sortir des chemins tracés.
Et on rejoint là la critique libertaire. Car à l’instar du cadre de la
démocratie représentative, le ou la patient-e n’a plus directement la maîtrise
de ce qui le ou la concerne. Il ne lui reste que le choix de la personne à qui
donner sa confiance, avec peu de capacité d’être critique ou de le contester.
Quel que soit le domaine médical concerné, le ou la patient-e est rarement au
fait des choix possibles, des alternatives existantes, du contenu de tel
médicament ou de tel vaccin – et encore moins de sa provenance. On se retrouve
le plus souvent dans un tunnel très sombre, guidé par un-e ou plusieurs
médecins porteurs de la lumière, symbole du savoir. Le serpent sur sa croix
dans le sigle de la médecine ressemble trop souvent à celui du Livre de la
jungle de Disney, chantant sa douce chanson: «Aie confiance, crois en moi…» UNE MARCHANDISE COMME UNE AUTRE
Informé, on l’est en revanche toujours plus sur les risques et conséquences
qui se présentent à nous si d’aventure nous sortions des sentiers balisés. Les
avertissements contre ceux et celles qui essaient de se soigner par eux-mêmes,
qui se renseignent, se multiplient volontiers: «Attention aux arnaques des faux
médicaments sur Internet! Attention aux diagnostics personnels erronés! En cas
de ceci ou de cela, consultez votre médecin.» On nous engage constamment à
consulter les représentants de la médecine, oubliant qu’ils sont loin d’être
gratuits…
Donc l’argent, et non la santé, est bien au cœur du problème. La critique
anticapitaliste rappelle alors à son tour combien la santé, comme tous les
domaines de notre société, s’est retrouvée réduite à l’état de simple
marchandise par notre modèle économique. Elle est donc soumise à des impératifs
de rentabilité avant tout, et non aux intérêts philanthropes qui devraient
caractériser la médecine. Ici, c’est le rôle des pharmas et des assureurs qui
est pointé du doigt. De grandes et prospères entreprises (souvent bien de chez
nous) réalisent des profits importants à travers la vente de médicaments ou,
pour revenir au contexte de la votation, la vente d’assurances-maladie. Un
marché qui a l’avantage d’être en partie obligatoire: pour l’assurance de base,
produit d’appel, les millions de clients sont garantis, il s’agit juste de se
les répartir. On leur vendra «l’indispensable» complémentaire dans la foulée.
Mais ce système voit ses défauts de plus en plus dévoilés et dénoncés:
fixation des prix des médicaments non pas en fonction de leur coût réel mais du
marché, dates de péremption fixées sans lien avec la conservation réelle du
produit, campagnes de vaccination forçant les Etats (voire les ONG) à acquérir
de gros stocks de vaccins – finalement inutiles et détruits (à nos frais) dans
le cas de la grippe H1N1… Ces deux derniers points étant d’ailleurs parfois
liés (lire ci-contre). Il faut dire que l’excuse du risque et de la prudence
s’acclimate malheureusement bien au besoin de profits des producteurs et de
leurs actionnaires. Mais ce n’est pas tout: scandale des primes déconnectées
des coûts réels et où le trop payé de certains cantons filait en subventionner
d’autres, médecins contrôlés par les caisses et poussés à ne pas s’attarder et
être économes, médicaments peu exportés ou diffusés dans les populations
pauvres ou non solvables car elles ne représentent pas un marché assez
lucratif, etc., ad nauseam.
A toutes les étapes, la rentabilité prend le dessus sur le facteur humain.
La logique du marché, dépersonnalisée, ne peut pas être compatible avec
l’éthique du serment d’Hippocrate. La conséquence inadmissible, surtout en
Suisse, est que des personnes mal en point hésitent longtemps avant de
consulter un médecin pour des raisons financières (lire ci-dessous). Alors
qu’on pourrait les prendre en charge. Entre soigner (rôle du médecin) et le
besoin d’être rentable financièrement, il y a un gouffre éthique
irréconciliable. SORTIR DE LA DEPENDANCE
En combinant les deux critiques, on comprend que l’intérêt économique pousse
à maintenir l’état de dépendance du ou de la patient-e face à la science.
L’autonomiser, lui permettre de venir moins souvent voir tel ou telle
spécialiste, n’est pas une voie compatible avec la volonté économique de le
fidéliser, d’avoir des débouchés et des revenus constants (et si possible
prévisibles pour le comptable). Pour sortir de l’impasse, il est impératif de
retrouver un certain contrôle sur le monde médical. Pas forcément face aux
médecins, souvent plus victimes que réellement partie prenante de la situation,
mais face à toutes les structures qui régissent ce milieu.
Une volonté de réforme du système devrait remettre en question l’ensemble du
modèle de santé, pas seulement son propriétaire ou son financement.
