Placements
L’augmentation de capital de Credit Suisse convainc les marchés
Il n’y
aura pas de mise en bourse partielle de l’entité suisse de la banque. A
la place, elle prévoit de lever 4 milliards. Une solution jugée
préférable pour les actionnaires
Ce serait la meilleure solution pour les
investisseurs. Après des mois de suspense, Credit Suisse a annoncé
mercredi matin sa décision de renoncer à l'introduction en bourse
partielle de son entité suisse. A la place, la deuxième banque suisse
prévoit une augmentation de capital, qui devrait permettre de lever
4 milliards de francs et, ainsi, consolider les fonds propres de
l’établissement.Lire aussi: La mue de Credit Suisse s’accélère
A voir la réaction de la bourse, les marchés apprécient. A l’ouverture, l’action de Credit Suisse bondissait de 2,5%. Une progression a priori paradoxale puisque le nombre de nouvelles actions créées provoquera une dilution des actions, précisément de 18%, calcule Loïc Bhend, analyste spécialisé dans le secteur bancaire chez Bordier.
«Bonne idée»
«Cette décision était de plus en plus attendue, avec une levée de fonds imaginée dans une fourchette de 3 à 5 milliards», explique l’expert de la banque genevoise. Pour lui, «c’est plutôt une bonne idée à plus long terme. Cela implique qu’ils gardent cette activité dont le rendement sur les fonds propres est élevé.» Cet aspect avait commencé à provoquer des désaccords au sein même de Credit Suisse, certains estimant néfaste de se débarrasser de l’entité la plus rémunératrice du groupe.«Nous croyons que de continuer de posséder entièrement à l’avenir une banque suisse de valeur est le chemin» qui portera le plus de fruits pour les actionnaires, a déclaré Urs Rohner, président du conseil d’administration, dans le communiqué. Dans une conférence téléphonique, Tidjane Thiam, directeur général, a expliqué que cette option serait «plus efficace, moins chère et provoquerait moins de dilution pour les actionnaires». Il a ajouté que Credit Suisse n’avait pas fondamentalement changé sa stratégie. «Nous avons toujours dit vouloir lever entre 9 et 11 milliards, la question du comment, pour cette dernière étape, restait ouverte.»
Focus sur la croissance
Le sujet ne sera pas abordé vendredi lors de l’assemblée générale ordinaire, mais le 18 mai lors d’une assemblée générale extraordinaire. Les souscriptions pourront commencer le 23 mai et les montants devraient être levés d’ici au 8 juin. Quelque 380 millions de nouvelles actions d'une valeur nominale de 4 centimes seront mises sur les marchés. Le but est de renforcer le ratio de fonds propres durs à 13,4%, contre 11,7% à fin mars. Le ratio d’endettement (leverage ratio) devrait atteindre 3,8%.Pour Morgan Stanley, cette issue était prévisible. «Elle permettra désormais à Credit Suisse de se concentrer sur ses objectifs de croissance», se réjouissent les analystes dans une note. Ces derniers ont une perspective positive sur le titre.
Les bonus en baisse? «Un geste»
Interrogé sur la polémique qui s’est enflammée sur la distribution des bonus, Tidjane Thiam a dit comprendre les préoccupations et expliqué avoir voulu «faire un geste pour les apaiser, sans avoir subi de pression de quiconque». Sur les rumeurs qu’il donnerait sa démission en cas de refus des bonus, le responsable n’a pas commenté. Les porte-parole de la banque avaient déjà réfuté ces spéculations, parues dans le Financial Times mardi.A ce propos: Sous la pression, Credit Suisse coupe dans ses bonus
Bénéfice au premier trimestre
«Je n’aurais pas pu souhaiter un meilleur trimestre», a déclaré Tidjane Thiam, présentant les résultats pour les trois premiers mois de l’année mercredi matin. Ils sont en effet meilleurs que ce qu’attendaient les analystes. En termes de chiffres, ce «solide démarrage» se traduit par un bénéfice avant impôts de 670 millions de francs. L’an dernier à la même période, Credit Suisse perdait près d’un demi-milliard. Le bénéfice net atteint 596 millions, contre une perte nette de 302 millions l’an dernier.La performance du premier trimestre vient en grande partie de l’entité suisse, qui a produit un bénéfice avant impôts ajusté de 483 millions, en hausse de 2% sur un an. Il s’agit de son cinquième trimestre consécutif de hausse.
Afflux de fonds
Credit Suisse s’est également félicité de l’afflux net de fonds qui continue. Au premier trimestre, il s’est élevé à 24,4 milliards, contre des retraits de 6,7 milliards au premier trimestre 2016. La masse sous gestion atteint désormais 1304,2 milliards de francs.La banque d’investissement, comme la gestion fortune, ont aussi enregistré des résultats positifs. Pour l’ensemble de 2017, Credit Suisse confirme son objectif de réduction des coûts à 18,5 milliards de francs. Lors de la conférence téléphonique, Tidjane Thiam a expliqué que les enjeux les plus pressants sont désormais sous contrôle ou proches de l’être (renforcement du capital, baisse des coûts, etc.) mais «l’effort d’amélioration ne s’arrêtera jamais»
Editorial
Tidjane Thiam, ni paria, ni messie
Depuis
son entrée en fonction, les investisseurs ont regardé Tidjane Thiam, son
programme et ses objectifs avec, souvent, beaucoup de scepticisme. Le
patron de la deuxième banque suisse a pourtant peut-être réalisé
l’amorce de son redressement
Il y a deux façons de voir les résultats de Credit
Suisse. Soit on s’attarde sur la perte sèche subie en 2016, la deuxième
d’affilée, conséquence d’une nouvelle amende faramineuse (plus de
5 milliards de francs) infligée par les autorités américaines. De la
même manière, on peut aussi rester focalisé sur la restructuration qui
touche cette banque depuis l’arrivée de son nouveau directeur général,
Tidjane Thiam, en juillet 2015. Les réductions d’effectifs font des
ravages dans la banque d’affaires, à Londres et à New York surtout. Mais
elles en font aussi dans les filiales en Suisse.
Il est pourtant possible de lire une autre histoire dans les annonces de la deuxième banque suisse mardi. Celle de l’amorce du redressement d’une banque en état de déliquescence lorsque le Franco-Ivorien en a pris les rênes à l’été 2015.
Lire aussi: Credit Suisse dépend plus que jamais de son unité helvétique
Si les années et les pertes se succèdent, sous l’ère Thiam, c’est aussi parce que le nouveau venu a entrepris un grand nettoyage, synonyme de découverte de cadavres du passé plombant les comptes. C’était le cas lors de la publication des résultats de 2015, avec l’amortissement d’actifs survalorisés issus de l’acquisition de DLJ en 2000.
La banque peut désormais se concentrer sur sa croissance et sa rentabilité. Tidjane Thiam s’était fixé deux ans pour y arriver, lors de la première présentation de sa stratégie en octobre 2015. Il avait alors révélé des objectifs jugés – au mieux – trop ambitieux ou – au pire – irréalistes. Il les a depuis revus à la baisse. Reste à voir s’ils sont tenables.
Le vrai test, donc, sera pour la fin de l’année.
