A six reprises au cours de leur scolarité, tous les élèves, de la
maternelle au secondaire, devront se rendre à la visite médicale,
aujourd'hui rebaptisée "bilan de santé". «C’est une obligation, rappelle le docteur Patrick Leleu, médecin
responsable du Centre Intercommunal de Santé de Mons. Quand un enfant
ne se présente pas, on lui redonne un rendez-vous, pour qu’il se
représente. Et s’il ne se présente vraiment pas, on va à domicile, voir
pourquoi les parents ne veulent pas présenter l’enfant. Parfois, c’est
parce qu’il faut cacher quelque chose». Le médecin pense notamment
aux cas de maltraitance: sur les quelques 14.000 élèves examinés chaque
année dans ce centre, l’équipe en détecte une quarantaine par an. «Souvent,
nous sommes alertés par l’institutrice, qui trouve que l’enfant somnole
en classe ou qu’il a des bleus qu’il n’avait pas avant», témoigne-t-il. La mise en confiance des enfants et des jeunes par l’équipe a aussi une importance capitale: «Ils
nous parlent beaucoup de leur famille, de leur santé, de leurs
cauchemars… Différentes choses qui sont révélatrices de problèmes,
petits ou gros», raconte Virginie Carlier, infirmière au centre
Un suivi systématique
Ces cas de maltraitance ne sont heureusement pas les seuls problèmes
détectés. Virginie Carlier tire un premier bilan de la matinée passée
avec une classe de deuxième année primaire: «Sur les 14 enfants qui
sont passés ce matin, nous avons dépisté des caries, des problèmes de
vue et un début de puberté chez un garçon de sept ans». Aucun de ces cas ne sera laissé sans suite: courrier aux parents, envoi éventuel vers un spécialiste. «Nous
attendons alors la réponse du médecin, généraliste ou spécialiste,
logopède, PMS etc. Et si on n’a pas de réponse, dans le courant de
l’année, on fait des rappels aux familles en fonction de la gravité de
la situation», poursuit sa collègue, Barbara Pisani. «Ici,
c’est un centre de prévention, les enfants sont censés être en bonne
santé quand ils viennent ici. Ils ne viennent pas ici parce qu’ils sont
malades : quand ils sont malades, ils vont chez leur médecin traitant», ajoute le Dr Leleu.
Surtout la vue et les dents
Tout cela peut faire penser à certains que ça n’a pas beaucoup
d’utilité de se rendre à ces consultations obligatoires. Maxime, élève
de quatrième année secondaire, a l’impression de perdre sa matinée. «Si on a un problème de santé, on est censé être au courant, et si on se sent mal, les médecins ça existe! râle-t-il. On regarde nos yeux, nos oreilles, mais ce n’est pas obligé de le faire ici». Et pourtant de nombreux problèmes, de vue par exemple, sont plus facilement détectés lors de ces visites scolaires. «Etant moi-même médecin généraliste, ce n’est pas le premier élément que je surveille»,
confirme le Dr Leleu. Les généralistes ne disposent généralement pas de
l’équipement adéquat. Pour ce qui est des problèmes dentaires, il
reconnaît que le médecin de famille peut en apercevoir, quand il examine
la bouche ou la gorge de l’enfant. «Mais on a peut-être un impact
un peu plus fort sur les parents si on le met sur papier et qu’on envoie
un document officiel par la poste».
Préparer les campagnes de prévention
Ce qui est détecté lors de ces bilans de santé n’est donc pas
uniquement versé dans des fichiers statistiques, comme beaucoup le
pensent. «Mais c’est aussi un enjeu important en terme de santé collective, insiste Janique Molle, la directrice du centre. Toutes
les données récoltées sont consignées dans un recueil, envoyé vers les
autorités, qui permet de prendre de grandes décisions en matière de
santé publique». Pour par exemple décider de lancer des campagnes
de sensibilisations à des phénomènes constatés chez les jeunes, comme le
manque de sommeil ou les addictions. «Nous nous retrouvons de plus
en plus face à des jeunes filles qui fument, boivent de l’alcool et
prennent la pilule. Or elle augmente ainsi ses risques cardiovasculaires»,
explique le Dr Leleu. Pas étonnant alors si l’animation proposée aux
jeunes de secondaire, pour patienter dans la salle d’attente, est
notamment un jeu qui leur permet de revoir leurs connaissances en
matière de sexualité et de contraception.
Sommeil, école, sexualité, vie de famille… : les adolescents français ne vont pas si mal
Une
vaste étude internationale montre qu’une majorité de collégiens ont une
perception positive de leur vie. Mais les filles affirment se sentir
globalement moins bien que les garçons : elles souffrent de stress à
l’école, et 13 % font des régimes.
C’est un portrait de l’adolescence comme on en voit peu. Santé physique et mentale, sexualité, rapport à l’école et au corps, vie de famille : le volet français de l’enquête
internationale Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), menée
tous les quatre ans dans 40 pays, donne la parole à 7 000 collégiens
représentatifs des jeunes âgés de 11 à 15 ans. Les derniers résultats,
qui portent sur 2014, viennent d’être mis en ligne par Santé publique France, l’agence nationale chargée de la veille et de la prévention en matière de santé.
Pour beaucoup d’adultes, l’adolescence est un âge mystérieux, associé
au mal-être et aux expérimentations à risque. Ce sentiment est confirmé
par l’enquête, mais seulement en partie. « Cet âge donne lieu à beaucoup de fantasmes parfois lourds à porter, relève Emmanuelle Godeau, médecin de santé publique qui coordonne l’étude depuis l’académie de Toulouse. Les adolescents vont en fait plutôt bien, mais il y a des points d’alerte sur lesquels les efforts doivent porter. »
Ainsi, 82 % des collégiens ont une perception positive de leur vie,
et 88 % se sentent en bonne santé. Cependant, lorsque les questions se
font plus précises, des proportions importantes d’enfants rapportent des
difficultés. Enseignement majeur de l’étude : les filles affirment se sentir globalement moins bien que les garçons.
image:
http://s1.lemde.fr/image/2016/12/22/534x0/5052834_6_fa14_les-filles-affirment-se-sentir-moins-bien-que_fa06e6cbc511c0a49f9e375de0d5f4bc.png
Des troubles somatiques et psychologiques réguliers
Un adolescent sur quatre est concerné. Le plus souvent, il s’agit de
difficultés à s’endormir (36,7 % des élèves concernés), d’irritabilité
(25,6 %), de nervosité (24,5 %) et de déprime (17,3 %). Les maux de dos,
de tête et de ventre réguliers (plus d’une fois par semaine depuis six
mois) concernent respectivement 21,7 %, 17,3 % et 15,4 % des collégiens.
Les filles se plaignent de l’un ou l’autre de ces symptômes plus
souvent que les garçons, et de plus en plus en grandissant (43,7 % le
font en classe de 6e et 59 % en 3e). Même constat pour les signes de mal-être et de souffrance psychique (découragement, tristesse, absence d’énergie, etc.).