L’indépendance dont jouissent les pharmas en matière de gestion des
médicaments doit ainsi être revue. Swissmedic, l’institut à charge de contrôler
la mise sur le marché d’un médicament, doit aussi rendre des comptes à la
population et être soumis à son contrôle. Les prix des médicaments devraient
être plus directement contrôlés par la Confédération. Les brevets devraient
être collectivisés, de manière à ce qu’un groupe ne puisse pas volontairement
renoncer à la production d’un médicament pour des raisons de rentabilité (ou de
stock à écouler en priorité).
Si le premier pas serait de sortir le système de santé de sa logique de
profit, l’étape suivante devrait être l’évolution vers un environnement plus
sain, plus viable pour la préservation de notre santé. Soit faire en sorte que
notre milieu de vie et notre manière d’y vivre soit un facteur aidant, et non
aggravant. Améliorer la santé nécessite de se pencher sur les causes de la
dégradation de la santé. On voit alors qu’un des principaux facteurs
responsables des problèmes de santé, avec l’alcool et l’obésité, provient du
monde du travail (lire ci-dessous). Une véritable volonté d’amélioration de la
santé, de notre santé, et donc de réduction des coûts, est à chercher là. Et
non dans la réforme du dernier échelon, celui du remboursement des frais.
Alors, plutôt que de «ralentir l’augmentation des primes» (un langage qui,
année après année, nous pousse à accepter l’inacceptable), il s’agirait de
chercher l’instauration de la gratuité de la médecine de base (médecin
généralistes, médecins de famille, etc.), de même que l’instauration de cours
pour une autogestion de la santé, si possible dès l’adolescence (on retrouve là
un des principes, disparus, du serment d’Hippocrate: «et, s’ils désirent
apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement»).
L’assurance-maladie de base serait alors abrogée au profit d’un impôt santé,
reversé aux médecins et qui leur garantirait un revenu correct. Les cabinets
seraient rassemblés, mis en commun et ajustés en fonction de la taille de la
population, à l’image des écoles et des crèches. Ils deviendraient des lieux
ouverts, publics, jouant le rôle des cliniques et permanences d’aujourd’hui,
tout en assurant aussi un rôle social. Ne plus être ni «client» des pharmas et
des assurances-maladie, ni même «patient», ce dépendant total de la médecine.
Il s’agit d’être partie prenante, jusqu’à un certain point de compétence, de sa
santé et de son lien au corps.
Des anarchistes Genevois
Repères
Gestion grippée du Tamiflu. En 2009, après l’achat par les cantons de
grands stocks de Tamiflu pour contrer la grippe, il s’est trouvé que le
fabricant a, tout d’un coup, allongé leur durée de vie de plusieurs mois,
évitant ainsi de détruire certains stocks. Cela a mis la puce à l’oreille de
certains, qui ont enquêté. Ainsi, selon l’Office fédéral de l’environnement
(OFEV), «Entre 500 millions et 1,4 milliard de francs de médicaments partent
chaque année en fumée en Suisse». Sylvie Logean a étudié la question dans son
article, «Médicaments: le grand gaspillage», paru dans L’Hebdo en 2011.
Interviewée, Valérie Legrand-Germanier, spécialiste santé à la Fédération
romande des consommateurs, y expliquait qu’«il est intéressant de comprendre la
façon dont les dates de péremption sont décidées et le coût en moins que cela
représenterait pour l’assurance maladie si les dates étaient calquées sur la
durée de vie réelle du médicament. Il se trouve que dans de nombreux cas, les
dates sont limitées à ce que l’entreprise a décidé de financer en termes de
période d’observation.» Le piège des franchises. Le système LAMal tel qu’il existe
aujourd’hui est une sorte de loterie cynique: soit vous optez pour une
franchise basse et vous êtes alors porté à consulter souvent pour rentabiliser
le coût. Soit vous optez pour une franchise haute et vous éviterez autant que
possible d’aller chez le médecin (ce qui fait que, en dehors d’un gros pépin, votre
assurance ne vous sert à rien…). Le travail c’est la santé? Pas
vraiment. Selon l’enquête de l’OFS de 2007, «Deux personnes salariées sur cinq
sont exposées dans leur travail à au moins trois risques physiques, comme des
mouvements répétitifs du bras ou de la main, ou des positions douloureuses. Une
sur trois l’est à au moins trois risques psychosociaux, comme manquer de temps
pour terminer son travail ou ne pas pouvoir mettre en pratique ses idées dans
son travail. Une personne salariée sur huit ressent de la peur sur sa place de
travail ou y est confrontée. [...] Une personne salariée sur six est exposée
simultanément à une combinaison d’au moins trois risques physiques et d’au
moins trois risques psychosociaux.» Source: «Travail et santé, résultats de
l’enquête suisse sur la santé 2007», OFS, 2010.
AG http://www.amge.ch/2014/10/09/conservation-du-dossier-medical-documents-originaux-ou-sous-forme-electronique/