Lire aussi: Tidjane Thiam, un banquier sous pression
Tidjane Thiam, l’homme qui n’était pas banquier, prend la tête de Credit Suisse - LeTemps.chIl est pourtant possible de lire une autre histoire dans les annonces de la deuxième banque suisse mardi. Celle de l’amorce du redressement d’une banque en état de déliquescence lorsque le Franco-Ivorien en a pris les rênes à l’été 2015.
Ne pas brader le joyau
L’ex-responsable de l’assureur britannique Prudential s’était fixé plusieurs missions à son arrivée. Parmi les plus urgentes et vitales: renforcer l’assise financière de Credit Suisse. Vite fait, mais (bien) fait. A tel point qu’en plus de l’augmentation de capital réalisée il y a plus d’une année, la deuxième étape pour lever des fonds – introduire en bourse une partie de l’entité suisse de la banque – ne sera peut-être pas nécessaire. C’est ce que laisse supposer le changement de ton dans le communiqué et des rumeurs venant du conseil d’administration, réticent à céder ce qu’il considère comme le «joyau» de la banque, l’entité la plus rentable du groupe.Lire aussi: Credit Suisse dépend plus que jamais de son unité helvétique
Si les années et les pertes se succèdent, sous l’ère Thiam, c’est aussi parce que le nouveau venu a entrepris un grand nettoyage, synonyme de découverte de cadavres du passé plombant les comptes. C’était le cas lors de la publication des résultats de 2015, avec l’amortissement d’actifs survalorisés issus de l’acquisition de DLJ en 2000.
Attentes normales
Aujourd’hui, le programme de réduction des coûts et de la taille de la banque d’affaires est en bonne voie. Les affaires du passé – subprimes, clientèle américaine – semblent réglées. Accueilli comme le messie capable de sauver une banque sclérosée lors de sa nomination, Tidjane Thiam s’est trouvé à deux doigts de devenir le paria de la Paradeplatz l’été dernier lorsque l’action de Credit Suisse est tombée sous les 10 francs pour la première fois depuis la fin des années 1980. Il semble aujourd’hui redevenu un dirigeant soumis à des attentes à peu près normales.La banque peut désormais se concentrer sur sa croissance et sa rentabilité. Tidjane Thiam s’était fixé deux ans pour y arriver, lors de la première présentation de sa stratégie en octobre 2015. Il avait alors révélé des objectifs jugés – au mieux – trop ambitieux ou – au pire – irréalistes. Il les a depuis revus à la baisse. Reste à voir s’ils sont tenables.
Le vrai test, donc, sera pour la fin de l’année.
Lire aussi: Tidjane Thiam, un banquier sous pression
Portrait
16:47
16:47
Tidjane Thiam, l’homme qui n’était pas banquier, prend la tête de Credit Suisse
Le Franco-Ivorien est nommé directeur général de la banque suisse. A
52 ans, l’ancien ministre de Côte d’Ivoire présente un parcours
atypique
52 ans, l’ancien ministre de Côte d’Ivoire présente un parcours
atypique
Tidjane Thiam s’est longtemps plaint du «plafond de
verre» auquel il s’est heurté en France. Ingénieur sortant major de sa
promotion de la prestigieuse Ecole des Mines, polytechnicien, diplômé
d’un master de l’école de commerce Insead, il avait toutes les qualités
pour trouver un emploi de très haut niveau. Mais cet Ivoirien de
naissance, qui a la double nationalité franco-ivorienne, dit avoir
longtemps buté sur un racisme fait de non-dits qui lui a bloqué les plus
hautes marches des entreprises françaises. A tel point que quand un
chasseur de têtes l’a démarché pour rejoindre le groupe britannique
d’assurance Aviva en 2002, il a commencé par lui préciser au téléphone:
«Je suis Noir, francophone et je mesure 1,93 mètre.»
Tidjane
Thiam aura finalement réussi à briser le plafond de verre, non
seulement en France, mais aussi parmi les élites de la finance mondiale.
Nommé mardi directeur général de Credit Suisse, il n’est que le
deuxième Noir à arriver à la tête d’une grande banque internationale,
après Stanley O’Neal qui a dirigé Merrill Lynch jusqu’en 2007.
Partout
où il va, l’homme impose le respect. Assez direct, parlant de façon
très simple et relativement douce, qui tranche avec son imposant
physique, Tidjane Thiam a réussi une carrière spectaculaire. Ça n’a
pourtant pas du tout été un long fleuve tranquille.
Né en
1962, ce père de deux enfants est issu d’une grande famille de la
politique ivoirienne. Son père, Amadou Thiam, avait épousé une nièce du
président Félix Houphouët-Boigny. Nommé ministre de l’Information alors
que Tidjane avait 1 an, il est ensuite écarté du pouvoir, puis nommé
ambassadeur au Maroc, avant de redevenir ministre à la fin des années
1970.
Après une scolarité en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam
réussit des études brillantes supérieures en France. C’est à sa sortie
des études, après avoir défilé en 1984 comme polytechnicien sur les
Champs-Elysées le 14 juillet, qu’il se heurte au plafond de verre. C’est
un cabinet de consultants américain, McKinsey, qui le recrute. Il
travaille pour eux à Paris puis à New York. Mais quand le président
ivoirien Henri Konan Bédié l’invite en 1994 à revenir à son pays natal,
il n’hésite pas longtemps. Il devient le responsable du Bureau national
d’études techniques et de développement. Quatre ans plus tard, il est
promu pour devenir ministre du Plan. Quand arrive le coup d’Etat de
1999, Tidjane Thiam se retrouve sans emploi, sans carrière et sans plan
de secours.
Il rejoint le cabinet McKinsey, où il est promu associé,
et il reprend son travail de conseil auprès de compagnies d’assurance
et de banques. Trois ans plus tard, quand il est approché par le
britannique Aviva, il hésite pourtant. «J’étais prudent, raconte-t-il
dans l’émission de la BBC Desert Island Disc. C’est
difficile de travailler dans une langue qui n’est pas la vôtre.» Son ami
Richard Harvey, qui dirigeait alors Aviva, le convainc.
L’immigré
ivoirien qui travaillait en France devient alors un immigré français à
la City. «J’avais dit à un ami: «Quand même, être Noir dans ce milieu,
ce n’est pas facile.» Il m’a répondu: «Ne t’inquiète pas, tu es
Français, et à la City, c’est bien plus handicapant. Ton accent est
français.»
Devenu directeur financier d’Aviva, où il est
pressenti pour prendre la tête du groupe, il surprend tout le monde en
rejoignant Prudential en 2008, dont il devient le directeur général
l’année suivante. Tidjane Thiam tente alors un coup qui a failli lui
coûter sa carrière. Il trouve un accord avec le géant américain AIG pour
lui acheter sa filiale asiatique, AIA. Objectif: devenir le leader de
l’assurance vie dans cette région d’avenir. Le pari financier, à
35 milliards de dollars, est gigantesque. A tel point que c’est un échec
retentissant: les actionnaires de Prudential s’y opposent.
Stoïque
dans l’adversité, Tidjane Thiam fait face à une assemblée générale
houleuse en juin 2010, où de nombreux actionnaires réclament
publiquement sa tête. Il tient bon, reconnaît son échec et tourne la
page.