La situation se dégrade par rapport à 2010, surtout pour les filles
(78 % perçoivent leur vie comme positive, contre 82 % en 2010).« Elles intériorisent davantage leur malaise que les garçons et l’éprouvent dans leur corps, relève Mme Godeau. C’est un phénomène observé dans tous les pays de l’étude. Pour expliquer
l’évolution récente, nous faisons l’hypothèse que la crise économique
génère une inquiétude pour l’avenir, à laquelle les filles sont plus
sensibles. »
Une vision déformée des corps
Le poids de la norme esthétique favorable à la minceur apparaît clairement. Six élèves sur dix considèrent leur corps comme « à peu près au bon poids », mais plus d’un tiers (35,5 %) des filles de corpulence normale se trouvent un peu ou beaucoup trop grosses. Un quart dit « avoir besoin de perdre du poids »
et 13,2 % sont effectivement au régime, alors que les garçons sont
environ deux fois moins nombreux dans ces situations. Ils ont au
contraire tendance (dans des proportions moindres) à se trouver trop maigres. « L’adolescence est une période où les corps prennent des formes qui peuvent paraître insupportables, observe Mme Godeau. Les adultes doivent rappeler que ce que l’on voit dans les magazines n’est pas la réalité. »
Trop d’écrans
Le chiffre est à première vue énorme : les collégiens déclarent passer en moyenne sept heures quarante-huit minutes par jour (week-end compris) devant des écrans (télévision, smartphone, ordinateur). Les garçons consomment beaucoup plus de jeux vidéo
que les filles (62,2 % contre 35,7 %). Cette durée recouvre en fait des
usages cumulés (consultation d’une messagerie sur smartphone pendant le
visionnage d’une vidéo sur ordinateur, par exemple). La quasi-totalité
des collégiens dépassent néanmoins la recommandation internationale de
deux heures maximum d’écrans par jour. « Cette norme a été calculée il y a dix ans en mettant en lien
l’obésité et l’usage de la télévision, qui est extrêmement passif, relativise Mme Godeau. Il faut probablement la réévaluer. Ce point demande cependant une vigilance extrême car la consommation d’écrans peut avoir un impact sur le sommeil, par exemple. »
image:
http://s2.lemde.fr/image/2016/12/22/534x0/5052835_6_443e_les-adolescents-et-le-temps-passe-devant-les_00d3be66c8e75b10b4b4cac86dfb0b37.png
Pas assez d’activité physique
Seulement 13 % des collégiens déclarent pratiquer
une heure d’activité physique modérée par jour, le seuil recommandé. La
catégorie sociale influe sur les comportements (exercice physique,
alimentation). L’obésité et le surpoids sont plus présents dans les
catégories défavorisées (18 %, contre 8 % chez les plus favorisés). La
France apparaît globalement plutôt bien placée par rapport aux autres
pays de l’enquête, puisque seuls 11,6 % des jeunes sont en surpoids ou
obèses (respectivement au 33e rang et au 36e sur 42 pays).
En revanche, l’expérimentation du cannabis à l’adolescence concerne
davantage les plus aisés (14,7 % des collégiens des milieux favorisés,
contre 8 % des catégories intermédiaires et défavorisées), pour des
raisons de moyens. La même différence est observée pour la consommation
de tabac et d’alcool, qui est globalement en baisse depuis 2010.
Moins de rapports sexuels précoces
Les données recueillies vont contre les idées
reçues, qui verraient les adolescents influencés par la banalisation
des images pornographiques. Si 86 % ont déjà été amoureux et 70 % sont
déjà « sortis » avec quelqu’un, la proportion d’élèves ayant eu des
rapports sexuels en 4e et en 3e reste modérée
(respectivement 9 % et 18 %), et régresse par rapport à 2010. Les
rapports sexuels très précoces (avant 13 ans) sont rares : 1,4 % des
collégiens de 4e et 3e ont déclaré en avoir eu (les questions sur la sexualité n’ont été posées qu’à partir de la 4e).
Les garçons déclarent plus fréquemment avoir eu des rapports sexuels.
Pour 3,4 % de ces jeunes, le rapport a eu lieu avec une personne de même
sexe.
Un chiffre est inquiétant : celui des jeunes filles « initiées » qui
auraient préféré que ce rapport sexuel ait lieu plus tard ou qui n’en
avaient pas vraiment envie. Elles sont respectivement 22 % et 9 % parmi
les élèves de 3e, alors que 4 % seulement des garçons du même âge auraient préféré attendre. « On peut se demander dans quelle mesure ces rapports ont été consentis », commente Mme Godeau.
L’usage de la contraception,
en léger recul, reste très important : 86 % des jeunes qui ont eu des
rapports sexuels déclarent avoir utilisé la pilule ou un préservatif.
Un meilleur dialogue avec les pères
C’est à l’adolescence de leurs enfants que les parents disent avoir le plus de difficultés à exercer leur rôle et rencontrer
des problèmes de communication. Le constat semble partagé. Les
collégiens parlent plus aisément avec leur mère (72 % jugent le dialogue
facile ou très facile) qu’avec leur père (54 %). Ce chiffre est
cependant monté de 4 points depuis 2010.
Les familles françaises sont paradoxales : alors que l’on dîne plus
ensemble en France que dans d’autres pays, la communication est moins
simple. Seuls 36,6 % des collégiens la jugent bonne. Les difficultés
grandissent avec l’âge. Ce qui n’empêche pas 69 % des adolescents de se
sentir fortement soutenus par leur famille (73 % des garçons contre 65 %
des filles). C’est à cet âge que les pairs prennent une importance
capitale : 63 % des garçons et 76 % des filles se sentent soutenus par
leurs amis.
En
savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/12/22/sommeil-ecole-sexualite-vie-de-famille-les-adolescents-francais-ne-vont-pas-si-mal_5052687_3224.html#AhofGy0Bx8ubbEIR.99
Il a toujours dit qu’il gagnerait et
personne ne le prenait vraiment au sérieux - même pas lui probablement -
tellement il semblait que "Président Donald Trump" était une
contradiction dans les termes.
Pour toute personne raisonnablement
confiante dans le bon sens de ses semblables, il paraissait impensable,
en effet, qu’un homme puisse s’élever jusqu’à la fonction politique la
plus prestigieuse et la plus exigeante du monde par la seule force de
l’ignorance et de la vulgarité. C’est pourtant le choix stupéfiant qu’a
fait une majorité d’Américains.
Hillary Clinton, qui avait gagné haut la main les trois
débats télévisés de la campagne présidentielle, a perdu le combat qui
aurait fait d’elle la première femme à entrer à la Maison-Blanche. Cette
nouvelle page d’Histoire, après l’élection, huit ans plus tôt, d’un
président noir, l’Amérique n’est donc toujours pas prête à l’écrire,
préférant plutôt couronner un candidat raciste et sexiste, qui ne prit
jamais la peine d’exposer en détail les politiques qu’il comptait mener,
qui ne fit campagne qu’à coups de slogans simplistes et de promesses
énormes, qui s’exprima avec un vocabulaire riche seulement en gros mots.
Si Donald Trump succède à Barack Obama, il le doit à des
femmes qui ont voté pour lui en dépit du traitement dégradant qu’il
s’est flatté de leur réserver. A des chrétiens qui ont voté pour lui en
dépit de son plaisir à fouler au pied leurs valeurs les plus chères. A
des Républicains qui ont voté pour lui en dépit du fait qu’ils avaient
le plus grand mal à le tenir pour un des leurs (les ténors du parti
avaient déserté la Convention nationale, publiquement désavoué le
candidat, et refusé de faire campagne pour lui…).
L’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche plonge le
monde dans l’incertitude et l’inquiétude. Le candidat s’est juré de
remettre en cause aussi bien les traités commerciaux qui lient les
Etats-Unis que les alliances politiques et militaires dont ils sont le
pilier. Il s’est flatté d’avoir des solutions simples à des problèmes
extraordinairement complexes, qu’il s’agisse de combattre le terrorisme
ou de résoudre les contentieux nucléaires avec l’Iran ou la Corée du
Nord. Quand on se rappelle ce que’un George W. Bush, autrement plus
qualifié, fit au Moyen-Orient, on tremble.
L’élection de Donald Trump confrontera aussi l’Amérique à
d’incroyables difficultés. Seul candidat républicain à n’avoir pas joui
du soutien du monde des affaires, le milliardaire au parcours douteux
s’est proposé d’introduire des réformes dont les experts craignent
qu’elles produisent une nouvelle récession.
Le déroulement de cette élection présidentielle et son
invraisemblable dénouement portent enfin un coup très dur à la
démocratie, aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi en général. S’ajoutant
aux succès du populisme enregistrés ces dernières années en Europe, le
triomphe d’un homme comme Donald Trump est malheureusement susceptible
de convaincre des segments de plus en plus larges de la population,
parmi les jeunes en particulier, que, si le mensonge et le culot
suffisent pour élire un président des Etats-Unis, ils peuvent tout aussi
bien être la clé de leur propre réussite. http://www.lalibre.be/debats/edito/edito-une-victoire-du-populisme-inimaginable-et-honteuse-5822d407cd70958a9d5eecd6
"Trump va inspirer les populismes en Europe"
Denis Vanderbrugge
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USA 2016 Pour le professeur Sebastian Santander de l'Ulg, cette victoire du
Républicain pourrait donner des ailes aux populismes en Europe.
La victoire de Donald Trump aura inévitablement des
conséquences sur le politique internationale des USA. Mais pas
seulement. De notre côté de l'Atlantique aussi, ce succès électoral
pourrait donner des ailes à un populisme qui a le vent en poupe depuis
plusieurs années.
"Donald Trump a fait sauter toute une série de verrous. Il a
tenu des propos homophobes, il a eu un discours contre les migrants, il
a insulté les handicapés...", énumère Sebastian Santander, professeur
en sciences politiques à l'université de Liège. "Sur les réseaux
sociaux, cela a une conséquence directe : les gens se lâchent de plus en
plus aux Etats-Unis. Je pense que certains partis européens d'extrême
droite pourraient surfer sur la vague. Ils vont se dire : si ça a marché
pour lui, pourquoi ça ne marcherait pas pour nous ?"
En France, Marine Le Pen a déjà salué la victoire du
Républicain. "Quelqu'un comme Viktor Orban, le Premier ministre
hongrois, s'est aussi prononcé ouvertement en faveur de Donald Trump",
ajoute le professeur de l'Ulg.
La Belgique va-t-elle devoir revoir sa politique de défense ?
En Belgique aussi, une victoire de Donald Trump risque
d'avoir des conséquences. En premier lieu sur notre politique en matière
de défense. "Trump a déjà menacé de se retirer de l'OTAN, reprend M.
Santander. Il reproche aux états européens de ne pas consacrer 2% de
leur PIB à la politique de défense. En clair : si à la première réunion
de l'OTAN Trump tape du poing sur la table, il faudra peut-être revoir
notre position en matière de défense."
Car si Trump venait à mettre ses menaces à exécution,
l'Europe se retrouverait à découvert par rapport à la Russie. "Trump est
d'ailleurs pour une alliance plus étroite avec les Russes. Il ne veut
pas la confrontation. Cela pourrait constituer une menace pour les pays
baltes, à la frontière desquels la Russie multiplie les manoeuvres
militaires."
Sur le plan économique, il faut aussi s'attendre à du
changement. Le Républicain est d'abord contre le TTIP. "Donald Trump
tient un discours anti-mondialisation. Quand on sait que les échanges
entre l'Europe et les Etats-Unis représentent 2 milliards de dollars
chaque jour, cette vision risque d'avoir des répercussions Mais ce sera
aussi le cas pour les Etats-Unis, si Trump vient à sanctionner ses
principaux partenaires économiques que sont le Mexique, la Chine, le
Canada et l'Europe... Car 30% du PIB américain dépend du commerce
international."
Trump n'aura pas tous les pouvoirs
Pour le professeur Santander, il faut cependant rester
prudent. Premièrement parce qu'il y souvent une différence entre les
arguments de campagne et les actes. Deuxièmement parce que, même s'il
est présenté comme l'homme le plus puissant du monde, le président
américain n'a pas tous les pouvoirs.
"Tous les Républicains ne suivent pas Donald Trump. Et le
président doit tenir compte du Congrès. Or, les Etats-Unis ne
fonctionnent pas comme la Belgique où il existe des logiques de partis.
Là-bas, chacun vote selon ses sensibilités. Il y aura donc des
garde-fous. Trump ne fera pas ce qu'il veut"
Et quand on sait que le programme économique de Trump va à
l'encontre du libéralisme prôné par le parti républicain, toutes les
propositions du président ne passeront pas comme une lettre à la poste. http://www.lalibre.be/actu/usa-2016/trump-va-inspirer-les-populismes-en-europe-
5822ca78cd70fb896a6724c0
Le populisme guidant le peuple ?
Xavier Zeegers
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Opinions
Pour comprendre l’ascension de Donald Trump, on se focalise sur le
populisme. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Est-ce l’incarnation de
la démocratie ? Ou une colère aveugle ?
Chemins de traverse.
Faut-il pardonner à la catastrophe qui
brûle une forêt ou inonde nos récoltes ? En posant la question, Boris
Cyrulnik précise d’emblée que la haine est fatalement inappropriée
envers un phénomène de la nature, qu’il faut juste s’en méfier, s’en
préserver, mais d’abord le comprendre. Donald Trump est un accident
politique qui deviendra une catastrophe s’il est élu Président. Pour
comprendre son ascension, on se focalise beaucoup sur le populisme.
Attardons-nous sur ce mot.
S’il recouvre l’expression la plus large du peuple, il est
alors - hélas diront certains - l’incarnation de la démocratie.