Cinq ans plus tard, il est salué de tous. Le cours
de bourse de Prudential a triplé, après une période d’expansion très
agressive. Le bénéfice opérationnel du groupe a augmenté de 14% en 2014,
dont un tiers est réalisé en Asie, un deuxième gros tiers aux
Etats-Unis et le reste au Royaume-Uni. «Il n’y a pas de meilleur moment
(pour quitter l’entreprise)», assure-t-il.
Une
interrogation revient cependant régulièrement à propos de son transfert à
Credit Suisse: Tidjane Thiam n’est pas un banquier. Il n’a jamais
travaillé pour une banque. Le pari à la tête de l’institution suisse est
risqué. Mais le Franco-Ivoirien a l’habitude de briser les plafonds de
verre.
verre» auquel il s’est heurté en France. Ingénieur sortant major de sa
promotion de la prestigieuse Ecole des Mines, polytechnicien, diplômé
d’un master de l’école de commerce Insead, il avait toutes les qualités
pour trouver un emploi de très haut niveau. Mais cet Ivoirien de
naissance, qui a la double nationalité franco-ivorienne, dit avoir
longtemps buté sur un racisme fait de non-dits qui lui a bloqué les plus
hautes marches des entreprises françaises. A tel point que quand un
chasseur de têtes l’a démarché pour rejoindre le groupe britannique
d’assurance Aviva en 2002, il a commencé par lui préciser au téléphone:
«Je suis Noir, francophone et je mesure 1,93 mètre.»
Tidjane
Thiam aura finalement réussi à briser le plafond de verre, non
seulement en France, mais aussi parmi les élites de la finance mondiale.
Nommé mardi directeur général de Credit Suisse, il n’est que le
deuxième Noir à arriver à la tête d’une grande banque internationale,
après Stanley O’Neal qui a dirigé Merrill Lynch jusqu’en 2007.
Partout
où il va, l’homme impose le respect. Assez direct, parlant de façon
très simple et relativement douce, qui tranche avec son imposant
physique, Tidjane Thiam a réussi une carrière spectaculaire. Ça n’a
pourtant pas du tout été un long fleuve tranquille.
Né en
1962, ce père de deux enfants est issu d’une grande famille de la
politique ivoirienne. Son père, Amadou Thiam, avait épousé une nièce du
président Félix Houphouët-Boigny. Nommé ministre de l’Information alors
que Tidjane avait 1 an, il est ensuite écarté du pouvoir, puis nommé
ambassadeur au Maroc, avant de redevenir ministre à la fin des années
1970.
Après une scolarité en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam
réussit des études brillantes supérieures en France. C’est à sa sortie
des études, après avoir défilé en 1984 comme polytechnicien sur les
Champs-Elysées le 14 juillet, qu’il se heurte au plafond de verre. C’est
un cabinet de consultants américain, McKinsey, qui le recrute. Il
travaille pour eux à Paris puis à New York. Mais quand le président
ivoirien Henri Konan Bédié l’invite en 1994 à revenir à son pays natal,
il n’hésite pas longtemps. Il devient le responsable du Bureau national
d’études techniques et de développement. Quatre ans plus tard, il est
promu pour devenir ministre du Plan. Quand arrive le coup d’Etat de
1999, Tidjane Thiam se retrouve sans emploi, sans carrière et sans plan
de secours.
Il rejoint le cabinet McKinsey, où il est promu associé,
et il reprend son travail de conseil auprès de compagnies d’assurance
et de banques. Trois ans plus tard, quand il est approché par le
britannique Aviva, il hésite pourtant. «J’étais prudent, raconte-t-il
dans l’émission de la BBC Desert Island Disc. C’est
difficile de travailler dans une langue qui n’est pas la vôtre.» Son ami
Richard Harvey, qui dirigeait alors Aviva, le convainc.
L’immigré
ivoirien qui travaillait en France devient alors un immigré français à
la City. «J’avais dit à un ami: «Quand même, être Noir dans ce milieu,
ce n’est pas facile.» Il m’a répondu: «Ne t’inquiète pas, tu es
Français, et à la City, c’est bien plus handicapant. Ton accent est
français.»
Devenu directeur financier d’Aviva, où il est
pressenti pour prendre la tête du groupe, il surprend tout le monde en
rejoignant Prudential en 2008, dont il devient le directeur général
l’année suivante. Tidjane Thiam tente alors un coup qui a failli lui
coûter sa carrière. Il trouve un accord avec le géant américain AIG pour
lui acheter sa filiale asiatique, AIA. Objectif: devenir le leader de
l’assurance vie dans cette région d’avenir. Le pari financier, à
35 milliards de dollars, est gigantesque. A tel point que c’est un échec
retentissant: les actionnaires de Prudential s’y opposent.
Stoïque
dans l’adversité, Tidjane Thiam fait face à une assemblée générale
houleuse en juin 2010, où de nombreux actionnaires réclament
publiquement sa tête. Il tient bon, reconnaît son échec et tourne la
page.
Cinq ans plus tard, il est salué de tous. Le cours
de bourse de Prudential a triplé, après une période d’expansion très
agressive. Le bénéfice opérationnel du groupe a augmenté de 14% en 2014,
dont un tiers est réalisé en Asie, un deuxième gros tiers aux
Etats-Unis et le reste au Royaume-Uni. «Il n’y a pas de meilleur moment
(pour quitter l’entreprise)», assure-t-il.
Une
interrogation revient cependant régulièrement à propos de son transfert à
Credit Suisse: Tidjane Thiam n’est pas un banquier. Il n’a jamais
travaillé pour une banque. Le pari à la tête de l’institution suisse est
risqué. Mais le Franco-Ivoirien a l’habitude de briser les plafonds de
verre.
Ecrire à l'auteur
Le jour de la remise du baccalauréat au lycée classique d’Abidjan, Tidjane Thiam éclate en sanglots. Ce ne sont pas des larmes de joie, mais de rage. Parce qu’il n’a obtenu qu’une mention « bien » au lieu de la mention « très bien » qu’il visait. Un 9/20 en histoire-géo a fait chuter sa moyenne, sans cela excellente. « Le professeur avait jugé la copie trop bonne pour être honnête », explique Daouda Thiam, l’un de ses frères. Leur père, qui venait d’être nommé pour la seconde fois ministre de l’information du président francophile Félix Houphouët-Boigny, n’a pas voulu intervenir pour corriger l’injustice, « de peur que l’on ne parle de pressions politiques ». C’était en juillet 1980.
Trente-quatre ans plus tard, Tidjane Thiam, devenu le CEO reconnu du géant britannique de l’assurance Prudencial, va prendre la direction du Crédit suisse. Lors d’un débat public il y a quelques années, il a raconté qu’il se souvenait « encore très bien du passage avec “nos ancêtres les Gaulois” » : le censeur du lycée d’Abidjan, un Français, n’avait pas vraiment cru qu’il parviendrait à entrer dans une grande école à Paris. « J’étais très content de revenir deux ans plus tard pour lui annoncer que j’avais été admis à Polytechnique. » Haut la main.