Laquelle, garante des libertés et de l’Etat de droit, autorise aussi
l’expression de son contraire, pour autant qu’il y ait le contrepoids
d’une Constitution protectrice. Reste que c’est une trop bonne fille qui
ne rejette personne et laisse ses prédateurs abuser d’elle, voire la
violer, ou pire encore tenter de la tuer. Peut-on alors asséner qu’une
majorité des gens se trompent gravement ? C’est tentant, mais au nom de
quelle supériorité morale ou intellectuelle ? Faut-il mépriser les peu
instruits, les non-diplômés qui votent Trump, donc "mal" ? Dans un
entretien avec Pierre Nora, et reparu en livret après son récent décès,
Alain Decaux refuse cette ségrégation sociale : " J’ai toujours été
frappé, lorsque j’étais invité à des débats dans des usines par exemple,
par la qualité du public et l’intérêt des questions posées. Cela ne
vole pas bas du tout, et ceci chez les gens les plus simples. "
Alors pourquoi cette sorte de crispation collective alors que les
problèmes à régler n’ont jamais été si vastes, complexes et cruciaux ?
Peut-être parce qu’ils le sont, justement ! Et que nous
surestimons la capacité du pouvoir à exercer le… pouvoir, à peser sur
les événements et les structures économiques. Les ouvriers du Hainaut en
font l’amère expérience : le pouvoir économique et son arrogance
triomphante, quoique souvent aveugle, pèse davantage que les
gouvernements. Tout comme le poids de l’Histoire des pays de l’Union
européenne qui entrave à présent sa crédibilité dans le désenchantement.
Régis Debray parle du " dernier mythe idéaliste des survivants de la guerre de 1939-1945 " .
Le populisme, on le retrouve dans le film de Claude Berri
tiré du diptyque de Pagnol : "L’eau des collines". Un village meurt de
sécheresse. Le Conseil municipal invite un géologue de la ville à donner
son avis. Il s’enfonce alors dans des méandres hydrauliques que nul ne
saisit et rapidement tous ont les nerfs à vif. Ils veulent que le
technicien soit un sorcier faisant rejaillir l’eau, et basta !
Quand il conclut qu’il faut être raisonnable et se contenter d’un
rationnement par camion-citerne, voire carrément - sacrilège ! - quitter
le village, c’est l’émeute : il doit fuir. Déboule alors un berger
vociférant : " Mon eau, mon eau ! " Le maire lui dit que venu à
temps, il aurait pu entendre les explications… dont il n’a cure. En
panique, brandissant son bordereau, il hurle : " J’ai payé pour mon eau, je veux mon eau !
" Il lève son bâton, tente de frapper le maire qui veut le calmer, mais
le coup pulvérise le buste de Marianne. Symboliquement, c’est la
République qu’il assassine. C’est peut-être cela le populisme : une
colère aveugle face à des frustrations aggravées par un déficit
démocratique.
Axel Kahn, généticien, médecin, et randonneur a visité la
France "réelle" lors de rudes traversées, et écouté des milliers de gens
afin d’identifier les racines d’un malaise qu’il perçoit dans " le
sentiment de dépossession ressenti par des gens qui pensent avoir perdu
la maîtrise de leur avenir, en assimilant les incessants changements à
la manifestation d’une insupportable dégradation d’un passé certes
phantasmé mais qui les bloque et rend amers. Il faut pouvoir comprendre
les ressorts de ce mal-être, et proposer avec talent un avenir
désirable, accueillant pour leurs enfants, dans la construction duquel
ils auraient envie de s’engager" (2).
Croire encore en l’avenir ? Le rendez-vous français est pour
2017. L’échéance U.S. est proche. Puissent les Américains rejeter le
choix qui aggraverait tout !
OpinionsUne opinion d'un collectif de citoyennes musulmanes(1).
En Belgique, les mesures en vue de refouler hors de
la vie sociale les musulmanes portant le foulard se multiplient. Ne
nous contraignez pas au repli communautaire, devenons des alliés.
Nous sommes des femmes qui vivons et agissons en Belgique.
Nos pays d’origine, nos profils, engagements et centres d’intérêt sont
très divers, mais les images que l’on produit de nous nous réduisent à
une seule facette de notre identité dans laquelle on nous enferme : nous
sommes musulmanes. Certaines d’entre nous se couvrent la tête d’un
foulard que vous appelez "islamique". Pour la plupart, nous sommes
croyantes. Mais, toutes, nous nous sentons assignées à une identité
fantasmée qui nous met systématiquement dans le même sac que des
assassins. De là vient la solidarité qui nous soude aujourd’hui,
notamment entre "voilées" et "non voilées". C’est à partir de cette
solidarité que nous nous adressons à vous. Et, aussi, à partir de toutes
nos identités choisies, trop ignorées. Dont celle-ci : nous sommes
féministes.
Nous vivons des temps difficiles. L’irruption sur le sol
européen d’un terrorisme qui tue aveuglément au nom de l’islam a mis fin
à l’illusion que nous pouvions nous tenir à l’écart des violences du
monde. Que notre société cherche à se protéger, quoi de plus naturel ?
Nos responsables répètent à l’envi qu’il faut éviter les amalgames et ne
pas confondre une poignée de criminels avec la grande masse des
musulman(e)s. Alors pourquoi a-t-on l’impression que c’est cette grande
masse qui est systématiquement ciblée dans les discours et les pratiques
? La lamentable saga du "burkini" vient encore de l’illustrer. Tout ce
vacarme pour quelques femmes qui ne se déshabillent pas comme il
faudrait ! La pente naturelle de cette nouvelle hystérie française qui
s’exporte déjà en Belgique, c’est l’interdiction des "signes religieux
ostentatoires" dans tout l’espace public. Ça ne viserait une fois de
plus que des femmes, pour l’immense majorité d’entre elles parfaitement
inoffensives, et ça ne gênerait aucun terroriste en puissance. Est-ce
ainsi qu’on pense éviter l’amalgame entre une toute petite minorité
criminelle et l’ensemble de la population musulmane ? Les interdits se multiplient
En Belgique, on n’a pas attendu le "burkini" pour prendre de
multiples mesures en vue de refouler hors de la vie sociale les
musulmanes portant le foulard. Les interdits se multiplient dans
l’emploi comme dans l’enseignement. Dernières péripéties en date : à
partir de la rentrée de septembre, deux écoles fréquentées par des
adultes, à Bruxelles et à Liège(2), ont changé leur règlement d’ordre
intérieur pour y interdire le foulard. Cela concernera plus d’une
cinquantaine d’étudiantes en cours de scolarité. La Belgique va ici plus
loin que la France qui limite l’interdiction du foulard à
l’enseignement secondaire. Le candidat Sarkozy, qui court derrière le
Front national, a déclaré vouloir étendre cette interdiction à
l’enseignement supérieur. En Belgique, c’est déjà chose faite, sans
aucun débat…
Seules des femmes sont concernées par toutes ces mesures. Ça
ne vous choque pas ? Pourquoi aucun des interdits ne vise les "barbus" ?
Ne serait-ce pas parce qu’il y a autant de barbes musulmanes que de
barbes profanes et qu’il n’existe aucun moyen infaillible pour les
distinguer ? N’est-ce pas là la preuve que la neutralité d’une
apparence, cela ne veut rien dire et que la neutralité ou l’impartialité
résident seulement dans les actes posés ?