Aziz, l’avant-dernier des cinq fils, de huit ans l’aîné de Tidjane, avait fait la prestigieuse Ecole centrale à Paris, qui forme l’élite des ingénieurs. « Nous avons découvert que Tidjane, alors âgé de 12 ou 13 ans, avait récupéré les notes d’Aziz et qu’il en avait fait des graphiques afin de placer ses propres notes dessus. Il voulait s’assurer qu’il était plus performant que son grand frère. »
Cette volonté de réussite scolaire leur venait de leur mère, Mariétou. Issue d’une noble lignée de Yamoussoukro, nièce du président Félix Houphouët-Boigny, elle n’avait pourtant appris à lire qu’une fois adulte, lorsque les plus grands de ses fils étaient entrés au collège. Le grand-père, Papa Sow, avait refusé de l’envoyer à « l’école des Blancs ».
Quant au père de Tidjane, il avait bénéficié d’une éducation à la française. Né en 1923 à Dagana sur les rives du fleuve Sénégal, 2 000 km au nord-ouest d’Abidjan, Amadou Thiam avait été inscrit d’autorité à l’école républicaine, malgré les réticences de son père. Et compte tenu de l’excellence de ses résultats, Amadou avait pu partir en France métropolitaine, d’où il était revenu diplômé de l’Institut international de journalisme de Strasbourg. A 36 ans, il devient directeur de Radio Côte d’Ivoire, dans sa patrie d’adoption, avant d’être nommé ministre de l’information, en février 1963. Tidjane Thiam a 7 mois et la vie s’ouvre à lui.
Entre 4 et 15 ans, Tidjane Thiam passe donc l’essentiel de son enfance à Rabat. « Nous étions l’une des premières familles noires à vivre là-bas. On générait une certaine curiosité », concédera-t-il plus tard, lors d’une interview à CNN.
Tous les matins, un chauffeur emmenait les enfants à l’école. Mais très souvent le petit Tidjane s’endormait dans la voiture. Donc, le chauffeur revenait à la maison avec sa précieuse cargaison. « Mais le petit dort », chuchotait-il. Et il le portait dans sa chambre. Son grand frère Daouda se souvient encore du jour où ce petit manège s’est arrêté : « L’un d’entre nous l’a regardé et a remarqué que les paupières de Tidjane bougeaient… Il faisait semblant de dormir ! » Alors, pour le motiver, ses parents ont instauré un curieux contrat, raconte Daouda. Quand il était premier de sa classe, les grands l’emmenaient manger une glace à la vanille. A Rabat, puis à Abidjan, Tidjane en mangeait souvent.
Augutin, l’un des autres frères, détaille le système Thiam : « Quand le mercredi on recevait les bulletins, si ce n’était pas bon, on n’allait pas au cinéma le lendemain. Pareil pour les grandes vacances : ceux qui étaient les premiers allaient en Europe et revenaient avec plein de souvenirs. Les autres allaient au village. Ça n’est jamais arrivé à Tidjane. Il ne sait pas ce que c’est qu’être deuxième. »
En 1981, Tidjane tient sa revanche sur son frère Aziz : il est reçu à Polytechnique, qui forme l’élite de l’élite des ingénieurs, une grande école encore plus prestigieuse que Centrale. La France s’ouvre à lui.
Nous sommes le 14 juillet 1983. A 10 h 38, en grande tenue, Tidjane Thiam entame la descente des Champs-Elysées. Grâce à son 1 mètre 93, lui, premier Ivoirien de l’histoire à avoir été admis à l’X, marche au premier rang du cortège des polytechniciens. Comme le veut la tradition, l’école, sous tutelle du ministère de la défense, ouvre le défilé de la fête nationale française. « Ma mère est là, écrira plus tard Tidjane Thiam, profondément émue de voir le plus jeune de ses sept enfants porter cet uniforme si symbolique de l’idée qu’elle se fait de la France. » A cet instant, tout semble possible. Elu deux ans plus tôt, le président François Mitterrand est toujours en état de grâce et un mois et demi avant le défilé, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor a été le premier Africain admis à l’Académie française.
Le directeur des études de l’Ecole des mines, Gilbert Frade, ayant remarqué cette différence de traitement, lui conseille alors de s’orienter vers les Anglo-Saxons. « Je n’avais jamais entendu parler de McKinsey ; je ne connaissais pas leurs activités. Je les ai rencontrés et ils m’ont fait une offre », racontera Tidjane Thiam des années plus tard.
Ancien de chez McKinsey, le Genevois Eric Bernheim a travaillé avec Tidjane Thiam sur différents projets. « Déjà à l’époque, c’était quelqu’un d’absolument brillant. » En 1988, à 26 ans, il obtient son MBA en cours d’emploi à la prestigieuse Insead, à Fontainebleau, véritable usine à grands patrons.
Un samedi, en 1994, sa femme et lui étaient sortis au cinéma. Une fois rentrés, sur le répondeur, un message d’un conseiller invite Tidjane Thiam à rappeler au plus vite : le nouveau président ivoirien Henri Konan Bédié veut déjeuner avec lui.
C’est ainsi que Tidjane Thiam devient, à 31 ans, le directeur du Bureau national d’études et de développement technique à Abidjan, chargé des grands travaux. Il y restera six ans. « Je ne sais pas si je serai de nouveau confronté à des circonstances aussi exceptionnelles que celles que j’ai trouvées à mon arrivée en Côte d’Ivoire », dira plus tard Tidjane Thiam. Après la dévaluation de 50 % du franc CFA, le 11 janvier 1994, il faut tout renégocier : les salaires, les tarifs de l’eau, de l’électricité, etc. Son rôle le plaçait au cœur de beaucoup de ces discussions.
Si l’on avait additionné toutes les demandes de financement qu’il avait sur la table, expliquera-t-il plus tard, cela aurait fait l’équivalent de son budget multiplié par 50 ou par 100. « Passer de 50 à 1 est très difficile. C’est comme choisir de se couper le bras gauche ou le bras droit. C’est douloureux. Et à chaque fois, des vies sont en jeu. Vous pouvez lire autant de livres que vous voulez, rien ne vous prépare à une épreuve pareille. »
Durant cette période, Tidjane Thiam a largement inspiré une vision pour son pays en 2025. Le scénario le plus désirable s’appelait « La marche des éléphants d’Afrique », avec une série de douze grands travaux. Le scénario pessimiste, intitulé « Le Suicide du scorpion », avait comme il fallait s’y attendre fini au fond d’un tiroir : il prédisait un coup d’Etat si le président Bédié continuait sur sa lancée.
Avec son passeport français, hérité de son père, il aurait pu ne jamais rentrer. « Mais je ne voulais pas être un fugitif pour le reste de ma vie », expliquera Tidjane Thiam. Et puis il avait peur pour son équipe. Il rentre donc à Abidjan, seul, sans sa femme et ses deux fils, alors âgés de 4 et 6 ans.
Grâce à l’une de ses assistantes, qui avait veillé devant la porte la nuit du coup d’Etat, le bureau n’avait pas été pillé. Tidjane Thiam – décrit quelques mois plus tôt comme possible premier ministre en dépit de son ascendance sénégalaise – décide d’abandonner la politique. Le 6 janvier 2000, il passe la main à son successeur. Et parvient à quitter le pays, laissant sa nouvelle résidence de Cocody-les-Ambassades derrière lui.
Arrivé en France, Tidjane Thiam se retrouve sans emploi pendant cinq mois. En mai 2000, il rejoint finalement McKinsey en tant qu’associé. C’est alors qu’il est approché par un chasseur de têtes. Il n’a pas vraiment l’intention de partir, mais il est intrigué par ces Anglais prêts à embaucher un grand Noir comme lui.
Peu après son arrivée à Londres, le président de la vénérable Lloyd’s lui dit : « Ton problème, dans la City, ce n’est pas que tu es Noir, c’est que tu es Français », raconte souvent Tidjane Thiam. « J’ai reçu cela comme une bonne nouvelle ; ce n’était donc pas une question de couleur de peau, mais une question de différences culturelles. »
Cette extraordinaire capacité d’adaptation poussera Tidjane Thiam très rapidement tout au sommet. Embauché chez l’assureur Aviva en novembre 2002, il dirige le département chargé de l’Europe en 2006, puis prend la direction du groupe en mai 2007. Ses résultats sont excellents.
Quelques mois plus tard, Prudential, le principal concurrent d’Aviva, décide de l’embaucher comme directeur financier. Mais, de septembre 2007 à avril 2008, une clause de non-concurrence lui interdit d’aller travailler. « J’en ai profité pour reprendre contact avec beaucoup d’amis. Il y avait de nombreux signes avant-coureurs sur les conditions de crédit, les prix de l’immobilier, etc. » Grâce notamment à cette prise de recul forcée, Tidjane Thiam est l’un des rares à avoir anticipé la crise financière de 2008, et parvient à imposer ce point de vue chez son nouvel employeur. Un an plus tard, il devient CEO de 28 000 employés.
Peu de temps après, il tente une offre de reprise à 35 milliards de dollars sur les actifs asiatiques d’AIG, offre finalement rejetée par les actionnaires. La tentative coûte plus de 600 millions. Mais Tidjane Thiam ne regrette pas d’avoir essayé, explique-t-il trois ans après cet échec: « J’avais à 35 milliards de dollars ce qu’il faudrait payer 80 milliards aujourd’hui. Les faits m’ont donné raison. »
Le banquier d’investissement franco-béninois Lionel Zinsou est un ami depuis trente ans. Pour lui, Tidjane Thiam aurait pu tranquillement se reposer sur la performance boursière exceptionnelle de Prudential. « Mais Tidjane a besoin de changer et une entreprise aussi globalisée que le Crédit suisse lui conviendra certainement. » Son ami, poursuit-il, a quelque chose d’assez ascétique. « Dans ce moment où il faut repenser la banque, je pense que replacer l’éthique au centre est l’une des raisons de son choix. »
Par Titus Plattner, Maureen Grisot (Abidjan) et Oliver Zihlmann pour Le Matin Dimanche
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Entreprise / Emploi Elizabeth Holmes est la plus jeune entrepreneure milliardaire du monde. Son secret ? Un procédé révolutionnaire de prise de sang. 1984 : naissance d’Elizabeth Holmes à Washington D.C. 2002 : elle entre à l’université de Stanford, pour y étudier la chimie. Stage au Genome Institute de Singapore pour étudier le coronavirus dans le sang. 2003 : fonde la société Theranos à Palo Alto, en Californie, et dépose plusieurs brevets. 2014 : entre sur la liste Forbes des 400 plus grosses fortunes américaines, à la 111e place.
"Une goutte de sang peut tout changer" : le slogan de Theranos (contraction de "therapy" et "diagnostic" en anglais), la société californienne créée en 2003 par Elizabeth Holmes, résume sa mission. La jeune femme, âgée aujourd’hui de 31 ans, entend révolutionner tout un pan de la santé aux Etats-Unis, de la prise de sang à l’analyse médicale, jusqu’à la manière dont les résultats sont transmis aux médecins et aux patients. Comment ? En pratiquant des tests sanguins miniatures, réalisés sur le bout du doigt. Plus besoin de seringues ni de fioles. Quelques gouttes de sang sont récupérées dans des "nanotainer" (brevet déposé par Theranos), de la taille d’un fusible (1,25 cm de haut contre 10 cm pour un tube traditionnel), une quantité suffisante, grâce à la technologie développée par Theranos, pour effectuer 200 tests, et bientôt plus.
Les autres avantages de Theranos : la rapidité des résultats, disponibles en quelques heures, et le prix de l’intervention, la moitié voire un quart du coût demandé par un laboratoire classique, et jusqu’à un dixième du prix pratiqué dans les hôpitaux.
Dans une récente conférence TedMed, dédiée à "soutenir l’imagination au service de la santé et de la médecine", Elizabeth Holmes racontait sa peine d’avoir, enfant, perdu son oncle préféré, d’un cancer généralisé. "La maladie se développe avant que les premiers symptômes n’apparaissent. Nous (à Theranos, NdlR) voulons voir un monde dans lequel chaque personne a accès à l’information médicale au moment le plus crucial. Un monde où personne ne se dit ‘si seulement j’avais su avant’, un monde où personne ne doit dire au revoir trop tôt."
Elizabeth Holmes se base sur un constat simple : 40 % à 60 % des Américains qui reçoivent une ordonnance d’un médecin pour effectuer une prise de sang ne la font pas, soit parce qu’ils n’en ont pas les moyens, qu’ils ne peuvent se rendre au laboratoire, ou parce qu’ils ont, comme elle, peur des aiguilles. En simplifiant la procédure, et en la rendant pratiquement indolore, elle espère lever certains de ces obstacles.
La démarche est double : en réduisant de manière drastique le coût des analyses, Theranos encourage les patients à obtenir un diagnostic, et allège par la même occasion la facture des remboursements de santé. Il a été calculé que la technologie développée par Theranos, si elle était appliquée à l’ensemble du pays, pourrait faire économiser des milliards de dollars aux caisses médicales américaines.
Theranos est associé à la chaîne de pharmacie Walgreens, mais ses tests ne sont pour l’instant disponibles que dans deux Etats, la Californie, à Palo Alto, siège de la compagnie, et dans l’Arizona. A l’avenir, le service devrait être étendu à la majorité des 8 200 enseignes du pays.
La passion et la vision de Melle Holmes, sa persévérance, et ses convictions profondes, ont fait d’elle la plus jeune femme entrepreneure milliardaire de la planète, en 2014. Elizabeth Holmes conserve le contrôle de plus de 50 % du capital de sa société de 500 employés, estimée à 9 milliards de dollars. Elle affirme cependant que l’argent ne l’a jamais intéressée. Sa définition du succès : améliorer la vie des gens, avant qu’il ne soit trop tardhttp://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/elizabeth-holmes-portrait-de-la-plus-jeune-entrepreneure-milliardaire-au-monde-550ac13b35707e3e93fb8f70
Tidjane Thiam, l’enfance d’un chef
Le jour de la remise du baccalauréat au lycée classique d’Abidjan, Tidjane Thiam éclate en sanglots. Ce ne sont pas des larmes de joie, mais de rage. Parce qu’il n’a obtenu qu’une mention « bien » au lieu de la mention « très bien » qu’il visait. Un 9/20 en histoire-géo a fait chuter sa moyenne, sans cela excellente. « Le professeur avait jugé la copie trop bonne pour être honnête », explique Daouda Thiam, l’un de ses frères. Leur père, qui venait d’être nommé pour la seconde fois ministre de l’information du président francophile Félix Houphouët-Boigny, n’a pas voulu intervenir pour corriger l’injustice, « de peur que l’on ne parle de pressions politiques ». C’était en juillet 1980.