Nous le voyons bien : ce foulard, celui de nos mères, de nos
sœurs, de nos amies vous trouble. A la lumière du long combat des
féministes d’Occident, mené notamment contre l’emprise d’une Eglise
dominante, vous ne pouvez y voir qu’une régression. Nous devons à ce
combat des libertés que nos mères et nos grands-mères n’auront souvent
jamais connues. Nous pouvons désormais échapper à la tutelle masculine
et nous ne nous en privons pas. En particulier, aucun homme, père, frère
ou mari ne pourrait se permettre de nous imposer une tenue
vestimentaire contre notre volonté - même si nous savons bien que ce
n’est pas une règle générale. Toutes, nous sommes pleinement le produit
de notre culture européenne, même si, pour beaucoup parmi nous, celle-ci
est métissée d’un ailleurs. Pour celles d’entre nous qui le portent, le
foulard ne saurait être un affront aux valeurs démocratiques puisque
celles-ci sont aussi les nôtres. Il ne signifie absolument pas que nous
jugerions "impudiques" les femmes qui s’habillent autrement. Comme
féministes, nous défendrons toujours le droit des femmes d’ici et
d’ailleurs à se construire leur propre chemin de vie, contre toutes les
injonctions visant à les conformer de manière autoritaire à des
prescriptions normatives. Devenir des allié(e)s
Vous affirmez souvent que nos foulards sont des signes
religieux. Mais qu’en savez-vous ? Certaines d’entre nous sont croyantes
et pourtant ne le portent pas, ou plus. D’autres le portent dans la
continuité d’un travail spirituel, ou par affirmation identitaire.
D’autres encore par fidélité aux femmes de leur famille auxquelles ce
foulard les relie. Souvent, toutes ces motivations s’imbriquent,
s’enchaînent, évoluent dans le temps. Cette pluralité se traduit
également dans les multiples manières de le porter. Pourquoi les femmes
musulmanes échapperaient-elles à la diversité qui peut s’observer dans
tous les groupes humains ?
Pourquoi vous raconter tout cela ? Pour que, à partir d’une
meilleure compréhension mutuelle, nous puissions devenir vraiment des
allié(e)s. Car nous ne serons jamais trop nombreuses pour combattre les
injustices et les inégalités en tout genre, à commencer par celles qui
frappent les femmes. Pour que vous cessiez de considérer celles d’entre
nous qui portent le foulard comme, au choix, des mineures sous
influence, des idiotes utiles ou des militantes perfides d’un dogme
archaïque. Pour vous donner envie de nous rencontrer - toutes, et pas
seulement celles qui ont les cheveux à l’air -, au lieu de nous tenir à
l’écart et de nous contraindre ainsi au repli communautaire. Nous
voulons vraiment faire société ensemble, avec nos ressemblances et nos
différences. Chiche ?
---> (1) Sema Aydogan, Serpil Aygun, Layla Azzouzi,
Malaa Ben Azzuz, Ouardia Derriche, Farah El Heilani, Khalissa El Abbadi,
Tamimount Essaidi, Maria Florez Lopez, Marie Fontaine, Seyma Gelen,
Malika Hamidi, Ihsane Haouach, Khaddija Haourigui, Eva Maria Jimenez
Lamas, Julie Pascoët, Farida Tahar. Contact :
citoyennesmusulmanes@gmail.com
---> (2) L’Institut d’enseignement de promotion
sociale d’Uccle (Bruxelles), qui dépend de la Fédération
Wallonie-Bruxelles, et la Haute école de la province de Liège, qui
dépend du pouvoir provincial. La plupart des Hautes écoles de
l’enseignement officiel disposent déjà de tels règlements, ainsi – et
c’est peut-être encore plus grave – que de très nombreux établissements
de promotion sociale. http://www.lalibre.be/debats/opinions/citoyennes-feministes-et-musulmanes-57dabba635704b54e6c338cc
Une opinion de Laurent Hublet, conseiller "Agenda numérique" du ministre Alexander de Croo (Open VLD).
En clamant sa haine de la mondialisation, il s’aligne sur la
stratégie du repli sur soi chère au parti conservateur anglais et à
l’UKIP. Il faut oser préférer la raison à la haine et à la peur.
En l’espace d’une semaine, le gouvernement wallon a pris des
positions très fortes sur le libre-échange et sur l’évolution
technologique. Ces deux sujets sont liés à des émotions qui imprègnent
fortement le débat public occidental. S’il est bon que la classe
politique s’empare de ces sujets, il est primordial que les réponses
soient à la hauteur des enjeux. Il faut que la raison l’emporte sur la
manipulation des émotions.
1.La colère face à la mondialisation (et le refus du CETA)
Essayons de partir de faits. D’après la Banque
mondiale, le nombre de citoyens du monde vivant dans l’extrême pauvreté a
été divisé par deux entre 2005 et 2015. 700 millions d’individus sont
sortis de l’extrême pauvreté en l’espace d’une décennie. C’est du jamais
vu dans l’histoire de l’humanité. L’un des facteurs expliquant cette
évolution est la levée de barrières au libre-échange, en particulier
avec l’Asie et l’Afrique. Autre fait : les classes populaires
occidentales sont celles qui ont le moins bénéficié du libre-échange.
Leurs revenus au cours des deux dernières décennies ont grosso modo
stagné (bien que la situation diffère entre les pays occidentaux). En
résumé, si les inégalités mondiales ont fortement décru, les inégalités à
l’intérieur de la société occidentale ont connu le trajet inverse. Les
classes populaires américaines et européennes se sentent flouées.
Faut-il dès lors revenir en arrière et fermer nos marchés ? Certainement
pas !
La crise de 1929 en est la preuve tragique : le retour au
protectionnisme économique ne résout pas la problématique des
inégalités. Bien au contraire, le protectionnisme engendre des périls
politiques bien plus grands. Fermer nos marchés, c’est mettre en danger
l’émergence d’une classe moyenne dans les pays du sud sans résoudre pour
autant la colère des classes populaires occidentales envers leurs
élites. En refusant le traité de libre-échange avec le Canada, le
gouvernement wallon pense donner des gages à un électorat populaire
sensible aux thèses du PTB. Il a raison de réagir, mais il se trompe de
réponse. Tout comme le parti conservateur anglais s’est trompé en se
rangeant aux thèses de UKIP lors de la campagne pour le Brexit. Une
stratégie de repli sur soi n’est pas la bonne stratégie face à la
colère. 2.La peur que les travailleurs soient remplacés par des robots
Christophe Lacroix, ministre wallon des Finances a proposé
cette semaine de taxer les machines qui remplacent le personnel peu
qualifié. Ce faisant, il fait écho à une autre émotion qui imprègne nos
sociétés occidentales : la peur du remplacement de l’homme par la
machine. Cette peur est parfaitement compréhensible : selon un rapport
du Conseil supérieur de l’emploi (CSE) publié en juin 2016, 39 % de
l’emploi belge est fortement susceptible d’être numérisé. On parle d’à
peu près 2 millions d’emplois. Cela veut-il dire que ces 2 millions
d’emplois vont disparaître bientôt en Belgique ? Absolument pas ! Le CSE
estime qu’une bonne part des 43 000 emplois nets créés en Belgique en
2016 seront liés à la transformation numérique.
D’ici à 2020, les estimations de création nette d’emplois
grâce au numérique vont de 50 000 à 300 000 en Belgique. Mais les
emplois changent de nature. Ils requièrent de plus en plus de
compétences numériques. Il est donc impératif d’accompagner
pro-activement cette transformation. Comment ? En investissant
massivement dans la formation. En faisant évoluer les mentalités. Nous
devons tous oser nous transformer. Faire croire que l’on pourra ralentir
l’évolution technologique en mettant une taxe sur l’innovation est un
mensonge que paieront cher les travailleurs actuels et futurs. La
Belgique et le Parti Socialiste wallon ont perdu cette semaine l’une de
leurs grandes consciences, Roger Lallemand, père des législations sur
l’avortement et l’euthanasie. Ces législations progressistes sont
l’honneur de la Belgique. Puissent d’autres consciences, aujourd’hui,
faire le pari de la raison et du progrès, face à la tentation du
conservatisme et de la manipulation d’émotions nocives. http://www.lalibre.be/debats/opinions/ceta-le-populisme-du-gouvernement-wallon-5810c4decd70fdfb1a582666
Sciences - Santé
Avamys, Flixonase Aqua, Nasonex, Mometasone EG, Mometasone
Cipla, Mometasone Sandoz et Mometasone Teva sont les sept sprays nasaux
anti-inflammatoires contenant des corticostéroïdes qui ne seront plus
remboursés à partir du 1er janvier 2017 mais qui seront disponibles en
vente libre.
En annonçant, entre autres mesures, l’arrêt du
remboursement, à ladite échéance, de ces sept sprays nasaux, la ministre
des Affaires sociales et de la Santé publique, Maggie De Block n’a pas
fait que des heureux. Pas plus côté patients que côté corps médical,
pneumologues, ORL, allergologues et pharmaciens, notamment. Une économie sur la consultation
Certes, sous l’intitulé à la fois séduisant et rassurant,
“Les sprays nasaux sûrs et efficaces deviennent plus accessibles pour le
patient”, un communiqué informait que ces médicaments seraient dès le
premier jour de l’an prochain disponibles en vente libre et que dès
lors, le patient ne devrait pas se rendre chez le médecin – et donc
payer une consultation – pour obtenir une ordonnance. D’où économie à
court terme pour le patient.
“Il s’agit avant tout d’une mesure de santé publique, a expliqué la ministre de la Santé. Nous
souhaitons que les citoyens utilisent plus souvent ces sprays efficaces
et moins nocifs. C’est pourquoi j’ai pris cette mesure sur base
scientifique.”
En février 2016, la ministre De Block a effectivement
demandé l’avis de la Commission pour les médicaments à usage humain au
sujet des mesures visant à limiter l’usage excessif de ces sprays
nasaux. La Commission s’est prononcée en juin 2016 en faveur d’une mise
en vente libre en pharmacie (comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis, au
Royaume-Uni et dans les pays scandinaves) de certains sprays nasaux à
base de cortisone, notamment ceux avec le moins d’effets secondaires.
“Les personnes au nez bouché optent souvent pour un décongestionnant nasal en vente libre chez le pharmacien, peut-on encore lire dans ce communiqué émanant du ministère de la Santé. Des
études scientifiques ont révélé que ces décongestionnants attaquent les
muqueuses et qu’ils peuvent avoir un effet addictif entraînant un nez
bouché ou une rhinite “chimique”. Il existe toutefois un autre type de
spray nasal, à base de cortisone, à savoir les corticostéroïdes nasaux.
Lesquels sont plus efficaces que les décongestionnants et plus sûrs. Ces
sprays à base de cortisone sont pour l’instant uniquement disponibles
sur prescription médicale”. Des indications différentes
Mais n’y aurait-il pas confusion dans les indications ? “Les
sprays nasaux visés par la mesure sont des médicaments qui agissent sur
le long terme et sont généralement administrés en traitement de fond
chez des patients souffrant d’inflammations chroniques, nous explique une pharmacienne. Pour
un patient qui a le nez bouché suite à un gros rhume, et donc pour un
usage aigu, jamais je ne conseillerais ce type de spray qui traite la
muqueuse mais qui n’a pas d’effet décongestionnant immédiat. Il s’agit
de deux indications différentes. En cas “nez bouché”, je conseille
toujours avant tout de nettoyer correctement le nez avec du sérum
physiologique. Ensuite, je donne un décongestionnant en insistant bien
sur le fait de ne pas l’utiliser plus de cinq jours."
49% des Belges en abusent
D’une étude des universités de Gand et de Liège, menée auprès de 181 pharmacies belges et 2277 patients, il ressort que 49 % des patients qui utilisent des sprays nasaux décongestionnants disponibles en vente libre, le font de manière excessive et risquent donc de nuire à leur santé.
15,3 millions d'euros d'économies
Le fait de ne plus rembourser ces sprays devrait permettre une économie de 15,3 millions d’euros en 2017.
"La sécurité sociale n'y gagnera pas", selon un ORL
Médecin spécialiste nez-gorge-oreilles aux Cliniques de
l’Europe, site Saint Michel à Bruxelles, le Dr Vincent Mustin est
catégorique : “Il s’agit d’une très mauvaise mesure”, pour diverses
raisons. Quelles sont les principales indications de ces sprays nasaux à base de cortisone ?
Il s’agit de médicaments très efficaces, destinés à des
maladies chroniques. Nous ne sommes pas dans des traitements de confort.
On peut distinguer trois principales indications. D’abord, la rhinite
allergique : avant même les antihistaminiques, ces sprays en sont le
traitement de première ligne, dans la mesure où ils sont recommandés par
toutes les instances internationales pour cette indication. En suite,
c’est aussi le traitement de choix pour les sinusites chroniques, et en
particulier celles où des polypes se développent dans les sinus
(polypose naso-sinusienne). Enfin, ces sprays sont indiqués dans
d’autres formes de rhinites, non allergiques celles-là. Cela concerne
donc énormément de gens. Ces sprays nasaux anti-inflammatoires ont-ils un effet décongestionnant immédiat ?
Non, car la cortisone est une molécule qui va entrer dans
la muqueuse et agir au niveau cellulaire pour diminuer toutes les
cellules inflammatoires, ce qui va progressivement donner lieu à une
diminution de l’inflammation. Il s’agit donc toujours de traitements de
fond et non de traitements aigus. Ils sont donnés pour trois mois, six
mois, voire toute une vie. J’ai des patients qui souffrent de sinusite
chronique et qui sont sous corticostéroïdes nasaux depuis vingt ans.