Trente-quatre ans plus tard, Tidjane Thiam, devenu le CEO reconnu du géant britannique de l’assurance Prudencial, va prendre la direction du Crédit suisse. Lors d’un débat public il y a quelques années, il a raconté qu’il se souvenait « encore très bien du passage avec “nos ancêtres les Gaulois” » : le censeur du lycée d’Abidjan, un Français, n’avait pas vraiment cru qu’il parviendrait à entrer dans une grande école à Paris. « J’étais très content de revenir deux ans plus tard pour lui annoncer que j’avais été admis à Polytechnique. » Haut la main.
Une maman illettrée
Dernier de sept enfants, Tidjane Thiam a toujours voulu être le meilleur. « Quand on a quatre grands frères et deux grandes sœurs, ceux qui sont avant vous essaient tout le temps de vous rouler », explique Daouda Thiam, rencontré à Abidjan cette semaine. « Il faut être malin pour survivre. Et malin, Tidjane l’était certainement, espiègle et casse-pieds aussi. » Mais surtout, ajoute son grand frère, il avait l’esprit de compétition.Aziz, l’avant-dernier des cinq fils, de huit ans l’aîné de Tidjane, avait fait la prestigieuse Ecole centrale à Paris, qui forme l’élite des ingénieurs. « Nous avons découvert que Tidjane, alors âgé de 12 ou 13 ans, avait récupéré les notes d’Aziz et qu’il en avait fait des graphiques afin de placer ses propres notes dessus. Il voulait s’assurer qu’il était plus performant que son grand frère. »
Cette volonté de réussite scolaire leur venait de leur mère, Mariétou. Issue d’une noble lignée de Yamoussoukro, nièce du président Félix Houphouët-Boigny, elle n’avait pourtant appris à lire qu’une fois adulte, lorsque les plus grands de ses fils étaient entrés au collège. Le grand-père, Papa Sow, avait refusé de l’envoyer à « l’école des Blancs ».
Quant au père de Tidjane, il avait bénéficié d’une éducation à la française. Né en 1923 à Dagana sur les rives du fleuve Sénégal, 2 000 km au nord-ouest d’Abidjan, Amadou Thiam avait été inscrit d’autorité à l’école républicaine, malgré les réticences de son père. Et compte tenu de l’excellence de ses résultats, Amadou avait pu partir en France métropolitaine, d’où il était revenu diplômé de l’Institut international de journalisme de Strasbourg. A 36 ans, il devient directeur de Radio Côte d’Ivoire, dans sa patrie d’adoption, avant d’être nommé ministre de l’information, en février 1963. Tidjane Thiam a 7 mois et la vie s’ouvre à lui.
Une enfance à Rabat
Seulement voilà, en août 1963, après quelques mois au ministère, son père est arrêté avec une trentaine de personnes soupçonnées d’avoir fomenté un complot contre le président. Finalement mis hors de cause, Amadou Thiam est nommé ambassadeur au Maroc en 1966.Entre 4 et 15 ans, Tidjane Thiam passe donc l’essentiel de son enfance à Rabat. « Nous étions l’une des premières familles noires à vivre là-bas. On générait une certaine curiosité », concédera-t-il plus tard, lors d’une interview à CNN.
Tous les matins, un chauffeur emmenait les enfants à l’école. Mais très souvent le petit Tidjane s’endormait dans la voiture. Donc, le chauffeur revenait à la maison avec sa précieuse cargaison. « Mais le petit dort », chuchotait-il. Et il le portait dans sa chambre. Son grand frère Daouda se souvient encore du jour où ce petit manège s’est arrêté : « L’un d’entre nous l’a regardé et a remarqué que les paupières de Tidjane bougeaient… Il faisait semblant de dormir ! » Alors, pour le motiver, ses parents ont instauré un curieux contrat, raconte Daouda. Quand il était premier de sa classe, les grands l’emmenaient manger une glace à la vanille. A Rabat, puis à Abidjan, Tidjane en mangeait souvent.
Augutin, l’un des autres frères, détaille le système Thiam : « Quand le mercredi on recevait les bulletins, si ce n’était pas bon, on n’allait pas au cinéma le lendemain. Pareil pour les grandes vacances : ceux qui étaient les premiers allaient en Europe et revenaient avec plein de souvenirs. Les autres allaient au village. Ça n’est jamais arrivé à Tidjane. Il ne sait pas ce que c’est qu’être deuxième. »
Chez les jésuites
Après le bac, l’adolescent part d’abord en classe préparatoire au fameux lycée Sainte-Geneviève à Versailles, tenu par les jésuites. Ses parents, qui étaient des musulmans pratiquants, se sont toujours montrés très ouverts à l’égard de la religion. Leurs sept enfants ont tous reçu un prénom musulman. Mais si l’un d’eux a fait le pèlerinage de La Mecque, deux sont devenus catholiques et un autre protestant. Tidjane, lui, est resté fidèle à ses origines et dit volontiers qu’il est musulman.En 1981, Tidjane tient sa revanche sur son frère Aziz : il est reçu à Polytechnique, qui forme l’élite de l’élite des ingénieurs, une grande école encore plus prestigieuse que Centrale. La France s’ouvre à lui.
Nous sommes le 14 juillet 1983. A 10 h 38, en grande tenue, Tidjane Thiam entame la descente des Champs-Elysées. Grâce à son 1 mètre 93, lui, premier Ivoirien de l’histoire à avoir été admis à l’X, marche au premier rang du cortège des polytechniciens. Comme le veut la tradition, l’école, sous tutelle du ministère de la défense, ouvre le défilé de la fête nationale française. « Ma mère est là, écrira plus tard Tidjane Thiam, profondément émue de voir le plus jeune de ses sept enfants porter cet uniforme si symbolique de l’idée qu’elle se fait de la France. » A cet instant, tout semble possible. Elu deux ans plus tôt, le président François Mitterrand est toujours en état de grâce et un mois et demi avant le défilé, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor a été le premier Africain admis à l’Académie française.
Major de l’Ecole des mines
Mais Tidjane Thiam devra déchanter. Après Polytechnique, il entre à l’Ecole des mines, dont il sortira major de sa promotion en 1986. Le professeur Alain Gaunand, alors jeune maître assistant, se souvient très bien de Tidjane Thiam : « Il était brillant intellectuellement et, en plus, il était très agréable dans les relations humaines. » Seulement, malgré un excellent stage en entreprise chez Air Liquide, le géant français du gaz industriel où il avait fait un travail remarqué sur le « calcul d’échange de chaleur multiplaques », Tidjane Thiam n’avait reçu presque aucun entretien d’embauche.Le directeur des études de l’Ecole des mines, Gilbert Frade, ayant remarqué cette différence de traitement, lui conseille alors de s’orienter vers les Anglo-Saxons. « Je n’avais jamais entendu parler de McKinsey ; je ne connaissais pas leurs activités. Je les ai rencontrés et ils m’ont fait une offre », racontera Tidjane Thiam des années plus tard.
Ancien de chez McKinsey, le Genevois Eric Bernheim a travaillé avec Tidjane Thiam sur différents projets. « Déjà à l’époque, c’était quelqu’un d’absolument brillant. » En 1988, à 26 ans, il obtient son MBA en cours d’emploi à la prestigieuse Insead, à Fontainebleau, véritable usine à grands patrons.
Une épouse de Pennsylvanie
En 1989, Tidjane Thiam s’envole pour New York, où il intègre pour une année le Young Professional Program de la Banque mondiale. C’est aussi là qu’il rencontre Annette, une Afro-Américaine de Pennsylvanie, qu’il épousera bientôt. Par amour, elle se convertit à l’islam. Retour à Paris, chez McKinsey.Un samedi, en 1994, sa femme et lui étaient sortis au cinéma. Une fois rentrés, sur le répondeur, un message d’un conseiller invite Tidjane Thiam à rappeler au plus vite : le nouveau président ivoirien Henri Konan Bédié veut déjeuner avec lui.
C’est ainsi que Tidjane Thiam devient, à 31 ans, le directeur du Bureau national d’études et de développement technique à Abidjan, chargé des grands travaux. Il y restera six ans. « Je ne sais pas si je serai de nouveau confronté à des circonstances aussi exceptionnelles que celles que j’ai trouvées à mon arrivée en Côte d’Ivoire », dira plus tard Tidjane Thiam. Après la dévaluation de 50 % du franc CFA, le 11 janvier 1994, il faut tout renégocier : les salaires, les tarifs de l’eau, de l’électricité, etc. Son rôle le plaçait au cœur de beaucoup de ces discussions.
Si l’on avait additionné toutes les demandes de financement qu’il avait sur la table, expliquera-t-il plus tard, cela aurait fait l’équivalent de son budget multiplié par 50 ou par 100. « Passer de 50 à 1 est très difficile. C’est comme choisir de se couper le bras gauche ou le bras droit. C’est douloureux. Et à chaque fois, des vies sont en jeu. Vous pouvez lire autant de livres que vous voulez, rien ne vous prépare à une épreuve pareille. »
Intronisé « prince des Baoulés »
Il lui faut donc trouver des solutions. Dans son équipe, Thiam embauche de jeunes Ivoiriens, qui remplacent peu à peu la majorité d’expatriés français. Il lance des privatisations ou des partenariats public-privé sur l’eau, l’électricité, les télécommunications, l’aéroport, les bus, des ponts à péage, etc. En août 1998, lui, le technocrate, le cartésien, qui n’a jamais voulu se compromettre en politique, est nommé ministre de la planification. A contrecœur, jure ses proches. Tidjane, fils d’immigré sénégalais, est aussi intronisé « prince des Baoulés », l’ethnie du grand Houphouët-Boigny.Durant cette période, Tidjane Thiam a largement inspiré une vision pour son pays en 2025. Le scénario le plus désirable s’appelait « La marche des éléphants d’Afrique », avec une série de douze grands travaux. Le scénario pessimiste, intitulé « Le Suicide du scorpion », avait comme il fallait s’y attendre fini au fond d’un tiroir : il prédisait un coup d’Etat si le président Bédié continuait sur sa lancée.
Coup d’Etat le 24 décembre
Et c’est exactement ce qui s’est produit. Le 24 décembre 1999, des militaires prennent le pouvoir. Tidjane Thiam, lui, est aux Etats-Unis dans sa belle-famille. Une semaine après avoir intégré le « Dream Cabinet » du club des « 100 Global Leaders », créé sous l’égide du World Economic Forum, le monde s’écroule sous ses pieds.Avec son passeport français, hérité de son père, il aurait pu ne jamais rentrer. « Mais je ne voulais pas être un fugitif pour le reste de ma vie », expliquera Tidjane Thiam. Et puis il avait peur pour son équipe. Il rentre donc à Abidjan, seul, sans sa femme et ses deux fils, alors âgés de 4 et 6 ans.
Grâce à l’une de ses assistantes, qui avait veillé devant la porte la nuit du coup d’Etat, le bureau n’avait pas été pillé. Tidjane Thiam – décrit quelques mois plus tôt comme possible premier ministre en dépit de son ascendance sénégalaise – décide d’abandonner la politique. Le 6 janvier 2000, il passe la main à son successeur. Et parvient à quitter le pays, laissant sa nouvelle résidence de Cocody-les-Ambassades derrière lui.
Arrivé en France, Tidjane Thiam se retrouve sans emploi pendant cinq mois. En mai 2000, il rejoint finalement McKinsey en tant qu’associé. C’est alors qu’il est approché par un chasseur de têtes. Il n’a pas vraiment l’intention de partir, mais il est intrigué par ces Anglais prêts à embaucher un grand Noir comme lui.
Peu après son arrivée à Londres, le président de la vénérable Lloyd’s lui dit : « Ton problème, dans la City, ce n’est pas que tu es Noir, c’est que tu es Français », raconte souvent Tidjane Thiam. « J’ai reçu cela comme une bonne nouvelle ; ce n’était donc pas une question de couleur de peau, mais une question de différences culturelles. »
Une extraordinaire capacité d’adaptation
Tidjane Thiam, évidemment, apprend vite la mode anglaise. Par exemple qu’on y dit les choses de façon un peu moins directe. Parce que la Grande-Bretagne est une île, où les relations à long terme sont très importantes et où l’accent est mis sur une certaine harmonie. « On ne dira pas : “Je ne suis absolument pas d’accord avec ce que tu dis”, mais plutôt “Je ne suis pas sûûûrr que je suis d’accoooord”», raconte-t-il en se moquant avec une subtile bienveillance de l’accent anglais. « Quand on arrive dans un pays, je crois que c’est à celui qui vient de comprendre la culture de l’autre. »Cette extraordinaire capacité d’adaptation poussera Tidjane Thiam très rapidement tout au sommet. Embauché chez l’assureur Aviva en novembre 2002, il dirige le département chargé de l’Europe en 2006, puis prend la direction du groupe en mai 2007. Ses résultats sont excellents.
Quelques mois plus tard, Prudential, le principal concurrent d’Aviva, décide de l’embaucher comme directeur financier. Mais, de septembre 2007 à avril 2008, une clause de non-concurrence lui interdit d’aller travailler. « J’en ai profité pour reprendre contact avec beaucoup d’amis. Il y avait de nombreux signes avant-coureurs sur les conditions de crédit, les prix de l’immobilier, etc. » Grâce notamment à cette prise de recul forcée, Tidjane Thiam est l’un des rares à avoir anticipé la crise financière de 2008, et parvient à imposer ce point de vue chez son nouvel employeur. Un an plus tard, il devient CEO de 28 000 employés.