Pour administrer ce médicament, un médecin doit avoir fait par exemple
des tests d’allergie, une endoscopie nasale, un scanner des sinus et
posé un diagnostic de maladie avant d’entreprendre ce type de
traitements qui, répétons-le, a un effet anti-inflammatoire à long terme
mais pas d’effet décongestionnant immédiat. Cela n’a donc aucun sens de
recommander ces sprays pour un nez bouché. Pour cela, il y a toute la
panoplie des vasoconstricteurs locaux à ne pas utiliser plus de sept
jours d’affilée, grand maximum. Il s’agit donc de traitements chroniques que l’on ne prend pas à la légère ?
En effet, il faut vraiment arriver à convaincre les
patients qu’ils vont devoir prendre ces médicaments pendant plusieurs
mois, voire des années, ce qui n’est pas toujours simple. Je crains
qu’en supprimant le remboursement, et en passant d’un traitement
d’environ 2 ou 4 euros par mois à l’heure actuelle à 10 ou 15 euros à
partir du 1er janvier 2017, certains patients abandonnent le traitement,
avec des conséquences très dommageables. Sans compter que, souvent dans
le cas de ses maladies où il y a des prédispositions génétiques,
plusieurs membres d’une même famille peuvent être atteints. Les
répercussions financières en seront d’autant plus importantes. Ce qui vous fait dire que ce n’est pas une bonne mesure ?
Effectivement. Si l’idée est de faire des économies au
niveau des soins de santé, en ne remboursant plus ce type de
médicaments, certains patients risquent de ne plus se soigner et leur
problème de santé va s’aggraver, qu’il s’agisse des allergies ou des
polypes qui vont pousser, avec des interventions chirurgicales à la clé.
La sécurité sociale n’y gagnera pas. On risque aussi, avec cette
mesure, que les personnes qui ont des problèmes chroniques d’allergies
ou de sinusites et qui auraient besoin d’un traitement au long cours
avec des corticoïdes se replient, en raison du prix augmenté de ces
derniers, sur les vasoconstricteurs locaux quand ils ont vraiment le nez
bouché. En faisant cela à répétition, ils risquent d’abîmer leurs
muqueuses et d’avoir une rhinite médicamenteuse. Ceux-là aussi
risqueront de devoir se faire opérer après avoir abusé de ces
médicaments. Y a-t-il d’autres raisons pour lesquelles, cette décision vous paraît inadéquate ?
Oui. La muqueuse respiratoire est un tout : ce sont les
bronches, les poumons, le nez, les sinus… Les maladies sont souvent
liées. Quand on a des polypes dans les sinus, par exemple, on peut être
asthmatique. Il s’agit d’une même maladie inflammatoire de tout l’arbre
respiratoire. Pour avoir un bon contrôle de cette maladie globale, il ne
suffit pas de traiter les bronches, il faut aussi traiter le nez et les
sinus. En soignant le haut, on observe parfois une amélioration de
l’asthme. Au niveau des remboursements, il est donc absurde de séparer
deux mêmes molécules qui ont une action commune, voir en synergie. On ne
peut pas dire : on va s’occuper du bas, mais on ne s’occupe plus du
haut.
A savoir: Le rôle du pharmacien
Pour prendre cette mesure,
“nous nous sommes basés sur des études scientifiques, nous dit Els Cleemput, porte-parole de la ministre Maggie De Block. L’avis
donné par la Commission d’experts souligne notamment le fait que les
pharmaciens doivent bien expliquer le bon usage de ces sprays contenant
de la cortisone et notamment le fait qu’il ne faut pas en attendre un
effet décongestionnant immédiat. […] Nous espérons qu’il y aura un effet
de dynamique des prix. Tous ces produits allant être disponibles en
vente libre, il est fort probable que les firmes alignent leurs prix et
donc que ceux des sprays contenant de la cortisone baissent à terme”. http://www.lalibre.be/actu/sciences-sante/pourquoi-le-deremboursement-des-sprays-nasaux-est-une-tres-mauvaise-nouvelle-infographie-581cdb1dcd70fb896a64eef9 L’Europe bannit 700 médicaments génériques testés en Inde
Belgique: Faux médicaments, vrais risques pour la santé
Rédaction en ligne
Publié le
- Mis à jour le
Sciences - Santé
À l'heure du shopping en ligne, il est tentant de commander directement
ses médicaments sur certains sites internet qui offrent un service de
livraison à domicile. Toutefois, si cette démarche permet d'éviter de
devoir faire un détour par chez le pharmacien, elle n'est pas sans
risque.
On peut en effet tomber sur des sites qui proposent des
médicaments contrefaits. Autrefois cantonné à l’achat de pilules contre
les pannes sexuelles ou d’hormones pour bodybuilders, le phénomène
concerne aujourd’hui une plus large palette de médicaments dont des
antibiotiques et des antidouleurs. À tel point qu'en 2015, l'Agence
fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) a intercepté
60% de colis postaux contenant des médicaments illégaux en plus par
rapport à l’année dernière à la même période.
Or, comme le souligne l’Union Nationale des Mutualités
Libres, ces médicaments peuvent s'avérer inefficaces, nocifs voire
mortels. Soit ils ne contiennent par exemple pas le principe actif qui
garantit une bonne efficacité, soit le dosage n'est pas bon. En outre,
des substances dangereuses peuvent être ajoutées aux médicaments.
Comment dès lors se prémunir de ces risques?
1) Identifier les pharmacies en ligne sûres grâce à un logo européen
Depuis le 1er juillet 2015, chaque pharmacie agréée au sein
de l'UE est obligée de placer le logo composé d'une croix blanche sur un
fond vert sur son site internet (voir l'image ci-dessous). Un clic sur
le logo renvoie vers une liste de pharmacies en ligne sûres qui
proposent des médicaments de manière légitime. En Belgique, c’est
l'AFMPS qui est responsable de cette liste. Si la pharmacie figure bien
sur la liste, vous pouvez poursuivre vos achats l'esprit tranquille.
Dans le cas contraire, il faut éviter toute commande de médicaments et
chercher une pharmacie en ligne qui y figure. 2) Profiter tout de même des conseils du pharmacien
Ce second conseil peut paraître ringard, mais il est
pourtant évident: en cas de doute, rendez-vous chez votre pharmacien
pour acheter des médicaments. De cette façon, vous êtes sûr que le
médicament acheté n’est pas falsifié et le pharmacien peut jouer
pleinement son rôle de conseiller au niveau de l’usage correct et
rationnel des médicaments.
L’Europe bannit 700 médicaments génériques testés en Inde
L’Union européenne exige de ses Etats membres qu’ils suspendent, à
partir du 21 août, la commercialisation de près de 700 médicaments
génériques testés et fabriqués en Inde. Cette décision, prise jeudi
16 juillet, fait suite à des irrégularités constatées lors d’une
inspection de routine réalisée l’année dernière par l’Agence française
de sécurité du médicament (ANSM), sur un des sites de GVK BIO, une
entreprise spécialisée dans les essais cliniques et installée à
Hyderabad, dans le sud de l’Inde.
Alertée, l’Agence européenne du médicament (EMA) a passé en revue un
millier de médicaments testés par GVK au cours des cinq dernières années
et conclu que les données pour 700 d’entre eux étaient insuffisantes.