Peu de temps après, il tente une offre de reprise à 35 milliards de dollars sur les actifs asiatiques d’AIG, offre finalement rejetée par les actionnaires. La tentative coûte plus de 600 millions. Mais Tidjane Thiam ne regrette pas d’avoir essayé, explique-t-il trois ans après cet échec: « J’avais à 35 milliards de dollars ce qu’il faudrait payer 80 milliards aujourd’hui. Les faits m’ont donné raison. »
Courtisé par Obama et Cameron
Aujourd’hui, l’Ivoirien aux racines sénégalaises, formé dans les écoles d’élite françaises, plus londonien que bien des Londoniens, est courtisé par les grands de ce monde. Il a été appelé chez le président Barack Obama à plusieurs reprises, il est ami avec David Cameron et George Osborne. Il côtoie des chefs d’Etat asiatiques, y compris le premier ministre chinois. Sur 54 chefs d’Etat africains, il doit en connaître 40. Et même le président de la République François Hollande a fini par l’inviter.Le banquier d’investissement franco-béninois Lionel Zinsou est un ami depuis trente ans. Pour lui, Tidjane Thiam aurait pu tranquillement se reposer sur la performance boursière exceptionnelle de Prudential. « Mais Tidjane a besoin de changer et une entreprise aussi globalisée que le Crédit suisse lui conviendra certainement. » Son ami, poursuit-il, a quelque chose d’assez ascétique. « Dans ce moment où il faut repenser la banque, je pense que replacer l’éthique au centre est l’une des raisons de son choix. »
Par Titus Plattner, Maureen Grisot (Abidjan) et Oliver Zihlmann pour Le Matin Dimanche
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Elizabeth Holmes, portrait de la plus jeune entrepreneure milliardaire au monde
Publié le - Mis à jour leEntreprise / Emploi Elizabeth Holmes est la plus jeune entrepreneure milliardaire du monde. Son secret ? Un procédé révolutionnaire de prise de sang. 1984 : naissance d’Elizabeth Holmes à Washington D.C. 2002 : elle entre à l’université de Stanford, pour y étudier la chimie. Stage au Genome Institute de Singapore pour étudier le coronavirus dans le sang. 2003 : fonde la société Theranos à Palo Alto, en Californie, et dépose plusieurs brevets. 2014 : entre sur la liste Forbes des 400 plus grosses fortunes américaines, à la 111e place.
Est-ce sa peur bleue des piqûres, un
papa impliqué dans l’aide au développement, ou un
arrière-arrière-grand-père chirurgien et inventeur qui poussent
l’Américaine Elizabeth Holmes à révolutionner le domaine de l’analyse
médicale ? Ou une envie de changer le monde depuis l’enfance ? "Ce que je veux dans la vie, c’est découvrir quelque chose de nouveau, quelque chose que personne ne croit possible", confiait-elle, à neuf ans, dans une lettre à son père.
Dix ans plus tard, ce génie précoce mettait son rêve à
exécution. Brillante élève en chimie à l’université de Stanford, elle
abandonne les bancs de la fac en deuxième année, à 19 ans, pour monter
sa propre compagnie, avec l’argent économisé par ses parents pour ses
études. Dans la foulée, elle persuade son professeur de recherche,
Channing Robertson, de la suivre. "Je veux créer une toute nouvelle
technologie qui aidera l’ensemble de l’humanité, indépendamment de
l’endroit, des origines, de l’âge ou du sexe des bénéficiaires", avait-elle déclaré pour le convaincre. "Quand
j’ai finalement réalisé qui Elizabeth est fondamentalement, j’ai
réalisé que je pouvais très bien être en face d’un Steve Jobs ou d’un
Bill Gates", se souvient, dans une interview au magazine "Fortune",
le professeur Robertson, qui deviendra le premier directeur de la
compagnie fondée par son élève."Une goutte de sang peut tout changer" : le slogan de Theranos (contraction de "therapy" et "diagnostic" en anglais), la société californienne créée en 2003 par Elizabeth Holmes, résume sa mission. La jeune femme, âgée aujourd’hui de 31 ans, entend révolutionner tout un pan de la santé aux Etats-Unis, de la prise de sang à l’analyse médicale, jusqu’à la manière dont les résultats sont transmis aux médecins et aux patients. Comment ? En pratiquant des tests sanguins miniatures, réalisés sur le bout du doigt. Plus besoin de seringues ni de fioles. Quelques gouttes de sang sont récupérées dans des "nanotainer" (brevet déposé par Theranos), de la taille d’un fusible (1,25 cm de haut contre 10 cm pour un tube traditionnel), une quantité suffisante, grâce à la technologie développée par Theranos, pour effectuer 200 tests, et bientôt plus.
Les autres avantages de Theranos : la rapidité des résultats, disponibles en quelques heures, et le prix de l’intervention, la moitié voire un quart du coût demandé par un laboratoire classique, et jusqu’à un dixième du prix pratiqué dans les hôpitaux.
Dans une récente conférence TedMed, dédiée à "soutenir l’imagination au service de la santé et de la médecine", Elizabeth Holmes racontait sa peine d’avoir, enfant, perdu son oncle préféré, d’un cancer généralisé. "La maladie se développe avant que les premiers symptômes n’apparaissent. Nous (à Theranos, NdlR) voulons voir un monde dans lequel chaque personne a accès à l’information médicale au moment le plus crucial. Un monde où personne ne se dit ‘si seulement j’avais su avant’, un monde où personne ne doit dire au revoir trop tôt."
Elizabeth Holmes se base sur un constat simple : 40 % à 60 % des Américains qui reçoivent une ordonnance d’un médecin pour effectuer une prise de sang ne la font pas, soit parce qu’ils n’en ont pas les moyens, qu’ils ne peuvent se rendre au laboratoire, ou parce qu’ils ont, comme elle, peur des aiguilles. En simplifiant la procédure, et en la rendant pratiquement indolore, elle espère lever certains de ces obstacles.
La démarche est double : en réduisant de manière drastique le coût des analyses, Theranos encourage les patients à obtenir un diagnostic, et allège par la même occasion la facture des remboursements de santé. Il a été calculé que la technologie développée par Theranos, si elle était appliquée à l’ensemble du pays, pourrait faire économiser des milliards de dollars aux caisses médicales américaines.
Theranos est associé à la chaîne de pharmacie Walgreens, mais ses tests ne sont pour l’instant disponibles que dans deux Etats, la Californie, à Palo Alto, siège de la compagnie, et dans l’Arizona. A l’avenir, le service devrait être étendu à la majorité des 8 200 enseignes du pays.
La passion et la vision de Melle Holmes, sa persévérance, et ses convictions profondes, ont fait d’elle la plus jeune femme entrepreneure milliardaire de la planète, en 2014. Elizabeth Holmes conserve le contrôle de plus de 50 % du capital de sa société de 500 employés, estimée à 9 milliards de dollars. Elle affirme cependant que l’argent ne l’a jamais intéressée. Sa définition du succès : améliorer la vie des gens, avant qu’il ne soit trop tardhttp://www.lalibre.be/economie/libre-entreprise/elizabeth-holmes-portrait-de-la-plus-jeune-entrepreneure-milliardaire-au-monde-550ac13b35707e3e93fb8f70