Dès janvier, elle a recommandé leur retrait du marché, et plusieurs
Etats, dont la France, l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg,
avaient suivi son avis.
La liste complète des molécules concernées
est en ligne sur le site de la Commission européenne. Il s’agit de
copies de médicaments courants, comme l’Advil (antidouleur), le Seroplex
(antidépresseur), l’Aerius (antihistaminique), ou encore l’Inexium
(pansement gastrique). Plusieurs géants pharmaceutiques sont visés par
le retrait, dont l’israélien Teva, numéro un mondial du générique,
l’américain Mylan, l’indien Ranbaxy et le français Sanofi.
Manque de « dialogue »
GVK BIO, filiale d’un géant indien du BTP qui se targue sur son site Internet de posséder des locaux « 100 % climatisés », conduit
des essais cliniques pour le compte de laboratoires indiens et
étrangers. L’an passé, les inspecteurs de l’ANSM ont constaté des «
irrégularités » dans les électrocardiogrammes de sujets ayant participé à
des essais menés entre 2008 et 2014. Ces tests avaient pour objectif de
confirmer la bioéquivalence des génériques, c’est-à-dire que leurs
effets thérapeutiques sont identiques à celui du médicament de
référence.
Dans un communiqué publié en décembre 2014, l’ANSM a toutefois précisé que ces électrocardiogrammes servent uniquement au « suivi des sujets », et n’entrent pas en compte dans l’évaluation des molécules. C’est donc au nom du respect des « bonnes pratiques cliniques »,
ces règles qui encadrent dans l’Union européenne les tests de
médicaments, que Bruxelles suspend la vente des génériques. Les
médicaments testés ne présentent aucun risque pour la santé humaine et
leur efficacité thérapeutique est avérée. L’EMA précise d’ailleurs
qu’ils pourront encore être utilisés dans le cas où il n’existe pas
d’alternatives pour les patients. Dans ce cas, les laboratoires ont au
maximum jusqu’en janvier 2016 pour apporter les données manquantes.
La
mise au ban de 700 médicaments a été révélée par l’agence allemande du
médicament, le Bfarm, dans un document publié le 22 juillet et repris
par la presse indienne, jusque là difficile à trouver sur le site
Internet de l’EMA. Ce n’est cependant pas la première fois que l’agence
européenne se fait « doubler » par une agence nationale, chaque Etat
restant maître de sa communication.
L’ANSM, qui n’a pas non plus
relayé l’information sur son site, a été la première à décider du
retrait de 25 médicaments en décembre 2014 et de 8 médicaments
supplémentaires en janvier. Selon le ministère de la santé, le retrait
s’est fait sans difficulté. « La question de la continuité de la
prise en charge des patients ne s’est pas posée car les médicaments
visés étaient peu utilisés en France, et il y avait des alternatives »,
indique-t-on avenue Duquesne. Suite au rappel de lots, les patients ont
été invités à prendre rendez-vous avec leur médecin pour adapter leur
traitement.
« Cela montre que les procédures de contrôle sont efficaces »
Alors
que la France, où seulement un tiers des boîtes vendues sont des
génériques, cherche à encourager leur usage, cette affaire pourrait-elle
miner ses efforts ? « Cela ne doit pas remettre en question la confiance dans les génériques », indique le ministère. «
Cela montre, au contraire, que les procédures de contrôle sont
efficaces, et que nous avons la capacité de contrôler ce qui se passe
sur les sites d’essais et de production, y compris à l’étranger ».
Dans un communiqué, GVK BIO qui conteste les conclusions de l’EMA, s’est déclarée « déçue par le fait que, malgré de multiples démarches, un dialogue scientifique n’ait pas été enclenché ».
Elle indique aussi avoir proposé de mener de nouveaux tests à ses
propres frais. Cette décision de la Commission européenne pourrait
prendre une tournure diplomatique. A la demande de GVK BIO, un comité
d’experts formé par le gouvernement indien a mené une contre-enquête au
cours de laquelle aucune anomalie n’a été constatée. En avril dernier,
le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Rajeev Kher, a menacé
Bruxelles d’entamer des procédures sur le plan commercial et judiciaire,
y compris de porter l’affaire devant l’Organisation mondiale du
commerce (OMC) si la suspension des mises sur le marché était confirmée,
comme cela vient d’être le cas.
Ce n’est pas la première fois que
la qualité des essais cliniques menés en Inde est mise en cause. Fin
juin, l’organisation mondiale de la santé (OMS) a émis une « Notice of
Concern », à savoir un avis exigeant des actions correctrices urgentes, à
destination de l’entreprise Indienne Quest Life Sciences après avoir
constaté des irrégularités similaires lors d’essais cliniques. Lors de
leur visite à Chennai, les enquêteurs de l’OMS avaient surpris des
techniciens de laboratoire en train de remplir à la hâte des formulaires
manquants, en les postdatant. Les mêmes électrocardiogrammes avaient
été retrouvés portant divers noms de patients à différentes dates. Dans
son courrier envoyé au laboratoire, l’OMS va plus loin, expliquant que
ces problèmes en Inde « semblent être systémiques par nature et
surviennent de nombreuses fois » avec d’autres entreprises du pays.
De multiples scandales
Ces
incidents surviennent alors que le secteur indien des essais cliniques
est en train de se structurer après de multiples scandales dénoncés par
les ONG du pays. Un traitement de lutte contre le cancer du col de
l’utérus a été testé sur des jeunes sujets issus de populations tribales
par l’ONG américaine Path sans l’accord de leurs parents. Des victimes
de la tragédie de Bhopal ont aussi découvert que des médecins testaient
sur eux un nouveau traitement contre le cancer sans les avoir prévenues.
Entre 2005 et 2012, 2644 morts ont été recensés lors d’essais
cliniques, dont 80 y sont directement imputables, et 500 patients ont
souffert d’effets indésirables.
Fin 2013, la Cour suprême estimant
que « les essais cliniques sont un paradis pour les laboratoires
pharmaceutiques mais se révèlent être un enfer pour l’Inde » avait
décidé de les suspendre en attendant de nouvelles régulations encadrant
ces pratiques. En juin 2015, la loi a été amendée et de nouveaux comités
éthiques devraient voir le jour pour vérifier que les sujets donnent
leurs consentements au moment des tests, et perçoivent une compensation
financière en cas d’incident. Le suivi médical du sujet devra être enfin
documenté et archivé.
Le pays est encore loin de devenir le
centre mondial des essais cliniques mais il en prend le chemin. Avec
près de 16 % de la population mondiale, une grande diversité ethnique et
près d’une maladie sur cinq recensées sur la planète, l’Inde est idéal
pour tester un grand nombre de molécules. Seuls 2,7 % des essais
cliniques y sont effectués, mais ce chiffre a progressé de 3,7 % depuis
2007, alors qu’il a chuté aux Etats-Unis et en Europe. D’après les
prévisions du cabinet Frost & Sullivan, le secteur qui réalisait en
Inde 485 millions de dollars en 2010-2011 devrait doubler d’ici 2016.